Chapitre 43 :: Quito Publiée: 08-05-21 - Mise à jour: 08-05-21
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Ses yeux étaient fermés, ses paupières étaient lourdes. Elle n’arrivait plus à les ouvrir. Des flashs de voix lui parvenaient mais elle ne les comprenait pas. Elle voulait dormir. Juste dormir.
-Maman !
Il y avait une odeur de chlore mélangée à une odeur florale. C’était dans cette atmosphère qu’elle se réveilla. Ses yeux papillonnèrent, un instant, et, enfin, elle les ouvrit. Regardant autour d’elle, elle se demanda où elle était. Puis, une tornade brune sauta sur son lit.
-Maman ! Tu es réveillée ! Maman !
Kaori regarda sa fille et les larmes coulèrent presque aussitôt. Elle l’avait devant elle. Vivante et pleine d’énergie. Ou alors elle était en train de rêver ?
-Ai ! Ai c’est bien toi ?
L’enfant se jeta dans ses bras et elles pleurèrent de longues minutes toutes les deux dans les bras de l’une et de l’autre avant qu’une voix en espagnol ne les interrompe.
-Pardon mais je dois regarder si tout va bien pour ta maman.
Ai s’écarta, à la grande surprise de Kaori, qui n’avait, elle, rien comprit.
-Le médecin va t’examiner.
La japonaise vit enfin Falcon et se laissa faire, se détendant légèrement. Puis, une fois l’examen finit et le médecin sortit, elle regarda le géant.
-Où sommes-nous ? Quel jour ? Comment ?
-Doucement, je sais que tu veux tout savoir mais tu viens de te réveiller au bout de trois jours donc on se calme. Je vais tout te dire mais doucement.
-Trois jours… et Ry…
Mais sa voix mourut dans sa gorge quand des images arrivèrent.
Elle le vit disparaitre dans le vert des arbres, une chute sans fin. Elle se laissa tomber au sol, des sanglots sortant de sa bouche et les larmes coulant de ses yeux. Puis, un rire s’éleva et le chien d’une arme qu’on lève.
-J’ai réussi ! Il est mort ! Mort !
Kaori se tourna vers la femme brune et ses yeux ne purent s’en détacher. Elle la détailla et n’eut pas besoin de réfléchir, elle comprit. A son teint, à la prononciation parfaite de son japonais et à son regard, elle avait devant elle la fille de Shin Kaibara. Tout le puzzle se mettait en place. Et la vengeance avait un sens.
Sans comprendre ce qu’elle faisait, Kaori se redressa et fixa la femme devant elle. Cette dernière était blessée à deux endroits mais cela ne la toucha pas plus que cela. D’une voix calme et froide, elle lui parla, s’étonnant même d’avoir tant de contrôle à cet instant.
-Où est ma fille ?
Ranza se mit à rire de plus belle. Elle avait atteint son but, cette japonaise ne lui gâcherait pas son moment.
-Là où jamais tu ne la retrouveras !
-Je ne te le demanderai plus…où est ma fille ?
-Je ne vais pas perdre mon temps à te répondre !
La sud-américaine eut juste le temps de faire un demi-sourire que son arme vola dans les airs. Elle regarda Kaori sans rien comprendre et vit un masque imperturbable devant elle. Elle n’avait plus la même personne sous ses yeux.
-Moi non plus, je n’ai pas de temps à perdre, c’est la dernière fois que je le demande. Où est ma fille ?
-Hira de… (fille de…)
Une balle frôla les pieds de la jeune femme puis une autre passa très près de son visage.
-La prochaine sera dans la tête.
La voix de Kaori était sans appel.
Kaori ferma les yeux en revenant à la réalité. Falcon regarda son amie avec empathie et s’approcha de son lit.
-Je t’ai trouvé après.
-Après ? demanda la japonaise d’une voix faible.
-Ai, tu peux aller voir Marco, ma puce, demanda le géant d’une voix tendre à la petite fille.
-Mais, je veux voir maman, moi !
-Mon ange, j’ai besoin de parler à tonton Umi.
La petite fille râla mais sortit de la chambre par une porte latérale.
-Une chambre communicante ?
-Oui.
-Où sommes-nous ?
-Quito, la capitale de l’Équateur. L’hôpital central.
-Comment ?
Umibozu attrapa une chaise et s’y installa dossier contre le torse.
-Laisse-moi te raconter du début…enfin à partir du moment où je t’ai retrouvé. Il y a des points que je ne pourrais pas te dire mais en tout cas moi je suis arrivé après la mort de la mercenaire.
Falcon attendit une réaction mais n’en vit aucune sur le visage de son interlocutrice. Comme perdue dans ses pensées, Kaori ne réagissait pas. Il continua donc son récit.
-Quand je suis arrivé près de toi, tu te tenais assise face au corps sans vie de la mercenaire.
-C’était la fille de Kaibara, compléta la jeune femme.
-Je comprends mieux…souffla-t-il. Donc, tu étais face à son corps.
-Elle a pris une balle dans la tête ?
-Oui. Ryô ou toi ?
-Moi.
Kaori regarda par la fenêtre. Elle se perdit à nouveau dans ses souvenirs qui revenaient comme un cheval au galop.
Kaori ne tremblait pas. Elle savait comment ça allait finir. Elle venait de perdre l’amour de sa vie et elle ne savait pas où était sa petite fille. A cet instant, elle n’avait plus rien à perdre.
-Ta fille est morte ! hurla Ranza, mauvaise. Tu es seule au monde, comme moi !
-Bien.
Elle ne prit même pas conscience que son doigt appuyait sur la détente jusqu'à ce que la balle se loge entre les deux yeux de la femme au teint mate. Elle attendit quelques secondes pour voir si elle se relevait, le temps que le PCP agisse mais rien ne se passa. Puis, la nettoyeuse réalisa son geste et tout son corps se mit à trembler et son arme tomba lourdement au sol.
Sa tête se mit à tourner et ses oreilles à bourdonner. Ses jambes la lâchèrent et elle se mit à sangloter fortement.
Elle oublia tout son environnement et resta au sol jusqu’à ce que deux mains puissantes la soulèvent.
Le reste était flou et elle se tourna vers Falcon pour entendre la suite de l’histoire.
-Alors tu as tué la mercenaire…elle n’était pas sous poussière d’ange, c’est étonnant mais je n’arrive pas à comprendre comment vous en êtes arrivé là…comment Ryô…
-Il est mort, n’est-ce pas ?
-Je ne sais pas…mais on ne l’a pas retrouvé…
-Comment on est arrivés là ?
-Quand je t’ai retrouvé, tu étais en crise de panique. J’ai dû te calmer avant que tu t’évanouisses. C’est à ce moment-là qu’un mercenaire est arrivé avec Ai dans les bras. Il m’a raconté comment il a sauvé la petite et pourquoi il l’a fait.
-Marco ?
Kaori réalisa qu’elle avait laissé partir sa fille sans demandé qui était Marco.
-Oui. C’est grâce à lui que nous sommes ici. J’ai réussi à utiliser le téléphone satellite de Mick après de multiples essais ratés et Marco a appelé les autorités pour leur donner notre emplacement exact.
-L’armée ?
-Non, la police colombienne. Il a un cousin gradé. Avec un peu de corruption, il nous a fait quitter le pays pour Quito.
-On est là depuis combien de temps ? souffla-t-elle, étonnée.
-Tu as dormi presque quatre jours. Tu es dans cette chambre depuis trois.
Kaori le regarda avec de grands yeux ronds. Pleins de choses lui passaient par la tête mais elle n’arrivait plus à parler.
-Tu n’as dit que vous aviez cherché Ryô ? Mais, quand si on est partis de la jungle ?
-En attendant les renforts, je l’ai cherché et la police aussi. Je crois qu’ils le cherchent encore aussi actuellement mais on ne pouvait pas rester sur place…
-Pourquoi ?
Umi resta songeur un moment puis soupira.
-Mick…
-Quoi, Mick ? hoqueta la japonaise.
Les deux amis furent interrompus par l’arrivée d’une infirmière. Cette dernière amenait de quoi manger à Kaori, qui se rendit compte, à ce moment-là, qu’elle mourrait de faim. Quand la porte se referma, l’ancien mercenaire fit signe de la tête à la rouquine de commencer à manger.
-Il a été gravement blessé, nous devions le faire soigner rapidement.
-Comment va-t-il ? Il…
-Il est en vie mais son état est critique. Il a eu les côtes cassées qui lui ont perforé les poumons. Et un traumatisme crânien.
-Mon dieu…
-Ne t’en fais pas normalement il va s’en sortir mais on doit rester ici le temps qu’il se stabilise.
-De toute façon, je veux aller chercher Ryô…ou son corps, sanglota Kaori en arrêtant de grignoter.
Falcon resta silencieux mais se leva de sa chaise pour aller à la fenêtre.
-Je n’ai pas ressenti son aura, Kaori…Je ne veux pas te donner de faux espoirs mais je ne pense pas qu’il est survécu à la chute. Marco m’a dit qu’il devait y avoir près de 30 mètres dans le ravin.
Kaori encaissa les données mais ne voulait pas rester sur des hypothèses.
-Je pense ne pas avoir de blessures graves. Je veux y aller !
-Ok, mais il te faut du repos. Je vais y repartir seul pour l’instant.
Le ton du japonais était sans appel et Kaori n’insista pas.
-Tu as appelé le Japon ?
-Oui. Ça a pas mal bougé mais tout le monde va bien. Miki a accouché.
-Oh… Umi, tu dois vouloir rentrer au plus vite.
-Ça ira, on n’est pas a quelques jours de plus. De toute façon, Reika doit arriver dans deux jours.
-Reika ?
-Oui, elle sera notre billet retour.
Le silence s’installa de nouveau jusqu’à ce que la porte s’ouvre sur Ai et un homme hispanique.
-Désolé, dit rapidement Marco, mais elle ne tenait pas en place et Mick doit se reposer.
Kaori tendit les bras vers l’enfant et la prit sur le lit avec elle. La petite attrapa le pain et mordit dedans avec entrain.
-Mick est dans la chambre d’à côté ?
-Oui.
La japonaise remercia ensuite le sud-américain, laissant Falcon traduire ses paroles. L’hispanique resta humble et expliqua qu’Ai lui avait rappelé sa petite sœur et qu’il n’approuvait pas ce que la mercenaire avait fait.
-Il a fait le mercenaire pour l’argent, conclut le géant sur les dernières paroles en espagnol. Pour sa famille et pour lui.
-Il nous reste de l’argent de Reika ?
-Oui, je lui ai déjà donné ce qu’il restait après le dessous de table pour la police.
Kaori lui répondit d’un sourire et regarda avec tendresse sa petite puce manger avec appétit.
Le médecin arriva, ensuite, et examina à nouveau la japonaise. Il donna son autorisation pour qu’elle quitte l’hôpital, n’ayant pas de graves blessures.
Le reste de la journée passa rapidement entre retrouvailles, paperasses et veille auprès de l’américain.
Kaori, Falcon et Ai partirent ensuite à l’hôtel
Les talons de Reika tapaient forts sur le sol du hall de l’hôtel. Malgré la chaleur ambiante, elle avait l’air d’une belle fleur fraichement coupée. Ses yeux balayèrent les lieux et elle reprit sa marche rapide en se dirigeant vers ses amis.
-Kaori, Umi !
La brune serra fort la rousse dans ses bras et la garda un long moment contre elle.
-Comment vas-tu ?
-Merci Reika d’être ici.
-Tu plaisantes ! Je n’allais pas vous laisser ici ! Comment vas-tu ?
-Ça va…
Reika se tourna vers Falcon et ils échangèrent longuement sur la suite à donner pour chercher le nettoyeur.
Kaori écoutait d’une oreille discrète tout en observant Ai qui jouait avec Marco. La petite s’était prise d’affection pour le jeune homme et elle arrivait même à lui parler avec quelques mots d’espagnol. Lui, avait insisté pour rester avec les japonais avant de rentrer dans sa famille. Il voulait continuer à les aider, se sentant coupable des agissements qu’il y avait eu dans la jungle. La jeune femme avait essayé de le rassurer mais il n’avait pas changé d’avis et finalement sa présence était positive pour Ai. Quand elle voyait sa fille sourire après toutes les épreuves qu’elle avait subi, elle se sentait rassurée sur son état présent.
Elle, par contre était en total déni et refusait de penser qu’elle ne reverrait plus jamais Ryô. Elle n’arrivait pas à s’en persuader. D’ailleurs, elle maintenait à sa fille que son père était encore là et qu’ils repartiraient ensembles. Falcon avait essayé de l’en dissuader mais elle avait refusé de faire pleurer Ai après tout ce qui s’était passé.
-Kaori ? Je disais à Umi que j’allais payer des mercenaires pour balayer les lieux dans la jungle. Il est inutile que tu y ailles toi aussi…commença doucement Reika en prenant des gants.
-Je veux y aller.
-Et Ai ?
-Tu resteras avec elle mais je veux y aller.
-Comme tu voudras.
Reika n’insista pas, voyant le ton déterminé de sa compatriote. Elle savait qu’elle n’arriverait pas à faire changer d’avis son amie.
Ils passèrent le reste de la journée à organiser leur retour en Colombie et dans la jungle. Ayant fait jouer ses relations diplomatiques, le mari de Reika avait obtenu de l’armée, un soutien exceptionnel. Ils ne risquaient donc pas de représailles sur place et avait même l’accord du gouvernement pour leur recherche.
Avant de partir de Quito, Kaori s’assura qu’Ai comprenne bien pourquoi elle la laissé à Reika et elle passa dans la chambre de Mick dès qu’on lui annonça son réveil.
-Tu voulais continuer à dormir, avoues ! lança tendrement la japonaise en arrivant dans la chambre de son meilleur ami.
Mick se tourna vers elle et émit un faible sourire.
-Seulement si les infirmières sont moches ! lança-t-il sur un ton léger.
Les deux amis restèrent ensuite silencieux puis, la jeune femme s’approcha doucement du lit.
-Tu m’as fait peur, soupira-t-elle.
-Désolé, darling, ce n’était pas mon intention. Comment vas-tu ? Et Ai ?
-On l’a retrouvée…
-Ouf, je suis soulagé. On va pouvoir rentrer à la maison, alors.
Kaori hésita assez pour que l’américain s’en inquiète.
-Dis-moi.
-Tu es trop blessé pour que l’on te transporte au Japon…il faut que tu ailles mieux pour rentrer.
-Et ?
Il n’était pas dupe, elle ne lui disait pas tout.
-Kaori, je sais quand tu me mens. N’accents-tu pas mon mal de tête, s’il te plait.
-Ryô…Ryô n’est pas rentré avec nous.
Kaori prit une forte inspiration et raconta ce qui s’était passé. Mick ne l’interrompit à aucun moment et quand elle eut finit, il lui fit signe de s’assoir près de lui. Elle pencha sa tête sur son épaule sans trop s’appuyer et se mit à pleurer silencieusement.
-Je suis sûr que nous allons le retrouver et en vie ! Tu le connais Kaori, Ryô ne peut pas partir ainsi.
Elle ne lui répondit pas mais ses sanglots se calmèrent. Elle resta encore quelques instants puis, quitta la chambre pour rejoindre Falcon et partir à nouveau dans la jungle.
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