Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 02-03-11

Mise à jour: 19-07-22

 

Commentaires: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Résumé: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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   Fanfiction :: Le vent

 

Chapitre 7 :: Ca commence!

Publiée: 19-03-11 - Mise à jour: 11-06-22

Commentaires: Bonjour à tous, Chapitre retravaillé le 11/06/22 Bonne lecture

 


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CHAPITRE 7
 

 

 

Ryô et Mick arrivaient au Cat’s pour y retrouver Falcon et Miki, tous impatients de les voir revenir accompagnés des jeunes femmes. Le succès des deux nettoyeurs ne faisait pour eux aucun doute. Hélas, les deux légendes rentraient bredouilles et affichaient de surcroît un air sombre qui ne laissait rien présager de bon.  

 

— Où est Kaori ? s’enquit Miki quelque peu gagnée par l’inquiétude.  

 

— Je ne sais pas, lui avoua le japonais en croisant à peine son regard. On est arrivé trop tard, ils avaient déjà déguerpi, disparu on ne sait où pour le moment. Ils se sont aussi débarrassés des émetteurs que j’avais placés sur elles.  

 

Un silence lourd accueillit la nouvelle. Ryô n’y prêta pas attention, il n’avait pas rejoint le Cat’s pour faire un rapport à ses amis ou rendre des comptes, il voulait réfléchir, échanger, échafauder un plan d’action. Les récents événements lui paraissaient fâcheux. Il ne goûtait pas ce genre d’imprévu, surtout quand sa partenaire était en première ligne.  

 

— Ce détail est quand même très étrange ! lâcha Saeko qui venait d’entrer dans le café et avait entendu la dernière partie de la phrase. Il est évident qu’il connaît tes petites manies. Ils ne sont pas si nombreux dans ce cas.  

 

L’inspectrice s’était adossée contre le comptoir et gardait les bras croisés en signe de réflexion. Elle ne s’inquiétait pas encore mais elle était interpellée par les circonstances. L’enlèvement des jeunes femmes n’avait pas été envisagé. Elle n’avait pas pressenti que l’agresseur en vienne à cette extrémité. Il faut dire que celui-ci n’avait jamais affiché pareil dessein.  

 

— Est-ce qu’il change de cible ? De plan ? Prend-il peur ? C’est à n’y rien comprendre, mit-elle en mots sa contrariété. J’ai envoyé la section scientifique sur place afin de passer au peigne fin l’entrepôt. Peut-être allons-nous y découvrir des indices.  

 

— On a aussi vu une camionnette blanche en feu à la sortie de la zone industrielle, ajouta Mick, je te parie que c’est celle qu’ils ont utilisée pour l’enlèvement, histoire de ne laisser aucune trace derrière eux !... As-tu eu des informations concernant le coursier et le libraire ?  

 

— Le libraire existe bien mais est toujours en activité, il n’a évidemment jamais eu l’intention de donner des livres. Et il n’y a aucune société de coursiers mandatée pour une livraison à l’école. On reste au point mort. Mais il fallait s’y attendre, cet homme a tout prévu. L’enquête ne fait que commencer, on parviendra nécessairement à trouver des indices quelque part.  

 

— Putain, qui c’est ce type ? Et qu’est-ce qu’il veut ?  

 

Mick s’était assis au bar et se passait les doigts dans les cheveux, prêt à se les arracher. La vision des habits de Kaori sur le sol le hantait depuis son départ de l’entrepôt. La blancheur de ses sous-vêtements, les armes qu’on lui avait arrachées, ses précieuses massues, il n’y avait rien de rassurant dans les actes du criminel. Il donnait l’impression de maîtriser chacune des étapes de son rapt, le sous-estimer avait été une grave erreur ! Et puis, Mick ne parvenait pas à ne pas imaginer le pire. Le ravisseur avait tout de même dévêtu entièrement les deux jeunes femmes, cela représentait un sacrilège à ses yeux. Il avait osé abuser de son premier amour, lui ôter peut-être lui-même le dernier rempart de son intimité. Cette vision de cauchemar le rendait dingue ! Il tourna la tête et croisa le regard de Ryô. Lui aussi devait être assailli des mêmes doutes, des mêmes craintes, et pourtant il restait impassible.  

 

— Inutile de se faire des films pour le moment, le rassura son ex-partenaire. On en saura plus ce soir.  

 

Les autres, ne comprenant pas son allusion, le dévisagèrent, Ryô sortit alors une feuille de papier de sa poche et la tendit à Miki. D’un signe de tête, il l’autorisa à la lire à haute voix :  

 

 

Saeba,
 

 

Voilà une belle journée, non ?  

Ne t’inquiète pas pour elle,  

elle est entre de bonnes mains !  

J’appellerai ce soir.

 

 

 

Mick, qui connaissait le contenu de la missive, cacha son visage dans ses mains en soupirant et tous les amis échangèrent des regards d’inquiétude.  

 

— Ça ne veut pas dire grand-chose, reconnut Saeko ! Ce message est des plus ambigus !  

 

— C’est vrai, reprit Miki, fébrile, ça signifie tout et son contraire.  

 

— Quelque part, il faut être soulagé que Kaori soit avec Chizu, elle lui sera d’un grand réconfort.  

 

— Ce message t’est adressé Ryô, résonna la voix forte d’Umibozu, attirant sur lui tous les regards de l’assistance. Il a ôté tous les émetteurs que tu dissimules sur Kaori. Je ne suis donc pas certain que Kaori soit d’un grand secours pour Chizu.  

 

— C’est-à-dire ? réclama Saeko qui avait peur de comprendre le géant.  

 

S’était-elle trompée depuis le début ?  

 

Umibozu fit la moue, il ne partageait pas l’avis de l’inspectrice et, à la colère qui émanait de sa femme, il pressentit que cette dernière était en accord avec lui. Il n’avait de surcroît pas du tout apprécié l’insinuation du message, et le « elle » avait résonné à ses oreilles comme un mauvais présage mais il se garda bien d’en faire part à ses amis.  

 

— Pourquoi avoir attendu pour enlever Chizu ? Il aurait pu le faire à plusieurs reprises, avant même que vous ne vous occupiez de cette affaire, intervint-il en s’adressant à Ryô. Il y a quelque chose qui ne colle pas là-dedans, quelque chose qui t’a échappé !  

 

Le nettoyeur ne trouvait rien à répondre, il tentait d’assembler toutes les pièces du puzzle, mais force était de constater qu’il n’avait aucune piste, ni aucune idée de comment retrouver les deux captives. Son visage se rembrunit un peu plus :  

 

— J’ignore ce que cherche ce type, ni ce qu’il a contre Chizu… Ce que je sais c’est que ma cliente et ma partenaire sont à sa merci et que j’ai été en dessous de tout. J’ai sous-estimé ses capacités et lui ai laissé le champ libre. Je ne ferai pas deux fois la même erreur !  

 

Derrière ses faux airs confiants, Ryô n’en menait pas plus large que Mick et il luttait intérieurement contre une angoisse croissante ; il se concentra et tenta de muer en rage le désarroi qui s’insinuait en lui.  

Tous quittèrent le Cat’s à la recherche de nouveaux indices. L’inspectrice se chargeait des informations confidentielles de la police, Miki mettait en branle son réseau de mercenaires, les trois hommes, quant à eux, se rendaient dans les quartiers chauds afin de mettre la pression à leurs indics respectifs. Il était prévu qu’ils se retrouvent à l’immeuble des City Hunter plus tard dans l’après-midi, aucun d’eux ne voulait rater l’appel du ravisseur. Ils connaîtraient très bientôt ses revendications.  

***  

Le voyage en voiture avait été relativement long et pénible et c’est presque avec soulagement que Kaori et Chizu entendirent les pneus crisser sur les gravillons. Enfin, le véhicule stoppa. Un des yakuzas leur avait renfilé les cagoules dès le départ de l’entrepôt et l’atmosphère brûlante et sèche qu’elles insufflaient à chaque expiration dans leur prison de toile, avait craqué leurs lèvres et rendait leur gorge sablonneuse. Il était temps que cesse le supplice.  

 

L’épisode du déshabillage avait beaucoup contrarié Kaori et elle avait perdu sa fière et sereine assurance du premier trajet. Elle avait souffert durant tout ce deuxième voyage, ses yeux piquaient, sa langue avait enflé et les liens dans son dos attaquaient ses chairs. Tout cela n’échappa pas à Keiji qui devinait que les affres physiques n’étaient rien à côté des tourments psychiques de la nettoyeuse.  

Elle savait très bien maintenant que Ryô ne pourrait pas facilement les retrouver sans les émetteurs et avait pris alors pleinement conscience de la dangerosité de son ravisseur. Ce n’était pas grand-chose mais avec une redoutable efficacité, il gagné une première bataille. Cela avait été si facile, elle n’avait été qu’une piètre résistance. Sans effort, ce Keiji de malheur l’avait réduite à l’impuissance. Un grognement s’échappa de sous sa cagoule ce qui arracha un sourire dénué d’émotion du brun ravisseur.  

 

Pour une obscure raison que certains nomment intuition féminine, Kaori était convaincue que son partenaire allait devoir affronter un adversaire à sa mesure. Il possédait une aura froide et puissante et, aussi incroyable que cela soit, elle n’était pas certaine de l’issue d’une éventuelle confrontation entre les deux hommes. Ce pressentiment nauséeux lui tordit les entrailles et un nouveau gémissement envahit l’habitacle de la camionnette. Rapidement, elle reprit ses esprits, elle devait garder la tête froide et analyser la situation. Elle se replongea dans sa rencontre avec Keiji au cimetière, l’impression mystérieuse et troublante qu’il lui avait laissée, la fusillade en bas de chez elle, l’enlèvement, cet horrible effeuillage dans l’entrepôt, pour y déceler d’éventuels indices. En vain ! Il avait tout calculé, tout maîtrisé depuis le début et elle intégra, enfin, la froide obstination qui se dégageait de lui. Voilà ce qui l’avait le plus impressionnée lors de leur halte forcée pour se changer. Elle ignorait encore ses motivations mais il ne faisait aucun doute qu’il était prêt à tout pour atteindre l’objectif qu’il s’était fixé.  

Curieusement, durant tous leurs échanges, elle n’avait pas ressenti d’animosité franche chez cet homme, ni envers Chizu, ni envers elle-même, et la seule fois où sa colère furieuse s’était déchaînée, c’était lors des échanges de tirs au bas de leur immeuble. Tous avaient alors pu apprécier son aura destructrice. À cet instant, et à cet instant là seulement, Keiji avait paru incontrôlable. Pourquoi ? À ce souvenir, un tremblement conquit les jambes de la nettoyeuse, elle revoyait le visage de Ryô, médusé devant l’adresse de son adversaire.  

« Oh, Ryô » dit-elle tout haut malgré elle.  

Les autres passagers de la voiture entendirent et l’un d’eux se tendit, imperceptiblement. Voilà qui lui faisait quitter son impassibilité.  

 

Lorsque la berline coupa son moteur, on emmena d’abord Chizu, et Kaori dut attendre une fois encore. Malgré sa cagoule, elle se sentait surveillée, trois yakuzas lui tenaient compagnie, la reluquaient sans qu’elle ne puisse s’en indigner. Il n’y avait pas à dire, l’autre ne lésinait pas sur les moyens.  

 

— Approchez-vous seulement un peu et je vous atomise, menaça-t-elle en battant l’air de ses jambes rageuses. Vous le savez de toute façon que vous allez être réduits en bouillie par City Hunter ? Hein que vous le savez, bande de dégénérés !  

 

Bon sang, si elle avait encore quelques massues, ce serait le moment de les écrabouiller.  

 

Pourtant, seuls des ricanements accueillirent sa provocation, et ceux-là d’engraisser encore plus sa fureur. Son self-control ne tiendrait pas… C’était certain… absolument certain.  

 

L’attente lui parut longue, plus d’un quart d’heure avant que la portière s’ouvrît à nouveau et qu’une main défît les liens qui l’attachaient à la camionnette. Enfin un bras la saisit pour l’attirer à l’extérieur. Elle sut immédiatement, au contact, que c’était Keiji qui l’emmenait.  

 

— Venez avec moi, lui dit-il simplement d’une voix atone.  

— Où m’emmenez-vous ?  

 

Durant le temps qu’elle avait attendu, Kaori s’était résolue à ne pas se montrer agressive, devinant que cela n’aboutirait à rien sinon à crisper le bonhomme. Elle devait se montrer beaucoup plus maligne et tenter d’amadouer son kidnappeur plutôt que de l’exaspérer. Elle avait cru déceler en lui autre chose qu’une brute épaisse et, peut-être, réussirait-elle à retourner la situation ou du moins à en apprendre un peu plus sur les motivations de ce Keiji, voire même le ramener à la raison.  

 

— Vous le saurez très vite, eut-elle comme unique réponse.  

 

Ils marchaient dans un couloir. Sans les yeux, elle se concentrait sur ses autres sens et essayait de repérer les lieux pour une éventuelle future évasion. Aussi comptait-elle les pas, enregistrait-elle les virages, percevait-elle la présence de gardes. Il y en avait beaucoup. Au bout d’un moment qu’elle estima à trois minutes trente, ils stoppèrent et elle entendit une porte s’ouvrir. Des bruits métalliques trahissaient une porte lourde, peut-être blindée. Une main ferme mais prévenante l’obligea à entrer puis on lui ôta sa cagoule. Après un moment où elle lutta contre l’éblouissement, la réalité lui sauta aux yeux.  

 

— C’est une cellule ! s’exclama-t-elle.  

 

Kaori se trouvait dans une pièce d’environ 15 m², dans laquelle on avait disposé un lit, scellé à même le sol, le matelas maigre semblait neuf mais inconfortable et bon marché. Au milieu de la petite pièce, se dressait une table sur laquelle des vêtements étaient pliés, certainement lui étaient-ils destinés ; il y avait aussi deux chaises en bois et quelques magazines abandonnés sur l’une d’elle. Contre le mur à gauche, il y avait une cabine de douche dont les parois étaient polies afin qu’on ne puisse voir au travers et derrière cette cabine, on distinguait à peine un lavabo et des toilettes permettant une relative intimité. Kaori fit la moue, une colère sourde et pulsatile coulait en elle. Elle avait peur de comprendre. Tel un zombie, elle déambula dans la pseudo-chambre aux murs jaunis, elle découvrit un nécessaire de toilette, des gobelets en plastique et deux bouteilles d’eau dans un recoin. Une fenêtre, avec des barreaux, projetait une ombre menaçante dans la pièce mais laissait deviner un accès extérieur car la lumière était naturelle. La nettoyeuse avait traversé de nombreux kidnappings depuis son partenariat avec Ryô mais celui-ci avait d’inédit d’avoir été minutieusement préparé. La pièce parfaitement aménagée pour la recevoir en attestait. Un rapide coup d’œil à la taille des vêtements posés sur la table lui extirpa un sourire crispé. Ils étaient à sa taille ! Elle revint en titubant légèrement vers Keiji qui était immobile dans l’embrasure de la porte à l’observer. Elle remarqua immédiatement le judas sur celle-ci et un nœud se forma dans sa gorge. Elle jeta un regard noir au jeune homme, celui-ci le soutint.  

 

— C’est quoi ce cirque ?  

 

Ses résolutions de ne pas être agressive s’étaient envolées.  

 

— Je suis désolé de l’inconfort dans lequel vous allez devoir vivre ces prochains jours mais vous comprendrez aisément que je dois tout mettre en œuvre pour éviter que vous ne vous évadiez. Et je n’oublie pas que vous êtes City Hunter, votre réputation vous précède !  

 

Ses yeux, couleur d’ambre, ne quittaient pas les prunelles encolérées de Kaori.  

 

— Vous êtes malade ! Pourquoi nous garder prisonnières ? Qu’est-ce que vous attendez de nous ? Où est Chizu ? … je veux la voir immédiatement, vous m’entendez ?  

 

Elle se dirigea vers lui avec la ferme intention de sortir retrouver sa cliente, quitte à se battre ; il devait être armé, elle n’avait qu’à lui subtiliser son arme et l’utiliser pour se sauver. Keiji tenta de la retenir par les épaules mais d’un geste félin, elle réussit à échapper à son emprise et lui asséna un coup de coude magistral dans l’estomac. Il s’était préparé à encaisser le choc mais il eut néanmoins le souffle coupé quelques instants, Kaori en profita pour se ruer sur lui et passa une main sous sa veste, celle-ci rencontra le holster et s’empara de l’arme. Mais Keiji avait repris son souffle et, promptement, se saisit du bras armé de la nettoyeuse avant que celle-ci ne puisse faire quoi que ce soit et de l’autre main lui enserra la gorge. Il plaqua alors brutalement son corps contre le sien de sorte qu’elle soit coincée entre le mur et lui et qu’elle ne puisse plus bouger, puis lui planta ses iris en feu dans les yeux. Elle pouvait sentir son souffle et ses doigts remontèrent vers son menton, s’enfonçant légèrement dans sa joue. La japonaise avait placé sa main libre sur le poignet de son geôlier pour desserrer l’étreinte et elle lutta pour soutenir le regard sans montrer un quelconque signe de crainte.  

 

— Bien tenté, Kaori. Je n’en attendais pas moins de vous. Vous comprenez certainement mieux maintenant les précautions prises pour éviter que vous ne fuyiez.  

 

Il souriait et parlait avec calme, ce qui déconcerta la jeune femme, elle s’était attendue à de violentes représailles.  

 

— Mais il est préférable pour vous que vous soyez plus raisonnable à l’avenir… Pour votre information et afin d’apaiser vos craintes, Chizu se trouve dans une autre pièce, en tout point semblable à celle-ci mais bien évidemment hors de portée de voix. Votre cliente va parfaitement bien. Elle s’est montrée bien plus coopérative que vous ! Je suis désolé mais vous ne pourrez pas la voir durant tout votre … séjour ici. Cependant je vous rassure, celui-ci sera de courte durée.  

 

— Je veux lui parler… s’il vous plaît². Je veux être sûre qu’elle va bien, parvint-elle à articuler malgré l’étau sur sa gorge.  

 

Il sourit. De toute évidence elle n’avait aucune confiance en lui, comment l’en blâmer ?  

 

— Peut-être plus tard.  

 

Il fit glisser sa main le long du bras de Kaori pour récupérer son arme sans pour autant lâcher son cou.  

 

— Je vous laisse prendre vos aises, je repasserai dans la soirée, lui lança-t-il tandis qu’il quittait la pièce.  

 

La porte se referma dans un bruit sourd et le verrou fut immédiatement tourné, Kaori l’entendit alors s’adresser à ses complices.  

 

— La porte reste fermée ! Si elle a besoin de quelque chose, exigez qu’elle soit contre le mur du fond et vous entrez un par un dans la cellule… Elle peut être dangereuse.  

 

Des voix acquiescèrent, elle en compta deux différentes puis des pas s’éloignèrent et elle se retourna pour contempler l’endroit qui allait devenir son antre.  

 

« Viens vite me chercher. ».  

 

***
 

 

Ryô regardait par la fenêtre. Les ténèbres commençaient à recouvrir la capitale, s’attaquant au discernement de chacun, et transformant en visions cauchemardesques les formes les plus inoffensives. Le spectacle envoutait le nettoyeur et il fixa longuement la lune en espérant que d’autres yeux, qu’il chérissait tant, caressaient le même astre, au même moment.  

 

Falcon était calmement assis dans le canapé, les bras croisés, son faciès de brute ne trahissait aucune émotion et pourtant son esprit vagabondait et explorait des pistes que nul autre que lui ne pouvait envisager. Il était persuadé que la véritable cible de cet homme était City Hunter, trop d’indices allaient dans ce sens, que ce soit le changement brutal de comportement de l’agresseur depuis que les célèbres nettoyeurs géraient l’affaire, les lettres CH sur le mur, la missive adressée à Ryô, les précautions intelligentes de l’ennemi. Non, un simple pervers ne pouvait pas se révéler aussi fûté ! De toute façon, ils seraient bientôt fixés…  

 

Mick préparait la troisième cafetière de la soirée, Saeko l’avait rejoint dans la cuisine et tentait d’amadouer l’américain. Ce dernier manquait cruellement de sang-froid lorsqu’il s’agissait de Kaori et il avait, depuis l’enlèvement, la fâcheuse manie de reprocher à l’inspectrice tous les malheurs de ses amis. Le ton montait doucement lorsque la sonnerie du téléphone imposa le silence à tout l’appartement. Ryô s’avança sans précipitation et décrocha :  

 

— Saeba  

— Bonsoir, je t’appelle comme promis.  

 

Les trois amis s’étaient approchés du combiné et Mick avait branché le haut-parleur. C’est une voix claire et masculine qui emplit les oreilles de chacun.  

Le nettoyeur fronça les sourcils, le tutoiement semblait de mise !  

 

— A qui ai-je l’honneur ?  

— Mon nom n’a aucune importance, nous ne nous connaissons pas de toute manière et je préfère rester discret comme tu peux le comprendre.  

 

La voix calme était déstabilisante, tous s’attendaient à un homme agressif et revendicateur mais il n’en était rien.  

 

— Je voulais juste donner de leurs nouvelles, continua-t-il, elles vont très bien ! Certes Chizu a mal supporté le trajet.  

 

Il fit une pause.  

 

— Mais elle se repose maintenant. Demain tout ira mieux.  

 

Il sourit, le téléphone à la main, et ne dit plus rien, attendant que son interlocuteur réagisse.  

 

— Qu’est-ce que tu veux ? demanda Ryô au bout de quelques secondes.  

— Rien, ..., pour l’instant, je ne veux rien.  

— C’est quoi cette connerie ? Tu m’appelles et t’as rien à me dire ?  

 

Il perdait sa contenance, il n’avait pas envisagé ce genre d’échanges.  

 

— Il me semblait faire preuve d’une réelle sollicitude envers toi en te rassurant sur l’attention que je porte à ces femmes. J’envisageais d’ailleurs de réitérer mes coups de téléphone chaque jour jusqu’à leur libération afin que tu sois pleinement rassuré du traitement que je leur réserve.  

 

Keiji donnait à sa voix des intonations équivoques.  

 

— Je veux leur parler !  

 

Ryô coupait court au monologue du cinglé qu’il avait au bout du fil. Il avait besoin d’entendre la voix de sa partenaire et n’aimait pas la tournure que prenait la conversation.  

 

— Oui, évidemment ! Hélas ce n’est pas possible, je suis en plein cœur de Tokyo, très loin d’elles…. Tu comprends, je t’appelle d’un portable qui sera détruit dès que nous aurons raccroché. Précise d’ailleurs au lieutenant Nogami, qui m’écoute certainement, qu’il est inutile de repérer l’appel ou d’essayer de me pister, ce serait pure perte de temps… Mais peut-être que demain j’accèderai à ta requête. C’est à voir…  

 

Il fit mine de réfléchir puis demanda, d’une voix clémente :  

 

— Il faut que j’y retourne, il se fait tard, as-tu un message, que je leur communique ?  

 

Ryô contracta sa mâchoire et serra les poings.  

 

— Oui, dis-leur que je vais bientôt venir les chercher !  

 

Un rire sonore accueillit ses paroles puis, plus rien. Il avait raccroché.  

 

D’un coup de talon, le téléphone vola en éclat, explosant sous la rage de celui qui le caressait encore quelques instants auparavant. Il se mit en marche et se dirigea vers son véhicule. Il n’était pas pleinement satisfait de la conversation qu’il avait eue, surpris qu’à aucun moment Saeba n’ait fait allusion à sa partenaire, il avait d’ailleurs failli évoquer le sujet plusieurs fois mais s’était retenu, ne voulant rien dévoiler encore de ses projets. Se pouvait-il qu’il n’existât entre ces deux-là qu’une relation de travail basée sur une confiance mutuelle ? NON, bien sûr que non, huit années à vivre sous le même toit, un homme et une femme ne pouvaient pas ne pas être passés à l’acte. Et Saeba avait une réputation de tombeur ! Qui plus est, Kaori était vraiment charmante, son visage mutin et sa fraîcheur ne laissaient pas indifférent, ça, c’était indéniable. Il repensa à la fougue de celle qui avait voulu s’échapper quelques heures plus tôt. Cette fille n’était pas le genre de partenaire qu’il avait cru trouver aux côtés de Saeba. Bien trop volcanique, un peu maladroite, pas très finaude et en tout cas dénuée de la féminité exacerbée dont le nettoyeur avait la réputation de raffoler.  

 

Il monta en voiture et croisa son propre regard dans le rétroviseur, un sentiment de dégoût remonta le long de son tube digestif, lui arrachant un rictus de douleur. Il ne se reconnaissait vraiment plus, aveuglé par une vengeance qui l’avait obsédée durant plus de neuf années de sa vie. Neuf années à tramer, faire et défaire, ourdir un plan diabolique visant à l’éradication de City Hunter, mais très vite l’idée d’une simple exécution du duo responsable de tous ses maux n’avait pas suffi, il fallait qu’ils souffrent, profondément, extraordinairement, qu’ils en perdent la raison comme lui l’avait perdue, par leur faute. La vie s’était vengée pour lui de Hideyuki, il n’aurait pas à occire son ancien ami et Keiji en ressentait un étrange soulagement. Il ne restait que Saeba pour assouvir sa soif de revanche, il allait tout lui ravir, comme on lui avait ravi sa propre vie, à lui. La descente aux enfers qu’il lui préparait serait des plus jouissives et il n’était pas impatient d’arriver au bouquet final qu’il avait longuement imaginé, dans les moindres détails : LA MORT DE SAEBA, point d’orgue d’une machination infernale, née de la douleur abyssale d’un homme brisé.  

 

 

 

 

 

 

 


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