Chapitre 19 :: Heures sombres Publiée: 07-11-20 - Mise à jour: 07-11-20 Commentaires: beug alors que je pensais qu'il était publié :/ voici le chap 19
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Dans la tente, le silence régnait. Seul un petit ronflement discret pouvait attirer les oreilles les plus expertes. Elle regarda la petite fille dormir dans les couvertures sur son lit de camp et elle soupira de frustration en repensant à la scène qui s’était jouée quelques heures avant. Elle avait été obligée de tuer le mercenaire pour sauver l’enfant mais surtout pour montrer l’exemple aux autres hommes présents sur le camp. Elle était sur le fil du rasoir depuis son retour dans la jungle. Elle avait perdue de son ascendant sur ses hommes en prolongeant son séjour au Japon et elle avait vu à son retour qu’ils la craignaient moins. Cette petite mise au point allait leur donner à réfléchir et lui permettait de reprendre son rôle de chef. Elle ferma les yeux quelques instants en repensant à sa première prise de pouvoir sur le camp.
5 ans avant :
Le brouhaha était infernal et les cris couvraient les voix qui s’entremêlaient. Elle regardait l’agitation, encore sonnée par la nouvelle qu’elle venait d’apprendre. Ses yeux fixaient sans les voir les hommes et les femmes du camp qui commençaient à se demander ce qu’ils allaient devenir. Plusieurs femmes pleuraient et les hommes leur hurlaient dessus en leur demandant de se taire et beaucoup commençaient à se disputer entre eux.
« Coupez la tête pensante et les pattes s’entretuent », pensa-t-elle en reprenant contenance face à la violence des scènes qui prenaient vie devant elle.
Elle partit en retraite vers une tente plus large et plus spacieuse et s’y engouffra sans un mot aux deux hommes qui se tenaient devant. Elle attrapa une arme de poing et jeta un regard triste sur la photo posée sur la table. Puis, elle ressorti d’un pas sur et elle se positionna devant la foule. Elle attendit quelques secondes pour enfin tirer en l’air. Attirant l’attention de tous, le silence s’installa soudainement et ils se tournèrent vers elle.
-Cela suffit ! Regardez-vous bande d’ingrats ! Votre chef n’est plus et vous agissez comme des crétins sans cervelle ! Où sont passés les guerriers courageux et fiers ? Notre cause reste la même et vous vous comportez comme des enfants !
-Qui es tu pour nous juger ! hurla une voix mécontente.
Regardant à la ronde, la femme brune fixa un point et éclata de rire. Puis, pointant son arme sur un homme, elle fit un rictus.
-Qui suis-je ? Tu oses me le demander ? Je suis celle qui va vous guider et celle qui va continuer l’œuvre de Kaibara !
-Je ne te suivrais pas ! Pas une femelle ! continua l’homme en la toisant.
-Pfff et je suis celle qui va te tuer !
La balle sortit aussi vite que la phrase fut dite, se plantant droit entre les deux yeux de l’homme qui s’effondra sans un bruit. Des cris stridents de femmes et des grognements d’hommes se firent entendre puis tous se tournèrent vers celle qui avait tiré.
-D’autres ont quelque chose à me dire ?
Seul le silence lui répondit et elle replaça son arme à sa ceinture.
-C’est bien ce que je pensais… si certains ne veulent pas être dirigé par une femme et bien qu’ils partent ! Mais que nos chemins ne se recroisent jamais car le même sort leur sera réservé ! J’ai appris du meilleur et je suis studieuse. Mais, je suis moi et j’ai ma façon de faire alors si vous restez, je ne veux pas de remise en question de mes méthodes ! Tout le monde a comprit ?
Personne ne pipa mot et la nouvelle chef congédia toute la foule pour retourner à ses tâches. Puis, elle reparti sous la tente pour cacher la tension de ses traits.
Retour au présent :
Maintenant, il lui fallait remettre les mercenaires sur les rails et enchainer son plan. Elle avait fait le plus dur, elle ne pouvait pas se permettre un échec à ce stade avancé de la partie. Regardant le visage fin de la petite fille, elle vit les traits de son père et préféra partir que de laisser sa colère montait en elle.
Saeko décrocha son téléphone presque immédiatement quand elle le senti vibrer.
-Oui ?
-C’est Miki… le café est pris pour cible…je pars à la clinique avec Yui et Kasumi.
-Ok…ça va vous ?
-Oui…on s’y attendait, Kasumi était venue me prévenir. Donne l’info aux autres…j’espère que Kazue n’a pas de problème là-bas car je ne pense pas que ça va rester un lieu neutre bien longtemps !
Saeko n’eut pas le temps de répondre qu’un énorme fracas se fit entendre dans le téléphone puis la communication fut coupée.
-Et merde !
Elle refit le numéro de Miki mais tomba directement sur le répondeur. Exaspérée, elle fit le numéro de Kazue qui lui répondit rapidement.
-Oui ?
-Tout va bien à la clinique ? demanda la commissaire, les nerfs à fleur de peau.
-Oui… les premiers blessés arrivent, heureusement que certains anciens infirmiers du Doc ont bien voulu revenir. Il parait qu’il y a eut une explosion dans le Kabukicho ?
-Oui il y a deux heures… Miki va venir te rejoindre, le café a été piégé…
-Elle va bien ? demanda la doctoresse paniquée.
-Je ne sais pas, on a été coupé…j’espère….
Kazue étouffa un cri mais dû raccrocher rapidement pour s’occuper de nouveaux arrivants.
Saeko appela des renforts pour qu’ils aillent voir au Cat’s Eye. Puis, elle démarra sa voiture pour se rendre sur un nouveau lieu de fusillade annoncé par sa radio.
En chemin, elle se décida à refaire un numéro.
-Saeko c’est toi ? Où es-tu ?
-Papa, je n’ai pas le temps pour ça mais ne t’en fais pas je vais bien…il va me falloir des renforts, il y a plus de lieux d’attaques que prévu…
-Oui, j’ai vu. Je suis en ligne avec le secrétariat du ministre de l’intérieur mais on me met en attente ! ragea le préfet de police. As-tu eu plus d’informations ?
-Oui et non malheureusement… Interpole n’a pas beaucoup de renseignements sur ce cartel d’Amérique du Sud, leurs infos datent ! Et pour les coréens, ils ne m’ont rien apprit que je ne savais déjà ! On est au point mort ! Mais le plus important actuellement, c’est de pouvoir compter sur plus d’agents !
-Je sais, tous les commissariats de la ville sont en alerte mais les zones sont larges, pas seulement Shinjuku est touché… fais attention à toi… fini par dire le préfet la voix chancelante.
-Oui, j’y compte bien !
Arrivée sur les lieux, un peu en retrait, la policière se plaça derrière les voitures de police déjà présentes qui barraient la route aux civils. Elle vit rapidement plusieurs hommes armés tirer dans leur direction et hurla à ses hommes de se mettre à couvert. Les minutes qui suivirent furent angoissantes pour elle et le reste des policiers.
Kazue courait de tous les cotés. Elle allait de blessé en blessé pour évaluer la gravité des blessures et voir qui passait en premier pour les soins. Entourés d’infirmiers et infirmières aguerris à ce genre de missions, elle se sentait portée par les événements, prenant les décisions seule comme l’aurait fait le professeur de son vivant. Passée la première angoisse de ne plus avoir son mentor à ses côtés, la jeune femme avait pris sur elle et elle donnait de sa personne pour aider tous ceux qui passaient la porte de la clinique. En quelques heures, les lieux avaient reprit vie et une folle agitation régnait. Plusieurs yakuza qui avaient défendus les lieux pris pour cibles et des SFD qui avaient joué les informateurs, avaient aussi été touchés. Tous se trouvaient à la clinique.
Les gens de la nuit avaient eux aussi pris les armes et désarçonné certains assaillants qui ne s’attendaient pas à trouver de la résistance. Mais l’explosion au Kabukicho avait fait pas mal de blessés et surtout des civils qui avaient été pris en charges dans les différents hôpitaux de la ville. La ville était sans dessus dessous malgré leurs efforts conjoints pour protéger les quartiers sensibles. L’aube n’allait pas tarder à arriver et la doctoresse espérait que le jour calmerait les clans.
-Emi que fais tu ici ? demanda Kazue en voyant la prostituée arriver vers elle en boitant.
-J’étais près du Cat’s quand ils les ont attaqué… je suis partie avec Miki et son fils.
-Où sont-ils ? demanda le médecin en essayant de garder son sang froid.
-Miki couche Yui dans une chambre, elle arrive, commenta une autre voix qu’Emi.
-Kasumi ! Tu vas bien ?
Kazue se précipita vers la voleuse en voyant qu’elle était blessée à la tête.
-Oui, j’ai reçu un bout de verre quand les vitres ont volé en éclat. Ce n’est pas grand-chose.
-C’est à moi d’en juger, gronda son amie en la tirant par le bras pour qu’elle s’assoit sur un brancard.
Examinant la jeune femme, Kazue poussa un soupire de soulagement en voyant que la coupure n’était pas profonde.
-Vous avez eu de la chance.
-Oui pour le moment mais si on est venues ici, c’est qu’on craint que la clinique soit la prochaine cible.
Kazue eut un frisson et elle s’assit à son tour à coté de Kasumi.
-Ça va si mal que ça dehors ? demanda-t-elle, des tremblements dans la voix.
-Oui…on ne s’attendait pas à ça aussi vite… Ils veulent vraiment faire ça rapidement avec le maximum de dégâts. Je ne pense pas que même avec Ryô dans les parages, on aurait pu tout contenir.
Les deux femmes restèrent silencieuses jusqu’à l’arrivée de Miki.
-Comment vas-tu ? lui demanda Kazue en lui laissant la place pour qu’elle se pose. Tu veux que je t’examine ?
-Non, c’est bon, je vais bien et le bébé aussi… Tu dois avoir d’autres personnes qui ont plus besoin de toi, vas-y !
-J’ai du temps pour toi ne t’en fais pas !
-Je vais bien, je t’assure ! continua Miki la voix lasse. Mais j’ai peur de la suite des événements… on n’est pas en sécurité ici.
-Si ne vous inquiétez pas !
Les trois femmes se tournèrent vers la voix sure qui leur avait parlé.
-Ayako ? Des nouvelles ?
-Mes hommes couvrent la clinique et certains chefs de clans m’apportent du soutien. Notre effectif a triplé, dit-elle soulagée en se plaçant devant elles. Nous allons pouvoir tenir ici et dans certains autres lieux chauds. Mais combien de temps je ne sais pas, j’ai la désagréable impression que les forces en face de nous augmentent aussi ! Il nous faut du renfort…
Le silence s’installa à nouveau entre toutes puis Kazue fut appelé pour prendre un nouveau blessé en charge. Les laissant, Miki reprit la parole.
-Kasumi de ton côté ?
-Nos forces se sont principalement positionnées à Shinjuku mais Grand-mère a détaché un groupe vers Shibuya d’après des informations qu’elle a reçu. Elle a demandé à plusieurs familles du Pays de venir sur Tôkyô rapidement…on attend.
-Shibuya ? Mais il y a bien trop de civils là-bas ! s’éclaffa Miki.
-Oui…soupira la voleuse en fermant les yeux. C’est le bordel. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent mais on est plus dans une guerre souterraine là !
Miki attrapa son téléphone et voulu l’allumer.
-Et merde ! Il est mort avec l’attaque du café…
-Tiens, lui dit la chef de clan en lui tendant le sien.
Miki la remercia silencieusement et composa un numéro.
Kentaro jeta son téléphone sur la banquette arrière de sa voiture et pesta plusieurs noms d’oiseaux. Cela faisait plus de deux heures qu’il essayait de joindre sa compagne et la peur le prenait aux tripes. Il avait entendu les nombreuses sirènes de police et de pompiers après l’explosion au Kabukicho et en appelant au commissariat, on lui avait dit que Saeko était sur le terrain. Depuis, pas de nouvelles et les différentes autres sirènes entendues, lui laissait craindre le pire. Il avait pris sa voiture et tourner en rond dans le quartier, ce rendant compte que si elle le voyait, il allait passer un mauvais moment. Stationnant près de l’immeuble de la policière, il attendait son retour en appelant toutes les vingt minutes.
Basculant la tête en arrière, il se mit à sourire bêtement en repensant à leur premier rendez-vous.
Il avait mis plus d’une heure pour trouver sa tenue pour cette soirée que cette créature de rêve lui accordait enfin. Après plus de six mois à la courtiser, elle acceptait, enfin, ce rendez-vous en tête à tête. Il voulait que tout soit parfait et sa tenue en faisait parti.
Satisfait de l’image que lui renvoyait le miroir, il attrapa ses clefs de voiture et prit la direction du restaurant car la belle avait refusé de lui donner son adresse pour qu’il vienne la chercher. Souriant comme un idiot, il repensa avec quelle force de caractère cette inspectrice le remettait à sa place à chaque fois qu’il lui parlait. Il ne s’était jamais laissé démonter et ça avait enfin payé puisque ce soir ils allaient enfin sortir ensemble.
Le restaurant était coquet mais pas tape à l’œil. Malgré la famille dont elle était issue, Kentaro avait bien cerné la simplicité de la policière et il avait comprit que le luxe l’exaspérait plus que tout. D’ailleurs, même s’il avait fait un effort de toilette, il n’avait pas sorti le smoking mais juste un pantalon coupe droite et une chemise verte claire qui faisait ressortir son teint halé. Il avait bien remarqué que même si elle avait des tenues chics au travail, elle ne mettait pas de marques prétentieuses et voyantes. Elle était classe sans être vulgaire et sobre, ce qui lui plaisait énormément. Il avait craqué pour elle dès leur rencontre et il comptait bien la faire craquer elle aussi.
Arrivé le premier sur le lieu de rendez-vous, il acheta une rose à un vendeur ambulant et s’installa à la table qu’il avait réservé. A peine cinq minutes plus tard, Saeko fit son entrée, le rejoignant d’un pas chaloupé.
-Bonsoir, lui dit-elle en lui souriant doucement.
Kentaro resta quelques secondes interdit devant la beauté qu’il avait sous les yeux.
-Tu es sublime…
Saeko se mit à rire devant l’air penaud qu’il afficha en se rendant compte qu’il avait parlé à haute voix. Il faut dire que dans cette robe rouge écarlate, elle resplendissait.
Il se leva précipitamment pour lui tirer la chaise puis lui tendit la rose.
-Elle est bien pâle à coté de ta beauté mais j’espère qu’elle te touchera autant que tu m’illumines.
Il cru voir un léger rougissement sur ses pommettes et il ne pu s’empêcher de sourire en asseyant en face d’elle.
Contre toute attente, la soirée fut délicieuse dans tous les sens du terme et Kentaro obtenu un deuxième rendez-vous facilement.
Mais, lui, su dès ce soir là que Saeko serait la femme qu’il voudrait épouser.
Attrapant rageusement son téléphone en se penchant entre les deux sièges de la voiture, il composa le numéro sans hésitation.
-Au diable si elle m’en veut !
-Allo ?
-Monsieur le Préfet ? C’est Kentaro. Je m’excuse de vous déranger mais je suis inquiet pour votre fille.
-Kurono ? C’est vous ? Saeko va bien, elle m’a appelé il y a peu. Vous tombez bien ! Je vais avoir besoin de vous ! tonna la voix du préfet en appuyant sur les mots.
-Que puis-je faire pour vous monsieur ?
-Vous avez des appuis politiques, non ?
Kentaro laissa un silence équivoque.
-A d’autres voulez vous ! On n’a pas le temps de jouer ! Tôkyô est en proie à une violence sans nom !
-Oui, que voulez vous que je fasse ? fini par dire le petit ami de Saeko.
-Je n’arrive pas à avoir le ministre par la voie officielle…un petit coup de pousse ?
Kentaro soupira. Sa douce allait lui en vouloir d’avoir passé ce coup de fil mais maintenant il était trop tard.
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