Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 14 :: Chapitre 14

Publiée: 03-02-21 - Mise à jour: 03-02-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 14  

 

L’après-midi était bien entamée et, loin du calme normal d’un jour de week-end, tout le monde dans la maison était affairé.  

 

- Mon agent immobilier et mon avocat sont d’accord pour nous représenter tous deux et l’agent immobilier a réussi à trouver un inspecteur. Tout le monde arrive dans une heure., confirma Mick.  

- Ce sera une affaire de faite. Dès que tout est signé, j’enclenche le versement des fonds. Le tout sera lundi matin sur ton compte. Tu n’auras plus qu’à régler ton hypothèque à la banque., précisa Ryo.  

- Tout le monde sera là ce soir pour préparer le déménagement des serveurs encore actifs et des bureaux. Tu retrouveras une vieille connaissance parmi eux., lui apprit l’américain avec un petit sourire.  

- Qui ?  

- Tu verras… Tu crois que Kaori aura réussi à trouver un transporteur ?, lui demanda-t-il, inquiet.  

- Je pense. Je vais voir où elle en est., l’informa Ryo.  

 

Il se dirigea vers le bureau où ils l’avaient laissée se retirer pour passer les appels téléphoniques nécessaires dans le calme. Dans le reste de la maison, c’était l’heure du déménagement. Il frappa et entra comme au bureau et trouva la jeune femme assise au bureau, téléphone à l’oreille.  

 

- Vous êtes sûrs ? Je ne vous permettrai aucun décalage sur le jour et l’heure de l’embarquement., les prévint-elle très sérieuse.  

- Très bien. Faxez-moi le contrat et je vous le renvoie signé. A bientôt., dit-elle, raccrochant et se calant dans le fauteuil avec un soupir.  

- Tu tombes bien. J’ai tout ça à te faire signer., lui dit-elle, se levant et allant chercher les contrats passés dans l’après-midi.  

- Ca, c’est pour le transport de l’entreprise jusqu’à l’aéroport, ça c’est celui pour le service de sécurité qui va assurer sur place puis suivre les containers jusqu’au décollage de l’avion cargo et ça celui des deux agents qui seront dans l’avion. Ca, c’est le contrat pour le transport au Japon. C’est Umibozu qui gère la sécurité sur place., lui apprit-elle.  

- Je m’en serais douté. Il doit s’ennuyer, vu que je lui ai pris sa femme., plaisanta Ryo.  

- Sa femme ?  

- Miki. Ils sont mariés depuis deux ans maintenant. Comme Umi voyage beaucoup et Miki autant que moi, ils ne se voient pas souvent. C’est pour cela qu’elle me demandait si elle rentrait ou restait. Quand je suis au même endroit pendant plusieurs jours, je la libère., fit-il, un sourire aux lèvres.  

- Tu as su t’entourer de personnes que tu connais et en qui tu as confiance apparemment., murmura-t-elle.  

- Oui et je compte bien agrandir encore le cercle., lui dit-il, posant un regard sur elle empreint de douceur.  

 

Elle sentit son estomac se nouer à cette sensation. Pourquoi la regardait-il ainsi alors qu’il envisageait de mettre fin à leur relation ? Avait-il des doutes ?  

 

- Ryo, pour l’app…, commença-t-elle, s’interrompant alors que le fax crachait un nouveau document.  

- C’est le contrat pour l’avion cargo. Le départ est prévu demain matin à sept heures., l’informa-t-elle.  

- Comment tu as fait ?, s’étonna-t-il.  

- J’ai négocié. Ca va nous coûter plus que d’habitude mais tu m’avais dit de faire le nécessaire., lui rappela-t-elle, espérant ne pas avoir commis une bourde.  

- Non, tu as bien fait. Je suis juste surpris que tu aies réussi à boucler le tout en quelques heures et un samedi., lui répondit-il.  

- Ca va être serré au niveau timing. Il faut qu’on ait fini le déménagement des serveurs au maximum à une heure du matin pour pouvoir tenir les délais. Vu le contenu sensible du chargement, le transporteur aura besoin de temps pour prendre toutes les mesures nécessaires. On aura un peu plus de temps pour le reste., lui dit-elle, lui tendant le document pour signature.  

- D’accord. C’est serré mais c’est jouable. Tu t’es débrouillée comme un chef., la félicita-t-il, fier d’elle.  

 

Depuis qu’ils lui avaient annoncé le plan d’action qu’ils avaient concocté pendant qu’elle se reposait, répartissant les tâches entre chacun, elle n’avait pas chômé et avait contacté toutes les entreprises, essuyant beaucoup de refus quand elle arrivait à les avoir. Malgré tout, au bout de quatre heures, toute la partie transport était pratiquement ficelée à leur plus grand soulagement.  

 

- Je vais pouvoir appeler le service des douanes à l’aéroport pour voir quels sont les délais d’inspection et dédouanement et les documents dont ils ont besoin, voir si nécessaire comment on peut les faire passer en priorité. Préviens Mick qu’il aura des factures à nous faire pour le passage en douane., lui demanda-t-elle, décrochant le téléphone.  

- Tu n’as pas cinq minutes ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle hésita un instant mais sentait sa gorge se serrer à l’idée de ce qu’il voulait lui dire. Elle ne pouvait pas entendre cela, pas maintenant alors qu’ils avaient encore tant de choses à faire pour dénouer cette situation et qu’elle avait besoin de tout son self-control pour faire face.  

 

- Non, je ne peux pas. J’ai dit à Mick que je débarrasserai sa bibliothèque après, qu’il n’ait plus que son bureau à faire. Allô, bonjour., fit-elle alors que son interlocuteur décrochait.  

- Kaori Makimura pour la société Saeba…, commença-t-elle, se tournant vers ses papiers.  

 

Ryo soupira et la laissa seule. Il aspirait à retourner à l’appartement avec elle et pouvoir avoir enfin un peu de temps à eux.  

 

- Tu connais un bon garde-meuble sur Tokyo ? Me trouver un hôtel, je n’aurais pas de mal mais un garde-meuble…, fit Mick.  

- Un hôtel ? Tu veux me vexer ? Tu vas loger à l’appartement le temps de trouver ton pied-à-terre., lui opposa Ryo, masquant sa frustration.  

 

Il ne pouvait pas faire autrement qu’inviter Mick chez lui. Ce serait entacher leur amitié que de le laisser s’installer à l’hôtel.  

 

- Je ne veux pas déranger. Tu as peut-être mieux à faire., répondit celui-ci, jetant un regard vers le bureau.  

- C’est la sœur de mon meilleur ami. Il devait assurer sa protection, j’avais ce qu’il fallait. Ca s’arrête là, Mick., répliqua Ryo, refusant de le mettre au courant de leur relation pour le moment.  

- C’est une cohabitation temporaire., ajouta-t-il au moment même où la porte du bureau s’ouvrit.  

 

Kaori le regarda et régna sur ses traits. Elle ne devait pas les laisser voir ce qu’elle ressentait à ces mots… même si son cœur hurlait.  

 

- J’ai… J’ai eu les douanes de Tokyo. Ils ont accepté de passer notre chargement en priorité dès son arrivée à cause de la présence de matériel électronique qui ne supportera pas la vague de froid qui est prévue en début de semaine., leur apprit-elle.  

- Il faudra que tu nous dises l’endroit où doit être emmené le chargement, Ryo., ajouta-t-elle.  

- C’est Umibozu qui gère. Il avertira le transporteur sur place., l’informa-t-il.  

- Tu veux dire que tu ne sais pas où va être emmené le matériel ?, s’étonna Mick.  

- Non, il nous le dira à notre retour dans un endroit sécurisé., répondit Ryo calmement.  

- Tu ne laisses vraiment rien au hasard…, pipa Mick, amusé.  

- Rien. Enfin… presque rien., se corrigea le japonais.  

- Oh oh, grande nouveauté ! Le grand Ryo Saeba, le maniaque du contrôle laisserait une toute petite place au hasard ? Et sur quel sujet ? Ca fait quoi ?, le taquina son ami.  

- Tu sais très bien qu’on ne peut pas tout contrôler dans sa vie, Mick. C’est une leçon que j’ai apprise depuis quelques semaines., admit le dirigeant, jetant un rapide coup d’oeil à la jeune femme devant lui, plongée dans ses notes.  

 

Non, elle, il ne l’avait pas vue venir, ni avec elle tous les changements qu’il était prêt ou presque prêt à concéder pour la garder à ses côtés.  

 

- Je me suis dit qu’on aurait besoin de carburant pour cette nuit. J’ai fait une commande dans une épicerie sur la route. On pourra prendre cinq minutes pour s’arrêter ?, leur demanda-t-elle.  

- Oui, sans souci. Tu penses vraiment à tout., approuva Mick.  

- Ca te dit de bosser pour moi quand tu auras fini ton stage ?, lui demanda-t-il.  

- On pourrait former un super binôme tous les deux. On pourrait même le prolonger dans la sphère privée., lui susurra-t-il.  

- Sauf que Kaori ne veut pas travailler pour des grands méchants capitalistes comme moi. Donc si tu travailles pour moi, elle ne travaillera pas pour toi., répliqua Ryo sèchement.  

 

Qu’il n’aimait pas voir Mick tourner autour de la femme pour qui son cœur battait… Il rongeait son frein pour ne pas lui mettre les points sur les i, et les j aussi pendant qu’il y était, les barres sur les t et tout ce qui irait bien pour qu’il la laisse en paix.  

 

- Je te rappelle que la jeune idéaliste que je suis n’est pas une idiote bornée et qu’elle avait évolué sur ton sujet, à tort peut-être., asséna-t-elle en regardant Ryo durement.  

- Je suis capable de répondre par moi-même et, si j’envisagerais éventuellement de bosser pour toi Mick, en aucune manière, ça ne deviendrait une relation privée. Je suis déjà dans une relation même si je n’ai aucune idée de la manière dont elle va se terminer., lui répondit-elle.  

- Maintenant, je vais vous laisser car vous avez à faire, Messieurs., dit-elle en indiquant les trois voitures qui se garaient devant la maison.  

- Moi, je vais vider la bibliothèque.  

 

Elle ne leur laissa pas le temps de réagir et tourna les talons pour aller s’enfermer dans le bureau.  

 

- Y a pas à dire, elle a du tempérament. Ca doit te changer de ne pas avoir quelqu’un qui ne sait pas en aligner une devant toi ou qui te lèche les bottes à n’en plus finir. Moi, ça me donne encore plus envie d’approfondir mes connaissances japonaises. Tu crois qu’elle en est où avec son copain ? Elle est encore vierge d’après toi ?, lui demanda Mick.  

 

Il poussa un cri de douleur et se frotta le crâne là où Ryo venait de lui mettre un taquet, lui lançant un regard noir par la même occasion.  

 

- Mineure, sœur de Hideyuki, sous ma responsabilité., lui rappela-t-il.  

- Quoi ? Elle ne peut pas voter mais elle a le droit de faire du rodéo. Si t’as peur que je te grille, mets le pied sur l’accélérateur., rétorqua Mick.  

 

Il poussa un deuxième cri de douleur pour la même raison.  

 

- Le respect, ça te parle ? Si tu as du respect pour moi et mon ami, tu ne toucheras pas à Kaori. Pigé ? Maintenant, on a d’autres choses plus importantes à faire que de satisfaire ta libido., lui rappela-t-il.  

 

Il laissa Mick aller ouvrir aux trois hommes qui étaient à la porte, restant pensif, les yeux rivés sur la porte du bureau. Il avait l’impression, l’horrible impression même, de la voir s’éloigner. Que se passait-il dans sa petite tête ? Qu’avait-il pu dire ou faire de travers ? Que pouvait-elle être en train de penser ? Il sentit un frisson le traverser à l’idée de la perdre. Ca ne pouvait pas arriver.  

 

- Ryo, tu viens. L’inspecteur va commencer le contrôle pendant qu’on étudie les contrats., l’appela Mick.  

- J’arrive., répondit-il, les rejoignant à contrecœur.  

 

Les quatre hommes prirent place autour de la table et les deux protagonistes lurent le contrat de vente prérédigé. Le tout ne traîna pas et, dès que l’inspecteur eut fini son tour de la maison, ils signèrent et Ryo lança le règlement de la vente.  

 

- Le contrat sera enregistré lundi dans la matinée., leur apprit l’avocat.  

- En début de matinée, dès l’ouverture des bureaux., précisa Ryo de sa voix autoritaire.  

 

L’avocat l’observa et acquiesça.  

 

- Ce sera fait dès l’ouverture des bureaux., affirma-t-il.  

- Merci de vous être déplacés si rapidement. Vous savez où envoyer vos factures d’honoraires., leur indiqua le dirigeant.  

- Je suis soulagé de savoir que je ne vais pas perdre cette maison. Mon père a tellement bossé pour la faire construire., soupira Mick.  

- Pourquoi tu ne m’as pas appelé, Mick ? Pourquoi j’ai dû l’apprendre par Umibozu ?, lui demanda son ami.  

- J’ai ma fierté et tu as des choses plus importantes à gérer., répondit-il en haussant les épaules.  

- Notre amitié est au dessus de tout cela, non ? Ce n’est qu’une mauvaise passe et je t’aide comme tu m’aides. Ca m’aurait fait mal que tu perdes cette baraque. On y a passé de bons moments.  

- J’espère qu’il y en aura d’autres et même avec des plus jeunes., fit Mick.  

- Tu envisages de te poser ?, s’étonna Ryo.  

 

Mick attrapa un cadre-photo sur une étagère avec lui enfant et son père. Que de bons souvenirs il avait en famille, des souvenirs principalement reliés à cette maison et à l’amour que ses parents se portaient.  

 

- Quand je pensais encore perdre mon chez-moi, j’ai regretté de ne pas avoir pu en profiter autrement. On a trente ans, Ryo. On a fait nos études, parcouru le monde et fait les quatre cents coups. Si j’attends d’avoir réussi mon projet, je n’aurai peut-être pas le temps de profiter de ma famille, alors je revois mes plans d’avenir. Oui, j’envisage de me poser, de trouver quelqu’un avec qui faire ma vie et fonder une famille. Même si ça doit commencer à Tokyo, j’ai toujours l’espoir qu’on reviendra vivre dans cette maison un jour pour l’emplir de rires et de chaleur. Tu n’y penses pas, toi ?, lui demanda l’américain.  

- Vivre dans cette maison ? Non, c’est la tienne., éluda le japonais.  

- Idiot… Fonder une famille, te marier ?, redirigea Mick.  

 

Ryo se retint de regarder de nouveau vers le bureau là où était celle qui occupait ses pensées depuis quelques semaines, celle qui l’avait amené sur de nouveaux terrains inexplorés jusqu’alors. S’il n’écoutait que la voix des sentiments, il lui aurait répondu oui sans hésiter au moins pour le mariage, mais la voix de la raison lui disait que les choses n’en étaient pas encore là et qu’ils avaient beaucoup d’obstacles à surmonter avant de pouvoir passer à cette étape-là.  

 

- Tu oublies qu’on me bassine avec des projets de mariage depuis mes douze ans alors tu sais, ce n’est pas nouveau pour moi., éluda-t-il à nouveau.  

- Bon, si on se mettait au boulot ? Tes cartons ne vont pas se remplir tout seuls et on doit faire croire que tu t’en vas définitivement…, lança Ryo, attrapant une coupe sur une armoire.  

- Fais attention avec ça ! C’est ma fierté !, s’écria Mick.  

- Quoi ? C’est ta coupe du meilleur buveur de tequila ?, le taquina-t-il.  

- Non, de meilleur joueur universitaire de basket lors de notre dernière année d’études., le corrigea son ami, outré.  

- Ah oui… C’est vrai que j’ai des souvenirs comme quoi tu n’étais pas qu’un grand sportif en chambre…, plaisanta la japonais.  

- D’après mes souvenirs, je n’étais pas le meilleur sur ce terrain-là. Si on avait compté les points, tu aurais certainement rempli quelques pages de plus que moi., lui retourna l’américain, faisant sourire son ami.  

- Mick, tous tes livres sont emballés. Je continue par quoi ?, demanda Kaori, refusant de regarder Ryo.  

 

Les deux hommes se regardèrent un peu gênés d’avoir fanfaronné sur leurs exploits antérieurs sans avoir vu la jeune femme arriver.  

 

- Dans les chambres non occupées, il y a des couvertures, draps et serviettes. Tu peux les emballer. Il y a des housses sous vide normalement dans chaque armoire., lui apprit-il dans ses petits souliers.  

- Et l’aspirateur ?, lui demanda-t-elle.  

- Je gérerai., lui proposa-t-il.  

- Autant que je fasse les choses jusqu’au bout. Dis-moi où il est., lui opposa-t-elle, cherchant tous les prétextes pour se tenir éloignée le plus possible.  

- Dans le placard, à droite de l’escalier., lui répondit-il.  

 

Elle hocha la tête et s’en alla.  

 

- Je crois que ça, c’est un mauvais point dans mon carnet., pipa l’américain.  

 

Ryo ne répondit rien mais en colla également un dans le sien. Il devait à tout prix trouver un moyen de lui parler. Il se remit en silence à l’ouvrage, tout comme Mick plongé dans ses souvenirs.  

 

A l’étage, Kaori fit le tour des chambres inoccupées et emballa tout le linge de maison dans les housses prévues. Elle finissait dans la dernière chambre, aspirant l’air de la housse, quand deux bras l’encerclèrent, la faisant sursauter.  

 

- Ce n’est que moi., murmura Ryo à son oreille, éteignant l’aspirateur et le lui retirant des mains.  

- On va éviter les gestes malencontreux., dit-il d’une voix amusée.  

- Mick prépare un en-cas avant de partir à l’entrepôt. On a quelques minutes devant nous., lui apprit-il, posant le menton sur son épaule et la serrant contre lui.  

- J’aurais aimé avoir ce week-end pour nous deux, pour parler d’autre chose que de boulot, de contrat et t’enrôler dans deux déménagements., s’excusa-t-il.  

- C’est ton ami. Tu devais le faire., murmura-t-elle, essayant de se détendre.  

- Oui, je sais mais j’ai aussi envie de temps avec toi., lui répondit-il.  

- On en aura quand on rentrera à l’appartement., lâcha-t-elle.  

 

Elle n’y croyait pas. Elle savait qu’il lui dirait que c’était fini dès qu’ils rentreraient et elle ne comprenait pas pourquoi il cherchait à la ménager mais elle pouvait jouer à son jeu et feindre d’y croire. Elle s’entendit gémir malgré elle quand il posa les lèvres dans son cou et pencha la tête pour lui laisser un meilleur accès. Elle savait qu’elle ne devrait pas mais elle voulait profiter de ces quelques moments. Ce serait tout ce qui lui resterait après, quand tout serait fini parce qu’apparemment, les sentiments qu’ils se portaient ne seraient pas suffisants pour tisser un pont solide entre leurs deux mondes. Elle se retourna dans ses bras et passa les siens autour de son cou, le regardant droit dans les yeux. Une fois, juste une fois, elle voulait sentir ses lèvres contre les siennes. S’ils avaient plus d’intimité, elle aurait peut-être même été prête à beaucoup plus entre ses bras parce qu’elle voulait qu’il soit son premier amant, parce qu’il était le premier à avoir fait battre son cœur. Elle pouvait sentir son souffle chaud contre sa bouche, son nez frôler le sien tendrement comme la cherchant, ce qui faisait battre son cœur plus vite, la rendant impatiente.  

 

- Ryo, tu as trouvé Kaori ?, entendirent-ils dans le couloir alors que leurs lèvres allaient se toucher.  

 

Ils s’écartèrent brusquement au moment où la porte s’ouvrit sur Mick.  

 

- C’est prêt. Il faut qu’on accélère sinon on va être en retard., dit-il.  

- Vous allez bien tous les deux ?, s’étonna-t-il, voyant leurs regards fixés l’un sur l’autre un peu hagards.  

- Oui oui. J’ai failli éborgner Ryo avec l’aspirateur., mentit Kaori.  

- A cet endroit-là, c’est pas éborgner mais émasculer., la corrigea-t-il, amusé.  

 

L’effet attendu ne tarda pas et elle rougit et détourna le regard, gagnant un peu de temps pour reprendre ses esprits… et lui aussi.  

 

- Je finis et j’arrive. Commencez sans moi., leur dit-elle, remettant en route l’aspirateur.  

 

Les deux hommes sortirent de la pièce.  

 

- Elle était bizarre…, pipa Mick.  

- C’est le décalage horaire. C’est comme si on n’avait pas dormi de la nuit pour nous. Je suis habitué, mais elle ne doit pas l’être., justifia Ryo.  

 

Ils se mirent à trois à table et grignotèrent les sandwichs préparés par Mick, bientôt rejoints par Kaori qui toucha à peine au sien, l’estomac noué. Ils partirent peu après. Alors que Mick accompagnait Kaori dans la supérette quelques minutes plus tard, Ryo se pencha vers son garde du corps.  

 

- A l’entrepôt, s’il y a du grabuge, tu assures la sécurité de Kaori avant tout. Il ne doit rien lui arriver., lui ordonna-t-il.  

- Je suis embauché pour ta sécurité., lui opposa son employé.  

- Si tu ne veux pas que je sois en danger, évite-moi de devoir intervenir pour la protéger., lui retourna-t-il sèchement.  

- Ok, boss. C’est toi qui vois., répondit-il alors que les deux autres revenaient avec trois sacs de courses.  

- Tu as dévalisé le magasin ?, plaisanta Ryo.  

- On va devoir bosser une bonne partie de la nuit. Il faut tenir le coup., répliqua-t-elle avec un léger sourire.  

 

Il attrapa sa main incognito et la pressa. Doucement, elle la retira, masquant sa gêne, et sortit les notes où était dressé l’ordre dans lequel devaient être préparés les colis.  

 

- Donc si on résume, vous commencez par vous assurer que toutes les données sont correctement transférées et stockées pendant que Ryo étiquette les serveurs hors service., commença-t-elle.  

- Je peux le faire. Il suffit de voir là où ça ne clignote plus., pipa-t-il, amusé.  

- Oui. Vous réorganisez ensuite les unités qui peuvent être récupérées en tout ou partie avant qu’on débranche le tout. Là, c’est ton équipe et toi qui intervenez, Mick. Pendant toute cette partie, j’emballe tous les dossiers dans le bureau. Je devrais avoir fini quand vous aurez préparé les premiers serveurs que nous n’aurons plus qu’à emballer, toi et moi., dit-elle, s’adressant à Ryo.  

- J’adore emballer., murmura-t-il.  

- Déballer aussi., plaisanta Mick.  

- Quand vous aurez fini vos blagues de potaches, on pourra avancer., les tança-t-elle sévèrement.  

 

Les deux hommes adressèrent un regard noir au garde du corps qui ricanait.  

 

- Hmm pardon., s’excusa-t-il.  

- Le premier camion pour le transport arrive à vingt-trois heures. On peut mettre dix serveurs par camion et il y a cinq camions qui vont passer toutes les demi-heures jusque une heure. Un sixième camion viendra à quatre heures du matin pour récupérer le reste et l’embarquer dans l’avion-cargo. Tout doit être sur palettes et filmé. La liste de transport doit être propre et on doit avoir une facture commerciale pour le passage en douanes donc Mick…  

- J’ai compris, patronne. Je commence par facturer. Je hais la comptabilité., soupira-t-il.  

- T’inquiète, tu seras tranquille pendant quelques années. Tu n’auras qu’à gérer ton projet., l’encouragea Ryo.  

- Les délais sont impératifs. Si on ne les tient pas, l’avion ne pourra pas décoller à l’heure prévue., leur rappela-t-elle d’une voix déterminée.  

- C’est qu’elle n’est pas commode., pipa Mick.  

- Imagine le marathon téléphonique qu’on a eu vendredi. Dix conférences téléphoniques…, commença Ryo.  

- Douze., le corrigea-t-elle fièrement, ce qui le fit sourire.  

- Donc douze conférences téléphoniques et juste une heure pour chaque. Ca a tenu. A vingt heures, on avait fini. Je ne pensais pas qu’on y arriverait., apprécia Ryo.  

 

Mick regarda son ami dans le rétroviseur, surpris par la fierté qu’il entendait percer dans sa voix. Il vit son regard posé sur son assistante qui gardait la tête baissée sur ses fiches et y lut sa tendresse. Il pouvait toujours affirmer que Kaori n’était que son assistante, la petite sœur d’Hideyuki donc intouchable. Si elle l’était vraiment, elle avait en revanche réussi à toucher le cœur de son ami, même s’il s’évertuait à le nier. Un sourire naquit sur ses lèvres.  

 

Ils arrivèrent bientôt devant l’entrepôt, un bâtiment anonyme entouré d’un grillage. L’endroit où avait eu lieu la surcharge électrique était bien visible. Ils retrouvèrent sur place le service de sécurité mandaté ainsi que les quatre salariés de la boîte.  

 

- Professeur ? Quelle surprise de vous trouver ici., fit Ryo.  

- Pour moi également, Ryo. C’est un plaisir de te revoir., l’accueillit l’homme d’un certain âge, lui serrant la main.  

- Vous avez accepté de bosser pour ce zygoto ?, plaisanta le japonais.  

- Oui, il a convaincu mon grand cœur avec son projet. Que fais-tu ici ?  

- On va tout vous expliquer à l’intérieur., fit-il.  

- Je gère avec l’équipe de sécurité., indiqua Kaori, se tournant vers celui qui avança.  

 

Le reste des personnes rentra sauf le garde du corps qui resta avec elle, ce qui ne l’étonna pas puisqu’il devait gérer la sécurité de Ryo et devait donc certainement être au courant de tout.  

 

- Il faut s’assurer que personne ne rentre dans le bâtiment ou n’approche des camions pendant le transit. Voici les heures d’arrivée des transporteurs avec l’identité des chauffeurs, les marques et plaques d’immatriculation des véhicules. Ce sont ces véhicules et chauffeurs qui doivent être là. S’il y a des changements, je vous en avertis., dit-elle au chef de la section lui donnant au fur et à mesure les informations et les fiches avec photos d’identité.  

- Les colis doivent être surveillés en continu du moment où ils sont chargés ici jusqu’au départ de l’avion. Qui fait le trajet jusqu’au Japon ?, demanda-t-elle.  

 

Les deux hommes avancèrent. Elle leur tendit un document avec la photo d’Umibozu.  

 

- C’est cet homme qui gère la sécurité de l’autre côté. Tant qu’il n’est pas là, la marchandise reste sous votre responsabilité dans l’avion., leur apprit-elle.  

- Des questions ?, les interrogea-t-elle.  

- Tout est clair. Nous allons faire des rondes et des gardes seront postés par équipe de deux à chaque angle et entrée du bâtiment. On garde quoi ?, s’enquit le chef.  

- Si on vous le demande, vous direz la reine d’Angleterre., lui répondit-elle.  

- Bon courage messieurs. Si vous avez besoin de quelque chose, faites-le moi savoir. Si vous avez des questions, c’est à moi que vous les posez. A tout à l’heure., leur dit-elle.  

 

Elle tourna les talons et rentra dans le bâtiment, relâchant la pression qu’elle s’était mise.  

 

- Ils m’ont prise au sérieux, vous pensez ?, ne put-elle s’empêcher de demander au garde du corps de Ryo.  

- S’ils sont comme moi, tout à fait M’dame., lui répondit-il avec un franc sourire.  

- Vous ne rejoignez pas Ryo ?, s’étonna-t-elle quand il la suivit jusqu’aux bureaux.  

- Non. J’ai mes consignes, M’dame., répliqua-t-il.  

- Des consignes…, pipa Kaori, surprise.  

 

Ryo avait demandé à assurer sa sécurité avant la sienne ? C’était de la folie. Elle n’avait pas sa valeur.  

 

- Vous devriez aller le rejoindre., lui retourna-t-elle d’une voix douce.  

- Sauf votre respect, Madame, je n’ai pas envie de perdre mon poste. Le boss a dit, je fais. Il a été plus que clair., lui avoua-t-il.  

- Bon… d’accord et cessez de m’appeler Madame, s’il vous plaît. Mon prénom, c’est Kaori., le reprit-elle gentiment avant de commencer à archiver les documents pour transport.  

- Je vous remercie d’être tous venus à cette heure tardive et avec si peu de préavis., remercia Mick, ses salariés réunis face à lui.  

- Voilà, on a peu de temps donc je vais aller à l’essentiel. La boîte fait faillite et Ryo ici présent la rachète. Il a les mêmes objectifs que nous et va nous permettre de les atteindre en nous mettant à l’abri des prédateurs. Le seul souci, c’est qu’il faut déménager la société au Japon dans un lieu tenu secret., expliqua-t-il.  

- Je vois à vos têtes que vous vous inquiétez pour vos emplois. Je vous reprends tous sans aucun souci si vous êtes prêts à venir vivre au Japon le temps de finaliser le projet. Les frais de déménagement seront pris en charge et nous vous aiderons pour l’installation de vos familles. Il nous faut une réponse très vite à savoir… maintenant., leur annonça le dirigeant.  

 

La surprise fut palpable chez les salariés.  

 

- Moi, je te suis. Un petit retour au Japon sera plus que le bienvenu., affirma le Professeur.  

- Nous aussi. On a envie d’aller au bout de ce projet. On y croit., fit un autre, tenant la main d’une jeune femme.  

- C’est le couple de la boîte, Erin et Matthew. Elle a eu la folie de succomber aux charmes d’un autre que moi., se lamenta Mick.  

- Tu t’y feras., fit Ryo, complaisant avant de se tourner vers le dernier homme.  

- Alors vous êtes des nôtres ou non ?, lui demanda-t-il.  

- Qu’est-ce qui m’assure que vous n’allez pas utiliser ce projet à des fins personnelles, Monsieur Saeba ?, lui retourna.  

- Dan, Ryo est un vieil ami. Il va me nommer à un autre poste pour nous donner plus de latitude mais je garde la gestion du projet., lui affirma Mick.  

- Qu’attend-il en contrepartie ?, fit Dan, sceptique.  

- Qu’on teste le programme sur son entreprise pour rechercher les menaces potentielles., répondit son patron.  

 

Les quatre salariés se regardèrent, un peu inquiets.  

 

- Ecoutez, tous les résultats passeront d’abord entre vos mains et celles de Mick. Il restera votre employeur même si c’est mon nom en bas du contrat. Vous serez les seuls juges de ce que je peux avoir. Je veux juste protéger mes salariés des attaques qui ne sont que volonté de reprendre le contrôle de la société pour changer le ton de la direction., nuança Ryo.  

- Vous aurez l’occasion de juger sur pièce de ma façon de gérer les choses mais, pour l’heure, nous avons un timing serré à respecter. Dan, j’ai besoin d’une réponse., lui demanda le dirigeant.  

 

Dan l’observa un moment puis finit par soupirer.  

 

- Je vous suis., finit-il par conclure.  

- Alors mettons-nous au travail., lança Mick.  

- On va vérifier l’intégrité de nos données avant de réorganiser les serveurs pour ne garder que ce qui marche encore. Ryo va marquer les serveurs hors d’usage. Dès que vous avez fini vos parties, vous le signalez. Au boulot !, ordonna-t-il.  

 

Tous se mirent à leurs postes et les serveurs furent remis en route. Procédant méticuleusement, ils analysaient les données et les validaient au fur et à mesure. Ryo étiquetait les serveurs éteints et, dès que Dan eut fini sa part, il prit le relais et tenta de sauver ce qui pouvait l’être, bientôt rejoints par les autres.  

 

- On en est où ?, demanda Kaori, arrivant avec une cafetière fumante et des sachets de biscuits.  

- On a perdu l’équivalent de deux serveurs complets. Dan et Matt ont réussi à en remettre en route une bonne partie. Le Professeur refait une analyse globale avec Erin et on coupe tout dès qu’il nous donne son feu vert., répondit Mick.  

- Il ne faudra pas traîner. Le premier camion sera là dans quarante-cinq minutes. Les dix serveurs à charger doivent être prêts quand il arrive., leur rappela-t-elle.  

- Ryo, je peux te voir deux minutes., lui demanda-t-elle.  

 

Il acquiesça et la suivit un peu à l’écart.  

 

- Pourquoi tu as demandé à ton garde du corps de me surveiller ?, l’interrogea-t-elle.  

 

Il se retint de grogner de mécontentement.  

 

- Pas te surveiller., répliqua-t-il.  

- Me protéger mais tu gagnes juste du temps. Pourquoi ?, répéta-t-elle.  

- J’ai promis à ton frère de veiller sur toi., éluda-t-il.  

- Oh… Souviens-toi juste que c’est son job de te protéger. Moi, je peux me débrouiller toute seule !, rétorqua-t-elle avant de s’en aller.  

 

Elle contint difficilement sa colère. Qu’avait-elle espéré après tout ? Qu’il ait changé d’avis et qu’il la faisait protéger parce qu’elle comptait à ses yeux ? Quelle idiote ! Elle retourna dans le bureau dont elle ferma la porte et mit toute son énergie à finir de ranger le bureau.  

 

- Tu n’es qu’un idiot, Ryo…, se morigéna-t-il, la regardant partir.  

- Je te l’ai toujours dit., répliqua Mick.  

- Mais qu’as-tu donc à te reprocher cette fois-ci ?, lui demanda-t-il.  

- Rien qui te regarde., grogna-t-il avant de s’éloigner.  

 

Quelques minutes plus tard, les serveurs furent éteints un à un puis débranchés avant d’être retirés avec précaution et emballés. Chacun d’un côté des blocs, Kaori et Ryo filmaient chaque serveur et l’étiquetait pour s’y retrouver plus facilement lors du déchargement.  

 

- Il manque une unité sur celui-là., fit remarquer Kaori.  

- Le Professeur l’a retirée par mesure de prudence. D’après lui, sans ce morceau, le programme est inopérant et ne peut être rétabli., lui expliqua Ryo.  

- Ca voyagera avec nous ?, demanda-t-elle.  

- Oui., répondit-il.  

- C’est mieux ainsi., admit-elle.  

 

Le reste de la soirée s’enchaîna comme sur des roulettes et, à une heure du matin, le cinquième camion partit avec les derniers serveurs. Deux heures plus tard, Matt, Erin et Dan furent libérés, éreintés. L’entrepôt avait été inspecté de fond en comble et il ne restait plus que la salle des archives à vider ainsi que quelques éléments à ranger dans le bureau, ce qui fut fini en une demi-heure.  

 

- Un café ?, proposa Mick, étouffant un bâillement.  

- Mon oreiller., répondit Kaori, peinant à garder les yeux ouverts.  

- Je pense que vous n’avez plus besoin de moi, les enfants. Je vais rentrer chez moi et préparer mon déménagement., leur indiqua le Professeur.  

- Besoin d’aide ?, lui demanda Ryo.  

- Non, ça va aller. Je rentre chez moi après de longues années d’absence. Voilà une nouvelle qu’il m’est fort aise d’avoir apprise., répliqua-t-il, leur adressant un sourire heureux.  

 

Il les salua et partit et, peu après, le dernier camion se présenta. Les palettes de documents furent chargées et transportées et Mick, après un dernier regard nostalgique, ferma le bâtiment.  

 

- C’est étrange de le revoir vide., murmura-t-il.  

- C’est temporaire., le rassura Kaori avant de se diriger vers l’équipe de sécurité.  

- On en a fini., informa-t-elle le chef de l’équipe.  

- Très bien. On va convoyer le camion jusqu’à l’aéroport et on gardera un œil sur le chargement jusqu’au décollage., lui affirma-t-il.  

- Appelez-moi dès que l’avion aura quitté la piste, s’il vous plaît., lui demanda-t-elle, inscrivant son numéro sur un bout de papier et le lui donnant.  

- Pour vous inviter à boire un verre également ?, lui demanda-t-il, charmeur.  

- La demoiselle est mineure., fit sèchement Ryo, derrière elle.  

- Oh… Dommage…, murmura l’homme.  

 

Ryo passa un bras autour de la taille de son assistante et l’entraîna vers la voiture. Trop fatiguée pour réagir, Kaori se laissa faire sans protester et se glissa sur le siège arrière, attachant sa ceinture machinalement. Ils avaient à peine tourné au coin de la rue qu’elle dormait profondément. Arrivés à la maison de Mick, Ryo ne la réveilla pas et la prit dans ses bras pour l’amener jusqu’à son lit. Il la déchaussa et referma la couverture sur elle, ôtant des mèches rebelles de son front. Se rappelant qu’elle attendait un appel du chef de la sécurité, il prit son téléphone, voulant la laisser dormir, avant de changer d’avis et de le reposer sur sa chevet. A coup sûr, elle lui ferait un sacré sermon si elle ne recevait pas son appel. Fermant la porte, il la laissa dormir.  

 

A sept heures, le téléphone sonna et Kaori sortit péniblement d’un sommeil profond.  

 

- Allô ?, murmura-t-elle.  

- Mademoiselle Makimura, comme demandé, je vous appelle. L’avion vient de décoller avec deux de mes hommes à bord. Il n’y a eu aucun incident à déplorer., lui apprit-il.  

- Merci de votre appel. Bon dimanche., lui souhaita-t-elle.  

- A vous aussi.  

 

Elle raccrocha et sortit de son lit, frissonnant en sentant l’air frais du matin. Elle se rendit à moitié dans le brouillard à la chambre de Ryo et frappa, entrant quand il grommela vaguement quelques mots.  

 

- Juste pour te dire que l’avion a bien décollé., lui dit-elle.  

- Tout va bien maintenant., conclut-elle, se retournant.  

- Sauf s’il explose en route., pipa Ryo dans le brouillard.  

 

Il s’en voulut immédiatement de n’avoir pas su tenir sa langue en la voyant blêmir. Pour sa décharge, lui aussi manquait de sommeil malgré sa résistance.  

 

- Ils n’iraient pas jusque là… Les gardes, les pilotes…, souffla-t-elle.  

- Les vies humaines ont parfois peu de prix en affaires…, soupira-t-il, se levant pour la rejoindre.  

 

Le mal était fait. Ca ne servait plus à rien d’essayer de nuancer les choses. Il l’entoura de ses bras et l’amena contre lui, la sentant trembler légèrement.  

 

- Dis-moi qu’ils n’iront pas jusque là…, murmura-t-elle d’une voix blanche.  

- Si nous avons à faire à la personne à laquelle je pense, je pense que non., lui dit-il.  

 

Il l’espérait tout du moins. Il pouvait comprendre l’intérêt de Kaibara mais ne pouvait pas avoir ignoré son ignominie si ça allait si loin. Ce serait plus qu’une désillusion.  

 

- Oublie ce que je viens de dire, Kaori. C’était idiot., lui enjoignit-il.  

- Je ne peux pas.  

- Tu as besoin de dormir. Va te recoucher., lui dit-il.  

 

Elle leva les yeux vers lui et plongea dans son regard. Elle ne pouvait s’empêcher de voir l’avion exploser en vol et savait qu’elle ne fermerait pas l’oeil avant de savoir qu’il s’était posé en un morceau sur le sol japonais.  

 

- Non, je ne peux pas. Je vais descendre continuer à empaqueter., répondit-elle, s’écartant de lui.  

- Hors de question. Tu as besoin de dormir., lui opposa-t-il, la retenant par le poignet.  

 

Il la tira vers lui tout en reculant vers son lit. Elle savait ce qu’il voulait faire et, là où son cœur la suppliait d’abdiquer, sa raison lui criait de ruer dans les brancards.  

 

- Non…, souffla-t-elle faiblement.  

- Dormir, Kaori. Juste dormir. Tu me fais confiance, non ?, lui demanda-t-il à voix basse.  

 

Elle ne put qu’acquiescer car, malgré tout ce qui se passait, elle gardait confiance en lui. Il ne la forcerait jamais à rien. Faisant taire sa conscience, elle s’allongea à ses côtés, le laissa se coller dans son dos et passer une main autour de sa taille après avoir refermé la couette sur eux. Comme s’il faisait barrage, les images funestes s’envolèrent et elle sombra dans un sommeil profond en quelques minutes, le temps de l’entendre s’endormir, se calant un peu plus contre elle. La dernière fois, se dit-elle. Ce serait la dernière fois.  

 


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