Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Sand

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 7 chapitres

Publiée: 17-05-07

Mise à jour: 03-07-07

 

Commentaires: 111 reviews

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ActionDrame

 

Résumé: Une jeune journaliste sillonne le Pays à la recherche de témoignages qui pourraient lui valoir une récompense "littéraire" mais aussi être l'ultime révélation de son passé. Le destin d'un homme semble s'entrecroiser au sien, celui de... Ryo Saeba. Attention fic alternative.

 

Disclaimer: Les personnages de "Une seule femme dans mon coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Une seule femme dans mon coeur

 

Chapitre 1 :: A la recherches anonymes

Publiée: 17-05-07 - Mise à jour: 18-05-07

Commentaires: Salut tout le monde !!! Après un petit mois d'abscence me revoici donc avec une nouvelle histoire qui chamboule le contexte de City Hunter, tout en restant fidèle aux personnages. J'espère que vous ferez bon accueil à ce premier chapitre ; vous comprendrez que ne connaissant pas les répercutions de la Grande Guerre sur le Japon, je décrirais donc celles de la France. Je le dédie à mes deux acolytes de chocs, Kit et Saintoise ainsi qu'à notre Starlette qui crêche en ce moment chez notre Etalon de charme et aussi à mes revieweuses qui me harcèlent fidèlement, lol. (J'espère que ce récit vous séduira.) Gros bisous et bonne lecture à tous.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7


 

Presque vingt ans, ce sont écoulés depuis cette tragédie qui remua le monde ; l’horreur de la mort qui emporta comme un immense vague, un nombre impressionnant de personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, ne faisant pas le détail des générations alors que la vie leur était encore promise.  

Même si le temps passe, les esprits restent marqués par cette infamie alors que l’existence avait reprit son cours mais avec ce goût amer dans la bouche.  

La page cherchait à être tournée sur une nouvelle aire mais comment vivre comme si de rien n’était, en ayant survécu à de pareilles abominations ?  

Certain avait tenté de reconstruire leur existence et « zapper » cette partie de leur passé beaucoup trop douloureuse mais peuplant encore leurs songes de cauchemars.  

D’autres sillonnaient dans l’ombre, les « Monstres » rôdant encore paisiblement comme des gens normaux, comme si leurs actes inhumains pouvaient s’effacer au fil du temps.  

 

Une personne cherchait à retrouver, coûte que coûte, ces héroïques anonymes de la guerre.  

Un même nom revenait sans cesse dans les divers témoignages qu’elle avait déjà recueillis ; cette même personne habitait ses contes d’enfants qu’elle aimait entendre de la bouche de sa tante. Elle avait « besoin » de lui ; besoin de trouver dans son récit, une certitude qui apaiserait son cœur et ce manque la hantant encore aujourd’hui.  

 

Voilà maintenant plusieurs années qu’elle sillonnait le pays à la quête de son Graal qui prenait, jour après jour, une forme plus concrète et authentique ; cet homme, « son » héros allait enfin apparaître devant elle.  

 

***  

 

Un taxi s’immobilisa devant un petit café d’aspect simple mais accueillant,  

 

- Nous sommes arrivés, Mademoiselle. Clama le taximan, en jetant un coup d’œil vers sa passagère par le biais du rétroviseur.  

 

Remerciant le chauffeur tout en payant sa course, une jeune femme, aux cheveux courts noirs comme l’ébène, s’extirpa du véhicule qui poursuivit son chemin à la recherche d’un nouveau client. Réajustant de l’index, ses lunettes sur le bout de son nez, elle laissa son regard sombre couler sur la baie vitrée de l’établissement dont l’enseigne représentait l’ombre de la tête d’un chat.  

Statique, elle soupira tout en mettant sa main en visière pour s’abriter de l’éblouissement solaire ; elle allait enfin mettre un point final de sa quête mais une appréhension paralysait le moindre de ses mouvements.  

 

Un pas derrière l’autre, quelques minutes plus tard, elle se retrouva sur le seuil de l’établissement et poussant la porte du café, son geste fut accompagné par le joyeux tintement d’une clochette alors qu’une jeune femme aux cheveux longs s’avançait vers elle,  

 

- Bonjour Mademoiselle ! Bienvenue. Clama la barmaid.  

 

Lui offrant, à son tour, un large sourire, la jeune cliente se fit la remarque mentale que cette femme n’était guère plus âgée qu’elle. Scrutant les environs, elle fixa maintenant le rideau de séparation menant à l’arrière boutique qui vacilla de nouveau mais cette fois-ci, une silhouette masculine impressionnante se découpa entre les lamelles du rideau.  

Son crâne chauve, sa petite moustache noire et ses lunettes fumées lui donnaient une apparence des plus patibulaires mais lorsque ce dernier lui sourit maladroitement en signe de bienvenue, elle se rasséréna et sourit à son tour.  

 

S’installant à l’une des tables aux confortables banquettes rouges, elle déposa son sac à main à ses côtés et commanda un simple café qui fut accompagné par une part de tarte,  

 

- Offert par la maison ! Sourit la barmaid.  

 

Retournant derrière le comptoir, la jeune femme embrassa le robuste gaillard qui rougit instantanément devant la marque de tendresse,  

 

- Est-ce un couple ? Se demanda la visiteuse.  

 

Esquissant un sourire moqueur, elle détailla le Cafetier qui toussota pour reprendre contenance et s’afféra à la maigre vaisselle qui ornait le lavabo.  

Portant à ses lèvres, la tasse de café au doux arôme, elle laissa la chaleur du breuvage s’insinuer dans ses veines comme une apaisante consolation ; la porte s’ouvrit à nouveau alors qu’elle avait son attention accrochée à la pâtisserie offerte. Mais malgré cet intérêt gourmand, elle leva le nez et croisa le regard obscur du nouveau client,  

 

- C’est lui ! Murmura-t-elle, en suspendant son geste alors que la cuillérée était à quelques millimètres de ses lèvres.  

 

Cette silhouette imposante, ces cheveux et ses yeux aussi noirs que la nuit et cette troublante aura charismatique qui se dégageait de lui ; il ne pouvait s’agir que de Ryo Saeba.  

 

Alors qu’il échangeait quelques mots avec la barmaid, tout en tentant vainement de séduire la jeune femme, le ténébreux Nettoyeur ne s’attarda pas davantage et rejoignit lentement la visiteuse, en enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon.  

Prenant place en face de cette dernière qui rougit violemment sous le coup de cette observation accrue, il sourit chaleureusement alors qu’elle baissait la tête maintenant,  

 

- Alors vous me cherchiez ? Questionna-t-il, en posant son avant-bras sur le « dossier » de la banquette.  

 

Stupéfaite, la jeune femme reposa la cuillère et le petit morceau de gâteau retomba lentement dans l’assiette,  

 

- Comment le saviez-vous ? L’interrogea-t-elle.  

 

- J’ai mes sources. Sourit-il en prenant appui sur ses mains alors qu’il s’accoudait sur la table tout en la sondant de son troublant regard. Maintenant que je suis devant vous, que me voulez-vous ?  

 

Hâtivement, elle farfouilla dans son sac à main pour lui donner une de ses cartes de visites alors que ses gestes maladroits trahissaient son trouble. Déposant une main réconfortante sur celle de son interlocutrice, Ryo lui sourit à nouveau,  

 

- Tout va bien ?  

 

- Oui, oui ! Avoua-t-elle timidement en se dégageant prestement de cet affectueux contact.  

 

Prenant une profonde inspiration, tout en fermant les yeux, pour reprendre le pas sur ses émotions, elle reporta à nouveau son attention sur le ténébreux Nettoyeur et lui sourit amicalement. Cette expression anodine désarçonna le Japonais par cette sensation de déjà vu ; tout en lui tendant sa carte, elle commença les présentations,  

 

- Je m’appelle Nozomi, je suis Reporter au Dailymotion. Je voudrais vous demander votre aide pour un article qui me tient vraiment à cœur. Quelques personnes m’ont accordé déjà de leur temps mais durant leurs divers récits, votre nom est souvent revenu. Clama-t-elle alors que son cœur bondissait à tout va dans sa poitrine.  

 

- Et que me faut cette popularité ? demanda-t-il en s’adossant contre la banquette, sans prêter attention au carton qu’elle lui avait donné.  

 

- Je… J’écris un article sur des faits anciens, sur des gens qui ont agit dans l’ombre… les résistants de la seconde guerre mondiale.  

 

A cette révélation, Miki, qui apportait une tasse de café à Ryo, échappa la porcelaine qui vint se briser sur le sol et laissa à son impact, des éclats blanchâtres baignant dans le liquide noir et fumant,  

 

- Pardonnez moi, je suis maladroite. Avoua-t-elle d’un sourire crispé, en se précipitant ensuite derrière le comptoir pour prendre un chiffon et éponger les dégâts.  

 

Le visage du Nettoyeur se fit plus sévère et tendu ; cette douleur qu’il croyait avoir chassée de sa mémoire et de son cœur, venait de nouveau le tirailler après tout ce temps,  

 

- Je comprends que cela puisse être dur…. Commença Nozomi.  

 

- Non, vous ne pouvez pas comprendre ! Ragea le Nettoyeur, la mâchoire crispée, en frappant violemment du poing sur la table.  

 

Effarée devant cette fureur qui s'émanait maintenant dans chaque pore de son interlocuteur, Nozomi sursauta brusquement mais elle ne devait pas se laisser impressionner ; elle n’avait pas fait tout ce chemin pour choir maintenant. Tout en affichant une mine compatissante, elle avoua d’une douce voix,  

 

- C’est vrai que je n’ai pas connu les horreurs que vous avez pu subir… Mais expliquez moi… Laissez moi raconter cette partie de l’histoire... Je vous en supplie, je dois connaître la vérité.  

 

- Pourquoi tenez-vous tant à faire cet article !? Demanda-t-il intrigué, d’une voix plus posée. Vos parents doivent être tout aussi capables que moi, de vous renseigner.  

 

Affichant un pâle sourire en coin, la jeune femme le fixa tristement,  

 

- Ma mère est morte, peu de temps après la libération, d’une foudroyante pneumonie ; j’ai été élevée par une de ses amies et je n’ai pas connu mon père.  

 

- Je suis désolé. Avoua-t-il à demi mot.  

 

- Ne le soyez pas. Clama-t-elle subitement, en secouant la tête en signe de négation. Je ne suis pas venue ici pour me faire plaindre mais pour mieux connaître ce qu’ils ont vécu. Par cette recherche, j’essaie de reconstruire leur vie et la mienne ; je les imagine durant cette guerre au grés de mes trouvailles. J’ai à peine vingt ans ; j’ai donc été conçu durant cette guerre et je veux connaître ce qui les a unis, au cours de cette courte trêve.  

 

- Vous êtes une des rares choses positives dans cette affaire et je comprends mieux le sens de votre prénom. Vous étiez « l’espoir » de vos parents. Soupira-t-il.  

 

Se redressant sur son séant, il rompit le court silence,  

 

- J’accepte de vous aider mais à seule condition. Ajouta-t-il d’une voix ferme.  

 

- Laquelle ?  

 

- Mon nom ne doit être mentionné nulle part.  

 

- D’accord.  

 

Tournant les pages de son calepin, actionnant son stylo, Nozomi fixait maintenant son narrateur avec une attention accrue alors que ce dernier buvait une gorgée de café que Miki venait de lui servir à nouveau.  

Soupirant longuement, Ryo passa une main dans ses épais cheveux noirs et commença, tout en fermant les yeux, comme pour se replonger dans son passé, le récit d’une jeunesse bouleversée par la guerre,  

 

- Nous sommes en juin 1943, pour moi, cette année fut la plus marquante et surtout la plus meurtrière du côté des civiles. Pourtant la libération était à portée de main mais nous ne le savions pas encore. Mes amis et moi étions à peine plus âgés que vous quand nous nous sommes trouvés plongés dans cette guerre immorale où les innocents tombaient comme des mouches sous prétexte qu’ils appartenaient à une « race » qui ne plaisait pas…  

 

***  

 

Une nuit sans lune englobait les habitations et toutes formes humaines qui pouvaient encore roder dans les rues désertées ; le couvre-feu était passé depuis bien longtemps mais c’est à ce moment-là précisément que les pires choses pouvaient se dérouler ou que les résistants tentaient une manœuvre de sauvetage.  

Dans le lointain, les bombardements déchiraient la nuit lourde de silence pour laisser entendre ensuite, de fracassantes déflagrations et illuminer par à-coup, le ciel sombre. Un entrepôt ou un arsenal militaire venait de faire les frais de cet assaut à la grande réjouissance des alliés.  

 

Maintenant que le calme semblait vouloir reprendre ses droits, le bruit de pas précipités de plusieurs personnes martelait le macadam alors que de temps à autre, une balle sifflait dans l’air pour finir par se loger dans le mur d’une maison ou encore atteindre la cible voulue.  

Se camouflant dans une des ruelles, un jeune homme brun aux yeux noirs comme cette obscure nuit, mit en joug un de ses poursuivants, et à l’aide d’un faible halo émanant d’un appartement, le neutralisa d’un seul coup en pleine tête ; son comparse, aussi blond que lui pouvait être brun, en élimina un second tout aussi adroitement.  

Quelques paroles furent prononcées entres les « survivants » et ils prirent la poudre d’escampette,  

 

- Je crois que nous ne les reverrons pas ce soir. Murmura l’Américain.  

 

- J’espère que tu raison. Profitons de cet éphémère répit pour aller boire un verre car je ne sais pas quand nous en aurons l’occasion. Proposa le Japonais, tout en fourrant son arme dans son holster.  

 

Rasant les murs de près, les deux acolytes se faufilèrent entre les maisons silencieuses pour se figer devant une des allées et s’y engouffrer à pas de velours.  

Sans même prendre la peine d’allumer la lumière du couloir, ils gravirent les escaliers et s’immobilisant devant l’une des portes du second palier, ils frappèrent un coup puis deux, puis de nouveau, un. Le verrou se mit à tourner pour laisser la stature imposante « d’une armoire à glace » se dessiner dans l’embrasure de la porte,  

 

- Salut Falcon ! Clama Ryo, d’un ton neutre, en esquissant quelques pas dans l’appartement, alors que Mick lui emboîtait le pas.  

 

Se laissant tomber dans un des fauteuils « peuplant » le salon, Ryo débuta le récit de leur virée nocturne,  

 

- Nos indics nous disaient vrais, demain soir, ces pourris ont prévu d’agir.  

 

- Selon ce que l’on a pu entendre, tout à l’heure, ils font transférer certains prisonniers des plus coriaces dans une autre de leurs maisons de tortures. Nous devons rassembler le maximum d’hommes pour les faire s’évader sans qu’il y ait trop de casse. Poursuivit Mick.  

 

- Et nous devons agir vite et dans la plus grande discrétion.  

 

- Je me charge de les réunir. Intervint Falcon. J’aurais plus de facilité à les contacter par le biais de mon bar.  

 

- En parlant de bar. Coupa Ryo. Si nous allions nous changer un peu les idées. Sourit-il.  

 

Sans plus attendre, les trois hommes redescendirent les escaliers et passèrent par la cour de l’immeuble pour pénétrer par l’entrée de service d’un bar. Falcon n’était que le gérant de cet établissement qui servait de point de ralliement de la résistance et ça, sous le nez, des « envahisseurs ».  

 

S’accoudant au bar, les deux associés commandèrent, une boisson fortement alcoolisée tandis que le liquide brun garnissant les verres, valsait mollement dans leur récipient, Ryo le prit vivement et l’avala d’un trait,  

 

- Sers m’en un autre, Falcon.  

 

Ronflant, le barman s’exécuta tout de même mais cette fois-ci, le Japonais laissa l’opaque liqueur se dandiner à son grès,  

 

- Vas-y mollo tout de même, tu dois garder l’esprit clair. Marmonna le barman, en essuyant un des verres qu’il venait de laver.  

 

- T’inquiète mais je n’ai hâte c’est que tout cela prenne fin.  

 

- Ne m’en parle pas. Soupira l’Américain.  

 

Pivotant sur son siège, tout en s’adossant au comptoir, Ryo détailla le décor aux lumières tamisées ; la vaste pièce était maigrement décorée de petites tables de-ci, de-là, auxquelles des couples souriants, se murmurant de roucoulantes paroles, semblaient nullement perturbés par ce qui pouvait bien se passer dehors.  

Une petite estrade, au fond de la pièce, laissait le loisir à quelques chanteurs que se soient, de se produire ; les murs tapissés d’épaisses moquettes et les volets de bois robustes étouffaient le moindre son provenant de l’intérieur, laissant ainsi le plaisir, à ces quelques privilégiés de fuir cette dure réalité.  

 

Une femme d’une quarantaine d’années, vêtue d’une longue robe soirée noire pailletée, les cheveux attachés en un simple chignon dont quelques mèches se plaquaient sur son front pâle, monta gracieusement sur scène alors que son orchestre se mettait en position pour jouer les premières notes. Le piano retentit lascivement alors que les discussions de l’assemblée se turent à mesure que les notes emplissaient la pièce ; délicatement, la chanteuse prit le micro en coupe et sa voix douce et chaleureuse se calqua sur la mélodie blues.  

Malgré la rudesse qui régnait à l’extérieur, cette mélodie arrivait à ensorceler le public déjà conquis.  

 

La faible clarté laissait deviner l’envoûtement des spectateurs dont leurs pupilles pétillaient d’admiration ; un sourire machinal se dessina sur le visage du ténébreux Nettoyeur. Son obscure prunelle effleurait cet asile de quiétude quand son attention fut retenue par une table un peu plus à l’écart des autres ; son occupant semblait totalement immergé par le contenu de son verre. Lorsque ce personnage solitaire se détacha de cette futile attraction, il put se rendre à l’évidence que cet individu n’était autre qu’une belle jeune femme aux cheveux courts acajou. Comme si elle avait vaguement perçu les notes harmonieuses, elle sourit tristement, quelques instants, pour à nouveau mélanger mollement son diabolo fraise qui ne semblait pas diminué dans son verre. Cette passagère distraction ne semblait pas vouloir soulager le cœur de cette personne pourtant bien trop jeune, au goût du Nettoyeur, pour afficher une mine si grave.  

 

Tout en avalant une nouvelle gorgée de son breuvage, Ryo ne se détacha pas de son point de mire et continua de l’observer avec grand intérêt ; ces vêtements trop larges et surtout masculins, n’avantageaient pas le moins du monde cette jeune femme mais son visage si doux contrastait avec cette allure de garçon manqué et cette beauté naturelle devait faire chavirer plus d’un coeur. Sa prunelle noisette reflétait une grande mélancolie alors qu’un sourire mécanique étirait ses lèvres tandis qu’un serveur venait à son encontre pour disparaître à nouveau.  

 

Bondissant de son siège, le Japonais réajusta sa veste ; il voulait être l’un des nantis à la voir resplendir, à être happé par son charme innocent.  

Tandis qu’il ébauchait quelques pas dans sa direction, un autre jeune homme le devança. Son long imper clair et une imposante paire de lunettes vissée sur le nez, lui donnait un air rassurant et protecteur, surtout quand il arriva à proximité de la jeune femme.  

Enfin un radieux sourire illumina ce visage angélique qui dérouta le Japonais alors que ce visiteur l’embrassait tendrement sur le front ; une vague de jalousie l’envahit, il aurait voulu être cet homme qui faisait émaner la joie dans le cœur de cette inconnue.  

 

Rebroussant chemin, mais ne voulant se résigner à abandonner la vision de cet ange, il vit s’effacer peu à peu son air serin pour afficher ensuite une mine crispée et douloureuse. Discutant à voix basses, il ne pouvait entendre la conversation des deux protagonistes et le jeune homme en question, se pencha davantage vers son « compagne » pour être sûr d’une discrétion absolue,  

 

- Kaori, la déportation des familles devint de plus en plus dangereuse, je sens qu’on nous épie et tous ces orphelins que tu caches dans cette vieille bâtisse… Cela devint trop risqué pour toi.  

 

- Que veux-tu que je fasse, Hideyuki, je ne peux pas laisser ces enfants livrés à eux même ! Tu sais bien que si je les abandonne maintenant, ils vont tous être tués. Dans quelques jours, un camion les récupéra à l’école ; je les protégerai jusque là.  

 

- Alors laisse moi, au moins, me charger de ça !  

 

- Non, je me dois de veiller sur eux quoi qu’il advienne, je leur en ai fait la promesse.  

 

- C’est pas vrai, ça ! Tu ne comprends pas que je fais ça pour éviter que tu aies des ennuis. S’exaspéra le jeune homme.  

 

Ôtant ses lunettes, pour passer ses mains sur ses yeux en un geste d’agacement évident, il soupira une nouvelle fois,  

 

- Tu es décidément de plus en plus bornée.  

 

- Que veux-tu, je ne suis pas ta sœur pour rien. Le taquina-t-elle.  

 

Ebouriffant la chevelure rebelle de sa petite sœur, il se redressa lentement,  

 

- On rentre ?  

 

- Je vais rester encore un peu. Avoua-t-elle. Quand je viens ici, je me sens bien, je peux de m’évader pendant quelques heures.  

 

Maintenant, un violoniste accompagnait la chanteuse qui fermait les yeux pour apprécier la douceur mélodieuse qui berçait l’assemblée,  

 

- Comme tu voudras mais soit prudente, les rues sont dangereuses.  

 

- Ne t’inquiètes pas, je sais me défendre. Ajouta-t-elle fièrement en bombant le torse.  

 

A cette attitude insouciante, il sourit tout de même en lui recommandant de faire attention à nouveau et sans plus attendre, Hideyuki quitta le petit bar pour s’engager dans les ruelles sombres.  

Le sourire en coin, Kaori ne lâcha pas son frère du regard jusqu’à ce que la porte camoufle sa silhouette ; à peine, avait-il disparu, qu’un duo de jeunes sentinelles vint prendre place à sa table,  

 

- Bonsoir, Mademoiselle ! Nous sommes navrés de voir que votre petit ami vous a délaissé !  

 

- Peut-être pourrions-nous vous tenir compagnie ? Questionna le second.  

 

- Ce n’est pas la peine et je préfère rester seule. Ajouta-t-elle d’une voix ferme  

 

- Une jeune femme ne devrait pas s’exprimer ainsi ! Déclara l’un d’eux en prenant délicatement la main de Kaori.  

 

- Laissez moi tranquille, je vous dis. Rechigna-t-elle en tentant de se dégager de l’emprise de ces troubles fêtes.  

 

Le second vint se positionner derrière elle et posa ses mains sur son épaule puis se penchant vers elle, en exerçant une fébrile caresse au travers du tissu de sa chemise, il dit aux creux de son oreille,  

 

- Voyons Mademoiselle, soyez douce avec les braves soldats qui se battent pour la cause.  

 

Prenant hâtivement, l’index d’une des mains baladeuses posées sur son épaule, elle le tordit violemment,  

 

- Quand je ne veux pas, il ne faut pas me forcer. Cria-t-elle.  

 

Devant la dispute qui retentissait dans le petit salon, le concert s’interrompit ; le Cafetier s’apprêtait à intervenir quant Ryo lui fit un signe lui signifiant qu’il s’en chargeait,  

 

- Sale garce, tu m’as fait mal ! Tu vas me le payer.  

 

Levant une main rageuse pour corriger l’insolente, son geste fut stoppé brusquement,  

 

- On ne vous a jamais dit que l’on ne frappait jamais une femme. Coupa une voix masculine.  

 

- De quoi, tu te mêles ! Bougonna le second.  

 

- Vous devriez avoir honte d’arborer cet uniforme et de vous comporter ainsi.  

 

Alors que toute l’assemblée scrutait les protagonistes, les deux enquiquineurs finirent par quitter les lieux non sans menacer de se venger de cet affront.  

 

Chaque client vaqua à son occupation tandis que l’ambiance paisible reprit le pas sur l’atmosphère trouble d’il y a quelques instants. S’assurant que ces deux énergumènes s’en étaient allés, Ryo reporta son attention sur la jeune femme, en lui souriant aimablement alors que la jeune femme rougissait timidement à cette attitude pourtant anodine ; le Japonais fut amusé par ce comportement réservé alors qu’il y a quelques minutes, elle était prête à « démolir » ses deux agresseurs,  

 

- C’est imprudent de la part de votre petit ami de vous laisse aux prises de ces jeunes vautours ? Répliqua Ryo.  

 

- Premièrement, ce n’est pas mon petit ami mais mon frère et deuxièmement, je pensais que cet accoutrement garantirait ma tranquillité.  

 

- Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que vous êtes une femme. Sourit-il en laissant couler sur elle un regard très engageant.  

 

Rouge pivoine, Kaori lui abattit sur le crâne une massue monumentale et partit sur le champ en maugréant,  

 

- Je ne sais pas si je suis plus en sécurité avec eux ou avec vous.  

 

***  

 

- C’est ainsi que j’ai fait la connaissance d’un ange dévastateur. Sourit tristement le Japonais en fixant sa tasse de café. Je ne sais pas pourquoi, je vous raconte tout ça.  

 

- Non, continuez, je veux tout savoir.  

 

- Comme vous le voudrez. Soupira-t-il en buvant une nouvelle gorgée de son café. Cette jeune femme et son frère faisaient parti, eux aussi, d’une résistance parallèle et j’ai d’ailleurs eu le loisir de la revoir. Nos « retrouvailles » étaient souvent mouvementées mais elle était secrètement folle de moi. Rit-il bêtement.  

 

- J’y crois pas. S’exaspéra la jeune journaliste, en se frappant le front, tout en secouant la tête en signe de négation.  

 

Toussotant pour reprendre son sérieux, les doigts du Nettoyeur se crispèrent sur la porcelaine,  

 

- Ce qui va suivre ne sera plus aussi « fleur bleue », la guerre vivait ses derniers instants et les Nazis devaient faire disparaître toute trace de leurs méfaits.  

 

La voix de son narrateur avait pris une drôle de consonance. A cet instant, Nozomi croisa la sombre rétine de son interlocuteur qui reflétait une immense colère mais aussi une profonde tristesse ; un anéantissement qui semblait le meurtrir encore malgré les décennies qui s’étaient écoulées.  

 


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