Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 02-03-11

Mise à jour: 19-07-22

 

Commentaires: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Résumé: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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   Fanfiction :: Le vent

 

Chapitre 13 :: Complicités

Publiée: 23-06-11 - Mise à jour: 23-06-11

Commentaires: ATTENTION !!!!!!! CHAPITRE DESTINE UNIQUEMENT AUX LECTEURS DE PLUS DE 18 ANS !!! Je n’ai pas voulu faire de lemon ici (on verra plus tard) mais un moment érotique, de complicité partagée. Je préfère prévenir les âmes sensibles^^. Voilà certainement le dernier chapitre de transition, j’ai renoncé au suivant qui m’aurait attiré d’inutiles foudres et n’aurait rien apporté à l’histoire. Donc le prochain devrait (CONDITIONNEL) passer dans le vif du sujet, ce qui, bien évidemment, risque là encore de faire couler beaucoup d’encre. Mais je n’en dis pas plus… Merci pour vos commentaires et à bientôt pour la suite. Bonne lecture et désolé de faire des chapitres si longs. Bises. Pat

 


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L’eau ruisselait sur son corps, décontractant ses muscles, apaisant son esprit. Ses mains savonneuses glissaient énergiquement sur ses bras, son torse, son ventre. La soirée avait été pénible. Tout d’abord cet homme leur avait échappé, miraculeusement, profitant d’une chance extraordinaire, les plongeant tous dans une poisseuse incertitude, les murant dans une impuissance jamais ressentie jusqu’alors. Et puis les réminiscences douloureuses avaient refait surface, arrachant la croûte encore fraiche des blessures de son cœur. Il secoua la tête sous le jet brûlant bienfaisant. Il était épuisé. Physiquement. Moralement. Il ne pouvait se permettre, cette nuit encore, de sillonner les rues à la recherche d’indices, ni surveiller les repaires malfamés des yakusas. Non ! Son corps criait STOP ! Réclamait le repos réparateur, aspirait à récupérer pour mieux repartir, le lendemain. Il sortit vite de la douche. Ne prit pas la peine de se regarder dans la glace. La serviette sécha maladroitement la peau blanche et tomba sur le sol dans la plus grande indifférence. Il fallait qu’il se couche, qu’il dorme. Sur le parquet, les traces humides trahirent le chemin vers la chambre, plongée dans une semi obscurité. Il fit une pause à la porte laissée entrouverte et contempla la forme féminine étirée sous les draps, lascivement... Kazue.  

 

Il se figea quelques instants car l’évocation de ce doux prénom lui rappela les infidèles pensées qui l’avaient traversé sur le toit de l’immeuble voisin. Et il obligea son esprit à se laisser envahir par l’image de sa femme, chassant vite cette autre qui y séjournait à plein temps, contre son gré, celle la même qui lui avait montré le chemin de la passion, refusant pourtant de l’accompagner dans cette tortueuse découverte… Mais si Kaori lui avait appris à aimer, Kazue, elle, lui avait appris à être aimé. Elle avait été pour lui le meilleur remède, le baume cicatrisant qui avait apaisé son cœur meurtri, asséché par la déconvenue.  

 

« Tu es la meilleure infirmière du monde, chérie », murmura-t-il.  

 

Oui, Kazue était née pour soigner, de façon presque sacrificielle. Elle s’était employé corps et âme à guérir le cœur malade du beau blond. Il lui en était reconnaissant, immensément. Elle avait su trouver les mots, les gestes, et le guider vers l’acceptation de la défaite. Etait-elle seulement consciente de ce qu’elle avait fait pour lui, de ce qu’il lui était redevable ? Il analysait encore difficilement les raisons qui l’avaient poussé, non pas à lui céder, non, ça c’était sa nature, céder à une femme belle et généreuse, offerte à lui, entièrement, mais poussé à entamer une relation suivie, amoureuse. Il eut peine à prononcer mentalement ce mot. Amoureuse. Certes, Kazue l’aimait. L’avait aimé presque instantanément, avec entêtement. Mais rien de surprenant à cela, elle n’était bien évidemment pas la première à craquer pour son charme irrésistible. Mais dans d’autres circonstances, lui aurait profité sans état d’âme des faveurs consenties et n’aurait pas poursuivi dans une relation… affective. Seulement, Kazue était apparue dans sa vie au bon moment, après que Kaori l’ait repoussé, après cet horrible épisode de la poudre d’ange, alors que la raison l’abandonnait. Elle avait veillé sur lui, sans faillir, jamais, et avait réussi à le toucher, lui offrant, spontanément, ce dont il avait le plus besoin à ce moment là : l’amour d’une femme. Inconditionnel. Pas uniquement le partage de l’éblouissement des sens, ou le sentiment égoïste de posséder le cœur de l’autre, non, elle s’était donnée, sans condition, avait accepté de s’aliéner un homme encore sous l’emprise d’une autre. Il était bien conscient du sens unique de la relation. Jamais Kazue n’avait exigé de preuve de réciprocité à ses sentiments, alors que lui s’était révélé des plus exigeants avec elle, réclamant sans cesse des preuves de cet amour qu’elle ne cessait de lui clamer et dans lequel elle baignait, aveuglément. Il en était d’ailleurs convaincu, en avait la délicieuse certitude et jouissait sans limite de ce bien si précieux à ses yeux. Oui, il exigeait d’elle, et elle, acceptait tout, à commencer par ses sorties nocturnes avec son complice de débauche, n’ignorant pas que les lieux fréquentés débordaient de femmes faciles, prêtes à s’offrir à lui. Elle acceptait le trouble qu’il ressentait en présence de Kaori, le souffle coupé, les imperceptibles hésitations de l’amoureux éconduit, la fervente admiration dont il couvrait la nettoyeuse, toujours. Elle acceptait tout, mais n’était dupe de rien. Malgré tout, depuis quelques temps déjà, il sentait qu’elle réclamait, très justement, ce qu’elle était en droit d’exiger, la certitude qu’elle occupait toute la place disponible, qu’il avait fait le deuil de cette relation jamais vraiment entamée et ses requêtes se faisaient de plus en plus pressantes. Il soupira bruyamment, constatant que, pour l’instant, il ne parvenait pas à répondre aux attentes de l’infirmière. Un sentiment de culpabilité envahit bientôt l’américain, elle avait adopté les massues comme arme de défense contre ses multiples écarts, étrange similitude avec sa rivale et non moins amie. Peut-être fallait-il y voir un message ?...  

 

« Oh, Kazue », chuchota-t-il en entrant doucement dans la chambre tout en prenant bien soin de ne pas la réveiller. Il s’assit précautionneusement sur le lit, embrassa la silhouette des yeux, et pénétra sous les draps, rencontrant la chaleur que le corps alangui avait communiquée à sa place. Ses jambes rencontrèrent ses douces homologues, nues et mollement abandonnées à la convoitise de ses mains. Il se retint de ne pas caresser puis se lova contre elle, son corps épousant parfaitement les formes merveilleuses de la japonaise. Instinctivement, celle-ci soupira d’aise au contact agréable de la peau nue contre son dos et du bras qui l’enlaça amoureusement. Elle tourna légèrement la tête et Mick respira le doux parfum de sa chevelure qui balayait maintenant son visage. Il sourit du plaisir qu’il éprouva à juste être contre elle, à cet échange de chaleur réconfortant. Malgré lui, pris dans ses doutes, il fronça les sourcils et sonda son cœur, y cherchant la réponse à cette lancinante question. Question à laquelle il devrait bien répondre un jour : « L’aimait-il vraiment ? ». Il avait définitivement gommé de ses attentes les élans du cœur inconsidérés, presque douloureux, que Kaori avait fait naître en lui. Jamais plus, il ne pourrait ressentir tel sentiment, explosif, ravageur, implacable, voire destructeur. Mais cette douce complicité qui l’unissait à Kazue, ce sourire mutin qu’elle lui offrait, envers et contre tout, sa patience d’ange, ses yeux enamourés, ses baisers enflammés… En était-il amoureux ?  

 

Elle se pencha en arrière et lui demanda d’une voix éteinte :  

 

- Du nouveau ?  

 

- Non rien, répondit-il tout bas, posant son front sur sa nuque pour la rassurer.  

 

Elle se retourna pour lui faire face, toujours enlacée.  

 

- Chéri, il faut que tu dormes cette nuit, tu ne pourras pas tenir longtemps sur ce rythme.  

 

- Je sais…  

 

Elle posa un minuscule baiser sur ses lèvres et planta ses yeux encore ensommeillés dans les siens. Il esquissa un sourire et caressa sa joue, tout en se serrant davantage contre elle. Que c’était bon de sentir cette peau tendre, moelleuse et chaude tout contre son corps encore humide ! Une lueur passa dans les prunelles de la belle brune, incitant son prétendant à plus d’audace. Il plongea doucement dans son cou et parsema de petits baisers aériens les endroits les plus sensibles et constata avec plaisir les frissons qu’ils firent naître dans le dos délicat de Kazue, dos que ses mains exploraient sans même qu’il en eût conscience, répondant à cet instinct masculin impérieux de toucher. Elle avait balancé sa tête en arrière et s’offrait sans complexe aux attaques encore sages de l’ancien nettoyeur. Les reins du beau blond s’enflammaient déjà, exigeant le contact appuyé et cadencé de l’entrejambe de sa douce moitié, mais il hésitait encore. Devait-il céder au désir ? Ou était-il préférable de renoncer au plaisir ? Tous vivaient des heures critiques et sombres, n’était-il pas indécent de répondre aux caprices de la chair en de pareils moments ? Il se débattait avec ses muets tourments lorsque Kazue passa une jambe autour de sa taille, diminuant par la même occasion la distance qui séparait leurs intimités. Rouvrant les yeux, il vit la gorge féminine se gonfler sous le désir assumé de la jeune femme et un léger soupir enflamma ses tympans, faisant voler en éclat ses dernières réticences. Après tout, cela ne pouvait que favoriser son sommeil par la suite… Il sauta alors sur la généreuse poitrine avec une rage animale feinte et Kazue étouffa un rire d’un érotisme insoutenable, capitulant face à la bouche audacieuse qui avait emprisonné un mamelon et le suçotait avidement, créant des spasmes délicieux dans son bas-ventre. La langue habile taquina le téton qui fut bientôt aspiré entièrement, un gémissement évocateur répondit à la rageuse succion. La langue reprit alors son œuvre délicate, bientôt rejointe par deux doigts que Mick lécha afin de les mouiller abondamment avant qu’ils ne prissent le chemin du second mont des plaisirs. Cet autre sein se trouva effleuré, pressé, emprisonné par la large paume, son sommet dressé titillé par les doigts dégoulinants de salive qui torturèrent avec savoir-faire la framboise ainsi lubrifiée. Kazue crut défaillir sous les effets conjugués de la langue et des doigts, devenus maîtres de sa gorge. Les mains fines et agiles parcoururent la tignasse blonde et les doigts pressèrent doucement le cuir chevelu, incitant l’américain à remonter vers son visage. Ils roulèrent alors sur le côté et le corps athlétique et vigoureux de l’américain se retrouva sur celui fuselé de sa compagne. Les yeux se croisèrent un instant et se refermèrent aussitôt alors que les lèvres en feu de l’ex-nettoyeur fondaient sur le sourire enjôleur de l’infirmière. Elle céda rapidement à la bouche inquisitrice et dévoreuse qui ne se satisfit pas de ses lèvres mais s’attaqua aussi, avec savoir-faire, à son menton, ses joues, son cou et communiquèrent la fièvre à tous ses sens. Fièvre accentuée par les mains indomptables et habiles qu’il promenait sur le corps tendu par le désir, presque tremblant. Mains pressantes et hardies qui s’étaient aventurées sous les fesses, douces, terriblement excitantes, et contraignaient le bassin féminin à coller encore davantage son membre gonflé et pressé de s’unir à la chaude humidité qu’il devinait dans l’entrecuisse ouverte. Ses doigts se perdirent dans les contrées connues et se risquèrent dans les profondeurs intimes de la jeune infirmière qui gémit sous les caresses expertes de son compagnon. Les langues se perdaient dans les bouches, dans un ballet emmêlé, se touchant, s’enroulant, combattant par moment. Les peaux cherchaient le contact, se délectant des exquises sensations qu’elles se communiquaient, les tétons durcis, les pubis exaltés, les ventres creusés, les cuisses échauffées. Elle ressentit rapidement le besoin d’attouchements plus précis, aussi le repoussa-t-elle légèrement avec la main et fit glisser ses doigts sur le ventre musclé de son homme, lui arrachant au passage des soupirs rauques et sensuels, puis réussit à s’immiscer entre les deux corps afin de saisir l’objet des fantasmes féminins. Avec une langueur étudiée, elle coulissa lentement le long de la verge tendue, prolongea un peu ses va et vient puis l’utilisa pour caresser sa fleur ruisselante et ouverte, les jambes écartées, calées de chaque côté des hanches de l’américain. Aucun des deux ne rougit lorsque les yeux se croisèrent, habités par un même désir, unis par cette complicité partagée depuis des années. Les détails ressentis sur les rondeurs de son sexe, firent bourdonner la tête de Mick alors que Kazue avait pris en main les rennes de son plaisir, accentuant la pression du membre turgescent contre son pétale gonflé. Les halètements merveilleux, les ondulations équivoques de son bassin, les lèvres qu’elle mordait en se retenant encore et toujours excitèrent monstrueusement l’imaginaire de l’homme, qui ne perdait rien du spectacle éblouissant du visage sur le point d’atteindre la jouissance suprême. Inactif et voyeur, il se régalait alors qu’elle continuait encore et toujours les allers et venues du membre dur contre son sexe ouvert, réclamant la pénétration qui apaiserait les tensions. Elle luttait encore mais ne pouvait repousser plus longtemps l’orgasme impatient de la traverser... Aussi elle céda. Mick se pencha alors sur elle et baisa le cou transpercé de gémissements libérateurs, sans cesser de fixer la bouche fabuleuse qui s’entrouvrait afin de laisser échapper les cris d’extase, au rythme des spasmes qui ébranlaient tout son corps.  

 

Elle eut du mal à retrouver son souffle et sourit en voyant son homme repu du spectacle qu’elle avait offert. Il rit à son tour et se mit à genou devant elle. Il lui caressa doucement les jambes en partant du haut des cuisses et apprécia de la sentir encore réceptive à ses effleurements. Arrivé au niveau des genoux, il les remonta puis les replia sur le ventre de la jeune femme :  

 

- J’ai envie comme ça, lui dit-il en se plaçant sur elle, les jambes de l’infirmière prisonnières entre les deux corps.  

 

La première immersion en elle fut des plus extatiques. La chaleur, l’humidité, la profondeur abyssale, il eut l’impression d’être englouti par les sensations uniques qui lui envoyèrent des décharges électriques dans toute l’échine. L’instinctif mouvement prit bientôt possession de son bassin et il n’eut plus le contrôle ni de ses émotions, ni des ondulations de son bas-ventre. Son visage se trouvait à quelques centimètres de celui de Kazue qui s’offrait tout en profondeur à ses assauts impétueux. Chaque retour en elle lui arrachait des gémissements de plaisir et elle s’abandonna au rythme sacré, y répondant par ses propres mouvements cadencés, s’approchant inexorablement de la jouissance, plus profonde que la précédente, maritime, de cette vague dévastatrice qui inonderait bientôt son intérieur.  

 

Les sens des deux protagonistes chaviraient, entraînés dans la communion charnelle, entêtés par le plaisir intense qui les guettait et qui ne tarderait pas à les achever dans un râle libérateur. Les mouvements se firent plus violents, d’une amplitude presque douloureuse pour chacun d’eux, Mick ne pensait plus que par l’épicentre de son corps, s’apprêtant à encaisser l’onde de choc étourdissante.  

 

- Je t’aime Mick, chuchota-t-elle, les yeux rivés à ceux de l’homme qui régnait sur son cœur.  

 

Et le monde s’arrêta…  

 

En relâchant un peu son étreinte, il permit à sa femme d’ouvrir les cuisses, libérant ses jambes légèrement engourdies par la position. Il chût alors doucement contre sa poitrine et le contact de leurs peaux leur soutira un soupir d’aise. Ils restèrent ainsi sans bouger quelques minutes, le visage caché dans le cou de l’autre, profitant des respirations profondes, de l’odeur enivrante des effluves secrètes qui enveloppaient maintenant leurs corps. Ils ne pensaient à rien en cet instant magique et apaisant. Il bougea un peu ensuite, désireux de s’allonger aux côtés de sa douce et de se laisser emporter dans le monde bienfaiteur des songes. Elle gémit doucement, attirant son attention. Il la regarda et éclata d’un rire franc lorsqu’il vit sa moue légèrement dégoutée. Il secoua la tête, désabusé qu’elle répugna sentir couler en elle sa précieuse semence et jeta un coup d’œil sur la table de nuit. Il allongea le bras et se saisit du paquet de mouchoirs alors qu’elle maintenait fermement les fesses musclées contre son bassin, évitant ainsi l’écoulement tant redouté.  

 

 

 

 

*********************************************  

 

 

 

 

 

De toute la nuit, elle n’avait pu trouver le sommeil que deux ou trois heures, en proie à ses doutes, ses multiples interrogations, sa honteuse culpabilité, détestant l’exigüité de sa cellule, haïssant ce geôlier si... Elle revécut les moments intenses des baisers sur sa main, son bras, le trouble de ces sensations nouvelles, l’attirance qu’elle éprouvait pour Keiji et qu’elle ne pouvait nier. Jamais avec Ryô, elle n’avait partagé de contact si appuyé. Les effleurements avec son partenaire n’étaient qu’accidentels et elle était bien la seule à en être émue, lui restait froid et distant, voire fuyant. Il est vrai qu’elle n’avait à ses yeux que peu d’attrait, aussi le désir qu’elle avait lu dans le regard de Keiji l’avait plongée dans un embarras suggestif. Peut-être éprouvait-il une attirance ?... Non, il ne fallait pas penser à cela. Même s’il n’était pas le yakusa caricatural, il n’en restait pas moins un homme dangereux et dévoré par le mal. Il les retenait prisonnières Chizu et elle, et personne ne connaissait ses véritables desseins, mais il n’hésiterait certainement pas à tout mettre en œuvre pour assouvir sa soif de vengeance contre Ryô.  

 

Ryô. Ses yeux noirs n’avaient cessé de la scruter pendant les pires heures de la nuit, elle les devinait sur le mur gris du fond, suivant avec déception chacun de ses mouvements, ne lui permettant pas d’échapper à leur terrible emprise. Désillusions, moqueries, incompréhensions, les prunelles virtuelles l’avaient continuellement harcelée, lui reprochaient ses faiblesses. Oh !... pas ses faiblesses de femme ! Non, ça Kaori en était persuadée. Les évènements de la veille au soir, retirés de leur contexte, auraient amené son partenaire à rire d’elle. Il lui semblait même entendre le rire gras et lourd qu’il prenait chaque fois qu’il la raillait. Oh oui ! Il se serait moqué des nouvelles sensations qu’elle avait éprouvées, de son embarras, de son inexpérience, celle la même qu’il lui balançait toujours à la face avec un mépris détestable. Non, les faiblesses qui ne le feraient absolument pas rire, ce sont celles de son discernement, s’attacher à un criminel, à un homme mauvais, un homme qui voulait semer la mort, qui s’en prenait à des femmes, pire exaction à ses yeux ; cela il ne pourrait le comprendre, non, et jamais elle ne pourrait soutenir ces yeux noirs qu’elle chérissait tant, jamais elle ne pourrait assumer. Et puis, il y avait aussi ses manquements professionnels, son incapacité à rester concentrée sur son évasion, la traque d’indices, de faille dans le jeu de l’adversaire, tout ce qu’elle avait appris à son contact et qu’elle ne parvenait pas, ici, à mettre en application. Depuis son arrivée, elle s’était laissée gagner par une torpeur étrange et inconnue, Keiji était le maître du jeu, elle ne parvenait pas à prendre le dessus, pire encore, le charme naturel de son ravisseur la touchait, anéantissait presque sa volonté de résister.  

Alors que sa conscience de la situation la torturait, les yeux noirs, gorgés d’amertume, la fixaient sans ciller. Intensément. Par moments, l’onyx de ses yeux se mêlait d’ambre et c’est le visage scarifié de Keiji qui apparaissait, avec cette étrange expression qu’il avait arboré la veille au soir, où désir et souffrance fusionnaient. Elle refusait obstinément d’analyser ce qui se passait entre elle et cet homme, repoussant l’évidente confusion qui habitait son cœur, s’obligeant à se ressaisir par des remontrances énergiques dont elle s’abreuvait dès que le trouble revenait. Pourtant, l’esprit est indomptable et ses pensées lui échappaient, se perdant dans les méandres inquiétants du doute. Kaori s’enfonçait dans de honteuses comparaisons, mettant en parallèle l’élégance de Keiji et les mauvaises manières de son partenaire, la douceur du regard de son geôlier avec le mépris rieur de celui qu’elle aimait depuis si longtemps. Etrangement, il lui semblait plus facile de lire dans le cœur de Keiji que dans celui de Ryô. Malgré son abord froid, fermé, inflexible, le jeune homme se laissait découvrir avec une touchante sincérité, la laissait percevoir sa douleur, acceptait de se dévoiler un peu, lui témoignant une surprenante confiance étant données les circonstances. Il semblait si sûr de lui. Cela n’était guère rassurant, dût-elle admettre. Elle secoua la tête et se concentra pour approcher un peu la vérité. En vain ! Elle souffrait de plus en plus de ne pas comprendre les tenants de cette affaire, consciente de sa complexité, mais exténuée par les innombrables possibles qu’elle avait envisagés, par les rouages qu’elle avait imaginés et qui aboutissaient tous dans le mur. Certains faits ne faisaient aucun doute : Keiji avait perdu sa sœur Hana dans d’horribles souffrances, il voulait la venger, prêt à tout sacrifier, avait ourdi un plan des plus intelligents, diabolique, semblait avoir pensé à tout. Et il haïssait Ryô. Ryô responsable. Ryô coupable.  

Elle osa un regard sur le mur gris du fond et y retrouva les yeux noirs, toujours braqués sur elle. Indéfectiblement.  

Ca, c’était impossible ! Aucun doute raisonnable ne l’effleurerait jamais à ce sujet. L’homme qu’elle aimait, derrière une nature insondable, malgré des zones d’ombre certainement inavouables, ne pouvait avoir fait de mal à une femme. De quelque manière que ce soit... Elle sourit aux prunelles sombres.  

 

« Tu me manques Ryô, combien de temps va-t-il te falloir encore pour me trouver ?… »  

 

Elle s’abandonna au regard noir, consciente d’y projeter ses propres reproches, ses multiples interrogations, y cherchant des réponses pour, finalement, y trouver un réconfort inespéré. Que ne donnerait-elle pas pour qu’il la prenne dans ses bras ? Qu’il lui communique sa force, qu’il la rassure, qu’il l’éloigne de cet homme. Elle s’approcha du mur gris et froid, y posa timidement les mains, sans lever les yeux, puis se blottit contre le ciment glacé et impénétrable. Elle admettait avoir besoin de lui. Un besoin vital. Viscéral. La réciproque n’était pas vraie et elle n’en était pas dupe. Elle représentait bien le boulet handicapant, « l’empêcheuse de draguer en bon gros lourd qui se respecte », l’insupportable jalouse furieuse pour celui qui lui refusait son cœur, celui dont elle avait l’impression de gâcher la vie depuis plusieurs mois déjà. A son contact, elle avait perdu le peu de féminité qu’elle avait, se transformant en ogre, lui interdisant tous les plaisirs. A bien y réfléchir, Ryô devait faire preuve de mille ruses de sioux pour arriver à ses fins et jouir des plaisirs vicieux qu’il affectionnait par-dessus tout : alcool, jeu, femmes, drague, luxure. Et elle, avec ses gros sabots et son insensibilité légendaire, avait coulé une chape de plomb sur tout ça, tentant de lui imposer un amour dont il ne voulait pas, une vie sans joie, rythmée par ses exigences de femme amoureuse et entêtée, ses réveils violents, ses surveillances inquisitrices dès qu’une jolie femme se trouvait dans le périmètre de sécurité dont elle avait elle-même fixé les limites. Il avait renoncé à tant depuis qu’elle partageait sa vie. Certes, elle ne cautionnait pas ces penchants immoraux mais qui était-elle pour le priver de la liberté de profiter de la vie ? Leur quotidien était suffisamment sombre, le passé du nettoyeur boursoufflé de souffrances dont elle ne soupçonnait certainement pas le quart. Comment osait-elle lui interdire ces petits bonheurs insouciants ? Seules futilités possibles dans leur monde glauque, confronté à la pire engeance. Alors il se rebiffait, et avec un manque de tact des plus brutaux, lui faisait passer le message, par d’innombrables remarques blessantes, par un comportement toujours plus indécent. Ces derniers temps, ils avaient atteint le point de non retour à plusieurs reprises. Et puis, comme par miracle, tout rentrait à nouveau dans l’ordre et la vie reprenait son cours normal. Kaori ne doutait pas que son partenaire souffrît de la situation qu’elle lui imposait, cette quête incessante, cette prison dorée dans laquelle elle l’enfermait. Elle promena les yeux sur les murs de sa propre cellule et sentit une vague mélancolique la submerger. Cette solitude contrainte l’amenait à reconsidérer avec objectivité sa vie avec le nettoyeur. Aussi insensible qu’il était, Ryô n’échappait certainement pas à la règle qui régit le genre humain, il devait ressentir le besoin de partager des moments d’intimité un tant soit peu affectifs avec une femme, DES femmes plutôt d’ailleurs, vu son appétit insatiable dès qu’il s’agissait de la gent opposée. Peut-être même aspirait-il à rencontrer l’amour ? Cette hypothèse fut des plus douloureuses pour elle. Même s’il était légitime de douter des capacités à aimer du beau brun, le cerveau et le cœur n’étant guère les organes qu’il privilégiait lorsqu’il était question de relation avec le sexe dit faible, elle dut reconnaître qu’une autre femme pouvait réussir là où elle n’avait rencontré qu’échecs. Or, en bon cerbère enragé, elle avait veillé à ce qu’aucune des magnifiques rivales rencontrées ne puisse s’approcher de LUI. Et Ryô subissait… Tentait parfois. Echouait toujours.  

 

Elle avait espéré, par moments, que ses sentiments soient un tant soit peu partagés. Il s’était déjà montré tendre, attentionné, entreprenant même, comme la semaine dernière dans la salle de tir, où les mots prononcés avaient tinté à ses oreilles comme des promesses intenables, et où la fuite avait été la seule issue, seule échappatoire à la déception inévitable. Si elle s’était retournée, elle n’aurait rencontré qu’yeux moqueurs, bouche tordue de dégout devant les rêves qu’elle avait osé imaginer… Ses rêves ?... Juste un baiser... Là… Ses doigts quittèrent à regret le mur gris pour effleurer ses lèvres résignées… Un baiser pour de vrai, sans vitre, sans arrière pensée, sans désespoir, pas pour se dire adieu, par pour conjurer la mort. Non, juste pour célébrer la vie. Le bonheur d’être ensemble. Un baiser gratuit et irréfléchi. Léger et insouciant…  

 

Elle se laissa glisser sur le sol, lentement, mais ne put se résoudre à se détacher du mur froid contre lequel elle avait retrouvé un peu de sa présence. Nul désespoir, nulle tristesse ne l’habitait. Elle retrouvait peu à peu sa sérénité. Elle resta ainsi, dans cette même position, perdue dans ses pensées… Des heures durant…  

 

*********************************************  

 

- Qu’est-ce qui se passe ? S’enquit-il d’une voix qui laissait deviner la contrariété d’avoir été dérangé.  

 

- Elle n’a pas bougé depuis des heures. Elle reste contre le mur du fond, ne répond pas quand on lui parle, n’a pas touché à son petit déjeuner et n’a pas cherché à nous jouer des tours aujourd’hui, répondit l’un des gardiens. On a préféré vous appeler.  

 

Keiji, surpris, se tourna vers la porte close de la cellule et fronça les sourcils. Il parcourut lentement la distance qui l’en séparait et stoppa net, la main sur le judas. Il hésita un long moment. Jamais il ne l’avait utilisé. Il tint malgré tout à s’assurer de ce qu’on venait de lui rapporté. Aussi fit-il doucement coulisser le panneau qui permettait d’avoir une vue plongeante dans la geôle et ses yeux se posèrent sur le corps assis contre le mur, les jambes repliées, la tête reposant contre les genoux. Malgré la posture, elle ne semblait pas abattue, juste en réflexion.  

Le bruit grinçant la sortit de sa torpeur et elle leva la tête, furieuse d’être à nouveau dérangée dans sa méditation. Comme à son habitude, elle jeta un regard haineux aux prunelles indiscrètes qui la mataient sans honte mais elle se figea d’étonnement lorsqu’elle rencontra le feu des iris de son ravisseur. Immédiatement, il put lire stupeur et déception sur le visage de sa captive ; il se hâta donc de refermer le judas, désolé d’avoir été démasqué.  

Il se retourna alors vers ses deux complices :  

 

- On va faire en sorte que les deux filles passent l’après-midi ensemble. Ca permettra à l’autre de se remettre de sa crise d’hier soir, dit-il d’un ton neutre.  

 

- Bonne idée, osa répondre le yakusa au regard bovin.  

 

Keiji leva les yeux vers lui et hésita un instant avant de reprendre  

 

- Allez nous chercher deux plateaux repas… Je vais déjeuner avec elle. Vous pourrez ensuite aller manger ou faire ce que bon vous semble, je me chargerai de les surveiller une partie de l’après-midi, histoire de connaître la teneur de leurs échanges.  

 

Il affronta les deux gardiens du regard, conscient qu’il n’avait pas besoin de se justifier, il était le chef. Incontesté. Cependant, il devait veiller à ne pas semer le trouble dans l’esprit de ses complices, la réussite de son duel avec Saeba dépendait en grande partie de leur docilité et de la confiance aveugle qu’ils lui vouaient. Ils allaient lui confier leurs vies, sacrifice nécessaire à l’éradication de City Hunter, ils devaient donc avoir la pleine certitude qu’il était en possession de tous ses moyens pour empêcher le grand justicier de les abattre comme des chiens. Aussi, il craignait que sa relation avec la partenaire de Saeba, trop évidente, ne puisse laisser soupçonner une faille chez lui, même minime. C’était un risque qu’il ne pouvait pas courir… Mais pour le moment, il avait envie de connaître les pensées qui traversaient sa belle captive.  

 

Les deux compères s’éloignèrent en maugréant :  

 

- Déjeuner avec elle, mon œil oui, grogna celui qui avait assisté à l’effeuillage de Kaori dans l’entrepôt.  

 

- Qu’est-ce que tu veux dire ? Interrogea le second, dont les neurones décimés se connectaient avec difficulté.  

 

- T’as pas r’marqué comment il la regarde ? D’ailleurs elle a l’air chaude comme la braise celle la ! Ajouta l’autre, un rictus écœurant sur la bouche. Fallait pas dire qu’on n’avait pas l’droit de toucher à la marchandise dans ce cas. Monsieur se garde tout pour lui ! Pppppffffff !  

 

- Ben non, j’ai rien remarqué…, fit l’abruti, cherchant dans ses souvenirs.  

 

- Ca t’étonne pas, toi, qu’il nous dise de déguerpir pour « déjeuner avec elle » ? Ils ont besoin d’intimité pour s’envoyer en l’air, oui ! Madame aime se faire baiser par des hommes comme ça, d’abord Saeba, puis l’chef… Quel tempérament ! Gloussa-t-il d’un air rêveur.  

 

- Oh ! Répondit l’armoire à glace. Moi, j’avais rien vu…  

 

Son comparse, dépité, le regarda sur le côté mais décida de ne pas aller plus loin dans la conversation. Comme d’habitude, il ne comprendrait rien à ce qu’il lui raconte. Pourquoi l’avait-on flanqué d’un pareil acolyte ? Quel boulet… De toute façon, il valait mieux filer droit vu les aptitudes redoutables du chef qui ne tolèrerait aucun écart, ni aucune remise en question des règles qui avaient été clairement établies. Il fit tout de même la moue en repensant aux cuisses fines de la jeune beauté qui n’avait visiblement pas froid aux yeux, et dont il avait pu admirer le galbe parfait tout en s’imaginant prisonnier entre elles.  

 

******************************************  

 

- Vous comptez rester assise comme ça encore longtemps ? Brisa-t-il le silence après quelques minutes d’insupportable mutisme.  

 

Elle fut heureuse que ce soit lui qui prit l’initiative de la conversation. Elle célébra intérieurement sa petite victoire. Cela faisait maintenant cinq bonnes minutes qu’il avait pénétré dans sa cellule, qu’il s’était assis à la table, face à elle, toujours sur le sol, et qu’ils s’observaient. Elle s’était attardée sur la joue fraichement recousue et ressentit un certain soulagement de voir qu’il avait suivi son conseil. Cependant, elle ne daigna pas se lever, non pas qu’elle n’en eut pas envie, elle avait maintenant dépassé les moments de mélancolie et de culpabilité qui l’avaient accablée toute la nuit et une grande partie de la matinée. Non, là, elle voulait le traiter avec mépris, comme n’importe quel autre yakusa qui se permettait de la regarder au travers de cet immonde judas, la privant ainsi de son droit à l’intimité. Aussi jubila-t-elle de la mine intriguée de son ennemi qui, bien évidemment, saisit le message, conscient qu’il avait déçu la nettoyeuse. Malgré tout, Kaori dut bien admettre que Keiji arborait encore un air sûr et décontracté. Elle lisait maintenant clairement dans son jeu : il maîtrisait ses effets et n’affichait son trouble que dans les situations extrêmes. Elle se souvint de la dernière fois, lorsqu’il s’était saisi de sa main sur sa joue.  

 

Elle se leva d’un bond, s’approcha de la table et regarda l’assiette de sushis. Elle en avala un avec un manque de féminité très travaillé ; Keiji plissa les yeux et détailla avec circonspection ses manières de garçon affamé. Manières qu’elle connaissait par cœur, puisqu’empruntées au pire goinfre de Shinjuku.  

 

- Vous avez faim on dirait ?  

 

- Très médiocres vos sushis, répondit-elle en s’asseyant face à son ravisseur.  

 

- Peut-être, mais ils ont le mérite d’être frais.  

 

- Ca serait le pompon si, en plus, ils étaient avariés.  

 

- Après cuisine, souhaitez-vous que nous parlions couture ? Lança-t-il en souriant.  

 

- A ce sujet, comment va votre joue ? Rebondit-elle en s’attardant sur l’entaille grossièrement réparée.  

 

- Ca ira mais je garderais très certainement une belle cicatrice.  

 

- Humm.  

 

Kaori apprécia les traits réguliers de Keiji, cette balafre lui ôtait son côté lisse, inoffensif, naturel chez lui, caractéristique mensongère qui devait le servir à bien des égards. Maintenant, il ne pourrait plus cacher sa dangerosité, il la porterait sur la pommette gauche, comme un étendard pirate infâmant.  

 

- Quel âge avez-vous ? Osa-t-elle lui demander après quelques secondes.  

 

Il resta interloqué quelques instants puis répondit avec malice :  

 

- … Quatre ans de plus que vous.  

 

Elle faillit s’étrangler avec le rire qui était né dans sa gorge.  

 

- Alors vous êtes très jeune, plaisanta-t-elle.  

 

- Pas tant que ça, vous me flattez, répondit-il sur le même ton.  

 

Il prit un sushi qu’il dégusta du bout des lèvres.  

 

- Vous avez fait votre enquête sur nous n’est-ce pas ? Vous savez tellement de choses.  

 

- Oui et non. Je dois bien avouer que les informations sont remontées jusqu’à moi sans que j’aie jamais eu besoin de chercher. Vous êtes connus, vous savez. Il est utopique de croire que dans notre milieu, City Hunter peut vivre sans qu’on connaisse ses petits secrets.  

 

- Nous sommes des stars, j’oubliais, dit-elle d’un air faussement exaspéré par le succès. Et c’est ainsi que vous avez appris que Ryô et moi étions ensemble ?  

 

Il fut surpris qu’elle lançât le sujet sur ce point particulièrement sensible de sa relation au nettoyeur mais décida de la suivre sur ce terrain glissant.  

 

 

- C’est vrai que le bruit court… Et c’est aussi ce que j’ai cru au tout début. Que vous faisiez mine de n’être que des partenaires de travail à l’extérieur mais que bien cachés chez vous, vous laissiez libre cours à votre passion.  

 

Il avait pris un ton inspiré pour la dernière partie de sa phrase et ne quittait pas les yeux courroucés de Kaori.  

 

- Et vous n’y croyez plus ? S’enquit-elle.  

 

- Non, j’ai très vite compris qu’il n’y avait rien de… concret entre vous. Mais…  

 

Il hésita.  

 

- Mais ?  

 

- Mais cela n’empêche pas les sentiments. N’est-ce pas ?  

 

- De quel sentiment parlez-vous ?... L’amour ?... C’est stupide ! Ryô ne m’aime pas !  

 

- Peut-être, lui sourit-il, voulant profiter de l’innocence de la jeune femme concernant les sentiments que nourrissaient pour elle le nettoyeur.  

 

- Evidemment ! Renchérit-elle.  

 

- Et vous ?  

 

- Pardon ?  

 

- Vous m’avez compris Kaori... Et vous ?  

 

Elle décida de ne pas répondre et prit un autre sushi sur lequel elle porta toute son attention. Elle voyait très bien malgré tout, au travers de sa contemplation du poisson cru, les iris dorées qui ne la lâchaient pas, mais ignora tant bien que mal leur propriétaire.  

 

Keiji avait sa réponse, le silence éloquent de la nettoyeuse ne laissait pas de place au doute, une légère contrariété lui assécha la gorge mais il choisit de l’ignorer, préférant se concentrer sur sa prisonnière.  

 

- Quant à votre âge et tous ces petits détails que je connais sur vous, je les dois à Hide, ajouta-t-il pour créer une diversion.  

 

A nouveau, elle se tourna vers lui.  

 

- Cela signifie que mon frère vous faisait confiance.  

 

Il ne répondit pas.  

 

- Il avait tort visiblement, ajouta-t-elle.  

 

- Certainement, dut-il reconnaître. Parfois, nous faisons confiance aux mauvaises personnes.  

 

- Hide était pourtant d’une grande perspicacité en ce qui concerne la nature humaine. J’ai du mal à croire qu’il se soit à ce point trompé sur vous.  

 

- Tout cela est très subjectif vous savez… Et les gens changent ! Et vous Kaori ? Qu’en pensez-vous ?  

 

- De ?  

 

- Que pensez-vous de moi ?  

 

- Parce que mon avis sur vous vous intéresse ?  

 

- Si je vous le demande…  

 

- Hé bien,… lors de notre rencontre dans le cimetière, entra-t-elle dans son jeu, vous m’aviez fait une très bonne impression. Je ne vous ai pas ressenti comme quelqu’un de dangereux.  

 

Elle secoua la tête et fronça les sourcils.  

 

- Visiblement, j’ai encore beaucoup de progrès à faire !  

 

Il rit franchement à cette remarque.  

 

- Vous avez pourtant le meilleur professeur !  

 

- Mais aussi un redoutable adversaire, ajouta-t-elle.  

 

- Je n’avais aucune animosité envers vous, il est normal que vous n’ayez rien perçu.  

 

- Avec votre balafre, je me serais méfiée.  

 

- Vous voulez dire que je ne pourrais plus jamais abuser de la naïveté de jeunes femmes ?  

 

- Hé ! Je ne suis pas naïve ! Intervint-elle. Et je ne me laisse pas abuser !  

 

Il observa les détails de son visage, elle paraissait beaucoup moins que son âge et même s’il ne la trouvait pas naïve, elle dégageait une certaine générosité d’âme, une foi en la nature humaine qui pourrait paraître, au premier abord, n’être que de l’innocence. Mais ça n’était pas ça, la vie s’était chargée de la malmener. Pourtant, ses yeux, son sourire, tout son visage ne reflétaient que… Il ne réussit pas à mettre les termes exacts sur ce qu’elle lui inspirait. Mais pour sûr, elle ne le laissait pas indifférent.  

 

- Je ne vous ai jamais vu comme quelqu’un de crédule. Bien au contraire Kaori. Vous vous méfiez toujours de moi, vous vous démenez pour comprendre toute cette affaire et je sais que vous analysez tout ce que je dis, que vous cherchez inlassablement. Et moi ?… Je vous refuse toute explication, vous garde volontairement dans l’ignorance. Vous vous débrouillez très bien malgré tout cela et, croyez-moi, vous n’avez aucune raison de vous blâmer. Vous êtes loin de ne faire que de la figuration dans cette affaire.  

 

- Pourquoi ne m’en dites-vous pas plus ?  

 

- Pour un tas de raisons, éluda-t-il en haussant les épaules. Avant tout, je souhaite vous préserver. Soyez sûre que je m’en veux beaucoup de vous faire endurer tout ça. Je n’avais pas prévu de vous connaître… autant, pour être honnête.  

 

- Comment ça ?  

 

- Notre rencontre au cimetière était fortuite, j’ignore encore pourquoi je vous ai rejoint lorsque vous êtes tombée, c’était une erreur. Et après, je me suis caché derrière des tas de prétextes, plus futiles les uns que les autres, pour vous accompagner à chaque sortie. J’ai accepté que nous ayons des échanges, je les ai même provoqués, y ai pris du plaisir. Ca ne faisait pas partie de mon plan, je n’aurais pas dû !  

 

Elle resta quelque peu sonnée par la pseudo-déclaration de Keiji et se décida à pousser un peu plus loin.  

 

- Pourquoi alors ? Pourquoi vous être rapproché de moi ?  

 

- Kaori ! La question pourrait être réciproque, non ?  

 

Elle fronça les sourcils et ne répondit pas.  

 

- Tout simplement parce que j’en ai eu envie, reprit-il… Et cela ne facilite pas les choses pour la suite des évènements. Bien au contraire…  

 

- Qu’avez-vous prévu ? Lui demanda-t-elle, avec une légère inquiétude dans la voix.  

 

- Vous vous imaginez bien que je ne vais pas vous dévoiler mes plans, Kaori, répondit-il dans un demi-sourire complice. Hélas, il est écrit qu’ici bas, ce sont les hommes qui font les conneries et les femmes qui trinquent.  

 

Elle eut un frisson.  

 

- Chizu et moi ?  

 

- Vous n’êtes que des victimes collatérales… Je suis désolé, dit-il sincèrement. Je me rends compte, maintenant, que je ne vaux pas mieux que les ordures qui ont torturé Hana.  

 

- Ne dites pas ça ! Je suis sûre que c’est faux… Et rien n’est fait encore.  

 

- Je ne renoncerais pas, la coupa-t-il. Je ne peux pas.  

 

Un silence pesant s’installa entre les deux attablés qui fixèrent bêtement l’assiette de sushis à moitié vide. La nettoyeuse pensait aux paroles singulières que son geôlier venait de prononcer. Y voyant une piste, elle reprit :  

 

- Les… conneries dont vous parlez, Keiji, celles qui ont causé la mort votre sœur, ce sont les vôtres ?  

 

Il acquiesça doucement, les yeux dans le vague.  

 

- L’ironie veut que je ne lui aie créé que des ennuis. Je ne paierais jamais suffisamment pour tout ce que je lui ai fait subir.  

 

- Je suis certaine que vous n’avez pas voulu tout ce qui est arrivé, cessez de vous torturer.  

 

Pour l’apaiser, elle avait posé les mains sur les siennes mais s’en sentit immédiatement ridicule, elle les retira donc presque aussitôt. Il leva les yeux, conscient que le contact l’avait mise mal à l’aise, trouble certainement imputable aux souvenirs du rapprochement de la veille.  

 

- J’étais jeune et stupide, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez.  

 

- Comment était Hana ? Dites-moi.  

 

- Je ne suis pas sûr…  

 

Il la regarda d’un air soupçonneux.  

 

- Dites-moi seulement ce que vous avez envie de perdre, Keiji, je vous promets de ne pas me montrer trop curieuse. Parlez-moi seulement de vous et de votre sœur.  

 

- Je ne me souviens pas avoir parlé d’elle avec quelqu’un depuis sa mort.  

 

- C’est l’occasion, non ?  

 

Il la gratifia d’un grand sourire, franc et sincère. Elle lui rendit instantanément.  

 

- En fait, commença-t-il, nos parents sont morts dans un accident de voiture lorsque j’avais 11 ans, Hana en avait 20 à ce moment là. Elle étudiait la chimie à Tokyo, elle a toujours été brillante. Hélas pour moi, ça n’était pas dans les gênes que nous partagions... Au moment du désastre, elle est revenue sur Kobe pour s’occuper de moi. Etrangement, ni elle ni moi, ni le reste de la famille d’ailleurs, ne nous sommes posés la question de ma garde, ni n’avons cherché d’autres solutions. Ca a paru normal à tout le monde qu’elle devienne maman de substitution.  

 

- Elle a arrêté ses études ?  

 

- Oui, murmura-t-il. Je n’avais pas conscience du sacrifice. J’étais trop jeune pour ça.  

 

- Qu’a-t-elle fait ? Elle a cherché du travail ?  

 

- Oui et ça a été relativement facile car elle était douée, elle a été embauchée dans une usine pharmaceutique et travaillait de jour, de nuit, de week-end selon le planning. Je crois qu’elle aimait ce qu’elle faisait.  

 

- Vous avez eu de la chance de l’avoir.  

 

- C’est sûr, reconnut-il, mais on ne peut pas dire que la chance ait été réciproque. Dès le départ, je ne lui ai créé que des ennuis. Je suis très vite tombé dans la délinquance, les vols faciles, le petit trafic, puis la bande organisée.  

 

- Comment a réagi Hana ? S’enquit la nettoyeuse.  

 

- Très mal ! Je me suis fait exclure de tellement d’établissements que je ne compte pas les déménagements que l’on a dû faire pour que je puisse être réinscrit quelque part. Elle était en colère mais a toujours été compréhensive, mettant mes exactions sur le traumatisme de la perte des parents. Franchement Kaori, j’étais con ! Ma sœur trimait comme une folle pour m’offrir une vie décente, m’a toujours aimé quoi que je fasse, et moi, en retour, je n’ai fait que la décevoir.  

 

- J’ai du mal à croire Keiji, vous êtes si… réfléchi.  

 

- Je ne l’ai pas toujours été, dit-il désabusé. Hélas !  

 

- Et vous avez rencontré mon frère alors que vous trempiez dans ces trafics, n’est-ce pas ?  

 

Il la regarda et sourit car, malgré ce qu’elle avait dit, elle restait bien fixée sur l’affaire. Comment pouvait-il l’en blâmer ? Il la retenait prisonnière et faisait planer l’ombre menaçante de la mort au-dessus d’elle et de celui qu’elle aimait.  

Il secoua négativement la tête.  

 

- Non, je n’ai rencontré Hide que bien plus tard, j’étais sorti, ou plutôt… Hana m’avait sorti du bourbier dans lequel je m’enfonçais chaque jour un peu plus. Elle avait de la suite dans les idées ma sœur.  

 

- Elle n’a jamais baissé les bras ?  

 

- Jamais ! Et en grandissant, il faut croire que j’ai gagné en perspicacité. J’ai compris que j’allais tout droit à ma perte, pris un peu de plomb dans la tête. Elle m’a sauvé. Oui Kaori, elle m’a sauvé. J’ai trouvé un travail… Quelle fierté dans son regard quand elle l’a su ! Ce job, c’était pour elle que je l’avais choisi ! Pour lui prouver que je pouvais gagner ma vie ! Honnêtement !  

 

- Que s’est-il passé après ?  

 

- Nous avons vécu deux ans de bonheur. C’est là que j’ai réalisé ce à quoi elle avait renoncé pour moi, ses études, sa vie de femme aussi, je ne l’ai jamais vu avec un homme. Faut dire que je ne laissais pas beaucoup de place… Mais au moins, elle avait de nouveau confiance en moi, j’étais devenu quelqu’un de bien, dont elle n’avait plus à rougir, se remémora-t-il.  

 

- Pourquoi avoir replongé alors ?  

 

Il la regarda droit dans les yeux et répondit d’une voix étranglée.  

 

- Parce que j’ai rencontré votre frère… Et que je suis retombé dans la spirale infernale… Mais ce que j’ai fait à Hana. Mon Dieu, Kaori. Ce que je lui ai fait.  

 

Il se prit la tête entre les mains.  

 

- Jamais de toute ma vie, je n’oublierai le regard terrible qu’elle m’a lancé ! La déception ! L’horreur que j’ai lue sur son visage… Comme si elle ne me reconnaissait plus. Elle ne m’aimait plus.  

 

Kaori ressentit la force du désespoir prendre possession du corps de Keiji. La nettoyeuse ne discernait plus le visage du jeune homme, enfoui dans ses paumes. Il était transporté dans les souffrances anciennes, anéanti par les démons qu’elle devinait.  

 

- Malgré tout, continua-t-il, jusqu’au bout elle a tenté de me sauver. Encore et encore… Elle aurait mieux fait de fuir, d’oublier qu’elle avait un frère aussi misérable. Mais non ! Elle a essayé, par tous les moyens. Mais… cette fois-ci… elle a échoué.  

 

- Keiji… prononça Kaori en se levant et en s’approchant doucement de lui. Je suis désolée.  

 

- Je me maudis du mal que je lui ai causé ! Je me maudis !  

 

Il était effondré, revivant certainement des moments pénibles.  

 

- Elle est morte… Morte… En essayant de me sauver… Son regard… Jamais je ne pourrais l’oublier…  

 

Elle effleura son épaule pour le réconforter. D’un geste violent il échappa à son étreinte et se leva dans le fracas de la chaise qui vole dans la pièce.  

 

- Ne me touchez pas ! Prévint-il, les yeux en proie à son indicible colère. C’est vrai, je me maudis ! Mais je maudis Hide aussi, et Saeba ! Eux aussi, autant que moi, sont coupables de ce qui est arrivé.  

 

- Calmez-vous s’il vous plaît, tenta-t-elle d’apaiser.  

 

- Je n’ai même pas pu l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure, comprenez-vous ? Je l’ai abandonnée... jusqu’au bout.  

 

Il était étonnamment calme, avait réussi à dompter la douleur lancinante que l’on devinait encore dans les spasmes qui le traversaient par moment.  

 

- Je suis désolée.  

 

- Je me fous de vos états d’âme Kaori.  

 

- Keiji… Je vous en conjure, réfléchissez ! Que penserait Hana si elle voyait ce que vous prévoyez de faire ?  

 

Il émit un léger rire sardonique.  

 

- Ce n’est pas ainsi que vous me ramènerez à la raison. Je ne suis guère sensible à ce genre d’argument.  

 

- S’il vous plaît !... Vous allez y perdre la vie.  

 

- Ne vous faites pas de souci pour ça ! Ricana-t-il. Je ne tiens plus à la vie.  

 

- Keiji ! Protesta-t-elle.  

 

- Je vais chercher Chizu, coupa-t-il court en se dirigeant vers la porte, je vous laisse une heure toutes les deux.  

 

- … C’est dur pour elle ? Demanda-t-elle plus pour la forme car la réponse était évidente.  

 

Elle s’en voulut de ne pas plus se soucier de sa cliente. Les conditions de détention étaient difficiles et cela devait paraître bien pire aux yeux d’une femme complètement étrangère à leur monde. Keiji s’était retourné mais ne lui répondit pas.  

 

- Ce soir, je pourrais sortir ? Demanda-t-elle.  

 

- … Oui, j’y veillerai.  

 

Elle le remercia muettement et il referma la porte, encore sous le flot des émotions terribles qu’il avait revécu, plus que jamais décidé à mener à son terme le plan diabolique qu’il avait ourdi. Il reprit son souffle et se dirigea vers un autre couloir qui le mènerait à la cellule de Chizu, non sans reprendre sa casquette et ses lunettes au passage.  

 

 

 

*********************************************  

 

 

 

Assis sur le canapé, les yeux dans le vide, il attendait. Cela faisait plusieurs heures déjà ! D’ailleurs, il lui semblait qu’il n’avait fait que ça depuis le matin. Oublié le passage au peigne fin du parc. Evidemment, ça n’avait rien donné. Oublié le déjeuner avec tous les amis, histoire de faire le point sur la situation. Point rapide, mettant le doigt sur le fait qu’on n’avait rien à se mettre sous la dent pour avancer. Oubliées encore les heures durant lesquelles il avait passé en revue les dernières affaires, il n’y avait vu aucune zone d’ombre. Il était remonté très loin, sur cinq années, mais les rares doutes qu’il avait eus ne convenaient pas au profil du ravisseur. Alors il n’avait d’autre moyen que d’attendre un nouveau faux pas. Il ne tarderait pas à venir ce faux pas d’ailleurs s’il continuait de l’appeler chaque soir et si, lui, se montrait suffisamment perspicace pour le faire parler et l’amener à la faute. Mais pour le moment, il était en retard. Habituellement, cela aurait fait plus d’une heure que le téléphone aurait aboyé son horrible et stridente sonnerie. Pourtant, Ryô était convaincu qu’il rappellerait, cela faisait partie de son plan de le torturer ainsi, d’avoir l’impression de contrôler la situation, de faire planer le doute sur ses malsaines intentions. Mais le jeu avait changé depuis leur véritable première rencontre, il savait maintenant que cet homme n’était pas un malade, qu’il était dans la représentation et les cartes s’en trouvaient redistribuées.  

 

La sonnerie retentit.  

 

- Saeba.  

 

- Bonsoir, dit simplement la voix détestée, toujours déguisée derrière des intonations équivoques.  

 

- J’attendais ton appel.  

 

- Je me doute.  

 

- Comment va ta blessure, dis-moi ? Commença le nettoyeur.  

 

- Je te rassure, ce n’est qu’une éraflure. Mais je me suis soigné, Kaori a insisté.  

 

- … Ca ne m’étonne pas d’elle. Elle a la fâcheuse tendance à faire attention aux autres, quelque soient ces « autres » d’ailleurs.  

 

- Hummm, fit Keiji, faussement crédule. Tu la connais bien dis-donc !  

 

- Evidemment ! Et toi aussi, tu la connais visiblement. Qui t’a parlé de la promesse que j’aurais faite à son frère ?  

 

- Qui crois-tu que ce soit ?  

 

- Je l’ignore, dis-moi, continua le nettoyeur légèrement énervé par le ton assuré qu’employait son ennemi.  

 

- Elle et moi sommes beaucoup plus proches que tu ne le penses.  

 

- Inutile de continuer ton petit jeu malsain ! Je connais ma partenaire, elle ne se confierait pas à un criminel comme toi.  

 

- Bien sûr que non ! Eclata de rire Keiji. C’est vrai, dis-donc, que tu la connais bien.  

 

- Ecoute, je ne crois pas une seule seconde que tu en aies après Kaori ! Ni après Chizu d’ailleurs ! Le seul qui t’intéresse c’est moi ! Alors, il est peut-être temps de te comporter comme un homme… Dis-moi où et quand ? Aboya le nettoyeur excédé par les insinuations de son interlocuteur.  

 

- Ohhh ! Là je suis scotché, Saeba ! Tu te rebelles on dirait. Monsieur veut jouer du canon... Mais tu te trompes sur mes intentions, Kaori ne me laisse pas indifférent.  

 

- Arrête tes conneries ! Relâche-les et réglons ça à la loyale !  

 

- A la loyale ? Laisse-moi rire !... Avec tes deux acolytes toujours collés à ton arrière-train !... Non, ça ne m’intéresse pas ! Je le répète, je n’en ai pas encore terminé avec ta douce partenaire.  

 

- Arrête de parler d’elle ! Tu m’entends ? S’énerva le nettoyeur devant l’obstination de Keiji. Si tu t’avises de lui faire du mal !  

 

- Oh non ! Je te rassure, je ne lui ai fait aucun mal, et ne lui en ferai pas ! Susurra-t-il.  

 

- Qu’est-ce que tu nous veux ? Explique-toi !  

 

- Pour l’instant, je vais encore un peu profiter d’elle. Et puis après ?... Et bien je te la rendrai.  

 

- J’aurais dû te tuer dans le parc ! Ne pas chercher à te prendre vivant.  

 

- La chance était avec moi Saeba ! J’ai fait une erreur. Je vais être vigilant maintenant et tu n’auras pas d’autre occasion avant que ce ne soit moi qui le décide.  

 

- La chance tourne, et tu vas bientôt l’apprendre à tes dépens, ne sois pas si sûr de toi ! Tu sembles oublier à qui tu as affaire.  

 

- Non, je n’oublie rien. J’affronte le Grand City Hunter. Ah ! Ah ! Ah ! Laisse-moi rire !  

 

- Ris, espèce de lâche ! Il est plus facile de s’en prendre à des femmes que de m’affronter directement ! Je ne rentre plus dans ton jeu, minable !  

 

- Je ne joue pas Saeba ! Et je te rappelle que j’ai ta femme à ma merci. J’ai Kaori.  

 

- Je t’interdis de prononcer son nom ! Espèce de cafard, comment oses-tu ?  

 

Le téléphone éclata de rire et le nettoyeur entendit son redoutable ennemi prendre une grande inspiration.  

 

- J’ose simplement ce que toi tu n’as jamais osé.  

 

Keiji avait décidé d’abattre sa meilleure carte, la réaction présomptueuse du nettoyeur lui déplaisait au plus haut point. Il devait lui clouer le bec.  

 

- Qu’est-ce que tu veux dire ? Demanda Ryô qui ne saisissait pas l’insinuation.  

 

- Des années avec elle… sans la toucher. Tu m’étonnes l’étalon ! Vraiment ! Mais je ne pense pas que c’était pour moi que tu la préservais… Hein ? Quelle surprise ! Je ne m’attendais pas à cela…  

 

- ………  

 

- Ca veut donc dire que tu ne connais pas le délicieux parfum qu’elle dégage ?.... Ttttttt…. Saeba ! Quelle idée !  

 

- Je te jure tu es mort.  

 

- La pomme, Saeba… La pomme…, poursuivit Keiji, ignorant les menaces, un voile sur la voix.  

 

Le nettoyeur fronça les sourcils et accusa le choc.  

 

- A demain City Hunter.  

 

Ryô resta prostré quelques instants, fixant le combiné qu’il n’avait toujours pas lâché, sourd à l’entêté signal l’avertissant que le correspondant avait raccroché. Il tenta de reprendre ses esprits. Il était assommé. Cet homme était incernable, c’était à n’y plus rien comprendre ! Et puis, il trouvait les phrases choc qui laissaient place au malaise et l’empêchaient d’être opérationnel, de réfléchir. Et pourtant, le nettoyeur faisait d’immenses efforts de concentration, essayant de prendre le recul nécessaire à l’analyse de l’échange téléphonique qu’il venait d’avoir. Il se concentra sur la conversation et tenta de se souvenir de ce qui l’avait troublé… Au-delà des insinuations horribles, écœurantes, la folie. Il reprit le téléphone.  

 

- Lieutenant Nogami.  

 

- Saeko, c’est moi.  

 

- Du nouveau ?  

 

- Je suis toujours sur écoute, n’est-ce pas ?  

 

- Euh… Oui.  

 

- Amène-moi immédiatement la bande d’aujourd’hui, dit-il d’un ton qui ne souffrait pas le refus… Attends… Amène-les toutes !  

 

- Tout de suite?  

 

- T’as pas compris ?  

 

- J’arrive.  

 

- Et Saeko !  

 

- Quoi ?  

 

- C’était la dernière fois, plus d’écoute… Tu as compris ?  

 

- Mais…  

 

- Pas de mais, coupa-t-il sèchement.  

 

- Comme tu veux, je fais le nécessaire.  

 

 

 

 

 


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