Chapitre 1 :: Une journée de plus sans toi... Publiée: 16-09-04 - Mise à jour: 16-09-04 Commentaires: Voilà ma première fic, merci à Hatori ma "beta-readeuse" et à Maraya pour ses conseils éclairés et éclairants. N'hésitez pas à me donner votre avis et soyez le plus critique possible. Merci.
Chapitre: 1
12 Mai 2002, Shinjuku, 13h20.
Le soleil filtrait depuis un moment déjà à travers les stores de la chambre. Ryô émergeait lentement d'un sommeil embrumé par sa migraine quotidienne et les vapeurs d'alcool de la veille. A travers les restes de ses rêves, il lui semblait percevoir une autre odeur que la sienne, une présence familière à ces côtés.
Une seule présence au monde pouvait lui faire ressentir autant de chaleur et de calme à la fois. Le sourire aux lèvres, il étendit la main droite vers l'autre moitié du lit pour caresser les cheveux de sa partenaire avant d'ouvrir les yeux à la vie. Mais ce matin là, comme tous les matins, sa main droite ne rencontra rien d'autre qu'un oreiller vide et froid. Le sourire de Ryô s'effaça bien vite pour laisser place à cette morne expression de lassitude qui caractérisait son réveil depuis un an. Tous les matins, il faisait face au vide à côté de lui et à la déchirure de sentir la chaleur de cette présence quitter son âme meurtrie pour n'y laisser que de la tristesse et de la solitude. Il aurait pourtant juré qu'elle était là, juste à côté de lui, une seconde auparavant. Même réveillée, elle attendait toujours qu'il ouvre les yeux avant de se lever.
« Kaori. »
Sa voix se perdait dans sa gorge tandis que le nom de son coeur volait
quelques instants dans la pièce avant de disparaître. Il aurait donné sa
vie pour entendre une fois de plus le son de cette voix :
***
« - Ryô, mon cœur, réveille toi.
- Encore deux minutes et j'arrive. »
Il se retournerait alors et ramènerait toute la couette à lui, laissant le corps nu de sa partenaire offert aux rayons du soleil matinal. Elle rougirait de gêne puis essaierait de ramener sur elle un drap, une chemise, n'importe quoi. Mais avant qu'elle ne s'en rende compte, il serait déjà sur elle, la couette projetée au loin et leurs deux corps enlacés. Elle lui ferait ce sourire qu'il aime tant, celui qui disait:
« Nous sommes seuls au monde et rien d'autre n'est important que cette seconde passée dans tes bras. »
Il couvrirait son corps de déesse des plus doux baisers et l'entourerait des plus chaudes caresses. La journée commencerait comme toutes leurs
journées à deux.
***
A deux.
Ryô ouvrit les yeux et balaya du regard la pièce vide. Sa gueule de bois
promettait de lui faire des misères aujourd'hui. Il s'assit sur le bord du
lit et se massa doucement les tempes : il avait bu encore plus qu'à son
habitude cette nuit et la cause émergeait doucement dans sa mémoire :
aujourd'hui, c'était son anniversaire.
L'anniversaire de sa mort.
Deux ans déjà. Deux ans seulement. Il avait retrouvé sa volonté de vivre
depuis ce jour funeste où Kaori avait rejoint son frère Hideyuki, surtout grâce à Shan In. Mais avoir une fille ne l'avait jamais consolé de perdre sa femme et aujourd'hui, il allait tellement mal… En relevant la tête, il aperçut la porte de sa chambre et la fixa un long moment et son esprit plongea dans sa guerre quotidienne : il luttait contre l'illusion de trouver derrière cette porte une maison impeccable, le repas fumant sur la table et une Kaori en tablier qui s'affairait dans la cuisine en attendant qu'il la rejoigne. Cette image de bonheur ne quittait pas sa raison qui lui hurlait pourtant que la maison était vide, qu'il n'y avait que lui et qu'il fallait avancer et continuer à vivre.
Continuer pour elle.
«Regarde toi, Ryô, se dit-il à haute voix, regarde ce que tu fais. Elle t'avait dit de vivre, de vivre pour elle, pour honorer sa mémoire et toi, tu cherches à en finir avec un coma éthylique le jour de son anniversaire. Il est glorieux le grand City Hunter. Elle n'est pas là mais toi oui ! »
Il se releva d'un bond et avança vers la porte. Il l'ouvrit d'un coup violent et descendit dans le salon sombre dont le sol était jonché de mégots et de bouteilles de Whisky. La soirée avait été mouvementée et là, pas de massue pour l'arrêter.
Finalement, il entra dans la cuisine et son regard fit le tour de la pièce : elle, au moins, avait échappé aux dégâts de sa beuverie. Même
ivre mort, il respectait encore cette pièce-là. Sur son expression terne se
dessina un léger sourire de nostalgie. Il respectait cette pièce parce que
chaque fois qu'il croyait sentir son parfum, qu'il imaginait son sourire,
c'était ici.
Ryô s'assit, la tête posée dans ses mains. Il laissa ses souvenirs refaire
surface : ce jour là, quand il était rentré, Kaori lui avait sauté dans les
bras et l’avait couvert de baisers sans raison apparente. La table était dressée pour une grande occasion et sa partenaire rayonnait à tel point que Ryô soupçonnait un « heureux événement ».
***
« - Qu'est-ce qu'on fête ? demanda-t-il l'air faussement suspicieux. Je
croyais qu'on avait plus d'argent ?
- Ce n'est pas très important. J'ai envie de nous faire plaisir ce soir. »
Remarquant sa Kaori rougissante, il s'était amusé à la taquiner.
« - Et il y a une occasion spéciale à ça ?
- Pourquoi ? Il en faut une ? répondit-elle sans se démonter.
- Oui ! »
En une seconde, Kaori s'était retrouvée devant un Ryô à tête de pervers,
menaçant à tout moment de devenir incontrôlable. La seconde suivante, il s'était retrouvé encastré dans le mur d'en face par un 10 000 T mention spéciale « Sale Dépravé ». Il adorait lui faire le numéro du pervers. Elle se mettait en colère dès que son regard croisait une paire de fesses étrangère mais elle se retrouvait
toujours désarmée quand Ryô « s'excitait » sur elle. Il adorait la déstabiliser avec cette petite comédie…
« - Désolée, mais tu m'as forcée. »
Il s'était relevé et époussetait sa veste quand Kaori se jeta à nouveau dans ses bras. Tout en l’enlaçant, il lui murmura à l'oreille:
« - Tout va bien mon ange ?
- Merci Ryô. »
Interloqué, il s'était détaché d'elle et, en plongeant ses yeux dans les siens, avait patiemment attendu une réponse.
« - Merci ?
- Je t'aime et je suis la femme la plus heureuse du monde alors merci.
- Et c'est toi qui me remercies ? Tu es ma raison de vivre depuis dix ans ! Je ne suis plus rien sans mon « ange à la massue » !
Elle avait ri. Son rire était clair et pur, aussi pur qu'elle.
« - Disons que j'en partage le mérite avec tout le quartier de Shinjuku !
- Ah non, je ne traîne plus dans les bars ! C'est toi qui l'as dit !
- Tu me protèges moi mais aussi Shinjuku ! Que tu le veuilles ou non, c'est aussi grâce à lui que tu es devenu l'homme que j'aime.
- Et comment il est l'homme que tu aimes ?
- Il est vivant et malgré son passé, il a gagné le droit d'aspirer au bonheur et d'aimer une femme.
- Et quelle femme ! »
Elle lui avait avoué ce soir-là qu'après avoir douté toutes ces années de l'existence de ses sentiments, elle avait « ouvert les yeux » le jour où tout était devenu clair entre eux. Elle lisait en lui comme dans un livre et ne se trompait jamais. Elle lui parlait toujours de cette « renaissance » avec tellement de reconnaissance et d'amour dans la voix qu'il…
***
« Dring… Dring…»
La sonnerie du téléphone ramena Ryô sur terre en une seconde. Qui pouvait bien l'appeler aujourd'hui ? Tous ses amis savaient parfaitement qu'il était interdit de le déranger un jour comme celui-ci…
Chapitre: 1
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