Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 40 chapitres

Publiée: 24-11-20

Mise à jour: 30-04-21

 

Commentaires: 78 reviews

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Romance

 

Résumé: Elle est japonaise. Il est américain. Elle sauve. Il tue. Elle soigne. Il assassine. Elle se bat contre la mort, lui, il la défiait tous les jours. Une femme, un homme, une rencontre, deux existences qui se croisent, jusqu'à ce que ... Cette histoire devrait être classée NC-17 (certains passages lemon) mais n'ayant pas les accès à cette section je ne peux pas y publier. Toutes mes excuses.

 

Disclaimer: Les personnages de "Yes or no" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Est-ce que je peux faire corriger ma fanfiction?

 

Oui, il suffit de choisir un Beta Reader. Un Beta Reader est une pe ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Yes or no ?

 

Chapitre 36 :: Chapitre 36 : "Qui part à la chasse, perd sa place !"

Publiée: 16-04-21 - Mise à jour: 16-04-21

Commentaires: Bonjour à toutes ! Voici la suite de l'histoire ... Avec LA réponse à la question que vous m'avez quasiment toutes posée : est-ce une vraie demande en mariage ? C'est marrant que vous ayez des doutes, j'avoue que je ne m'attendais pas à ça ... Bonne lecture en tous cas !

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

Chapitre 36 : "Qui part à la chasse, perd sa place !"  

 

Une quinzaine minutes plus tard, je me retrouvai debout dans la rue, simplement enroulée dans un drap, courant vers sa silhouette qui s'enfuyait devant moi dans la nuit. Et puis soudain, je parvins à crier :  

- "Mick ! S'il-te-plait ! Mick !!!" Et puis mon cri mourut, étouffé par des sanglots irrépressibles qui jaillirent brutalement de ma gorge : "Je t'aime ..."  

 

Quelques minutes plus tôt, nous étions encore en train de faire l'amour.  

Quelques minutes plus tôt, nous étions encore assis sur notre lit.  

Quelques minutes avaient suffi pour tout faire basculer.  

Mais qu'est-ce qu'il c'était passé ?  

J'avais du mal à recoller les morceaux.  

 

J'avais compris que ma diversion n'avait pas fonctionné alors que Mick était sur le point de me reposer la question qui me terrifiait tant.  

 

Il m'avait attrapée par les épaules alors que j'avais cherché en vain à fuir son regard et ses yeux qui m'avaient sondée. Au bout de quelques secondes, il m'avait lâchée brutalement, me repoussant comme si ma peau était soudain devenue brûlante et il avait eu un brusque mouvement de recul :  

- "Non, non, c'est pas vrai ... Dis-moi que ce n'est pas ce que je pense ?"  

 

J'étais restée muette, mes yeux noyés de larmes toujours rivés sur le drap en coton rouge bordeaux que Mick avait été très fier d'acheter quelques jours auparavant, prétendant toujours que cette couleur allait parfaitement avec celle de ma peau.  

 

Il avait alors bredouillé :  

- "Ne me dis pas que .... Ne me dis pas que tu as fait ça pour ... pour ... Non !"  

 

Il s'était alors levé d'un bond :  

- "Tu vas dire non, c'est ça ? Tu vas refuser ma demande, hein ?"  

 

J'avais levé les yeux vers lui, la bouche ouverte mais, malheureusement, aucun son n'était sorti de ma gorge. J'avais été complétement paralysée, mon esprit avait tourné en rond dans une sorte de brouillard collant dont je n'étais pas parvenue à me défaire.  

 

Pendant ce temps, il avait passé plusieurs fois frénétiquement ses mains dans ses cheveux en répétant plusieurs fois :  

- "Oh Putain ! J'y crois pas !"  

 

Il s'était ensuite figé pour me dévisager, les yeux écarquillés, éperdu, consterné, atterré.  

- "Alors ce n'était pas parce que j'étais ivre que tu n'as pas répondu la première fois ..." Il avait commencé à tourner en rond comme un lion en cage tout en poursuivant : "Oh Putain ! Moi qui croyais que c'était juste parce que j'y avais pas mis les formes ... Oh Putain ! J'y crois pas ! Moi qui ai tout fait pour te rassurer sur mes projets pro ... Oh Putain ! I can't believe it ... I can't believe it ... (J'y crois pas)"  

 

Je m'étais alors rendue compte que j'avais commis une monumentale erreur. Mick n'avait pas oublié sa première demande en mariage. Non. Il avait même pensé l'avoir mal faite et que c'était pour ça que j'avais esquivé sa demande.  

 

Soudain, alors que je continuai de courir, les mots explosèrent dans ma tête :  

- "Mais pourquoi est-ce que je n'ai rien dit ! Pourquoiiiiii ?????" Si j'avais pu dire quelque chose à ce moment-là, peut-être que ... Peut-être que ...  

 

Je courus encore quelques dizaines de mètres avant de me rendre à l'évidence : jamais je ne pourrais le rattraper. J'étais déjà épuisée, il était entraîné, j'étais empêtrée dans un drap qui traînait au sol et que je devais tenir dans une de mes mains, il était libre de ses mouvements, j'étais pieds nus, il était équipé, j'étais désespérée et sanglotante, il était mu par la force de la colère. J'étais parfaitement impuissante. Je m'arrêtai et tentai de reprendre mon souffle alors que je voyais sa silhouette disparaître en tournant au coin de la rue.  

 

Mais qu'est-ce qu'il c'était passé ?  

 

Après avoir tourné encore un peu en rond, Mick avait ouvert brusquement son placard et s'était habillé avec des gestes rageurs : un boxer, un jogging, un t-shirt à manches longues. Il avait ensuite enfilé une paire de chaussettes, ses baskets et des mitaines et était sorti de la chambre sans un mot avant de se pétrifier dans la cuisine.  

 

J'avais réussi à bouger un peu et je m'étais levée, cherchant à me cacher en m'enroulant dans le drap de notre lit défait. Je m'étais alors approchée de lui pour tenter de le retenir mais avant que j'ai pu l'atteindre, il avait poussé un cri de rage et d'un revers du bras, il avait balayé toute la table.  

 

Les verres, la bouteille de champagne, les assiettes, les couverts, tout était allé s'écraser sur le sol dans un fracas épouvantable, lançant des éclats de verre et de porcelaine en tous sens.  

- "Et moi, comme un con, je me suis fait chier à faire tout ça ! Tout ça pour TOI !" Il s'était tourné vers moi et son regard m'avait glacée, me transperçant le cœur comme un coup de poignard, me coupant le souffle.  

 

J'aurais voulu devenir toute petite à ce moment-là, devenir transparente, liquide ou même disparaître. Il avait écarté les bras, écrasant volontairement les débris de notre dîner en amoureux avec ses chaussures :  

- "Tout ça pour toi ! Tout ça pour ça !" Et il avait donné un coup de pied dans le sceau à champagne qui était allé rebondir contre le mur juste à côté de moi, me faisant sursauter.  

 

Mais je n'avais rien dit. Mais, pourquoi je n'avais rien dit ? Je n'en serais pas là, si j'avais réussi ...  

 

Je retournai sur mes pas, sans faire attention à la morsure du macadam sur la plante de mes pieds. A courir pieds nus, je m'étais certainement éraflée. Ma cheville gauche me lançait peu à peu. Certainement une foulure et je commençais à boiter légèrement. Mais la souffrance qui régnait à l'intérieur de moi était tellement plus grande que je ne prêtais pas attention à ces petites blessures anodines. J'avais du mal à reprendre mon souffle, tellement je pleurais. Heureusement, il faisait nuit et je ne croisai personne qui puisse constater ma honte.  

 

Pathétique. J'étais pathétique. Pieds nus dans la rue, avec pour seul vêtement un drap, pleurant toutes les larmes de mon corps, courant en pleine nuit après mon amant fâché et blessé. Pathétique.  

 

Mais, pourquoi je n'avais rien dit ? Pourquoi je n'avais pas essayé de lui dire, de le retenir ? Je repensai alors à ce qu'il m'avait dit d'une voix froide et dure :  

- "Mais alors, dis-moi, je suis quoi pour toi ?"  

 

J'étais restée pétrifiée et il avait répété :  

- "Hein ? Je suis quoi, pour toi ?"  

 

Mon Dieu, si j'avais pu dire quelque chose à cet instant, si j'avais pu lui dire tout ce qu'il représentait pour moi, combien je l'aimais, combien je voulais vivre avec lui mais combien tout ça me terrifiait ... Si j'avais pu ... Si j'avais pu ...  

 

Si j'avais pu lui dire, il ne m'aurait pas hurlé :  

- "Je suis quoi pour toi ? Hein ? Je suis rien qu'un passe-temps ? Ou je suis juste le bon coup du moment ? C'est ça ? Je suis juste le seul mec qui t'a fait prendre ton pied ? Tu sais enfin ce que c'est que de jouir au plumard ? Il était pas capable de faire ça aussi bien, ton Shinishi, hein ?"  

 

Et là, la seule chose que j'avais réussi à faire, avait été de le gifler. Enfin ... de le gifler. Ma main n'avait pas atteint son objectif car il l'avait retenue d'un geste net, ses yeux froids rivés dans les miens, me serrant le poignet. Ses doigts me faisaient mal cette fois mais je n'avais rien dit, je n'avais même pas cherché à me dégager. J'avais accepté ma souffrance.  

 

Il m'avait alors murmuré d'une rage froide, les mâchoires crispées :  

- "Oh, non. Pas cette fois, Kazue, pas cette fois. Au bord de l'étang, je l'avais méritée, je l'avais même cherchée. Mais pas là. Ce n'est pas moi qui ai déconné, cette fois, Kazue. Je ne la mérite pas."  

 

Il avait violemment lâché ma main, me faisant reculer et s'était dirigé vers la porte d'un pas vif. Avant de sortir, sans se retourner, il m'avait dit :  

- "Qu'est-ce qu'il avait de plus que moi, le Monsieur-Shinishi-Parfait, qu'est-ce qu'il avait de plus que moi pour qu'à lui, tu lui dises oui ?"  

 

Et il s'était engouffré dans les escaliers à toute vitesse, laissant la porte ouverte derrière lui. Quelques secondes plus tard, je l'avais suivi, dévalant les marches. J'avais glissé à un moment, me faisant mal à la cheville et je m'étais rattrapée de justesse à la rampe. Arrivée hors de l'immeuble, j'avais aperçu sa silhouette qui s'enfuyait. Il m'avait alors semblé que Mick s'était retourné avant d'accélérer le rythme mais je n'en étais pas sûre et j'avais tenté de le rattraper. En vain.  

 

J'arrivai enfin devant la porte de l'immeuble. J'essayai de la pousser. Sans succès. Dans ma précipitation, j'avais oublié de prendre mes clefs. Je secouai la porte plusieurs fois mais elle résista à mes assauts inutiles. Peut-être aurais-je plus de chance avec la celle de la cour arrière ?  

 

Je fis le tour du bâtiment, haletante, pressée de rentrer me mettre à l'abri, de dissimuler ma honte, ma souffrance, ma colère. Mais la petite porte était tout aussi fermée que la principale. Je frappai rageusement contre la tôle mais rien de plus ne se passa. Je donnais également quelques coups de pieds mais ma cheville endolorie m'extirpa un cri de douleur et je me sentis glisser.  

 

Mes jambes se dérobèrent sous moi et je tombai à genoux dans la pénombre de la petite cour. Je laissai sortir des sanglots presque hystériques. J'avais mal, tellement mal que je ne parvenais plus à bouger ou à réfléchir. Il me semblait même que je n'arrivai plus à respirer. Tout ce que j'arrivai à faire, c'était pleurer. Au moins avec un drap autour de moi, j'avais de quoi essuyer mes larmes.  

 

Je finis par me traîner au sol pour aller m'appuyer au mur, juste à côté de la porte. Cette satanée porte arrière ... Je commençai à me calmer. Je reniflai et hésitai à me moucher dans le drap. De toutes façons, il avait trainé par terre et était bon pour la lessive. Un peu plus ou un peu moins, et puis, c'était pas du satin, non plus ... Mais je ne pouvais m'y résoudre.  

 

J'entendis alors des bruits de talons qui descendaient les escaliers à l'intérieur de l'immeuble. Si je me dépêchais, j'arriverais peut-être à entrer avant que la porte ne se referme. Je me levai et me précipitai vers l'entrée principale aussi vite que je le pus, gênée par mon drap et par ma cheville qui me faisait de plus en plus mal.  

 

Je bousculai presque une jeune fille vêtue d'une robe noire très courte et très décolletée qui sortait de l'immeuble. Très certainement la dernière conquête de notre voisin du quatrième étage : un étudiant qui rencontrait énormément de succès auprès de ses camarades féminines. Je m'élançai en avant, sans tenir compte de la revendication outrée de la jeune femme et j'attrapai la porte à la dernière seconde tout en soufflant de soulagement.  

- "Dites, z'êtes pas gênée vous !" entendis-je derrière moi.  

 

Je me retournai vers la jeune femme et je mentis :  

- "Pardon, j'ai oublié de prendre mes clefs ... pour ... sortir ... la poubelle ..." balbutiai-je, tout en me sentant rapetisser sous son regard méfiant.  

- "Vous habitez ici au moins ?"  

- "Au cinquième oui." Répondis-je, resserrant encore mon drap comme dans le reste de ma dignité bafouée, la défiant du regard.  

 

Elle me dévisagea et soudain son visage s'éclaira d'un sourire :  

- "Ah, au cinquième ? Alors, c'était vous ? Je vous imaginais un peu plus jeune ... J'espère que je serai aussi en forme que vous quand j'aurai votre âge."  

 

Je me sentis bouillir de rage et j'allais répliquer quand elle ajouta avec un grand sourire avant de tourner brusquement les talons :  

- "Faut dire que votre grand blondinet est sacrément sexy, je vous comprends ... Merci en tous cas, vous nous avez inspirés ! Bonne fin de soirée ..."  

 

Dans d'autres circonstances, je crois que je lui aurais couru après pour la remettre à sa place comme il se doit, et je lui aurais montré si j'étais vieille mais, pour cela, j'aurais été obligée de lâcher la porte et ce sacrifie était trop grand.  

 

J'entrai et laissai la porte se refermer derrière moi tout en maugréant :  

- "Aussi en forme que vous quand j'aurais votre âge ... Nan mais je rêve, elle croit que je suis un dinosaure ou quoi ? C'est bon, je suis pas à mettre à la casse, non plus !"  

 

Et puis, je réalisai aussi ce que cela impliquait ... Nos voisins du quatrième nous avaient entendus et je me sentis rougir jusqu'aux oreilles alors que je me vengeai rageusement sur le bouton d'appel de l'ascenseur :  

- "Mais, tu vas venir, saloperie !!!"  

 

Enfin, la cabine arriva et les portes s'ouvrirent avec une lenteur infinie. Je m'y engouffrai avec soulagement et appuyai immédiatement sur le chiffre cinq puis sur le bouton de fermeture des portes. Je m'adossai contre la paroi pour soupirer profondément quand je vis avec horreur les portes se refermer sur une partie de mon drap qui traînait misérablement derrière moi.  

 

Je tirai vivement sur le tissu mais trop tard et une partie du drap resta coincée à l'extérieur. Prise de panique, je tirai de toutes mes forces, alors que le drap restait toujours accroché, m'entraînant inexorablement vers les portes. Je lâchai mon drap pendant une seconde et j'appuyai rapidement sur le bouton un pour que l'ascenseur s'arrête le plus vite possible.  

 

Le drap se resserra encore autour de moi et je tirai plus fort, utilisant mes deux mains, refusant de me retrouver nue dans cette boîte minuscule. A cet instant, les portes s'ouvrirent au premier étage et je me retrouvai projetée en arrière ... Sauf que mon drap était resté coincé à l'étage inférieur et que, comme je le craignais, je me retrouvai nue.  

 

Je faillis éclater en sanglots de rage devant l'ultime humiliation de cette soirée catastrophique et je tirai sur le tissu avec toute la force de mon désespoir. Si j'appuyai sur le zéro, cela ne m'empêcherait pas ce fichu ascenseur de monter au cinquième, alors que j'étais en tenue d'Eve avant de devoir redescendre, toujours aussi nue, pour récupérer mon drap. Je choisis donc de continuer encore à tirer, pensant, à tort que j'arriverais à le libérer sans dommage et, avec un craquement sinistre, le drap se déchira sur toute sa largueur.  

 

Je me retrouvai à nouveau projetée en arrière, tenant la moitié de mon drap entre les mains tandis que les portes se refermaient et que la cabine l'élevait. Désespérée par ce carnage, je m'enroulai dans ce qui me restait de tissu. Mick allait m'écharper, il était tellement content de ses draps de couleur bordeaux ...  

 

Mick ...  

 

Mon cœur se serra en pensant à nouveau à lui, à sa silhouette qui s'enfuyait devant moi. J'en étais sure maintenant, il s'était retourné vers moi, il m'avait vue alors que je courrais pour le rattraper, je n'avais plus aucun doute ... et il avait continué droit devant, me laissant derrière lui. Je pris une grande inspiration et je parvins, tant bien que mal à retenir mes larmes jusqu'à ce que ... Jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur s'ouvrent.  

 

Je découvris alors la porte de l'appartement.  

La porte de l'appartement était fermée.  

La porte de l'appartement était fermée et elle ne s'ouvrait de l'extérieur qu'avec une clef.  

Et je n'avais pas mes clefs.  

 

Je toquai misérablement, espérant que Mick était rentré pendant que je prenais l'ascenseur. Mais, je dus me rendre à l'évidence : l'appartement était vide.  

L'appartement était vide et je n'avais pas mes clefs.  

J'étais presque nue sur le palier.  

Je voulais rentrer chez moi ... Si c'était encore chez moi.  

Est-ce que cet appartement serait encore mon chez-moi ?  

Mon homme était parti en courant.  

Il avait balayé la table de notre repas d'un revers de bras avec un cri de rage.  

Je lui avais fait mal.  

J'avais refusé de l'épouser.  

Il était fâché contre moi et sa colère était justifiée.  

J'avais tout fichu en l'air.  

J'avais tout fait de travers.  

Je m'étais comportée comme une parfaite idiote.  

J'avais tout gâché ...  

Tout gâché.  

Tout.  

 

Cette fois, je ne pus retenir mes larmes et j'éclatai à nouveau en sanglots, tombant à genoux devant la porte, les mains crispées sur mon drap. Je pleurais tellement que je n'entendis pas les pas qui montaient dans l'escalier.  

- "Tu voulais te mettre à la couture ?"  

 

Je me relevai d'un coup et m'écriai, le cœur battant de joie :  

- "Mick !"  

 

Il était sur le palier, juste devant moi, tenant dans sa main l'autre morceau de drap.  

- "Tu m'expliques ?"  

 

Son ton, sec et cinglant, me fit l'effet d'une gifle.  

- "Je ... Je ... Je suis désolééééée !" Mes sanglots reprirent de plus belle et je bredouillai, à la limite de l'hystérie et je m'approchai de lui, espérant trouver du réconfort dans ses bras : "C'est les portes de d'ascenseur ... elles se sont refermées dessus ... J'ai dû tirer ... J'étais dehors ... J'ai pas mes clefs ... Et cette fille, là, elle a dit ... et j'ai tiré et je pensais pas qu'il se déchirerait ... Je suis désolée ... Je suis tellement désolée ... Je voulais pas ... Je ... Je ... Et tu es parti si vite ... J'ai .. Je rachèterai un drap, le même, promis ... Je ... Pardon, Mick, pardon ..."  

 

Arrivée à sa hauteur, je posai ma tête contre son torse, pleurant encore et encore. Mais il resta immobile pendant quelques secondes avant de me saisir par les épaules pour m'éloigner fermement de lui :  

- "Reprends-toi, s'il-te-plait."  

 

La froideur de son regard me figea. Je reniflai bruyamment et essuyai mes larmes du revers de la main et il me tendit le bout de drap qu’il tenait encore entre ses mains :  

- "Tiens, au point où il en est ..."  

 

Ayant perdu toute volonté propre, j'obtempérai sans discuter et me mouchai dans les restes de ce pauvre malheureux drap. Je murmurai d'une voix frêle tout en lui lançant un regard désespéré :  

- "Il est comme nous finalement. Complétement déchiré ..."  

 

Il éluda ma remarque et me fit signe de me retourner :  

- "Regarde par là. J'ai à faire."  

 

Je lui tournai alors le dos. Je l'entendis ouvrir le placard électrique du couloir, je perçus quelques grattements et le grincement de la porte quand il la referma. Il passa devant moi et ouvrit l'appartement.  

- "Oh !" Murmurai-je à la fois soulagée de voir la porte s’ouvrir et profondément blessée qu’il m’ait demandé de me retourner. "Tu as une planque pour tes clefs ... Et bien sûr, je ne dois pas la connaître ..."  

 

Il se tourna vers moi et me lança :  

- "Pour le moment, ça me parait plus judicieux, effectivement."  

 

Une chape de tristesse s'abattit sur moi et chassa brusquement mon indignation. J'entrai en boîtant à sa suite et je regardai, hypnotisée, les débris de vaisselle qui jonchaient sur le sol.  

- "Va te doucher. Il faudra aussi soigner ça." dit-il, de son ton toujours aussi froid et distant, tout en pointant ma cheville du doigt.  

 

Je me tournai vers lui et j'allai répliquer mais il me fit taire d'un regard avant de me répéter :  

- "Va te doucher. On parlera après."  

 

Je n'avais pas d'autre choix que de lui obéir.  

 

Enroulée dans une serviette cette fois, je sortis de la salle de bain quelques minutes plus tard, ne m'étant pas attardée plus que de raison sous l'eau chaude. J'appréhendais plus que tout notre discussion, j'en tremblais même, mais je ne souhaitais pas faire durer l'attente plus longtemps.  

 

Je découvris alors Mick en train de passer un dernier coup de balai avant de jeter le contenu de la pelle dans la poubelle avec un bruit de verres et d'assiettes brisés. Je vis aussi sur la table, un petit écrin en velours rouge sombre, posé bien en évidence. Il se tourna vers moi et me désigna le canapé. Quand je fus assise, il posa deux tasses de thé sur la table basse et alla chercher un sac de glace pour ma cheville.  

 

Je me laissai totalement faire, tout en l'observant, guettant un signe, un indice, quelque chose qui aurait pu m'indiquer ce qu'il allait me dire. Mais je ne vis rien. Le visage totalement fermé et impassible, il désinfectait doucement les égratignures de mes pieds qui m'avaient tant brûlée quelques instants plus tôt sous la douche.  

 

Quand il eut finit, il me dit simplement tout en se levant :  

- "Je vais me doucher. Habille toi."  

 

Je restai pétrifiée jusqu'à ce que la porte de la salle de bain se referme derrière lui. J'étais à bout de force et j'avais l'impression que je n'avais même plus assez d'énergie pour pleurer. Je me levai pour aller m'habiller dans la chambre mais je ne parvins pas à entrer. Mon regard restait fixé sur les détails qui rappelaient nos précédents ébats : le lit complétement défait, ma robe et mon soutien-gorge entremêlés avec sa cravate bleue, les oreillers épars ... Je n'avais pas le courage d'aller plus loin que le pas de la porte.  

 

Je fis demi-tour mais ce fut pour passer devant la table et le petit écrin rouge. Tout ça à cause de cette chose minuscule ... Je détournai le regard comme si cette petite boîte allait devenir vivante et venir me sauter à la gorge ... Je trébuchai alors sur le tas de vêtements de Mick, ceux qui gisaient encore au sol quand il s'était déshabillé en me maintenant en appui contre le mur. Comme j'aurais voulu remonter le temps.  

 

Je me baissai et trouvai la petite culotte que j'avais glissée dans la poche de son pantalon et je l’enfilai rapidement. Je mis ensuite sa chemise près l'avoir respirée longuement pour retrouver son odeur de cèdre et de citron vert. Mon Dieu ... Était-ce la dernière fois ?  

 

Je me rassis sur le canapé, couvrant mes jambes avec mon vieux plaid, relevant le col de sa chemise pour sentir encore son parfum et commençai à boire doucement mon thé. Bien chaud. Très sucré. Comme je l'aimais. Contrairement au café dans lequel je ne mettais jamais de sucre et que je pouvais boire froid. Même fâché, il m'avait préparé mon thé comme je l'aimais. Était-ce la dernière fois qu'il me préparait mon thé du soir ?  

 

Mon cœur se serra, mes mains tremblèrent mais je ne pleurai pas. Curieusement, je ne pleurai pas. Peut-être n'avais je même plus de larmes à pleurer ...  

 

La porte de la salle de bain s'ouvrit brusquement, me faisant sursauter. Mick passa devant moi, la taille ceinte d'une serviette et, pendant qu'il allait dans la chambre sans un regard pour moi, j'admirai son dos et son tatouage. Était-ce la dernière fois que je pourrais le faire ?  

 

Quelques secondes plus tard, il revint en bas de pyjama et t-shirt blanc et s'assit à côté de moi, posa ses coudes sur ses genoux et tourna la tête vers moi.  

- "Je pense que je suis en droit d'exiger une explication, non ?"  

 

 

 


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