Chapitre 1 :: Le plus beau jour de ma vie

Publiée: 16-08-08 - Mise à jour: 16-08-08

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A Tokyo, dans le quartier de Ginza, se trouvait une immense demeure qui suscitait l’admiration des passants qui se pressaient chaque jour dans cette rue. Il n’était d’ailleurs pas rare de voir des badauds s’attardaient, appareils photos, à la main, devant l’imposante bâtisse.  

L’histoire de cette maison était connue de tout les tokyoïtes : elle avait été construite au début du dix-neuvième siècle pour un fantasque homme d’affaire français qui l’avait offert à sa jeune épouse japonaise comme cadeau de mariage. Il avait fait venir spécialement de Paris un architecte français pour faire construire dans la capitale japonaise une réplique parfaite d’un manoir normand. Cette habitation offrait un contraste étonnant, perdue entre les gratte-ciels et les maisons typiquement japonaises. Caprice ultime, l’homme avait acheté le jardin public qui se trouvait juste à côté, s’offrant ainsi un petit coin de paradis en plein cœur de Tokyo.  

Mais un revers de fortune, l’avait été obligé à se séparer de ce bien d’exception en le cédant pour trois fois rien à une riche famille de notable. Et aujourd’hui, cette demeure allait servir de décor à l’un des mariages les plus attendus de l’année. Depuis des semaines maintenant, les préparatifs de la cérémonie alimentaient les chroniques people Et aujourd’hui la photo des futurs mariés s’affichait en une de tous les quotidiens.  

A l’intérieur de la demeure, un homme brun à la carrure imposante regardait par la fenêtre, les employés de maison qui s’affairaient aux derniers préparatifs. La jeune mariée avait décidé que la cérémonie se tiendrait ici, dans le lieu où elle avait grandi. Et il devait avouer qu’on ne pouvait faire de meilleur choix tant ce parc était magnifique, surtout en ce début de printemps avec les fleurs à peine écloses et tout ces arbres en fleurs. Et comme si rien ne devait venir gâcher la fête, le soleil était lui aussi au rendez-vous.  

L’homme se détourna de ce spectacle en soupirant. Il avait du mal à réaliser que le grand jour était enfin arrivé, que d’ici quelques minutes, il serait devant l’autel à attendre sa future femme. Oui, Ryo Saeba avait bien du mal à réaliser qu’aujourd’hui il allait se marier. Ces derniers mois étaient passés tellement vite, lui laissant à peine le temps de s’habituer à l’idée de ce mariage.  

Levant le regard, il croisa son reflet dans le miroir. Il donnait l’image d’un homme à la classe folle et au charisme troublant. Pourtant dans ce smoking italien qui avait du couter une petite fortune, il se faisait l’effet d’être un pingouin ! Il détestait être trop apprêté, préférant toujours les tenus plus relax. Mais aujourd’hui n’était pas un jour ordinaire et tout devait être parfait. Il était certain que sa promise avait veillé au moindre détaille. Elle tenait temps à ce mariage ! Elle en rêvait depuis tellement longtemps, depuis le jour de leur rencontre, lui avait-elle avoué un jour.  

Il savait que pour elle c’était le plus beau jour de sa vie. Mais pour lui ? Il ne savait pas trop comment réagir…Il aurait du être heureux… Il épousait une femme superbe, il devenait membre d’une des plus grandes familles du Japon. Il avait tout à gagner dans ce mariage. C’était un nouveau départ, le début d’une nouvelle vie. Et pourtant…Et pourtant, il ne se sentait pas à sa place, il avait l’impression d’être une erreur de casting. Il n’appartenait pas à ce monde, il venait d’une autre caste. Il n’était pas né dans des draps de soie et avait grandit au milieu de la jungle. Il n’était pas un gentleman mais un ancien guérillero.  

Il se rabroua mentalement. Il n’était plus cet homme là, son passé était derrière lui. Mais une question l’obsédait sans cesse : était-il vraiment plus heureux maintenant ?  

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A quelques mètres de là, la future mariée finissait de se préparer. Il ne restait plus qu’un dernier détail : délicatement, on posa sur sa belle chevelure le fin voile de dentelle. Voilà, elle était enfin prête !  

- Tu es magnifique !  

La jeune styliste Eriko Kitahara s’éloigna un peu pour admirer son amie qui portait une tenue créée spécialement pour l’occasion. Elle devait avouer que c’était sa plus belle œuvre ! Elle avait passé plus de quatre mois à travailler sur la création de cette robe de mariée et le résultat final était à la hauteur des espérances de la future Madame Saeba.  

Cette dernière avait bien du mal à contenir sa joie, son plus grand rêve allait se réaliser : elle allait devenir la femme de Ryo. Elle lui appartiendrait, comme lui serait tout à elle. Rien ne pourrait jamais les séparer, ils seraient unis pour l’éternité. Sa famille, ses amis, les personnalités les plus en vue de Tokyo, seraient là pour la voir unir son destin à celui de l’homme de sa vie…  

- Tu crois que Ryo va aimer ? demanda-t-elle sur un ton taquin.  

Elle était magnifique dans cette tenue et elle le savait. Elle n’avait doutée de son pouvoir de séduction mais elle devait avouer que dans cette robe, elle avait des allures de princesse de conte de fée.  

- Ton Ryo ne va pas en croire ses yeux en te voyant ! répliqua Eri. Tu vas tous les éblouir !  

La jeune mariée sourit de satisfaction, elle voulait que tout soit parfait et que rien ne vienne gâcher le plus beau jour de sa vie…  

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« L’appartement n’était pas bien grand. Il n’y avait qu’une seule pièce, hormis la salle de bain et un coin cuisine. Au milieu de ce qui devrait être le salon, trônait un vieux clic clac qui servait de lit. Les murs étaient vierge de toute décoration, il n’y avait même pas de meuble, juste un vieux frigo prêt à rendre l’âme. Les deux seules fenêtres donnaient sur la cour de l’immeuble qui était le lieu de rendez-vous de tous les junkies du quartier. Les murs étaient si fins qu’on entendait le bruit assourdissant de la ville…Allongé sur son lit, les yeux clos, l’homme tentait de s’imprégner de son nouvel environnement. La ville, toute cette agitation…C’était si nouveau pour lui. Qu’il était étrange de se retrouver dans une si grande métropole alors qu’il n’avait jusque là connue que la jungle et les combats….Mais qu’il était bon de pouvoir se laisser aller ainsi, se reposer un instant sans craindre qu’un ennemi ne vienne vous surprendre…Pourtant, il n’était pas seul, il le savait. Il sentait sa présence, ses yeux fixés sur lui. Les craquements du planché sous son pas léger, lui indiquait que l’ennemi en question allait bientôt passer à l’attaque. Ce n’était qu’une question de secondes…  

« Cinq…Quatre…Trois…Deux… »  

Il compta mentalement et …  

« UN ! »  

Ca y est ! Il était pris au piège, prisonnier d’un étau de tendresse qu’était le corps de sa femme sur le sien.  

Il ouvrit les yeux pour croiser son magnifique visage :  

- Tu es à MOI Ryo Saeba, tu ne peux plus t’échapper ! s’exclama-t-elle avant que son rire cristallin n’emplisse toute la pièce.  

- Qui te dis que j’avais l’intention d’aller quelque part, répliqua Ryo sur un ton joueur.  

- Hum, tant mieux ! lança la jeune femme d’une voix sensuelle.  

Elle se pencha vers lui et effleura ses lèvres d’un tendre baiser :  

- Je disais tant mieux parce que j’ai pleins de projets pour toi cet après midi !  

- Je sens que ça va me plaire ! s’exclama joyeusement Ryo.  

S’emparant des lèvres tentatrices de sa compagne, il la fit basculer sous lui d’un coup de rein. Il prit appuie sur ses coudes pour ne pas l’écraser de son poids et la contempla longuement.  

- Tu es tellement belle !  

Comme toujours, elle rougit sous le compliment. Mais c’est vrai qu’elle était magnifique, un véritable ange ! Comment imaginer qu’une femme comme elle ait connu la guerre et ait même combattu durant la guérilla…Pourtant comme lui, elle avait connu l’enfer mais ils s’en étaient sortis. Et aujourd’hui, même s’ils vivaient dans ce minuscule appartement dans un des quartiers les plus sordides de Los Angeles, ils étaient au paradis. Parce qu’ils étaient ensemble et que c’était tout ce qui leur importait….  

- Tu sais mon Ange, un jour je t’offrirais beaucoup plus…Tu mérites tellement mieux ! Je voudrais que tu ais un bel endroit pour vi…  

Mais elle le stoppa en posant un doigt sur sa bouche :  

- Ryo, je me fiche de l’endroit où je vis ! s’exclama-t-elle avec vigueur. Tout ce je veux c’est rester près de toi…Pour toujours…  

La couvant d’un regard amoureux, il remit en place une de ses mèches rebelles qui tombait sur son front. Puis il mêla ses doigts à ceux de sa belle et sur un ton solennel il lui fit une promesse éternelle :  

- Toi et moi c’est pour toujours… »  

… « Pour toujours … » murmura tristement Ryo.  

« Il y a parfois des promesses que l’on ne peut pas tenir » songea Ryo le cœur lourd.  

Il tenta une nouvelle fois de chasser ses souvenirs sans parvenir à les oublier. Mais il devait tourner la page car ELLE n’était plus là…Ses sombres pensées furent interrompus par l’arrivée impromptue d’une personne dans la chambre.  

- Alors, comment va mon futur gendre ?  

Ryo se tourna vers le nouvel arrivant et tâcha de prendre un sourire de circonstance :  

- Très bien, Monsieur le Préfet, répondit-il d’une voix mal assurée.  

Il se sentait toujours gêné en la présence de cet homme. Pas impressionné car peu de personne avait ce pouvoir sur lui mais mal à l’aise, parce que Ryo savait ce qu’il devait à cet homme.  

Quand il avait débarqué à Tokyo, en provenance des USA, il n’avait pas rien. Il avait trouvé un emploi de vigile dans une boutique chic de la ville. Et un jour alors que le Préfet et sa femme étaient venus faire un tour dans ce magasin. Ryo avait réussi à déjouer une tentative d’attentat contre le couple. Pour récompenser cet homme si courageux, le préfet lui avait offert de devenir son garde du corps personnel. C’est ainsi que Ryo avait fait la connaissance de toute la famille Nogami : Saeko, son mari Hideyuki, Yuka, les jumelles…et enfin Reïka.  

Le préfet l’avait introduit dans la haute société et aujourd’hui il s’apprêtait à lui donner sa fille en mariage.  

Ryo aurait du se sentir comblé, il menait une existence qu’il n’aurait jamais pensé vivre. Mais il avait le sentiment de ne pas être à sa place, que ce monde n’était pas le sien…  

- Vous avez l’air un peu nerveux, constata le préfet. Mais c’est tout à fait normal, mon petit et puis vous n’épousez pas n’importe qui : Reïka est une jeune femme exceptionnelle ! Vous êtes fait l’un pour l’autre et vous serez heureux j’en suis certain !  

Ryo se contenta d’acquiescer d’un hochement de tête et de suivre le Préfet qui était venu lui annoncer que la cérémonie allait commencer.  

Il n’avait plus le choix son destin était celé…  

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