Chapitre 1 :: One Shot

Publiée: 06-06-09 - Mise à jour: 06-06-09

Chapitre: 1

La journée promettait pourtant d’être si belle…  

Quand je me suis réveillé ce matin, le soleil venait à peine de se lever sur Tokyo. Je sentais les doux rayons venir caresser mon visage. Au départ gêné d’être ainsi tiré de mon sommeil, j’avais poussé un grognement de mécontentement. Je m’étais tourné sur le ventre et tendu le bras enfin de trouver la douce présence d’un corps chaud à côté du mien. Me rendant compte que la place était vide, je me souvenais soudain que ma femme n’était pas à mes côtés. Encore une journée sans elle. Dieu que c’était long 15 jours ! pensais-je. Mais je prenais conscience que bientôt mon supplice allait tarder à prendre fin. J’avais jeté un cou d’œil au réveil. 9h. A cette heure-ci, elle devait déjà être dans l’avion et j’avais vraiment hâte de la revoir. De la serrer dans mes bras et de lui démontrer dans un sulfureux corps à corps combien elle m’avait manqué. Elle était partie voila deux semaines maintenant pour rendre visite à sa sœur. Au départ, je n’avais pas vu ce voyage d’un bon œil, je n’aimais pas la savoir loin de moi. Mais je n’avais pas voulu m’opposer à son départ. Elle voyait si rarement sa sœur et surtout elle voulait lui présenter notre petit dernier : Ryo Jr qui à l’âge de trois ans n’avait encore jamais vu sa tata. Alors bon grès malgré, je les avais laissé partir. Mon métier ne me permettait pas de voyager avec eux et puis, je devais garder notre ainé. Hikari avait 7 ans et elle ne pouvait pas se permettre de rater l’école. Elle aussi avait mal pris le départ de sa mère et de son frère mais plus par jalousie que Ryo Jr puisse avoir des vacances alors qu’elle devait aller à l’école.  

Mais finalement, ça avait été l’occasion pour nous de nous offrir un petit moment être père et fille. J’adore mes enfants, ils ont les lumières de ma vie, ce que ‘j’ai de plus cher au monde. De véritables cadeaux que je dois à ma femme. Avant de la rencontrer, je ne imaginais pas avoir des enfants, vu mon métier dangereux, cela ne me paraissait être une envie égoïste. Je ne voulais pas prendre le risque que mes enfants soient des orphelins. Et puis, une rencontre a changé ma vie. Un ange a croisé ma route et a tout bouleversée. Par amour pour elle, moi l’ancien coureur de jupons, je me suis mué en mari modèle et en père aimant. Comme quoi l’amour peu changer un homme !  

Je m’étais enfin décidé à me lever. J’avais beaucoup à faire. D’abord, réveiller Hikari, lui préparer son petit déjeuner et la conduire à l’école. Puis je devais enchainer sur les courses et me mettre aux fourneaux pour cuisiner le repas si succulent que je prévoyais depuis des jours maintenant pour fêter le retour de ma chère et tendre. Après avoir passé la journée à cuisiner, je serais allé chercher ma fille à son école. Ensemble, nous nous serions rendues à l’aéroport pour accueillir nos deux voyageurs. Notre tribu serait enfin au complet, comme avant. J’imaginais d’avance la réaction de ma femme à nous voyant Hikari et moi. Elle se serait précipitée vers moi, tenant Ryo Jr dans ses bras. Elle m’aurait adressé un sourire radieux avant de poser notre fils à terre et de se jeter dans mes bras. Nos lèvres se seraient alors unies dans un baiser des plus passionné me donnant un avant goût de nos retrouvailles plus intimes qui aurait lieu plus tard dans la soirée. Elle aurait ensuite portée toute son attention sur notre fille, le prenant à son tour dans ses bras. Puis tout les quatre nous aurions regagné tranquillement notre appartement au cœur de Shinjuku. Une fois les enfants couchés, nous aurions alors pu nous consacrer rien qu’à nous. Oui, voila ce que je m’étais imaginé ce matin à me prélassant dans mon lit…Oui, mais voila, le destin en décide parfois autrement…  

Alors que je devrais être en train de me réjouir de les retrouver, je me retrouve à genoux au milieu du salon, les points serrés et le visage ravagé par les larmes. Je cris, je hurle même. Je sens mon cœur s’arrêtait de battre l’espace d’un instant, mon souffle se bloque. J’ai du mal respiré. Devant moi, l’écran télé affiche l’image des débris d’un avion dont on vient de retrouver la carcasse fumante en plein cœur de la jungle d’Amérique Centrale. J’entends la voix monocorde du journaliste dont le visage fermé témoigne de la tragédie qui vient de se produire : « L’avion de la Japon Air Line s’est écrasé en pleine jungle du Costa Rica tôt ce matin. IL avait décollé quelques heures plutôt de Rio de Janeiro. Plus de 200 touristes, majoritairement de nationalité japonaise, se trouvaient à bord… »  

Et parmi eux il y avait ma femme et mon fils. Comment la vie peut-elle vous jouer des tours pareilles ? Vous vous réveiller un matin, si heureux, si plein d’espoir et la vie vient tout vous prendre ? Cette question m’obsède encore et encore tandis que mes sanglots redoublent. Je pense à ma femme et à mon fils et je me demande comment se sont passés leurs derniers instants. Je pense aussi à ma fille dont j’entends les pas dans les escaliers. Elle vient de se lever, sans doute réveillée par mes cris. Elle ne s’imagine pas du drame qui vient de se jouer. Elle ne se doute pas que dans quelque seconde je vais devoir lui annoncer que sa maman et son frère ne sont plus là, qu’elle ne les reverra pas. J’entends sa voix fluette m’appelait :  

- Papa…  

Sa voix est douce mais inquiète. Je lève mes yeux vers elle et alors que je viens de tout perdre, je sais que quand même il va falloir que je continue à vivre. Pour eux, pour ma fille. Je sais que bientôt la vie reprendra doucement ses droits. Dans cette tragédie, il brille encore pour moi une lumière…  

Pendant ce temps, en plein cœur de la jungle, un petit garçon perdu tentait tant bien que mal de se frayer un chemin parmi la végétation abondant. Il était seul et il avait si peur. Il ne réalisait pas encore très bien ce qui s’était passé. Il savait juste qu’il y avait eu un terrible accident et que malgré ses tentatives, sa maman n’avait pas voulu ouvrir les yeux. Alors il était partit chercher de l’aide mais il ne savait pas où aller.  

Soudain, il entendit des pas. Il se précipita vers la source du bruit. Un homme grand, d’une stature imposante vint alors à sa rencontre. Etonné de trouver l’enfant, il s’agenouilla à sa hauteur :  

- Tu étais dans l’avion petit ?  

Le garçonnet hocha la tête  

- Je vois et comment t’appelles-tu ?  

- Ryo…Ryo Saeba…  

L’homme lui adressa un sourire étrange mais qui rassura le petit garçon :  

- Très bien Ryo…Tu vas venir avec moi, d’accord ?  

Il tendit une main que Ryo s’empressa d’accepter. Alors qu’ils commençaient à marcher vers une destination inconnue, le petit garçon demande à son sauveur :  

- Et vous monsieur, vous vous appeler comment ?  

L’homme eu un petit rire et répondit :  

- Je m’appelle Shin Kaïbara…  

Chapitre: 1