Chapitre 8 :: Complications ?

Publiée: 01-10-20 - Mise à jour: 01-10-20

Commentaires: Bonjour ! Merci pour vos commentaires !!!! Alors qui est cette femme qui se pavane dans la cuisine de Ryo ? Et Kaori ? Où cette affaire de collier va-t-elle la mener ??? Voilà les réponses ... enfin quelques-unes !

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Un moment de silence s'abattit sur les deux hommes. Ryo s'était finalement assis à table pour essayer de siroter son café (dégueulasse) en réprimant une grimace pendant que Mick se remettait doucement de son mini-A.V.C.  

- "Teu-teu-teu-teu ..." étaient les seuls sons qui sortaient de ses lèvres.  

- "Oui, Mick ?" demanda Ryo d'un air à la fois amusé et légèrement dédaigneux, faisant danser son pied en-dessous de ses jambes croisées.  

- "C'est - C'est- C'est- C'est- C'est ..."  

- "C'est ma cliente. Et oui, c'est bien Aïna Kaneda."  

- "Ta-ta-ta-ta ..."  

- "Cliente. Oui. J'ai eu un XYZ et je l'ai accepté. Comme Miss Rabat-Joie n'était pas là pour m'en empêcher ... J'en ai profité !" ajouta-t-il avec un clin d'œil.  

- "Comment ça Kaori n'est pas là ?"  

- "Partie quelques jours pour le boulot ..."  

- "Ah bon ? Et pour faire quoi ?"  

- "J'en sais pas plus." soupira Ryo en sa tassant sur sa chaise d'un air sombre et en désignant les miettes jaunes qu'il avait balancé un peu plus tôt sur la table.. "Elle m'a laissé un mot sur la porte d'entrée .."  

- "Elle a quoi !" s'exclama Mick, n'en croyant visiblement pas ses oreilles.  

- "Oui, elle est partie quelques jours pour le boulot et elle me l'a annoncé par post-it ... C'est bon ? on peut passer à autre chose maintenant ?" Ryo commençait à avoir du mal à garder son calme.  

D'un seul coup, Mick changea de couleur et Ryo sentit une aura de colère gagner en puissance. Il regarda son ami en biais pour s'assurer que ses yeux bleus lançaient bien des éclairs.  

- "Ne me dis pas que tu as profité de l'absence de Kaori pour ... Avec ..."  

Ryo éclata de rire.  

- "Ca t'en boucherait un coin, pas vrai ?" glissa Ryo avec un sourire narquois. "N'oublie pas que je suis l'Etalon de Shinjuku. Aucune femme ne me résiste."  

Mick devint vert. Ryo savait qu'il exacerbait ainsi la jalousie de son acolyte mais aussi qu'il provoquait sa colère. Qu'il puisse coucher avec une autre femme que Kaori allait rendre l'Américain fou et Ryo se délectait de ses réactions. Quand soudain :  

- "C'est quoi, un étalon ?" Et Aïna Kaneda refit son entrée dans la cuisine de Ryo, vêtue d'une robe noire moulante, décolletée et fendue sur le côté. Une robe de star, des talons de star, un maquillage de star, des cheveux de star, des lunettes de star. Elle étincelait.  

Ryo la regarda, des cœurs dans les yeux : "C'est celui qui va vous faire vivre des moments de plaisirs inégalés et inégalables !"  

Il se fit attraper par le collet au moment où il allait se jeter à ses genoux :  

- "Hey, stop that ! Comment peux-tu faire ça à Kaori ! Ca va pas la tête ?"  

- "Ho, laissez, c'est gentil." répliqua Aïna d'une voix blasée tout en posant sa main sur l'épaule de Mick. "J'ai l'habitude de faire ce genre d'effet ..."  

- "Hein ? Quoi ?" répliqua Mick.  

- "P'is, d'ailleurs, j'en ai marre d'en entendre parler de celle-là, cette Kaori. Déjà qu'il m'a gavée avec elle toute la soirée, l'autre là-bas ... Tu vas pas t'y mettre aussi ? Du coup, ça m'a complétement coupé l'envie de faire quoique ce soit." dit-elle en remplissant sa tasse de café.  

Mick se tourna vers Ryo, abasourdi. Ce dernier disparut sous la table, faisant semblant de chercher quelque chose :  

- "Mais où est mon journal ? Merde alors, j'étais persuadé de l'avoir laissé sur la chaise ..."  

Mick se pencha sous la table pour intercepter son ami dans sa recherche feinte :  

- "Tu as perdu quelque chose ?"  

- "Mouais, t'as pas vu le journal, des fois ?"  

- "Tu chercheras pas plutôt autre chose ? Genre ta dignité et ta réputation d'étalon ? Ou alors, ça serait pas des trucs de forme de noix qui ressemblent à des attributs masculins ?" demanda Mick, regardant son ami, moqueur, alors qu'ils étaient tous les deux penchés sous la table.  

- "Hoooo, hein ! Ca va ... très fin, l'Amérloque, très fin ... On peut tous rencontrer un petit passage à vide, non ?" chuchota Ryo, les sourcils froncés.  

Ils sursautèrent se cognant brutalement au plateau de la table quand Aïna s'écria :  

- "Puahhhh ! Mais c'est dégueulasse ! C'est pas du café, ça !" Elle renifla sa tasse d'une manière peu élégante : "C'est tellement amère qu'on dirait du vinaigre ! Heurk, et ça sent presque les pieds ..."  

- "Quand je te disais qu'il était ignoble ton café ..." murmura Mick en se frottant la tête. Même en l'absence de Kaori, ils trouvaient le moyen de se retrouver avec des bosses sur le crâne ...  

- "Bon !" dit la jeune femme "Puisqu'il faut tout faire soi-même, ici ... Je peux téléphoner ? Je vais demander à mon assistante personnelle de nous amener des cafés ..." Et elle disparut dans le salon.  

- "Je crois que j'ai fais une connerie, Mick ..." glissa Ryo, les yeux exorbités alors qu'il scrutait sa tasse.  

- "Quoi ? Tu as couché avec elle ?"  

- "Non. C'est pas ça. J'ai fait le ménage il y a quelques jours et je crois que j'ai oublié de vider la bouilloire ..."  

- "Hein ?"  

- "Oui. J'ai mis du vinaigre pour la détartrer, comme Kaori le fait tous les mercredis. C'est pour ça que le café est dégueu ..."  

Mick posa le front sur la table avant de murmurer :  

- "Bah, alors, là … Moi, je ne sais plus quoi faire ..."  

Quelques instants plus tard, l'assistante personnelle de Mademoiselle Aïna Kaneda apporta trois gobelets fumants d'une marque de café américaine bien connue. Mick se frotta les mains d'impatience en découvrant les contenants en carton et respira avec délectation le fin fumet qui s'infiltrait hors du petit couvercle de plastique blanc. Ryo en profita pour sortir quelques plats qu'il lui restait de son dîner en tête à tête manqué et il partagèrent ainsi un bon petit déjeuner accompagnés des donuts de l'Américain.  

- "Et qu'est-ce qui vous a amené à écrire un XYZ, Aïna ?" demanda Mick entre deux bouchées. "Je peux vous appeler Aïna ?"  

La jeune femme regarda Ryo qui répondit à son interrogation muette :  

- "Vous pouvez lui faire confiance. C'est un ancien collègue."  

Elle se tourna alors vers Mick :  

- "Ca a commencé il y a une semaine environ. Je suis harcelée, suivie. Des appels téléphoniques. Des mots dans ma boîte aux lettres. Des hommes me suivent aussi. Mon assistante vient même de m'apprendre qu'une femme s'est pointée chez moi avant-hier en prétendant être Mon Assureur Personnel.  

- "Wouhhh !" fit Mick "Vous avez un Assureur Personnel ?"  

Aïna le regarda intensément, ménageant son petit effet, comme les actrices savent si bien le faire :  

- "Non. Je n'en ai jamais eu."  

- "Ah ... Et cette jeune femme a donné un nom."  

- "Pfff ! Cette idiote n'a pas retenu son nom ... Je me demande si je ne vais pas la virer celle-ci. Elle est aussi incompétente que les autres."  

- "Ce nom ne nous aurait rien appris." dit calmement Ryo en buvant son café. "A mon avis, elle a donné un faux nom."  

- "Ouais, bah, ça me fiche encore plus la trouille."  

- "Oui ... effectivement, c'est inquiétant. Et vous avez une idée de ce que veulent ces hommes ?" demanda Mick, intrigué.  

Ryo lui jeta un petit coup d'œil. Pour quelqu'un qui voulait sortir du milieu, Mick s'intéressait beaucoup à cette affaire. Et ce n'était pas seulement à cause de la jolie fille qu'il fallait protéger. Ryo doutait d'ailleurs que la belle soit réellement en danger. Elle subissait un chantage, une pression mais rien ne laissait imaginer que sa vie puisse être en danger. Non.  

Mick voulait rentrer à nouveau dans le jeu, juste pour s'amuser un peu. Revivre ces moments intenses. La petite montée d'adrénaline. Difficile de décrocher totalement quand on avait été un pro et qu'on avait aimé son job. On n'arrêtait pas d'être le numéro un des Etats-Unis du jour au lendemain.  

Ryo sourit et le laissa faire.  

- "Oui. Ils veulent ça." Dit-elle en sortant une petite boîte de son sac à main qui avait pris place naturellement à ses côtés sur le banc.  

- "Hooooo ! La vache !" s'écria Mick quand elle ouvrit le couvercle, révélant une rivière de diamants. Il devait en avoir au moins dix, entourant un plus gros placé au centre du collier.  

- "Joli, hein ?" glissa la jeune femme avec un petit sourire satisfait.  

- "Pas mal, oui. Et je suppose que la police n'a pas bougé le petit doigt pour vous protéger ?"  

- "Je ne suis pas allée voir la police ... En fait, je n'ai pas de titre de propriété pour ce bijou et j'ai peur qu'on me le reprenne ... et qu'on m'oblige à le restituer ..."  

- "Vous l'avez volé ?"  

- "Jamais de la vie ! Le truc, c'est que c'est mon fiancé qui me l'a offert et ..." Sa voix se brisa.  

Mick posa la main sur celle de la jeune femme.  

- "Ah, et il est mort ?"  

- "Non ! Mon Dieu, non ! Ca va pas de penser des trucs pareils ! Non, on a rompu. Et sa famille exige que je lui rende cette petite merveille." Elle les regarda avec des yeux implorants. "C'est tout ce qu'il me reste pour guérir mon cœur blessé, vous comprenez ? J'ai bien droit à une petite compensation, non ?"  

- "Surtout que la famille dudit fiancé est pleine aux as ..." souffla Ryo.  

- "Ah bon ? Pleine aux as ?" demanda Mick, intrigué.  

- "Oui, pleine aux as. Tu as besoin d'une traduction plus explicite ?" pipa Ryo.  

- "Oui." renchérit Aïna "Mais genre, vraiment pleine aux as. C'est dommage, je lui aurait bien mis le grapin dessus, mais bon ..."  

Elle soupira. "Je tairai son identité, si ça ne vous dérange pas. Je ne tiens pas à ce qu'on sache que j'ai des relations amoureuses. Je dois faire croire à mes fans que je reste un cœur à prendre."  

Mick resta silencieux un petit moment puis se tourna vers Aïna et lui demanda gentiment :  

- "Dites, vous auriez pas quelque chose à faire ? Un truc qui me permettrait de parler à mon pote en tête à tête."  

- "Pas de problème." répondit Aïna en se levant. Elle était sincère. "Si c'est encore pour parler de cette Kaori, je préfère me tirer, moi ! C'est pas qu'elle me saoule, mais j'ai eu ma dose ... Je peux encore utiliser votre téléphone ?  

- "Bien sûr, ma jolie, bien sûr ..." répondit Mick à la place de Ryo.  

- "Il faut que je prévienne mon impresario que je retourne sur le tournage cet après-midi accompagnée de mon nouveau garde du corps. Si vous êtes toujours d'accord ?" Ajouta-t-elle à l'attention de Ryo.  

Le nettoyeur acquiesça.  

- "Bien ... J'avais pris un petit congés pour vous contacter personnellement ... mais bon ... pour ce que ça m'a rapporté finalement ... La réputation, franchement ... Vous ne m'avez même pas proposé une remise. J'ai dû payer plein pot !! Non mais l'arnaque, je vous jure !" glissa-t-elle en tournant les talons pour se diriger vers le salon.  

Mick termina son café dans son gobelet avec un soupir de satisfaction, tout en ajoutant :  

- "Alors, comme ça, on massacre le café, nous, les Américains ?"  

Comme Ryo restait silencieux, Micka ajouta avec un sourire :  

- "Je me demande comment tu as fait pour ne pas succomber ... Ou alors, elle n'a pas apprécié d'être placardé en grand dans ta chambre et en petite tenue ?"  

- "Mmmm ..." grogna Ryo en guise de réponse, terminant lui aussi son café. Pas aussi bon que celui qui le réveillait tous les matins depuis plus de sept ans, mais bien meilleur que celui qu'il avait préparé.  

- "Elle a dormi dans ta chambre ?" demanda Mick qui ne semblait toujours pas convaincu par l'abstinence de son comparse.  

- "Mais non ..." maugréa Ryo, légèrement excédé.  

- "Où a-t-elle dormi alors ?" Insista Mick.  

- "Je l'ai installée dans la chambre de Kaori."  

Mick s'exclama :  

- "Oh, là là là ! Tu cherches les ennuis, toi !"  

- "Rooo, c'est bon ... C'est mieux que sur le canapé ou dans mon lit, non ? " Répliqua Ryo, agressif.  

- "Et donc, tu ne trouves rien de mieux à faire que de mettre une Miss Mokkori dans SON lit ?"  

Ryo baissa la tête :  

- "Je crois que j'étais tellement bourré que j'ai pas pensé à sortir le lit d'appoint ..."  

- "Tu sais qu'elle va te Ma-Ssa-Crer quand elle apprendra ça ?" Continua l'Américain, goguenard.  

- "Oui, bah au moins elle fera attention à moi ..." maugréa Ryo pour lui même.  

- "Quoi ? Qu'est-ce que t'as dit ? ..."  

- "Non rien ... Laisse tomber ..." dit Ryo en soupirant.  

Mick resta silencieux un moment, dubitatif.  

- "Ou bien ... Je sais ! J'ai compris : est-ce que tu ne serais pas en panne ?" glissa Mick en désignant du doigt l'entrejambe de son pote.  

Ryo se redressa, offusqué :  

- "Mais qu'est-ce que vous avez, tous à penser que je suis en panne ! C'est n'importe quoi ! Déjà Umi, ensuite toi ! Je le dis et le répète, l'Etalon de Shinjuku n'est Ja-Mais en panne, entendu !!!"  

- "Mouais ... alors qu'est-ce qui t'a empêché de sauté sur la belle Miss Mokkori qui traine actuellement dans ton salon et qui a passé la nuit chez toi ..."  

Ryo ne répondit pas, faignant de ne pas avoir entendu.  

- "C'est bien ce que je dis ... Tu es en panne ... Elle était à moitié nue dans ta cuisine et tu n'as pas fait une seule fois un lever de Mokkori … Alors qu'on est le matin ... Et que je t’ai sorti du lit …"  

Ryo sembla réaliser soudain, ses yeux s'agrandirent d'effroi, des larmes énormes commencèrent à pointer, noyant ses pupilles, ses mains commencèrent à trembler. Il baissa la tête et se mit à chouiner tristement :  

- "Quoiiiii !!! Suis en panne de Mokkori ! Oh putain ! Ma vie est finie ! Finiiiiie ! Ouiiiiiinnnnnn !!!!"  

Mick éclata de rire.  

- "Bah tu vois, ça marche plus avec les autres ... tu es ferré, mon vieux !!!"  

- "Hein, mais qu'est-ce que tu racontes, toi encore ? Je suis pas en fer ... Mais regarde, on dirait du caoutchouc !!! OUiiiinnnnnn !!!!"  

- "Arrête. J'ai peut-être une solution ..."  

- "Ah oui ! Quoi ? Vite, dis-moi ! Tu sais bien que je ne veux plus vivre si je ne fais plus mokkori. Je veux mouriiiiiiir !!!"  

Mick resta songeur un moment puis demanda :  

- "Et si on faisait un test ?"  

Ryo se tourna vers lui, un sourcil levé.  

- "Tu penses à toutes les plus belles Miss Mokkori qui ornent ta chambre ..."  

- "Oui, je visualise ..."  

- "Imagine qu'elles t'attendent ..."  

- "Où ça ?"  

- "Je sais pas moi ... sur ton lit, tiens, ..."  

- "Mouaiiiiiis, pas mal ! En petite tenue ?"  

- "Si tu veux ... Que penses-tu d'un petit costume. En bunnies, par exemple ..."  

- "En infirmières ... J'ai toujours adoré les blouses blanches des infirmières !"  

- "Et moi donc ..." souffla Mick en pensant à sa chère et tendre. "Bon, tu y es ?"  

- "Oh oui, oui, oui, oui !" s'exclama Ryo en battant vivement des mains. "Avec des porte-jarretelles ! Juste des porte-jarretelles en dessous, hi hi hi hi !"  

Les deux hommes se tassèrent sur leurs chaises, les visages se transformèrent, défigurés par un rictus dégoulinant de bave et ils lâchèrent simultanément un :  

- "Ohhhh ! Ouaiiiiis !"  

Au bout de quelques secondes, Mick se tourna vers son pote, pointa son entrejambe du doigt et dit :  

- "Il n'est pas mort, tu vois ! Tu as pensé à Kaori ..."  

- "Mais tu veux ma mort ou quoi ?"  

- "Tu as pensé à Kaori, je le sais ..." continua Mick, en le regardant, le sourcil interrogateur.  

Ryo baissa la tête, déviant le regard.  

- "Comment tu le sais ?"  

Mick éclata de rire, triomphant, en se frottant les mains de satisfaction :  

- "J'en savais rien, mon pote ... Mais tu viens de me le confirmer !"  

Ryo soupira en regardant à nouveau son ami, d'un air désespéré :  

- "Va au Diable, l'Amerloque, tu commences à me gonfler !"  

Les deux hommes gardèrent le silence un moment puis Ryo lâcha enfin :  

- "Bon ... Je fais comment maintenant ?"  

- "Aucune idée ... En tous cas, commence par régler l'affaire de la demoiselle d'à côté d'abord. Kaori ne va pas du-tout-du-tout apprécier de te savoir sur un plateau de tournage avec une Miss Mokkori de cette trempe..."  

- "Tu crois qu'elle préférerait que je l'emmène au Love-Motel?" glissa Ryo sur le ton de la plaisanterie.  

Mick donna une tape virile dans le dos de Ryo :  

- "Mouais ... Evite ça aussi si tu veux pas finir en pancake !"  

Et les deux amis éclatèrent de rire.  

****  

Quelques heures plus tard, en fin de journée, Kaori, de son côté quittait le centre de Tokyo vers la côte au volant de sa petite Fiat verte, les fenêtres ouvertes, la musique à plein volume. Le vent jouait dans ses cheveux en bataille et elle chantait haut, fort et faux.  

Kazumi lui avait fourni tout le matériel qu’elle lui avait demandé. Lors de son entraînement, la jeune voleuse avait été exigeante et Kaori en ressentait encore les effets dans son corps par de multiples courbatures. Elle avait dormi toute la matinée tellement elle était épuisée mais ça valait le coup. L'entraînement de la jeune voleuse avait porté ses fruits et Kaori avait hâte de mettre son plan à exécution et d'en terminer avec cette histoire de collier.  

Elle suivit les panneaux d'indications et les instructions qu'Eriko avait écrites à l'arrière d'une serviette tachée de gâteau au chocolat et à la chantilly.  

Jusqu'à présent, son plan fonctionnait comme sur des roulettes. Enfin jusqu'à présent... Car elle venait de piler net en se garant sur le bas-côté de la route, le cœur battant : elle venait d'apercevoir l'élément qui pourrait faire sombrer son plan.  

Elle était arrivée à l'entrée du plateau de tournage sur lequel travaillait Aïna Kaneda. Elle regardait encore les panneaux, éberluée. Ses yeux restaient littéralement accrochés à la photographie devant elle.  

- "Mouaiiiis ! Bien sûr que je vais gérer, Eriko !" maugréa Kaori, sarcastique. "Ah, ça, tu t'es bien gardée de me le dire ! Tu me le payeras, ça je te le promets !"  

Elle sentit ses joues devenir de plus en plus chaudes. Sûr qu'elle était en train de rougir jusqu'aux oreilles. Elle déglutit, tentant de maîtriser le feu de son visage et les picotements insidieux qui traversaient son estomac pour descendre, descendre, descendre ...  

Devant elle, sur cette affiche, se tenait debout, encore plus grand qu'en taille réelle, Itsuo Sato, un jeune acteur très en vogue en ce moment.  

Un jeune acteur plutôt mignon.  

Non, assez beau.  

Non, sexy.  

Non, carrément incandescent.  

Bref, le beau gosse, regard de braise, bouche à croquer, fossettes sur les joues, plaquettes de chocolat, pectoraux, biceps, tout, quoi. Rien à jeter. Le genre qui donne chaud en plein hiver rien qu'à le regarder.  

Donc, sur ce panneau, était placardée une photo d'Itsuo Sato ... en slip.  

Non, pas en slip.  

En pagne.  

Un pagne en peau de léopard ou de guépard, qu'importe. En peau de bête, quoi !  

Un pagne en peau de bête.  

Un pagne minuscule qui s'arrêtait en haut des ses cuisses, découvrant les muscles puissants et finement dessinés.  

Un pagne qui donnait juste envie que son propriétaire se retourne pour révéler la forme exquise de ses fesses.  

Il était debout, simplement les bras croisés, regardant directement l'objectif, un sourire satisfait et confiant aux lèvres.  

Au dessus de lui, en grosses lettres jaunes : "La véritable histoire de Tarzan"  

Tarzan.  

Il fallait vraiment que cette idiote d'Aïna Kaneda joue le rôle de Jane Porter aux côtés de d'Itsuo Sato en Tarzan.  

Tarzan.  

LE personnage qu'elle avait toujours adoré quand elle était petite. Idolâtré à l'adolescence. Sur lequel elle avait fantasmé en devenant adulte ... Le roi de la jungle. L'homme qui escaladait des éléphants pour s'assoir sur leur dos. Celui qui affrontait les lions à mains nues et qui grimpait aux arbres à la force de ses bras. Celui qui disait "Moi, Tarzan. Toi, Jane" avec un regard empli de désir. Celui qui faisait vivre à cette idiote d'aristocrate britannique la plus belle des histoires d'amour de toute la littérature, du cinéma et de ses rêves et tout ! La belle qui dompte l'homme, le vrai, l'instinctif, le fauve sauvage, invincible et libre.  

Quelle femme n'avait pas rêvé d'être attrapé par ses bras puissants et soulevée dans les airs ?  

Qui ne craquerait pas en voyant ce magnifique corps masculin se jeter dans le vide en poussant ce cri inimitable, pour sauter de lianes en lianes, puis plonger tête la première dans une cascade pour en ressortir, les muscles luisants de gouttes d'eau, le pagne plaqué sur ...  

Kaori secoua la tête pour tenter de reprendre ses esprits et se tapota les joues pour se réveiller.  

Oufff !  

Heureusement qu'elle était seule dans sa voiture et que personne ne l'avait vue. Déjà que sa mission lui paraissait compliquée ... mais là ! Avec en plus Itsuo Sato vêtu d'un simple pagne en peau de bête qui allait crier "Hohihohihohihooooooo" ... Ca allait devenir vraiment, mais alors vraiment-vraiment très compliqué ...  

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