Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 22 :: Chapitre 22

Publiée: 13-02-21 - Mise à jour: 13-02-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bon samedi, bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 22  

 

Lorsqu’ils arrivèrent le lundi matin très tôt au bureau, Ryo et Kaori étaient remontés comme des pendules malgré le peu d’heures de sommeil qu’ils avaient eues. Asami fut donc surprise quand ce fut eux qui l’accueillirent et non le contraire.  

 

- Le voyage s’est bien passé ?, leur demanda-t-elle.  

- Très bien mais ça a été la douche froide en rentrant., fit Ryo d’une voix impassible, lui faisant signe de le suivre.  

 

Kaori les accompagna également sachant de quoi ils allaient parler. Dans son bureau, il décrocha le téléphone et contacta Mick.  

 

- Bloque l’ascenseur. Personne ne doit monter au cinquante-quatrième pendant une demi-heure., lui demanda-t-il.  

- Que se passe-t-il, Ryo ?, l’interrogea Asami, inquiète.  

- Shin va tenter de me renverser. Il a convoqué un conseil d’administration pour me démettre de mes fonctions, conseil auquel il va gentiment m’inviter à la dernière minute… sauf que je ne lui ferai pas ce plaisir., lui apprit-il.  

- Quoi ? Mais ce n’est pas possible ! Il ne peut pas te foutre la paix ? Tu sais à quelle heure ça aura lieu ?, le questionna-t-elle.  

- Dix heures. Ici même. Je veux lui couper l’herbe sous le pied. Kaori a déjà bossé et commencé à préparer tous les dossiers dont on aura besoin. Tu auras fini ?, s’interrompit-il.  

- Oui, je n’en ai plus qu’un à relire et tout imprimer et préparer pour la réunion., lui affirma-t-elle.  

- Super. Il faut faire en sorte de les déstabiliser, leur montrer qu’on est prêts à les accueillir. Donc, quand le conseil sera commencé, tu annuleras tous mes rendez-vous de la journée. Pour l’heure, tu me convoques la directrice du service juridique et le directeur administratif et financier pour neuf heures. Je me fiche de leurs contraintes. Tu leur dis de se ramener toutes affaires cessantes. J’attends un appel de mon avocat de New York. Tu me le passes dès que tu l’as. Kaori, tu me commandes tout ce qu’il faudra : viennoiseries, fruits… Je m’en fous mais ils doivent comprendre qu’on les attendait. Prévois aussi pour le repas de midi., leur ordonna-t-il d’une voix ferme.  

- Il est un peu moins de huit heures. A neuf heures et demi, tout doit être prêt. C’est nous qui les attendrons., résuma-t-il, déterminé.  

 

Les deux femmes acquiescèrent et se retirèrent, regagnant leurs postes.  

 

- Il est remonté., pipa Asami.  

- C’est comme ça depuis qu’on l’a appris hier. On avait à peine décollé depuis une heure. On est sur le pied de guerre depuis., l’informa Kaori, décrochant son téléphone pour passer les commandes avant de finir son rapport.  

 

Une demi-heure plus tard, l’imprimante tournait à plein régime pendant que les deux femmes préparaient la salle de réunion, sortant la vaisselle des grands évènements sur une idée d’Asami. Avisant deux tableaux dans un coin de la salle à archives, Kaori approcha et les sortit.  

 

- Qui est-ce ?, demanda-t-elle à sa collègue qui arrivait au même moment.  

- Le grand-père et le père de Ryo. J’ai connu quelques temps le premier et travaillé pour son père. Deux hommes bien., fit-elle, nostalgique.  

- J’ai une idée…, pipa la jeune femme.  

 

A neuf heures, en même temps que la livraison de denrées, arrivèrent les deux directeurs convoqués, dans leurs petits souliers alors qu’ils n’avaient ni ordre du jour ni d’idées sur ce qu’ils auraient pu faire de mal mais ils n’eurent pas le temps de tergiverser qu’ils furent accueillis par Ryo qui s’enferma de nouveau dans son bureau.  

 

- Qu’en penses-tu ?, demanda Asami à Kaori, observant la salle de réunion.  

- J’étais plus dans l’optique des décorations de Noël mais celle-là me paraît pas mal., plaisanta la jeune femme, étouffant un bâillement.  

- Viens, je t’offre un café. A voir ta tête, tu as dû bosser toute la nuit., ironisa sa collègue.  

- Non, j’ai dû dormir trois heures., avoua-t-elle.  

- On a bossé jusque deux heures du mat’, réveil à cinq heures pour être ici à six. Une journée normale en somme., conclut-elle avec un sourire.  

- Il faut que je m’occupe du repas., se souvint-elle.  

- Vas-y, je te ramène un café., lui dit Asami, partant le chercher.  

 

Elle déposa la tasse fumante près de sa collègue plongée dans sa conversation téléphonique et se remit à son poste.  

 

- Voilà, c’est bon. Je ne te dis pas la galère. A cinq jours de Noël, les traiteurs n’aiment pas les commandes de dernière minute., soupira Kaori, portant la tasse à ses lèvres.  

 

Le téléphone sonna de nouveau et elle vit un numéro étranger apparaître.  

 

- Ca, c’est l’avocat de Ryo., affirma-t-elle en décrochant, transférant l’appel presque aussitôt.  

- Il a sorti les grands moyens. C’est beau de le voir se battre ainsi pour garder ce qui lui appartient., déclara Asami.  

- Oui, il est remonté. Ca lui tient à cœur., soupira Kaori.  

 

Elle aurait aimé qu’ils puissent finir l’année dans le calme, profiter de l’évolution de leur relation sans devoir penser à autre chose mais le monde continuait de tourner même à dix milles mètres d’altitude. Elle en avait eu la preuve lorsque Miki avait passé une communication à Ryo la veille au matin.  

 

- C’est Umi. Ca doit être urgent parce qu’il n’a même pas pris le temps de me dire un mot., avait-elle dit.  

- Merci Miki. Umi, je t’écoute.  

- Je suis avec le guignol…  

- Eh je suis pas un guignol. Salut mon pote. Comment va ma Kaori chérie ?, lui avait demandé Mick.  

- Bon, si ce n’est pas urgent, je raccroche. J’ai mieux à faire., avait-il répliqué, adressant un sourire chaud à sa compagne.  

 

Ce n’était pas comme s’ils venaient d’être interrompus dans un échange de mots doux et légers attouchements et qu’il était sur le point de céder à la très forte envie de l’attirer sur ses genoux et de l’embrasser alors que le signal du port de ceinture venait enfin de s’éteindre…  

 

- Non, attends, c’est vraiment sérieux., avait crié Mick.  

- Shin a convoqué un conseil d’administration pour te démettre de tes fonctions., lui avait-il alors appris.  

 

Elle l’avait vu serrer les dents de colère avant de prendre une attitude impassible.  

 

- Comment vous avez su ?, leur avait-il demandé.  

- J’ai rencontré un membre du conseil samedi soir dans un bar à bunnies. Il était passablement éméché et a tout déballé., avait expliqué Mick.  

- Umi ?  

- Tu préfères ne pas savoir., avait-il simplement répondu.  

- Ok. Vous avez plus de précisions ?, les avait-il interrogés.  

- Ca aura lieu demain à dix heures. Tu ne seras pas prévenu. Ils vont se pointer et te convoquer., lui avait appris Umibozu.  

- Je les attendrai de pied ferme. Merci à vous pour ce tuyau., les avait-il salués avant de raccrocher.  

 

Il était resté un moment silencieux, moment qu’elle avait respecté, le voyant en train de réfléchir, le regard fixé sur le hublot. Elle n’avait pas su quoi faire, si elle devait parler, lui poser des questions, se taire, le laisser seul même alors elle avait fait ce qui lui passait par la tête.  

 

- Si tu as envie d’en parler, je suis là., avait-elle murmuré, posant la main sur la sienne au bout de quelques minutes, lui faisant savoir qu’il n’était pas seul.  

 

Il avait retourné sa main et croisé leurs doigts, toujours en silence pendant encore quelques minutes de plus.  

 

- Shin veut m’évincer de la direction de l’entreprise., lui avait-il enfin annoncé.  

 

Elle s’était redressée dans son siège, se tournant vers lui, les yeux écarquillés.  

 

- Il… Il ne peut pas faire cela. C’est l’entreprise de ta famille., avait-elle balbutié.  

- Il n’apprécie pas ma façon de faire, je le sais. Il lui suffit de convaincre les membres du conseil que je ne suis pas à ma place et je pourrai être éjecté., avait-il répondu calmement.  

- Que veux-tu faire ? Tu vas te battre, non ?, lui avait-elle demandé, le cœur battant.  

- A toi de me le dire. Je peux le laisser faire et sortir de là avec un parachute doré. J’aurais toujours les dividendes de mes actions comme rentrées financières. Je n’aurais même pas besoin de travailler si je le voulais. On pourrait avoir une vie comme tu la souhaites, sans contrainte, sans strass, sans rien. Juste nous deux., lui avait-il proposé.  

 

Face à la fenêtre de son bureau, Ryo raccrocha de sa conversation avec son avocat et prit un instant pour réfléchir et ses pensées raccrochèrent celles de sa compagne. Il se souvenait de son regard en lui disant qu’il pouvait quitter la société. Atterrée, elle avait été atterrée de sa proposition. Elle aurait pu sauter sur l’occasion pour ne pas avoir à changer de vie mais, non, elle avait été atterrée, oscillant entre le choc et la déception. Elle avait ensuite bondi de son siège et retiré sa main de la sienne comme si elle voulait s’éloigner, chose illusoire dans un jet privé volant à dix milles mètres d’altitude.  

 

- Tu l’as dit toi-même, Ryo : tu as une responsabilité envers toutes ces personnes. Si tu veux tout abandonner, fais-le mais pas pour moi. Quoique tu fasses, je serai là et te soutiendrai mais tu ne me mets pas cette décision entre les mains. C’est trop facile., lui avait-elle opposé.  

- Je n’arrive même pas à croire que tu es là à me demander si tu dois le laisser faire. C’est ton entreprise, Ryo, celle que tes ascendants ont fondée, celle pour laquelle tu t’es préparé tant de temps à reprendre les rênes. Tu devrais être à la porte du cockpit pour harceler Miki de rentrer plus vite, faire les cent pas pour établir ton plan d’attaque, vouer Shin à la damnation éternelle… je ne sais pas, moi, mais tu ne devrais pas être en train de me demander si tu dois te retirer., lui avait-elle asséné, ses yeux luisant de colère.  

- Tu te rends compte que, si j’y reste, ce sera soirées mondaines, dîners d’affaires, déplacements, belles robes, bijoux hors de prix etc. …, lui avait-il dit.  

- Sans ton entreprise, tu ne seras pas heureux. On serait plus libres mais je suis sûre que tu regretterais d’avoir cédé la place très rapidement parce que tu ne verrais pas tes projets aboutir, parce que tu sais que le projet de Mick ne serait pas entre de bonnes mains si ce ne sont pas les tiennes, parce que Kazue se ferait remplacer sans avoir eu sa chance. Je te prends Ryo avec tout ce que tu es. Je m’en accommoderai et je finirai bien par m’habituer. Promets-moi juste une soirée par semaine à la maison, rien que nous deux. Je me plierai à tout le reste., lui avait-elle promis.  

- Pourquoi tu n’en profites pas ?, l’avait-il interrogé, étonné.  

- Parce que je t’aime et que ton bonheur compte avant tout.  

- Mais le tien ?  

- Moi, je suis heureuse parce que tu m’aimes et que tu me le rends bien., avait-elle simplement répondu.  

 

Il l’avait observée encore une seconde avant de se lever et de l’embrasser, l’enlaçant et la serrant contre lui.  

 

- On va se battre et leur damer le pion., murmura-t-il, répétant les mêmes mots qu’il lui avait dits la veille après l’avoir embrassée, avant de se tourner vers ses deux directeurs.  

- Pour moi, nous avons fait le tour. Vous pouvez aller en salle de réunion. J’arrive d’ici cinq minutes., leur dit-il, les suivant dans le hall.  

- Tout est prêt ?, demanda-t-il à ses assistantes.  

- Oui, viens voir., lui proposa Asami.  

 

Ils rejoignirent les deux autres personnes dans la salle mais Ryo resta sur le seuil, faisant face aux portraits de son père et grand-père. La surprise passée, il approcha doucement et fit face à son géniteur.  

 

- Ca faisait longtemps que je ne les avais pas vus. Ils étaient où ?, interrogea-t-il Asami.  

- Dans la salle à archives, cachés derrière une armoire. C’est Kaori qui les a retrouvés ce matin et les a placés là., répondit-elle calmement.  

 

Il se tourna vers sa stagiaire et posa un regard insondable sur elle, tentant de contrôler l’émotion qu’il ressentait.  

 

- Je n’aurais pas dû ? Je vais les retirer. Je pensais… C’était une mauvaise idée., bredouilla-t-elle, baissant les yeux.  

- Tu pensais quoi ?, la questionna-t-il d’une voix douce.  

- Que… Que ça leur rappellerait à qui ils devaient leur poste et leur fidélité au départ et aussi…, murmura-t-elle, s’interrompant.  

- Et aussi ?, l’incita-t-il à poursuivre.  

- Que tu te sentirais moins seul en leurs présences., admit-elle, gênée.  

 

Elle s’était dit que c’était une bonne idée, une manière d’impressionner l’ennemi tout en soutenant Ryo mais, visiblement, il n’était pas enchanté mais était assez poli pour ne pas l’envoyer paître vertement.  

 

- Les affiches de nos réalisations récentes, c’est pour les impressionner aussi ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui. Tout comme le graphique de la valorisation boursière de l’entreprise en hausse constante depuis deux ans., avoua-t-elle.  

- Je vais les retirer. C’était une mauvaise idée.  

- Laisse-les. C’est bien vu. Là, s’ils ne comprennent pas qu’on les attend de pied ferme, ils ne comprendront jamais rien., s’amusa-t-il.  

 

Soulagée, elle réussit à sourire et se tourna vers le fond de la pièce.  

 

- Je vais aller voir si le café est terminé et faire bouillir l’eau., fit-elle, ayant besoin de se retrouver un peu seule.  

 

Elle sortit de la salle avec soulagement et se rendit dans la salle adjacente, prenant deux minutes appuyée contre une armoire pour remettre de l’ordre dans ses idées. Quand elle entendit le léger bruit de la porte qui se ferme, elle ouvrit les yeux et se tourna vers l’entrée, voyant Ryo la regardant adossé au panneau. Sans un mot, il l’approcha et l’enlaça avant de l’embrasser passionnément, mêlant leurs deux langues avidement. Passé le moment de surprise, elle passa les bras autour de son cou et lui rendit son baiser. Leur échange dura un très long moment et ils se séparèrent dans un gémissement, haletant, les lèvres doucement meurtries.  

 

- Je n’en ferai pas une habitude au bureau mais j’avais besoin de toi, de ce moment avec toi., souffla-t-il, la tenant contre lui.  

 

Elle sentit son anxiété et la comprit. Elle glissa les mains dans ses cheveux et les caressa doucement. Il enfouit le visage au creux de son épaule et se laissa aller à cette douceur bienvenue et réconfortante jusqu’à ce qu’un bip se fasse entendre.  

 

- Il est neuf heures et demie., soupira-t-il, s’écartant d’elle.  

- Attends, tu as un peu de rouge sur les lèvres., lui dit-elle, passant le pouce pour l’effacer.  

- Ca ira, Ryo. Tu vas les assommer et ce sera fini., lui assura-t-elle, lui adressant un regard empli de confiance.  

- Merci.  

- Eh, l’horrible milliardaire !, l’interpela-t-elle d’un ton amusé.  

 

Il se retourna, la main sur la poignée, un sourcil interrogateur levé.  

 

- Je t’aime., lui souffla-t-elle.  

- Moi plus., répondit-il avec un grand sourire avant de sortir.  

 

Deux minutes après, elle rejoignait les autres dans la salle de réunion avec du café et de l’eau chaude dans deux thermos.  

 

- Kaori, tu prendras place à côté de Kazue, là-bas., lui indiqua-t-il une chaise le long de la baie vitrée, un peu à l’écart.  

- Asami va gérer s’il y a des arrivées impromptues. Toi, tu prends des notes.  

 

Elle partit chercher son ordinateur et son chargeur et croisa sa collègue qui rentra avec des papiers dans les mains.  

 

- Il manquait des exemplaires ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Non, un autre pan de la stratégie de Ryo., lui annonça-t-elle.  

 

Quand elle revint dans la salle, il évoluait autour de la table et plaçait chaque membre du Conseil avec un papier à leur nom.  

 

- Voilà, ainsi, c’est parfait. Bravo à tous et merci pour votre implication., leur dit-il, satisfait.  

- Maintenant, nous n’avons plus qu’à attendre nos invités., lâcha-t-il, prenant place en bout de table, se sachant entouré de son père et grand-père.  

 

C’était peut-être idiot mais elle avait eu raison. Il avait comme l’impression d’avoir leur appui dans cette manœuvre et ça lui apportait un peu de réconfort alors qu’il était inquiet malgré les apparences. Certes, si la décision ne tournait pas en sa faveur, il n’aurait pas à s’en vouloir d’avoir baissé les bras ou lui en vouloir de lui avoir dit d’arrêter, pensa-t-il, jetant un œil à sa rouquine, mais ce serait une profonde déception malgré tout. C’était son entreprise.  

 

Dix minutes avant l’heure prévue, ses deux assistantes et lui se postèrent dans le hall, prêts à accueillir les membres du conseil. Le premier à arriver fut Shin accompagné de trois autres.  

 

- Bonjour Shin, messieurs., les salua Ryo, leur tendant la main.  

 

Surpris, Kaibara le dévisagea puis lui tendit la main comme si de rien n’était.  

 

- Bonjour Ryo. Je souhaitais t’entretenir., lui apprit-il.  

- Ca tombe bien. Suivez-moi, je vous en prie., fit-il, affable, se réjouissant de ce court instant d’étonnement de son tuteur.  

 

Il les accompagna dans la salle de réunion et les portes de l’ascenseur se rouvrirent presque aussitôt.  

 

- Qu’est-ce que cela signifie ?, fit Shin voyant la pièce préparée.  

- Je te retourne la question, Shin. Je reviens peut-être de voyage mais je connais mon emploi du temps de la journée et tu n’étais pas prévu au programme., répliqua son pupille.  

- Messieurs, je vous en prie. Servez-vous et gagnez vos places. Nous attendons encore quelques invités, il me semble., fit-il poliment.  

- Ce sont des dépenses bien dispendieuses que tu fais là., le sermonna Shin.  

- Ne t’inquiète pas, je les prends à mon compte. La société ne supportera pas ces frais. Je suis un homme responsable. C’est en ce sens que tu m’as éduqué, non ?, répondit Ryo avec un sourire aimable mais un regard déterminé.  

 

Asami arriva avec le groupe suivant, les invitant à se servir avant de prendre place. Ryo alla les accueillir, satisfait d’en voir certains mal à l’aise.  

 

- Tu sais à quoi rime cette réunion impromptue., lui demandèrent deux d’entre eux.  

- Interrogez Shin. Il se fera un plaisir de vous mettre au parfum. Ce sera à vous de choisir la voie que vous voulez voir cette société prendre, la sienne ou celle de ses prédécesseurs., leur dit-il.  

 

Finalement, à dix heures, Kaori et Asami firent entrer les derniers arrivants avant de prendre place.  

 

- Bien maintenant que nous sommes tous réunis, nous allons parler de l’ordre du jour., commença Ryo, prenant les rênes de la réunion.  

- Donc Shin a eu l’obligeance de vous convoquer ce jour pour me faire la surprise de mon éviction., annonça-t-il.  

- Je me trompe, papa ?, lui demanda-t-il, sans aucune affection dans la voix.  

- Tu conduis cette entreprise comme ta vie, de manière irresponsable., rétorqua Shin.  

- Je me vois obligé d’intervenir pour ne pas aller à la catastrophe., expliqua-t-il.  

 

Se laissant aller dans son siège de manière nonchalante, feignant une insouciance qu’il était loin d’éprouver, Ryo se tourna vers son tuteur.  

 

- Nous t’écoutons expliquer comment je vais conduire cette entreprise à la faillite., l’invita-t-il.  

- Avant de commencer, je te demanderai de faire sortir les personnes qui ne font pas partie du conseil., lui demanda Shin, désignant les trois personnes assises derrière lui ainsi qu’Asami.  

- Kazue et Takashi restent là. De vos décisions, dépendront un certain nombre de tâches administratives et juridiques et, puisque tu étais si pressé de mettre de l’ordre, tu seras pressé de tout mettre au clair. Asami et Kaori restent également pour permettre à cette réunion de se passer dans les meilleures conditions et retranscrire fidèlement les décisions prises., répliqua le dirigeant.  

- Ceci étant statué, je t’invite à continuer.  

 

Shin serra les dents et se tourna vers ses collègues conseillers. Il remarqua que Ryo avait bien agencé la salle de manière à ce que les conseillers qui pourraient encore douter de la décision à prendre soient de son côté et donc hors d’atteinte de regard. Face à lui, il avait ceux qu’il savait appuyer la nouvelle direction et, à l’autre bout, les personnes qui étaient neutres mais moins impressionnables.  

 

- Depuis trois mois, tu fais n’importe quoi, Ryo. Tu as racheté une entreprise en faillite parce qu’elle appartenait à un de tes amis et tu l’as démantelée sans même analyser son potentiel. N’y avait-il rien à tirer de cette société ?, avança Shin, posant un regard dur sur lui.  

- Je connais parfaitement le potentiel de cette société et je sais que les investissements nécessaires pour finaliser les travaux en cours et perdus dans un incendie dû à la négligence étaient bien trop élevés par rapport aux bénéfices attendus., répondit-il, sa conscience au clair.  

 

Ils en avaient assez parlé avec Mick en étayant ce dossier pour que ce dernier sache qu’il ne croyait pas à la thèse de la négligence. Ils devaient cependant être plus malins que Shin et démonter ses arguments un à un. Mick l’avait bien compris et lui aussi.  

 

- Vous verrez les études faites sur les coûts et revenus potentiels. C’est un projet qui a une visée principalement humanitaire. Nous devons d’abord renforcer notre position avant de pouvoir nous lancer dans ce genre d’investissement à fonds perdus., argumenta-t-il.  

 

Il laissa un moment aux personnes autour de la table pour consulter le dossier devant eux.  

 

- Ryo a raison, Shin. Les investissements sont trop importants., admit l’un des conseillers avant de se tourner vers le dirigeant.  

- Mais pourquoi alors racheter cette société ? Quel était l’intérêt, Ryo ?  

- Le programme pouvait être détourné pour être utilisé dans le milieu des affaires de manière particulièrement néfaste. Dans notre domaine, c’est un programme que je qualifierais de prédateur. Je refuse qu’il tombe entre de mauvaises mains, ce qui pourrait nous causer du tort., répondit-il calmement.  

- Mais si nous le développons, nous aurons entre les mains un outil redoutable. Nous aurions un avantage certain., fit l’un des amis de Shin, son tuteur esquissant un léger sourire.  

- C’est certain mais ce n’est pas ma façon de faire des affaires., répliqua-t-il.  

- Alors peut-être que ta façon de faire n’est pas la bonne, mon fils., railla Shin.  

- Ce n’était pas leur façon de faire., fit Ryo, désignant les deux portraits derrière lui.  

- Pourtant, ils ont amené la société à un niveau international et, ce qui est étrange, c’est que depuis deux ans, le cours des actions ne fait que monter., souligna-t-il, pointant le graphique affiché.  

- Vous allez vous en plaindre ?, les interrogea-t-il, un sourcil levé.  

 

Le silence régna un moment et Kaori regarda l’assemblée, sentant la tension partir un peu. Pour le moment, tout se passait comme ils voulaient et elle était fière de son homme, de sa prestance et du charisme qu’il dégageait. Il pouvait rivaliser avec son tuteur sans souci. Contrairement à elle, Shin ne l’impressionnait pas. En fait, elle retrouvait en Ryo le même regard que chez son père et grand-père, un regard qui dégageait détermination et générosité.  

 

- Tu as frappé un fournisseur qui travaillait avec nous de longue date, Ryo, et refusé de signer le contrat qui plus est., lui asséna Shin.  

 

Prévisible, si prévisible, se dit Ryo. C’était un ami de Shin, il le savait et ça ne l’avait pas arrêté. De toute façon, ça avait du bon de secouer le cocotier de temps en temps.  

 

- Un fournisseur qui contrevenait à la clause de moralité et qui a été extrêmement désobligeant avec mon assistante., lui fit remarquer Ryo.  

- Une clause de moralité ? Depuis quand on met des clauses de moralité dans nos contrats ?, s’étonna son tuteur.  

- Depuis que les scandales sexuels et financiers pleuvent dans notre monde. C’est moi qui ai fait insérer ces clauses pour pouvoir nous désengager lorsqu’un partenaire est éclaboussé par un scandale suffisamment honteux pour jeter le discrédit sur notre société., lui expliqua son pupille.  

- Ca nous a déjà permis de sortir de deux ou trois contrats qui auraient pu nous coûter beaucoup en termes de réputation comme vous pourrez le lire., ajouta-t-il.  

- Ton comportement a été honteux envers mon ami. Il n’a pas pu avoir une conduite si répréhensible que cela. La demoiselle doit juste être un peu farouche., dédaigna-t-il, se tournant vers Kaori.  

 

Sentant son regard, elle leva les yeux et le soutint, trouvant en elle le courage nécessaire. Elle devait se montrer à la hauteur de son chef et petit ami et lutter la tête haute.  

 

- Je ne sais pas : tu as souvent proposé de fêter tes contrats à l’horizontal avec une mineure, toi ? Tu sais, une partie fine à trois ?, lui retourna Ryo, éveillant des protestations choquées.  

- Non, bien sûr que non. Je n’ai pas besoin de ça., cracha son associé.  

- Malgré tout, c’était le fournisseur qui nous donnait les meilleurs tarifs., ajouta-t-il pour reprendre la main.  

- J’ai fait jouer mes relations et connaissances et j’ai déjà trois propositions pour des tarifs similaires. Je dois discuter avec ces fournisseurs dès cette après-midi., l’informa le dirigeant.  

- Enfin, si j’en ai l’occasion., pipa-t-il.  

- Si ces réponses sur ces deux dossiers litigieux ne suffisent pas, je vous invite à prendre connaissance du dernier dossier en votre possession et à juger si je suis apte ou pas à poursuivre mes fonctions. Je tenais également à vous faire part d’une évolution dans le partage de l’actionnariat. Depuis vendredi, très officiellement, je possède soixante-cinq pour cent des actions de la société et cinquante-et-un pour cent des actions avec droits de vote. Les déclarations nécessaires ont été faites auprès des autorités de tous les pays où nos sociétés sont cotées. Je vous laisse une dizaine de minutes pour prendre connaissance du dossier., leur dit-il, se levant en remettant sa veste.  

- Et je vous en prie, n’hésitez pas à vous servir en viennoiseries et boissons., les invita-t-il, sortant de la pièce.  

 

Il se rendit dans son bureau et s’adossa un moment à la porte qu’il venait de refermer. Il ne savait même pas comment il faisait pour tenir et rester aussi calme alors qu’il rêvait d’exploser à la tête de son tuteur et lui dire ses quatre vérités. Se redressant, il desserra sa cravate et ouvrit le premier bouton avant de se servir un verre d’eau. C’était une manœuvre stratégique que de sortir ainsi en plein milieu de la réunion. Il leur montrait qui commandait le navire et qu’il n’avait aucune crainte. Ce n’était pas le genre de chose qu’il aimait faire car ça lui donnait aussi un petit côté hautain qu’il n’appréciait pas mais il fallait parfois savoir passer outre cela pour gagner une bataille. Voyant l’heure tourner, il passa rapidement par sa salle de bains et s’aspergea le visage d’eau avant de remettre son bouton et sa cravate en place et de regagner le bureau.  

 

Dans la salle de réunion, Kaori regarda Ryo s’en aller, l’enviant. Elle aurait aimé pouvoir sortir également, respirer deux minutes et surtout savoir comment il se sentait, être là s’il avait besoin d’elle. Ayant pris soin de sauvegarder son travail et de refermer son ordinateur, elle alla jusqu’au buffet et servi les personnes qui se présentaient jusqu’au moment où une poigne de fer la prit par le bras et l’emmena dans un coin.  

 

- Combien ?, lui demanda-t-il à mi-voix, jetant un œil derrière elle pour s’assurer de ne pas être écouté.  

 

Elle le regarda sans comprendre.  

 

- Combien tu veux pour t’éclipser de sa vie et cesser de la gâcher ? Annonce ton prix. Si tu veux partir à l’étranger, je peux même te payer ton billet d’avion., lui proposa-t-il.  

- Monsieur est grand seigneur., dit-elle, retrouvant sa hargne du premier jour.  

- Je ne suis pas à vendre. Vous pourrez aligner autant de zéro que vous voudrez, je ne suis pas intéressée., ajouta-t-elle, murmurant pour ne pas être entendue des autres.  

 

Elle se fichait bien de Shin. Elle ne voulait juste pas mettre Ryo en porte-à-faux et risquer de le blesser.  

 

- Tout le monde a un prix, Kaori, même les saintes-n’y-touchent dans ton genre. Alors annonce., répéta-t-il.  

- Lâchez-moi. Vous êtes odieux. Je m’en fous de votre fric. Fichez-moi la paix., gronda-t-elle, se retournant pour partir.  

 

Il la retint et la força à revenir vers lui, la collant contre son corps.  

 

- Tu vas m’obliger à sortir ma dernière carte, petite garce. Si tu t’en fous de mon fric, pense à sa réputation. Tire-toi maintenant et je ne le blesserai pas., menaça-t-il.  

- Shin, lâche mon assistante, je te prie., entendirent-ils derrière eux.  

 

La voix était ferme et posée mais le regard brûlait d’une colère retenue. Ryo était là et les observait, surtout son père, se retenant d’attraper Kaori pour la mettre à l’abri, ce qui n’aurait qu’accentué l’attention qui leur était déjà portée.  

 

- Ta réponse ?, gronda son tuteur à Kaori.  

- Non, c’est non., lui répondit-elle en le regardant droit dans les yeux.  

 

Elle frissonna quand sa fureur flamba dans les siens mais ne baissa pas le regard. Elle grimaça alors qu’il serra fort son poignet avant de la lâcher en la rejetant presque. Ryo la rattrapa les deux mains sur les épaules pour la stabiliser avant de la libérer à son tour.  

 

- Reprenons la réunion., dit-il, posant une main dans le bas du dos de Kaori pour la pousser à avancer et donc s’éloigner de Shin.  

- Ca va ?, souffla-t-il.  

- Oui., répondit-elle dans un murmure.  

 

Ils reprirent place et, sur invitation de Ryo qui avait repris la direction de la réunion, posèrent toutes les questions sur les sujets qui les inquiétaient.  

 

- Il est doué., souffla Kazue à Kaori pendant un échange un peu plus musclé.  

- Il s’arrange pour donner des éléments de réponses qui vont entraîner des questions en sa faveur., fit-elle remarquer.  

- C’est tout un art chez lui., pipa Kaori, également impressionnée.  

- Il faudra qu’il m’apprenne., répliqua la juriste.  

 

Kaori se tourna vers la jeune femme, sentant la jalousie la tarauder, mais remarqua que son regard avait changé. Il était admiratif certes mais elle ne voyait plus cette lueur de désir qu’elle avait pu remarquer auparavant.  

 

- Peut-être que ça arrivera., répondit la rouquine, radoucie.  

 

L’heure du midi arrivant et les esprits s’échauffant, Ryo appela à faire une pause et ses deux assistantes sortirent pour amener les plateaux-repas commandés.  

 

- Tu avais tout prévu…, ironisa Shin.  

- J’ai été à bonne école. Tous les adolescents de quatorze ans ne commencent pas leur apprentissage des affaires par la lecture de l’Art de la Guerre., lui retourna Ryo.  

- Tu devrais être fier de me voir mettre en pratique ton éducation. L’élève dépassera peut-être le maître, Shin., ajouta-t-il sombrement.  

 

Ce n’était pas son objectif mais, si ça pouvait remettre son tuteur à sa place, ça ne mangeait pas de pain.  

 

- Tu es bien présomptueux, Ryo. L’élève a encore beaucoup de choses à apprendre avant de dépasser son maître. Tu rentreras dans le rang., le prévint-il.  

- Je ne plierai pas, Shin.  

- A toi de voir jusqu’où tu es prêt à aller. Es-tu prêt à la voir souffrir ?, lui demanda-t-il, jetant un regard vers Kaori.  

- Laisse-la en dehors de nos querelles., lui enjoignit Ryo.  

- Impossible, elle en est au centre. Alors Ryo, préfères-tu la voir souffrir ou l’éloigner ? Sois raisonnable., lui conseilla son tuteur.  

 

Ryo observa sa compagne et, comme si elle le sentait, elle releva les yeux au même moment et croisa son regard. Il eut l’impression de voir ses prunelles devenir dorées comme si elles étaient animées d’un feu intérieur puissant et se sentit plus fort et confiant à son tour.  

 

- Abats tes cartes, Shin. J’ai une dame de cœur avec moi. Je sais ce dont elle est capable., lui retourna-t-il.  

- En es-tu si sûr ?, railla Kaibara.  

- Je n’ai jamais été aussi sûr de moi., lui confirma Ryo, le décontenançant.  

 

Le repas se termina et la réunion reprit avec un flot de questions beaucoup moins importantes. Finalement, au bout d’une heure supplémentaire, le silence se fit et Ryo poursuivit.  

 

- Avez-vous d’autres points à éclaircir avant de prendre votre décision ?, leur demanda-t-il.  

- Moi, j’en ai un., annonça Shin, sortant un papier de ses dossiers.  

- Toi qui clames avoir inséré des clauses de moralité dans tous tes contrats, en as-tu inséré une dans ton propre contrat ?, lui demanda-t-il.  

- C’est toi qui as fait rédiger mon contrat, Shin. Ce n’était pas une précaution que tu prenais, tu le sais bien., répondit-il.  

- C’est confortable pour toi, n’est-ce pas ? Ca te permet des extravagances que tu reproches à tes fournisseurs., lui lança-t-il.  

- De quoi tu parles ?, l’interrogea Ryo, contrôlant sa voix pour ne pas paraître inquiet.  

- De ça.  

 

Shin lui tendit une photographie du premier baiser qu’il avait échangé avec Kaori sur le Pont des Arts. Ryo la saisit et se remémora parfaitement ce moment de pur bonheur qu’il venait de gâcher. Il jeta un regard vers Kaori qui pouvait apercevoir le cliché de là où elle était. Elle était livide et ses yeux brillaient des larmes qu’elle se retenait de verser.  

 

- Tu es immonde., gronda Ryo, perdant son sang froid.  

- Ce n’est pas moi qui embrasse mon assistante au vu et su de tous., fit Shin, lui arrachant la photo des mains et la jetant au milieu de la table pour la porter à la connaissance de tous.  

- Ca, c’est ma vie privée !, se fâcha le dirigeant.  

- Ta vie privée pendant un voyage d’affaires. Depuis quand tu emmènes ton assistante en déplacement ? Si tu voulais t’envoyer en l’air, tu pouvais tout aussi bien prendre une escort ou n’importe quelle fille dans la rue. Ca ne te dérangeait pas avant. Pourquoi ça a changé ? Elle doit justifier la rémunération que tu lui verses, rémunération bien plus élevée que les stagiaires habituelles, non ? Quels dons a-t-elle pour mériter cela ?, ironisa Shin.  

- Kaori, tu peux sortir si tu le souhaites., lui proposa Ryo, souhaitant lui épargner tout cela.  

 

Elle fut surprise par la proposition mais n’en montra rien et releva le menton.  

 

- Nous n’avons rien fait de mal. Tu n’as rien à te reprocher et moi non plus. Je reste., affirma-t-elle.  

- Que l’on soit bien clair, je vais vous répondre parce que, comme le dit ma compagne…, commença-t-il.  

 

Le terme surprit tout le monde. Il ne parlait ni de petite amie ni d’assistante mais de compagne, ce qui laissait bien comprendre que leur relation était des plus sérieuses.  

 

- Nous n’avons rien à nous reprocher. Kaori est entrée ici pour un stage de fin d’études et nous avons entamé une liaison après son arrivée. En aucun cas, son stage ou sa rémunération ne sont liés à des raisons d’ordre privé. Je lui ai octroyé la gratification que j’estimais justifiée au vu de son travail et de son implication et, pour ceux qui en douteraient, vous aurez tout le loisir de demander à Asami ce qu’elle en pense. Quant à sa présence lors de mes déplacements, elle n’est pas motivée par des considérations de confort personnel de bas étages mais d’ordre professionnel. Elle a permis d’avancer beaucoup plus rapidement sur certains sujets et de pouvoir être plus efficaces lors de changements de programme. Sans cette interruption, nous aurions repris aujourd’hui le travail normalement sans avoir à subir la surcharge de travail que nous avons d’habitude pendant trois ou quatre jours selon l’importance du déplacement. Bref, c’est un rouage mieux huilé que mon père et mon grand-père avaient déjà expérimenté., répondit Ryo.  

- Mais tu embrasses tout de même une mineure., fit remarquer un membre du conseil, un peu gêné.  

- J’embrassais la femme que j’aime pour la première fois sur cette photo. C’était un moment unique pour nous deux, unique et beau qui vient de perdre tout son charme. Je ne lui ai pas proposé de me faire bénéficier de ses faveurs ni à un partenaire en une sorte de prime pour signature de contrat. Cela n’a rien de dégradant. C’est juste une relation entre un homme et une femme qui s’aiment., insista-t-il, jetant un regard vers sa rouquine.  

 

Elle hocha la tête et esquissa un sourire rassurant.  

 

- Maintenant, si nous avons fini de parler de ma vie privée, pouvons-nous revenir à l’essentiel et en finir avec cette mascarade ? Me jugez-vous apte à rester le PDG de cette entreprise ? Le vote est ouvert maintenant et se fait à main levée comme d’habitude., leur indiqua-t-il d’une voix ferme.  

- Pour des raisons évidentes, je m’abstiendrai. Qui vote pour mon maintien ?, leur demanda-t-il.  

 

Neuf mains sur douze se levèrent. Le vote contre récolta trois voix.  

 

- Neuf voix pour, trois contre. Je reste à la tête de cette société. Merci de votre participation. Servez-vous une tasse de café et une collation., les invita-t-il, se levant.  

 

Plusieurs vinrent lui serrer la main et le féliciter, visiblement soulagés.  

 

- Pour des raisons que tu comprendras, je pense, on évitera de passer les fêtes ensemble. Ce que tu viens de faire là, j’aurais bien du mal à te le pardonner, Shin., gronda Ryo.  

- Tu vas m’interdire de venir à la fête de fin d’année de l’entreprise ?, lui demanda son tuteur, un regard froid posé sur lui.  

- Non, mais évite de croiser mon chemin ou celui de Kaori., le prévint-il avant de s’en aller rejoindre d’autres participants, Kaori discutant avec Asami et Kazue.  

 

Peu à peu, la salle se vida et ils restèrent à trois.  

 

- Quelle journée., soupira Ryo, s’asseyant sur le bord d’une table.  

- Vous devriez rentrer tous les deux. Vous faites pitié à voir., leur conseilla Asami.  

- Il faut tout ranger., lui opposa Kaori, rassemblant des tasses sur un plateau.  

- Je peux encore le faire. Vous, vous avez besoin de repos, alors filez., leur ordonna-t-elle.  

 

Ils ne se firent pas priés plus et rentrèrent à l’appartement, faisant le trajet dans le plus grand silence.  

 

- Je suis désolé que tout ait été déballé au grand jour ainsi, Kaori., s’excusa Ryo, à peine arrivé.  

- Je… C’est tout, Ryo. Ce n’est pas grave., murmura-t-elle, serrant les bras autour d’elle.  

 

Il approcha et l’enlaça, la sentant trembler contre lui avant de sentir l’humidité sur sa chemise. La tension prenait son dû, la colère et la fatigue aussi. Il la souleva dans ses bras et l’emmena à leur chambre. Il lui laissa le temps de se calmer, caressant son dos doucement.  

 

- Tu veux qu’on arrête là ?, lui demanda-t-il quand elle se calma enfin.  

- Tu plaisantes ?, s’insurgea-t-elle, se redressant.  

- On va leur montrer qu’il n’y a pas plus solide que nous deux, que c’est sérieux, que ces accusations étaient infondées., lui affirma-t-elle.  

- Même si tu dois encore prendre des coups ?, l’interrogea-t-il.  

- Qu’ils frappent encore, j’ai la tête dure et le meilleur des anti-douleurs., plaisanta-t-elle.  

- Vraiment ?, s’amusa-t-il.  

- Ton amour. Il peut tout me faire oublier ou supporter., lui répondit-elle.  

- Tu es incroyable. Viens là, lui dit-il, lui tendant la main.  

 

Elle lui sourit et revint se blottir dans ses bras, le laissant refermer la couette sur eux.  

 

- Je t’aime, Sugar. Dors maintenant., lui conseilla-t-il.  

- Toi aussi., lui retourna-t-elle avec un léger sourire.  

 

Leurs visages s’approchèrent puis leurs lèvres se joignirent tendrement avant de se recaler l’un contre l’autre et de s’endormir. 

 


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