Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 3 :: Chapitre 3

Publiée: 25-04-21 - Mise à jour: 25-04-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires^^. La fic ne sera effectivement pas toujours une partie de plaisir. Pour les détails médicaux qui seront égrénés, je vous prie par avance d'excuser les inexactitudes. Aucune volonté d'étaler une science inexistante. J'ai fait beaucoup de recherches mais ça ne comblera pas des années d'études. Bon dimanche, bonne lecture et merci pour vos reviews

 


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Chapitre 3  

 

- Montons., lui dis-je.  

- Ryo…, gronde Mick, visiblement fâché.  

- Mick, on monte. Je veux être là s’ils ont des nouvelles à me donner.  

 

Ces derniers mots semblent chasser son courroux pour raviver son inquiétude et ils me permettent d’échapper au regard inquisiteur de l’infirmière. Sans plus un mot, nous rejoignons le Professeur qui nous précède dans les escaliers et nous guide dans l’hôpital jusqu’à la salle d’attente.  

 

- Que s’est-il passé, Ryo ?, me demande Miki, livide.  

- Ta femme, Ryo ?, me réinterroge Mick.  

- Tu crois que c’était une attaque ?, me questionne Umibozu.  

 

J’ai déjà mille questions en tête à la seconde, trois de plus ne devraient pas faire la différence et, pourtant, je sens la fatigue s’abattre sur moi. Sans aucune grâce, je me laisse tomber dans un fauteuil, me frottant le visage pour en chasser la tension. Je n’ai pas vraiment encore eu le temps de me demander si c’était une attaque personnelle ou le fruit du hasard. Vu la concordance des faits, la première option pourrait être vraie mais je n’arrive pas à y croire. Comment n’aurais-je pas pu sentir l’intention meurtrière ? Ai-je à ce point perdu tout sens commun pour ne pas avoir détecté cette aura bien familière ? Pourquoi le camion aurait klaxonné si c’était intentionnel ? Ou alors c’était la concomitance de deux faits individuels séparés : une attaque et le fruit du hasard ?  

 

- Stop !, intervient le Professeur, se positionnant devant moi.  

- Une chose à la fois. Si nous commencions par nous calmer. Tout le monde est bouleversé mais ce n’est pas le moment d’accabler Ryo de questions. On va commencer par sept cafés. Ça nous fera du bien., leur dit-il, les chassant du revers de la main.  

 

Je vois les deux couples s’éloigner mais Saeko rester.  

 

- J’ai les premiers éléments du dossier. Je pense que tu as besoin de savoir., me dit-elle, lançant un regard au Professeur comme si elle attendait son autorisation pour parler.  

 

Je le vois acquiescer et elle approche enfin de moi, venant s’asseoir sur le siège voisin. Le Professeur s’assied de l’autre côté. Son soutien me fait du bien, m’aide à garder mon calme alors que la tension monte.  

 

- J’ai eu l’inspecteur en charge du dossier. On a retracé les évènements d’après les témoignages des passants et du chauffeur de poids lourds. Le conducteur de la première voiture qui vous a percutés a fait un malaise cardiaque. Il est probablement mort avant même de vous toucher. On en aura confirmation avec l’autopsie. Le chauffeur de poids lourds était trop près de vous quand c’est arrivé et il n’a pas pu éviter la mini. Il a pourtant freiné à fond comme on a pu le constater mais il n’aurait rien pu faire. Même en braquant, il lui serait rentré dedans. Pour la troisième voiture, c’est pareil. La surprise a été telle qu’elle n’a pas pu réagir et éviter la voiture. La conductrice est blessée mais ses jours ne sont pas en danger et le bébé à l’arrière n’a rien., m’explique-t-elle, me soulageant d’un poids alors que mon cœur venait de se glacer en pensant à ta réaction.  

 

Si tu te réveillais pour apprendre que tu as survécu à un bébé, je ne suis pas sûr que tu t’en remettrais. Tu auras certainement déjà du mal à entendre qu’il y a eu un mort dans l’histoire même si c’est celui qui nous a foncé dedans. Tu es comme ça malgré les années passées entourée de la laideur de ce monde.  

 

Sur un autre plan, je ne sais pas ce qui est le mieux : savoir que tout cela est un pur accident et qu’il n’y a personne à blâmer ou savoir qu’on était la proie de gens du milieu… J’aurais alors eu une bonne occasion d’évacuer toute cette colère qui monte en moi. C’est idiot mais, oui, je suis en colère parce que j’ai toujours pensé que tu serais fauchée à cause de mon monde, que j’ai tout fait pour t’en protéger et, finalement, c’est un stupide accident de la circulation qui pourrait nous séparer. A quoi riment dès lors ces années de tergiversations ? Ce que j’ai pu être con…  

 

- Ca va, Ryo ?, me demande-t-elle, soucieuse.  

- Ca ira mieux lorsque j’aurai des nouvelles de Kaori., lui dis-je d’une voix fatiguée.  

 

J’ai besoin de m’éloigner un peu et me lève pour aller à la fenêtre. La vue ne vaut pas celle qu’on a du toit de notre immeuble mais les lumières qui éclairent la ville ponctuent la nuit qui est tombée et ça me ramène à ces soirs où nous montons tous les deux pour chercher un peu de calme et de force pour continuer notre combat quotidien ou simplement voir le soleil se coucher et la ville s’illuminer d’autres lumières bien plus artificielles.  

 

- Tiens., me fait Umibozu, me tendant un gobelet fumant.  

- Merci.  

 

Je trempe les lèvres dans le gobelet et grimace au goût désastreux de la boisson. Ça n’a rien à voir avec le café que tu me fais, même quand je me trompe de tasse et que j’avale une gorgée du tien sucré. Je sens une boule se former au fond de ma gorge et lutte pour ne pas la laisser s’installer. Je veux encore ces moments où ton rire fend l’air, où tu prends ma tasse et me laisses voir la grimace que le goût trop amer du mien te tire avant de me la tendre, les fois où, plus affamé de toi que du breuvage, je viens le goûter sur tes lèvres, prétextant, sans vraiment mentir, que c’est là où il me paraît le meilleur.  

 

Sans me poser la moindre question, il reste à mes côtés et nous regardons à deux la ville et surtout le parking où les mouvements se raréfient alors que l’heure avance. Je sais que, derrière nous, nos autres amis s’impatientent, qu’ils ont envie d’avoir des réponses, de savoir ce qu’il s’est passé et, pour l’un d’entre nous, de savoir pourquoi je me fais passer pour ton mari. Je ne pense pas qu’il crois que je parle d’une autre femme. Non, je sais qu’il sait que c’est de toi que je parle.  

 

- Il est temps de passer aux explications., laché-je soudain, mon ami ne répondant même pas.  

 

Je finis mon gobelet et le jette dans la poubelle non loin avant de me tourner vers le reste de la bande. Mick et Kazue se tiennent la main, Saeko discute avec le Professeur et Miki fait les cent pas à la limite de se ronger les ongles. Sachant que je suis prêt à parler, Umi la rejoint et la fait s’asseoir. Je la vois objecter mais son mari ne lui dit rien. Il lui lance juste un regard à travers ses lunettes de soleil et ça la calme. En est-on arrivés à ce niveau de complicité ? J’aime à penser que c’est le cas, que, si notre vraie relation de couple a commencé il n’y a qu’un an, elle est le fruit d’une construction bien plus longue qui a laissé des traces.  

 

- Alors que s’est-il passé ?, demande Kazue cette fois.  

 

Vous n’êtes pas amies pour rien toutes les trois. Je jette un regard vers la porte par laquelle je suppose que le chirurgien va arriver et m’assieds pour avoir une vue directe dessus avant de me tourner vers eux et éviter de commencer à faire des allers et retours qui nous rendraient tous nerveux.  

 

- Nous venions pour vous rejoindre lorsque la mini a été percutée par une voiture.  

 

Je vois déjà les questions qui fusent dans les esprits, questions plus que légitimes mais je préfère les faire taire de suite.  

 

- Le conducteur a fait une crise cardiaque d’après les premiers éléments de l’enquête., leur dis-je, jetant un regard vers Saeko.  

- J’ai… J’ai été éjecté de la voiture.  

 

Ma voix se fait plus hésitante alors que les images reviennent à la surface. J’entends le bruit des chocs en série, de la tôle qui se froisse, des vitres qui éclatent, certains bruits dont je ne me souvenais même plus sur le coup. Je vois les étincelles alors que la carrosserie racle le bitume, les tonneaux de la mini mais je ne te vois pas, je ne t’entends pas. J’aurais tellement aimé être seul dans cette voiture…  

 

- Je n’ai pas eu le temps de rejoindre Kaori pour la sortir de là que la mini a été percutée par un semi-remorque qui n’a pas pu l’éviter avant d’être percutée par une autre voiture. C’est… C’est juste un accident, un malheureux accident.  

- Et Kaori… Comment… Comment va-t-elle ?, me demande Miki, les larmes au bord des yeux.  

 

Je soupire et regarde de nouveau vers la porte. Je consulte ma montre pour la première fois depuis que nous sommes arrivés et c’est avec désillusion que je vois le cadran cassé, les aiguilles arrêtées… Décidément, cette montre n’est pas destinée à durer mais, cette fois, elle n’aura sauvé personne. Si tu dois me quitter aujourd’hui, je ne sais pas si je n’aurais pas préféré mourir ce jour-là dans le cimetière… Là, j’ai envie de me frapper. Tu es un idiot, Ryo. Mourir avant d’avoir pu vivre cette année avec toi, c’est de la connerie. Cette année a été la plus belle de toute ma vie et je ne veux pas l’oublier.  

 

- Il est vingt-deux heures, Babyface., m’informe le Professeur, me tirant de mes songes.  

- Seulement ? J’ai l’impression que ça fait une éternité.  

 

De nouveau, je frotte mon visage de mes mains pour chasser la tension avant de lancer un nouveau regard vers la porte. Soudain, la question de Miki me revient à l’esprit et je me tourne vers elle.  

 

- Kaori a un traumatisme crânien, des fractures ouvertes aux jambes et aux bras, de multiples hémorragies internes… Je dois certainement en avoir oublié., leur apprends-je.  

 

Je voudrais avoir de tes nouvelles. Je n’en peux plus d’attendre et d’être séparé de toi. Quatre heures sans te voir, ce n’était rien avant, de moins en moins rien au fil du temps mais, depuis qu’on est ensemble, c’est beaucoup trop long. Je suis drogué et, cette drogue-là, je ne veux pas m’en sevrer.  

 

- Le pronostic vital de Kaori est engagé. Ils ont traité la luxation des hanches aux urgences ainsi que les plaies au crâne. Elle est dans un état critique et ses chances de survie sont minimes., intervient le Professeur, prenant ma suite, m’épargnant de le faire.  

 

J’entends les souffles retenus, je sens la tension grimper dans l’air et je ne tiens plus. Je me lève de nouveau et me dirige vers la porte par laquelle le chirurgien arrivera. Je lui fais face et je regarde par les deux vitres si je le vois. Rien, pas un mouvement, le couloir est désespérément vide comme si personne ne travaillait dans cet endroit de l’hôpital. Je sais que c’est faux, que, derrière cette absence visible, il y a d’autres présences invisibles qui s’occupent de toi. J’espère qu’elles s’occupent de toi, qu’elles ne sont pas en train d’observer ton corps sans vie. Je me secoue. Je n’ai pas le droit de t’abandonner.  

 

- Viens te rasseoir, Ryo. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour elle.  

 

Je me tourne vers Kazue qui est venue jusqu’à moi. Elle pose sa main sur mon épaule et, bien que j’ai envie de rester là jusqu’à voir quelqu’un, je la laisse me ramener vers le groupe.  

 

- Kaori est forte. Tu vas voir, tout ira bien. Si deux voitures et un camion n’ont pas réussi à l’avoir, elle s’en sortira., m’assure-t-elle avec un sourire confiant.  

 

Je sais qu’elle s’inquiète comme nous tous mais elle a ce don qu’ont la plupart des soignants de garder le sourire et de se montrer confiants sans être irréalistes… et, elle, elle te connaît. Ses mots me font du bien, reboostent ma confiance.  

 

- Je sais.  

 

Je pose la main sur la sienne brièvement et la laisse à son compagnon. Incapable de me rasseoir, je me positionne derrière la rangée de fauteuils et m’appuie sur les dossiers.  

 

- Quelqu’un t’a examiné ?, me demande soudain le Professeur, posant un regard acéré sur moi.  

 

Je me sens pris comme un insecte sous la loupe d’un microscope. C’est assez désagréable comme sensation et, surtout, je n’ai aucune envie de m’éloigner de là pour m’assurer que je vais bien. J’ai mal partout mais ce n’est que le fruit de mon atterrissage musclé sur le bitume.  

 

- Non, je n’ai que des égratignures et des bleus. Je vais bien., lui dis-je, m’éloignant de lui.  

- Babyface, assis., m’ordonne-t-il, sortant ce qu’il faut de sa poche de manteau.  

 

Je peux me vanter d’avoir une véritable boîte à outils planquée dans mes vêtements mais, lui, c’est une trousse médicale qu’il cache. Je m’apprête à objecter quand je sens une présence massive derrière moi. Pas besoin de me retourner pour savoir qu’Umibozu est là et prêt à intervenir pour assister le Professeur.  

 

- Je n’ai pas besoin d’une baby-sitter., maugréé-je.  

- Alors va t’asseoir.  

- Tu sais, ma femme, je la vois grande mais, toi, tu es un peu trop grande, Umi-Chou.  

 

Plaisanter me fait un peu de bien mais, bien vite, la situation se rappelle à moi sous la forme de la sagesse.  

 

- Si tu veux être là pour Kaori, il faut que tu sois en forme., me fait remarquer le Professeur.  

 

Je soupire de résignation mais entends la justesse de ses paroles. Tu vaux le sacrifice de ces quelques minutes.  

 

- Je ne bouge pas d’ici., lui apprends-je, posant mes fesses sur le siège face à lui.  

 

Il y a une chose que je ne peux lui reprocher, c’est son efficacité et, en moins de dix minutes, il me déclare apte et mes blessures minimes. Kazue réussit même à trouver une infirmière qui lui procure de quoi désinfecter mes égratignures et je me retrouve torse nu dans la salle d’attente. La dernière fois, c’était dans la salle de gym et le moment était beaucoup plus agréable. La culpabilité me prend soudain : si je n’avais pas cédé à mes pulsions, tout cela ne serait jamais arrivé. Nous serions arrivés au Cat’s, nous n’aurions pris ce chemin que des heures plus tard, nous n’aurions pas rencontré ce conducteur sur la route…  

 

- C’est arrivé où ?, me demande Miki.  

- Sur la route entre chez nous et le café., lui réponds-je, remettant mon tee-shirt puis ma veste dans laquelle j’ai coincé mon holster, le cachant à la vue de tous.  

- Nous n’aurions même pas dû y être.  

 

Je ne peux m’empêcher de grommeler à ce fait du hasard. Je pense que je ne cesserai jamais de culpabiliser sur ce point-là.  

 

- Pourquoi tu n’aurais pas dû y être, Ryo ?, m’interroge Mick, étrangement resté en retrait depuis tout à l’heure.  

- Parce que ce n’était pas le chemin que nous aurions dû prendre., admets-je.  

- Mais c’est le chemin le plus direct pourtant., objecte Miki.  

- Pas de là où nous venions, pas si je n’avais pas fait un détour.  

- En quoi tu as fait un détour en venant de l’appartement ?, insiste Saeko, les sourcils froncés.  

- On n’aurait pas dû arriver de l’appartement.  

 

Quand va-t-il arriver ? Quand vais-je enfin avoir de tes nouvelles ? Je n’en peux plus de cette attente. Ça devient insupportable. Je regarde de nouveau ma montre bien que je sache qu’elle ne me dira rien mais c’est réflexe.  

 

- Patience, Babyface. Vu l’étendue de ses blessures, ce sera forcément long. Ils vont stopper les hémorragies internes et, même si je ne connais pas la nature de ses fractures, ils feront peut-être intervenir un chirurgien orthopédiste. Je crois, à entendre la description de l’accident, que ce sera fort probable., expliqua le Professeur.  

- C’est sans compter les dommages qu’ils pourraient découvrir en ouvrant., pipa Kazue.  

 

Je frémis à l’idée de ton corps mutilé. Je ne peux empêcher certaines images atroces de cadavres éventrés de remonter à la surface. Je sens mon estomac se révulser et bondit de mon siège pour me réfugier aux toilettes et vomir. Ce n’est que de la bile acide qui me brûle la trachée et pour cause : je n’ai rien avalé depuis ce midi. On avait prévu de manger en rentrant après le détour au Cat’s. Je t’avais promis un arrêt au marchand ambulant pour me faire pardonner de ne pas t’avoir dévoilé les raisons qui m’avaient fait fixer ce rendez-vous. J’avais bien ma petite idée sur la façon dont la soirée se terminerait, tout en tendresse et en sensualité. Tout ça a été remis en cause parce que j’ai voulu satisfaire immédiatement mes bas instincts… Je suis un con égoïste, narcissique, libidineux, un pervers fini qui ne sait pas tenir sa queue plus de cinq minutes au repos et, encore une fois, ce n’est pas moi qui me prends le coup de bambou dans la gueule mais toi, encore toi, toujours toi.  

 

Je me mets à hurler tellement je suis en colère. Je voudrais balayer tout ce qu’il y a sur les lavabos devant moi mais il n’y a rien. Je n’ai rien sur quoi passer ma colère même en cherchant bien et je me tourne vers mon image dans le miroir.  

 

- Espèce de salaud !, crié-je, me jetant sur mon reflet, prêt à lui mettre mon poing dans la figure.  

 

Je sens mon corps heurter le plan de travail mais mon poing est retenu en arrière par une poigne musclée.  

 

- Tu crois que c’est en détruisant les toilettes de l’hôpital que ça va l’aider ?, tonne Umibozu, me forçant à lui faire face.  

- Tu ne comprends pas. C’est de ma faute. Si elle est là-bas entre la vie et la mort, c’est à cause de moi !, hurlé-je.  

 

Sans ménagement, il me jette hors des toilettes et me pousse vers le groupe.  

 

- Tu l’as dit toi-même : c’était un accident, un malheureux accident. Personne n’aurait pu prévoir., me rappelle-t-il d’un ton bourru.  

- Tu n’aurais pas pu la protéger, Ryo. Cesse de culpabiliser., m’enjoint Mick, posant une main sur mon épaule.  

- Ce… Ce n’était pas ainsi que devait finir ce week-end.  

 

Je me laisse aller dans le fauteuil, la tête entre les mains. Je suis perdu, Kaori.  

 

- Et si on parlait un peu d’autre chose ?, propose Saeko, jetant un regard vers la porte qui mène en chirurgie.  

- Que voulais-tu nous dire au café ?, me demande-t-elle.  

 

Je la regarde sans vraiment la voir. Ai-je le droit de leur en parler sans que tu sois là ? Je revois ton regard en te disant que je voulais rendre notre relation connue auprès de ceux qui sont notre famille. J’ai le droit, j’en ai peut-être même le devoir.  

 

- Pourquoi as-tu dit à l’hôpital que vous étiez mariés ?, intervient Mick.  

 

J’avais oublié ce point-là. Je suis même étonné qu’il ait attendu aussi longtemps avant de revenir à la charge. Je jette un regard vers les deux entrées de la pièce avant de sortir le papier que m’a fourni le Professeur. Je le tends à mon ami américain, celui qui était tombé amoureux de toi avant d’en aimer une autre, celui qui reste très protecteur envers toi. Il le prend et je vois ses yeux s’écarquiller avant que le papier circule entre les mains de tous.  

 

- Vous êtes mariés ? Depuis quand ?, me demande-t-il, interloqué.  

- On… on ne s’est pas mariés mais le Professeur l’a fait pour que je puisse prendre les décisions qui la concernent à la place d’un inconnu.  

- De quel droit, Ryo ? Tu n’as jamais voulu t’impliquer avec elle alors pourquoi maintenant ?, gronde-t-il, furieux.  

- Tu préfères qu’un médecin le fasse ? Parce qu’ils voulaient juste abandonner tout espoir, ne tenter aucune mesure exceptionnelle. Je veux juste qu’elle vive, je la sais assez forte pour se battre., lui opposé-je.  

- Donc elle va vivre et après ? Retour à la case départ ? Je comprends tes raisons mais je trouve la situation détestable., me fait-il savoir.  

 

Je ne suis pas fâché de sa réaction, je la comprends. Il croit encore que nous en sommes restés à notre relation antérieure où tu te languis et attends que je me décide.  

 

- Si on ne devait pas arriver de l’appartement, c’est parce qu’on rentrait d’un week-end sur la côte à deux heures d’ici dans une petite ville où on était libres de se balader sans avoir à regarder derrière nous., leur dis-je.  

- Pour la première fois depuis un an, j’ai pu marcher sur la plage, les pieds dans l’eau, en tenant la main de ma compagne, l’emmener faire les boutiques, même si elle n’a rien voulu acheter, sans regarder derrière moi en permanence si quelqu’un nous suivait, dîner au restaurant en tête à tête. Pour vous, ce n’est peut-être pas grand-chose mais, pour nous, c’était un moment exceptionnel.  

 

Exceptionnel est le bon mot à mes yeux. Nous n’aurons pas cette possibilité à de nombreuses reprises. Peut-être qu’en faire une escapade annuelle serait une bonne chose, une bouffée d’air dans notre quotidien, nos vacances de nettoyeurs. Oui, ce serait certainement une bonne idée. Sortant de mes réflexions, je lève les yeux vers mes amis qui m’observent, les yeux ronds.  

 

- Kaori et toi… vous êtes en couple ?, murmure Miki.  

- Oui. Ça fait un an, depuis Kreutz, depuis votre mariage…  

 

Je sens le choc parmi eux mais je suis prêt à assumer.  

 

- Je suis désolé qu’on vous ait menti mais n’en voulez pas à Kaori. C’est moi qui avais besoin de temps. Elle n’a fait que me ménager comme d’habitude.  

- Tu veux dire que le faux mariage…, commence Mick.  

- Il est des plus authentiques., le coupe le Professeur, assez fier de sa prouesse réalisée en si peu de temps.  

- Un vrai mariage ?, reprend l’américain.  

- Ce n’était pas ma demande mais le mariage est bien enregistré à l’état civil., admets-je.  

- Mais… après ?, me demande Kazue.  

- Après, il le restera si elle accepte ma demande.  

 

Je sais que je les étonne, que ça fait beaucoup de choses en peu de temps mais le temps de la valse-hésitation est fini. Une autre chose se finit également : l’attente avant de savoir comment tu vas. La porte du fond s’ouvre et un homme en tenue chirurgicale approche, l’air exténué et sérieux. Je sens mon estomac se nouer et moi qui trépignais me retrouve incapable d’amorcer le premier pas.  

 

- Viens, Babyface., m’enjoint mon vieil ami.  

- Monsieur Saeba, je suis le docteur Tomoda. J’ai opéré votre épouse… 

 


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