Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 30 :: Chapitre 30

Publiée: 21-02-21 - Mise à jour: 21-02-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bon dimanche, bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 30  

 

A neuf heures tapantes le lendemain matin, Shin arriva à l’hôtel de ville tout sourire, la pochette contenant les actes de naissance de Ryo et Maya en main. Le couple l’attendait devant l’entrée, l’air sombre pour l’un, nerveux et malheureux pour l’autre.  

 

- Ne fais pas cette tête-là, ma chérie. C’est un jour heureux !, lui assura-t-il.  

- Si j’épousais l’homme que j’aime, ce le serait., objecta-t-elle, lui lançant un regard noyé de larmes.  

- Mais tu aimes Ryo, Maya. C’est celui qu’il te faut., lui rappela-t-il.  

- Pas comme j’aime Will.  

- Tu nous donnes les papiers qu’on puisse en finir. J’ai du travail qui m’attend., affirma Ryo, tendant la main.  

- Tu n’as pas pris ta journée pour un moment si important ? Je pensais qu’on pourrait déjeuner ensemble avant de vous laisser célébrer charnellement votre union., pipa Shin.  

- Il n’y a rien à célébrer. Tu voulais nous voir mariés. Nous le serons mais ça s’arrêtera là., répliqua son pupille.  

- Les papiers., répéta-t-il.  

 

Shin porta la pochette dans son dos et leur fit signe d’avancer vers l’entrée de la mairie avec un sourire indulgent.  

 

- Je vous accompagne. Je suis tellement heureux de vous voir enfin accéder à mes désirs que je ne veux pas en rater une miette., leur annonça-t-il.  

 

Ryo serra les dents mais ne dit rien. C’était exactement ce qu’il avait prévu depuis que Shin avait refusé de leur donner les actes de naissance la veille au soir.  

 

- Nous y sommes., annonça-t-il, frappant au bureau de l’état civil.  

- Bonjour, quelle est la raison de votre venue ?, leur demanda l’employée, ouvrant la porte.  

- Ma fille va épouser l’homme de sa vie., affirma Shin.  

- Très bien, les futurs mariés peuvent entrer., indiqua-t-elle, Ryo et Maya entrant.  

- Pas vous, Monsieur. Avec la grippe qui arrive, nous n’acceptons que les personnes indispensables dans les bureaux. Vous pouvez attendre là., lui dit-elle d’une voix ferme.  

- Tu nous donnes les papiers, s’il te plaît ? Sinon, nous pouvons revenir une autre fois., suggéra Ryo.  

 

Vexé, Kaibara hésita puis lui tendit la pochette avec les deux actes de naissance avant de ressortir du couloir, furieux. L’employée referma la porte du bureau, laissant apparaître Wilson caché juste derrière, visiblement soulagé que cette partie-là du plan ait fonctionné.  

 

- Merci de votre aide, Hitomi., souffla Ryo.  

- De rien, ce n’est pas grand-chose et ça pimente la journée., admit-elle en souriant.  

- Kazue m’avait bien dit qu’elle adorait son job. Je comprends mieux pourquoi maintenant, ajouta-t-elle, portant un regard appréciateur sur lui.  

- Merci. Si nous procédions maintenant., recadra-t-il, anxieux de sortir de là et de retourner au bureau.  

 

Il avait hâte de pouvoir rassurer Kaori sur le fait que tout s’était bien passé. Elle n’en avait rien montré mais il avait senti sa tension depuis le réveil, la façon dont elle l’avait inconsciemment serré plus fort contre elle juste avant qu’ils se lèvent ou le regard qu’elle lui avait lancé quand il était parti du bureau. Elle y avait montré tout son courage, toute sa confiance en lui mais il avait aussi vu la lueur d’anxiété. Cette lueur-là, il voulait pouvoir l’effacer le plus vite possible. Elle avait déjà bien assez de choses pour lesquelles se faire du souci.  

 

La procédure se passa aussi rapidement que l’avait annoncé Kaori. Un quart d’heure plus tard, ils ressortaient de là, papier en main. Ryo et Maya sortirent par l’entrée principale et Wilson par une sortie annexe afin de ne pas éveiller les soupçons. Ce n’était pas ce qui était prévu mais, au dernier moment, ils s’étaient dits que garder le silence jusqu’à homologation du mariage aux Etats-Unis serait le mieux à faire. A leur grande surprise, le couple fut accueilli par les flashs des journalistes et Ryo ne se demanda même pas comment ils avaient appris la nouvelle de sa présence. Le sourire ravi de Shin était une réponse amplement suffisante.  

 

- Monsieur Saeba, ce mariage est une réelle surprise. Qu’est-ce que ça vous fait ?, demanda l’un des journalistes.  

- Ni chaud ni froid. Une obligation par laquelle il faut passer., répondit-il.  

 

Il ne ferait pas le plaisir à son tuteur de jouer les maris heureux et dévoués. S’il n’avait tenu qu’à lui, il aurait déjà fait voler en éclat le miroir et déballé la vérité à la presse. Cependant, il ne voulait pas heurter Maya plus qu’elle ne l’était déjà. De plus, ils pouvaient profiter tous deux de la présence de la presse pour fuir à toutes jambes et éviter d’avoir à mentir à Shin s’il demandait à voir l’acte de mariage.  

 

- Monsieur Kaibara, ça vous fait quoi de voir les deux enfants que vous avez élevés se marier ensemble ?, l’interrogea un autre.  

- C’est un réel bonheur que nous allons célébrer sans tarder., lança-t-il avec un grand sourire.  

- Désolé père. Je n’ai pas le temps ni le cœur à célébrer un mariage imposé., répliqua Ryo, s’engouffrant dans la voiture, lui infligeant un nouvel affront public.  

- Ce n’était peut-être pas très judicieux., pipa Maya, soulagée maintenant que tout cela était derrière elle.  

- Je m’en fiche. Ca me rendra plus crédible quand je ferai publier un démenti sur notre mariage. Je vais déjà devoir expliquer à Kaori pourquoi on a laissé croire à cette mascarade et j’espère qu’elle comprendra et surtout que je pourrai le faire avant qu’elle l’apprenne par un autre biais., ragea-t-il.  

- Elle comprendra. Vous vous comprenez tous les deux., lui assura-t-elle.  

- A quelle heure est votre avion ?, l’interrogea-t-il.  

- A quatorze heures. Wilson est parti déposer la demande d’homologation à l’ambassade des Etats-Unis. On part à l’aéroport dès son retour., lui apprit-elle.  

- Je vais rester avec toi jusqu’à son arrivée. Je ne voudrais pas que ton père vienne te faire un scandale à l’hôtel., s’inquiéta-t-il.  

 

Elle lui sourit en remerciement et acquiesça.  

 

- Ca te fait quoi ?  

 

Kaori releva la tête du rapport qu’elle relisait sans arriver à se concentrer et croisa le regard narquois de Reika. Ce n’était pas la personne qu’elle voulait voir. Celle qu’elle voulait voir était plus grande, aux cheveux noirs, un sourire enjôleur aux lèvres et de grands yeux qui la dévoraient et, surtout, c’était un homme.  

 

- Qu’est-ce qui me fait quoi ?, demanda Kaori patiemment.  

- De savoir que celui qui s’affichait à ton bras il y a cinq jours vient de se marier à une autre, une femme de son monde., lui asséna Reika avec un sourire ironique.  

- Ryo ne s’est pas marié., affirma la rouquine.  

 

Reika sortit son téléphone portable de sa poche et pianota deux secondes dessus avant de faire démarrer une vidéo avec les images prises à la sortie de la mairie. Kaori se sentit devenir livide. Ce n’était pas ce qui était prévu. Ryo ne devait pas se marier avec Maya. Que s’était-il passé ? Quel grain de sable était venu coincer l’engrenage ? Shin avait-il réussi à rentrer dans la pièce malgré tout, les forçant à aller au bout de cette mascarade ? Maya avait-elle fini par abdiquer et convaincre Ryo d’accepter ce simulacre ?  

 

- On dirait que tu as vu un fantôme…, ironisa l’assistante du service juridique.  

- Ca fait mal quand une histoire d’amour se finit mal… enfin, lui s’en sort bien., conclut-elle.  

- Va-t’en., gronda Kaori.  

- Excuse-moi. Je t’ai blessée. Je voulais juste te prévenir pour ne pas te faire avoir quand il reviendrait., minauda Reika.  

- Va-t’en !, hurla la rouquine.  

 

Le garde du corps qui était resté là se leva et approcha d’elles, incitant Reika à quitter les lieux avec superbe. Finalement, tout n’était peut-être pas perdu pour elle. Kaori ne risquait pas de rester et prendre sa place avec ce nouvel élément…  

 

Kaori resta un moment le regard vide comme son esprit qui refusait de réfléchir. Revenant à la réalité avec un besoin irrépressible de l’entendre de sa voix, elle décrocha son téléphone et l’appela. Elle entendit sonner à la fois dans le combiné et dans le bureau voisin. Quel idiot ! Il avait oublié son téléphone. Elle ne pouvait donc plus qu’attendre.  

 

Soudain, le téléphone sonna de nouveau et elle décrocha anxieusement.  

 

- Ryo ?, demanda-t-elle, oubliant toute convenance.  

- Non. Vous êtes Mademoiselle Makimura ?, entendit-elle.  

 

Son cœur sombra et elle mit quelques secondes à se reprendre et pouvoir répondre, voyant Asami sortir de l’ascenseur.  

 

- Oui… oui, c’est moi., balbutia-t-elle.  

- Je suis l’agent Mitsuda du commissariat central de Tokyo., lui apprit-il.  

 

A ces mots, Kaori eut l’impression que son cœur s’arrêta carrément de battre. Il ne pouvait y avoir trente-six explications pour un tel appel.  

 

- Hideyuki… Il est arrivé quelque chose à mon frère ?, l’interrogea-t-elle anxieusement.  

- Mademoiselle, je suis navré. Votre frère a été grièvement blessé. Il a été emmené à l’hôpital de Roppongi. Il va certainement mourir. Vous feriez mieux d’y aller., lui dit-il d’une voix empathique.  

- J’arrive tout de suite., répondit-elle, se levant avant même d’avoir raccroché.  

 

Elle enfila sa veste, attrapa son sac à main et courut jusqu’à l’ascenseur. Asami, partie dans le bureau de Ryo, réapparut au moment où les portes s’ouvraient.  

 

- Je dois y aller, Asami. Hideyuki a été blessé. Il est à l’hôpital. C’est… c’est grave., annonça-t-elle, livide, les portes se refermant.  

- Kaori, ne pars pas comme ça !, cria sa collègue, cherchant du regard le garde du corps qui sortit à peine deux secondes après des toilettes.  

- Elle est partie voir son frère à l’hôpital !, lui dit-elle alors qu’il cherchait du regard sa protégée.  

 

Il ne tarda pas une seconde de plus et appela Mick par talkie qui contacta l’accueil pour faire barrage à Kaori, descendant lui-même dès qu’il attrapa l’ascenseur.  

 

- Où est-elle ?, questionna-t-il le gardien de l’entrée.  

- Partie. Elle venait juste de franchir les portes quand vous avez appelé. J’ai tenté de la rappeler et de la rejoindre mais elle court vite et je l’ai perdue., avoua l’homme.  

- Holy shit !, hurla l’américain, sortant son téléphone portable.  

 

Il appela Ryo qui ne décrocha pas, poussa un nouveau juron en raccrochant et appelant Falcon.  

 

- Kaori s’est tirée. Son frère a été blessé et elle est partie vers l’hôpital de Roppongi. On doit la récupérer., l’informa-t-il.  

- Très bien. Je pars de l’hôpital et je fais le chemin en sens inverse., répondit Umibozu, raccrochant.  

- Asami, Ryo ne décroche pas., l’avertit Mick, téléphonant à l’assistante de son ami.  

- Non, il a oublié son téléphone portable., lui apprit-elle.  

- Putain, c’était pas le jour., grommela l’américain.  

- Dis-lui que Falcon et moi, on fait le trajet dans les deux sens entre ici et l’hôpital. On va l’intercepter. Dis-lui de patienter au bureau., l’informa-t-il.  

- Ce sera fait., lui promit-elle.  

 

Mick raccrocha et sortit du building en prenant le chemin de l’hôpital. Il pensa que c’était stupide, que Kaori avait pu prendre un taxi ou le métro mais il devait au moins essayer. Il ne partit pas en courant comme un dératé. C’était le meilleur moyen de la manquer. Il chercha dans la foule les crinières rousses, courut après deux, leur tirant des cris outrés et s’excusant brièvement avant de repartir en quête. Désespérant, il continua à avancer jusqu’à apercevoir une silhouette connue.  

 

Umibozu se rendit à l’hôpital et, avant même de commencer à faire le chemin que Kaori devait emprunter en sens inverse, se présenta à l’accueil de l’hôpital.  

 

- Je voudrais savoir si vous avez admis l’inspecteur Hideyuki Makimura., demanda-t-il.  

- Ce n’est pas le genre d’informations que je peux vous donner, Monsieur., répondit la dame sans lever les yeux.  

- Je ne bougerai pas d’ici avant d’avoir eu une réponse., gronda-t-il.  

 

La dame le regarda enfin et pâlit, retenant un cri de terreur.  

 

- Nous n’avons admis aucun policier ce jour, Monsieur., lui dit-elle précipitamment.  

- Y en a-t-il un qui doit arriver ?, insista-t-il.  

- Non. Aucune urgence annoncée concernant un policier, Monsieur., lui répondit-elle.  

 

Il s’en était douté. C’était la raison qui l’avait poussé à faire un détour par l’accueil. Il reprit la route au pas de charge et se dirigea vers la Midtown Tower jusqu’à tomber sur Mick.  

 

- Tu ne l’as pas trouvée, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-il.  

- Non, pas la moindre trace., répondit l’américain, dépité.  

- Elle a peut-être pris le métro ou un taxi., ajouta-t-il.  

- Je pense que non. Son frère n’est pas à l’hôpital., lui apprit Umibozu.  

- Quoi ?, s’exclama-t-il.  

- Shit ! Holy shit !, continua-t-il, comprenant ce qui se tramait.  

 

Au même moment, son téléphone sonna. Il grimaça en voyant le numéro.  

 

- Ca va gueuler…, soupira-t-il, décrochant.  

- On ne l’a pas, Ryo., répondit-il sans préambule.  

 

Dans son bureau, Ryo se laissa tomber sur le divan, l’estomac noué. Il venait juste de rentrer, avait trouvé Asami complètement paniquée, son garde du corps honteux et, avec beaucoup de mal, ils lui avaient alors expliqué que Kaori était partie parce qu’Hideyuki avait été blessé. Elle avait foncé rejoindre son frère sans aucune précaution, sans réfléchir, et ça ne l’étonnait même pas même s’il était furieux.  

 

- Comment ça tu ne l’as pas ? Elle ne peut pas s’être perdue entre la Midtown et l’hôpital !, hurla-t-il, fou d’inquiétude.  

- Ryo, son frère n’a pas été admis à l’hôpital., lui apprit Mick.  

 

Sans réfléchir, le dirigeant raccrocha et se leva pour regarder la ville par la fenêtre.  

 

- Où es-tu, Kaori ?, murmura-t-il.  

 

Sans plus attendre, il composa le numéro d’Hideyuki. Il connaissait ses consignes de ne pas appeler avant que lui appelle mais, là, c’était un cas d’extrême urgence.  

 

- Ryo ? Tu tombes plutôt mal., murmura Hideyuki, visiblement soucieux.  

- Pour une fois, j’aurais préféré que tu ne décroches pas… enfin non mais j’aurais préféré ne pas t’appeler., répondit Ryo.  

- Qu’est-ce que tu racontes ?, s’inquiéta l’inspecteur.  

- Kaori a été appelée parce que tu avais été grièvement blessé., lui expliqua son ami.  

- C’est quoi cette histoire ? Comment elle va ?, lui demanda Maki.  

- Elle est introuvable. Elle est partie comme une furie. On n’a pas eu le temps de la retenir., avoua le dirigeant.  

 

Hideyuki sentit son cœur sombrer et il attrapa le téléphone dans le sac de Saeko, composant le numéro de sa sœur. L’appel aboutit directement sur répondeur et il ferma les yeux face à l’inquiétude qui le submergea.  

 

- Tu sais si elle avait son téléphone, s’il était allumé et chargé ?, l’interrogea Hide.  

- Oui, elle vérifie tous les matins et, ce matin, je l’ai vu faire et le mettre dans son sac à main., affirma Ryo.  

- Je… Je suis désolé, Hide. J’ai merdé., culpabilisa-t-il.  

- Il faut la retrouver, Ryo. J’arrive., lui dit-il, raccrochant.  

- Je ne vais pas attendre ici., grogna Ryo, prenant sa veste et sortant de son bureau.  

- Ryo, où tu vas ?, lui demanda Asami, surprise face à son air sombre.  

- A la recherche de ma compagne., répondit-il, s’engouffrant dans l’ascenseur, suivi de son garde du corps.  

- Je suis désolé, patron., s’excusa l’homme.  

- On en reparlera plus tard., éluda-t-il, peu désireux de prendre une décision sur un coup de tête, guidé par la peur.  

 

Au commissariat, Saeko se tourna vers Hide alors qu’il prenait ses affaires précipitamment et lui rendait son téléphone.  

 

- Où tu vas ? On a une réunion., lui rappela-t-elle.  

- Kaori a disparu. Quelqu’un lui a fait croire que j’étais blessé., lui apprit-il.  

 

Sans un mot, elle se leva et le suivit, s’habillant en route.  

 

- On va où ?, lui demanda-t-elle, lui prenant les clefs des mains.  

- Au bureau… Non, attends. Ryo vient de m’envoyer l’endroit où il va retrouver Mick et Umi., l’informa-t-il, lui donnant l’adresse dans la foulée.  

- Tu crois que c’est le Lotus Noir ?, l’interrogea-t-elle.  

- Qui d’autre ?, musa-t-il sombrement.  

- On va la retrouver, Hide., lui assura-t-elle.  

- Dans quel état, Saeko ? Elle n’a pas vingt ans. Elle est au tout début de sa vie. Elle a encore tellement de choses à faire et à découvrir. Tu sais ce qu’ils envisageaient., lui rappela-t-il, la voix blanche.  

 

L’inspectrice ne sut quoi répondre. Aucun d’eux n’était dupe de la violence dont pouvait faire preuve le Lotus noir et aucun d’eux n’avait vraiment de doute sur le fait que c’était cette organisation qui était derrière la disparition de la jeune femme.  

 

- Bonjour, jeune fille.  

 

Sans avoir compris comment, Kaori se retrouva embarquée dans une limousine noire alors qu’elle courait en direction de l’hôpital. Elle n’avait pas eu le temps de réagir. La voiture s’était arrêtée devant elle au passage piétons, porte ouverte. Elle avait été poussée par derrière, une main appuyant sur sa tête pour ne pas qu’elle heurte l’habitacle, et elle s’était retrouvée à terre, le nez au plancher, plaquée par la force du redémarrage de la voiture. Quand elle avait enfin pu relever la tête, elle faisait face à un vieil homme et un autre plus jeune pointant une arme vers elle.  

 

- Range ton arme, Tomo. Nous ne voulons pas intimider la demoiselle., ordonna le vieil homme d’un air affable.  

- Laissez-moi partir., demanda-t-elle d’une voix déterminée.  

 

Hide était à l’hôpital et vivait peut-être ses dernières heures. Elle voulait être à ses côtés pour lui dire au revoir, lui rappeler à quel point elle l’aimait et lui était reconnaissante de tout ce qu’il avait fait pour elle, le rassurer sur le fait qu’il pouvait s’en aller l’esprit tranquille parce qu’elle était en sécurité même si ce n’était pas vrai parce que Ryo venait de se marier.  

 

- Voyons, nous faisons preuve de gentillesse en vous emmenant faire une promenade, Mademoiselle Makimura., objecta-t-il.  

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?, l’interrogea-t-elle, regardant à l’extérieur et voyant qu’ils retraversaient le pont Benkei qu’elle venait à peine de prendre avant de bifurquer vers Shinjuku.  

- Rendez-moi ça !, cria-t-elle alors que le sbire prenait son sac à main et le fouillait, jetant son téléphone au sol et l’écrasant à plusieurs reprises du talon.  

- Espèce de salaud ! Vous n’avez pas le droit !, fit-elle, reprenant son sac et son téléphone qu’elle rangea, les larmes aux yeux.  

- Vous êtes priée de modérer vos propos, jeune demoiselle !, la tança l’homme sévèrement.  

- Je te parlerai comme je veux, vieux salaud ! Je ne te connais pas !, répliqua-t-elle vertement.  

 

Tomo l’empoigna et la gifla fortement, lui provoquant une douleur cuisante à la joue droite, la laissant sans voix un instant.  

 

- Tu n’es que menue monnaie, jeune fille. Ce qui m’intéresse, c’est ce que ton frère est prêt à faire en échange de ta liberté., lui apprit-il.  

- Vous êtes du Lotus Noir…, murmura-t-elle, réalisant.  

- Mon frère…  

- Ton frère va très bien. Ce serait dommage de le blesser alors que nous venons enfin de réussir à t’attraper. Tu as été bien difficile à atteindre, jeune fille. Tu m’as même obligé à me déplacer en personne., s’amusa-t-il.  

- Qui êtes-vous ?, l’interrogea-t-elle d’une voix blanche.  

- Nobuto Tanaka. Je suis venu te chercher en personne pour que ton frère comprenne enfin où est sa place., lui dit-il avec un sourire mauvais.  

- Elle est plutôt jolie la demoiselle, tu ne trouves pas, Tomo ? Ce serait dommage de la tuer avant d’avoir pu en profiter un peu, non ?, avisa Tanaka, détaillant sa silhouette.  

- Non…, souffla Kaori, horrifiée par le dessein qu’il lui réservait.  

 

Elle ne pouvait pas croire que sa vie se finirait ainsi, violée puis assassinée pour faire pression sur Hide. Il ne se le pardonnerait jamais. Elle regretta d’autant plus toutes les occasions manquées de concrétiser avec Ryo. Même si aujourd’hui leur relation était finie, elle aurait aimé qu’il soit le premier, pas ces deux horribles bonhommes qui ne prendraient certainement pas de gants avec elle.  

 

- Vous ne pouvez pas… Vous allez me violer et me tuer… Je ne veux pas…, bafouilla-t-elle, les larmes roulant sur ses joues.  

- C’est de la faute de ton frère. Plains-toi à lui de cette injustice., ricana l’autre.  

- Oh… c’est vrai, je ne t’en donnerai pas l’occasion. Dommage., dit-il, se penchant vers elle et l’attrapant.  

 

Elle se sentit attirée vers lui, agrippant la chose qui ressemblait le plus à une arme pour elle, son sac à main. Ses lèvres froides et humides se posèrent sur les siennes, l’écoeurant. Elle tenta de repousser ce vil homme mais il avait une poigne de fer. Avec effroi, elle sentit deux mains glisser le long de ses cuisses et s’immiscer à l’intérieur, sous sa jupe. Sa panique se transforma alors en rage et elle réussit à rejeter Tanaka, le poussant sur le côté. Il bouscula alors son sbire et elle profita que la voiture redémarrait à peine au feu qui passait vert au même moment pour bondir en dehors. Elle entendit bien le klaxon d’un automobiliste venant en sens inverse devant lequel elle surgit mais ne chercha pas à comprendre et se mit à courir aussi vite qu’elle le pouvait, s’engouffrant dans des ruelles sombres et humides.  

 

Au début, elle n’entendit que le claquement de ses talons sur le bitume, se demandant même ironiquement d’où lui venait cette soudaine aptitude à courir avec de telles chaussures. Elle ne pensait ni à la douleur de ses pieds encore meurtris ni à la peur qu’elle ressentait, juste à ce fait insensé : elle courait avec des talons, leurs claquement sur le macadam lui semblant aussi assourdissant que les battements de son cœur.  

 

Soudain, elle s’immobilisa et regarda, les yeux exorbités : la ruelle aboutissait sur un mur. Ce n’était pas possible. Ce… n’était… pas… possible…, se dit-elle.  

 

Entendant d’autres bruits de pas arrivés rapidement, elle tourna la tête dans tous les sens et repartit en arrière en espérant avoir assez de temps pour emprunter un autre chemin. Elle ne connaissait pas ces ruelles sombres. C’était tellement glauque. S’ils la retrouvaient, lui faisaient sa fête et l’abandonnaient là, combien de temps mettrait-on à retrouver son corps ? Les grandes artères n’étaient pas loin mais elles lui semblaient pourtant invisibles. Revenant à un autre carrefour, elle bifurqua en entendant un « elle est là-bas ! ». Elle accéléra encore et déboucha sur un endroit au soleil, dégagé. Eblouie un instant, elle ne se perdit pas en conjecture et fonça vers une porte ouverte qu’elle referma et bloqua verrouillée, s’immobilisant un court instant, peinant à retrouver son souffle.  

 

Ses yeux s’habituant à l’obscurité de l’endroit, elle avança prudemment en tâtonnant le long des murs, grimaçant lorsqu’elle buta dans un truc en métal qui lui sembla faire un boucan d’enfer… Enfer, métal, elle se prit à rire, chassant un peu la nervosité qui l’habitait. Se reprenant en pensant à Hide, elle finit par trouver une poignée et l’actionna, anxieuse. Qui pouvait lui dire ce qu’elle allait trouver derrière ?  

 

- Alors tu as du nouveau ?, demanda Ryo dès qu’il retrouva Mick.  

 

Celui-ci lui fit signe de patienter pendant qu’il était au téléphone, ce que son ami eut bien du mal à faire tant il était inquiet. Dire qu’il devrait être en train de faire un point téléphonique à cette heure-là, avoir eu l’occasion de rassurer Kaori sur ce qui s’était passé à la mairie et, maintenant, c’était elle qui n’était pas là.  

 

- Elle a été enlevée., annonça Mick, en raccrochant.  

- Juste après le pont Benkei. Je ne pensais même pas qu’elle serait arrivée jusque là en si peu de temps., pensa-t-il.  

- Tu as sa trace ?, l’interrogea son patron, impatient.  

- Le Professeur est dessus. Il me rappelle dès qu’il a du nouveau.  

- Ryo, des nouvelles ?  

 

Les trois hommes se tournèrent vers Hideyuki et Saeko qui venaient d’arriver.  

 

- Elle a été enlevée., lui annonça-t-il, prenant la responsabilité de ce qui s’était passé.  

 

Maki lui avait confié sa petite sœur pour la protéger et il avait failli. Il aurait donné tout ce qu’il avait pour échanger sa place avec Kaori et être sûr qu’elle était en sécurité. Peut-être… Non, ça ne servait à rien de se demander ce qu’il aurait dû faire autrement. Le résultat était là et, maintenant, l’important était de la retrouver.  

 

- C’est la voiture qui l’a emmenée., leur montra Mick, affichant la photo sur son portable.  

 

Hideyuki lui prit l’appareil des mains, zooma sur l’image, la montrant à sa compagne.  

 

- Le Lotus Noir., affirma Saeko, reconnaissant un symbole minuscule sur une fenêtre.  

- Ce n’est pas n’importe quelle voiture, Saeko. C’est celle de Tanaka. Tu sais ce que ça veut dire., fit Hide, terrifié.  

- Je sais., souffla-t-elle, s’approchant de lui.  

- Ca veut dire quoi ?, s’énerva Ryo pour qui ce monde était inconnu.  

- Tanaka est le chef du Lotus Noir. Quand il se déplace en personne pour un enlèvement, c’est que la personne recherchée est très importante à ses yeux mais aussi…, commença Umibozu.  

- Qu’elle n’en ressortira pas vivante, c’est cela ? Il ne peut pas se permettre de laisser de témoin., acheva Ryo d’une voix mourante.  

- Il faut la retrouver. Mick !, se fâcha-t-il.  

- Le Professeur recherche la voiture via le système de vidéosurveillance de la ville., répondit-il.  

- Qu’il fasse plus vite !, ordonna Ryo.  

 

Interloqués, Saeko et Hideyuki se regardèrent avant de se tourner vers leurs amis, cherchant à comprendre si cela signifiait bien ce qu’ils pensaient.  

 

- Vous ne voulez pas savoir., leur répondit Ryo, le regard noir.  

- Où il crèche, ce Tanaka ?, leur demanda-t-il.  

- Dans le district d’Itabashi., lui apprit Hide, impressionné par l’aura que dégageait son ami.  

- Alors il faut orienter les recherches sur la route qui mène jusque là-bas., ordonna-t-il.  

- Il a pu aller n’importe où dans une de ses planques., objecta Hide.  

- Cherche ailleurs. Moi, je vais par là., répliqua-t-il, faisant signe à ses hommes qu’il repartait.  

- Il est inconscient., houspilla Hide qui essayait de réfléchir posément, entendant Saeko en conversation avec le commissariat.  

- Il se sent coupable., lui opposa Umibozu.  

- Je vais aussi fouiller cette piste-là. Le bruit court que Tanaka aime jouer à domicile avec les témoins femmes., leur apprit-il.  

- Je monte avec toi., fit Mick, le suivant toujours au téléphone.  

 

Hide et Saeko suivirent également, ayant également eu vent de cette rumeur sans la prendre plus que cela au sérieux.  

 

- Oh bon sang, il faut qu’on la retrouve…, souffla Hide, comprenant la raison de cette petite manie du chef de clan.  

 

Mick recomposa immédiatement deux numéros quand il eut raccroché.  

 

- Ryo, Hide. Kaori s’est échappée de la voiture. La dernière fois qu’elle a été vue, c’était à deux rues de la gare de Shinjuku. Elle s’est engouffrée dans les ruelles, impossible de la suivre. Je vous envoie l’adresse., leur dit-il, raccrochant et la tapant en même temps qu’il en informait Umibozu.  

- C’est un vrai dédale ces allées. Impossible de prédire où on va la retrouver., l’informa le géant.  

- Prions pour que la chance nous aiguille alors., souffla Mick, les nerfs à vif.  

 

Kaori ouvrit discrètement la porte et passa un œil dans l’entrebâillement, réprimant un frisson anxieux. Ne voyant personne, elle sortit et referma doucement le battant avant d’avancer prudemment. Le rez-de-chaussée était désert et, à voir la couche de poussière par terre, inhabité depuis un bon moment. Le tout était lumineux, éclairé par de nombreuses fenêtres desquelles elle pouvait voir les hommes qui la cherchaient aller et venir dans la rue. Par prudence, elle opta pour un endroit plus sûr et monta dans les étages. Le dernier ferait très bien l’affaire à son idée. Restant toujours sur ses gardes, elle pénétra dans le dernier appartement, surprise par sa grandeur. C’était un duplex avec un espace de vie sur le premier niveau et certainement l’espace nuit à l’étage.  

 

Fatiguée, anxieuse, elle monta de nouveau vers l’étage supérieur, avisant le dernier escalier. Celui-là devait mener sur un toit-terrasse, pensa-t-elle. S’aventurant de l’autre côté, elle ouvrit la dernière porte et pénétra dans la pièce, refermant le battant derrière elle. S’agenouillant, elle observa la rue par la fenêtre et vit encore des hommes courir, un peu moins peut-être, d’autres sortant des ruelles adjacentes. Avec un frisson d’effroi, elle vit la voiture qui l’avait « véhiculée » se garer devant le bâtiment en face. Elle se rendit alors compte qu’elle était juste en face de chez Kazue dans l’immeuble aux briques rouges qui avait attiré son regard.  

 

Se rasseyant, elle ressortit son téléphone portable et tenta de le rallumer. Récalcitrant, celui-ci refusa mais elle n’abdiqua pas et retenta dix fois avant de s’énerver et de le balancer sans ménagement. Prenant quelques secondes pour se calmer, elle sut qu’elle devait joindre quelqu’un et elle n’avait qu’un moyen pour cela. Elle se releva donc et alla chercher l’appareil martyrisé.  

 

- Je t’en supplie, marche., l’implora-t-elle.  

 

Elle appuya une première fois et rien ne vint. Ses mains tremblant, elle le lâcha et il tomba par terre. Elle le ramassa, manquant de le faire tomber à nouveau tellement elle était à bout de nerfs, et s’agenouilla, se sentant sur le point de s’effondrer.  

 

- Merci., souffla-t-elle, voyant le téléphone s’allumer.  

- Comme quoi la douceur n’est pas toujours la meilleure solution., plaisanta-t-elle, soulagée.  

 

Le temps de démarrage lui sembla interminable et elle espéra qu’elle n’attendait pas en vain, que l’appareil ne se mettrait pas hors service à peine cette phase finie mais il n’en fut rien à son plus grand soulagement. Elle tapa nerveusement son code PIN, s’y reprenant à deux fois, se demandant si sa carte SIM n’était pas cassée, et enfin les fonctions normales apparurent malgré l’écran brisé. Elle hésita et, finalement, appela Ryo, refusant de mettre Hideyuki en danger par un appel au mauvais moment.  

 

- Kaori ?, entendit-elle au bout du fil, étouffant un sanglot de soulagement.  

- Oui… oui, c’est moi., souffla-t-elle.  

- Où es-tu ?, lui demanda-t-il visiblement très inquiet pour elle.  

- En face de chez Mick, l’immeuble de briques rouges., lui apprit-elle, se dirigeant vers la fenêtre, attirée par des bruits.  

- Oh non… Ils vont rentrer, Ryo. Appelle la police., l’implora-t-elle.  

- Reste calme. Nous ne sommes pas loin., lui indiqua-t-il.  

 

La panique la prit. Ryo ? Ryo n’était pas loin ? Il n’allait tout de même pas risquer sa vie ? C’était de la folie pure.  

 

- Je n’ai plus de batterie., l’informa-t-elle, entendant le signal, n’ayant pas le temps de lui dire de ne pas venir.  

- Accroche-toi. On n’est pas…  

 

La conversation se termina ainsi et elle entendit le bruit de portes ouvertes et de course dans les escaliers. Elle observa la pièce, les fenêtres et se rendit compte qu’elle était enfermée dans un piège à rats.  

 

- Kaori est en face de chez toi, Mick !, lui apprit Ryo, appelant juste après avoir perdu la communication avec sa compagne.  

- C’est pas vrai… Hide, je t’envoie l’adresse., prévint Mick.  

- Ce n’est pas tout. Apparemment, ils allaient rentrer dans sa planque. C’est l’immeuble de briques rouges. Je suppose qu’elle s’est réfugiée au dernier étage., suggéra-t-il.  

- Oui, c’est ce que je lui ai déjà dit de faire si ça arrivait un jour., affirma Hide.  

- On est à cinq minutes de là. Je demande du renfort. Pas d’imprudence., leur demanda-t-il.  

 

Les trois véhicules foncèrent dans la circulation matinale de Tokyo. A peine deux minutes après, ils entendaient les sirènes des voitures de patrouille appelées sur place et, deux minutes supplémentaires, ils étaient arrêtés par un barrage, des coups de feu se faisant entendre. Frustrés, ils virent Hideyuki et Saeko passer le barrage et durent attendre en arrière.  

 

Kaori sortit prudemment de la chambre et longea le mur, entendant les truands approcher. Elle grimpait les escaliers menant au toit quand la porte du bas s’ouvrit brutalement. Elle accéléra le pas, montant silencieusement comme un cabri puisqu’elle avait retiré ses chaussures, les laissant dans la chambre. Elle ouvrit la lourde porte en métal et sortit en la retenant pour la refermer en douceur. Sentant l’air glacial la frapper, le sol froid et encore enneigé sous ses pieds meurtris, elle se sentit instantanément frigorifiée mais se força à bouger, surtout quand elle entendit les sirènes approcher puis les crissements de pneus sur le macadam en bas de l’immeuble. Prudemment, elle fit le tour du toit, cherchant un échappatoire. Elle blêmit en glissant une fois ou deux à cinquante centimètres d’un garde-corps qui avait bien besoin d’être réparé, refusant de laisser les images d’une chute vertigineuse l’assaillir.  

 

Lorsque les coups de feu commencèrent à résonner en bas, elle sursauta mais continua sa quête résolument.  

 

- Regardez, elle est là-haut., souffla Ryo, voyant sa crinière rousse de là où il était.  

- Viens. Elle va certainement emprunter l’échelle de secours sur le côté. Allons lui assurer une sortie., fit Mick, leur faisant signe de le suivre en s’engouffrant dans une allée sombre à leur tour.  

 

Ils contournèrent tout l’immeuble et arrivèrent face à l’échelle de secours qui n’avait pas l’air de première fraîcheur au grand désespoir de Ryo.  

 

- L’immeuble avait tapé dans l’oeil de Kaori. Il faut croire que le destin était en marche., plaisanta Ryo pour oublier son anxiété.  

- Ca fait des années qu’il est inhabité d’après Kazue. J’espère que l’échelle ne va pas se détacher., murmura Mick.  

- Elle ne va pas se détacher., se reprit-il, recevant le regard noir de son ami de plein fouet.  

- Regardez, elle descend., les prévint Umibozu.  

- Ryo…, souffla l’américain alors que son ami approchait du pied de l’échelle.  

 

Si ça avait été d’une quelconque utilité, il aurait grimpé pour aller la chercher mais le fait était qu’il risquait de faire pire que mieux, alors il attendit anxieusement sa compagne.  

 

Kaori avait enfin trouvé l’échelle de secours et préféra ne pas regarder en bas avant de peur de ne plus être capable de descendre. Elle grimaça en sentant la morsure du métal gelé sur ses pieds endoloris mais poursuivit malgré tout son chemin en entendant la porte menant sur le toit s’ouvrir. Ne pas se précipiter, aller vite mais ne pas se précipiter, se répétait-elle tel un mantra. Quoiqu’il arrivait, elle pouvait se retrouver en mode crêpe étalée sur le sol cinq étages plus bas, se dit-elle. Même le cœur brisé, elle ne voulait pas de cette fin-là. Elle devait penser à Hideyuki.  

 

Elle sentit soudain son pied glisser sur le barreau et, paniquant, perdit l’équilibre, se raccrochant uniquement à la force des bras. Les yeux fermés, bandant ses muscles au maximum, elle réussit à remettre un pied puis l’autre sur l’échelle et, sans prendre le temps de souffler, recommença à descendre. Une secousse fit bouger l’échelle et elle leva les yeux. Un homme était là en haut, accroché aux barreaux, la regardant d’un air mauvais. Il braqua son arme sur elle et tira, un tir y répondant immédiatement. Elle se plaqua contre l’échelle dans une risible tentative d’échapper à la balle qui lui était destinée.  

 

- Descends !, entendit-elle hurler.  

 

Elle aurait reconnu cette voix à travers toute une foule. Ryo était là. Il s’était marié à une autre mais il était là et elle ne savait dire ce qu’elle ressentait, un sentiment mêlé entre joie et amertume. Elle reprit sa descente. L’homme tira de nouveau et la balle ricocha sur le barreau juste au dessus d’elle, lui arrachant un cri de frayeur. Un tir venant du bas répondit, le forçant à reculer. Elle ne se démonta pourtant pas et continua à descendre, plus vite, malgré ses mains qui s’agrippaient de moins en moins bien tant elles étaient moites et comme chauffées à blanc par l’effort. D’autres balles furent tirées dans les deux sens, alimentant son stress, et la dernière eut raison d’elle, passant à deux centimètres de sa main. Elle lâcha les barreaux et se sentit tomber dans le vide, dos le premier, ne pouvant rien faire ni trouver pour se raccrocher. C’était la fin.  

 

- Kaori !, hurla Ryo, la voyant partir dans le vide.  

 

Comme au ralenti, il la regarda tomber pendant ce qui lui sembla une éternité et, sans vraiment savoir comment, il la rattrapa dans ses bras, tombant à genoux sous le poids de l’impact. Il n’eut pas le temps de réaliser qu’Umibozu lui prenait sa compagne des bras et que Mick et son garde du corps l’emmenaient à l’abri également, suivant le géant. A l’écart, il se dégagea et alla retrouver sa compagne, la prenant contre lui et la serrant à l’étouffer.  

 

- J’ai eu la peur de ma vie., souffla-t-il contre son oreille.  

 

Elle l’entendait à sa voix, elle le sentait dans la tension qui habitait son corps pressé contre le sien, à sa respiration saccadée et son cœur qui battait contre le sien et tout cela abattit les barrières qui s’étaient dressées pour l’aider dans cet évènement traumatisant. Epuisée émotionnellement et physiquement, elle éclata en sanglots, son corps tremblant sans qu’elle s’en rende compte. Ryo la lâcha, retira son manteau et le passa autour d’elle avant de la reprendre contre lui, l’entourant de son odeur et de sa chaleur. Ils restèrent ainsi un long moment, imperméables aux coups de feu qui diminuèrent puis s’arrêtèrent, aux mouvements des policiers qui sécurisaient les lieux, au départ de Mick qui alla chercher Hideyuki qui arriva et regarda le couple enlacé avant d’approcher doucement.  

 

- Kaori… Kaori, tu n’as rien ?, lui demanda-t-il.  

 

Ryo desserra son étreinte et elle se tourna vers son frère, secouant la tête négativement, incapable de parler. Il la prit à son tour dans ses bras et la serra, rassuré.  

 

- On a arrêté Tanaka. Il ne s’est pas enfui assez vite. Avec ta déposition, on pourra le coffrer et faire tomber tout le réseau. Tu voudras bien témoigner ?, l’interrogea-t-il.  

 

Elle hocha la tête. Hide la serra encore un moment avant de la lâcher et de l’observer.  

 

- Je vais te raccompagner à l’appartement où tu pourras te changer et, après, on ira au commissariat pour prendre ta déposition., lui proposa-t-il.  

- Où est ton sac à main ? Tes chaussures ?, lui demanda Mick.  

- Là-haut dans la chambre à coucher., lui dit-elle, indiquant le dernier étage.  

- Je vais attendre pour les récupérer., proposa-t-il.  

- Je vais t’accompagner., suggéra Ryo.  

 

Elle le regarda de manière incertaine avant de secouer la tête.  

 

- Tu as du travail. Tu ferais mieux d’aller au bureau. Je ne suis pas seule., objecta-t-elle, jetant un œil vers son frère.  

 

Tous furent surpris de sa réponse. Depuis deux mois, ils étaient inséparables et, là, elle affirmait ne pas vouloir de lui. C’était comme une gifle et il recula d’un pas.  

 

- Kaori…, murmura-t-il, défait.  

 

Elle se mordit la lèvre en voyant sa détresse mais il avait fait son choix et elle devrait vivre avec. Elle ne serait pas la maîtresse. Si elle ne pouvait pas l’avoir à plein temps, elle préférait se retirer complètement malgré l’amour qu’elle lui portait. Elle voulait bien être simple concubine. Elle voulait bien ne pas être mère mais elle ne serait jamais l’autre femme. Ils en parleraient mais pas pour le moment. Ils auraient cette explication le soir même ou un autre jour mais pas maintenant. Là, elle avait juste envie de pleurer et ça n’apporterait rien.  

 

- Laisse-lui un peu de temps., suggéra Mick.  

- De temps pour quoi ? Je ne comprends pas., répondit-il, la regardant s’éloigner.  

- Redescendre… Elle vient de passer par une épreuve difficile et ne doit plus savoir où elle en est., expliqua-t-il.  

- Ne baisse pas les bras et reste calme quand tu la reverras., lui conseilla Umibozu.  

 

Hideyuki guida sa sœur jusqu’à la voiture de Saeko et prit place avec elle à l’arrière.  

 

- A l’appartement ?, demanda-t-elle.  

- Oui et après on ira au commissariat., répondit-il, attirant Kaori contre lui.  

- Comment tu te sens ?, lui demanda-t-il, soucieux.  

- Vide…, souffla-t-elle, la gorge nouée.  

- Ryo s’est marié., leur apprit-elle, son cœur saignant.  

 

Le couple se regarda stupéfait dans le reflet du rétroviseur mais ne pipa mot. Maki se contenta de resserrer son étreinte sur sa petite sœur. Il ne niait pas sa douleur mais il préférait attendre d’avoir la version de son ami avant de lui mettre une raclée monumentale. 

 


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