Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 02-03-11

Mise à jour: 19-07-22

 

Commentaires: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Résumé: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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   Fanfiction :: Le vent

 

Chapitre 15 :: "Je te déteste"

Publiée: 11-09-11 - Mise à jour: 11-09-11

Commentaires: Bonjour à tous, Mille excuses pour majer si tard la suite du vent mais, voyez-vous, je me suis un peu dispersé ces derniers temps (OSCAR, un lemon et une autre fic en route) et ne parvenais pas à être satisfait de ce chapitre. Je ne le suis toujours pas pour être honnête, le trouvant parfois artificiel, parfois un peu « trop » et parfois « pas assez ». Enfin l’appréciation de mon travail est toujours très compliquée pour moi… Quoi qu’il en soit, j’abandonne la partie et je MAJE ! J’ai coupé en deux le chapitre 15 originel, il était vraiment beaucoup trop long !!! Et le « duel » mérite vraiment d’être retravaillé ! Je ne peux pas le bâcler… Et le fait de lâcher celui-là me laisse une bouffée d’air frais, un peu de temps pour peaufiner le prochain. Mais le 16ème ne tardera pas, il est pratiquement fini d’ailleurs^^. Voilà, je vous remercie encore pour tous vos commentaires encourageants qui me motivent « à mort » !!!! Je sais que le dernier chapitre a été un peu difficile pour certaines. Hélas, celui-là, dans un genre différent, n’est pas beaucoup plus gai. Mais patience ! Un peu de répit vous attend bientôt… Un peu… Bonne lecture et à bientôt ! PS : je sais qu’il est moins bien que les deux derniers chapitres, soyez indulgents…

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23


 

- Je suis à toi, murmura-t-elle.  

 

Un grognement de satisfaction caressa les tympans de la nettoyeuse alors que les assauts dont elle était victime se firent plus enragés et que les mains merveilleuses glissèrent plus bas, quittant les fesses rebondies pour s’aventurer là où naissaient les cuisses. Le souffle alors lui manqua, le muscle battant dans sa poitrine ne sut garder le rythme et son ventre se contracta sous les vagues de pudeur qui l’assaillirent. Jamais homme ne s’était aventuré aussi près de son intimité. Jamais. Elle ferma très fort les yeux et accepta avec quelque peu d’appréhension la hardiesse des mains devenues diaboliques.  

 

Les doigts de Keiji rencontrèrent le miel merveilleux du désir féminin, alors qu’ils se trouvaient encore bien loin de la source… Elle avait envie de lui ! La décharge électrique dans le creux de ses reins qui suivit la constatation physique le plaqua encore davantage contre elle et des visions inavouables de sa langue courant sur le corps de Kaori, léchant avec gourmandise la virginale fleur, enflammèrent son imagination. Il eut l’envie irrépressible d’ôter les infortunés vêtements qui le séparaient encore du graal, de la voir nue et offerte, du contact sensuel de sa peau contre la sienne, de la posséder, simplement. Il ouvrit les yeux pour s’assurer une fois encore de son consentement et sourit en rencontrant le visage tendu de Kaori, les sourcils contractés, les cils scellés par la crainte légitime de l’inconnu. Il secoua légèrement la tête et une jolie moue prit possession des lèvres affamées. Il s’égarait. Se précipitait. Elle devait être à des années lumière des projets charnels osés qui se bousculaient dans sa tête. C’était oublier l’inexpérience, l’angoisse de la première fois. Aussi s’obligea-t-il à reprendre ses esprits, retira prudemment ses mains de leur moite refuge, fuyant toute tentation, et balaya le visage anxieux de petits baisers aériens et délicats. Le menton. Les joues. Le nez. Les yeux. Le front. Rien n’échappa à la caresse douce et légère de ses lèvres alors que ses mains remontaient pour encadrer les pommettes rosies par l’émotion. Elle fondit un peu plus dans ses bras, confiante, s’abandonnant totalement contre le torse rassurant.  

 

Et puis tout s’arrêta.  

 

La bouche de Keiji se figea brusquement sur celle de Kaori. Elle ressentit un froid glacial envahir son ravisseur alors qu’il s’arrachait à ses lèvres et, ouvrant les yeux, le découvrit tendu, la main dans le dos. Elle ne s’y trompa pas, il avait saisi son arme, cachée sous le T-shirt, sans pour autant dégainer ; il fixait étrangement un fourré voisin, semblant y détecter un réel danger et avait placé un bras protecteur devant elle.  

 

- Keiji, qu’est-ce qu’il y a ? Demanda-t-elle en posant la main sur son bras.  

 

 

Il ne répondit pas tout de suite, concentré sur la présence qu’il venait seulement de ressentir.  

 

Comment était-il passé à côté de ça ?...  

 

Il analysa l’aura, elle n’était guère agressive, ni même dangereuse, mais il sentit l’intérêt que l’homme dissimulé nourrissait à leur égard. Bien qu’il ne pût les distinguer dans la pénombre, il perçut les yeux voyeurs posés sur eux, ils avaient dû se repaître du spectacle érotique et rien que cette idée chatouillait le doigt sur la gâchette. Mais pour l’heure, c’était l’angoisse d’être débusqué, la peur de perdre la vie que le misérable rat n’arrivait pas à cacher.  

 

- Viens, on s’en va, dit-il simplement à la nettoyeuse. Il y a quelqu’un.  

 

Il la saisit par la main et l’entraîna rapidement vers la sortie du parc. Sans réfléchir, encore sous l’émotion, elle accéda à la sollicitation de celui qui venait d’affoler son corps et le suivit docilement. Ils arrivèrent au mur de l’entrée et Keiji lui proposa ses bras pour l’aider à l’escalader.  

 

- Attends, dit-elle en reboutonnant son pantacourt, le rouge aux joues.  

 

Il ne put s’empêcher de sourire, alors qu’elle prenait appui sur ses épaules, un pied dans ses mains jointes ; les souvenirs de l’escapade enchantée affluaient dans sa mémoire. En arrivant à la voiture, il lui ouvrit la portière puis lança un dernier regard vers le parc, se demandant s’il avait bien fait de laisser la vie sauve au témoin de l’échange passionné, mais il ne s’imaginait pas tuer quelqu’un de sang froid. Non,… pas devant ELLE.  

 

Après qu’il eut démarré, c’est un silence gêné, pesant, glacial, qui s’installa entre eux, chacun en proie à des remises en questions intimes et à des projections compliquées. Elle observa le profil du conducteur, d’eux deux, il était le plus taciturne, la mâchoire fermée, l’œil fixe. Sentant le poids du regard sur lui, il se tourna vers elle :  

 

- Tu regrettes ? Osa-t-il.  

 

Elle fronça sévèrement les sourcils.  

 

- Non, répondit-elle sur le ton de l’évidence.  

 

Il se concentra à nouveau sur la route et sa poitrine se relâcha, vidée par un soupir de soulagement qu’il aurait souhaité plus discret. Pourtant, son visage ne changea pas d’expression et il resta préoccupé.  

 

- Et toi ? Demanda-t-elle, interpellée par la froideur de celui qui, quelques minutes auparavant, était prêt à lui faire l’amour. Tu regrettes ?  

 

- Bien sûr que non ! Assura-t-il.  

 

- Alors pourquoi réagis-tu comme ça ?... C’est cet homme dans le parc ?  

 

- … Non, ce n’était qu’un SDF, un quidam inoffensif.  

 

La voiture stoppa à un feu. Elle se tourna alors vers la route… Et elle comprit.  

 

- Où m’emmènes-tu ? Demanda-t-elle sans dissimuler le début de colère qui faisait trembler sa voix.  

 

- On rentre…, avoua-t-il avec embarras.  

 

- QUOI ? Keiji ! Tu ne vas pas… ?  

 

Elle le regarda, incrédule, puis tenta dans la foulée d’ouvrir la portière mais celle-ci était fermée, condamnée pour le passager, certainement un odieux mécanisme de sécurité qu’elle n’avait pas détecté.  

 

« Evidemment »  

 

Elle secoua la tête et rit amèrement. Elle n’avait rien vu, avait oublié de longues minutes son statut de captive mais celui-ci venait de lui sauter violemment à la figure.  

 

Honte et trahison. Comment avait-elle pu ?  

 

Comme avait-elle pu perdre discernement, sagacité, lucidité ? Se fourvoyer ainsi ? Aussi rapidement ? Elle se mordit les lèvres en constatant que son corps s’obstinait à trembler, non pas de rage ou de révolte, comme il eût été légitime de s’y attendre. Non. Il était encore assommé par les sensations nouvelles qui l’avaient étreint.  

 

Dieu qu’elle détestait son corps !  

 

Il avait capitulé sans résistance aucune, s’harmonisant à cet autre qui l’avait dompté sans même avoir à combattre, à séduire ou à contraindre. S’unissant à lui dans le plaisir consenti, sans vergogne aucune. Et là, maintenant, elle se retrouvait dans la pire situation qui soit : meurtrie, abusée, coupable… Toujours prisonnière !  

 

Car que pouvait-elle faire ? A part se soumettre à son geôlier... Une fois encore. Elle ne pouvait s’échapper de cette voiture, sauf à en venir aux mains avec lui. Elle lança sa tête en arrière.  

 

- Que je suis idiote ! Rit-elle de plus belle.  

 

Il resta concentré sur la route, ignorant le début de crise de nerf qui semblait la gagner.  

 

- Oh Keiji ! Dis-moi ! C’est excitant de se taper la partenaire de City Hunter ?  

 

- …  

 

- Tu as pris ton pied au moins ? Ou est-ce que ça aussi c’était un numéro d’acteur très réussi ? Gloussa-t-elle avec hystérie.  

 

- Arrête ! C’est ridicule ! Tenta-t-il de la raisonner surpris par les commentaires qui ne lui ressemblaient pas.  

 

- Oh ! Il me faudra retrouver ce SDF et le remercier chaleureusement ! Il m’a évité une des pires erreurs de ma vie ! Persiffla-t-elle.  

 

Il ne trouva rien à répondre.  

 

- Ryô…, appela-t-elle avec un filet de désespoir dans la voix.  

 

Une vague de contrariété s’abattit sur lui à la seule évocation du nom détesté.  

 

- Kaori, je sais que tu doutes de moi et que les circonstances ne jouent pas en ma faveur. Mais crois-moi ! Je me suis donné à toi comme tu t’es donnée à moi ! Je…  

 

Mais elle ne l’écouta pas, absorbée par le scénario qui prenait peu à peu forme dans son esprit embrouillé.  

 

- Oh ! Cela sera du meilleur effet sur ton CV Keiji, rassure-toi ! Après avoir tenu en échec le grand Ryô Saeba, tu te permets de séduire sa partenaire... Faiblesse !... Facilité !  

 

Elle regarda la route avec une euphorie désespérée.  

 

Epouvantable faiblesse.  

 

Hilarante facilité.  

 

Elle éclata d’un rire monstrueux.  

 

- Que je suis naïve !... Moi qui croyais…  

 

Elle secoua la tête et se retourna vers lui :  

 

- Je ne sais même pas ce que je croyais, avoua-t-elle dans un murmure.  

 

Il prit l’initiative de garer la voiture sur le bas-côté, la situation nécessitant une mise au point claire, pour elle, comme pour lui. Il se tourna alors vers elle, lui offrant la sincérité de son regard.  

 

- Je n’ai rien calculé Kaori, comment peux-tu imaginer que j’en arrive là ?  

 

- Depuis le début tu crois que Ryô et moi sommes ensemble. Quelle éclatante victoire pour toi ! Quelle humiliation pour lui !  

 

- Kaori ! L’interrompit-il avec force. Je SAIS que vous n’êtes pas ensemble ! Et je peux t’assurer que Saeba n’a absolument rien à voir avec ce qu’il y a eu entre toi et moi… Du moins, en ce qui me concerne.  

 

- Ne te sers pas de moi pour lui faire du mal, Keiji ! D’aucune façon ! Décréta-t-elle froidement dans un éclair de lucidité.  

 

Il resta interdit. Tournoyées dans sa tête les odieuses insinuations qu’il ne cessait d’asséner à son ennemi. Elles concernaient toutes Kaori. Kaori et lui !  

 

- Tout est si compliqué, reconnut-il en caressant la joue délicate qu’il avait pris tant de plaisir à baiser.  

 

- Ne me touche pas ! Dit-elle en repoussant la main.  

 

- Kaori… Dit-il dans un souffle. Dans trois jours, ce sera l’anniversaire de la mort d’Hana. Cela fera…  

 

- Je m’en fiche ! Coupa-t-elle sèchement. Moi, je suis vivante et tu l’es aussi Keiji !  

 

Il lui lança un regard compréhensif mais voilé.  

 

- Alors quoi ? S’emporta-t-elle. Dans trois jours je meurs, c’est ça ? Et tu tues aussi Chizu… et Ryô ! C’est ça ton plan ?  

 

- Non, répondit-il en secouant la tête, un début de colère pointant en lui.  

 

Elle ne cessait de faire allusion à son partenaire. Ne pouvait-elle pas dissocier le merveilleux abandon réciproque qu’ils venaient de vivre de cette ordure égoïste qui l’insupportait encore davantage depuis qu’il avait goûté au fruit défendu ? Celui-là même que le nettoyeur s’interdisait.  

 

 

- Comment peux-tu ne pas tout remettre en question après ce qui vient de se passer entre nous ? S’obstina-t-elle. Te venger de Ryô, il n’y a que ça qui compte pour toi ?  

 

Il ne put censurer davantage l’agacement qui grondait en lui. Le prénom abhorré lui crevait les tympans et tordait ses entrailles.  

 

- Ce que je pourrais remettre en question, moi aussi, c’est ta sincérité !... Me dire que tout était calculé ! Te rends-tu compte que tu ne me parles que de lui ? Tout se rapporte à Saeba ! Osa-t-il d’un air désabusé, avec une évidente mauvaise foi, une jalousie à peine voilée. Me séduire, me rendre dingue de toi… Jusqu’où étais-tu prête à aller pour me faire abandonner ma vengeance ?... Pour le sauver lui ?... Jusqu’au grand sacrifice ?  

 

 

Elle resta interloquée, la bouche entrouverte devant les accusations monstrueuses qu’il venait de porter. Elle retint ses larmes, préférant la rage, la colère, à la tristesse et au désespoir. Mais il est rare de pouvoir choisir les sentiments qui nous traversent et, contre sa volonté, c’est une profonde détresse qui prit possession de tout son être.  

 

 

La voiture reprit la route.  

 

 

Il avait instantanément regretté les paroles odieuses, prononcées dans un élan de survie, la volonté farouche de ne pas tout abandonner, tout ce qui l’avait porté jusque là ; ce plan il l’avait travaillé pendant des années, y consacrant sa vie, jour et nuit, toute son énergie. Il avait accumulé les informations sur City Hunter grâce aux confidences des détenus. Certains avaient eu affaire au duo mythique, d’autres relayaient les anecdotes rapportées de l’extérieur par leurs visites. Dans toutes les prisons du pays, on ne parlait que de Ryô et Kaori, ils étaient à la fois craints, vénérés, détestés, maudits, mais nul autre n’attirait l’intérêt comme eux. Ce matraquage quotidien avait entretenu la haine incoercible qu’il développait à l’encontre de ceux qui avaient détruit sa vie. Cette haine, ce désir de vengeance étaient ses derniers remparts contre la mort. Oui, car la faucheuse guettait, attendant le moindre faux-pas, patiemment, sentant la faiblesse, le désespoir dans le cœur perdu. Plusieurs fois, il avait appuyé contre sa jugulaire une lame de rasoir acérée, mais chaque renoncement, chaque sursaut salutaire de la vie, il ne l’avait du qu’à ce viscéral désir de vengeance, et, pas un matin, il ne s’était levé avec un objectif autre que celui de faire payer Saeba.  

 

Avait-il le droit, aujourd’hui, après tous ces efforts couronnés de succès, alors que son éclatante victoire se profilait, de tout abandonner ? Ce serait tuer Hana une seconde fois !...  

 

 

Il osa un regard sur elle. La tête reposant sur la vitre, les yeux dans le vague, elle semblait résignée. Elle se tourna vers lui et d’une voix fêlée déclara :  

 

- Je te déteste.  

 

Le tremblement de terre qui le secoua explosa toutes les magnitudes de l’échelle de Richter, la déclaration le transperça, l’anéantit. Non pas qu’il crût un instant qu’elle le détestât, non, il savait lire entre les lignes, devinait le sens caché des mots, interprétait chaque intonation.  

 

 

« Pardonne-moi Kaori » fut la seule pensée qu’il eut.  

 

 

Ils étaient arrivés. Il tendit le bras pour caresser sa joue mais elle évita le contact. Il émit un léger soupir, sortit rapidement et lui permit dans la foulée de s’extraire du véhicule. Deux yakusas étaient postés devant la maison et observaient le couple qui rentrait. Une pointe d’angoisse traversa Keiji à l’idée d’un esclandre qui pourrait mettre à mal tout son plan, ses deux complices les observant avec une curiosité suspicieuse. Il saisit alors le bras de Kaori avec détermination, ce qui accentua encore le désarroi de cette dernière, puis il l’entraîna dans les couloirs jusqu’à sa cellule, sans que l’on puisse deviner quoique ce soit du délicieux égarement qui les avait emportés. Elle s’arrêta devant sa geôle, obstinément tournée vers la porte qu’il devait ouvrir. Ils étaient seuls.  

 

- C’est la dernière nuit que tu passes ici… Kaori ! Regarde-moi ! S’il te plaît !  

 

Il saisit doucement son visage et l’obligea à se tourner vers lui. Il resta stupéfait devant les marques de fatigue qui cernaient maintenant les yeux embués et s’en voulut d’être à l’origine de tant de tristesse :  

 

- Laisse-moi réfléchir cette nuit… Juste une nuit… Demain je te promets que tout est terminé, essaya-t-il de la rassurer. Je ne peux pas tirer un trait sur ce qui m’a fait vivre pendant toutes ces années… Kaori… Comprends-moi...  

 

- Je ne veux pas que vous vous battiez… Keiji… Supplia-t-elle.  

 

- Chut… Dit-il en posant un doigt sur sa bouche.  

 

Elle se libéra de ce doigt pour mieux croiser son regard.  

 

- Dis-moi que tu vas renoncer… s’il te plait.  

 

- Je ne peux pas, murmura-t-il, navré.  

 

- Bien sûr que si, l’assura-t-elle tout en caressant la joue déchirée, laisse-moi t’aider.  

 

- Kaori…  

 

Il repoussa doucement la main qui tentait de l’amadouer et ouvrit la porte de la cellule.  

 

- Ne me laisse pas là cette nuit !... Ne fais pas ça ! Protesta-t-elle incrédule.  

 

- Je suis désolé, dit-il en la poussant légèrement pour la faire reculer. C’est la dernière fois.  

 

Elle le regarda sans comprendre, les yeux brouillés par la stupeur. Il soutint le regard désapprobateur et referma la porte sans que son visage ne montre le moindre signe d’hésitation ou de culpabilité. Aussitôt que le verrou se fit entendre, abominable symbole, elle se rua sur la cloison froide qui les séparait et tambourina comme elle put :  

 

- Qu’est-ce qu’il a fait Keiji ? Qu’est-ce qu’il t’a fait pour que sa haine de lui soit plus forte que ce qu’on a partagé ? Dis-moi ! … Je sais que tu es là !... Tu m’entends ?... Keiji… KEIJI !  

 

Le dos collé à la porte, il ressentit chaque coup porté comme s’il lui eût été destiné. Il ferma les yeux mais ne daigna pas répondre et resta inflexible.  

 

- Ryô est la personne qui compte le plus pour moi ! Avoua-t-elle en rage. Si tu l’affrontes, tu me perds… Quelque soit l’issue… Je ne te pardonnerais pas Keiji !... Keiji !... Je t’en prie. Ne fais pas ça ! Il n’est pas trop tard…  

 

Il soupira un grand coup et s’éloigna alors qu’elle l’implorait encore.  

 

 

Il prit le chemin de la salle commune, il devait briefer ceux qui allaient l’accompagner le lendemain. Tous lui faisaient une confiance aveugle. Bien sûr, il se devait de reconnaître qu’à chaque entraînement il n’avait de cesse de les épater, volonté de les ensorceler, de les dominer ; de plus, la perspective d’anéantir City Hunter avait réveillé chez eux l’instinct bête et méchant du sacrifice, caractéristique japonaise ancestrale, et il se retrouvait maintenant à la tête d’une petite armée de kamikazes.  

 

Tout ce qu’il avait fait jusqu’à maintenant n’avait pour unique but que de faire souffrir Saeba, insinuer le doute dans l’esprit ennemi, insuffler la haine dans son cœur, faire planer la menace écœurante sur le corps de cette femme. Celle qu’il savait être le point faible du nettoyeur et qui, malgré lui, était devenu également le sien. Hana avait subi les pires tortures, les pires outrages qu’une femme puisse connaître, sous les mains de ses sadiques tortionnaires. La perversion vengeresse des yakusas les avait amenés à rapporter au frère coupable, avec un horrible appétit de précision, un sens du détail incroyable, les exactions orgastiques que la pauvre japonaise devait supporter. Il avait supplié, imploré, offert sa vie. Sans jamais être entendu. Sans qu’une once de pitié ou de bienveillance ne s’éveille en eux. Depuis, il avait exterminé une à une les vermines pourrissantes, auteurs ou responsables des souffrances sans nom de son aînée. Il avait torturé lui aussi, avec un plaisir insoupçonné, une cruauté paroxysmique, mêlés de culpabilité et d’horreur qu’il s’inspirait à lui-même. Saeba devait payer lui aussi, lui et Hide, plus qu’aucun autre étaient responsables de la mort d’Hana. Les yakusas avaient à leur décharge la bêtise, l’obéissance aveugle aux ordres du chef bourreau. Mais City Hunter n’avait aucune circonstance atténuante. Non, AUCUNE. La seule différence était qu’il méritait un sort plus délicat que les ordures qui avaient perpétré le crime de leurs propres mains. Un sort plus adéquat. Car Keiji avait sa fierté de combattant et même s’il méprisait l’homme, égoïste, démesurément vaniteux, il admirait le guerrier presque mythique qu’incarnait le nettoyeur et il se devait de respecter un tant soit peu les indéniables et inestimables qualités de Saeba.  

 

Il secoua la tête sous la décharge douloureuse du doute. N’était-il pas entrain de sombrer dans la folie ? Les évènements s’enchainaient depuis sa sortie de prison, dans une précipitation morbide et sanguinaire. Lui qui reprochait à Saeba son manque d’humanité, ne cessait de repousser les limites du soutenable, du tolérable pour lui. Alors c’est vrai que le plan ourdi était intelligent, remarquablement pensé dans les moindres détails, fignolé dans le délire assumé de la vengeance, mais il n’en restait pas moins un complot de mort. Oui, depuis sa sortie de prison il semait la mort. Inexorablement. Mais là les circonstances étaient différentes, il s’attaquait à des innocentes et à un homme qu’il avait admiré jadis, alors que jusqu’à maintenant la folie exterminatrice n’avait touché que des porcs criminels, des malfaisants pourris jusqu’à l’os.  

 

« Hana ». Pensa-t-il très fort en serrant les poings jusqu’à la douleur.  

 

L’idée des menaces était venue naturellement et s’il n’avait pas eu la force d’être plus explicite, plus cru, plus odieux pendant ses appels téléphoniques, ça n’était que par égard pour lui-même. Jamais il n’avait fait le rapprochement entre le regard innocent de sa captive et les vomitives insinuations proférées.  

 

Tout aurait du être cloisonné.  

 

Hermétique.  

 

Alors pourquoi avoir échoué ? Pourquoi avoir cédé ? Pourquoi ne plus savoir ce qu’il était juste de faire ? Pourquoi tout remettre en question ?  

 

 

La réponse était pourtant facile à deviner. La pureté de Kaori, les lèvres offertes, les gémissements merveilleux l’avaient plongé dans un trouble dépassant de loin celui du corps. Depuis sa sortie de prison il avait bien évidemment consommé des femmes, retrouvant dans les bras accueillants un semblant d’humanité, dans le plaisir crié, la conscience de son corps, de la vie. Mais avec la nettoyeuse, sa captive, c’était un organe endormi depuis de nombreuses années, un muscle atrophié et muselé qui s’était réveillé. Bouleversement imprévu.  

 

« Quoi faire ? »  

 

Il avait toujours su que l’affrontement serait violent, brutal, difficile. Saeba ne se laisserait pas abattre comme un chien, cet homme était hors norme, et Keiji n’était pas dupe, un simple duel, une attaque banale contre le nettoyeur se seraient soldés par un cuisant échec pour lui. La mort assurée. De plus, les ressources inépuisables du nettoyeur le plaçaient au-delà des souffrances terrestres et pour l’atteindre vraiment, dans son cœur d’homme, Keiji avait dû développer des trésors d’ingéniosité et de machiavélisme, et le moyen qui s’était imposé à lui, comme évidence absolue, avait une peau de pêche, délicate et enivrante, les lèvres douces et obsédantes, et, pire que tout, lui avait ouvert son cœur, accordé ses innocentes faveurs, réussi à trouer l’armure de haine qu’il s’était forgée.  

 

« Kaori »  

 

Keiji plia la nuque sous les multiples doutes qui l’assaillaient. Il était plus lugubre que jamais et ne se sentit pas prêt. Pas prêt pour la bataille du lendemain. Cette soirée bouleversait ses plans. Cependant il ne pouvait tout chambarder, ses compagnons ne le comprendraient pas, se méfieraient et finalement ce serait la bérézina. Non, il devait être fidèle à certains points, s’entêter, avoir la satisfaction de croiser la haine dans le regard noir, miroir du sien. Mais à tout bien retourner dans tous les sens, à bien envisager toutes les éventualités, rien n’était satisfaisant, il n’y avait d’autre solution que celle initialement prévue : il y aurait TROIS morts le lendemain matin, dans la phase finale de la confrontation…  

 

 

**************************************************  

 

 

La nuit avait été longue, très longue, des milliers d’heures. Elle releva lentement les paupières, lourdes et gonflées, pour examiner les ombres menaçantes projetées par la fenêtre dans la cellule. Elle était prostrée sur son lit, sombrant dans une cotonneuse léthargie, les membres appesantis par la mollesse et la désespérance. Elle était immobile, abasourdie par les rebondissements de la veille, incapable de reconsidérer ce qu’elle avait vécu dans le parc, perdue dans ses questions sans réponses, rongée par l’angoisse des évènements à venir. Elle était convaincue qu’il allait y avoir affrontement. Ryô allait vaincre, cela ne faisait aucun doute, elle n’espérait que cela d’ailleurs, ne pouvait envisager qu’il en soit autrement. Pourtant, la douleur incommensurable que cette certitude provoquait en elle la terrassait. Non pas qu’elle souhaitât inconsciemment pour Keiji une quelconque victoire, non, évidemment que non…  

 

Elle avait peur pour Keiji.  

 

- Il est temps d’y aller, la surprit la voix de celui qu’elle n’avait ni vu ni entendu entrer.  

 

Elle leva les yeux vers lui et fut accueillie par un sourire et une main tendue. Il semblait très calme, comme à son habitude, étonnamment sûr de lui. Elle accepta la poigne qui la tira énergiquement pour la mettre debout.  

 

- Chizu attend déjà dans la camionnette, dit-il, il faut se presser.  

 

- Et où va-t-on ? Demanda-t-elle avec lassitude.  

 

Il l’observa quelques instants, elle était vêtue comme la veille, avait les cheveux en bataille, et ses yeux étaient ternes, presque sans expression. Presque.  

 

- Rejoindre Saeba.  

 

Elle s’arrêta net et dévisagea son geôlier.  

 

- Que vas-tu faire ?  

 

- Mettre un point final à cette histoire… Te libérer…  

 

Elle recula jusqu’au mur du fond, s’y colla et secoua négativement la tête.  

 

- Me libérer ? Sans contrepartie ? Et Chizu ?  

 

- Hier, tu m’as demandé de te faire confiance, commença-t-il en se rapprochant d’elle. De t’emmener loin d’ici... Et j’ai abdiqué Kaori.  

 

Parvenu face à elle, il posa une main sur l’épaule fragile.  

 

- Aujourd’hui, c’est à mon tour, continua-t-il. J’ai besoin que tu me fasses confiance. Sans restriction !  

 

- Tu me fais peur Keiji. Qu’as-tu prévu ?  

 

- Je vais l’appeler pour qu’il vienne vous chercher. Mais…  

 

Il hésita à nouveau, remontant la main vers le visage pâle, laissant un doigt courir sur le menton inquiet.  

 

- Je vais faire quelque chose de mal Kaori… Très mal… Et tu vas m’en vouloir !... Me haïr bien plus que tu ne me hais à cet instant.  

 

Elle le regarda sans comprendre, posa sa main sur celle de Keiji venue sur sa joue.  

 

- Alors ne le fais pas ! Si tu tiens vraiment à moi…  

 

- Ma décision est prise. Je suis désolé, coupa-t-il implacable, arrachant sa main du visage où naissait la contrariété, se détournant d’elle.  

 

- Tu vas tendre un piège à Ryô, c’est ça ? Demanda-t-elle partagée entre tristesse et colère, se plaçant de nouveau devant lui, lui interdisant toute retraite.  

 

- C’est à lui et moi de gérer ça !  

 

- Qu’est-ce qui va se passer ?  

 

- Il ne t’arrivera rien Kaori, tenta-t-il de la rassurer. Fais-moi confiance !  

 

- Ne me demande pas l’impossible…, s’énerva-t-elle sans énergie, devant l’inflexibilité insupportable. Explique-moi ! Je peux t’aider si tu m’en laisses l’opportunité, si tu me dis ce qui est arrivé, il y a dix ans de cela.  

 

- Plus tard, éluda-t-il en l’enlaçant. Si j’en ai l’occasion.  

 

Elle échappa à son étreinte et le regarda d’un air détaché, grave.  

 

- Si tu vas jusqu’à te battre avec Ryô tu perdras. Il ne te laissera pas la moindre chance de t’en sortir.  

 

- Evidemment, rétorqua-t-il en se forçant à rire. Je n’imagine pas qu’il veuille autre chose que me faire sauter la cervelle. J’ai tout fait pour le pousser dans ses retranchements ! Tout…  

 

Elle ne répondit rien et l’observa tristement.  

 

- Ne sois pas aussi certaine de l’issue du combat Kaori ! Ironisa-t-il en défiant les prunelles sans éclat.  

 

- Comment peux-tu faire preuve de tant de légèreté ?  

 

- Voyons… Dit-il en caressant les griffes du cou inquiet, nous savons très bien toi et moi qu’aujourd’hui verra passer de vie à trépas soit ton partenaire, soit moi.  

 

- Mon Dieu Keiji ! Si tu es conscient de cette réalité, pourquoi t’obstines-tu ?  

 

Il la regarda, sourit, et confia dans un murmure.  

 

- Parce que si je renonce, je meurs.  

 

- Ryô ne mourra pas… Je ne veux pas ! Se fâcha-t-elle, secouant la tête.  

 

- Je sais, reconnut-il douloureusement.  

 

Un silence éloquent envahit la petite chambre alors que les deux personnes qui se faisaient face restaient comme deux pantins, bras ballants pour l’une, l’autre gardant la main posée sur la gorge griffée. Puis, fronçant les sourcils, Kaori reprit :  

 

- Ôte-moi d’un doute Keiji, tu ne vas pas m’utiliser dans ton duel contre Ryô.  

 

Les yeux ambrés se voilèrent de honte. La nettoyeuse s’entêta :  

 

- Je ne peux visiblement rien faire pour empêcher ce que tu as prévu, mais j’espère pouvoir au moins compter sur ton honnêteté vis-à-vis de moi. Keiji, promets-moi de ne pas te servir de moi pour faire du mal à Ryô ! Exigea-t-elle en vissant son regard à celui de son geôlier.  

 

- Tu ne penses vraiment qu’à lui ! Reprocha-t-il, excédé par l’omniprésence de Saeba dans le cœur de sa captive, se détournant d’elle.  

 

- Ai-je ta parole ?  

 

La requête était singulière, mais fondée. Evidemment que, depuis le début, le rôle de Kaori était défini, minutieusement, machiavéliquement, elle était la clé de voute de son plan, elle avait le rôle principal de sa terrible machination. Le duel aurait dû sonner le glas de Saeba, dans la douleur absolue de perdre la femme qu’il aimait, devant le démoniaque spectacle de sa partenaire rendant son dernier souffle. Elle était l’instrument de torture, l’appât, le chantage, la faiblesse, le sacrifice. Cet instant aurait du être jouissif pour Keiji. Il s’était mille fois projeté dans la douleur de Saeba, connaissant par cœur le vide incommensurable, infini, qui le pénètrerait au moment fatidique, les aiguilles déchirantes qui le cloueraient d’horreur. Il avait connu l’impatience de ce moment, la frénésie de la victoire espérée… et puis il l’avait rencontrée.  

 

L’Erreur.  

 

Il allait devoir prendre un risque insensé pour elle, mettre en péril tout ce pour quoi il s’était battu jusque là. Aussi, cette ultime requête, il ne pouvait la satisfaire.  

 

- Promets-moi Keiji, osa-t-elle une nouvelle fois.  

 

- Il faut y aller Kaori…  

 

- Ne peux-tu au moins faire ça pour moi ? Reprocha-t-elle.  

 

Un sourire sans joie étira les lèvres masculines.  

 

- Si tu savais.  

 

- Keiji ! Tenta-t-elle de protester.  

 

- Chut !  

 

Il la saisit violemment par la taille, l’attira vers lui et dévora avidement sa bouche, se servant de ses lèvres comme bâillon. Après un instant de surprise, un hoquet, elle enroula ses bras autour du cou ennemi et répondit avec fougue au dernier baiser, le serrant de toutes ses forces, enfonçant ses doigts dans les muscles des épaules, s’agrippant à lui. Ce baiser ne fut pas chaste, ne fut pas doux, ni sensuel, ni raffiné. Les yeux clos, ils engagèrent leurs bouches dans l’ultime échange, s’imbibant des parfums intenses et délicieux qui avaient enchanté leurs cœurs la veille au soir, gravant les détails invisibles, merveilleux et éphémères, qui avaient malmené leurs sens. Là, dans la pulpe des lèvres, sur les papilles de la langue, dans les profondeurs des narines, sous le feu de leurs doigts, le baiser incrusta les souvenirs du corps de l’autre.  

 

Avec sa main, il emprisonna brutalement le visage féminin et l’éloigna du sien, s’arrachant à la violente étreinte, ses doigts s’enfonçant sans douceur dans les joues pâles :  

 

- Sais-tu seulement à quel point moi aussi je te déteste ? Lui demanda-t-il en plantant ses iris ambrés dans les yeux délavés de celle qui, pour deux heures tout au plus, était encore sa captive.  

 

Il refusa d’interpréter le vide qu’il lut dans les iris anxieux, n’attendit pas de réponse, n’en donna pas non plus à la pressante supplique qui brulait encore les lèvres de la nettoyeuse. Puis il la retourna sans ménagement, se déparant de cette caractéristique étonnante chez un criminel, naturelle chez lui, la douceur, et lui lia les mains dans le dos. Puis, s’emparant d’un foulard noir dans sa poche, il lui banda les yeux et la guida dans les couloirs, vers la sortie, sans qu’ils n’échangeassent le moindre mot. Elle monta sans broncher dans la camionnette et sentit la chaleur d’un corps contre le sien, Chizu.  

 

 

 

******************************************************  

 

 

Il monta quatre à quatre les marches qui le séparaient de la porte de son appartement. Il avait couru les rues de la capitale nippone toute la nuit, à la recherche d’indices, d’éventuelles pistes. Bien sûr, il rentrait bredouille, aussi la sonnerie entêtée de son téléphone avait provoqué en lui un soudain espoir, inexplicable, et il eut le pressentiment que cet appel était capital dans l’affaire qui l’absorbait entièrement.  

 

- Allo.  

 

- Saeba, c’est moi.  

 

Le nettoyeur se figea un dixième de seconde, ne s’attendant pas à entendre la voix de cet homme là au bout du fil.  

 

- Qu’est-ce qui se passe ?  

 

- Il est temps pour toi et moi de conclure cette histoire, dit Keiji posément.  

 

- Quand ?  

 

- Tout de suite !  

 

- Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?  

 

- Rien… Je t’attends Saeba… avec les filles.  

 

- Où ?  

 

- Je te préviens, je te veux seul. Si tu es accompagné, je le saurais.  

 

- Je n’ai pas l’intention de laisser à un autre la joie de t’affronter ! Je serai seul. Où ?  

 

- Si tu joues avec le feu, tu peux dire adieu à ta partenaire et à ta cliente.  

 

- Je t’ai assuré que je serai seul. Où ?  

 

- A l’entrepôt.  

 

- J’arrive.  

 

Il sauta dans la mini rouge et les pneus crissèrent lorsqu’elle sortit en trombe du garage. Chaque feu auquel il dut s’arrêter, chaque automobiliste maladroit, inattentif ou lent, s’il eût été copieusement insulté en temps normal, ne fut ici que fusillé du regard, un regard noir, tendu, implacable. Ryô était entièrement concentré sur le duel qui l’attendait, curieux de voir cet ennemi qu’il exécrait, de croiser les yeux haineux, de détailler l’homme qui avait osé proférer les pires menaces contre son ange. Il bouillait d’impatience de connaître les conditions de l’affrontement, il s’attendait au pire, mais l’adrénaline qui coulait déjà dans ses veines creusait son ventre, crispait sa mâchoire et accélérait les palpitations du muscle dans sa poitrine. Etrangement, comme à chaque combat, la bête se réveillait, il perdait un peu de sa raison pour s’abandonner avec délices aux instincts primaires, prégnants chez lui ; il avait ce goût immodéré du danger, cet appétit insatiable de violence, de victoire, auxquels il ne pouvait renoncer. Ces originelles capacités, réduites à la portion congrue chez la plupart des mortels, étaient chez lui sa première nature. Alors certes, il avait développé ce don exceptionnel pendant toutes ces années difficiles vécues dans la jungle, où le plus fort faisait la loi et où il valait mieux être prédateur que proie. Mais chez lui, l’instinct du combat était inné, le terrain prodigieux, unique, et peu s’y était trompé, beaucoup au contraire s’étaient fourvoyé dans le chimérique espoir de contrôler ce spécimen hors norme, d’asseoir grâce à lui un illusoire pouvoir, profitant de l’inépuisable machine humaine qu’il était. Capable de venir à bout de n’importe quel ennemi. Mais il est heureux qu’ils échouassent… Ryô Saeba avait choisi son camp, il était définitivement le bras armé du bien.  

 

 

Il arrêta sa voiture à bonne distance de l’entrepôt. Sorti du véhicule, il huma l’air, un vent léger transportait les effluves environnantes et l’odeur de la confrontation, de la bataille, prochaine et sans merci, lui chatouilla les narines.  

 

 

 

 

**************************************************  

 

 

- Allo, répondit une voix distraite.  

 

- Mick, c’est Saeko.  

 

- C’est pas vraiment le moment là, répondit l’américain, très occupé à admirer Kazue qui passait l’aspirateur vêtue d’une simple nuisette.  

 

- MICK !  

 

Il s’éloigna de la source bruyante lorsqu’il perçut l’inquiète impatience dans la voix de l’inspectrice.  

 

- Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda-t-il sérieusement.  

 

- Je passe te prendre, je suis déjà en route. Ryô a été appelé il y a environ une demi-heure par le ravisseur, il doit le rejoindre à l’entrepôt où on a retrouvé les habits.  

 

- Quoi ?  

 

- Je… Je n’ai pas respecté mon engagement Mick, j’ai laissé son téléphone sur écoute. Et j’ai bien fait ! Ce mec a demandé à Ryô de venir seul sinon il tuait Kaori et Chizu. Je crains le pire.  

 

- Je t’attends Saeko mais ne faisons pas n’importe quoi !  

 

- C’est un malade Mick. Qui sait ce qu’il a prévu ?  

 

- Oui… Je descends. Je t’attends.  

 

 

 


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