Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 2 :: Chapitre 2

Publiée: 22-01-21 - Mise à jour: 22-01-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Merci pour l'accueil. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 2  

 

Allongée sur le lit dans la chambre de son amie, Kaori la regardait aller et venir entre ses différents portants de vêtements et de tissus, sélectionnant, remettant, s’arrêtant, repartant. C’était fascinant.  

 

- Et donc ton Ryo, il est comment ?, finit par lui demander Eriko, le regard intéressé.  

- Ce n’est pas mon Ryo d’abord., lui opposa-t-elle avec une moue dédaigneuse.  

- Donc il est comment ?, insista la styliste en herbe.  

- Sa seule qualité est d’être ami avec mon frère., répondit la jeune femme en toute mauvaise foi.  

- Kaori Makimura, tu ne m’as pas habituée à ça !, la reprit son amie sévèrement.  

- J’ai l’impression d’entendre mon frère…, grommela-t-elle.  

- Bon d’accord…, soupira-t-elle, avouant sa défaite.  

 

Elle s’assit en tailleur sur le lit et fixa un point pour faire appel à ses souvenirs, chose quelque peu superflue puisqu’il l’avait impressionnée même si elle ne savait pas encore dans quel sens.  

 

- Il est grand. Il doit avoir un peu moins de trente ans. Il a des cheveux noirs comme le jais et des yeux d’un gris sombre, limite noir. Il est bien proportionné, et si je te le dis, c’est juste parce que tu vas me poser la question juste après, donc j’anticipe… parce que moi, perso, je m’en contrefiche. Il pourrait être gringalet, ça me ferait le même effet. Pour le reste, il est riche à millions, autoritaire, moqueur voire ironique, imbu de sa position., résuma-t-elle, sentant un léger fard monter à ses joues alors qu’elle chargeait un peu le portrait pour le rendre moins… elle ne voulait pas vraiment définir comment il était moins en fait, sa conscience la titillant déjà quelque peu.  

 

Eriko se tut et l’observa quelques secondes.  

 

- Il sait bien s’habiller ?, lui demanda-t-elle.  

- Parce que je déteste les hommes qui n’ont pas de style.  

- Eri…, grogna Kaori, même pas surprise de la remarque de son amie.  

- Il doit faire faire ses costumes sur mesure alors oui, il est bien habillé. Je suppose que rien que ses chaussures doivent valoir un an de salaire d’Hide et son épingle à cravate un mois., expliqua la rouquine.  

- Parce que tu as pu voir qu’il portait une épingle à cravate ? Torse musclé ?, l’interrogea-t-elle, l’oeil pétillant.  

- Eri !, s’exclama son amie, outrée.  

 

Malgré tout, elle ne put s’empêcher de revoir la silhouette du businessman et d’apprécier sa carrure une nouvelle fois.  

 

- Je… je pense oui., balbutia-t-elle.  

- Et ses cuisses ? Ses hanches ? Larges ou fines ? Ses…  

- Stop ! Ca devient gênant. Je dois bosser avec lui lundi, Eriko., lui rappela-t-elle.  

- Je préfère penser qu’il est vieux et moche., souffla-t-elle.  

 

Elle devait admettre qu’il l’avait troublée d’une certaine manière. Il n’y avait pas de mal à apprécier le physique d’un homme mais elle devait pouvoir agir de manière normale avec lui par la suite, non pas comme une midinette.  

 

- Il t’a tapé dans l’oeil ? Alleluïa ! Ca serait bien la première fois qu’un garçon te tourne la tête !, s’exclama son amie, enthousiaste.  

- Il ne m’a pas tourné la tête ! Je ne veux pas qu’il me tourne la tête. Je suis sûre que c’est un tombeur et je ne veux pas d’un homme pour une nuit. Alors, la vitrine est alléchante mais je ne rentrerai pas dans le magasin., lui déclara la future stagiaire bien déterminée.  

- Ne dis jamais « fontaine je ne boirai pas de ton eau ». , lui rappela Eriko.  

- Et si vous vous mariez, je compte bien dessiner ta robe ! J’ai même déjà plein d’idées, lui dit-elle, les yeux pleins d’étoiles.  

- Eri !, la rabroua Kaori, lui lançant un oreiller.  

 

Eriko l’évita en riant et le lui renvoya. Elles se battirent quelques minutes comme deux gamines à coups de polochon puis s’effondrèrent essoufflées sur le lit, le silence les enveloppant alors qu’elles contemplaient le plafond, se calmant. Quelques minutes plus tard, la styliste se leva et alla chercher un bloc de dessin.  

 

- Tiens, regarde, ce sont mes derniers modèles. Je participe au concours de mode de la maison Takayama dans trois mois. Tu en penses quoi ?, lui demanda-t-elle fébrilement.  

 

Kaori feuilleta les différentes pages, toujours aussi impressionnée par le talent de son amie.  

 

- J’en pense que tu vas remporter ce concours haut la main. Tu as un tel talent…, lui affirma-t-elle.  

- Merci Kaori. Tu n’imagines pas à quel point tes mots me soulagent., commença-t-elle avant de s’arrêter et de se mordre la lèvre.  

- Ce qui me soulagerait encore plus, c’est que tu acceptes d’être mon mannequin pour le défilé du concours., lui avoua-t-elle avec des yeux de cocker.  

- Quoi ?! Non ! Je… Tu devrais prendre quelqu’un qui mettra en valeur tes créations, pas moi. Ce que tu fais, c’est trop beau., se défendit Kaori.  

 

Eriko regarda son amie, se retenant de soupirer de frustration. Elle avait entendu le « pour moi » qu’elle avait tu. Elle connaissait les petits défauts de Kaori et le manque de confiance en faisait malheureusement partie dès qu’on parlait de son physique. Pourtant, elle n’avait rien à envier à quiconque, même avec sa coupe garçonne qui soulignait les traits fins de son visage. Néanmoins, elle connaissait également les faiblesses de son amie et, même si c’était moche, elle en userait car c’était elle et aucune autre qui devait présenter ses créations.  

 

- S’il te plaît, Kaori… Tu ne me laisserais pas seule et démunie face à tous ces inconnus. C’est mon premier vrai défilé. C’est toute ma carrière que je joue. Si tu n’es pas là…, commença-t-elle, essuyant une larme inexistante à ses yeux.  

- Si tu n’es pas là, je sais que ce sera raté d’avance. Ca ne sert à rien que je le fasse., se lamenta-t-elle, se laissant tomber sur le lit, le visage caché dans les mains.  

- Eriko…, souffla Kaori, mal à l’aise.  

- J’ai compris. Ce n’est pas grave. Je vais aller chercher un travail en usine…, argua-t-elle.  

 

Elle y allait fort, très fort même mais elle se jura de se faire pardonner par son amie. Elle avait d’ailleurs déjà sa petite idée sur le sujet.  

 

- Bon, c’est d’accord., soupira Kaori qui ne pouvait résister à la détresse de sa meilleure amie.  

- C’est vrai ?, fit Eriko, faussement surprise.  

- Oui, c’est vrai. Je défilerai pour toi., grommela-t-elle.  

- Génial ! Tiens, prends ça pour te remercier !, s’exclama-t-elle, extatique, bondissant sur ses pieds et lui tendant un tailleur robe gris clair.  

 

Le futur mannequin eut comme l’impression de s’être fait mener en bateau mais, bizarrement, même si ça ne lui plaisait pas de défiler, elle n’en tint pas rigueur à la fautive.  

 

- Tu as des escarpins ?, lui demanda celle-ci, les yeux plissés.  

- Bien sûr que non ! J’ai horreur de cela. Je ne sais pas marcher avec., lui rappela Kaori.  

- Bon, je passe te prendre demain en début d’après-midi. On fait le tour de ta garde-robe et de tes chaussures et on va aller faire les magasins., lui annonça Eriko.  

- Quoi ?! Non, Eriko. Je ne vais pas aller faire du shopping et dépenser de l’argent à rien., lui opposa la rouquine.  

 

Son amie se retourna, les poings sur les hanches, et la fixa sévèrement. Kaori déglutit face à ce regard qu’elle connaissait bien et qui lui disait de ne pas chercher à s’échapper.  

 

- Tu vas porter mes créations, alors il te faut des chaussures qui vont avec. Et comme tu me fais de la promotion sans rien me demander en échange, c’est moi qui offre. Donc tu n’as pas le droit de refuser., lui opposa-t-elle.  

- Tes créations ? Mais Eriko, il n’y a que ce tailleur et c’est bien suffisant., répliqua Kaori, se recroquevillant sur elle-même quand son amie avança d’un pas.  

- Ah mais non ! Celui-là, c’est pour commencer. Demain, je te ramènerai une autre tenue et tu en auras d’autres par la suite. Tu seras mon support publicitaire., lui affirma-t-elle.  

- Et si je ne veux pas ?, balbutia la rouquine.  

- Non non non, ce… ce n’est qu’une supposition., se défendit-elle, voyant l’aura de colère de son amie se déployer.  

- Je serai ravie d’être ton panneau publicitaire… mais je refuse le maquillage !, lui affirma-t-elle.  

- Kaori, une femme se maquille !, argumenta Eriko.  

 

Pourquoi était-elle venue ce soir ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?, se morigéna-t-elle. Elle se retrouvait mannequin désignée volontaire à se battre contre son amie pour une toute petite parcelle de liberté.  

 

- Pas moi. Je t’accorde éventuellement le rouge à lèvres et le mascara mais c’est tout !, s’imposa Kaori.  

 

Eriko la contempla un long moment sans rien dire et Kaori aurait juré voir des images d’elle parée de différentes tenues défiler dans ses yeux.  

 

- Ca marche. Affaire conclue !, déclara soudain Eriko, ravie.  

- Bon alors, quelles sont les couleurs qui te vont le mieux ?, commença-t-elle à réfléchir, se tournant vers son portant à tissus.  

- Qu’est-ce que j’ai fait ?, grogna Kaori, se laissant tomber en arrière sur le lit, désespérée.  

 

Autant dire qu’elle se reposa la même question le lendemain après-midi en suivant son amie à travers les boutiques, essayant un nombre incalculables de chaussures, de rouges à lèvres et mascaras…  

 

A l’heure indiquée, Hideyuki pénétra dans le bar du Sun City et rejoignit son acolyte déjà installé à une table en retrait, son garde du corps assis au bar non loin incognito.  

 

- Tu es arrivé bien tôt pour une fois., lui fit-il remarquer.  

- Après votre départ, j’ai refermé mes dossiers pour la soirée. Je n’avais plus vraiment la tête à bosser., admit Ryo.  

 

Il n’irait pas dire à son ami qu’à peine la porte fermée, il avait revécu l’entretien qu’il venait d’avoir et que ses souvenirs s’attardaient surtout sur l’échange piquant qu’il avait eu avec la jeune fille. Il sourit cyniquement au terme « jeune fille » qui désignait mal la personne qu’il avait eue devant les yeux mais mettait une certaine barrière à ses pensées. Kaori avait piqué son intérêt et les deux seules raisons qui l’empêcheraient de tenter de la séduire était son lien de parenté avec son ami et sa minorité. Ca ne l’empêcherait pas cependant de chercher la confrontation parce qu’il avait trouvé cela très rafraîchissant et vivifiant surtout.  

 

- La semaine a été longue ?, l’interrogea Hideyuki, l’observant posément.  

 

Son ami ricana, le regard sombre.  

 

- Si ce n’était que cette semaine…, soupira-t-il dans un rare moment de confession.  

- Mais on n’est pas là pour parler de ça. Regarde qui arrive. On va pouvoir entamer la soirée., annonça le dirigeant, retrouvant le sourire.  

 

Les deux hommes se levèrent pour accueillir la nouvelle arrivante qui progressa parmi les rangs de tables d’un air gracieux, un très léger déhanchement l’accompagnant, rendant le mouvement sensuel sans être vulgaire et faisant se tourner les regards sur elle. Telle était la touche Saeko Nogami.  

 

- Toujours aussi séduisante…, apprécia-t-il, lui tendant la main pour l’inviter à les rejoindre.  

- Bonsoir, Mademoiselle Nogami., la salua-t-il d’une voix langoureuse, lui faisant un baise-main cérémonieux tout en lui adressant un regard charmeur.  

- Toujours aussi galant, mon cher Ryo. C’est un plaisir de te revoir., fit-elle, retirant sa main de la sienne pour la poser sur l’épaule d’Hideyuki, lui faisant la bise.  

 

Les deux hommes s’observèrent, conscients qu’elle jouait avec eux sans jamais vraiment se mouiller mais attisant leur rivalité sciemment. Sans leur demander, elle prit place sur le fauteuil du milieu, les obligeant à se mettre chacun d’un côté. Dans un geste très délicat, elle remit en place sa mèche, attirant le regard des deux hommes sur ses yeux couleur améthyste puis lissa le haut de sa robe, les attirant vers son décolleté, avant de croiser les jambes, dénudant une partie de ses cuisses. La manœuvre les fit sourire tous deux car ils n’étaient nullement dupes de son petit jeu de séduction et, malgré tout, ils ne se privaient pas d’y entrer dès qu’elle le faisait.  

 

- Je prendrai un verre de vin blanc., annonça-t-elle d’une voix suave.  

 

Ryo appela le serveur et ils passèrent commande.  

 

- Alors où étais-tu passé cette fois ?, lui demanda-t-elle.  

- J’ai enchaîné Asie, Europe, Amérique. Je suis parti trois mois d’affilée et ne suis rentré que dimanche dernier., leur apprit-il.  

- Et je suppose que tu n’as pas arrêté de la semaine…, suggéra-t-elle.  

- Que veux-tu ? J’ai une vie trépidante mais vous n’avez rien à m’envier, il me semble., répondit-il, amusé.  

- J’ai cru voir que vous aviez encore contribué à démanteler un dangereux réseau de drogue.  

- Oh ça… Oui. Trois fois rien., fit-elle dédaigneusement.  

- Un trois fois rien qui aurait pu s’avérer très dangereux, Saeko., la reprit son collègue, les sourcils froncés.  

- Ce sont les risques du métier, non ?, lui répondit-elle avec un sourire en coin.  

 

Hideyuki ne dit rien mais le regard qu’il lui adressa parla pour lui. Des menaces avaient été proférées contre leurs familles et, comme toujours, il avait plus craint pour Kaori que pour lui.  

 

- Ma proposition est toujours d’actualité, Hide., lui rappela Ryo, très pragmatique.  

- Quoi ?, s’étonna Saeko.  

 

Ils furent surpris tous deux de son étonnement subit. Elle ne montrait en général rien de ses sentiments.  

 

- Ryo m’a proposé un poste dans sa société., admit Hideyuki.  

- Je te propose… Ca fait longtemps que je te tanne sur le sujet mais je n’en démords pas. J’ai besoin de quelqu’un de confiance., lui rappela-t-il.  

- Et je te répéterai encore la même chose : ça ne m’intéresse pas. Je préfère travailler dans la police. Il y a de quoi faire. Demande à Saeko., lui retourna-t-il.  

- Je ne peux pas., se lamenta Ryo.  

- Elle ferait baisser la productivité de mes employés. Elle est trop distrayante., expliqua-t-il.  

 

Le fait était qu’il savait que leur amie avait un objectif bien précis en tête depuis qu’ils étaient adolescents et qu’elle ne pouvait y arriver qu’en restant là où elle était.  

 

- Et nul doute que notre Saeko a toujours l’ambition de devenir la première femme préfète de police à la suite de son paternel., ajouta-t-il, lançant un regard vers elle.  

- Tout à fait. C’est quelque chose qui me tient à cœur et j’ai trop bossé pour tout lâcher., admit-elle.  

 

Elle soutint le regard de Ryo sans broncher. Elle n’avait pas honte de son objectif qui tenait moins de l’ambition que du sacerdoce. Son père l’avait élevée comme il aurait élevé son premier fils dans le respect des valeurs familiales et elle avait pris le rôle à bras-le-corps, se mettant en tête qu’il lui plairait de voir sa fille prendre sa relève. Finalement, le challenge était tel que le rêve au départ paternel était devenu proprement le sien.  

 

Ryo ne la jugeait pas. Après tout, lui aussi avait repris l’affaire familiale. De toute façon, il aurait difficilement pu faire autrement et, chaque jour, il oeuvrait pour agir au mieux en espérant satisfaire son père là où il était.  

 

- Je te comprends. Donc il ne me reste qu’Hideyuki., répliqua Ryo, lançant un regard vers son ami.  

- J’espérais pouvoir l’attirer par la rémunération mais ça ne marche pas. Une idée ?, interrogea-t-il Saeko, prenant une gorgée de whisky.  

- Trouve autre chose qui lui tient à cœur., proposa-t-elle.  

- Notre homme n’est ni vénal ni matérialiste ni porté sur les honneurs… Que reste-t-il ?, se questionna-t-il à voix haute.  

- Rien. Je suis bien dans mon petit rôle d’inspecteur de police, Ryo, alors cesse., le sermonna son ami.  

- Sa sœur…, pipa Saeko, amusée.  

- Saeko !, la rabroua son collègue.  

 

Ils se défièrent un moment du regard jusqu’à ce qu’elle se mette à rire tout en se penchant vers lui et lui touchant la main.  

 

- Tu es trop sérieux quand il s’agit d’elle, Hide. On plaisante., lui rappela-t-elle.  

- Même Ryo ne serait pas assez fou pour oser la toucher sachant papa Loup non loin., fit-elle.  

- De toute façon, je ne touche pas les gamines., pipa Ryo.  

- Elle aura vingt ans dans six mois, mon cher., lui apprit-elle.  

- Ca tombe bien. Dans six mois, elle aura fini son stage chez moi. Tu n’auras pas à t’inquiéter que je lui saute dessus., répliqua l’homme d’affaires, un peu vexé.  

 

Hide le regarda puis poussa un long soupir. Il retira ses lunettes et se frotta les yeux, fatigué. Il aurait peut-être mieux fait de rester chez lui à attendre le retour de sa sœur, pensa-t-il, jetant un rapide coup d’oeil à sa montre.  

 

- J’ai confiance en toi, Ryo. Tu crois vraiment que je t’aurais demandé de la prendre en stage si ce n’était pas le cas ?, lui rappela-t-il.  

- C’est vrai. Tu feras comment quand elle rencontrera quelqu’un qui lui plaît ? Tu le chasseras ? Tu l’enfermeras, elle, dans sa chambre ?, l’interrogea son ami, moqueur.  

- Non, bien sûr que non mais j’ai encore le temps pour cela., affirma Hide.  

- Parfois, ça arrive plus vite qu’on ne pense., musa Ryo.  

- Ta sœur… Elle fera des éclats dans quelques temps. Tu vas te ronger les sangs., le prévint-il.  

- Je prendrais bien un deuxième verre., annonça Saeko.  

 

Elle sentait que, si ça continuait, la conversation allait s’éterniser autour du sujet Kaori. Elle aimait beaucoup la sœur d’Hideyuki qu’elle avait rencontrée à plusieurs reprises ces deux dernières années mais elle devait aussi avouer que, par moments, elle la gênait, accaparant l’attention de son collègue. Elle était un peu comme une rivale pour elle et savoir que Ryo allait à son tour la côtoyer la rendait quelque peu nerveuse. Kaori avait ce charme innocent dont elle ignorait elle-même l’existence, ce qui la rendait d’autant plus dangereuse. Ryo était un électron libre mais qui pouvait lui assurer qu’il ne se laisserait pas attirer ? Ce changement pouvait en appeler un autre qu’elle n’était pas sûre de vouloir pour le moment.  

 

- Ryo…, susurra-t-elle, lui adressant un regard de biche.  

 

Il ne se fit pas prier et commanda pour eux trois à nouveau. La conversation reprit et partit sur des sujets moins sensibles.  

 

- Tu viens jusque chez moi ?, proposa Ryo à Saeko alors qu’ils étaient sur le trottoir du Sun City au moment de se séparer.  

- Une prochaine fois…, susurra-t-elle, effleurant sa joue du bout des lèvres après avoir erré près de sa bouche.  

- Toujours la même rengaine., s’amusa-t-il.  

- Pourtant, tu tentes toujours ta chance., répliqua-t-elle, malicieuse.  

- Il faut croire que je continue toujours d’espérer.  

- L’espoir fait vivre, dit-on., affirma-t-elle.  

- Peut-être qu’un jour, je me tournerai vers d’autres cieux plus cléments., la prévint-il, même s’il en doutait.  

- J’aime le risque., lâcha-t-elle.  

 

Riant doucement, il secoua la tête avant de monter à l’arrière de la voiture qui démarra sans attendre. Saeko et Hideyuki restèrent seuls sur le trottoir et elle se tourna vers lui.  

 

- Tu ne me proposes pas de venir chez toi ?, lui demanda-t-elle, un sourcil levé.  

- Pour m’entendre répondre non ?, lui répondit-il, un regard posé l’enveloppant.  

- Je te connais, Saeko. Le jour où tu auras envie de passer la nuit avec moi, tu me le demanderas sans détour. Mais ce jour-là, sache que je ne veux pas qu’une nuit mais toute ta vie et tu connais mes contraintes., ajouta-t-il calmement.  

- Kaori… Elle est grande maintenant, bientôt majeure, Hide., lui rappela-t-elle sombrement.  

- Certainement mais elle restera toujours ma responsabilité comme le seront mes enfants si un jour j’en ai., lui apprit-il.  

- Tu connais mes sentiments pour toi. Si tu as besoin qu’on en reparle, je suis à ta disposition… mais Ryo a raison, à force de jouer sur deux tableaux, tu pourrais tout perdre. Il faudra bien que tu te décides un jour ou l’autre à moins que l’un de nous deux le fasse à ta place., l’avertit-il.  

 

Il attendit quelques secondes une réponse qui ne vint pas, la salua puis partit. De retour à l’appartement, il trouva un mot de Kaori sur la table, l’informant qu’elle devait aller faire du shopping avec Eriko le lendemain. Le smiley boudeur qu’elle avait ajouté le fit sourire. Il imaginait bien la corvée pour elle, d’autant qu’avec son amie intransigeante, elle pouvait y passer des heures. Il passa rapidement la tête dans l’entrebâillement de la porte, vérifiant sa présence, avant de se rendre dans sa chambre. Il était peut-être un peu trop protecteur avec sa jeune sœur mais tous les frères n’avaient pas eu à prendre en charge une enfant de cinq ans éplorée alors qu’ils n’en avaient que quinze. Même si elle avait grandi plus vite que les autres enfants de son âge, il avait quand même dû être plus père que frère et cela laissait des traces et des réflexes.  

 

Seul dans son appartement plongé dans le noir, faisant face à la fenêtre et observant les lumières de la ville, Ryo poussa un long soupir de frustration. Ce moment passé avec ses amis, le premier depuis plus d’un an, avait éveillé quelque chose en lui, un profond sentiment de solitude. Ca lui avait plu de retrouver ce vieux jeu d’antan avec la belle Saeko mais les dernières paroles qu’il lui avait adressées sans vraiment réfléchir n’étaient à bien y penser que le reflet de son état d’esprit actuel. Il sentait au fond de lui cette envie d’autre chose, de quelque chose de plus réel et durable.  

 

Il n’eut même pas à se tourner pour observer cet appartement qui était le sien depuis qu’il était rentré des Etats-Unis. Il avait répondu à ses attentes du moment. Il était fonctionnel, spacieux et il en jetait énormément. Aujourd’hui, la seule chose qui lui plaisait encore vraiment était la vue qu’il lui offrait. Il le regarda avec de nouveaux yeux et les adjectifs « froid et austère » lui vinrent à l’esprit. Il se tourna et observa les lieux avant de s’en aller, la mâchoire serrée, vers sa chambre. Il claqua la porte fermée et, après s’être déshabillé, se glissa dans les draps. Il tourna et retourna un long moment dans son lit avant de rallumer la lumière. Se mettant assis sur le bord du matelas, il ouvrit le tiroir de sa chevet. Il hésita un court instant avant d’attraper un cadre-photo et de l’observer, le regard triste.  

 

- J’aimerais tant me souvenir de ce moment. J’aimerais savoir ce que ça fait., murmura-t-il, observant l’homme, la femme et le jeune enfant sur le papier glacé. 

 


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