Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 02-03-11

Mise à jour: 19-07-22

 

Commentaires: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Résumé: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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   Fanfiction :: Le vent

 

Chapitre 6 :: L'enlèvement

Publiée: 14-03-11 - Mise à jour: 30-06-15

Commentaires: texte mis à jour le 30/06/2015 Bonjour à tous et merci de vos commentaires. Macema, je me suis douté que tu avais posté chez tennad^^. Ce chapitre est différent des autres, faites un peu plus connaissance avec keiji. Bises.....

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23


 

L’ENLEVEMENT
 

 

Keiji plissait le front. L’école se trouvait tout près de son poste d’observation et il devait bientôt agir, l’adrénaline montait doucement dans son corps et la perspective de la vengeance excitait ses sens. Pourtant, il devait garder la tête froide car cette phase délicate de son plan, l’enlèvement des deux jeunes femmes, n’allait pas être chose aisée. Il se refusait de le faire dans l’enceinte même de l’école, des enfants pourraient être malencontreusement mêlés à l’affaire et, ça, c’était pour lui inenvisageable. Il s’en voulait un peu de cette faiblesse et se cachait derrière des arguments plus raisonnables : discrétion, rapidité, efficacité ; autant de paramètres à maîtriser pour mener à bien la mission du jour, incompatibles avec la présence de gamins.  

 

Il tapotait doucement le volant, il fallait agir aujourd’hui et ici, une occasion ne se représenterait peut-être pas de si tôt, il n’avait pas le droit à l’erreur. Il avait été surpris que Saeba laissât seules les jeunes femmes dès le premier jour de classe. Il avait prévu de devoir patienter quelques temps avant de pouvoir mettre son plan à exécution mais, vraisemblablement, City Hunter n’envisageait pas un enlèvement. Bien sûr que non, pensait Keiji, il avait déjà eu maintes fois l’occasion d’enlever Chizu et jamais il ne l’avait tenté ; du coup, Saeba avait baissé la garde de ce côté-là et lui avait abandonné l’institutrice et sa partenaire. Ca lui simplifiait grandement la tâche, il fallait le reconnaître !  

Keiji fit la moue. Il était déçu, son adversaire était beaucoup trop confiant et, visiblement, il le sous-estimait…  

Il jeta un œil aux trois solides gaillards qu’il avait choisis pour l’épauler dans cette action : des hommes forts et entraînés qui sauraient facilement maîtriser deux femmes ! Il sourit devant les mines patibulaires de ses complices, ces brutes épaisses, ces hommes prêts à tout pour lui, prêts à mourir s’il le fallait. Ils lui faisaient maintenant une confiance aveugle. Cela n’avait pas été facile et durant plusieurs mois, Keiji s’était intégré à leur bande, avait mené certaines exactions avec eux, éliminé bon nombre de leurs ennemis, fait prospérer leurs affaires illicites, les avait même sauvés d’un piège tendu par une bande rivale et s’était imposé naturellement comme leur chef, par son intelligence vive et son adresse incomparable.  

 

C’était eux son point faible et il le savait ; il avait fort à faire pour surveiller leurs sorties et leurs fréquentations, aucune information ne devrait filtrer sur le lieu qu’il avait choisi pour la captivité. Mais il pouvait aussi compter sur son vieil ami pour cela. Ce dernier ne l’accompagnait pas aujourd’hui ; il était inutile de l’exposer dès maintenant. Et sa principale mission consistait avant tout à surveiller les faits et gestes de la bande.  

Avec ce que Keiji comptait lui faire subir, Saeba serait aux aguets et remuerait ciel et terre pour retrouver les deux femmes ; la moindre erreur serait fatale. Keiji avait imposé une discipline de fer à ses acolytes et les avait préparés tant physiquement que mentalement mais ils ne restaient malgré tout que de sombres crétins assoiffés de violence et de mauvais coups.  

 

Il se remémorait quelques sordides affaires qu’il avait menées à bien pour eux et une moue dégoûtée apparut sur son visage ; il était maintenant capable de tuer de sang froid, sans raison, sans que son cœur ne se soulève en voyant les yeux de l’ennemi se nimber d’un voile de mort, ni ressentir cette culpabilité glacée qui empêche de trouver le sommeil les premières nuits. Non, tout cela ne le tracassait plus. Il pouvait même écouter avec un air détaché les suppliques déchirantes de l’homme qui va mourir, qui perd alors le peu de fierté qu’il a et qui fait dans son froc en voyant l’arme se relever vers lui. Oui c’était pathétique ! Ces hommes qui avaient commis les actes les plus méprisables qui soient, les plus obscènes, se révélaient être des couards gémissants alors qu’arrive leur dernière heure, suppliant qu’on les gracie, alors qu’ils n’ont jamais fait preuve de magnanimité envers leurs victimes. Keiji pressait alors sur la détente et vissait son regard doré à celui de l’homme qui s’écroulait ; rien ne transparaissait jamais dans ses prunelles en feu, que le spectacle désolant de la mort n’émouvait plus.  

 

« Et toi Saeba ? Je ne pense pas que tu trembleras lorsque je pointerai mon arme sur toi ! Non, toi, ce n’est pas ça qui te fera trembler … Mais ne t’inquiète pas ! J’ai trouvé ce qui te fera mal, mal à en crever. » songea-t-il en se souvenant des yeux noisette qu’il avait croisés.  

 

Il sortit de la camionnette, dissimula ses yeux derrière ses lunettes noires et s’enfonça une casquette sur la tête. Il prit ensuite la direction de l’école avec un énorme carton dans les bras. Les grilles étaient fermées, cela il s’en était douté, aussi il sonna et attendit qu’on lui réponde.  

 

— Oui ? demanda une voix à l’interphone après quelques instants.  

 

Keiji sut immédiatement que ça n’était aucune des deux jeunes femmes car la voix trahissait un âge certain.  

 

— Bonjour madame, Fumitoki Miyazi, je suis coursier et j’ai plusieurs caisses de livres à vous livrer.  

 

— Ah ? fit la voix agréablement surprise. J’arrive.  

 

Keiji ne put réprimer un sourire lorsqu’il vit une frêle dame, les cheveux grisonnants, une grosse paire de lunettes posée sur le nez, arriver en trottinant.  

 

— Bonjour madame, dit-il aimablement.  

 

— Bonjour monsieur, je suis la directrice de cette école, lui répondit-elle en ouvrant la porte. Je n’étais pas au courant de cette livraison, de quoi s’agit-il exactement ?  

 

— Oh ! En fait cette livraison est à voir avec Madame, …, euh attendez, …, il sortait un bon de livraison, …., madame Chizu Makate ?  

 

— Makame ! Ah oui, effectivement, elle m’en a touché deux mots. Il s’agit d’un libraire qui part à la retraite et qui fait cadeau de ses derniers livres à des écoles, n’est-ce pas ? Il a téléphoné la semaine dernière … Formidable ! ajouta-t-elle en retrouvant la mémoire. Entrez monsieur, suivez-moi.  

 

— Merci, répondit-il, c’est que c’est très lourd des livres !  

 

— Oh oui ! confirma-t-elle d’un ton compatissant.  

 

Il la suivit dans les couloirs qui donnaient sur les salles de classe. Il en compta trois au total, un léger brouhaha s’échappait d’elles et une douce chaleur enfantine emplissait l’école toute entière.  

 

— Posez donc cette caisse ici.  

 

— Merci… Madame, pourrais-je abuser de votre gentillesse ? J’ai plusieurs caisses comme celle-ci à descendre de ma camionnette garée plus loin et je suis seul, j’aurais bien besoin d’un coup de main. Y a-t-il un homme qui pourrait m’aider ?  

 

Il connaissait exactement la composition de l’équipe éducative et ce n’était ni cette petite directrice, ni la collègue enceinte de Chizu qui pourraient l’aider.  

 

— Je crains que non monsieur.  

 

Elle réfléchissait et ses mains caressaient son vieux visage.  

 

— C’est bientôt la récréation, si vous voulez nous pourrons demander à Chizu et son amie de venir vous aider. Elles sont jeunes et robustes, je suis sûre qu’elles accepteront avec plaisir.  

 

— Parfait, répondit-il avec un grand sourire. Je les attends à la camionnette, je commence à décharger.  

 

— Merci, merci beaucoup, monsieur.  

 

Il retourna tranquillement à la camionnette. Son visage était impassible mais il était ravi de la tournure des évènements, cette gentille directrice était la naïveté incarnée et elle avait proposé elle-même l’aide de Chizu et Kaori. Tant mieux ! Si tout se passait bien, il n’y aurait aucun acte de violence. Il fit un signe imperceptible aux trois hommes qui discutaient non loin de là et attendit tranquillement l’arrivée des jeunes femmes.  

Au moment de la sonnerie, la directrice assista avec tendresse à la sortie des enfants en cour de récréation ; des rires excités s’élevaient dans les couloirs, elle interpella alors gentiment Chizu et Kaori et leur expliqua de quoi il retournait.  

 

Les deux jeunes femmes sortirent de l’école et se dirigèrent vers la camionnette. Kaori fronça légèrement les sourcils : « pourquoi ne s’était-il pas garé plus près de l’école ? ». Cela n’était pas très pratique pour lui et allongeait inutilement le trajet ! Elle apercevait le coursier de dos qui déchargeait les caisses et elle en fut rassurée, ça n’était pas un piège… Pourtant elle avait un mauvais pressentiment et ralentit son allure. Elles n’étaient maintenant plus qu’à une vingtaine de mètres du véhicule et le livreur se retourna pour les accueillir avec un sourire. Kaori eut alors la désagréable impression de le reconnaître mais la casquette et les lunettes ne lui permettaient pas de discerner le visage de l’homme.  

 

Celui-ci se tendit immédiatement sous le regard de la nettoyeuse ; elle le détaillait et ça le mettait mal à l’aise. Il fallait agir vite avant qu’elle ne se rende compte de quoi que ce soit! C’était tout de même la partenaire de City Hunter, et même si elle était réputée dans le milieu pour être la faille de Saeba, son point faible, elle n’allait pas se laisser attrapée aussi facilement.  

 

Kaori ressentit la tension qui émanait du livreur mais son attention fut bientôt happée par la présence de trois yakusas qu’elle perçut derrière elles. Elle se retourna et, à la vue de ces gros bras, se mit à crier :  

 

— Arrêtez-vous Chizu et retournons vite à l’école !  

 

Chizu n’eut pas le temps de prendre ses jambes à son cou, un homme immense, surgi de nulle part, avait saisi ses épaules et la maintenait contre lui.  

En quelques instants, la nettoyeuse réagit, elle dégaina son arme, qui était calée dans son dos, contre la ceinture de sa jupe, et mit en joue le colosse.  

 

— Ôte tes sales pattes de là ! … Je n’hésiterais pas à me servir de mon arme ! s’époumona-t-elle.  

 

Une détonation lui vrilla alors les oreilles et une douleur à la main la fit crier. Elle regarda son pistolet sur le sol et jeta un regard de surprise au coursier. Il avait dégainé et tiré sur elle sans hésiter, il avait fait mouche et sa main était certes endolorie par le choc mais n’avait pas été blessée. Elle fit un geste pour ramasser son arme mais un nouveau coup de feu l’éloigna d’elle. Un second homme, qu’elle n’avait pas senti arriver, se jeta alors sur elle. Sentant des mains la malmener, elle agit instinctivement et, sortant une méga massue, asséna un coup des plus violents sur la tempe de son agresseur. Celui-ci s’écroula lourdement sur le sol, assommé. Kaori, en rage, se retourna vers Chizu et le yakuza qui la maintenait toujours, avec la ferme intention de réitérer son exploit.  

 

— Je vous conseille d’abandonner votre projet, dit calmement Keiji en pointant son arme vers elle.  

 

Stoppée net, elle dévisagea l’homme qui s’adressait à elle, c’était lui visiblement le chef de la bande, lui qui, très certainement, harcelait Chizu depuis quelques jours. Elle était surprise car elle ne s’attendait pas à trouver une bande organisée ; Ryô et elle privilégiaient la thèse de l’homme seul, en proie à une perversion sadique et désireux de terroriser sa victime. Avaient-ils fait fausse route ? Elle n’eut pas le temps de poursuivre sa réflexion car le troisième homme lui enfonça une cagoule sur la tête et lui ligota les mains dans le dos. Serré. Chizu et elle furent alors jetées comme de vulgaires fétus de paille dans la camionnette qui démarra en trombe.  

 

 

 

Une odeur de poussière était incrustée dans la cagoule et s’insinuait dans sa bouche tant elle était collée à son visage. Chizu en eut un haut-le-cœur et réprima difficilement son envie de vomir. La vitesse de la camionnette ainsi que les virages violents accentuaient son malaise, surtout que ses mains liées ne lui permettaient pas d’amortir les chocs, elle tanguait ainsi de gauche à droite, comme une pauvre embarcation ballotée par les flots. Elle sentait contre sa jambe droite la douceur de Kaori, sa présence la rassurait, au moins elle n’était pas seule avec ces types. Mais la chaleur sous cette cagoule était étouffante et la vague de désespoir qui la submergeait fit monter l’eau jusqu’à ses yeux. Elle ne pouvait plus respirer et eut l’impression qu’elle se noyait dans ses larmes.  

 

Keiji avait remarqué le tressaillement de la jeune institutrice, une aura de terreur s’échappait d’elle et elle cherchait désespérément le contact de la peau de Kaori. Il était sincèrement désolé pour elle, les jours qui allaient suivre seraient une vraie torture pour elle. Certes, ni l’une ni l’autre n’était directement coupable de ce qui lui tordait les entrailles mais aucune des deux ne se trouvait ici, dans cette camionnette, la tête encagoulée, par hasard. La présence de chacune d’elle était justifiée. Il ferma les yeux et chassa les fantômes de son esprit en secouant légèrement la tête. Quand il les rouvrit, son regard doré rencontra immédiatement des genoux écorchés, il les fixa quelques instants d’un air pensif puis remonta doucement vers le visage qu’il devinait derrière le bout d’étoffe noire. Kaori était étonnamment calme, elle respirait doucement et ne semblait pas souffrir des écarts brusques de la camionnette. Keiji la voyait tenter de rassurer sa voisine ; elle lui proposait son corps en soutien et Chizu s’abandonna contre elle en hoquetant. Il baissa les yeux et se concentra à nouveau sur son plan.  

 

 

Depuis le départ de l’école, elle ne cessait de retourner les évènements dans sa tête : « Que voulaient ces hommes à Chizu ? Quels secrets la jeune femme ne leur avait pas dévoilés ? ». Ils tireraient ça au clair dès que Ryô serait venu les secourir et, connaissant son partenaire, cela n’allait pas tarder. Un timide sourire releva ses lèvres, il s’évanouit très vite à l’idée du sermon qu’elle allait encore recevoir, Ryô ne se priverait pas de lui faire remarquer son incapacité à être digne de lui. Elle préféra ne pas y penser et fronça les sourcils en souvenir du coursier. Cet homme, elle l’avait déjà vu ! Mais où ? Et quand ? Une ancienne affaire ? Elle fouillait sa mémoire mais rien ne lui venait. Elle sentit Chizu se coller à elle, elle aurait voulu la prendre dans ses bras mais les liens, fort serrés, empêchaient tout mouvement. Elle pouvait aussi la rassurer en lui parlant mais elle devinait le regard d’un homme sur elles et elle préféra s’abstenir ; quand elles seraient seules, elle lui dirait de ne pas s’inquiéter. La camionnette stoppa et elle sentit des bras se saisir de Chizu et l’entraîner en dehors du véhicule. La jeune fille cria aussitôt et une voix bourrue lui ordonna de se taire, Kaori devina alors qu’un autre homme descendait de la camionnette à leur suite. Le silence se fit dans l’habitacle mais elle savait que deux autres hommes se trouvaient encore avec elle, elle décida, contrairement à son habitude, de ne pas desserrer les dents.  

 

— Qu’est-ce qu’elle t’a mis ! dit l’un d’eux d’un rire gras. Si tu voyais ta tête !  

— J’sais pas c’qui m’retient de la zinguer celle-là !  

— J’te rappelle que c’est la partenaire de City Hunter. Si tu tiens à ta peau …  

— Ouais je sais … et pis l’chef, y m’raterait pas non plus !  

 

Kaori écoutait, furibonde, et se promit de lui faire la grosse tête à celui-là, dès qu’elle en aurait l’occasion.  

 

— Si Saeba nous retrouve avant, on va passer un sale quart d’heure, reprit le yakuza qu’elle avait assommé et qu’elle reconnaissait maintenant à la voix. On s’attaque pas à n’importe qui là ! Il a intérêt de pas s’tromper l’chef.  

 

— J’ai aucun doute là dessus ! C’mec là y peut tuer une mouche sur l’dos d’un buffle qui galope à 100 mètres, d’un seul tir et sans même effleurer le buffle ! Saeba, il lui arrive pas à la cheville.  

 

« Ben voyons ! », se dit Kaori. L’assurance naïve des deux hommes lui donnait presque envie de rire. Elle se calma aussitôt lorsque la porte s’ouvrit et que deux bras la saisirent pour la sortir de la camionnette.  

 

 

***
 

 

Ryô et Mick faisaient chou blanc, aucun indic n’avait une information valable à leur donner et ils furent surpris d’entendre les rumeurs plus farfelues les unes que les autres qui courraient sur la fusillade qui avait eu lieu devant l’immeuble des City Hunter. Certaines parlaient de femmes délaissées et folles de jalousie qui avaient voulu abattre la partenaire de Saeba et sa nouvelle magnifique cliente, d’autres de dizaines de yakusas qui avaient décidé de mettre fin au règne sans partage de City Hunter sur la ville. Mais aucune ne parlait d’un homme harcelant une jeune et belle institutrice. Après un détour dans un bar, histoire de se remonter le moral, entourés de délicieuses bunnies appétissantes, les deux ex-partenaires se décidèrent, non sans regrets, à rejoindre les jeunes femmes à l’école. Ils arrivèrent peu après une Porsche dont ils ne connaissaient que trop bien la propriétaire. Les deux compères comprirent immédiatement qu’il s’était passé quelque chose et un sifflement aigu fit trembler les tympans de Ryô : Kaori avait encore failli à sa mission de protéger une cliente ! Ils s’approchèrent de Saeko qui était en grande discussion avec une petite dame, dont les cheveux gris étaient relevés en chignon, et qui semblait fort contrariée par la situation.  

 

— Saeko, qu’est-ce qu’il y a ? demanda Mick. Où sont Chizu et Kaori ?  

— Nous l’ignorons encore, j’allais vous appeler, répondit l’inspectrice. Il semblerait qu’elles aient été enlevées par quatre individus.  

— Enlevées ? interrogea Ryô. Comment ça ?  

— Un homme est venu livrer des livres à l’école et… enfin, …. ce n’était pas un vrai livreur, expliqua péniblement la directrice.  

— A quoi ressemblait-il ? continua Saeko.  

— C’est difficile à dire, il portait des lunettes et une casquette. Je n’ai pas vu son visage mais il était grand, lui dit-elle, brun…. Oh, mon Dieu, j’ai entendu des coups de feu et j’ai vu quatre hommes emmener Chizu et son amie. Pourvu qu’elles n’aient rien !  

 

Elle montrait un endroit un peu plus loin, Ryô s’y rendit pour inspecter les lieux, il s’accroupit pour ramasser l’arme de Kaori, celle-ci était dans un piteux état. Il leva les yeux vers Mick :  

 

— Je crois que nous allons faire une petite visite à notre invité surprise de samedi. Il est temps de lui rendre la monnaie de sa pièce.  

 

Ils montèrent en voiture et Ryô alluma son récepteur, plusieurs points se mirent à clignoter à un même endroit. Les ex-partenaires échangèrent alors un regard complice et sourirent alors que la mini faisait crisser ses pneus. Le japonais était confiant, son ennemi venait de commettre une erreur qui allait le mener directement à lui. Il était temps que ce cirque cesse !  

 

***
 

 

 

On l’avait menée dans une pièce où les pas résonnaient, une pièce vide à ce qu’elle devina. L’odeur de poussière humide attaqua directement ses narines et un léger frisson la parcourut. La main qui lui empoignait le bras la serrait fort et elle sentait les phalanges s’enfoncer dans ses muscles, provoquant une légère douleur. On l’obligea bientôt à s’arrêter, on coupa les liens et la lame froide du couteau effleura sa peau ; enfin on lui retira la cagoule. Ses yeux, surpris par la lumière se fermèrent puis s’accoutumèrent peu à peu. Ils s’ouvrirent alors complètement et découvrirent les lieux dans lequel on l’avait menée. Deux hommes, dont celui à la casquette, se trouvaient devant elle dans un entrepôt complètement vide. Elle devina vite qui était le chef ; le second étant certainement celui qui l’avait menée de la camionnette jusqu’ici. Elle dévisagea avec curiosité l’homme qui avait tenu le rôle de coursier. Il portait toujours sa casquette ainsi que ses lunettes de soleil mais, même sans le reconnaître, elle restait convaincue de l’avoir déjà rencontré.  

 

— Ravi de faire votre connaissance mademoiselle Makimura, l’accueillit-il tout en lui décochant un sourire radieux.  

— Le plaisir n’est évidemment pas pour moi, répondit-elle en le scrutant avec intérêt.  

 

Elle le connaissait. Elle le connaissait. Où ?  

 

— Qui êtes-vous ?  

— Mon nom ne vous dira rien. Et je n’ai ni le temps ni l’envie de faire les présentations.  

 

La jeune femme se massait les poignets tout en tentant de rassembler ses souvenirs. Cette voix ne lui était pas inconnue. Elle plissa les yeux et observa attentivement le kidnappeur ; les mèches brunes échappées de la casquette, la stature de l’individu, le timbre de sa voix, jusqu’à ses intonations, tout cela faisait écho à quelque réminiscence. Quelque chose de récent qui plus est. Maudite mémoire !... Une affaire ?  

Visiblement mal à l’aise, conscient d’être observé dans le dessein d’être identifié, l’homme coupa court à la réflexion de la nettoyeuse.  

 

— Déshabillez-vous ! ordonna-t-il.  

— Quoi ? balbutia Kaori, décontenancée par la requête à laquelle elle ne s’attendait pas et à laquelle elle n’avait bien évidemment aucune intention de se plier.  

— Vous allez changer de vêtements. Déshabillez-vous !  

— Dans tes rêves mon coco. Il est pas né celui qui m’obligera à obtempérer à votre demande.  

 

Elle se mit à rire ; mais ce rire trahissait un stress qui n’échappa pas à celui qui menait l’échange. Les commissures de ses lèvres se retroussèrent. Kaori se mit en position de défense ; bien plantée sur ses pieds, les jambes légèrement écartées, elle écarta les bras devant elle, se préparant à un affrontement physique.  

 

— Il est vraiment dommage que nous n’ayons pas le temps de nous amuser davantage avec vous, poursuivit l’homme à la casquette, sûr de lui. Le jeu aurait été délicieux mais là, voyez-vous, le temps presse et votre partenaire ne va pas tarder. Aussi, pour la dernière fois, je vous demande de vous déshabiller… Entièrement.  

 

Kaori lança une attaque massue dont elle ne douta pas qu’elle terrasserait l’adversaire qui ne la menaçait d’aucune arme pour le moment. L’autre yakusa, toujours silencieux et immobile, ne ferait pas plus illusion que le premier. Elle leva une massue géante et s’apprêta à pulvériser l’imprudent. Hélas, l’homme esquiva sans difficulté aucune, bondissant tel un chat. Il profita de la surprise de la nettoyeuse devant l’échec de sa tentative pour la neutraliser. Souplement, il se glissa derrière elle, se saisit de ses bras, la désarma facilement et l’emprisonna contre lui. Ainsi positionnés, il se permit de chuchoter à son oreille :  

 

— Première et dernière fois que je tolère ce genre de révolte mademoiselle Makimura. Je vous conseille de ne pas me mettre en colère.  

 

Le corps ainsi cadenassé par son ennemi, Kaori profita de la promiscuité pour le dévisager, tenter de l’identifier. Elle jeta un regard de côté, aperçut les cils recourbés, devina l’arête du nez, la courbe de l’arcade sourcilière.  

 

— Vous ? souffla-t-elle sous la surprise de sa découverte.  

 

Il tourna les yeux vers elle, le temps fit une pause.  

 

— Oui, moi.  

 

— C’est vous qui avez fait tout ça ? Le harcèlement ? L’attaque devant chez nous ? Le kidnapping ? … Que voulez-vous à Chizu ? pourquoi ?  

 

— Nous nous expliquerons plus tard, Kaori. Vous êtes ma prisonnière et nous n’avons pas le temps de discuter.  

 

Kaori fixait le visage dissimulé, devinait les iris dorés derrière le teint des lunettes.  

 

— Allez-vous obéir maintenant ? murmura-t-il.  

— Non, osa-t-elle avec bravade. C’est hors de question.  

 

D’une poigne, il se saisit de la mâchoire de la jeune femme, serra indélicatement les joues jusqu’à ce qu’elle grimaçât et l’obligea à se tourner vers le compère qui l’accompagnait.  

 

— Voyez cet homme Kaori. Si vous vous entêtez à résister, je lui demande de vous déshabiller lui-même. Il se fera un plaisir de le faire ; vous n’imaginez pas. Je lui permettrais peut-être même de s’amuser avec vous… Suis-je clair ?  

 

Les yeux dorés dissimulés sondaient le visage de Kaori, elle grimaça de douleur sous ses mains et il relâcha légèrement son étreinte... Elle se tourna vers lui, ne baissa pas les yeux et opina de la tête ; ne voyant d’autre alternative que la coopération. Comme elle obtempérait, il s’éloigna un peu d’elle et lui tendit une robe, des sous-vêtements et une paire de chaussures. A la vue de tout cela, la rage déforma le visage de la nettoyeuse et elle lança un regard de haine vers Keiji. Il lui décocha un sourire de victoire, elle avait compris…  

 

Elle s’était retournée et était maintenant en culotte et soutien-gorge. Les deux hommes la regardaient, vérifiaient qu’elle ne tentait aucune entourloupe mais leurs pensées étaient nettement différentes devant le spectacle de la jeune femme s’effeuillant. Alors que le yakuza fantasmait sur les délices qu’il pourrait retirer de ce corps, Keiji, lui, se projetait dans Saeba. Il avait sous les yeux l’objet de désir de l’homme qu’il détestait le plus au monde. En imaginant sa partenaire à la merci de la convoitise de son ravisseur, celui-ci allait crever de rage…  

« Et ce n’était qu’un début ! »  

 

La victoire était en marche.  

 

Kaori avait enlevé son soutien-gorge, avait agrafé le nouveau ; puis elle avait enfilé la robe et enfin changé de culotte. Par respect pour sa pudeur, Keiji avait fermé les yeux à plusieurs reprises mais avait assisté à l’effeuillage car il ne voulait oublier aucun émetteur. Il demanda ensuite à son complice d’emmener Kaori à la voiture, le yakuza se saisit alors de la jeune femme, lui rattacha les mains dans le dos et l’entraîna au dehors sans ménagement. En s’approchant du tas par terre, Keiji rit d’étonnement : il y avait là une dizaine de massues, qui ne sortaient d’on ne sait où et trois émetteurs dont un avait été placé dans le soutien-gorge. « Saeba ne recule vraiment devant rien. » pensa-t-il. Il fit trois tas dans l’entrepôt puis rejoignit la voiture.  

 

***
 

 

La mini traversait un dédale de remises. Certaines étaient fermées, d’autres grandes ouvertes, laissant entrevoir des marchandises abandonnées. SDF et autres marginaux les avaient certainement consciencieusement vidées de tous leurs trésors et il ne restait que caisses cassées et détritus, pour le plus grand bonheur des rongeurs qui avaient élu domicile là. La voiture stoppa devant un entrepôt ouvert, obéissant aux points clignotants. Ryô affichait un air tendu alors que Mick lui adressait un regard inquiet, ils ne ressentaient ni la présence de Kaori ni l’aura si caractéristique de l’homme qui les avait agressés. Non, il n’y avait personne ici ! Ils entrèrent dans l’entrepôt et Ryô se figea devant le tas de massues à l’entrée, Kaori était maintenant complètement désarmée. Mick avança davantage, il avait vu quelque chose, sur le sol, au fond de la salle.  

 

— Ryô ! appela-t-il, avec un filet d’inquiétude dans la voix qui n’échappa guère au nettoyeur japonais.  

 

En s’approchant, ce dernier reconnut, à ses pieds, les vêtements que portait son ange le matin-même.  

Il resta là, incrédule, à les contempler. Posés au-dessus, trois émetteurs et une feuille de papier griffonnée. Il s’en empara et la lut ; son visage se durcit immédiatement... Il se retourna vers le second tas et fit une grimace en apercevant le joli soutien-gorge de Chizu qu’il avait admiré avant le départ pour l’école. Pris d’un doute, il se pencha immédiatement sur les habits de Kaori et retrouva, sous la jupe, les sous-vêtements de la nettoyeuse soigneusement pliés. Sa mâchoire se crispa et un sentiment d’impuissance l’envahit.  

 

 

 


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