Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Comment changer son pseudo?

 

Je n'autorise pas les gens à changer leur pseudo en ligne, mais je peux le faire si vous me contacter en me donnant votre ancien pseudo et votre mot de passe (question de securité) et ce quelque soit les changements (mettre une majuscule au début du pseudo, changer l'orthographe,...) Cela ne me prendra que quelques secondes.

 

 

   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 1 :: chapitre 1

Publiée: 02-03-20 - Mise à jour: 02-03-20

Commentaires: Bonjour, voici une nouvelle fic. Par mesure de précaution, je vous préviens par avance: cette fic a été jugée encore plus dure que "que passe un ange". elle va aborder le délicat sujet des violences conjugales sous toutes ces formes. C'est aussi la plus longue fic que j'ai écrite (60 chapitres). Les chapitres les plus durs se situeront entre le 23 et le 35. J'ai essayé de traiter le sujet de manière à heurter le moins possible tout en restant juste et réaliste. Il n'y a de ma part aucune volonté de sensationnalisme. C'était un sujet qui me donnait à réfléchir. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60


 

Chapitre 1  

 

- C’est à mon tour !  

- Non, à moi !  

- Du calme, les enfants. Vous aurez tous l’occasion de jouer, juste un peu de patience., leur enjoignit Ryo calmement.  

 

Entendant un léger ricanement derrière lui, il se retourna et croisa le regard amusé de Kaori qui tenait le stand voisin.  

 

- Quoi ?, grogna-t-il, faussement agacé.  

- Ca fait bizarre de t’entendre leur demander d’être patients., plaisanta-t-elle.  

- Tu n’es pas vraiment un modèle dans le genre., expliqua-t-elle.  

- Il y a beaucoup de choses pour lesquelles je n’étais pas un modèle, Mademoiselle Makimura, mais je progresse, je progresse. Accordez-moi juste un peu de temps., répondit-il, lui lançant un regard chaud.  

 

Kaori sentit ses pommettes se colorer et baissa les yeux, nerveuse. Elle se concentra sur les enfants affairés autour de son stand, évitant soigneusement à ses petits congénères de s’éborgner avec les cannes de la pêche aux canards. A côté d’elle, les bruits des boîtes de conserves se cognant les unes contre les autres après avoir été frappées et le cri d’un petit garçon excité par son succès lui apprirent que Ryo avait réussi à maintenir l’ordre.  

 

Elle releva les yeux et observa sereinement les lieux. Le jardin de la pension Kurumi était bondé. Outre les enfants de l’orphelinat, il y avait de nombreuses personnes qui étaient venues à la fête qui avait été organisée pour récolter des fonds. Kaori était heureuse de voir tout ce monde rassemblé mais aurait aimé repérer certaines des personnes à qui ils avaient pris la peine d’envoyer des invitations personnalisées, espérant les compter parmi leurs donateurs. L’orphelinat en avait besoin sous risque de fermer ses portes d’ici la fin de l’année…  

 

Elle sentit la peine revenir à la charge. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas laisser cela arriver. C’était l’orphelinat que son frère regretté avait visité régulièrement jusqu’à sa mort. Elle s’était faite un devoir de l’aider à garder portes ouvertes, pour lui et pour tous les enfants qui y vivaient, enfants qu’elle visitait régulièrement depuis qu’elle avait découvert ce lieu quelques années auparavant à l’occasion d’une enquête sur la corruption supposée d’Hide. Elle en avait même accueilli certains avec la directrice.  

 

De loin, elle vit Miki lui faire signe de la main et elle lui répondit joyeusement. Son amie était entourée par beaucoup de monde, ce qui n’était pas étonnant vu la belle et chaude journée qu’ils avaient. Les participants réclamaient à boire et les plus petits à manger. Umibozu était à côté d’elle et, même si les adultes le fuyaient, intimidés, il était assailli par les petits autant fascinés qu’apeurés par sa forte carrure et son air patibulaire. Mais, c’était bien connu, en groupe, les enfants étaient plus forts et s’émulaient pour oser l’approcher. Elle entendit soudain une petite fille pleurer et éclata de rire : il avait essayé de lui sourire de manière maladroite et elle savait que, dans ces cas-là, il était terrifiant…  

 

- Mick Angel, je t’avais prévenu !, entendit-elle soudain hurler.  

 

Elle sentit le sol trembler sous ses pieds et tourna la tête vers l’origine des cris. Elle vit une Kazue, rouge de colère, essoufflée, appuyée sur le manche de sa massue, entourée d’une ribambelle d’enfants qui riaient aux éclats et de parents suspicieux. Elle ne voyait pas l’américain mais imaginait très bien la scène pour la voir souvent. Et dire qu’avant… Elle tourna la tête vers Ryo et croisa son regard rieur.  

 

- Aucune raison de dégainer, ma chère., fit-il, levant les mains en l’air.  

- Ca ne te manque pas ?, répondit-elle, entrant dans son jeu.  

- La massue, non ! J’ai trouvé une occupation qui nous convient à tous les deux, les avantages sans les inconvénients., résuma-t-il avec un clin d’oeil malicieux.  

- Si ça te convient…, murmura-t-elle.  

 

Trois nouveaux enfants arrivèrent près d’elle pour une partie et elle leur tendit des cannes pensivement. Ryo la regarda et soupira. Depuis le mariage de Miki et Umi, ils avaient avancé mais il savait qu’elle attendait un peu plus de sa part et il progressait lentement. Il avait cessé de draguer à tout va, s’adonnant à des séances de flirt uniquement envers sa partenaire. Il se mettait en confiance progressivement et ils n’étaient pas encore en couple. Cela arriverait certainement d’ici quelque temps mais pas tout de suite. Il n’avait même pas encore essayé de l’embrasser. L’envie était là, omniprésente, mais l’enjeu n’était plus le même : il ne voulait pas juste profiter d’un moment furtif duquel il chercherait à s’échapper par la suite. Le jour où il franchirait le pas, il ferait d’eux quelque chose qu’il devrait assumer jusqu’au bout. Alors, il prenait son temps et il était conscient de la satisfaction de sa partenaire, de sa patience mais surtout de la crainte qu’elle avait toujours de le voir changer d’avis. On ne revenait pas si facilement de six ans de douches froides…  

 

Soudain, la voix de la directrice retentit dans les hauts-parleurs annonçant le début du spectacle. Ils virent tous les orphelins partir en courant pour s’asseoir devant la scène aux premières loges, suivis du reste de la foule qui prit place dans un joyeux brouhaha.  

 

- Il y a du monde. C’est encourageant après tout le temps que tu y as passé., fit Ryo, venant s’appuyer sur la table de son stand.  

- Oui. J’espère juste que ça sera suffisant pour les aider à tenir. Il nous faudrait un généreux mécène pour assurer leurs arrières., soupira-t-elle.  

 

Ryo passa un bras autour d’elle et l’attira contre lui. C’était l’un des rares gestes qu’il s’autorisait parfois en public. Avec gêne, il sentit le regard de leurs amis posé sur eux, un regard expectatif, empli d’espoir mais ce n’était pas encore aujourd’hui qu’il irait plus loin et certainement pas en public…  

 

- Garde espoir, Kaori. Je suis sûr qu’un ange-gardien veille sur ses lieux.  

- Mon frère… Tu crois aux anges-gardiens, toi ?  

- J’ai déjà un ange à mes côtés. Il m’en faut peu pour y croire… et puis avec toutes les fois où je suis passé à côté de la mort, que me faudrait-il de plus ?, plaisanta-t-il.  

 

Kaori leva la tête vers lui et croisa son regard profond et tendre. Elle se sentit rosir sous l’intensité de ses prunelles. Leurs visages se rapprochèrent lentement. Elle sentit son estomac se nouer sous l’émotion et se demanda comment elle arrivait encore à tenir debout alors que ses jambes semblaient en coton. Ryo était hypnotisé par les lèvres humides de sa partenaire et ne pensait plus qu’à ça.  

 

- Regarde, ça y est !, entendit-il soudain Miki dire, excitée.  

 

Elle était pourtant loin et elle n’avait pas hurlé mais il pouvait remercier son ouïe hors-norme. Enfin la remercier était peut-être un bien grand mot… Il détourna sa destination et déposa les lèvres sur son front, s’en voulant d’infliger une déconvenue supplémentaire à la femme qu’il aimait.  

 

- Trop tôt, Kao…, murmura-t-il simplement avant de la lâcher et de s’éloigner pour reprendre ses esprits.  

 

Kaori sentit le froid autour d’elle, malgré la chaleur ambiante, et regarda autour d’elle, revenant à la réalité. Quand elle vit leurs amis les observer, déçus, et vivement détourner le regard, elle comprit mieux le revirement de situation et poussa un long soupir de frustration. Elle se redressa et rangea un peu son stand. Se retournant après avoir fini, elle vit une Mercedes noire aux vitres teintées avancer sur le terrain sans considération. Agacée, elle se dirigea d’un pied ferme vers le véhicule qui s’arrêta à sa hauteur. La vitre du conducteur se baissa et elle vit apparaître un homme en costume sombre.  

 

- Bonjour. Excusez-moi mais le parking est à l’entrée du terrain près de la route. Vous êtes dans le jardin de l’orphelinat, en plein milieu d’une fête., lui expliqua-t-elle.  

 

Elle entendit une voix provenant de l’arrière du véhicule parler à voix basse et l’homme acquiesça. Soudain, la porte arrière s’ouvrit et un homme en costume gris sortit, passant une main dans ses cheveux noirs. Il avait à peine refermé la portière que le véhicule repartait prudemment en arrière.  

 

- Veuillez nous excuser. Nous n’avons pas vu le panneau., les excusa-t-il, approchant de Kaori.  

- Nous pensions que l’endroit était abandonné., se justifia-t-il, d’une voix où perçait un accent américain.  

- C’est vrai que c’est courant d’abandonner des lieux en y mettant des guirlandes et des banderoles…, répliqua-t-elle, un sourcil levé.  

 

L’homme laissa échapper un rire gêné puis afficha un large sourire.  

 

- Je ne me suis pas présenté, David James., dit-il, tendant la main.  

- Kaori Makimura., répondit-elle, lui serrant la main.  

- Enchantée, Mademoiselle Makimura… Madame peut-être ?, se corrigea-t-il, un œil curieux posé sur elle.  

- Mademoiselle., affirma-t-elle, détournant le regard, gênée par son insistance.  

- Vous êtes venu assister à la fête ? Le spectacle est déjà commencé. Vous trouverez peut-être encore une place mais j’en doute., l’informa-t-elle.  

- La fête ?  

- Oui, nous avons organisé une fête pour récolter des fonds pour l’orphelinat., lui expliqua-t-elle.  

- Vraiment ? Un orphelinat ici ?, s’étonna-t-il, regardant autour de lui.  

 

Kaori le regarda, agacée. Pour qui il se prenait celui-là ? Elle ne savait pas à quoi ressembler les orphelinats dans son pays, peut-être que lui non plus d’ailleurs, pensa-t-elle, mais oui, il était sur les lieux d’un orphelinat même si ça n’avait rien de grandiose, si la pension avait besoin de travaux, que les jeux extérieurs pour les enfants étaient délabrés et qu’ils manquaient cruellement de mains, faute de ressources pour embaucher de nouvelles personnes ou de trouver des bénévoles pour les aider.  

 

- Oui, Monsieur James. C’est un orphelinat ici, un endroit où les enfants privés de parents sont recueillis pour être élevés et soignés jusqu’à leur majorité., répondit-elle sèchement.  

- Je sais ce qu’est un orphelinat, Kaori., souligna-t-il, amusé.  

- Mademoiselle Makimura !, le rabroua-t-elle.  

 

Il sourit encore plus amusé par cette petite dame qui ne s’en laissait pas conter. Il observa les lieux attentivement. La vue lui plaisait énormément. C’était le lieu idéal pour ses projets. Il n’y aurait pas beaucoup d’arbres à abattre, la route n’était pas trop loin et suffisamment en état pour supporter le passage des camions et la vue sur la mer lui assurait le succès pour la suite. De tous les lieux qu’il avait visités, c’était le mieux, c’était même le lieu idéal.  

 

- Mademoiselle Makimura, aurais-je eu la chance de tomber sur la directrice de cet orphelinat ?, lui demanda-t-il d’une voix suave.  

- Non, mais je peux aller la chercher si vous le souhaitez même si ce n’est pas vraiment le bon moment., dit-elle, faisant un geste de la main pour lui montrer les stands, les spectateurs et la scène où se déroulait le spectacle.  

- J’apprécierais énormément. Vous seriez très aimable et ne vous privez pas de revenir avec elle., l’invita-t-il avec un grand sourire.  

- Je ne suis que bénévole ici. Je n’ai pas à m’immiscer dans les affaires de l’orphelinat. Je peux en revanche vous conseiller de ne pas avoir employé votre temps à rien et de profiter de nos stands ou de faire une donation. L’urne est juste là-bas., lui indiqua-t-elle avec un sourire aimable.  

- Vous ne perdez pas le nord, chère demoiselle., lâcha-t-il en riant.  

- Vous ne ferez que récompenser mon travail de bénévole et faire plaisir aux enfants, Monsieur James. Comme on dit, d’une pierre deux coups., rétorqua-t-elle, malicieuse.  

- Je vais chercher la directrice de l’orphelinat.  

 

Ryo vit l’inconnu avec qui Kaori avait longuement, trop longuement même à son goût, discuté l’observer alors qu’elle s’éloignait. Il n’aimait pas son regard appréciateur qui errait sur les courbes sans défaut de sa partenaire ni le léger sourire qui vint fendre son visage. Il grogna en son for intérieur : et une victime de plus du charme innocent de sa belle. Même s’il savait qu’il était le seul dans son coeur, il ne pouvait s’empêcher de craindre qu’un jour, l’un de ses prétendants réussit à la lui voler. Ce jour-là, sa vie basculerait en enfer… Curieux de connaître la teneur de la discussion qu’ils avaient eue, il rejoignit la jeune femme.  

 

- Tu cherches quelqu’un ?, lui demanda-t-il nonchalamment.  

- Oui, la directrice. Tu sais où elle est ?  

 

Il regarda dans la foule des spectateurs et aperçut le chignon gris de la dame.  

 

- Là-bas au premier rang, près des enfants. Il voulait quoi ?, s’enquit-il, faisant un signe de tête vers l’inconnu.  

- Parler à la directrice. Je devrais peut-être envoyer Mick. Entre américains, ils s’entendraient peut-être…, pipa Kaori en lui faisant un clin d’oeil.  

- C’était bien long pour juste te demander d’aller chercher la directrice., nota-t-il, innocemment.  

 

Il refusait de lui laisser penser que leur conversation l’avait touché. C’était quelque chose qu’il n’était pas encore tout à fait prêt à admettre. Cependant, le regard pétillant et le léger sourire qu’elle afficha lui laissèrent peu de doute sur le fond de sa pensée.  

 

- Je lui ai juste expliqué où il se trouvait puisqu’il n’avait apparemment pas compris., expliqua-t-elle, ne s’offusquant pas de sa suspicion.  

- Je vais aller chercher Madame Tomoka. T’es trop mignon quand tu es jaloux., le taquina-t-elle, s’éloignant.  

- Eh, j’suis pas mignon, d’abord !, protesta-t-il.  

 

Elle se retourna tout sourire et lui fit un clin d’oeil. Il lui lança un regard qu’il voulut noir mais se termina sur une note plus tendre lorsqu’elle esquissa trois mots en silence : même pas peur. Elle le connaissait trop bien. Quelques minutes plus tard, il la vit ressortir de la foule accompagnée de la directrice et se diriger vers l’américain. Discrètement, il bifurqua vers une zone non loin d’elle d’où il pourrait veiller.  

 

- C’est qui l’autre ?, lui demanda Mick, lançant un regard suspicieux sur l’inconnu dont il avait observé l’attitude sans l’apprécier.  

- Un de tes anciens compatriotes., répondit Ryo, s’appuyant sur la table à ses côtés.  

- Qu’est-ce qu’il veut ?  

- Voir la directrice. Je n’en sais pas plus.  

- Mais dis donc, ça devient sérieux avec Kaori…, laissa échapper l’américain, un regard perçant posé sur lui.  

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Je devrais peut-être demander quand tu le deviens avec Kazue., rétorqua le nettoyeur  

- Elle sait que je l’aime et qu’il n’y a qu’elle., répondit-il, fièrement.  

- Si tu en es certain…, laissa échapper Ryo.  

 

Mick le regarda, fronça les sourcils et ne dit rien. Ryo, de son côté, observait les trois personnes en pleine conversation.  

 

- Que veut ce Monsieur James, Kaori ?, lui demanda la directrice, tapotant son chignon.  

 

Ce n’était après tout pas tous les jours qu’un américain venait à l’orphelinat et demandait à la voir.  

 

- Je ne sais pas, Madame Tomoka. Je vais vous présenter et je vous laisserai voir avec lui., l’informa-t-elle.  

- Oh non, s’il vous plaît, restez avec moi. Je ne suis plus toute jeune. Je ne veux pas me laisser mener en bateau., l’implora-t-elle.  

- Ca me gêne. Je ne suis que bénévole…, soupira Kaori.  

- Vous n’êtes que bénévole mais vous vous impliquez beaucoup plus que certains de nos salariés. S’il vous plaît, Kaori…  

- D’accord, je vais rester.  

- Merci.  

 

Elles arrivèrent à hauteur de David James qui leur adressa un sourire charmeur.  

 

- Madame Tomoka, je vous présente Monsieur James. Monsieur James, voici Madame Tomoka la directrice de l’orphelinat.  

- Enchanté de faire votre connaissance, Madame la directrice. C’est un bien bel orphelinat que vous tenez., la flatta-t-il.  

 

La vieille dame rougit et baissa le regard, gênée. Kaori leva un sourcil, n’appréciant pas la flagornerie de ce Monsieur James.  

 

- Monsieur James, le spectacle va bientôt se terminer. Si vous acheviez le vôtre et en veniez au but de votre visite ?, lui demanda la nettoyeuse, d’une voix posée mais ferme.  

 

L’homme ne s’en offusqua pas. Peu habitué à ce comportement, surtout venant d’une jeune femme, il en sourit même, piqué au vif.  

 

- Elle en a encore ferré un…, remarqua Mick.  

- Ouais, je sais., grogna Ryo, mécontent.  

- Vous faites des messes basses tous les deux ?, leur demanda Miki, arrivant.  

- C’est qui le beau mec avec Kaori ?, les interrogea-t-elle, curieuse.  

- Un américain., répondit le nettoyeur japonais tentant de garder un ton neutre.  

- Son futur peut-être…, plaisanta le nettoyeur américain, hilare.  

- Ca en décidera peut-être un…, pipa la barmaid, jetant un regard lourd de sens à son ami qui l’ignora sciemment.  

 

David James dévisagea cette jeune japonaise qui ne manquait pas de toupet. Finalement, on lui avait vendu un pays où les jeunes femmes restaient discrètes et il était agréablement surpris de se retrouver face à un de ses plus flagrants contre-exemple.  

 

- Vous avez raison. Je ne veux pas vous gêner plus dans le déroulement de cette fête. Madame Tomoka, je souhaiterais acheter le terrain qu’occupe l’orphelinat., leur apprit-il.  

- Votre prix sera le mien., lui offrit-il, certain qu’une vieille dame n’avait aucune idée du prix de l’immobilier et qu’il pourrait jouer les grands seigneurs tout en restant bien en dessous du prix réel qu’elle aurait pu en espérer.  

- Mais c’est que…, commença-t-elle, désarçonnée.  

 

Kaori vit la directrice complètement prise par surprise perdre pied et le regard serein, limite triomphant, que posait cet homme sur elle. Elle sentit plus qu’elle ne vit de signes de ce qui se jouait et sa colère explosa. Malgré tout, ne souhaitant pas alerter les enfants sur ce qui se tramait, elle se maîtrisa.  

 

- Madame Tomoka…, l’appela-t-elle doucement.  

 

La vieille dame leva un regard paniqué vers elle et elle prit les choses en main. S’interposant entre l’américain et la directrice, elle fixa David James durement.  

 

- L’orphelinat n’est pas vendeur. Merci de votre visite, Monsieur James., répondit-elle, d’un air fermé.  

- Madame Tomoka…  

- N’essayez pas d’influencer une vieille dame, Monsieur James. C’est très bas de votre part. Je pensais que vous aviez plus de classe., répliqua-t-elle.  

- Je peux vous en offrir un bon prix., argumenta-t-il, réprimant le mouvement d’humeur sous l’attaque.  

- Le bien-être de ces enfants n’a pas de prix, Monsieur James. Que feront-ils quand vous aurez racheté le lieu où ils ont trouvé une nouvelle famille ?  

- Ils trouveront bien un nouvel orphelinat…, contra-t-il.  

- Où ils devront tout recommencer. Certains d’entre eux sont très fragiles, Monsieur James. Leur équilibre n’est pas monnayable.  

- Kaori !, cria soudain une petite fille derrière elle.  

 

La jeune femme se retourna et cueillit au passage un petite fille de quatre ans qu’elle posa sur sa hanche avec un grand sourire.  

 

- Tu as aimé le spectacle, Hime ?, lui demanda-t-elle, d’une voix douce et chaleureuse.  

- Oui, c’était amusant. Dis, c’est qui le Monsieur ?, demanda Hime, pointant l’américain du doigt.  

- On ne montre pas du doigt, ma chérie., la reprit-elle gentiment, lui faisant baisser la main.  

- C’est Monsieur James. Que dit-on, Hime ?  

- Bonjour, Monsieur James., scanda la petite fille, posant la tête contre l’épaule de Kaori.  

- Bonjour Hime. Tu dois être bien là., dit-il d’une voix plus chaleureuse et légèrement intime.  

 

La petite fille sourit et acquiesça, se faisant timide. Kaori sentit ses joues se teinter de rose à l’intonation de sa voix.  

 

- Je vais vous laisser. Je ne veux pas gâcher votre fête. Nous aurons certainement l’occasion de nous revoir, Madame, Mesdemoiselles., les salua-t-il avant de les contourner, d’aller déposer quelque chose dans l’urne prévue pour les dons et de se retirer.  

- Ca va aller, Madame Tomoka ?, s’inquiéta Kaori.  

- Oui. Je… Heureusement que vous étiez là. Je n’aurais pas su réagir., avoua-t-elle.  

- Il reviendra, j’en suis persuadée. Ne signez rien, n’acceptez rien. Vous vous en tenez à non., lui conseilla-t-elle.  

- Oui, Kaori. Je ferai comme vous dites.  

- Très bien, repartons à la fête. Tu viens avec moi, Hime, ou tu veux aller jouer ?, lui demanda la nettoyeuse.  

- Avec toi. J’irai jouer au stand de Ryo après. Dis Kaori, c’est ton amoureux, Ryo ?, l’interrogea la petite fille, levant de grands yeux noirs sur elle.  

 

Elle sentit son coeur battre un peu plus vite alors même qu’elle levait et croisait le regard de son partenaire.  

 

- Pas encore, ma chérie. Bientôt, j’espère., répondit-elle, la voix emplie d’espoir.  

 

Elle regagna son stand et l’après-midi se déroula sans anicroche. Pendant que tous les autres bénévoles rangeaient et que les employés de l’orphelinat géraient une bande de trente enfants surexcités par la journée, Kaori faisait les comptes avec Madame Tomoka. Elles vidèrent et comptabilisèrent les caisses des différents stands puis la nettoyeuse vida l’urne. Elle était assez surprise du nombre de dons qu’ils avaient reçus provenant tous des familles des environs. Elle en fut aussi touchée car elle savait que le niveau de vie dans le district n’était pas parmi les plus élevés, loin de là…  

 

Le dernier chèque qu’elle déplia lui causa un choc. C’était le don de David James, un chèque en son nom propre de cinquante mille dollars. Sa première envie fut de le déchirer en mille morceaux, le prenant comme un moyen de les amadouer pour la vente du terrain, mais finalement elle se ravisa. Ce chèque leur donnait deux ans de tranquillité et permettrait de faire quelques travaux essentiels dans le bâtiment.  

 

- C’est incroyable., souffla la vieille dame quand elle lui fit part de la nouvelle.  

- Oui. Mais attendons que le chèque soit encaissé pour crier victoire, d’accord ? Et surtout, rappelez-vous ce que je vous ai dit. Il reviendra à la charge, n’acceptez rien, ne signez rien. Appelez-moi s’il le faut.  

- Promis, Kaori. Merci d’avoir pris le temps d’organiser tout cela. Nous aurions dû fermer sans cela.  

- De rien, Madame Tomoka. Je veux que ce lieu continue d’exister pour voir encore les enfants réapprendre à sourire à la vie. Bonne soirée., dit-elle, emportant les chèques qu’elle déposerait à la banque le lendemain matin.  

- Prête à partir ?, lui demanda Ryo, quand ils se retrouvèrent.  

- Oui. Tout est rangé. C’est super !, s’exclama-t-elle, étouffant un bâillement.  

- J’ai pris de quoi dîner au stand de Miki. On peut rentrer directement si tu veux.  

 

Elle passa son bras sous le sien et posa la tête sur son épaule, le suivant.  

 

- Ca me va. Je t’ai déjà dit que tu avais le coeur sur la main, Ryo Saeba ?, l’interrogea-t-elle.  

- Ne le crie pas trop fort…, chuchota-t-il à son oreille, la faisant rire.  

 

Elle s’arrêta et lui fit face, un tendre sourire aux lèvres.  

 

- Merci pour ce que tu as fait aujourd’hui.  

- Ce n’était pas grand-chose, surtout que tu m’as autorisé à coller la photo d’Umibozu sur les boîtes de conserve. Pour une fois que je pouvais le dégommer sans me faire frapper en retour…, plaisanta-t-il, gêné.  

- Ce que tu as fait pour les enfants, c’était beaucoup pour moi. Je n’en demande pas beaucoup plus. Juste de pouvoir t’aimer quand tu sera prêt., lui avoua-t-elle.  

- Même pas un riche américain ?, ne put-il s’empêcher de dire, une pointe de jalousie dans la voix.  

- J’ai déjà un homme riche à la maison, d’une richesse que j’apprécie beaucoup plus., dit-elle, posant une main sur son coeur.  

 

Leurs regards se croisèrent, se firent plus tendres et ils s’y perdirent un moment.  

 

- Tu es le seul homme que j’aime, Ryo. N’en doute jamais., lui assura-t-elle.  

 

Il acquiesça, toujours aussi troublé par son aveu, et ils partirent, main dans la main. 

 


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