Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 02-03-11

Mise à jour: 19-07-22

 

Commentaires: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Résumé: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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   Fanfiction :: Le vent

 

Chapitre 14 :: EVASIONS

Publiée: 19-07-11 - Mise à jour: 19-07-11

Commentaires: Bonjour à tous, un grand merci pour vos reviews que je lis toujours très attentivement et avec beaucoup de plaisir. Bon, voici le chapitre 14... Et pour tout dire, j'appréhende beaucoup de le partager avec vous car il est des plus délicats (vous comprendrez pourquoi!!) et je crains les critiques, que j'imagine nombreuses. Mais voilà, je reste fidèle à mon histoire et j'espère que vous prendrez du plaisir à lire ce chapitre, comme j'ai pu en prendre àl'écrire!! Bonne lecture!... Et pardonnez-moi^^!!

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23


 

Il avait tenu parole.  

 

Elle déambulait, pensive, dans la petite cour. Le soir tombait. Elle apprécia la brise légère, tiède, qui balaya ses cheveux et caressa son visage. Le bruit étouffé de ses pas sur le ciment poussiéreux ne faisait qu’intensifier le silence qui régnait autour d’elle. Elle était seule dans cette cour de malheur, il n’avait pas daigné l’accompagner dans la chaleur du soir. Elle secoua la tête, désabusée, il n’était pas difficile de deviner les raisons de cette désertion.  

 

« Vous avez peur de moi, Keiji ? », osa-t-elle demander tout haut, suivant les méandres de sa réflexion.  

 

Surprise de son audace, elle jeta rapidement un coup d’œil aux deux silhouettes qu’elle devinait derrière la porte et qui la surveillaient attentivement pour s’assurer qu’ils n’avaient pas surpris sa remarque. Elle fut vite rassurée. Ils examinaient certainement chacun de ses faits et gestes, oui, IL avait dû donner des instructions très claires : surveillance, qui-vive, méfiance, prudence, mais les sons devaient leur parvenir étouffés et elle n’avait pas parlé bien fort. Elle nota aussi, non sans une certaine satisfaction, que lorsqu’elle s’approchait de cette porte, la tension s’emparait d’eux, leur nervosité était palpable, même au travers de la mince cloison ; Kaori sourit à ce constat et une légitime fierté s’empara d’elle… City Hunter impressionnait… ELLE impressionnait. Que pouvaient-ils craindre ici ? Quelque intimidation ? Quelque confrontation physique ? Quelque incroyable manœuvre dont seuls les plus grands nettoyeurs du monde étaient capables ?… Son corps tout entier se tendit à cette perspective, ses muscles se contractèrent sous la décharge électrique du désir d’en découdre, de se battre et de vaincre ! Le goût de l’action envahit sa bouche, de cette saveur acidulée qu’elle connaissait bien maintenant, après ces nombreuses années en tant que moitié de City Hunter. Oui, l’absence de Keiji, qu’elle vivait comme un abandon, une lâcheté qu’elle ne lui avait pas soupçonnée, avait réveillé en elle l’instinct d’évasion. Cependant, elle dut momentanément se faire une raison, la porte de la cour était fermée, elle était seule et épiée, ne pouvait rien tenter dans cet espace réduit et sans issue. Mais l’idée se frayait un chemin dans son esprit, y gravait les prémices d’un plan. Elle regarda à nouveau vers les deux yakusas et un sourire conspirateur illumina son visage. D’anciens mécanismes, oubliés en quelques jours, se remirent en branle et son cerveau de nettoyeuse lui rappela toutes les informations glanées depuis son arrivée : dédale des couloirs, présence de gardes, la cellule de Chizu ; cette dernière avait d’ailleurs essayé de lui fournir des détails sur le chemin emprunté pour venir la retrouver. C’était approximatif mais pouvait toujours servir. Puis la nettoyeuse se concentra sur ses gardiens, là était le problème, les règles établies par Keiji, suivies à la lettre par ses acolytes, ne permettaient pas de se jouer d’eux, du moins, elle n’avait pas encore trouvé le bon stratagème… Non, pas encore.  

 

 

« Réfléchis Kaori ! », s’admonesta-t-elle.  

 

 

Une légère rougeur empourpra son visage et une moue désabusée fit son apparition sur ses délicieuses lèvres. Comment avait-elle pu perdre de vue à ce point ce qui aurait dû être son premier objectif depuis qu’elle avait été kidnappée ? S’échapper ! Faire honneur à la réputation de City Hunter ! Quelle mouche l’avait piquée ? Elle croisa les bras et réchauffa ses épaules frissonnantes, alors que la réponse à sa question se matérialisa dans son esprit sous les traits d’un homme. Oui, elle devait bien l’admettre… IL lui faisait perdre beaucoup de ses moyens ! Elle ne se reconnaissait plus ! Elle, la tornade ! La belliqueuse ! La suspicieuse ! L’enragée ! L’indomptable Kaori ! S’était transformée en une docile jeune femme, sous le joug d’un homme… son ravisseur... Keiji. Ah ! Il parvenait à ses fins, l’acculant à la faiblesse. A bien y réfléchir, elle en serait presque coopérative et faisait preuve d’une patience inédite.  

 

 

Patiente ?  

 

 

Elle serra les poings devant ce qualificatif, totalement opposé à sa nature. Elle qui d’ordinaire bouillonnait d’impatience… Continuellement… Et là, là ?... Elle attendait patiemment que monsieur lui rende visite, patiemment qu’il lui accorde sa promenade quotidienne, patiemment qu’il daigne lui fournir plus d’informations pour comprendre toute l’histoire. Etait-ce une révélation tardive sur elle-même ? Ou les yeux de braise et la bouche insolente avaient-ils sur elle ce pouvoir là ? Celui de l’adoucir ? De l’assujettir ? De la changer ?  

Et pire que tout, ce mécanisme d’attente l’avait presque amenée à chérir sa captivité, tête à tête ambigu, enivrant et troublant, la livrant à la merci de cet homme, la contraignant à une douce passivité, désamorçant son désir d’évasion.  

 

 

Et il suffisait d’un soir sans lui pour que ce désir renaisse de ses cendres.  

 

 

Elle s’offrit un autre tour dans l’étroitesse de la cour, soupira tout ce qu’elle put, secoua la tête avec frustration et s’immergea à nouveau, malgré elle, dans la conversation du déjeuner… lorsque les yeux de son geôlier avaient pris cette malicieuse expression et que sa bouche, perfide, énonçait ses vérités. Déstabilisantes. Perturbantes. Elle avait suivi les lèvres, fascinée par le spectacle qu’elles offraient, s’attardant sur leur retroussement lorsqu’elles dévoilaient le sourire, leur léger tremblement quand il était question d’Hana ou leur pincement de rage lorsqu’elles éructaient contre… Ryô.  

 

 

Elle s’adossa contre le mur, se souvenant qu’à cet endroit précis, la veille à la même heure, elle lui avait abandonné son bras, faiblesse monumentale, incompréhensible, mais plaisir violent qui avait éveillé son corps au désir. Oh ! Bien sûr son partenaire avait déjà bouleversé ses sens et, souvent, elle s’était surprise à détailler la plastique parfaite du nettoyeur, à imaginer des rapprochements sensuels, des caresses interdites, la merveilleuse complémentarité de leurs corps, mais jamais ces fantasmes n’avaient revêtu le moindre éclat de réalité. Elle sourit au souvenir inavouable de sa main caressant le dos de Ryô, alors que ce dernier dormait du sommeil du juste, le visage caché dans le creux du coude, son dos magnifique offert à sa contemplation voyeuse. Tentation irrésistible. Contact chaud et doux. Dangereusement volé un matin au réveil. Aussi léger qu’une plume. De la pulpe des doigts, sentir les muscles sous la peau qu’elle avait trouvée incroyablement douce. Le tressaillement inattendu qu’il avait provoqué avait terrifié Kaori, son partenaire l’aurait mortellement raillé s’il l’avait surprise ainsi, profitant de son corps parfait, abandonné à sa naïve convoitise. Elle s’était vite enfuie, louant sa bonne fortune : il ne s’était pas réveillé. Et tant mieux ! Car l’humeur massacrante qu’il avait affichée toute la journée lui aurait valu les pires méchancetés si d’aventure, il l’avait prise en flagrant délit de fantasme.  

 

 

Mais ce qu’elle avait vécu hier était… Indescriptible ! Bouleversant de réalité ! Elle avait croisé le regard de feu et ne s’était pas mépris, malgré le déni dans lequel ils avaient tous deux plongé après avoir recouvré leurs esprits. Elle y avait lu le trouble, intense, partagé… Trouble du corps et du cœur… Depuis combien de temps attendait-elle cette même expression dans les prunelles noires d’un autre homme ? Jamais, non jamais Ryô n’avait ressenti ce trouble là pour elle. Keiji, lui, avait perdu pied… cédé à la tentation… pour le regretter aussitôt, certes, mais ses yeux avaient parlé et pénétré en elle, profondément, incendiant ses sens...  

 

 

Cependant, il ne s’agissait pas que de cela. Elle n’était pas femme à subir le diktat des hormones, à perdre la tête pour un assouvissement bestial de désirs refoulés, une pauvre victime des frustrations quotidiennes dans lesquelles elle s’enfermait depuis si longtemps. Non, Keiji n’avait pas touché que son bras. Cet homme, de par sa souffrance, son intelligence, sa maîtrise de lui, son mystère aussi, son charme naturel, son élégance…  

 

Elle stoppa ses pensées et se mordit très fort les lèvres, refusant de poursuivre dans cette voie dangereuse.  

 

 

Finalement, elle loua la présence d’esprit de son geôlier. Eviter qu’ils ne se retrouvent semblait être la meilleure initiative qu’il ait prise depuis longtemps. Un long soupir fit trembler ses lèvres, alors que la brise légère muta en un vent pénétrant, bourrasques imprévues qui balayèrent la cour. Ses cheveux volèrent violemment et le simple T-shirt qu’elle portait se gonfla, tel une montgolfière ; l’effet fut immédiat, un rire bruyant explosa dans sa bouche et elle ne put retenir les gloussements de plaisir qui envahirent sa gorge.  

 

« Eh bien ! Merci de me tenir compagnie ! ». S’adressa-t-elle à son invisible complice, y trouvant une diversion satisfaisante. Ce dernier répondit en s’engouffrant une nouvelle fois sous le T-shirt, caressant le corps étonné de pareille étreinte.  

 

« Si seulement je pouvais te suivre… Voler avec toi !... Loin. » Lui confia-t-elle en proie à une soudaine fragilité. « Emmène-moi !... Loin ! »  

 

 

Il tourbillonna autour d’elle, lui faisant une cour délicate, inattendue. Il décida de s’attarder, renonçant pour quelques minutes à ses violents projets.  

Elle avait toujours admiré le vent, libre, fougueux, aventurier solitaire et indomptable. Par sa nature, il naissait, mourait, puis revenait, selon son bon-vouloir, indifférent à ces autres dont il partageait l’espace. Rien ni personne ne pouvait entraver sa course folle, ne pouvait le contraindre à renoncer à sa conquête aérienne. Il avait le pouvoir de détruire, d’anéantir, ne se privait pas de ce privilège inné lorsque la colère grondait en lui… et il avait cette liberté… indécente. Oui, libre, il était libre, partout présent, insaisissable toujours. Elle écarta les doigts et apprécia la sensation du vent au travers eux, plaisir simple et délicat, caresse douce, sèche… sensuelle. Elle sourit. Le vent s’enroula autour de son bras, faisant voler le tissu sur son épaule, effleurant la peau veloutée qui se couvrit instantanément de frissons. Puis la rafale s’approcha des lèvres pour y cueillir les murmures qui s’en échappaient, confessions abandonnées, tourments avoués… Et il repartit…  

 

 

La cour était à nouveau sereine, le vent l’avait désertée, abandonnant à son tour la moitié du plus mythique duo de justiciers, obéissant à l’impérieux appel de la liberté. Il s’était enfui, poussé par la farouche volonté de ne jamais s’encombrer des états d’âme de ces êtres étranges, les Hommes, perpétuellement ballotés entre devoir et sentiments, indécis par nature, insatisfaits de leur condition, toujours, incapables d’assumer leurs choix, leurs désirs. Le vent fonça dans les rares nuages, les violenta un peu, histoire d’oublier les paroles torturées de la pure jeune fille qu’il avait pris plaisir à caresser. Il l’avait laissée là-bas, à son sort… Qu’aurait-il pu faire d’autre ?  

 

 

 

Elle posa les yeux sur la petite porte qui s’ouvrit. En lieu et place de celui qu’elle attendait débarquèrent les deux gardiens qu’elle commençait à connaître. Il y avait là l’armoire à glace, dont les yeux trahissaient un manque de jugeote évident et puis aussi cet autre yakusa qui la regardait toujours avec un air perçant, les babines relevées, la moue libidineuse. Il la mettait mal à l’aise et elle n’était pas dupe des raisons de ces malsaines œillades. Le malabar se posta sur la gauche et lui fit signe de rentrer, elle s’exécuta et frôla au passage le second qui était resté dans l’entrebâillement de la porte, position stratégique pour effleurer la nettoyeuse. Elle passa à côté de lui et lui offrit un sourire timoré, ce qui, elle le nota immédiatement, eut l’effet escompté, à savoir que sa mâchoire inférieure s’affaissa d’un coup et qu’une vague de chaleur hormonale investit ses pommettes.  

 

Un scénario d’évasion l’assaillit aussitôt et c’est l’esprit en ébullition qu’elle rejoignit sa cellule.  

 

Des bribes de phrases lui parvinrent du couloir vers lequel elle se dirigeait, flanquée de ses deux gardes. Le timbre de la voix ne laissa guère de place au doute… IL était là !... Il discutait avec un homme qu’elle ne connaissait vraisemblablement pas. Elle pressa légèrement le pas afin d’accéder plus vite au virage qui lui permettrait de voir ce fameux couloir qui menait à sa cellule.  

 

 

Impatience…  

 

 

Elle se mordit les lèvres et franchit un peu précipitamment le dernier obstacle qui se dressait entre ses pupilles et son geôlier…  

 

 

Elle le vit.  

 

 

Il se trouvait à cinq mètres environ de sa cellule, absorbé complètement par sa conversation avec le jeune yakusa qu’elle détailla en fronçant les sourcils. Jamais vu. Puis sa vision prit du recul et elle fixa, tout le temps que dura le trajet jusqu’à sa porte, le tableau inquiétant : deux hommes complotant dans un sombre couloir gris. Elle avait volontairement ralenti l’allure et s’attendait, d’un moment à l’autre, à croiser le regard de Keiji. Elle admira la silhouette masculine, gracieuse et élégante, le profil droit, angélique en comparaison de la face cachée, scarifiée, puis la bouche, entrouverte, qui débitait rapidement des phrases qu’elle ne captait pas. Pourquoi cet échange pourtant si proche d’elle ne lui parvenait-il que sous forme de bourdonnements ? Elle s’arrêta devant sa cellule, quelque peu contrariée. Keiji restait stoïque, indifférent à sa présence, obstinément tourné vers son complice, ignorant superbement sa captive. Kaori ne le lâcha pas un instant du regard, bien consciente qu’il ressentait ce poids sur lui, ce défi qu’elle lui lançait de l’affronter. Elle crût percevoir une hésitation, la main trembler, mais il tint bon, et la porte de la geôle se referma derrière elle, dans un bruit sec et métallique, sans qu’ils n’échangèrent le moindre regard.  

 

A peine eut-elle retrouvé sa solitude que le souffle lui manqua et elle dût s’adosser à la maudite porte, reposant entièrement contre elle, ses jambes flageolant, ses prunelles noisette vacillant sous une remontée salée. Elle colla son avant-bras contre sa bouche, ses dents pénétrèrent dans la chair moite pour mieux étouffer le cri qui lui échappait, cri sourd et retenu, douloureux. Ses yeux se fermèrent afin d’accompagner l’éclair qui la transperçait… Elle s’effondra.  

 

 

************************************  

 

 

Deux jours…  

 

Deux jours, qu’elle ne l’avait pas revu !  

 

 

Il était un peu moins de midi. Elle rajusta le corsage noir qu’elle portait afin de faire pigeonner davantage ses seins menus.  

 

- S’il vous plaît… appela-t-elle doucement, collée contre le mur du fond, les bras croisés dans le dos, la poitrine insolente et les cuisses nues, le short en jean couvrant très peu de ses longues jambes.  

 

Elle prit une pose lascive lorsque le judas grinça, dévoilant le regard aiguisé de celui qu’elle souhaitait aguicher.  

 

- Quoi ? Demanda-t-il en scrutant avec intérêt le tableau sensuel qui s’offrait à lui.  

 

- J’ai faim, dit-elle simplement avec un regard des plus suggestifs.  

 

- … Tu mangeras d’ici une demi-heure ! Un peu de patience, le plateau repas va arriver.  

 

Mais il ne referma pas le judas et continua de la mater, sans qu’elle parût s’en effaroucher d’ailleurs. Il ricana. Il avait bien décelé derrière ses airs de sainte nitouche sa véritable nature, elle aimait ça ! Ses yeux semblaient lui crier : « Baise-moi ! » et il sentit une petite pointe d’excitation le titiller.  

 

- C’est que…, dit-elle en se caressant savamment le décolleté, j’ai très envie… de … sushis.  

 

Il déglutit.  

 

- Peut-être que ton… partenaire… pourrait aller m’en chercher, continua-t-elle. Mais attention ! Je suis très exigeante.  

 

Elle n’avait rien trouvé de mieux comme idée ! Des sushis ! A mourir de rire !  

 

- Comme ça, nous pourrions peut-être faire connaissance en l’attendant ? Ajouta-t-elle avec une voix pleine de sous-entendus.  

 

Cette seule perspective fit se tendre le pantalon du yakusa qui ne dut pas faire preuve de grande persuasion pour se débarrasser de son encombrant acolyte au QI de mouche.  

 

 

La porte s’ouvrit, lentement, et Kaori inspira un grand coup lorsque la mine excitée du gardien s’offrit complètement à sa vue, la bosse de son jean ne lui laissant aucun doute quant à la tournure qu’il souhaitait faire prendre à l’entrevue. Elle se força à sourire alors qu’il s’approchait d’elle, l’air vicieux incrusté sur le visage.  

 

La fièvre dans son bas-ventre lui faisait perdre la conscience du danger que représentait la partenaire de Saeba. A ce moment là, seule l’intéressait la position dans laquelle il allait sauvagement la prendre et le plaisir qu’elle allait lui donner.  

 

Arrivé à sa hauteur, il leva la main et la posa directement sur son sein gauche qu’il palpa sans douceur. Elle se tendit imperceptiblement.  

 

- Inutile de faire les présentations si j’ai bien compris, le tança-t-elle.  

 

Il ne répondit pas et posa son autre main sur la joue féminine, la faisant glisser lentement vers le décolleté convoité, un rictus écœurant sur les lèvres. Ce fut le moment qu’elle choisit pour lui décocher un magistral coup de genou astucieusement placé. Elle y mit toute sa rage, toute sa volonté de nettoyeuse et toute sa fierté de femme aussi.  

 

Elle grimaça immédiatement de douleur sous le feu des doigts du yakusa.  

 

- Salope ! Murmura-t-il sous le choc qui le priva de tous ses moyens.  

 

Il ne s’était même pas rendu compte, en se repliant sur lui-même, qu’il avait griffé la poitrine de la prisonnière, refermant instinctivement la main posée sur elle. Quatre larges sillons carmin barraient maintenant la gorge délicate de Kaori, reliant la base du cou à la naissance des seins. Le sang coula légèrement dans son corsage mais la source se tarit rapidement.  

 

- Enchantée, lui répondit-elle. Moi, c’est Kaori.  

 

Un coup sec sur le crâne acheva le pauvre yakusa, et il ne fallut que quelques instants pour que la jeune femme le mette hors d’état de prévenir qui que ce soit, bâillonné, pieds et mains liés avec des bouts de draps. Elle lui prit les clés, plaça le corps dans son lit assez facilement, il ne pesait pas bien lourd, le recouvrit avec la couverture, sortit, referma la porte et se mit en quête d’une sortie. Elle maudit cet imbécile de n’avoir aucune arme sur lui, celle-ci lui aurait été d’un grand secours dans sa périlleuse entreprise.  

 

Elle se dirigea très sûrement dans les couloirs, prenant le chemin inverse de celui emprunté lors de son arrivée. A sa grande surprise, elle ne trouva qu’un garde sur son passage, garde dont elle se débarrassa avec une grande facilité. Les quelques cours de combat en corps à corps pris avec Mick portaient leurs fruits et l’ancien nettoyeur serait très fier de son élève lorsqu’elle lui raconterait comment elle s’était évadée. Avec une discrétion de serpent, elle se faufila à l’abri des regards et s’approcha de la sortie, cette porte par laquelle elle était entrée le jour de son arrivée. Risquant un œil à l’extérieur, elle constata que trois yakusas discutaient dans la grande cour, où était garée une grosse berline noire. Parmi eux, celui qui était censé ramener les sushis et qui, pour l’instant, semblait s’amuser follement avec ses complices, ou plutôt étaient-ce ces autres qui se tordaient de rire à chaque fois que l’idiot ouvrait la bouche. Mais elle ne devait pas s’attarder ici, aussi prit-elle la décision de chercher une autre issue, celle-ci lui paraissant trop dangereuse, il était impossible pour elle, sans arme, de vaincre trois yakusas armés jusqu’aux dents ! Elle ragea d’être si près de la sortie et de devoir rebrousser chemin.  

 

 

Pourtant elle n’avait guère le choix… Peut-être devait-elle essayer de trouver Chizu et de l’emmener avec elle ?... Non, cela n’était pas une bonne idée, la cellule de sa cliente devait, elle aussi, être surveillée de près. Elle pourrait la délivrer plus tard, lorsque Ryô l’accompagnerait, ce serait plus sûr. Pourtant, elle allait devoir investir l’autre aile de la grande demeure et elle savait, d’après les indications de Chizu, que c’était là qu’elle était retenue prisonnière. Kaori décida de foncer, elle prendrait les décisions au fur et à mesure que les obstacles s’opposeraient à elle, dans le feu de l’action.  

 

« L’adrénaline est bonne conseillère », pensa-t-elle.  

 

Elle s’élança dans l’aile gauche, s’égara un peu, dut faire demi-tour. Les minutes s’écoulaient à une vitesse folle et son cœur commença à battre la chamade. Le temps ne jouait pas en sa faveur. Cette maison était immense ! Cependant, point positif, elle avait croisé un autre yakusa qu’elle avait assommé par surprise. Par miracle celui-ci avait une arme qu’elle gardait maintenant précieusement avec elle.  

 

Elle marchait à pas de loup, faisant preuve d’une incroyable souplesse lorsqu’il s’agissait de se dissimuler ou d’une redoutable hardiesse pour éviter les deux gardes qui déambulaient dans les couloirs. Il faut bien dire qu’ignorant qu’une évadée se promenait dans la maison, ils n’étaient guère sur le qui-vive et faisaient même preuve d’une étonnante léthargie, harassés par l’inactivité.  

 

Elle se pencha pour entrevoir ce qui se passait dans un couloir d’où s’élevaient quelques voix masculines. Elle reconnût immédiatement le yakusa qui avait conversé avec Keiji devant sa cellule. Là, il riait discrètement avec un autre garde. Ces deux là semblaient ne pas être des brutes épaisses et elle comprit immédiatement que la porte devant laquelle ils étaient postés était la geôle de Chizu. Elle sourit de reconnaissance. IL avait certainement choisi les yakusas les moins caricaturaux, les plus « délicats » pour assurer la surveillance de sa cliente. Celle-ci étant d’une grande fragilité, cela lui évitait d’avoir, en plus du reste, à subir la rudesse de rustres mal dégrossis. Elle en éprouva de la gratitude envers celui qui, malgré tout, était à l’origine de la situation. Elle caressa l’arme froide qu’elle avait dans la main, elle n’avait guère le choix, elle devrait s’en servir pour libérer Chizu et s’enfuir.  

 

 

Elle eut un soudain pressentiment, un frisson, un regard sur elle, et se retourna... Personne.  

 

 

Reprenant vite contenance, elle observa les deux comparses avec intérêt. Le problème c’est que les détonations allaient interpeller les autres, ils allaient vite rappliquer. Quoi faire ? Elle ne voyait pas comment agir différemment, et puis, elle aurait toujours un peu d’avance sur eux. Elle vérifia le nombre de balles dans le chargeur et fut satisfaite, il était plein. Elle prit le temps de réfléchir, elle ne pouvait quand même pas abandonner maintenant, si près du but, Chizu ne se trouvait qu’à quelques mètres, elle devait courir le risque d’une confrontation.  

 

« Que ferais-tu Ryô ? »  

 

A nouveau, elle ressentit une présence et se retourna brutalement. L’aura s’évapora aussi vite qu’elle l’avait perçue. Elle fronça les sourcils, ses capacités lui jouaient-elles des tours ? Il était évident qu’il n’y avait personne, on ne la laisserait pas ainsi, libre de ses mouvements, on donnerait l’alerte !  

 

Ah, il était temps d’en finir… !  

Elle se concentra à nouveau sur les deux gardiens, les fixant avec détermination, comme on fixe une cible, les pulsations de son cœur frappaient contre ses cotes et sa gorge se fit sèche au moment où elle décida de l’assaut. Elle arma le chien et s’apprêta à bondir lorsque… deux mains puissantes la plaquèrent contre le mur, court-circuitant l’élan, l’impulsion qui ébranlait son corps et son esprit. Elle faillit hurler mais les mains furent plus agiles, l’une la désarma avec une déconcertante facilité, l’autre se plaqua contre sa bouche, empêchant le cri de s’échapper et, simultanément, le corps de son agresseur se colla au sien dans l’intention de lui interdire tout mouvement.  

 

Une onde de désespoir l’envahit lorsque ses yeux rencontrèrent les billes de braise, dures, braquées sur elle avec intransigeance.  

 

Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne concède quelques mots, sans toutefois relâcher son étreinte sur elle.  

 

- Grosse bêtise Kaori ! Vous rendez-vous seulement compte que ce que vous vous apprêtiez à faire aurait pu très mal tourner ?  

 

Il avait murmuré et elle comprit qu’il ne souhaitait pas alerter les deux yakusas qui se trouvaient tout près. Keiji était tellement proche d’elle que la main collée à sa bouche ne lui permettait pas de voir les lèvres redoutées, elle n’avait que son regard dans son champ de vision.  

 

Elle opina négativement du chef, ce qui induit immédiatement chez lui un sourire de vainqueur.  

 

- Ttttt… je vous laisse deux jours et vous en profitez pour jouer les rebelles… Ce n’est pas raisonnable, lui chuchota-t-il à l’oreille, profitant de la proximité avec sa captive pour humer la délicieuse odeur qu’elle dégageait.  

 

Les corps se tendirent et il desserra doucement ses mains, sans pour autant abandonner la position. Cependant le peu de recul qu’il prit suffit à Kaori pour dévisager entièrement son interlocuteur.  

 

- Ne soyez pas déçue Kaori, lui dit-il devant l’air désespéré de sa captive, cela fait quelques minutes que je vous suis. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre ce que vous tramiez lorsque j’ai vu votre gardien dehors ricaner bêtement, alors qu’il ne devait quitter son poste sous aucun prétexte. J’ai très vite retrouvé le nigaud que vous avez admirablement maîtrisé. Félicitations !... Et après, j’avoue avoir eu peur que vous n’ayez réussi à vous enfuir. Mais la chance est encore de mon côté, semble-t-il.  

 

Il afficha un air satisfait tandis que les yeux de Kaori se voilèrent de tristesse. Elle soupira et ce soupir vint mourir entre les doigts de Keiji ; la chaleur du souffle se communiqua à la paume toute entière et il ne put s’empêcher de regarder sa main d’un air rêveur puis de relever lentement les yeux afin de jeter un regard troublé aux iris noisette. Le tressaillement de la bouche, qu’il sentit au travers de ses doigts, accentua encore sa confusion. Il ne chercha pas à la dissimuler, acceptant l’émoi interdit, l’assumant même, devant sa prisonnière ; elle fut étonnée de cette nouveauté dans leur relation, aurait voulu relever avec une ironie acide cette faiblesse, mais le bâillon chaud et doux qui entravait sa bouche l’obligea à renoncer à sa belliqueuse défense et à subir l’ambre délavé qui courrait maintenant sur elle.  

 

Lentement, il avait laissé couler son regard sur le cou délicat, puis sur toute la silhouette.  

 

Elle le laissa faire, subissant la caresse qu’il déposait sur elle, incommodée par la douceur du rapprochement. Il lâcha prudemment la main de la nettoyeuse pour effleurer les griffes atroces qui déchiraient sa gorge. Il fronça les sourcils puis releva les yeux pour rencontrer à nouveaux ceux de sa prisonnière.  

 

- Vous jouez avec le feu…  

 

Elle releva le bras et saisit le poignet qui la condamnait au silence dans le but de lui faire lâcher prise… Mais il ne l’entendit pas ainsi, souhaitant prolonger un peu l’étreinte délicieuse qu’il lui volait. Aussi, se rapprocha-t-il à nouveau d’elle, jusqu’à deviner les courbes de son corps contre le sien, appréciant les sensations interdites que ce contact fit naître en lui et qu’il maîtrisa sans peine, puis appuya sa bouche contre le dos de sa propre main et défia le regard écarquillé de surprise.  

 

- Allez-y Kaori ! Retirez cette main gênante !  

 

Interloquée, elle cessa la pression qu’elle mettait sur le poignet ; si celui-ci cédait, aucun obstacle n’empêcherait les deux bouches de se rejoindre. Il se rapprocha encore et les nez s’effleurèrent. Elle ne sut que penser de la manœuvre, soupçonnant une provocation moqueuse, et resta interdite de longues secondes. Que voulait-il ? Elle se mordit les lèvres et parut désemparée ; il perçut la tension et le malaise qui s’emparaient d’elle. Il décida alors de mettre fin à ce petit jeu qui, visiblement, déplaisait à la nettoyeuse. Il se décolla et se mit à rire bruyamment, attirant par la même occasion les deux yakusas postés plus loin.  

 

- Je vous ramène à votre cellule City hunter !... Mais je ne laisserai plus un autre que moi s’occuper de vous. Vous êtes trop dangereuse ! Dit-il, en insistant sur la dernière phrase  

 

 

 

*********************************************  

 

 

 

- Allo, dit le nettoyeur en décrochant le téléphone.  

 

- C’est moi.  

 

- Je m’en doutais, répondit-il en reconnaissant la voix ennemie. Comment vont-elles ?  

 

- Plutôt bien… Chizu est calme… Quant à Kaori, elle est fidèle à ce qu’elle est !  

 

- Ce qui veut dire ? S’enquit le nettoyeur, entrant volontairement dans le jeu du ravisseur.  

 

- Elle m’a donné du fil à retordre aujourd’hui, la bougresse !  

 

Une lueur malicieuse éclaira l’ambre de ses yeux et un sourire haineux étira ses lèvres.  

 

- Explique-toi !  

 

- Oh ! Elle m’a déçu ! Elle a essayé de me fausser compagnie, de s’enfuir !  

 

- Et échoué…, conclut à regret le nettoyeur. Mais cela prouve au moins qu’elle n’apprécie pas ta compagnie comme tu sembles apprécier la sienne ! Ajouta-t-il d’un air narquois.  

 

- Cela n’est pas aussi simple ! Crois-moi !... Je n’ai pas la prétention d’annihiler ce qu’elle est… Elle reste la digne partenaire du plus grand nettoyeur du monde, dit-il moqueur, ça n’en est que plus excitant et troublant de la voir succomber !  

 

- Ta gueule ! Arrête ton délire ! Hurla-t-il, alors qu’une jalousie non fondée s’insinua en lui, se mélangeant à la haine incommensurable que lui inspirait cet ennemi hors norme.  

 

- Ah ! Ah ! Ah ! Calme-toi voyons ! Jubila Keiji.  

 

- Quand est-ce qu’il se finit ton petit jeu sadique ?... J’en ai vraiment marre là !  

 

- Je te rejoins sur ce point, répondit le téléphone à la grande surprise du japonais. D’ici trois jours, tout est terminé…  

 

- Trois jours ? Répéta-t-il d’une voix presque inaudible… Et pourquoi pas maintenant ? Ne crois-tu pas qu’il est temps que toi et moi, nous nous affrontions à la loyale ? Que j’éclate ta petite cervelle de moineau ?  

 

- Ne sois pas si pressé Saeba… Et perds ton arrogance, rien ne présage de ta victoire. Je ne suis pas stupide au point de n’avoir pas prévu les moindres détails de notre duel.  

 

- Ne t’inquiète pas, microbe ! Je ne suis pas prêt à te sous-estimer. Je ne ferais pas deux fois la même erreur. Quant à notre duel, je risque de beaucoup te surprendre…  

 

- Oh ! Je suis convaincu que j’aurais face à moi le Grand City Hunter… Mais il me reste encore trois jours pour peaufiner mon plan.  

 

Keiji sourit. Son plan ? Cela faisait belle lurette qu’il était écrit. Et dans les moindres détails…  

 

- Bon, ajouta-t-il. Il est temps que je rejoigne Kaori. Il va être l’heure pour elle de se détendre un petit peu. Et puis, … je vais vérifier que sa blessure va mieux.  

 

- Quoi ? Quelle blessure ? S’enquit Ryô légèrement inquiet.  

 

- Rien de grave, l’assura le ravisseur. Le gardien qu’elle a tenté de séduire pour mieux l’assommer l’a griffée jusqu’au sang.  

 

- Séduire ? Répéta-t-il, incrédule.  

 

- Je te l’ai dit Saeba. Ta partenaire est une tornade et il n’est pas aisé de la dompter, elle prend même des initiatives qui la mettent en danger…  

 

- Je sais, je la connais ! coupa-t-il sèchement.  

 

Keiji sourit à cette interjection. Il savait que les détails qu’il fournissait à Saeba au téléphone le torturaient. Et même s’il s’en défendait et faisait mine d’être indifférent, ses intonations, sa respiration saccadée ne laissaient aucun doute.  

 

 

- Je te laisse Saeba… Elle doit m’attendre là et je ne voudrais pas abuser de sa patience…  

 

Le silence prit possession du combiné que le nettoyeur s’obstinait à garder en main. Un mauvais pressentiment lui fit retrousser les babines.  

 

 

 

******************************************************  

 

 

La porte de la geôle s’ouvrit après qu’il eut frappé, comme à l’accoutumée.  

 

- Bonsoir.  

 

- Bonsoir, répondit-elle simplement, se tournant vers lui.  

 

- Remise de vos émotions ? S’enquit-il avec sollicitude.  

 

- Je serais remise lorsque je serais de nouveau libre de mes mouvements. Je n’en peux plus d’être retenue prisonnière ici.  

 

- Bientôt, lui sourit-il.  

 

- C’est quand bientôt ?  

 

- Trois jours.  

 

Elle le regarda, intriguée par la précision de sa réponse.  

 

- Alors tout est vraiment bien orchestré ! Cette date était décidée depuis longtemps, je suppose.  

 

- Vous supposez bien mademoiselle Makimura, répondit-il en détaillant avec intérêt sa captive.  

 

Kaori avait changé de tenue, celle qu’elle portait lui correspondait infiniment mieux, elle était vêtue d’un pantacourt en lin beige et d’une tunique en coton noir, d’encolure assez large et elle avait replié les manches jusqu’au coude. Dans les pieds, une paire de spartiates noires, toute simple, qu’elle portait en permanence, mettait en valeur la finesse de ses chevilles. Quelle idée avait-il eu de lui proposer, au milieu de la garde robe spécialement apprêtée pour elle, le corsage sexy et le short incendiaire qu’elle portait le matin !  

 

- Promenade ? Proposa-t-il.  

 

- Et où m’emmenez-vous ? Lui demanda-t-elle par défi.  

 

Il sourit et lui fit signe de passer devant :  

 

- Vous connaissez le chemin n’est-ce pas ?  

 

- Tu parles que j’le connais, marmonna-t-elle en passant devant lui.  

 

Qu’elle détestait cette cour ! Désespérante ! Humiliante !  

 

 

- Je déteste cette cour, lui dit-elle en le regardant avec rancœur.  

 

- Je peux vous comprendre.  

 

- N’y a-t-il pas moyen d’aller ailleurs ?  

 

- Je peux peut-être vous inviter au restaurant ? Proposa-t-il d’un air faussement sérieux.  

 

- Très drôle ! Lança-t-elle. Ecoutez, je sais qu’il y a une autre cour dans la maison, plus grande et moins déprimante, peut-être…  

 

- Impossible, la coupa-t-il sèchement. Mais si cela vous dérange vraiment, je peux vous ramener dans votre chambre.  

 

- Ma « chambre » ? Vous plaisantez là ? Vous appelez ça une chambre ? Une cellule oui ! Invivable ! A la merci du regard de vos complices ! Ces obsédés écœurants… On a l’impression d’être en prison… Entre la promenade quotidienne, la surveillance, l’exigüité des lieux, le manque d’intimité…  

 

- Vous exagérez.  

 

- NON, je n’exagère pas ! Et moi je suis ici pour quoi ?... Dites-moi Keiji ! Je suis innocente et vous me traitez comme la pire des criminelles !  

 

Elle s’était approchée de lui et crachait sa hargne, espérant le voir réagir mais il resta fidèle à lui-même, incroyablement calme.  

 

- Croyez-moi, vous exagérez ! Vous ne connaissez rien des conditions carcérales de ce pays.  

 

Un air suspicieux se peignit immédiatement sur l’adorable bouille de la nettoyeuse, ce qui fit sourire son ravisseur.  

 

- Vous avez fait de la prison ?  

 

Il acquiesça.  

 

- Pas étonnant pour un homme comme vous ! Vous êtes nécessairement rattrapé un jour ou l’autre par vos exactions.  

 

- Oh ! Vous êtes un peu expéditive là Kaori, non ? Il ne vous paraît pas INDECENT que votre partenaire, avec tous les cadavres qu’il a semés un peu partout, échappe depuis toujours à la justice ?  

 

- Ryô est un justicier, il est du bon côté.  

 

- Effectivement, ça change tout ! Reconnut-il, passablement irrité.  

 

Kaori l’observa avec intérêt, cherchant à lire dans le regard ambré.  

 

- Combien de temps avez-vous passé en prison ?  

 

- Un peu moins de neuf années, avoua-t-il. Je suis sorti l’année dernière.  

 

- Oh… Répondit-elle.  

 

- C’est très long oui, ça m’a laissé le temps de réfléchir, de préparer…  

 

- De nourrir votre haine pour nous !  

 

- Pour lui. Rectifia-t-il.  

 

- C’est pareil…  

 

Ils s’observèrent quelques instants.  

 

- Pourquoi ?  

 

Il ne saisit pas la question et la regarda d’un air interrogateur.  

 

- Pour quelle raison êtes-vous allé en prison ?  

 

- Pour meurtre, répondit-il sans détour, soutenant la désapprobation qu’il lisait sur le visage de la nettoyeuse. Mais rassurez-vous… Crut-il bon de préciser. Je n’ai jamais tué que des criminels.  

 

- Ryô n’est pas un criminel ! déclara-t-elle.  

 

Il sourit franchement à la remarque des plus judicieuses à ce moment de leur conversation.  

 

- Neuf années pour un meurtre, on a été particulièrement clément avec vous, ajouta-t-elle afin de ne pas lancer la conversation sur son partenaire, elle n’en avait pas envie.  

 

- Ma condamnation était plus importante ! J’ai eu quelques remises de peine et … des circonstances atténuantes… Mais NON, je n’ai pas forcément eu l’impression que l’on était particulièrement clément avec moi.  

 

- Ce meurtre…, insista la nettoyeuse, c’était une vengeance pour la mort de votre sœur ?  

 

Il fronça les sourcils, il connaissait dans les moindres détails la chronologie des faits, il pourrait préciser les dates, les heures de chaque élément conduisant à la destruction de sa vie et y associer toutes les sensations, les douleurs insupportables qui les avait accompagnés.  

 

- Vous êtes bien trop curieuse Kaori, répondit-il en se rapprochant d’elle. C’est un vilain défaut.  

 

 

Il lui pointa le bout du nez comme on le ferait à une enfant. Elle chassa le doigt accusateur et haussa les épaules.  

 

- Vous n’êtes pas très coopérant, il faut bien l’avouer !  

 

Elle alla s’adosser contre le mur, face à lui, les bras croisés sur la poitrine, et elle le fixa, tentant de lire dans ses pensées… Il ne tenta pas de se soustraire au regard inquisiteur, bien au contraire, il le soutint.  

 

- Pourquoi m’avez-vous laissée seule pendant deux jours ?  

 

- … Vous n’étiez pas seule ! Nuança-t-il.  

 

- Ne noyez pas le poisson, Keiji. Pourquoi avoir cessé de m’accompagner alors que vous le faisiez à chacune de mes sorties ?… Ici.  

 

Elle désigna la cour avec sa main, décrivant un demi-cercle.  

 

- Dans cet endroit merveilleux, ajouta-t-elle malicieusement.  

 

Il émit un petit rire. Elle s’approcha de lui dans la foulée, ne stoppa qu’à quelques centimètres et planta ses yeux dans les siens  

 

- Je n’en peux plus de cet endroit, Keiji ! J’étouffe ici, j’ai besoin de sortir. Maintenant ! Emmenez-moi où vous voulez… Il fait nuit, personne ne nous remarquera. Je vous promets d’être sage, de ne pas chercher à m’enfuir. Je veux juste avoir autre chose que la grisaille devant les yeux, je veux respirer, marcher, vivre un peu. S’il vous plaît.  

 

Il ne quittait pas le regard implorant de sa captive, les sourcils froncés. Il s’apprêta à protester et sa bouche s’ouvrit. Elle ne lui laissa pas le temps d’interjeter :  

 

- Faites-moi confiance ! Je vous donne ma parole !  

 

Il baissa la tête et regarda ses mains, prisonnières de celles de Kaori. Bien sûr, la chaleur du geste, la lueur sincère des prunelles noisette, la posture droite et honnête du corps gracile le touchèrent. Cependant, il devait refuser, une petit voix lui hurlait de refuser, sa vengeance l’enjoignait de refuser, sa raison lui ordonnait de refuser...  

 

- D’accord, répondit-il simplement, dans un murmure.  

 

Kaori déglutit, heureuse de l’avoir convaincu, un peu surprise aussi car elle n’avait pas cru une seule seconde à la victoire, mais contre toute attente, il accédait à sa requête. Un étrange sentiment de plaisir l’envahit à l’idée de sortir de ce lieu où elle vivait recluse depuis une semaine maintenant. Il la poussa doucement vers la sortie de la cour, puis la saisit par le bras et la conduisit dans ces mêmes couloirs, là où, le matin même, elle avait tenté de fuir.  

 

 

Ils croisèrent deux yakusas qui les regardèrent avec étonnement mais Keiji fit quelques gestes qu’elle ne distingua pas et qui dissipèrent immédiatement les craintes de ses complices. Puis ils sortirent dans la grande cour et il la fit monter sur le siège passager d’une voiture, les vitres de cette berline de luxe étaient fortement teintées et on ne distinguait rien vu de l’extérieur. Après s’être installé à ses côtés, il se tourna vers elle et lui tendit un bandeau noir :  

 

- Je suis désolé Kaori, mais vous comprendrez que je vous demande de porter ce bandeau afin de vous maintenir dans l’ignorance du lieu de votre captivité.  

 

Elle acquiesça et se banda les yeux. La voiture démarra. Ils roulèrent ainsi une bonne demi-heure, puis la voiture se gara. Keiji sortit du véhicule puis vint lui ouvrir la porte et lui retirer le bandeau :  

 

- Nous sommes arrivés…  

 

Elle se mit à trembler en sortant de la voiture et vit qu’ils étaient tout près d’un parc. Celui-ci était bien sûr fermé à cette heure tardive mais Keiji l’entraîna tout de même vers la grille.  

 

- Avez-vous déjà fait le mur Kaori ? Lui demanda-t-il en se tournant vers elle.  

 

- Des centaines de fois ! Lui répondit-elle en souriant.  

 

- Alors venez !  

 

 

Il l’aida à escalader un muret et elle passa sans peine au-dessus de la grille, il la suivit avec une agilité déconcertante. Et en se réceptionnant à ses côté, il lui confia :  

 

- J’adore ce parc… Je venais souvent ici avec mes parents quand on rendait visite à Hana. Je vous ai dit qu’elle était à Tokyo pour ses études ?  

 

- Oui.  

 

 

Elle le gratifia d’un sourire désarmant, aussi il se concentra sur l’allée qu’ils venaient d’emprunter, celle-là même où le nettoyeur l’avait surpris quelques jours auparavant.  

 

« Quelle ironie du sort, hein Saeba, que je me promène avec ta belle partenaire à l’endroit même où tu as failli m’attraper ! Tu enragerais si tu savais !... »  

 

 

Le parc était désert et sombre, seule la lune éclairait les deux promeneurs, accompagnant discrètement leurs déambulations. Les parfums enchanteurs des fleurs et des arbres en pleine luxuriance à cette période de l’année, appâtaient les narines attentives, comblaient les sens en alerte des hôtes clandestins du jardin. Ils marchaient côte à côte et les bras nus s’effleuraient par moment, contacts fortuits, embarrassants, mais grisants. Les flâneurs silencieux ne cherchèrent pas, malgré leur confusion, à les éviter, ils investissaient au contraire tous leurs sens dans ces quelques centimètres carrés d’épiderme.  

 

 

Kaori emplit ses poumons d’air pur et chaud, inspirant profondément, fermant les yeux pour sentir le souffle vital pénétrer en elle. Il l’observa à la dérobée, intrigué par la respiration profonde de celle qui l’accompagnait, ses yeux se perdirent sur la gorge qui se soulevait en rythme. Il resta fasciné par le mouvement cadencé de la poitrine mais, très vite, la vision des griffes infâmes sur le cou innocent le culpabilisa et il se détourna de la vision enchanteresse. Ils arrivèrent à la fontaine géante qui trônait au centre du parc, évidemment les jets s’étaient tus, et c’est l’eau limpide et calme du bassin qui les accueillit avec une fraîcheur bienfaitrice.  

 

 

Kaori troubla la surface du bout des doigts et un léger frisson, délicieux par cette chaleur, courût le long de son bras. Elle regarda l’homme qui s’était assis sur le rebord du monument, il semblait perdu dans de bien sombres pensées. Une idée saugrenue l’assaillit et elle y répondit sans se poser de question.  

 

 

Il sursauta lorsque les gouttes fraiches s’abattirent sur lui et sourit au défi qu’elle venait de lui lancer.  

 

- Oh, Kaori ! Vous allez perdre à ce jeu-là contre moi !  

 

- Je ne perds jamais ! Renchérit-elle.  

 

Un petit cri lui échappa lorsqu’elle reçut dans les cheveux une giclée d’eau froide, elle en lança une en retour sur son agresseur qui l’évita avec souplesse. Keiji ricana alors qu’il la poursuivait et qu’elle fuyait en tournant autour de la fontaine.  

 

- Encore touchée ! Lui lança-t-il en riant franchement.  

 

Kaori était verte de rage, cela faisait quatre coups d’affilés qu’il réussissait à l’arroser alors qu’elle n’était parvenue à le toucher qu’une seule fois.  

 

- STOP ! Cria-t-elle. On arrête… J’admets avoir perdu. Mais là, je suis trempée.  

 

Il s’approcha d’elle et constata avec fierté que les cheveux acajou dégoulinaient. Il la toisa l’air victorieux :  

 

- Petite joueuse ! Vous ne faites pas le poids contre moi…  

 

Il avait à peine fini sa phrase qu’une énorme vague lui éclaboussa le visage et qu’un rire cristallin et comblé éclata dans le jardin.  

 

- Sale tricheuse ! Jura-t-il, hoquetant de surprise.  

 

- Je vous ai dit que je ne perdais jamais !  

 

Il l’attrapa par la taille alors qu’elle prenait ses jambes à son cou, voulant échapper à la vengeance de son geôlier.  

 

- Pas si vite ! Lui dit-il.  

 

Il la retint et l’attira contre lui, ses mains se rejoignirent sur son ventre, verrouillant ainsi toute tentative de fuite. Elle rit encore, balançant sa tête en arrière, offrant ainsi son cou au regard brulant qu’elle ne pouvait surprendre et essaya d’ouvrir les bras qui la séquestraient. En vain. C’est seulement en sentant le souffle de Keiji dans sa nuque qu’elle prit vraiment conscience de l’ambiguïté de la position.  

 

Ils restèrent immobiles. Kaori se mordit la lèvre et tenta de reprendre ses esprits, embrouillés par le contact tentateur des lèvres sur son cou palpitant.  

 

 

- Retourne-toi ! Lui chuchota-t-il à l’oreille alors qu’il relâcha doucement son étreinte afin qu’elle puisse amorcer un demi-tour dans ses bras.  

 

Elle resta interdite, en proie au désarroi le plus total.  

 

- Pardon, dit-il à haute voix, tout en décroisant ses doigts pour la libérer totalement.  

 

- Non, osa-t-elle dans un souffle alors que ses mains empêchèrent ses homologues de s’effacer de son ventre.  

 

Très lentement, elle se retourna pour affronter l’ambre en flamme dans les yeux de celui qui bouleversait ses certitudes, appréhendant l’instant où elle ne pourrait que se soumettre à la loi des iris dorés. Elle saisit avec délice le tremblement du corps contre lequel elle glissait afin de lui faire complètement face, la caresse des mains qui, avec le mouvement, frôlaient sensuellement les contours de sa taille.  

 

 

Lorsque le demi-tour fut totalement terminé, elle leva les yeux, appréciant tous les détails rencontrés, prenant le temps de les graver un à un dans sa mémoire : du cou fin et délicat, en passant par le fier menton, la bouche sans sourire au moment où elle la contempla, charnue, dangereuse, puis, elle remonta vers le nez, s’attarda sur la cicatrice, seul indice témoignant de l’infamie de l’homme qui la tenait dans ses bras. Elle se raidit, y vit la marque de son partenaire, secoua la tête, fronça les sourcils, se débattit avec ses doutes, s’arracha aux dernières hésitations qui l’habitaient encore puis chercha avec appréhension le regard enfiévré, s’y accrocha, s’y abandonna.  

 

Il avait assisté au combat intérieur, conscient de représenter bien plus qu’un simple galant, il personnifiait la captivité, le danger, pour elle, pour sa cliente, pour son partenaire… Saeba… L’ombre de Saeba planait d’ailleurs sur cet étrange spectacle. Il le savait. Il devinait le nettoyeur dans le cœur de Kaori, dans ses yeux voilés de réticences, et Saeba était aussi présent en lui, dans sa propre tête, à ricaner comme le diable, trop content de voir son ennemi juré à genou devant sa partenaire. S’il cédait au feu qui le consumait, qu’adviendrait-il de sa vengeance ? De sa mission sacrée ? Pourtant, seul le regard confiant de Kaori lui importait à ce moment et il chassa le rire satanique de son esprit pour se concentrer sur le visage angélique qu’elle lui tendait.  

 

Une main quitta le creux de son dos pour se poser avec douceur sur sa joue, le pouce caressa l’arête de son nez et frôla ses lèvres. Keiji fixa la bouche féminine de longues secondes puis, reprenant possession du regard noisette, demanda d’une voix rauque :  

 

- Je peux ?  

 

Elle déglutit d’appréhension et un léger hochement de tête, presque imperceptible, répondit à la question.  

 

La main qui s’était installée dans son dos se réveilla et incita le rapprochement des deux corps, alors que l’autre guidait le visage, impatient, vers les lèvres ennemies. Le premier contact fut d’une chaste légèreté, les deux bouches ne firent que se toucher, sans le moindre mouvement, comme pour se donner une dernière chance d’échapper au feu qui couvait. Mais l’acceptation réciproque faisait son œuvre, tissant des liens invisibles et irrésistibles, les souffles se mêlèrent, les yeux, toujours ouverts, se sondèrent et les courbes de l’un s’abreuvèrent des courbes de l’autre. Le pouce de Keiji appuya sur le menton et força la bouche à s’entrouvrir ; il put alors, à loisirs, happer avec douceur la lèvre inférieure de la nettoyeuse puis passer à l’autre, mêler sa langue à la succion de ces deux tentatrices, mordiller chacune d’elle jusqu’au soupir de plaisir que sa captive lui abandonna et qui l’incita à en vouloir plus. Il se détacha un peu pour emmêler une dernière fois leurs regards consentants. Elle enfonça alors ses doigts délicats dans la tignasse ébène et s’engagea dans la bataille en allant elle-même chercher le baiser profond et passionné dont elle avait envie.  

 

Pour la première fois les yeux se fermèrent, les bras féminins s’enroulèrent autour du cou, alors qu’il la retenait contre lui, presqu’en lui, un bras autour de sa taille, l’autre dans ses cheveux pour maintenir l’étreinte jusqu’à l’étouffement. Les langues s’étaient rencontrées, tout d’abord impressionnées par le premier contact, électrique, timide, puis subjuguées par les sucs enivrants, les gouts merveilleux de l’autre. Elles se firent acérées pour provoquer le plaisir, exigeantes dans les réponses que le souffle leur accordait, vexées lorsque l’autre feignait d’abandonner la partie puis exaltées lorsqu’il fallut capituler sous les soupirs du désir qui, irrémédiablement, enflammait les deux corps.  

 

- Sais-tu que tu es la vie Kaori ? Lui demanda-t-il alors qu’il échappait aux assauts des lèvres insatiables, le souffle court.  

 

- Alors accroche-toi à moi ! Lui ordonna-t-elle en l’attirant à nouveau contre elle.  

 

Il rit et l’entraîna un peu plus loin, contre un arbre. Il caressa doucement la peau délicate de son cou et baisa doucement les griffes ; elle le contempla, consciente du symbole qu’elles représentaient et du sentiment de culpabilité qu’il ressentait. Mais les lèvres migrèrent rapidement vers le cou offert, y cherchant les zones les plus délicates, les plus sensibles. Il sourit de fierté lorsque Kaori s’agrippa à ses épaules, se cambrant sous l’extase des baisers brulants, tentant d’échapper aux exquises sensations, presqu’insupportables, que la langue experte faisait naître dans son cou. Il la maintint fermement, empêchant l’épaule de le chasser et redoubla de rage sous les gémissements indécents qu’elle ne maîtrisait plus, les frissons investissant tout son corps et les bulles explosant dans son ventre creusé. Elle parvint à glisser ses mains sous le T-shirt de coton, caressant la peau imberbe, étonnée de la chair de poule qui naissait sous ses doigts, excitée par le souffle court qui accentuait encore le plaisir insoupçonné dans son cou.  

 

Il quitta pourtant le berceau de plaisir qu’il avait déniché au creux de son épaule, glissa sur le menton pour mieux se réapproprier les lèvres esseulées qui s’ouvrirent instantanément. Les yeux se rencontrèrent un instant pour mieux se refermer et Keiji osa remonter sa main, en une délicate caresse, abandonnant la taille pour effleurer, au-dessus de la tunique, la rondeur coquine. Il savait qu’elle ne portait rien en-dessous, ce détail, saisi à l’improviste lors de la bataille d’eau, n’avait eu de cesse de le tourmenter et d’enflammer ses mains du désir de toucher les monts tentateurs, aussi, les détails du mamelon sous ses doigts légers lui firent tourner la tête et son corps, collé à celui de Kaori, laissa deviner le trouble manifeste dont il était l’heureuse victime. Elle sursauta et il adora la teinte rosée de ses joues, qu’il contempla longuement. Puis, s’écartant un petit peu et s’accrochant au regard de la nettoyeuse, il fit glisser doucement la tunique sur son épaule, accompagnant le tissu d’une caresse légère sur la peau veloutée, incroyablement sensible. Lorsque l’objet de ses convoitises apparut enfin, dévoilant l’exquise rondeur, il baissa les yeux et se mordit les lèvres, désespéré par l’incandescence qu’il ne maîtrisait plus et qui ravageait son bas-ventre.  

 

« Attention Keiji ! Ne vas pas trop loin ! » Tenta-t-il de se raisonner.  

 

 

Kaori ne lâcha pas un instant les yeux dorés durant toute la descente de sa manche le long de son bras. Les regards s’entremêlèrent délicieusement et une complicité merveilleuse naquit de cet échange. Elle vit les paupières se baisser lorsque son sein gauche s’offrit à sa vue puis, lorsque les iris remontèrent, elle y lut un trouble si profond, si intense, qu’elle posa complètement sa tête contre l’arbre, lança son bras vers le visage adoré, l’attira vers elle et l’invita à savourer le fruit qu’aucun autre avant lui n’avait pu gouter.  

 

Les sensations explosèrent en elle lorsqu’il s’attaqua avec passion à la poitrine tendue par le désir. Les caresses appuyées, les effleurements aériens, la langue audacieuse, les doigts agiles, les dents carnassières firent voler en éclats les dernières barrières et c’est le désir urgent, impatient de le sentir en elle qui s’imposa à tout son corps. Elle aurait souhaité enrouler ses cuisses autour de sa taille, sentir avec plus d’insistance le sexe dur contre son entrejambe, l’obliger à se coucher sur elle, qu’il pèse de tout son poids sur son corps, étouffer sous ses caresses.  

 

Il la sentit complètement abandonnée, ses mains l’incitant à plus de rudesse, ses doigts s’enfonçant dans son dos, les ongles agressifs, elle ne retenait plus maintenant les gémissements évocateurs, rauques, suppliants presque. Il oublia les sages résolutions, l’immoralité de profiter d’elle dans les circonstances actuelles, sa captivité, et laissa ses mains œuvrer dans l’objectif de la faire sienne. Elles caressèrent fermement les fesses, contraignirent les cuisses à s’ouvrir légèrement et se colla dans l’espace libéré afin de lui communiquer la fièvre qui l’égarait.  

 

Toute au plaisir de l’étreinte plus brutale, elle obligea les lèvres brulantes qui dévoraient son cou à remonter vers son visage et les happa avec voracité. Le baiser s’effaça pour laisser place à un sourire victorieux ; elle aurait voulu manger cette bouche insolente qui lui refusait l’exquis attouchement auquel elle aspirait de tout son être, mais elle comprit le succès qu’il couronnait, les doigts experts avaient eu raison du bouton de son pantacourt et elle eut le souffle coupé lorsque les mains intimidées caressèrent les douces joues de son séant et qu’aucun tissu ne séparait plus les paumes chaudes de ses rondeurs enivrantes.  

 

Il la colla à lui et imprima au bassin accueillant le rythme qui commençait à l’envahir. Bercée par les mains cajoleuses, noyée sous les bulles qui explosaient dans son ventre, elle céda complètement, abandonnant sciemment les amours anciennes pour se donner à cet autre qui partageait le même désir.  

 

- Je suis à toi, murmura-t-elle.  

 

 

 


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