Chapitre 1 :: Chapitre 1

Publiée: 14-01-19 - Mise à jour: 14-01-19

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Quand les Portes se ferment  

Chapitre 1  

- Merci pour cette superbe soirée d'anniversaire, Kaori. Eriko finit sa phrase en serrant son amie dans les bras, les larmes aux yeux.  

- Je n'étais pas seule tu sais, Kaori lui répondit avec un large sourire en direction des amies qui l'avaient aidée.  

Eriko se retourna vers toute la bande qui était présente et remercia chaleureusement Miki qui se trouvait aux côtés de son nounours adoré ; Kazue mais aussi Saeko et Reika. Au fil du temps, les six jeunes femmes avaient développé une profonde et réelle amitié et se voyaient régulièrement. Chacune était prête à aider l'une d'elles si besoin était.  

A la vue de Doc, Eriko ne put s'empêcher de sourire en voyant celui-ci tenter tant bien que mal de retenir ses mains baladeuses. Quant aux deux pervers notoires, durant la soirée, ils avaient fait deux des choses dans lesquelles ils excellaient, à savoir, s'empiffrer et boire. Quelques massues avaient volé bien entendu mais, pour une fois, on pouvait dire qu'ils s'étaient tenus assez raisonnablement. Ce qui avait fortement surpris Kaori et Kazue.  

Le plus étonnant pourtant était les regards furtifs que Ryô avait jetés vers sa partenaire tout au long de la soirée. Même si personne ne les avait remarqués, Kaori, elle, les avait sentis. Au début, elle pensa qu'elle s'imaginait des choses et s'était même réprimandée mentalement, *C'est du n'importe quoi, comme si Ryô pouvait me regarder autrement que comme… comme…* mais sa pensée mourut quand pendant une fraction de seconde elle vit le regard de Ryô, chaud, qui la regardait avec… désir. Non, c'était impossible ! Et à chaque fois, la jeune femme prenait une profonde inspiration mais plus la soirée avançait, et plus elle pouvait sentir le regard de plus en plus pénétrant de Ryô sur elle.  

Aucun membre de la bande ne semblait avoir remarqué quoique ce soit, bien au contraire. Ryô avait même eu un léger sourire suffisant quand Mick lui avait demandé en douce pourquoi Kaori semblait parfois mal à l'aise. Avec innocence, le japonais lui avait répondu qu'un des serveurs avait dû recevoir un coup sur la tête et avait dû glisser quelques mots doux à la jeune femme. Bien sûr, si cela avait vraiment été le cas, il est certain que le serveur aurait reçu plus qu'un coup. Ce soir plus qu'un autre, Ryô n'avait aucune envie de partager… Et plus la soirée avançait, plus Ryô buvait et plus il semblait désinhiber vis-à-vis de sa partenaire. Et plus il aimait cette sensation du jeu du chat et de la souris qui se jouait exclusivement entre eux deux.  

Maintenant que la soirée arrivait à son terme, Kaori se dit que tout allait certainement rentrer dans l'ordre. Toujours aux côtés de son amie, la jeune femme lança un regard furtif en direction de son partenaire qui contrairement au reste de la soirée, semblait dorénavant totalement l'ignorée. Du moins c'est ce qu'elle pensait.  

La soirée était donc terminée, toute la bande se trouvait sur le trottoir gagnant leur voiture respective. Saeko et Reika s'étaient proposées de raccompagner Eriko, quant à Doc, ce grand honneur revenait à Kazue et Mick.  

Quand ils atteignirent la mini, quelle ne fut pas la surprise de Kaori quand Ryô lui donna les clés.  

- Quoi ?!? J'ai trop bu pour conduire, dit-il en haussant les épaules telle une évidence.  

- Et bien, Kaori rétorqua un peu sous la surprise, c'est bien la première fois que cela se produit.  

- Contrairement à ce que tu peux croire, Kaori, dit Ryô en se rapprochant d'elle, une lueur étrange dans les yeux, je ne suis pas inconscient et j'ajouterais, il s'approcha encore plus, s'arrêtant à peine à quelques centimètres d'elle, je sais ce qui est bon pour moi.  

Le temps était comme suspendu, Kaori se sentait faiblir sous le regard de Ryô. Elle ignorait complètement ce qui pouvait bien se passer dans la tête de son partenaire. Cela ne lui ressemblait pas du tout d'agir de la sorte envers elle. Mais alors, pas du tout ! Elle déglutit et frissonna légèrement mais assez pour que Ryô s'en aperçoive.  

- Si tu as froid, je connais un excellent moyen pour bien te réchauffer, il posa délicatement sa main sur la sienne. Son regard toujours bloqué sur le sien.  

Kaori détourna la tête et se mit à devenir cramoisie,  

- Non non, ça va, arriva-t-elle à balbutier.  

- Bon dans ce cas, ce sera pas la peine de mettre le chauffage alors, Ryô s'écarta de Kaori pour se diriger vers le côté passager, laissant une Kaori bouche ouverte qui le regardait avec une certaine colère dans les yeux monter en voiture.  

- Idiot ! Evidemment il ne changera jamais, marmonna la jeune femme avec un léger soupçon de déception dans la voix, bien qu'elle ignorât pourquoi elle ressentait cela.  

- Il ne perd rien pour attendre ! Se dit-elle fermement à elle-même avant de monter elle aussi en voiture. Il était tard, elle était fatiguée et n'avait qu'une hâte, gagner son lit au plus vite.  

Quand elle s'installa au volant, elle vit que Ryô semblait s'être endormi ; après tout, peut-être avait-il vraiment trop bu ce soir. Ce qui était tout de même un peu étonnant de sa part, connaissant le phénomène. Quoiqu'il en soit, Kaori démarra la voiture et conduisit en direction de leur appartement.  

- Eriko a raison, la voix de Ryô brisa le silence au bout de quelques minutes, tu lui as vraiment fait une superbe soirée.  

- Merci, répondit Kaori un peu surprise, elle qui pensait que son partenaire dormait et en plus, il lui faisait un compliment.  

- Tu as l'air étonné par ce que je te dis ?  

- Non, c'est juste que j'attends l'autre partie, Kaori jeta un coup d'œil rapide en sa direction. Quand elle vit qu'il ne comprenait pas, elle poussa un soupir puis expliqua,  

- Disons que les rares fois où tu m'as fais un compliment, il s'en est tout de suite suivit une critique.  

- C'est parce que je cache mes sentiments, je pensais que tu le savais, dit-il dans une voix presque blessée qu'elle fasse comme si elle ignorait cela. Elle qui le connaissait si bien. Elle qui était la seule à vraiment voir celui qu'il était.  

- Je sais que tu le sais, Kaori. Il avait prononcé son prénom dans un si tendre murmure, d'une voix si sensuelle que Kaori ne put empêcher de déglutir. Elle ignorait pourquoi mais elle se sentait rougir et ses mains commençaient à devenir moites. Il n'y avait pourtant aucune raison. Non… Vraiment aucune.  

La jeune femme prit une profonde inspiration pour tenter de se calmer. Elle ignorait pourquoi mais tout à coup l'atmosphère dans la voiture était devenue très chaude. Très très chaude, surtout quand elle jeta un rapide coup d'œil vers son partenaire.  

Ryô avait les yeux rivés sur elle et la regardait avec ce même regard qu'il lui avait porté durant toute la soirée, mais d'une intensité nettement plus prononcée. Après tout, maintenant, il n'avait plus à se cacher ; il n'y avait plus qu'eux deux. Ils étaient (enfin !) seuls. Pas de Mick qui allait lui donner des coups de coude dans les côtes avec un regard rempli d'interrogations ou pire, une expression "Vas-y mon pote ! Il était temps." ; pas de Miki qui allait glousser en le voyant se défendre en vain comme quoi elle imaginait totalement n'importe quoi. Et surtout, il n'allait pas la blesser en disant tout et n'importe quoi pour se justifier. Il n'y avait plus qu'eux deux, comme s'ils étaient seuls au monde.  

- Ryô, qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Kaori dans un murmure.  

Ryô cligna des yeux puis soupira. Plutôt que des mots, il préféra les actes.  

Doucement, il mit sa main gauche sur la cuisse de la jeune femme, la serra puis la caressa. Kaori fut plus que surprise par son action. Même si cela était très plaisant.  

- Ryô ?!?  

- Quoi ? Répondit-il avec innocence. Un problème ? Sans même le regarder, elle savait qu'il arborait son sourire dangereux.  

- Ryô, essaya-t-elle de nouveau, qu'est-ce que tu fais ?  

Le nettoyeur sourit à sa remarque puis dans un murmure, son visage près du sien,  

- Ce que j'aurais dû faire il y a longtemps.  

- Tu devrais arrêter, arriva-t-elle à peine à prononcer.  

- Pourquoi ?  

- Parce que tu… tu n'es pas dans ton état normal ! Voilà pourquoi !  

- Au contraire, il s'approchait de plus en plus dangereusement de son visage, si près qu'elle pouvait sentir son souffle chaud sur sa joue, je n'ai jamais été aussi lucide, il finit sa phrase en posant ses lèvres délicatement sur la joue de Kaori, puis continua de déposer des baisers jusqu'à son cou.  

Kaori ne savait plus quoi penser ou dire. Elle essayait tant bien que mal de se concentrer sur la route, heureusement qu'ils étaient presque arrivés à destination. Sûrement, une fois la voiture arrêtée, Ryô allait reprendre ses esprits… ou pas. Vu la façon dont il s'était mis à la caresser et l'embrasser, et surtout en se souvenant des évènements survenus lors de la soirée, il était plus qu'évident que son partenaire n'avait pas l'intention d'arrêter ce qu'il avait commencé. Au moins, elle avait la preuve que son imagination ne lui avait pas joué des tours durant la soirée. Mais elle, elle devait l'arrêter. La question était : en avait-elle la force et surtout, l'envie.  

A peine la voiture dans le garage, Ryô stoppa net ce qu'il faisait et descendit de la mini sans un mot. Kaori poussa un soupir, elle ferma les yeux pour tenter d'empêcher des larmes de couler, ce n'est pas qu'elle voulût qu'il arrête ou  

continue ; elle était complètement chamboulée, elle savait ce qu'elle voulait, avait toujours voulu, mais… bien sûr, pour lui, tout ceci n'avait été qu'un jeu. Ou bien, il avait dû se rendre compte de ce qu'il faisait, c'est pour cela qu'il avait pratiquement sauté de la voiture à peine arrivés. Horrifié par ce qu'il avait fait.  

Kaori collecta toutes ses pensées, secoua légèrement la tête, puis sortit de la voiture. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver son partenaire près de la voiture qui visiblement l'attendait.  

- Tu en as mis un temps, lui dit-il d'une voix suave et avec un regard de plus en plus intense. Il fit les quelques pas qui les séparaient l'un de l'autre, puis se mit à lui caresser la joue, les sensations qu'elle ressentait étaient au-delà de tout ce qu'elle avait pu imaginer. Rien que ce geste, de sentir sa peau sur la sienne, un geste aussi intime, c'était une sorte de promesse de ce qui allait se passer.  

Tout en continuant d'explorer son corps avec sa main, Ryô s'approcha d'elle puis lentement il se mit à l'embrasser, au début ce fut un chaste baiser mais au fur et à mesure, l'intensité s'accrût. Il la prit dans ses bras et sans rompre leur baiser, elle positionna ses jambes autour de sa taille. Et c'est ainsi qu'ils gagnèrent leur appartement puis la chambre de Ryô pour une nuit où leur rêve de tous les deux allait enfin devenir réalité.  

Le lendemain matin, Kaori s'était comme à son habitude réveillée bien plus tôt que son partenaire. Tout en faisant attention à ne pas le réveiller, elle avait réussi à se lever. Ce qui n'avait pas été une chose facile avec le bras de Ryô fermement autour de sa taille qui la maintenait contre son torse.  

Elle avait pris quelques secondes pour le regarder dormir. Il semblait si paisible, voire… heureux. Elle ne put s'empêcher d'avoir un large sourire puis avant de quitter la chambre, elle déposa un tendre baiser sur le coin de la bouche de celui qui était devenu son amant. Arrivée à la porte, elle ne put s'empêcher de le regarder une dernière fois, comme pour immortaliser ce moment, comme si elle était dans un rêve, un rêve merveilleux dont elle craignait qu'elle allât bientôt se réveiller. Elle laissa échapper un léger soupir avant de quitter la chambre pour se rendre dans la cuisine afin de préparer le petit déjeuner.  

A peine fut-elle sortie de la chambre que Ryô ouvrit les yeux. Il s'était réveillé au moment même où Kaori avait quitté ses bras. Il était sur le dos, un bras sous la tête, fixant le plafond comme pour tenter de trouver une réponse à une question qui l'avait si souvent hanté. Qu'allait se passer maintenant ? Et surtout, comment devait-il réagir ? Il se souvenait ce qui s'était passé cette nuit, pas entièrement mais suffisamment. C'est pour cela qu'il n'avait rien dit quand elle s'était levée. Il avait toujours pensé que le jour où ils seraient enfin ensemble, tel un couple à part entière, il n'aurait aucun doute, aucune peur. Mais là, c'était différent. Non, il n'était pas prêt. Il allait donc agir en conséquence. Kaori ayant quitté le lit sans rien dire, il se dit qu'en fait, elle lui avait laissé le choix.  

Deux heures plus tard, Kaori avait fini de préparer le petit déjeuner et de mettre la table quand elle vit son partenaire descendre les escaliers. Il remarqua qu'elle arborait un sourire mais semblait quelque peu nerveuse.  

- Bonjour Ryô, dit-elle en le fixant, tu as bien dormi ? Mentalement elle se frappa, elle connaissait sa réponse.  

Ryô la regarda perplexe,  

- Maintenant que tu me le demandes, j'ai fait le plus affreux des cauchemars ! Il fit une grimace d'horreur.  

- Ah oui ? Elle ne l'avait pas quitté des yeux, présentant ce qui allait suivre.  

- Oui, j'ai rêvé, non ! Cauchemardé que, il en frissonna d'horreur, qu'on avait couché ensemble. T'imagines ! Il en avait les larmes aux yeux.  

Kaori le fixa un moment, tentant de bloquer les larmes qui commençaient à monter, elle déglutit puis avec naturel, elle lui lança,  

- Si c'est un cauchemar pour toi, imagine pour moi ce que cela serait ! Passer la nuit avec un type comme toi, un pervers alcoolique… Je serais vraiment tombée sur la tête ! Elle avait laissé sa colère monter, elle aussi voulait le blesser comme il venait de le faire et, il lui avait donné la parfaite excuse pour laisser sa colère s'exprimer. C'est donc tout naturellement qu'elle lui asséna un ultra méga coup de massue avant de quitter l'appartement pour aller voir le tableau à la gare.  

Après avoir fermé - claqué - la porte, Kaori s'adossa un instant au mur pour collecter ses idées et surtout laisser échapper les larmes qu'elle ne pouvait plus maintenant contenir.  

Il avait choisi.  

Au fond, elle n'avait pas été surprise de sa réaction et, tandis que ses larmes ne cessaient de couler, elle se jura que c'était la dernière fois qu'elle pleurait à cause de lui. Il avait choisi et elle allait respecter sa décision. Dorénavant, elle n'attendrait plus rien de lui. Ils ne seront que partenaires de travail et rien de plus. Aujourd'hui était le jour où Kaori allait commencer à vivre sa vie. Elle allait commencer à penser à elle et tout faire pour oublier Ryô.  

Ryô, quant à lui, se releva de dessous la massue. Il fixa quelques instants la porte. Avait-il fait le bon choix ? Oui. Après tout ce n'était qu'une nuit. Rien de plus. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait. La différence c'est que cette nuit, il l'avait passée avec elle et pas avec une femme avec qui il prétendait que c'était Kaori. Mais c'était mieux ainsi, du moins pour le moment.  

Et puis, elle arriverait à oublier.  

Tout comme lui…  

A Suivre… 

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