Chapitre 1 :: Chapitre 1 : Le challenge d'Emeraude et Toya. Publiée: 15-03-04 - Mise à jour: 15-03-04 Commentaires: Coucou, voilà, on y est ! Je vous remercie infiniment de m'avoir donné le feu vert pour ce troisième volume. Comme vous le repèrez, trois ans et demi se sont écoulés depuis "Un voeux pour Noël". Mais ne vous en faites pas, je ne vais pas vous laisser sur votre faim avec les bébés... En tout cas, j'espère que cette histoire vous plaira autant que les deux autres, si pas plus (on peut toujours rêvé, non?). Sur ce, bonne lecture !
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Dans une immense salle blanche stérilisée, les deux meilleurs élèves de l’Université Nationale de Tokyo s’acharnent avec enjouement devant ordinateurs, microscopes, éprouvettes, pincettes et divers objets encore.
Dans sa chemise blanche, une très grande jeune fille analyse divers documents sur l’ordinateur, fronçant régulièrement les sils derrière ses lunettes. Son partenaire, un garçon encore plus grand qu’elle, tapote à l’aveuglette sur son ordinateur portable ce qu’il observe dans un microscope. Aucun mot n’est échangé, pourtant tous leurs mouvements sont d’une coordination surprenante.
Ils auraient très certainement pu continuer des heures entières ainsi, mais une voix féminine résonne soudain dans un microphone, les avertissant que l’école ferme ses portes aux élèves dans un quart d’heure et qu’ils sont priés de commencer à ranger les salles qu’ils occupent.
Toya souffle en s’étirant sur sa chaise tandis qu’Emeraude masse ses yeux après avoir retiré ses lunettes.
- Je crois qu’on avance à pas de géant, ma belle. On y arrivera certainement plus tôt que prévu.
- Oui, sourit la jeune fille. Honnêtement, je ne serai pas mécontente quand on aura enfin résolu ce problème.
- Moi aussi. Bon, trêve de bavardage sinon on n’aura jamais tout nettoyé et rangé à temps.
- Occupe-toi de tout enregistrer et d’éteindre les ordis, je m’en vais faire la vaisselle.
- Entendu.
Et d’un commun accord, les deux étudiants se remettent au travail. Mais même alors qu’ils ont arrêté leurs expériences, le but de ces recherches reste sur leur lèvre.
- Je ne pensais quand même pas que les molécules réagiraient aussi violemment au calcium, s’étonne Toya. Elles ont proliféré à une allure vertigineuse.
- Je m’y attendais un peu… Elle se développe particulièrement dans le corps des enfants parce qu’ils produisent justement beaucoup plus de calcium pour la croissance de leur corps.
- C’est quand même formidable que le directeur nous ait donné cette permission pour utiliser le local même durant les jours de congés scolaires.
- Je trouve aussi. Mais de toute façon, Tokyo Daigaku garde ses portes ouvertes toute l’année. De nombreuses conférences et autres réunions ont lieu ici quand les élèves sont absents. Je ne vois pas très bien pourquoi on nous aurait refusé l’accès à un laboratoire.
- Mais tu ne trouves pas qu’on abuse un peu trop de ce pauvre directeur ?
Emeraude éclate de rire. C’est sûr que le pauvre Mr Witsukara doit avoir les nerfs solides avec une fille aussi dynamique qu’elle. Et malgré le calme et la sagesse que possède Toya – ce qui freine un peu ses pulsions – la jeune fille n’hésite pas à faire claquer les mains sur la table pour obtenir ce qu’elle souhaite.
- Tu sais, mon chéri, j’admets que ce n’est pas toujours évident de s’imposer quand on est les plus jeunes élèves de l’université, ou du moins de notre année scolaire. Mais bon, on est là et on assume. Et puis, c’est toi qui m’as suivie jusqu’à Todai, non ?
- Je te signale que j’ai toujours eu l’intention d’entrer dans cette université. Disons simplement que je préférais laisser les choses s’écouler naturellement, sans les précipiter.
- Tu sais, les élèves surdoués qui sautent des classes et se retrouvent à l’univ’ plus tôt que prévu, on en voit de plus en plus souvent.
- Oui, mais arrivés à ce stade, ils ne sautent pas encore de classes dans l’université !
Emeraude tire la langue et masse ses longs cheveux d’un air faussement gêné. C’est vrai qu’avoir 19 ans – très prochainement 20 ans, admettons – et être en 5ème année de médecine, il faut le faire !
Alors qu’ils vérifient si tout est bien en ordre, ce cher directeur ouvre la porte du local. Apparemment ravi de constater que l’élite de son école soit encore présente, il leur propose aimablement de venir prendre un verre à la cafétéria du bloc. Ce que les deux jeunes gens acceptent avec plaisir.
Une fois installés autour d’une modeste table d’étudiants, la discussion tourne naturellement autour du travail qu’ils effectuent dans l’école.
- Alors ? Comment avance votre projet ?
- Mieux qu’on n’aurait osé le croire, avoue Toya en buvant lentement son thé glacé.
- Je crois que c’est plutôt votre pessimisme habituel qui vous a fait douté de vos capacités, mon cher Saïonji.
Toya jette un coup d’œil à Emeraude qui nie complètement être la cause de cette phrase.
- Je m’en voudrais de vous mettre la pression, mais j’ose bien espérer que vous réussirez mieux que tous vos compagnons d’école.
- Serait-ce dû au fait que si deux très jeunes étudiants parviennent à remporter le challenge, cela fera encore une éloge de plus pour cette prestigieuse université qu’est la vôtre ? ironise aimablement la jeune fille.
- Absolument pas, mademoiselle Saeba. Simplement que ça vous fera une très bonne campagne pour vous et votre partenaire.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Ah là là, soupire le vieux monsieur. Mademoiselle, autant où votre compagnon peut s’enfoncer sous son manque de confiance, autant où votre optimisme vous fait apercevoir la vie sous une façon un peu trop rose. Réussir vos études avec la plus grande distinction, acquérir une expérience hors du commun pour votre très jeune âge ne suffiront pas à vous faire reconnaître par la population. Certes, vous trouverez toujours un métier digne de vous, mais vous devez comprendre que la vie de médecin ne se crée qu’autour d’une réputation bonne et solide. Si vous parvenez, déjà durant vos études basiques, à lancer des rumeurs plus qu’excellentes sur votre compte, vous n’aurez même pas besoin d’attendre vos patients qu’ils seront déjà à votre porte dès votre sortie scolaire. Et plus votre réputation se fera grande au cours des années passant, plus vous aurez droit à soigner de hautes personnalités, parfois venues des quatre coins du monde pour une consultation chez vous et vous uniquement.
- Et nous rouleront sur l’or, auront cinquante prestigieuses villas dans les plus belles régions mondiales et nous pourront finir nos vieux jours sans nous soucier de rien, c’est ça ? gronde Toya dont la voix trahi l’énervement.
- Je ne comprends pas votre réaction, monsieur Saïonji, s’étonne le directeur. Pourquoi pas ? Avec une fortune telle que vous pourriez vous créé, vous pourrez investir dans vos loisirs et le quotidien de vos vieux jours.
Toya, au bord de la crise de nerf, est arrêté net dans son élan par la main douce et chaude de sa compagne.
- Monsieur Watsukara, croyez-vous réellement que nous vous avons demandé la permission de relever ce challenge international pour cette probable gloire future ?
- Non, absolument pas. Vous êtes bien trop jeunes pour penser jusque là, je crois. D’ailleurs, certaines personnes d’âge déjà bien avancé ne savent parfois pas encore comment géré leur avenir.
- Ce n’est pas de ça dont je veux vous parler, monsieur, insiste Emeraude. Pourquoi pensez-vous que Toya et moi avons décidé de relever ce défi ; telle est ma question.
- Je crois, si je ne m’abuse, que vous avez, surtout vous mademoiselle, un caractère prompt à répondre à toutes formes de challenge, je me trompe ?
- Non, je l’admets. Mais ce n’est pourtant pas une raison suffisante pour nous motiver à un tel point, mon ami et moi.
- Qu’y a-t-il de plus, alors ?
- Voyez-vous, avant même de commencer nos recherches en laboratoire, nous avons d’abord recherché à en savoir plus à propos de la maladie que nous devons analyser. 79 654. C’est le nombre approximatif recensé chaque année d’enfants qui meurent douloureusement à cause de cette maladie que l’on a récemment appelé : Asycose X. Une toute petite cellule cancérigène s’installe dans la moelle osseuse de l’enfant, à l’insu du système immunitaire. En à peine un mois, elle a déjà dévoré toute la moelle de l’os qu’elle a choisi, habituellement fémur ou bassin. On compte que l’enfant meurt en moyenne un an après la naissance du cancer dans son corps. Mais durant cette courte année, l’enfant perd progressivement l’usage de ses os, c’est-à-dire qu’il ne peut même plus se déplacer. Le cancer, se nourrissant de tout ce qui lui passe par la dent, amoindri la force des os, et ceux-ci se casse au moindre choc. Et dans ses derniers jours, la cage thoracique n’ayant pas été épargnée, il doit encore plus souffrir d’un manque de plus en plus grand d’oxygène. C’est habituellement arrivé à ce stade que les parents désespérés des sociétés riches demandent l’euthanasie de leur petit chéri au bord du gouffre.
- Je… J’ignorais tant de choses…
- En effet. Tout ce qu’on signale à la radio, à la télévision, et même dans l’annonce du défi que vous avez récemment reçu, on décrit vaguement une souffrance peu connue pour les mineurs d’âge. Hum… De l’euphémisme tout ça, rien de plus.
- Je vois… C’est donc pour cette raison que vous avez décidé de vous lancer dans cette aventure des plus difficiles à relever.
- Vous savez, monsieur le directeur, intervient Toya apparemment calmé, l’argent, si on l’aurait voulu, on en aurait déjà en suffisance à présent pour une vie entière.
- Ah oui, avec la moto que vous et mademoiselle Saeba avez merveilleusement bien conçue et qui a remporté un franc succès au MC d’il y a trois ans. Une moto encore très en vogue et inégalée à présent, je crois.
- Et savez-vous où part tout cet argent ?
- A vrai dire, maintenant que vous en parlez, monsieur Saïonji, je me suis récemment posé la question.
- Dans des hôpitaux spécialisés, des laboratoires de recherches contre divers cancers et autres maladies encore inconnues, dans des orphelinats et tant d’autres associations et œuvres de charité.
- Et parfois aussi pour le remboursement de dettes de mon père, songe vaguement Emeraude. Mais quand changera-t-il celui-là ?
Devant son air dépité et le corbeau qui passe derrière ses oreilles, le directeur lui demande si tout va bien.
- Parfaitement, monsieur. Mais veuillez nous excuser à présent. Nous devons absolument y aller. Il est presque 18 heures et j’ai promis à ma famille d’être là à cette heure précise. Nous sommes déjà très en retard.
- Je comprends. Veuillez m’excuser de vous avoir retenu. Mais je vous remercie néanmoins pour tous ces éclaircissement.
- Je vous en prie, répondent en cœur les étudiants.
Tandis qu’ils s’éloignent, Mr Witsukara réfléchit encore à cette discussion. Il a précisément 66 ans actuellement. Il est lui-même sorti de cette université il y a 35 ans, et il y est rentré une dizaine d’années plus tôt pour en devenir le directeur. Pendant ce temps, il a exercé son métier de chirurgien pour les opérations cardiaques principalement, et s’était également fait une très bonne réputation. En sortant, lui aussi avait de grands rêves de paix, de soins universels et tant d’autres choses merveilleuses qui font souvent rêvé les médecins comme lui. Mais la réalité l’avait très rapidement et cruellement rattrapé en lui disant que les rêves n’étaient là que pour s’évader de temps en temps du monde rationnel. La générosité absolue, le dévouement aux malheureux… Tout ça c’est bien beau, mais l’argent est une douce torture qui vous plonge très facilement dans l’univers de l’égoïsme. Il sait parfaitement tout ça, il est lui-même une marionnette de ce monde, même s’il offre régulièrement des dons par-ci par-là.
Pourtant, la pureté de ces deux gamins le fouette en plein visage. Oh non, ils sont loin d’être utopistes ou rêveurs. Ils sont même encore plus rationnels que lui l’était durant ses années d’étude. Mais ils ont la force morale, la capacité intellectuelle et la générosité suffisante pour faire bouger ce monde, pour échapper à ce système « des riches qui deviennent plus riches ». Peut-être… Non, sûrement qu’ils parviendront à faire changer l’ordre établi avec cette pureté qui les caractérise.
Il y a quelques minutes à peine, il priait pour que ces enfants réussissent le challenge pour se créer une réputation qu’ils méritent vraiment. Mais à présent, la réussite est toujours la même, mais la formulation de la prière est différente.
- J’en suis persuadé à présent, murmure-t-il. Si bien des maladies encore incurables ralentissent la recherche scientifique, vous deux, vous serez capable de sauter ces barrières. Tout simplement parce que votre objectif est des plus nobles et des plus respectables…
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