Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 21 chapitres

Publiée: 18-08-19

Mise à jour: 07-09-19

 

Commentaires: 36 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: Une décision de Sayuri a des conséquences inattendues pour les City Hunter.

 

Disclaimer: Les personnages de "Un couple à part" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Un couple à part

 

Chapitre 11 :: Chapitre 11

Publiée: 28-08-19 - Mise à jour: 28-08-19

Commentaires: Bonjour, la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 11  

 

De profil face au miroir, Kaori observait cet arrondi qui ne cessait de l’émerveiller. Posant une main, elle sentit un frôlement sous sa peau et sourit comme à chaque fois depuis deux jours : son bébé bougeait. C’était un de ces moments inoubliables qui l’émouvaient au-delà de tout mot.  

 

- Tu es prête ?, lui demanda Sayuri, passant la tête par la porte.  

- J’arrive dans deux minutes.  

 

Elle ajusta la ceinture de sa robe, enfila un gilet puis sortit de sa chambre. Kazue, Miki et Eriko l’attendaient dans le salon avec Sayuri. Kaori ne put s’empêcher d’observer sa sœur et lui sourit, rassurée. Apparemment elle était dans une bonne journée, s’étant levée sans douleur, sans nausée et le moral au beau fixe. La sortie programmée entre filles ne devait pas y être étrangère. Elles avaient prévu une journée pour effectuer leurs courses de Noël en pleine semaine, espérant ainsi éviter le rush dans les magasins.  

 

- Tu es en beauté, Kaori., souffla Miki.  

- Merci.  

- La grossesse te va à ravir. Je suis jalouse…, s’extasia Kazue, les faisant rire.  

 

Ryo sortit de la cuisine et approuva les paroles des jeunes femmes. La rondeur de ses formes, joliment soulignée par une robe gris clair, accentuait sa féminité. Les traits de son visage s’étaient arrondis et elle semblait resplendir. C’était une jeune femme enceinte très désirable et il dut faire un effort pour ne pas laisser paraître ses pensées. Semblant cependant les ressentir, Kaori tourna la tête vers lui et l’observa. Il portait les mêmes vêtements que d’habitude et pourtant elle le trouvait encore plus beau. Elle mit cela sur le compte de ses rêves explicites qui emplissaient ses nuits et un flash de désir passa dans ses yeux, surpris par son partenaire. Les joues légèrement rosies, elle détourna les yeux, mordillant ses lèvres.  

 

- On y va ?, les invita-t-elle, cachant sa gêne.  

 

Enfilant leurs manteaux, les cinq jeunes femmes sortirent bruyamment de l’appartement et Ryo se retrouva seul. Profitant de l’absence de sa partenaire, il en profita pour monter dans sa chambre, jeta un regard complice à son ami sur la photo et déballa le carton qui était arrivé la semaine dernière. Sortant la notice, il l’examina attentivement et se mit au travail. Il avait promis à Kaori de monter le lit, refusant de la voir manipuler les pièces au risque de se blesser en les soulevant ou bougeant, et il savait qu’elle s’attendait à devoir le tanner pour le faire. Aussi avait-il décidé de la surprendre et de profiter de son absence pour travailler en toute tranquillité parce qu’il la connaissait : elle serait incapable de rester à ne rien faire et ils se disputeraient certainement avant que ce fut terminé.  

 

Le montage ne lui prit pas longtemps. Kaori avait comme toujours privilégié l’utile et le lit était facile à monter. Il hésita longtemps sur la position du sommier, le mettant au plus bas pour finalement tout démonter et le mettre à mi-hauteur. Au départ, ce serait certainement moins fatigant et sans aucun danger pour le bébé. Après avoir terminé, il plaça le matelas et resta un moment pensif, appuyé sur le lit. Dans quelques mois, le bébé dormirait dans ce lit… Leur enfant. Il avait beau s’en tenir à sa décision initiale de ne pas vouloir être connu comme père, il lui arrivait de penser à lui comme leur bébé. Ca ne durait jamais longtemps car les barrières mentales qu’il avait dressées étaient fortes mais ça lui arrivait.  

 

Kaori avait laissé l’enregistrement de sa première écho en bas, près de la télé. Il l’avait déjà regardé deux fois depuis, en pleine nuit quand il n’arrivait pas à dormir. Il mettait le son très bas et entendre les battements de coeur l’apaiser presque autant que de tenir la femme de sa vie contre lui. Il n’arrivait pas à se projeter dans le futur, s’imaginer ce que seraient leurs vies avec l’arrivée de ce petit être. Arriverait-il à vaincre ses peurs et faire de lui un père capable d’assumer un petit bout de quelques centimètres et d’aimer sa mère comme elle le méritait ? Lorsqu’il en arrivait à ces pensées-là, il se secouait mentalement, s’invectivant de vouloir rêver à un futur qui ne pouvait pas être. Il ne pourrait jamais être père. Il avait donné la vie et c’était déjà beaucoup pour un homme comme lui. Il éteignait alors la télé et remettait l’enregistrement là où il l’avait pris…  

 

Mettant le lit en place, il se prit à vérifier les prises de la chambre puis celles de l’appartement. Il avait refait l’électricité à son arrivée comme la plomberie mais jamais il n’avait imaginé qu’un enfant vivrait là. Connaissant l’aptitude de ces petites choses à mettre les doigts où il ne fallait pas, il préférait être sûr de son fait. Rassuré, il fit l’inspection générale de l’appartement, décida de remplacer quelques fenêtres au printemps et de rajouter un dispositif anti-intrusion. Il ne doutait pas de ses capacités à les protéger mais, si Kaori venait à être seule un jour pour une raison ou une autre, il lui faudrait du temps pour mettre le bébé à l’abri.  

 

Sortant de l’immeuble pour aller trouver son revendeur favori, il tomba sur Mick.  

 

- Toi aussi tu profites de la sortie des filles pour aller flatter les autres demoiselles ?, lui demanda son ami avec son air libidineux.  

- Euh non. Je vais faire des courses., répondit Ryo en consultant sa montre.  

- Des courses toi ?  

- Oui, mais … non ! Pas ces courses-là. Je vais voir mon fournisseur en électro.  

- Tu changes de télé ?  

- Non, idiot. Je vais chercher un dispositif anti-intrusion pour renforcer la sécurité du bébé., dit-il sans réfléchir.  

- Alors tu vas vraiment les garder près de toi ?, l’interrogea Mick, étonné.  

- Oui. J’avoue avoir eu envie de les mettre en sécurité tous les deux loin, mais ils le seront plus ici, où je peux avoir un œil sur eux., lui expliqua le japonais.  

 

Mick lui sourit et l’accompagna. Il l’aida à installer le système en rentrant.  

 

- Ca te dit d’aller embêter Umichou maintenant qu’on a fini ?, proposa Ryo en fin d’après-midi.  

- Bonne idée… On retrouvera peut-être les filles au café. J’ai hâte de savoir ce que ma Kazue m’a acheté pour Noël. Et toi, tu offres quoi à Kaori ?  

- Tu me connais, les cadeaux et moi ça fait deux…, répondit Ryo, espérant que le cadeau qu’il lui avait pris lui plairait  

- Si ça peut te donner des idées, j’ai acheté une petite nuisette transparente pour Kazue.  

- C’est son cadeau ou le tien ?, lui demanda-t-il amusé.  

- Un peu les deux en fait., répondit Mick, gloussant.  

- Tu crois vraiment que je vais offrir une nuisette à ma partenaire enceinte ? Elle a beau ne plus utiliser de massue, son yo-yo fait très mal surtout depuis qu’elle l’a trafiqué pour qu’il donne des décharges électriques.  

- Ah oui, c’est vrai que ça réveille., admit Mick en se frottant les fesses machinalement au souvenir du contact.  

- On s’égare. Non certes tu ne vas pas offrir cela à ta partenaire de travail mais ta petite amie, tu pourrais., suggéra Mick.  

- Je n’ai pas de petite amie., lui rappela Ryo, jouant volontairement l’obtus.  

- Ce n’est pas comme si tu avais une femme à domicile qui t’aime plus que tout au monde et ce n’est que par pure générosité que tu la gardes avec toi alors qu’elle va avoir l’enfant d’un autre.  

- Mick…, gronda Ryo.  

- Ok, oublie tout ce que j’ai dit., répondit-il en levant les mains en signe de défense.  

 

Ils pénétrèrent dans le café et trouvèrent Umibozu derrière le comptoir. Fidèles à eux-mêmes, les deux compères taquinèrent le géant chauve et, assez rapidement, il les envoya valser dans le mur. Ce fut ainsi que les découvrirent les cinq jeunes femmes pénétrant dans le café, les bras chargés de paquets.  

 

- C’est pas possible ! Vous ne pouvez pas rester tranquilles et avoir des comportements d’adultes ?, s’écria Kazue.  

- Quel exemple vous voulez donner à cet enfant si vous vous comportez comme des gamins ? Vous serez comme des oncles pour lui, encore plus toi Ryo. Alors grandissez un peu bon sang., acheva-t-elle.  

- Mais je serai un tonton modèle. On ira au parc et je lui expliquerai toutes les subtilités de ce lieu., répondit Ryo, d’un ton mièvre.  

- Si je vois bien le genre de subtilités dont tu parles, ça suppose que ce soit un garçon. Si c’est une fille, tu lui expliqueras tous les dangers ?, lui demanda Kaori, un sourcil levé.  

 

Il la regarda incertain. Dans son idée, elle ne pouvait pas attendre autre chose qu’un garçon parce qu’il ne saurait pas quoi faire d’une fille. Il se prit à imaginer la vie avec une petite fille et l’idée ne lui déplût pas. Il aurait deux femmes à la maison et certainement des tas de gamins à chasser quand elle serait plus grande, cette idée lui plût moins en revanche.  

 

- Une fille à la maison ? Ca me changerait., la taquina-t-il, cherchant à reprendre le fil de la conversation.  

 

Il se prit un coup de yo-yo électrique qui le picota un bon moment. Son regard s’arrêta sur les sacs et ses yeux s’agrandirent de stupéfaction.  

 

- C’est quoi tout ça ?, demanda-t-il à sa partenaire.  

- Ca, c’est la journée shopping pour les cadeaux de noël qui s’est transformée en journée shopping bébé pour mon plus grand malheur., soupira Kaori, épuisée.  

- Elles m’ont traînée de boutique en boutique et voilà tout ce qui en ressort. Plein de vêtements de bébé et zéro cadeau de Noël…  

- Ca n’a pas dû te plaire., murmura-t-il à son oreille.  

- Non, je pensais pouvoir le faire tranquillement quand je connaîtrai le sexe du bébé mais ces demoiselles se sont laissées emporter.  

- Demain, si tu es forme, je t’emmènerai faire tes courses de Noël., lui proposa-t-il.  

- C’est vrai ?, dit-elle d’un ton plein d’espoir.  

- Oui. Et je ne râlerai pas, promis.  

- Merci Ryo., répondit-elle, déposant un baiser sur sa joue.  

 

Il la regarda surpris et elle soutint son regard mais la lueur qui y dansait se chargea de désir. Comme hypnotisés, ils ne semblaient plus pouvoir se quitter des yeux et le temps semblait s’étirer en longueur.  

 

- Dis Kaori, c’est vrai que les femmes enceintes dans leur deuxième trimestre ont une libido décuplée., lui demanda soudain Mick, les sortant de leur bulle.  

- Je… Que… Quoi ?, bafouilla-t-elle, rougissante.  

- Il paraît que tu devrais être en train de sauter sur tout ce qui bouge pour réitérer l’acte qui t’a donné ce joli petit ventre rond. Je suis volontaire si tu veux., plaisanta Mick, s’approchant.  

 

Il se retrouva enseveli sous une massue avant même d’avoir pu réagir, Kazue écumant de rage à ses côtés.  

 

- Si tu veux tester, mets-moi enceinte, Mick Angel !, hurla-t-elle.  

- Plaisanterie mise à part, c’est vrai ou pas ?, l’interrogea Miki, curieuse.  

- Mais je vous en pose des questions sur votre vie sexuelle, moi ?, s’énerva Kaori.  

- Si vous voulez le savoir, faites des enfants !, riposta-t-elle.  

 

Elle attrapa une poignée de sacs et sortit, fâchée. Attrapant le reste des sacs, Ryo leur lança un regard noir puis fit signe à Sayuri de le suivre. Ils retrouvèrent Kaori devant la mini, essuyant plus ou moins discrètement les larmes qui coulaient de ses yeux. Sans un mot, ils rentrèrent à l’appartement, les jeunes femmes préparant rapidement un repas pendant que Ryo montait les sacs dans la chambre de sa partenaire. Il devrait prévoir une armoire supplémentaire pour le bébé…  

 

Après le repas, Sayuri partit se coucher, épuisée. Le couple de nettoyeurs resta seul et regarda la télé, assis côte à côte. Kaori n’arrivait pas à se concentrer. La présence de son partenaire la perturbait au plus haut point. Elle avait envie de sentir sa chaleur l’entourer, son corps contre le sien, de retrouver la passion qui avait animé leurs ébats, la tendresse aussi, et par dessus tout le sentiment d’être aimée. Elle se sentit rougir jusqu’aux racines et, mal à l’aise, prétexta de la fatigue pour s’éclipser.  

 

Ryo la regarda partir, un petit sourire ironique s’affichant. Peu après, il éteignit la télé et monta. Elle avait laissé la porte de sa chambre ouverte et il la vit figée. Il pénétra et s’arrêta derrière elle.  

 

- Surprise…, murmura-t-il, provoquant un long frisson dans tout son corps.  

- Tu l’as monté., répondit-elle, émue.  

- Oui, je te l’avais promis., lui rappela-t-il.  

- Merci., dit-elle, se tournant et se lovant contre lui.  

 

Il hésita puis l’enlaça, la serrant contre lui. Comme ça lui manquait de ne plus pouvoir la tenir dans ses bras, sentir son odeur au réveil, sa chaleur l’entourer… Il profita du moment, ses rondeurs de femme pressées contre lui réveillant son fidèle ami. Kaori s’écarta de lui et le regarda intensément. Elle glissa les bras derrière son cou et l’attira à elle, joignant leurs lèvres dans un baiser tendre qui s’embrasa rapidement. Elle sentit ses mains voyager sur son corps, allumant des traînées de feu sur leur passage. Elle partit elle-même en exploration, caressant ses cheveux, descendant sur ce torse qui la réconfortait parfois, son ventre, ses fesses. Elle avait envie de lui.  

 

- Kaori, on ne…, tenta Ryo, luttant contre le désir qui brûlait dans ses veines.  

- Cette nuit… Juste cette nuit, Ryo., argua-t-elle, reprenant ses lèvres avec avidité.  

- Je ne veux pas te faire mal.  

- Tout va bien., murmura-t-elle, glissant les mains sous son tee-shirt.  

- Le bébé…  

- Ne craint rien.  

 

Il la regarda, caressant son visage, et elle retourna son regard. Il prit ses lèvres, cédant à ses pulsions. Main dans la main, ils partirent dans la chambre du nettoyeur. Ils s’aimèrent passionnément puis tendrement une bonne partie de la nuit, s’endormant paisiblement collés l’un à l’autre, la main de Ryo posée sur le ventre de sa partenaire.  

 

Lorsqu’ils se réveillèrent le lendemain matin, ils firent comme si tout était normal. Aucun des deux n’évoqua ce qui s’était passé. Ryo se sentait mal d’avoir cédé pour une histoire d’une nuit avec sa partenaire : elle méritait beaucoup mieux mais il n’était pas prêt à le lui donner. Kaori ne voulait pas lui mettre la pression. Elle n’avait pas cherché ce qui s’était passé même si elle l’avait initié et ne nierait pas qu’elle en avait adoré chaque minute.  

 

- Ryo, si tu ne veux plus m’accompagner aujourd’hui, je comprendrais., lui dit-elle, conciliante.  

- Si tu es toujours en forme, je viens avec toi., répondit-il.  

- Je me sens bien. Je file prendre ma douche.  

 

Kaori se dépêcha puis descendit à la cuisine préparer le petit-déjeuner. Comme elle s’en doutait, Sayuri était épuisée après la journée de la veille et préféra se reposer. Elle lui apporta un plateau qu’elle laissa sur la table de chevet adjacente.  

 

- Tu es sure que tu ne veux pas que je demande à Kazue de venir ?, insista Kaori.  

- Non, ça va aller. Je te jure que je n’ai pas mal. Je suis juste fatiguée., la rassura-t-elle.  

- D’accord. Je fais au plus vite.  

- Ryo t’accompagne ? Alors profitez de la journée si vous le souhaitez., répondit-elle en la voyant acquiescer.  

- On verra. A tout à l’heure.  

- File, Kaori.  

 

Après avoir ingurgité son premier repas de la journée, Ryo attrapa son holster, son magnum et sa veste et emmena sa partenaire au centre commercial. En deux heures, Kaori boucla ses courses, ce dont il lui fut gré, vu le monde qui commençait à arriver. Ils rentrèrent et la jeune femme rangea ses courses en attendant de trouver un moment pour les emballer. Elle paya l’après-midi ses escapades de la veille et du matin et sa nuit écourtée, sombrant dans un long sommeil. Elle émergea lentement en entendant Ryo et Sayuri converser au salon.  

 

Sayuri se réveilla en début d’après-midi, la hanche douloureuse. Elle se leva péniblement de son lit et trouva sa boite d’anti-douleurs vide. Kaori avait oublié de lui en remettre une mais elle n’en voulut pas à sa petite sœur qui faisait déjà le maximum pour elle. Elle claudiqua jusqu’à la porte, un voile de transpiration la recouvrant suite à cet effort qui avant lui aurait semblé anodin. Elle ouvrit la porte et vit Ryo passer dans le salon. Elle le héla et il l’aida à s’asseoir sur le canapé avant d’aller chercher ses médicaments.  

 

- Où est Kaori ?, lui demanda-t-elle après un long moment.  

- Elle dort. Elle était fatiguée après les magasins d’hier et ce matin.  

- On s’est un peu emballées hier…, s’excusa Sayuri.  

- Elle n’était pas très contente, n’est-ce pas ?  

- Non, en effet. Tu connais ta sœur, elle est économe et voir une telle débauche, ça la gêne. Et elle aurait aimé le faire au calme avec toi après avoir connu le sexe du bébé.  

 

Sayuri baissa les yeux. Elle n’avait pas voulu mettre sa cadette dans l’embarras.  

 

- Tu connais le centre commercial. On est passé devant toutes ces boutiques d’affaires pour bébé et on a commencé à regarder. Kaori voulait avancer mais on est restées scotchées. Puis on est entré et, là, c’est parti en vrille.  

- Ne te monte pas la tête avec ça. Tu connais Kaori comme moi. Ce sera vite oublié., la rassura Ryo.  

 

Ils retombèrent un moment dans le silence, chacun perdu dans ses pensées. Sayuri le regarda plusieurs fois à la dérobée, ce qui ne passa pas inaperçu auprès du nettoyeur mais il fit semblant de ne rien voir, lui laissant du temps.  

 

- Ryo, j’ai un service à te demander., se lança-t-elle soudain.  

- Tu vas finir par avoir une dette monstrueuse à mon égard. Je pourrais peut-être prendre un acompte ?, la taquina-t-il.  

 

Il vit à son regard pétillant que la répartie avait eu son effet, allégeant un peu sa tension.  

 

- Je me bats contre la maladie pour rester le plus longtemps possible. J’aimerais être là pour Kaori le jour J mais je ne pense pas y arriver.  

- Garde espoir, Sayuri. Toutes les deux vous voulez voir ce bébé ensemble.  

- Je sais mais il faut être réaliste. C’est de plus en plus dur chaque jour. Il y a un mois, j’avais encore des jours sans douleur. Aujourd’hui, la douleur est toujours là, souvent faible et supportable, parfois plus forte comme lorsque je me suis levée. Ca empire.  

 

Il ne sut quoi répondre. Il n’y avait pas de mot juste pour soulager cela.  

 

- Tu en as parlé à Kaori ?, lui demanda-t-il.  

- Non. Je lui cause déjà suffisamment de soucis. Si je lui dis que j’ai tout le temps mal, elle va s’en vouloir et se plier en quatre pour moi, ce qu’elle fait déjà. Pour le moment, ça va mais sa grossesse avance, elle doit penser à elle.  

- Oui et ça ne servirait pas à grand-chose de le lui dire…, admit Ryo.  

- Ryo, si je viens à mourir avant son accouchement, accompagne-la, s’il te plaît. Ne la laisse pas seule. Elle aura besoin de quelqu’un à ses côtés et tu es le mieux placé.  

- Parce que je suis le géniteur ?, l’interrogea-t-il sombrement.  

- Un peu mais surtout parce que tu es le seul qu’elle écoutera au plus fort du moment, parce qu’elle a une confiance absolue en toi. Miki, Kazue, Mick et les autres, ils pourraient être à ses côtés mais ce ne serait pas pareil. Elle aura besoin de son partenaire.  

 

Sayuri se tut et lui laissa le temps de réfléchir. Elle voyait à son regard qu’il était contrarié et ne voulait pas le pousser dans ses derniers retranchements. Connaissant Ryo, il avait besoin d’un peu de temps.  

 

Laissant les paroles de son amie pénétrer son esprit, Ryo réfléchit. Dans son plan bien défini, il ne devait pas s’impliquer dans la vie du bébé et ça lui avait semblé facile à faire : il suffisait de ne se mêler de rien. Pas de course, pas de montage de meubles, pas d’examen, pas d’accouchement, rien… Mais son super plan bien ficelé tombait à l’eau depuis le début ou presque.  

 

Le moment où Kaori avait découvert qu’elle était enceinte, il s’était senti fier de sa réussite mais aussi dépossédé : c’était la fin de son histoire avec elle. Ils n’en avaient pas parlé à Sayuri, qui était rentrée à l’hôpital le jour même, mais la nuit qui avait suivi, ils l’avaient passée à deux, souhaitant faire l’amour en sachant que c’était leur dernière nuit. Seulement leur dernière nuit s’était répétée les trois nuits qui suivirent jusqu’au moment où elle était rentrée.  

 

Le jour de sa première écho, il n’avait pas su rester impassible et à distance de tout cela. Il avait regardé cette vie qu’il avait créée et s’y était attaché. Il attendait impatiemment sa prochaine écho, essayant de trouver un prétexte pour pouvoir y assister. Il ne se voyait pas lui demander d’être là pour ne pas lui laisser l’espoir que les choses seraient différentes. Il était prêt à beaucoup de choses pour elle mais pas encore à la lier complètement à lui.  

 

- Je le ferai. Si tu ne peux pas être là, je serai là pour son accouchement., dit-il soudain.  

 

Il verrait son enfant naître, il aiderait la femme qu’il aimait à le mettre au monde. Même s’il ne pouvait faire sa vie avec eux, il serait là pour eux.  

 

- Merci Ryo. C’est réconfortant de savoir que tu t’occuperas d’elle., lui avoua-t-elle avec un sourire de reconnaissance.  

- Tu es déjà la troisième personne à me la confier. Je commence à avoir l’habitude.  

- C’est qu’on a confiance en toi.  

- Je ne sais pas pourquoi. Je ne fais que la blesser. Je suis incapable d’aimer alors qu’elle mérite de l’être.  

- Tu l’aimes bien mieux que tu le penses. Ryo, tu lui as donné la première fois dont elle rêvait et fait un bébé volontairement alors qu’elle allait se donner à contre-coeur à un inconnu et subir une procédure médicale pour être mère. Tu voles à son secours, tu es là pour la protéger et la soutenir même maladroitement. Tu ne sais pas comment aimer mais tu le fais quand même et elle le sait.  

- Elle mérite mieux que ça.  

- Peut-être mais elle a ce qu’elle veut, enfin presque. Si tu acceptais ce que vous êtes, elle aurait ce qu’elle veut.  

- Sa sécurité…  

- C’est du vent tout cela, Ryo. Tu assures déjà sa sécurité. Elle ne sera pas plus en danger et le bébé non plus.  

 

Il ne sut pas quoi répondre. Bon sang pourquoi fallait-il avoir cette conversation avec une journaliste et une grande journaliste qui plus est, avec le sens des mots et de la répartie…  

 

- Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que le mois et demi que vous avez passé à mettre ce bébé en route, n’était qu’une histoire de sexe ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il garda le silence.  

 

- Dis-moi que les six dernières années n’ont pas forgé ce lien que j’ai ressenti et qui m’a fait laisser ma petite sœur auprès de toi au lieu de l’emmener. J’ai commis une erreur ce jour-là ?  

- Non., murmura-t-il.  

- Et la nuit dernière, tu assouvissais juste des besoins primaires avec elle ou tu l’as aimée ?  

 

Il la regarda surpris et gêné.  

 

- Si tu crois que vous êtes discrets lorsque vous le faites, détrompe-toi…, ironisa-t-elle.  

- Je ne couche pas avec ta sœur., répondit-il simplement.  

- Tu regrettes ce qui s’est passé, toutes ses nuits avec elle ?  

- Non, aucune. Je n’ai aucun regret en ce qui concerne ces moments-là, juste des remords. J’aimerais pouvoir lui offrir plus.  

- Ca ne tient qu’à toi. Elle s’en tiendra à ce que tu lui offriras, elle ne t’en demandera jamais plus.  

- Je le sais.  

- Oublie tes peurs et tes doutes, Ryo. La vie vaut la peine d’être vécue. Donne-toi le droit d’aimer et d’être aimé, d’être mari et père. Ne te réveille pas trop tard., lui conseilla Sayuri.  

- Je ne changerai pas du tout au tout aussi vite.  

- Alors vas-y progressivement. Apprivoise-toi.  

- T’es passée par le courrier du coeur ?, plaisanta-t-il, plus chamboulé qu’il ne voulait l’avouer.  

- On a tous commencé quelque part., répondit-elle du tac au tac.  

 

Ils se regardèrent et éclatèrent de rire. Après s’être calmés, la conversation reprit sur des thèmes beaucoup moins sensibles pour le nettoyeur. 

 


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