Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 40 chapitres

Publiée: 24-11-20

Mise à jour: 30-04-21

 

Commentaires: 78 reviews

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Romance

 

Résumé: Elle est japonaise. Il est américain. Elle sauve. Il tue. Elle soigne. Il assassine. Elle se bat contre la mort, lui, il la défiait tous les jours. Une femme, un homme, une rencontre, deux existences qui se croisent, jusqu'à ce que ... Cette histoire devrait être classée NC-17 (certains passages lemon) mais n'ayant pas les accès à cette section je ne peux pas y publier. Toutes mes excuses.

 

Disclaimer: Les personnages de "Yes or no" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Qu'est-ce que les ratings veulent dire?

 

La classification des fanfictions repose sur le système américain u ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Yes or no ?

 

Chapitre 18 :: Chapitre 18 Derrière ma porte

Publiée: 12-02-21 - Mise à jour: 12-02-21

Commentaires: Bonjour! Kazue de retour à Tokyo ... Mettra-t-elle Mick à ses pieds ? Ne l'est-il pas déjà, d'ailleurs, notre Américain préféré ? ... Bonne lecture, bonne journée et à mardi pour la suite !

 


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Chapitre 18 Derrière ma porte  

 

Je rentrai chez moi fourbue car le trajet de retour m'avait paru interminable. J'avais hâte de rentrer, de m'occuper de moi et aussi de mettre au point un plan qui ferait regretter à Mick de s'être joué de moi. Pas question de perdre la partie de cette façon.  

 

C'était la fin d'après-midi et, à peine mon sac de voyage posé dans l'entrée, je ressortis pour faire quelques courses, histoire de remplir un peu mon réfrigérateur et trouver de quoi manger. Je saluai rapidement Madame Sakamoto qui voulait vraisemblablement faire un point-potins mais je lui désignai ostensiblement ma montre pour lui faire comprendre que je n'avais pas le temps. En réalité, je n'avais aucune envie de m'attarder car je rêvais d'un bain très chaud accompagné d'un verre de bon vin, histoire de pouvoir réfléchir correctement à ma stratégie d'attaque.  

 

Je revins une heure plus tard, les bras chargés de victuailles et Madame Sakamoto revint à la charge.  

- "Désolée Madame Sakamoto, j'ai du poisson frais qu'il faut absolument que je mette au réfrigérateur !" criai-je de loin.  

 

Elle parut fortement contrariée mais je me dis que je me rattraperais le lendemain et que j'irais la voir avec quelques pâtisseries et une boîte de son thé préféré.  

 

Pendant que je rangeais mes courses et que j'ouvrais ma bouteille de vin, je remarquai que le voyant rouge de mon répondeur clignotait. Cela arrivait tellement rarement que je n'avais pas le réflexe de regarder. J'étais le plus souvent à la Clinique et les seules personnes qui me laissaient des messages étaient les membres de ma famille et je venais de les quitter donc ...  

 

L'inquiétude me serra le cœur car j'imaginai toujours le pire pour le Doc et j'avais les mains tremblantes quand j'appuyai sur "lecture".  

 

La cassette du répondeur se mit bruyamment en marche et la voix du Doc résonna dans mon appartement, ce qui me rassura immédiatement :  

- "Bonjour ma petite Kazue. Je pensais réussir à te parler avant que tu ne partes, c'est loupé. Je voulais simplement savoir si tout allait bien. Tu es partie tellement vite ... Je me demandais ... enfin, bon, tu es grande, tu dois savoir ce que tu fais. Je te dis à lundi prochain et profite bien de tes congés."  

 

Le voyant rouge clignotait toujours. J'avais un autre message. Incroyable ! Moi qui parfois me demandais si ce truc fonctionnait vraiment. Un nouveau "BIIIIP" résonna puis, une nouvelle voix masculine emplit la pièce :  

- "Bonjour, ma petite mariée ! C'est ton étalon préféré !"  

 

Sur le coup de la surprise, je dus m'assoir. Ryo !  

- "Alors, je sais que tu es en congés mais au cas où c'était un bobard ... Je voulais juste te dire que l'autre détraqué m'a fait faire un tour à sa banque et j'ai ensuite passé TOUUUUT l'après-midi d'hier à faire les magasins."  

 

Je me levai pour vérifier la date du message : le quinze avril à midi et quelques. Nous étions le dix-huit.  

- "Tu es sure qu'il va bien ? Mentalement, je veux dire ? Parce qu'on sait jamais, du coup que l'Angel-Dust lui ait vraiment grillé des neurones ... Bon, en même temps, il a jamais été très net et avec les Américains, faut s'attendre à tout ! Ah ... J'allais oublier ... Je lui ai donné ton adresse. J'ai hésité mais comme ta logeuse est un bon cerbère, il va s'en prendre plein la tronche !" J'entendis un gros rire moqueur. "Bon, si tu as besoin que je vienne l'assommer, appelle-moi, je m'en chargerais avec plaisir !"  

 

La cassette continua. J'avais un troisième message. Ce fut la voix d'Himika qui prit le relai :  

- "Salut ma belle ! Ecoute, c'était juste pour te raconter un truc ... ça m'a parut bizarre alors voilà ... Une certaine Madame Sakamoto a téléphoné ici, ça serait pas ta logeuse, dis-moi ?"  

 

Je vérifiai la date du message. Himika avait appelé pendant que je faisais mes courses. Pourquoi Madame Sakamoto avait téléphoné à mon travail ? Si ce qu'elle avait à me dire était tellement important, elle pouvait venir toquer à ma porte, non ? La suite me fit bondir et mon cœur s'emballa :  

- "Quoiqu'il en soit, cette dame a demandé à parler à l'autre dingue de la barbichette et il vient de sortir, beau comme un camion, sans nous donner d'explication. Voilà, ça n'a peut-être aucun rapport avec toi mais je voulais juste te tenir au courant ..."  

 

Je regardai à nouveau l'heure du message, vérifiai sur ma montre ... Elle avait appelé il y a à peine quarante cinq minutes. Je passai la tête à la fenêtre qui était ouverte et je me reculai vivement : Mick était dans l'allée.  

 

Je n'en croyais pas mes yeux. Non seulement Mick Angel était dans l'allée de MA maison, mais en plus, il était métamorphosé : les cheveux coupés et coiffés en arrière, rasé de près, il portait un costume bleu nuit, une chemise blanche et une cravate bleu ciel et surtout, il tenait dans ses mains gantées de cuir bleu assorti à son costume, un énorme bouquet de roses rouges.  

 

Je m'attendais à ce que Madame Sakamoto lui fasse connaître sa façon de penser concernant les visites masculines dans sa maison et le laisse planté devant le portail mais il n'en fut rien. Elle se dirigea vers lui, l'air ravie et j'entendis par la fenêtre ouverte :  

- "Bonjour Madame Sakamoto, comment allez-vous ?"  

 

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je me dissimulai contre le mur, surprise que ses mots provoquent tant d'émotions en moi. Je me rendis compte combien sa voix grave et son accent mélodieux m'avaient manqués. D'un côté j'avais envie d'ouvrir ma porte, de dévaler les quelques marches quatre à quatre et de lui sauter dans les bras tout en l'embrassant à pleine bouche et tant pis pour Madame Sakamoto et ses voisines cancanières, de l'autre, de l'invectiver et de lui dire franchement ma façon de penser, et de lui mettre encore une fois une claque en pleine figure pour m’avoir ignorée quelques jours auparavant.  

 

Mais, finalement, je ne fis rien de tout ça car je choisis une troisième option, plus habituelle pour moi : rester cachée. J'aurais voulu devenir une petite souris pour disparaître en toute discrétion. Du coup, comme à chaque fois que j'étais extrêmement nerveuse, mon esprit divagua et tout en souriant, je m'imaginai profiter de ma taille de petit rongeur, pour lui mordre les fesses, juste histoire de lui faire mal et déchirer d'un coup de dents son pantalon impeccable, pour le faire enrager. Je secouai la tête et me pinçai pour me concentrer.  

 

J'entendis clairement Madame Sakamoto répondre :  

- "Bonjour Monsieur Angel. Je vais bien, je vous remercie. Toujours mon arthrose qui me joue des tours et ma hanche me lance mais je vais plutôt bien. Que voulez-vous ... je ne suis plus toute jeune ! Pas comme vous."  

- "Oh, vous exagérez, Madame Sakamoto. Je suis sûr que vous n'êtes pas si âgée ... Et je vous assure que je ne suis pas si jeune ..."  

- "Quoi ? Nan mais je rêve !" murmurai-je. "Beurk ! C'est quoi ces politesses à la .."  

 

Je fis la grimace mais je fus bien vite ramenée à la réalité par les propos de Madame Sakamoto :  

- "Elle en a de la chance. Ce bouquet est magnifique."  

- "Rassurez-moi, Madame Sakamoto, les roses rouges ont la même signification que chez moi ?"  

- "Je ... Je pense que oui ..."  

- "Alors, acceptez celle-ci ! Pour vous remercier de votre aide ..."  

- "Hi hi hi ... Voyons ! Monsieur Angel !"  

 

Je me penchais par la fenêtre pour m'assurer que ce que j'imaginai était bien en train de se réaliser. Et oui ! Mick avait pris une rose de son bouquet et l'avait donnée à Madame Sakamoto dont les joues avaient pris la même teinte que la fleur qu'elle tenait du bout des doigts. Il avait saisi son autre main et était en train d'y déposer un baise-main. Je crus que Madame Sakamoto allait s'évanouir.  

 

De peur d'être repérée, je me collai à nouveau conte le mur, le cœur battant.  

- "Elle est chez elle ?"  

- "Sure et certaine, Monsieur Angel. Comme je vous ai dit : elle est sortie il y a presque une heure mais là, elle vient de rentrer il y a quelques minutes."  

- "Merci infiniment pour votre aide, Madame Sakamoto."  

 

J'entendis ma logeuse glousser de plaisir avant de bredouiller :  

- "Mais je vous en prie, Monsieur Angel ..."  

 

Alors, c'était ça ! Madame Sakamoto avait effectivement téléphoné à la Clinique pour prévenir Mick de mon retour. Je pensais, furieuse :  

- "Ah la traîtresse ! Elle me le payera ! Je la retiens, elle et ses règles à la noix ! Une rose, un petit tour de flatteries, un baise-main et poufff, plus rien !"  

 

J'entendis les chaussures de Mick sur les marches qui menaient à ma porte, puis, il toqua. Je restai immobile et silencieuse, adossée au mur, juste à côté de ma porte, n'entendant plus que les battements de mon cœur dans mes oreilles, puis, il toqua une nouvelle fois :  

- "Kazue ?"  

 

Je retins ma respiration. Comme je restai silencieuse, il poursuivit :  

- "Kazue, je sais que tu es là ..."  

 

Je pris une grande inspiration et dis d'une voix détachée :  

- "Oui ? Qui est-ce ?"  

- "C'est Mick."  

 

J'hésitai un instant puis je prononçai, sarcastique :  

- "Monsieur Angel ? Que se passe-t-il ? On vous a donné une autorisation de sortie ?"  

 

Mick me répondit, piqué par ma remarque :  

- "Je ne savais pas qu'il me fallait une autorisation pour sortir ..."  

- "Je suis en vacances, vous avez oublié ?"  

- "Non. Je venais pour te voir."  

- "Je remarque, oui. Mais je vous le répète, je suis en vacances. Je ne fais pas de consultation à mon appartement."  

- "Je ne viens pas voir mon médecin, Kazue, je viens te voir toi."  

 

Sa remarque raviva ma colère et la frustration que son attitude des derniers jours avait fait naître en moi :  

- "Ah, parce qu'il y a une différence ? Je ne suis plus Docteur Natori ?"  

 

Il rit doucement :  

- "Tu ne veux pas ouvrir ? C'est nul de parler à une porte."  

- "Non, Monsieur Angel. Au fait, depuis quand on se tutoie de nouveau ?  

- "Justement. J'aimerai qu'on discute de ça. Je ... J'ai été idiot. Il faut que je te parle."  

 

Je ne pus m'empêcher de répliquer, avec un ton plus méprisant que je ne l'aurais voulu :  

- "Pfffff ! Parler, parler, parler ! Tu ne fais que ça : parler !!! Toi et tes principes idiots et tes rasoirs débiles, voilà le résultat ! Du blablabla et encore du blablabla ! Et on n'avance pas !"  

 

Il rit :  

- "Et paf dans tes dents, Angel ... Je l'ai mérité, celle-ci, Kazue, je te l'accorde. Et je t'assure que si Madame Sakamoto n'était pas en train de me regarder comme si j'étais un gros gâteau au chocolat, j'aurais déjà ouvert ta porte, quitte à la fracasser et je te montrerais que je peux faire autre chose que parler ! Et, surtout, maintenant que je peux utiliser mes mains, je te prouverai que mon blablabla n'était pas du blablabla. Ce n'était qu'un avant goût ..."  

 

Je sentis mes joues devenir soudain très chaudes, repensant soudain à ses mains que j'avais de si nombreuses fois imaginées remonter le long de mes cuisses jusqu'à passer l'élastique de ma petite culotte. J'eus l'impression de sentir à nouveau son souffle dans mon cou quand il m'avait murmuré à l'oreille qu'il voulait plus qu'un chaste baiser et qu'il avait envie de moi depuis longtemps. Je retins ma respiration, ne sachant ni quoi faire ni quoi répondre. Il soupira :  

- "Bon. OK. Tu veux vraiment pas ouvrir ?"  

- "Même pas en rêve, Monsieur Angel."  

 

J'avais eu des doutes à un moment, pendant une fraction de seconde, j'avais failli flancher et je m'étais demandée ce qu'il se passerait si j'ouvrais. Mais, je m'étais rappelée mon objectif : le mettre à mes pieds ... Et en vérifiant ma tenue, à savoir jeans troués, converses défraichies et t-shirt délavé, j'en avais conclu que, non, je n'ouvrirai pas ma porte. Même si j'avais les cheveux attachés et que Mick en aurait probablement tiré des conclusions qui allaient dans son sens, j'envisageais le moment où il allait me revoir tout à fait autrement. Et je ne serais certainement vêtue comme une jeune fille en pleine crise d'adolescence.  

 

Je n'avais pas encore tous les détails mais j'étais sûre d'une chose : je ne prendrai pas son bouquet de roses, face à lui et son costume impeccable, alors que j'étais en baskets-t-shirt et que je sentais la transpiration accumulée par des heures de trajets en train et des courses faites à la va-vite. Non, non, non. Ca, c'était non.  

 

Mick s'exclama :  

- "Docteur Natori, si moi je suis une tête de con, vous vous êtes une sacrée tête de mule !"  

- "Et bien, la tête de mule vous remercie d'être venu et vous souhaite une bonne journée !"  

- "Attends, attends, Kazue ! S'il-te-plait !"  

 

Il soupira :  

- "C'est pas comme ça qu'on va y arriver ..." Mick resta silencieux un moment puis il ajouta : "Reconnais quand même qu'on doit mettre certaines choses au point, non ?"  

 

Je ne répondis pas. La voix fluette de Makino me revint en tête comme un coup de fouet : "Mais, regarde ... Nous deux. Il suffisait de pas grand chose."  

 

Alors ? Peut-être qu'il avait effectivement quelque chose à me dire, une bonne explication pour son attitude humiliante. J'avais décidé de le mettre à mes pieds et il venait chez moi avec un bouquet de roses rouges. C'était plutôt un bon début et la situation tournait plutôt en ma faveur mais je n'avais aucune envie de lui faciliter la tâche.  

 

Il soupira et j'entendis le froissement du papier alors qu'il posait le bouquet sur mon paillasson.  

- "Bon, je sais que tu es une adversaire tenace et que tu n'ouvriras pas alors je te propose un dîner, rien que nous deux pour que nous puissions ..." Il rit doucement. "Parler ... Et apprécier peut-être un vrai rendez-vous, si tu décides de me pardonner. Un taxi viendra te chercher vendredi à vingt heures. J'espère sincèrement que tu viendras."  

 

J'entendis ses pas dans l'allée et je risquai un coup d'œil par la fenêtre ouverte : il repartait, les mains dans les poches, la tête basse. Il se retourna pour faire un signe de main à Madame Sakamoto qui lui répondit avec un sourire éclatant aux lèvres. Puis, comme si cette vieille sorcière m'avait sentie, elle se tourna vers ma fenêtre et me lança un regard assassin. Je me collai à nouveau contre mon mur pour me dissimuler, le cœur battant.  

 

Quand j'étais enfin sûre que Mick était parti, j'ouvris ma porte. Je sursautai : Madame Sakamoto était en bas des marches, les mains sur les hanches me fusillant du regard. Je lui lançai :  

- "Je croyais que vous n'autorisiez pas les visites masculines ?"  

- "On est en plein jour et cet homme est tout à fait poli et charmant. Alors, j'imagine bien qu'il a quelque chose à se faire pardonner mais il y met du cœur, ça je peux vous le dire ! Je suis persuadée que ses intentions sont honnêtes et sincères ! "  

 

Je faillis m'étrangler. Poli, charmant, avec des intentions honnêtes et sincères ... Je repensai à Mick, à ses murmures à mon oreille, à ses paroles sensuelles et surtout à notre confrontation au bord de l'étang, au moment où il avait résumé sa vie et ses blessures, son passé violent et cruel. Et je les avais acceptés. Mais je savais très bien qu'une dame comme Madame Sakamoto ne pourrait pas en entendre la moitié avant de penser tout le contraire de ce qu'elle venait de dire.  

 

Je préférai ne rien répliquer et, comme je restai muette, elle poursuivit :  

- "Pis alors, franchement, ma petite, faudra vraiment songer à faire un petit effort ! Parce que c'est pas avec ces guenilles que vous allez le faire craquer."  

 

Elle soupira et maugréa tout en tournant les talons :  

- "Ah là là, ces jeunes femmes qui ne savent plus s'habiller comme des femmes ... pas étonnant qu'elles n'arrivent pas à se marier !"  

- "Qui a dit que je voulais me marier ?" lançai-je, excédée par cette vieille chouette qui se mêlait toujours de tout.  

 

Elle me répondit, sans se retourner :  

- "Un type comme ça, ça s'épouse ma petite dame ! Ca s'épouse ou sinon, ça part ailleurs, pis ça serait franchement du gâchis ... M'enfin, ce que j'en dis, moi ..."  

 

Je ramassai mon bouquet de roses et claquai bruyamment la porte derrière moi en guise de réponse.  

 

Je passai ma soirée à regarder ces fleurs rouges, poudrées et élégantes, depuis le fond de ma baignoire, en sirotant mon verre de vin, puis en mangeant, en écoutant mes vieux vinyles ... De toute la soirée, je ne pus détacher mon regard de cette douzaine de roses rouges pourpres qui trônaient dans un vase sur ma table minuscule. Et quand j'allai me coucher et que je fermai les yeux, leur parfum délicat m'accompagna dans le sommeil. J'avais trouvé ma stratégie. Et elle était toute simple.  

 

***  

Nous étions vendredi soir et j'avais passé toute la journée dans ma salle de bain à parfaire mon épilation et à appliquer différents masques, onguents et crèmes sur mon visage, mon corps et mes cheveux.  

 

19h45. Je regardai la montre qui était accrochée au dessus de ma cuisine et cela faisait au moins quatre fois que je le faisais en moins de deux minutes. Le temps n'avait pas beaucoup changé en si peu de temps. Je soupirai.  

 

La veille, j'étais sortie de chez moi assez tôt pour être au centre commercial dès l'ouverture des magasins avec une idée très précise de la robe que je voulais. A midi, j'avais tourné dans une vingtaine de boutiques différentes mais je n'avais toujours rien déniché, trouvant tout trop vulgaire, trop coloré ou trop court.  

 

Je m'étais alors dirigée vers le centre ville, presque résignée à rentrer chez moi bredouille et à porter mon habituelle petite robe noire quand, soudain, je m'étais arrêtée devant une nouvelle boutique indépendante : "Eri Kitahara".  

 

J'étais en train d'admirer différentes robes, les trouvant toutes magnifiques avant de remarquer les prix inscrits sur les petites étiquettes. J'avais soupiré, désespérée puis j'avais entendu derrière moi :  

- "Oh mais c'est Kazue ! Bonjour !"  

- "Kaori ! Bonjour !"  

- "Kazue, je te présente Eriko Kitahara, une copine de lycée. Eriko, voici Kazue Natori. C'est une amie elle aussi."  

- "Enchantée, Kazue ..."  

- "De même, Eriko. Mais attendez ... Eriko Kitahara ? Eri Kitahara ? C'est vous ? C'est votre boutique ...?"  

- "Oui." Avait répondu la jeune femme avec une très grande assurance. "Je suis styliste."  

- "Oh ... Alors, c'est vous qui dessinez ces merveilles ?"  

- "Et oui ! Intéressée ?" m'avait-elle demandé.  

- "Heuuu, oui, oui ... je cherche une robe. Pour un rendez-vous."  

- "Alors venez." M'avait répondu Eriko. "Je suis certaine que je vais trouver ce qui vous convient. Avec votre physique et votre grain de peau, il suffit de pas grand chose pour vous rendre absolument magnifique !"  

- "De pas grand chose ?" avais-je répété, un peu vexée qu'il me manque quelque chose même si c'était pas grand chose ...  

- "Oui. D'ailleurs, j'ai déjà ma petite idée ! Alleeeeez ..." avait-elle dit, en lâchant Kaori pour me saisir par le bras et m'entraîner dans sa boutique alors que j'essayai de répliquer :  

- "Mais attendez, attendez, c'est que ... Je suis gênée, Eriko. Je ... Ces robes ne sont absolument pas dans mon budget ..."  

- "Ne vous inquiétez pas pour ça. Les amies de Kaori sont mes amies, et entre amies, on peut se rendre des petits services ... Vous avez déjà défilé ?"  

- "Quoi ? Non, mais ..." J'avais lancé un regard suppliant à Kaori mais elle avait levé les mains au ciel en signe d'impuissance et, j'avais à peine eu le temps de respirer que je me m'étais retrouvée devant une cabine d'essayage.  

 

Je m'étais à nouveau tournée vers Kaori : son sourire éclatant et solaire m'avait rassurée. Après tout, je n'avais absolument rien à perdre ...  

 

19h48. Trop tôt pour ouvrir ma porte et attendre dehors, trop tard pour changer quelque chose à ma tenue. Je me regardais dans le miroir, lissant ma robe et vérifiant une dernière fois mon maquillage. Je l'avais déjà refait trois fois, tellement j'étais nerveuse. J'avais parfaitement suivi les conseils d'Eriko.  

 

Elle avait été très claire :  

- "Avec une robe bordeaux, pas de rouge à lèvres. Parce qu'avec un rouge différent, ça rendrait un des deux rouges fadasse et un rouge identique, c'est pour les vieilles filles qui font tapisserie. Donc ... Un gloss transparent ..." Elle avait posé un petit flacon sur son comptoir. "Juste par petite touches, histoire d'attirer le regard sur vos lèvres pour qu'il ait envie de les croquer ... Pour les yeux, pareil, on fait léger, on accentue juste les ombres, on fait disparaître les cernes, on met les cils en valeur ... Et hop !"  

 

Elle avait posé encore un crayon, un ensemble de petites boîtes de poudre et un tube de ricil.  

- "Il faut tout ça ?" avais-je soupiré, sentant soudain toute ma confiance en moi se liquéfier.  

 

Eriko s'était tournée vers moi, les yeux pleins de défi :  

- "Vous voulez le mettre à vos pieds, non ? Alors, faut mettre le paquet !"  

 

19h51. Je mis mes boucles d'oreille. De petits diamants tous simples, rien de long : pour mettre la nudité de mon cou et de mes épaules en valeur, toujours selon les conseils d'Eriko. Pas d'autre bijou, cette fois pour mettre son œuvre en valeur et je devais reconnaître que la robe était exactement ce qu'il fallait. Je la regardai encore dans mon miroir. Quand Eriko était arrivée, triomphante avec cette tenue dans les mains, je l'avais dévisagée, pensant qu'elle se moquait de moi.  

 

Coupée dans un joli tissu bordeaux très mate qui attirait la lumière, elle était très sage, avec des manches trois quart et un col bateau découvrant légèrement les épaules. Même Kaori avait réagi :  

- "Eriko, elle veut le mettre à ses pieds, il doit se rendre compte de ce qu'il loupe s'il ne se bouge pas ... Et c'est pas en montrant si peu, que tu vas lui faciliter la tâche !"  

 

Eriko avait répliqué, visiblement fâchée :  

- "Oh, toi ! J'aimerais bien que tu te décides à te dénuder un peu aussi et à montrer la Kaori belle et féminine que tu es. Ca lui en boucherait un coin à l'autre nigaud ! Mais, si tu t'enfuis quand vous êtes sur le point de vous embrasser, ça aide pas, hein !"  

 

Je m'étais alors exclamée, ravie :  

- "Tu as failli embrasser Ryo ?"  

 

Kaori avait baissé le nez avant de murmurer, rouge jusqu'aux oreilles :  

- "Oh, c'était il y a un moment maintenant ..."  

 

Je n'avais pas eu le temps d'exprimer ma déception qu'Eriko s'était tournée vers moi :  

- "Vous connaissez cet abruti de Ryo ?"  

- "Heuuu... Oui"  

- "Oh ... Vous aussi, vous avez eu recours à City Hunter, alors ?"  

 

J'avais détourné le regard :  

- "Oui ... Il y a longtemps ..."  

- "Et ! Dites moi juste une chose ..." Eriko m'avait fusillée du regard. "Vous ne sortiriez pas avec Ryo ce soir ? Parce qu'on connaît sa technique avec ses clientes ! Si c'est Ryo que vous voulez mettre à vos pieds, comptez pas sur moi !"  

- "Non mais ça va pas la tête !"  

- "Eriko ! Ca ne nous regarde pas, ça !"  

- "Quoi, Kaori ? Tu n'as pas envie de savoir ?" Avait demandé Eriko en se penchant vers moi, me sondant du regard.  

 

Je m'étais sentie acculée. Je n'avais pas avoué avec qui j'avais rendez-vous. Une sorte de pudeur, le désir de garder le secret, un peu de gêne aussi vis-à-vis de Kaori ... tout s'était un peu entremêlé et m'avait retenue de prononcer le nom de Mick. Et en plus, je n'étais absolument pas certaine que notre rendez-vous du lendemain aboutisse sur quoique ce soit. Au pire, je n'aurais certainement aucune envie de raconter mon échec. Donc, j'avais préféré éluder la question.  

 

Remarquant que Kaori n'avait pas arrêté de se triturer les doigts depuis qu'Eriko avait posé la question, j'avais cependant répondu sans mentir :  

- "Non. Je n'ai pas rendez-vous avec Ryo."  

 

Puis, j'avais mieux regardé la robe et je m'étais écriée :  

- "Ahhhh ! Mais vous êtes folle ! Jamais je n'oserais porter ça !"  

 

19h55. Je vérifiai une dernière fois mon sac à main, une toute petite pochette en daim noir, choisie avec soin par Eriko et contenant strict nécessaire, mon portefeuille, un peu de maquillage, un paquet de mouchoirs, et, pour ne pas être prise au dépourvu et ni jouer les hypocrites, trois préservatifs. J'hésitai un instant et j'ajoutai un quatrième. Au cas où ... On n'est jamais trop prudente ...  

 

19h57. J'enfilai mes chaussures dont le cuir était assorti à la pochette. Les talons étaient vertigineux et j'eus un peu de mal à trouver mon équilibre. Heureusement, j'avais passé toute la matinée à m'entraîner à marcher ainsi perchée. J'enfilai mon manteau et je sortis. Au moment où je verrouillai ma porte, un taxi se garait devant le portail. Je pris une grande inspiration. Pas question de reculer maintenant.  

 

 

 


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