Chapitre 14 :: Chap 14 : Terrible réalité

Publiée: 31-05-14 - Mise à jour: 31-05-14

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Chap 14 : Terrible réalité  

Dès que le Doc ferma la porte de la chambre, un silence limite étouffant s'installa. Ryô était incapable d'assimiler ce qu'il venait d'entendre. Pour lui, il était impossible que son Ange ait pu franchir cette limite.  

Elle qui était si douce et si innocente ! Elle était la seule personne dans son univers qui avait été capable de toucher son cœur et de le ramener à la lumière. Elle lui avait sauvé la vie ! Kaori était son héroïne, celle grâce à qui il avait retrouvé son humanité.  

Seule sa compagne lui avait permis d'enfouir son côté le plus noir. La nettoyeuse avait réussi à faire naître en lui l'espoir et l'envie d'être aimer. Il était donc impensable qu'elle ait basculé dans son monde de mort !  

Même si elle avait agi pour les protéger, elle n'aurait pas dû en arriver là. Dans l'obscurité de cette chambre d'hôpital si glaciale, Ryô pleura. Ses larmes coulaient, en silence et dans la douleur. Le nettoyeur ne pouvait s'empêcher de culpabiliser et de s'en vouloir.  

Pour la première fois de sa vie, il ressentit un profond malaise qui l'accablait. Un poids lourd venait de s'abattre sur ses épaules et sa poitrine. Cela lui semblait si insurmontable qu'il en suffoqua presque.  

Pourtant, il refusa de flancher, tout était de sa faute : de sa seule et unique faute. Il ne devait pas se plaindre et encore moins se laisser aller. Rien de tout cela ne serait arrivé s'il n'avait pas agi comme il l'avait fait !  

Ryô ne put s'empêcher de culpabiliser, il savait qu'il était le seul à blâmer. C'était lui, qui sept ans auparavant avait accepté que Kaori le suive. C'était encore lui qui l'avait laissée entrer petit à petit dans son univers. Une fois de plus, c'était lui qui l'avait mise en danger en l'autorisant à devenir officiellement la moitié de City Hunter. Enfin, c'était à cause de lui que Kaori s'était donnée tant de mal pour être à la hauteur.  

S'il avait reconnu l'importance de son équipière en temps et en heure, il n'aurait pas été obligé de la surveiller toute une nuit sous une pluie battante. Il ne serait donc pas tomber malade et il aurait pu protéger sa femme.  

C'était à lui de prendre soin d'elle, en la prenant sous son aile, il s'était fait le serment, ainsi qu'à Hide de veiller sur elle quoiqu'il arrive. Et il avait échoué, il était lamentable et impardonnable. Mais comment avait-il laisser cette chose se produire ?  

Lui, le tueur numéro Un du Japon n'avait pas été capable de protéger la femme qu'il aime ! Il ne valait rien ! Il se demanda s'il n'aurait pas mieux fait de refuser la demande de Kaori sept ans auparavant.  

En colère contre lui, Ryô serra ses poings, il les serra si fort qu'il s'ouvrit les mains. Un filet de sang glissa sur ses draps. Malgré la douleur de cette nouvelle blessure, il n'y fit pas attention. Le poids de sa culpabilité était si forte que rien d'autre ne semblait l'atteindre.  

Il venait de condamner à mort la seule femme qui lui avait tendu la main et qui l'aimait tel qu'il était. Du plus profond de son âme et de son coeur, le nettoyeur se fit la promesse de tout faire pour aider Kaori.  

Il savait d'expérience, qu'avec du temps et de l'amour, il pourrait l'aider à surmonter les horreurs que l'on traverse quand on tuait un homme. Ryô se souvint de ce qu'il avait ressenti quand cela lui été arrivé pour la première fois.  

Tout était différent pour lui, il vivait dans un monde en guerre, il ne connaissait que la violence et la haine. Pourtant, lorsqu'il avait ôté la vie d'un homme cela avait fini de le détruire. Il était déjà une sorte de zombie avant, mais après, il n'était plus un être humain.  

A cette époque, il aurait eu besoin d'un peu de compassion, d'écoute et de soutien. Au lieu de ça, on l'avait félicité et il était monté en grade. Se rappeler de ce tragique événement lui donna la nausée.  

Depuis ce jour, il n'avait cessé de tuer, d'être un bon petit soldat, le plus dur à reconnaître était qu'il était très doué pour ça. Comme si c'était son talent ! Il avait relégué au plus profond de lui ce qu'il était vraiment. Il avait renoncé à son humanité et s'était transformé en monstre, en une véritable machine à tuer !  

Pour rien au monde, il ne souhaitait que Kaori ne connaisse ces souffrances. Il se devait d'agir et de devenir une bonne fois pour toute l'ange-gardien de sa femme. Le nettoyeur fut pris de sueurs froides, une inquiétude terrifiante le prit aux tripes. Si sa compagne ne dormait pas ? Et si elle essayait de mettre fin à ses jours ? Et si... Incapable de se poser d'avantage de questions, Ryô décida qu'il était grand temps de se rendre au chevet de Kaori.  

Le nettoyeur arracha ses perfusions et tenta de se lever de toutes ses forces. Malgré sa détermination, il était bien plus faible qu'il ne l'imaginait et il s'écroula sur le sol froid. Ne voulant pas écouter son état, Ryô se mit à ramper jusqu'à la porte.  

Ses blessures à la main ajoutées aux sutures qui venaient de s'ouvrir laissaient une traînée de sang sur le carrelage blanc. Le nettoyeur aurait aimé que ce sang puisse purifier Kaori ; de toute son âme, il aurait souhaité que cela soit celui de cette ordure qu'il aurait tué de ses propres mains.  

A bout de souffle, épuisé, sans aucunes ressources, Ryô s'évanouit, la main essayant d'ouvrir la porte. Les suites de l'anesthésie, le sang qu'il perdait plus le somnifère avaient eu raison de sa volonté. Heureusement, lorsqu'il avait arraché ses fils, cela avait déclenché une alarme.  

Quelques minutes plus tard, le Doc entra, lorsqu'il vit son ami à terre et cette tâche de sang qui ne cessait de grandir, il déclencha le code d'urgence, il allait devoir le réopérer.  

Pendant l'opération, Ryô fut assailli par des cauchemars effroyables, il voyait la mort de Kaori ou sa chute, ou bien encore sa métamorphose... A chaque fois qu'il essayait de s'en approcher, elle se transformait en Ange de la mort.  

Lorsqu'il essayait de l'aider, soit elle le tuait, soit elle le fuyait. Seule cette phrase revenait sans cesse le hanter :  

«  Tout est de ta faute, si je suis comme ça, c'est à cause de toi ».  

Entendre cette phrase lui était insupportable, il se mit à étouffer. Aussitôt, il se réveilla, en sueur, dans sa chambre. Le Doc était à côté de lui et prenait ses constantes. Doucement, il lui dit :  

- C'est malin ! Tu as fait péter des sutures, et tu as réussi à te briser des os de la main gauche, on a du te réopérer.  

N'écoutant pas son vieil ami, Ryô voulut se lever, difficilement il parvint à dire :  

- Je dois voir Kaori, je dois être auprès d'elle, je...  

En colère et énervé, le médecin ne le laissa pas finir et haussa le ton :  

- Egoïste !  

A ces mots, le nettoyeur s'arrêta. Et le Doc ajouta :  

- Con d'égoïste ! Tu crois être en état d'aider Kaori ? Tu penses qu'elle veut te voir comme ça ? Tu ne crois pas qu'elle a assez de soucis ? Tu imagines que c'est comme ça qu'elle va pouvoir compter sur toi ?  

Le vieil homme fixa son ami et ne le laissa pas fuir.  

- Tu ne dois pas te remettre pour Toi, tu dois aller mieux pour ELLE. Je comprends que tu veuilles la voir et être auprès d'elle mais cela ne se fera pas tant que tu seras si faible. Tu ne pourrais même pas aider un moineau !!!  

Le Doc se radoucit mais ne cessa pas de regarder le nettoyeur.  

- Tu penses que ne je sais pas ce que tu traverses ? Je sais que tu t'en veux, je comprends que tu souhaites la soutenir le plus vite possible mais, sois raisonnable pour une fois ! Accepte de dormir un peu et après seulement tu pourras la voir.  

Elle n'est pas toute seule, Kazue est à ses côtés. De plus, je viens de sa chambre et elle dort, je te le promets, elle se repose et tu devrais en faire autant ! Pense à elle et seulement à elle. Kaori va avoir besoin d'un homme solide sur qui elle peut compter et non d'une loque !  

Convaincu par les arguments du Doc et surtout épuisé Ryô se calma et accepta de se coucher. Il s'endormit avant même de s'en rendre compte, le médecin venait de lui administré un somnifère puissant.  

Inquiet pour son ami, il avait décidé de l'aider même contre sa volonté. Le couple de nettoyeurs allaient vivre des moments très difficiles. Mais avant tout, il se devait de les protéger en tant que médecin et en tant qu'ami. Le vieil homme sortit pour donner ses recommandations à l'infirmière à propos de Kaori puis, il revint dans la chambre de Ryô, prit une chaise et s'assit près de lui. Il n'était pas question que le nettoyeur essaye à nouveau de s'enfuir.  

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