Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 02-03-11

Mise à jour: 19-07-22

 

Commentaires: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Résumé: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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   Fanfiction :: Le vent

 

Chapitre 2 :: Mick Angel

Publiée: 03-03-11 - Mise à jour: 11-12-14

Commentaires: chapitre mis à jour le 11/12/14

 


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Chapitre 2: MICK ANGEL
 

 

 

 

 

 

Mick était allongé dans le canapé, les yeux dans le vague, la moue imperceptiblement boudeuse, le visage quasi-inexpressif. Cela faisait quelques mois maintenant que le sourire l’avait déserté et que de sombres tourments asséchaient son dynamisme naturel. Pour autant, il n’était pas simple de définir les étranges douleurs qui acidifiaient son estomac, il n’était pas simple de connaître les raisons profondes et véritables de son mal-être. Il y avait à voir avec le départ de Kaori, bien évidemment, mais il semblait qu’au-delà de cette perte immense, toutes ses certitudes, tous ses repères étaient ébranlés. Il n’ignorait pas que la situation avait été extraordinairement compliquée, il avait été un témoin privilégié de « la rupture », avait assisté dans l’incompréhension la plus totale à cette dernière et surréaliste journée ; et pourtant, il était bien incapable encore aujourd’hui d’expliquer ce qu’il s’était réellement passé. Rien n’avait été verbalisé, ou si peu, Ryô lui avait concédé quelques confidences, certes, il n’avait d’ailleurs pas eu le choix ; mais les dessous de cette réalité effrayante, il n’y avait jamais eu accès. C’était à se demander si le grand Saeba lui-même en avait eu complètement connaissance.  

 

Mick Angel laissa mourir un soupir sur ses lèvres… La vérité lui échappait. Fallait-il d’ailleurs qu’il s’en préoccupe ? Ne pouvait-il se trouver d’autres centres d’intérêts, d’autres échappatoires miraculeuses ? Quid de l’ivresse que son meilleur ami et lui-même s’octroyaient jadis dans les bars ? Là où hôtesses et mauvais alcool les mettaient en transe jusqu’au petit matin. Quid de l’adrénaline, du danger, du plaisir inégalable que procure le flirt avec la mort ? Ils n’avaient jamais eu de cesse de la provoquer, Ryô et lui, de tester leurs limites, de les repousser ; mais une main invisible, une puissance supérieure, un ange mystérieux avait toujours réussi à les protéger. Et jamais réellement, le gouffre sombre ne leur avait paru tentant. Aujourd’hui, les choses n’avaient guère changé. Par on ne sait quelle indéfinissable soif de vie, le plus grand nettoyeur japonais tenait la mort en échec. Encore et toujours. Il n’avait pas versé dans la folie, dans l’obsession exterminatrice que tous savaient être son pendant naturel. Non, il restait égal à celui qu’il était avant son départ.  

 

Ryô était indéniablement plus fort que lui...  

 

Mick ferma les yeux, sonda son cœur. Que ressentait-il ? Son intérieur n’était désormais qu’un champ de mines, il n’osait s’y aventurer, ses sensations étaient anesthésiées, lointaines et indiscernables. Il s’était enfermé dans un quotidien qui ne lui convenait pas ; il en avait parfaitement conscience. Mais aucune force, ni volonté, ne lui permettait de dépasser cet état de fait. Et si des résurgences douloureuses remontaient parfois en lui, si un questionnement sur sa véritable essence s’imposait à son cerveau, cela n’avait presqu’aucune conséquence concrète, incapable qu’il était devenu de prendre en main ses désirs, les doléances de son être. Etait-il désormais dépourvu d’empathie ? Non ; preuve en est qu’il s’inquiétait pour ses amies. Il y avait de quoi.  

Miki n’était plus que l’ombre d’elle-même, Saeko le fuyait toujours, craignant qu’il ne la blâmât encore pour le désastre de cette affaire. Elle ne se doutait pas qu’il avait largement dépassé ce stade. Pourquoi ne lui en faisait-il d’ailleurs pas la confidence ? Cela aurait au moins le don d’apaiser les tensions qui régnaient entre eux.  

L’américain fronça les sourcils, le courage et la vigueur l’avaient abandonné eux-aussi.  

Oui, il s’inquiétait pour ses amies, pour Ryô aussi, il devait l’avouer ; mais sa propre souffrance à lui était inaccessible, comme diffuse, indéfinissable, incompréhensible. Bien au-delà - il n’en était pas dupe - de la perte de sa meilleure amie. Il inspira lentement, profondément, s’efforça de repousser le visage qui tentait de s’imposer à son esprit. Les cheveux fous et la mine enjouée de son premier amour venaient régulièrement le hanter. Et ce soir, ils semblaient particulièrement décidés à le visiter. Mick savait pertinemment qu’il finirait par abdiquer, qu’elle aurait gain de cause. A ce sujet, il ne possédait pas la volonté inflexible de Ryô et les souvenirs heureux étaient pour lui inestimables. Aussi capitulait-il toujours devant les demandes expresses de son subconscient. Il avait besoin de Kaori. Besoin de penser à elle, besoin de parler d’elle. Avec un sourire las, il l’autorisa enfin à l’emplir entièrement ; ce fut une douce chaleur, réconfortante, qui s’empara alors de toute son enveloppe corporelle, comme s’il eut plongé dans un bain relaxant, parfumé et enivrant. Mais hélas, comme à chaque fois, les détails sordides de la dernière affaire le rattrapèrent, le plaisir qui l’étreignait aux souvenirs heureux se teintait immanquablement d’amertume : Kaori les avait trompés.  

 

Bien sûr, personne n’évoquait jamais cela. Tout restait non-dits, honteux secrets de famille que l’on nie et que l’on maudit ; et même sous les abjurations de Miki, Ryô n’avait pas failli, protégeant par son silence celle qui avait été sa partenaire pendant huit années, acceptant sans sourciller d’endosser la responsabilité de son départ. Oui, tous enduraient le manque avec panache. Mick n’échappait pas à la règle. Mais le nettoyeur japonais, lui, l’endurait mieux que quiconque ! L’américain ne connaissait que trop bien les affres de son ancien coéquipier, il savait que, derrière la carapace épaisse, presqu’indestructible, Ryô couvait sa peine ; sa peine, sa déception, une sorte de renoncement… insupportable mais inévitable. Sa force de caractère couronnerait de réussite ce deuil si singulier ; c’était terrible à imaginer, tant les deux partenaires s’étaient fondus l’un dans l’autre, dans City Hunter. Mais c’était inéluctable ! Et le blond américain enrageait de ne parvenir aussi aisément à se débarrasser de celle qui avait bouleversé son destin ; au moins tout autant qu’elle avait bouleversé celui de Ryô Saeba.  

 

« Que s’était-il passé au juste ? »  

Il n’avait pas de réponse, uniquement des bribes d’informations. Mais l’essentiel manquait ! Le pire dans l’histoire, c’est qu’il devinait que son ancien partenaire n’avait pas beaucoup plus de détails que lui. Le blond grimaça et posa les mains sur ses yeux, dans le but de faire barrage à la lumière qui, au travers de ses paupières closes, instillait une clarté orange des plus perturbantes. L’obscurité absolue lui était nécessaire pour faire le point sur les tragiques évènements qui avaient fait vaciller leur vie. Il y avait d’abord eu cette affaire de harcèlement sur une jeune et jolie femme, la proposition de Saeko de la protéger d’un individu non encore identifié mais particulièrement tenace. Une affaire banale en quelque sorte. Tous les ingrédients étaient réunis pour que Ryô s’engouffre dans le piège.  

En y repensant, il était évident que tous avaient sous-estimé l’auteur des faits et s’étaient mépris sur ses véritables intentions. A la lumière des évènements qui avaient suivi, il n’y avait aucun doute, la véritable cible de ce criminel était CITY HUNTER, la jeune femme n’avait été qu’un leurre, un appât. La boule au ventre, Mick ne pouvait que reconnaître que le célèbre duo avait perdu la partie. Inattendu ! Incroyable ! Gifle magistrale !  

 

Qui avait le plus fauté dans cette histoire ? … Ryô ?  

Sous la pression de cet homme, il avait été acculé à faire un choix dramatique. Sur le coup, Mick avait été surpris du côté raisonnable de ce choix, surtout qu’il concernait une Kaori en danger de mort. Mais l’américain n’avait plus aucun doute maintenant : même si, au début, il s’était senti capable de tuer son ami pour les possibles conséquences de son geste, force était de constater que ce choix avait été le meilleur, le plus clairvoyant de tous.  

Les réminiscences affluèrent à flot dans le cortex malmené et Angel dut froncer les sourcils pour reprendre possession de ses capacités réflexives. City Hunter aurait pu gagner la partie… avait gagné la partie !  

 

« Ah Kao, qu’as-tu fait ? »  

Mick rageait encore. Bien sûr, elle était sa meilleure amie, son premier amour, et avait ressuscité une âme qu’il avait crue perdue à jamais. Bien sûr qu’il aurait donné sa vie pour elle. Sa vie et son âme ; sans hésitation aucune, sans même un regret ni un regard pour Kazue. Tout pour la protéger ; il aurait tout donné pour elle. Mais il n’avait pas prévu de la protéger de ça ! Qu’un homme, qui plus est un homme comme celui là puisse l’éloigner de Ryô. C’était impensable, inimaginable. Mais l’impensable s’était produit.  

 

Seul, allongé sur son canapé, Mick Angel se mit à rire ; des saccades moqueuses et désillusionnées emplirent l’univers sonore du salon. Il avait tout tenté pour la conquérir. Il s’était acharné à la tâche ; déployant moult stratégies. Tout d’abord par calcul, bien qu’il fût mordu au premier regard, puis par nécessité amoureuse. Mais jamais les yeux de Kaori n’avaient exprimé autre chose qu’une tendre et sincère amitié à son égard. Pitoyable échec. Il devait bien l’admettre : il s’était minablement ramassé là où cet autre avait réussi. Cet Autre ! Et dire que personne ne connaissait le nom ou le visage de cet homme. Kaori, et seulement elle, l’avait côtoyé. Mais elle avait nié connaître son identité et rien de sa description ne pouvait permettre une quelconque identification. Saeko avait pourtant demandé au meilleur professionnel de dresser un portrait robot en suivant les indications de Kaori et de Chizu, mais force était de constater que ces portraits ne convergeaient pas. Il était à se demander s’ils concernaient le même individu !  

« Putain ! laissa-t-il échapper, tu nous a bernés en beauté. »  

Ses ongles pénétrèrent son cuir chevelu. « Traîtresse ! »  

L’idée même d’une trahison venant de Kaori lui fila la nausée et il s’obligea à se lever. Enfin debout et débarrassé de son encombrante visiteuse, il fut surpris d’entendre la voix délicate de sa femme. Une douce mélodie envahissait l’appartement. Il sortit de sa torpeur.  

« Kazue, murmura-t-il. Kazue. »  

 

 

Ses pas le menèrent à la porte de la salle de bain, à l’endroit même où les chants de sa femme naissaient et se mêlaient au ruissellement de l’eau. La porte était entrouverte et Mick osa un regard. Ce qu’il vit lui ravit le cœur : elle se savonnait lentement, prenant un plaisir certain à courir sur son épiderme ; il s’attarda sur un détail, la mousse collait la cuisse contre la vitre, laissant deviner un galbe parfait. Le corps qui se devinait à peine au travers de la vitre embuée, la peau veloutée dont il avait éprouvé la douceur une infinité de fois, étaient des appels à la débauche. Quelques mois auparavant, Mick n’aurait pas résisté au désir qui tracassait son ventre, il serait entré tout habillé dans la cabine de douche, aurait surpris Kazue avec un plaisir proche de la perversité. Il aurait caressé la cuisse savonnée de telle sorte qu’elle ne puisse émettre aucune objection à un rapprochement sulfureux. Oui, il y a quelques mois, il aurait brûlé de sentir sa femme frémir sous ses caresses. Mais là, il ne fit que grimacer et renonça à la rejoindre ; il tourna les talons sans même une hésitation.  

En arrivant dans le salon, il se versa un verre de whisky et s’approcha de la fenêtre. Un sourire discret se dessina sur son visage lorsqu’il vit de la lumière dans l’appartement d’en face ; il se saisit alors de la bouteille de whisky, prit sa veste et claqua la porte. Il allait voir son ami, et ne prit pas la peine de prévenir la femme qui sortait de la salle de bains, enroulée dans une serviette et qui l’appelait.  

 

Kazue entendit la porte se refermer. Elle comprit immédiatement que Mick avait quitté leur logement, sans un mot, encore une fois. Qu’il était distant ces derniers temps ! Elle se doutait que l’absence de Kaori en était la principale cause, il souffrait de ne plus voir sa meilleure amie ; mais Kazue croyait deviner qu’il y avait une autre raison et que c’était bien elle qui en était à l’origine. Une crainte sourde et douloureuse comprima sa poitrine…  

 

Elle retourna dans la salle de bain pour finir de se sécher et enfiler sa nuisette. Elle croisa son regard dans la glace et se replongea quelques deux mois auparavant :  

 

Elle était alors allongée sur son lit, dévorant un article de magazine, ses pieds battaient l’air et rebondissaient sur ses fesses. Complètement absorbée par sa lecture, elle n’avait pas senti le regard affamé que lui portait son pervers de petit ami. Appuyé contre la porte, celui-ci profitait du spectacle des jambes nues de son amour qui s’étiraient et se repliaient en un ballet envoûtant. Très vite, il s’était décidé à la rejoindre.  

 

Fais comme si je n’étais pas là, lui avait-il susurré à l’oreille tout en se couchant délicatement sur elle, empêchant ses jambes de se relever une nouvelle fois.  

 

Tout doucement, il avait écarté ses cheveux et s’était attaqué au creux de son cou, l’embrassant et le mordillant, faisant naître une multitude de frissons dans son corps. Ces souvenirs délicieux accélérèrent le cœur de l’infirmière.  

Par réflexe, elle avait tortillé ses fesses contre le bassin du nettoyeur ; n’ignorant pas quel effet cela allait produire sur celui dont les sens étaient en alerte. Ce dernier n’en avait pas le moins du monde rougi ; et son membre raidi avait mis une pression pleine de promesses sur le short de l’infirmière. Encore aujourd’hui son rire résonnait dans ses oreilles. Le temps du bonheur ? Vraiment ?  

La suite avait été des plus merveilleuses. Mick l’avait amenée à l’extrême excitation. La position peu propice aux baisers n’avait fait qu’attiser leurs feux intérieurs. Les baisers avaient été maladroits, les souffles précipités tandis que les corps ondulaient à l’unisson, réclamaient fusion. Consciencieux, il avait passé son bras droit sous le ventre de sa femme, avait écarté l’élastique de son short et avait introduit sa main dans le vêtement. Les soupirs vaporeux qui avaient accueilli son audace l’avaient conforté dans la manœuvre et ses doigts avaient joué dans les plis de l’intimité dont il connaissait si bien les secrets. Et Kazue s’était laissé mener aux portes de la jouissance. Plus elle perdait pied, plus elle luttait et plus l’inéluctable approchait. Mick était condamné à la victoire ; il connaissait tellement ce corps qu’il adorait qu’il devinait selon ses soubresauts quand exactement il allait s’abandonner. Et l’instant avait été flamboyant ; d’une intense fulgurance ; elle toute en spasme entre les bras de son amour.  

Le visage enfoui dans l’oreiller, elle n’avait pas daigné se retourner, le considérer, encore groggy du plaisir qui avait accablé ses sens. Lui, avait cessé son étreinte, avait fait glisser le short sur les jambes consentantes et s’était débarrassé de son boxer. Elle n’avait pas varié de position et lui s’était installé sur elle, prenant enfin possession du sanctuaire qui lui était définitivement acquis.  

 

 

Tu as aimé ? s’était-elle enquis, les yeux brillants, dès qu’elle s’était retrouvée dans les bras américains.  

Parce que maintenant il faut qu’on débriefe après chaque partie de jambes en l’air ? avait-il ri, les yeux s’arrêtant sur les marques rouges du cou qu’il avait maltraité.  

Ils avaient ri ensemble puis il avait croisé ses bras derrière la tête, Kazue lui caressant doucement les jambes avec ses pieds.  

 

T’es-tu déjà demandé, avait-elle osé après un instant d’hésitation, si un jour on avait un enfant. Enfin,… crois-tu qu’il aurait tes yeux ? Mes cheveux ? ou le contraire ?  

 

Elle s’était mordillé les lèvres d’inquiétude mais le fixait intensément. Interpelé, il s’était figé, tourné vers elle.  

 

Les règles de la génétique ne sont pas simples tu sais, avait-elle cru bon d’ajouter en haussant les épaules.  

 

Non, avait-il répondu froidement après un moment de trouble, je ne me le suis jamais demandé.  

 

Il s’était assis sur le bord du lit, échappant ainsi aux caresses prodiguées. Il avait aperçu sur le sol le magazine qu’elle était en train de lire à son arrivée dans la chambre ; ses yeux s’étaient durcis davantage ; ce que Kazue n’aurait pas cru possible. Puis il s’était levait et avait quitté la pièce sans même un regard pour Elle.  

 

Depuis, il la fuyait. Et jamais elle n’avait osé reprendre la discussion. Ne serait-ce que pour alléger le climat qui semblait régner entre eux depuis ce jour. Elle craignait que l’échange n’ait constitué pour celui qu’elle aimait déraisonnablement une sorte de révélation. L’aimait-il vraiment ?  

 

 

— Quand vas-tu te décider à mettre un peu d’ordre dans cet appart ? C’est un vrai dépotoir et franchement, ça pue.  

— Dégage Angel, j’ai pas envie d’te voir. J’ai des choses à faire.  

 

Ryô était vautré sur le canapé ; ne semblait pas être occupé outre mesure.  

 

— Ca c’est ce qu’on appelle un accueil amical, ironisa le blondinet lorsqu’il se heurta aux yeux noirs de son ancien partenaire.  

— Dégage, répéta simplement Ryô.  

 

Ignorant le conseil, Mick enjamba les packs de bière vides, les cartons de plats préparés qui jonchaient le sol et s’assit sur une pile de magazines à ne pas mettre entre toutes les mains. Il en saisit un et son visage se transforma en celui d’un pauvre pervers détraqué lorsqu’il découvrit le poster central : une rousse incendiaire allumait carrément le lecteur avec un air à croquer tout ce qui lui passerait sous la dent. La bave coulait maintenant sur le magazine et Ryô ne put s’empêcher de sourire à la vision de cauchemar ; étrange écho de ce qu’il était aussi.  

 

— Whisky ? proposa Mick redevenu étrangement sérieux.  

— Allons-y pour un whisky.  

 

Ils burent leur premier verre en silence ; tout au plaisir de partager un moment d’amitié, bien rare ces derniers temps ; tous deux devaient le reconnaître. Ils se trouvaient tous deux derrière la fenêtre et contemplaient les lueurs de la ville. Après quelques minutes, Mick engagea pourtant la conversation :  

 

— Tu sais que je t’envie parfois Ryô, dit-il simplement en contemplant son propre reflet dans la vitre.  

 

Son ami tourna alors un visage plus que surpris vers son ancien partenaire.  

 

— Le danger, l’adrénaline, la poudre … tout ceci me manque terriblement parfois. J’ai l’impression de me ramollir. Tu comprends ?  

Ils échangèrent un regard de grande complicité. Mais le blond se mit à rire et crut bon d’ajouter.  

 

— Enfin, façon de parler hein ! Je te rassure, il n’y a vraiment que de l’intérieur que je me ramollis.  

 

Ryô allumait une cigarette, il faillit s’étouffer à la dernière allusion mais il reprit vite son sérieux. Si l’un devait envier l’autre, il n’y avait aucun doute que le rôle échouait au japonais. Quoi de plus merveilleux que la vie qui s’offrait à son meilleur ami ? Angel avait tout ce dont Ryô pouvait rêver dans l’absolu : une certaine tranquillité et surtout la femme qu’il aimait et qui l’aimait, à ses côtés. Pourtant il devina que quelque chose perturbait le blondinet, quelque chose d’insondable.  

 

— Bientôt, Kazue serait capable de me demander de me promener avec une poussette dans un parc tu sais !  

 

Les yeux de City Hunter s’arrondirent de surprise. La vision était cocasse, aurait paru burlesque avant. Mais là, on ne pouvait plus mélancolique.  

 

— Elle est ?  

 

— Plutôt mourir, répondit l’américain très sérieusement.  

 

Après quelques instants d’hésitation il ajouta :  

 

— Je pense vouloir reprendre un peu du service avec toi, si tu veux bien sûr.  

 

Ryô observait son ancien partenaire, il avait l’air d’être sérieux.  

 

— Je ne suis pas certain que ce soit une bonne chose. Profite de ta relative quiétude. Profite de ta femme. Il est grand temps de reconnaître que tu l’aimes ta Kazue.  

 

Ce fut au tour d’Angel de dévisager étrangement son ami. Puis il éclata d’un rire moqueur et frondeur. La situation était ubuesque.  

 

— Ben voyons, ne me dites pas que le grand Saeba s’apprête à donner des leçons sur l’amour. Un sujet qui, comme tout un chacun sait, il maîtrise admirablement.  

 

Ryô se rembrunit et ne répondit rien. Il est vrai qu’il n’était pas érudit de la chose ; inutile de prétendre le contraire et de contredire le blondinet qui, tout à fait consciemment, jouait avec le feu. Mais l’américain ne s’arrêta pas en si bon chemin et se décida à aborder un sujet qu’il évitait avec son ami depuis trop longtemps. Il le regarda droit dans les yeux :  

 

— Kaori me manque Ryô. Je sais que ce n’est pas simple d’en parler avec moi mais peut-être pourrais-tu me dire ce que tu comptes faire.  

 

La mâchoire du nettoyeur se crispa à l’évocation de son ex-coéquipière. Il regarda Angel et prit un air détaché :  

 

— Je ne compte rien faire du tout. Elle est sortie de ma vie. J’ai pas envie de parler de ça, ça ne m’intéresse pas.  

 

— Voyons Ryô, à d’autres ! Tu ne me feras pas avaler des couleuvres, On n’efface pas aussi facilement huit années d’une collaboration aussi intime.  

 

Il choisissait ses mots avec une grande vigilance, soucieux de ne pas heurter celui qui lui faisait face. Pour le moment, il était content, il s’était préparé à encaisser un coup lorsqu’il avait lancé la conversation sur Kaori. Ryô semblait dans de bonnes dispositions ce soir et il fallait en profiter pour faire avancer la situation. Hélas, Ryô coupa court à l’optimisme de son interlocuteur.  

 

— Je rectifie : huit années de collaboration que beaucoup jugeraient infructueuses vu le peu d’efficacité ou plutôt l’inefficacité de mon équipière. Je me suis traîné un boulet pendant tout ce temps suite à une stupide promesse faite à un ami. Je l’ai tenue ma promesse, elle est maintenant en sécurité. Qu’elle aille au diable de toute façon, je ne veux plus entendre parler d’Elle !  

 

— Sais-tu où elle est ? Es-tu certain qu’elle ne risque rien ?  

 

— Je m’en fiche !  

 

Ryô s’était approché de son ex partenaire ; son visage avait revêtu l’air menaçant qui intimidait tant les yakuzas.  

 

— Dégage Angel ! murmura-t-il, étonnamment sans voix.  

 

Mick sortit de l’appartement, il connaissait Ryô et il valait mieux pour lui ne pas le chercher davantage ; sa belle gueule pourrait en pâtir. A la sortie de l’immeuble, il se retrouva face au sien. Il tourna très vite les talons, il avait envie de s’amuser ce soir. Il prit alors le chemin des quartiers chauds de la ville.  

 

 

 

 


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