Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 43 :: Chapitre 43

Publiée: 06-03-21 - Mise à jour: 06-03-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 43  

 

- On croirait voir Ryo., pipa Saeko en voyant Kaori faire les cent pas dans le couloir de l’université.  

- J’aimerais bien le voir justement., répondit-elle, jetant un regard vers l’escalier par lequel il arriverait… s’il arrivait.  

- Détends-toi, il va arriver et ça va bien se passer. C’est ton dernier examen, Kaori, le tout dernier de ta vie., lui dit l’inspectrice, posant les mains sur ses épaules pour l’empêcher de continuer ses allers-retours.  

- Tu me crois si je te dis que je suis hyper nerveuse et que j’ai envie de vomir tellement j’ai peur de me planter., grimaça la rouquine.  

- Je te crois mais évite de rendre sur ton tailleur. Respire un grand coup, ça ira mieux., lui conseilla son amie, lui souriant pour l’encourager.  

 

Juste après, son téléphone sonna et elle s’éloigna un peu pour prendre l’appel. Kaori s’adossa au mur et ferma les yeux pour tenter de reprendre le contrôle de ses nerfs. Elle n’avait pas lieu d’être si nerveuse. Elle connaissait son rapport de stage par cœur, elle se sentait capable de répondre à toutes les questions possibles et imaginables, alors que craignait-elle ?  

 

Un peu que les examinateurs ne croient qu’elle avait triché. Elle avait elle-même du mal à croire qu’elle avait fait tout cela pendant son stage. Elle s’était rendue compte en relisant son rapport qu’Asami l’avait véritablement formée à prendre la relève. Elle en avait eu les larmes aux yeux même si, pendant un moment, elle s’était sentie prise au piège. C’était passé en se souvenant de tous leurs échanges, du regard qu’elle portait sur elle, sur eux et elle avait compris qu’elle voulait tout simplement ce qu’il y avait de mieux pour eux. Connaissant l’emploi du temps de Ryo, sachant qu’il ne lâcherait pas la direction du groupe, chose avec laquelle elle était d’accord, quel était le meilleur moyen pour eux d’être ensemble ?  

 

Elle craignait aussi qu’ils aient eu vent de sa relation avec son maître de stage et qu’ils ne mettent son évaluation que sur le compte de leur liaison. Elle savait qu’il n’en était rien. C’était Ryo qui l’avait remplie mais il s’en était remis au jugement d’Asami et, même si elles s’appréciaient, sa collègue était juste. Elle n’aurait jamais surestimé son évaluation juste pour lui faire plaisir parce que ça ne servait à rien et que ça aurait même pu la desservir au moment de l’entretien.  

 

En fait, sa nervosité était principalement due à un tout autre fait. Ryo lui manquait et elle avait peur qu’un nouveau contretemps les tint éloignés l’un de l’autre à nouveau. Il avait déjà dû partir en urgence plus tôt que prévu et lui qui devait rentrer le samedi à la fin de ses écrits s’était vu contraint de repartir de l’autre côté de la planète pour quelques jours supplémentaires. Il lui avait promis d’être rentré pour sa soutenance mais peut-être avait-il de nouveau eu un empêchement…  

 

Une porte claqua et elle se retourna brusquement, tout comme Saeko qui approcha d’elle, main sur son arme. C’était juste une élève partie en pleurs de sa salle d’examen. Kaori se sentit déglutir et chassa l’anxiété qui montait tant bien que mal. Soudain, des pas résonnèrent dans l’escalier et elle vit apparaître Ryo au moment même où elle reçut un SMS. Elle le regarda à peine, fronçant les sourcils, puis haussa les épaules. Il était là, beau et séduisant dans son costume gris anthracite, un costume neuf apparemment. Elle sourit en voyant que son nœud de cravate était de travers. Petite maladresse volontaire pour justifier un rapprochement ?, se demanda-t-elle.  

 

Avec soulagement, Ryo vit apparaître les murs d’enceinte de l’université. Il venait d’atterrir après seize heures de vol qui lui avaient paru interminables. Il aurait aimé prendre une douche mais il n’en avait pas le temps et s’était rasé, rafraîchi et changé dans l’avion. Il se souvenait de la tête de son directeur lorsqu’il avait décidé de clore la réunion à dix heures et demie la veille et qu’il avait refusé de rester déjeuner avec lui. C’était l’heure qu’il s’était fixé, la dernière heure à laquelle il pouvait encore espérer être à l’heure pour la soutenance de sa compagne et il ne comptait pas lui faire défaut. Il s’était donc excusé de devoir honorer un rendez-vous des plus importants le lendemain à Tokyo et avait signé le document qui actait les décisions prises, document qu’il avait rédigé lui-même au fil de la réunion. Ca en avait bouché un coin à plus d’un apparemment quand il s’était levé et avait signé à la chaîne les quatre exemplaires avant de les tendre à ses homologues.  

 

- Voilà messieurs, il ne vous reste plus qu’à signer. C’est très fidèlement ce que nous venons de décider., leur avait-il annoncé.  

 

Il lâcha un léger rire en se rappelant de leurs têtes. Kaori aurait certainement été plus rapide, fait une meilleure mise en page du document mais l’essentiel y était et, au moins, ce dossier-là était bouclé et ne l’empêcherait pas d’arriver à temps. Heureusement pour lui, Miki le connaissait bien et, quand il était arrivé à l’aéroport après avoir sauté dans le premier taxi en bas du building, l’avion était prêt à partir, les autorisations obtenues, et il n’avait pas encore bouclé sa ceinture qu’ils roulaient déjà vers la piste d’envol. Elle lui avait dit que ce serait son dernier vol d’affaires avant la naissance du bébé. Elle avait ressenti la fatigue de ce voyage et ne voulait pas prendre de risque, ni pour son enfant ni pour ses passagers. Ryo était sur le front en continu mais devoir rester sur la brèche comme les deux dernières semaines avait été stressant pour elle. Il ne lui en voulait pas bien au contraire mais il avait une dernière faveur à lui demander.  

 

- Tu accepterais de nous emmener jusqu’à Okinawa fin mars ? J’ai prévu d’y emmener Kaori en vacances pour son anniversaire et son diplôme. Je me disais qu’une semaine de vacances vous ferait du bien également., lui avait-il proposé, dînant avec elle dimanche soir.  

- Tu nous proposes de partir à quatre ?, s’était-elle étonnée.  

- Seulement de faire le voyage à quatre… J’avoue que j’ai prévu de passer la semaine seul avec elle… enfin aussi seuls qu’on peut l’être avec des gardes du corps…, avait-il maugréé.  

- Je suppose qu’il y aura peu de bagages alors…, avait-elle plaisanté.  

 

Pour toute réponse, il lui avait souri, amusé. Il savait qu’il pouvait avoir confiance en Miki. Elle n’irait pas déballer ce qu’il venait de lui confier.  

 

- C’est un vol de trois heures. Si je ne peux pas assurer, ce sera Falcon. Tu me donneras les dates., lui avait-elle dit.  

- Et vous me direz où vous voulez loger. Ce sera ma prime pour le voyage dantesque que je viens de t’imposer., lui avait-il proposé.  

 

Son chauffeur se gara juste devant la porte du bâtiment et il descendit, accompagné de son garde du corps, le véhicule redémarrant pour aller se garer. Bien sûr, son arrivée ne passa pas inaperçue et pas mal de têtes se retournèrent sur son passage mais il s’en fichait : son regard était fixé sur le bâtiment comme s’il cherchait à apercevoir Kaori à travers les murs. Arrivé à la porte, il fut intercepté par l’un des policiers et lui tendit le doigt pour le contrôle d’empreinte.  

 

- Vous pouvez y aller., lui indiqua-t-il.  

- On sait dans quelle salle a lieu la soutenance ?, demanda Ryo à son garde du corps.  

- Non mais c’est affiché là-bas., lui fit-il savoir, désignant un tableau.  

 

Même s’il ne pensait pas trouver son nom, il regarda et fut surpris de le voir écrit à côté du numéro trois cent quatorze. Pour lui, c’était comme dire au tueur où la trouver. Pourquoi Hide n’avait-il pas tenu cette information secrète ? Voyant l’heure tourner, il sortit son téléphone et envoya un SMS à sa compagne, juste pour la rassurer, puis le rangea dans la poche de sa veste bleu marine.  

 

- C’est par là, patron., lui montra le garde du corps.  

- Allons-y. Ca fait un bail que je ne suis pas allé dans une salle de classe, moi., plaisanta-t-il.  

 

Il se sentait nerveux, certainement aussi nerveux que Kaori. C’était son dernier examen et il savait qu’elle appréhendait de devoir présenter son travail en partie à cause de leur relation, d’autant qu’il devait être là à la soutenance… enfin devait, il pouvait y être et il avait voulu y être parce qu’ils n’avaient pas à avoir honte de ce qu’ils étaient et que ça n’avait pas influencé sur les appréciations qu’il avait mises en concertation avec Asami. Elles étaient amplement méritées.  

 

- Alors beauté, tu ne me sautes pas dans les bras ?, demanda Ryo à Kaori, approchant avec un grand sourire.  

 

Surprise un instant par ses mots, elle sentit ses bras se refermer autour d’elle et vit ses lèvres approcher des siennes. Elle glissa les mains sur ses épaules et attendit, esquissant un léger sourire. Soudain, il se retrouva à genoux au sol, plié en deux, les mains sur ses parties génitales et elle l’attrapa par les cheveux, les tirant sans ménagement sous le regard effaré de Saeko qui se demandait ce qui se passait. Elle ne tarda pas à comprendre quand le visage se déforma et que Kaori se retrouva avec un masque dans les mains, laissant apparaître un autre visage au regard mauvais sur une chevelure blanche à la crête aux pointes rouges.  

 

- Le Renard d’Argent…, souffla l’inspectrice, dégainant son arme.  

 

Retrouvant soudain toute son agilité, il bondit sur ses pieds et poussa Kaori qui tomba dans les bras de Saeko. Celle-ci la réceptionna avant de l’écarter et de courir après l’homme. Comment avait-il réussi à passer tous les barrages pour les atteindre ? Comment les hommes de l’entrée ne l’avaient-ils pas remarqué ? Ils ne l’avaient tout de même pas laissé passer en pensant que c’était Ryo ? La consigne avait pourtant été claire, pensa-t-elle, fâchée. Déboulant dans l’escalier tout au fond du couloir, elle s’arrêta contre le mur, arme pointée devant elle, et, quand elle entendit des pas descendant, elle regarda par dessus la rambarde et vit une crinière blanche et rouge dévaler les marches. Elle se mit alors à le suivre.  

 

De son côté, Kaori était restée appuyée au mur, fixant d’un œil hagard le masque de Ryo qu’elle tenait encore dans ses mains. Elle sentait les tremblements la gagner : le Renard d’Argent l’avait touchée, enlacée même. L’aurait-il vraiment embrassée ? Pourquoi ? La tuer par empoisonnement ? La distraire le temps de lui planter un couteau dans le ventre ? Pourquoi ? Aurait-elle été moins prudente si elle n’avait pas reçu le SMS de Ryo au moment même où il était apparu ? Aurait-elle eu le temps de réagir simplement en entendant ce petit nom « beauté » ? Ca l’avait surprise parce que Ryo n’utilisait qu’un seul surnom pour elle : Sugar. Mais ce n’aurait peut-être pas été suffisant… Ca l’aurait été ?  

 

Elle devait se calmer et rester vigilante. Elle se redressa et regarda en tous sens. Elle était seule. S’il revenait pour une raison ou une autre, elle était seule. Elle entendit de nouveaux pas arriver des escaliers et se tendit. Elle était prête à décamper quand elle vit Ryo apparaître dans un costume bleu marine cette fois-ci, suivi aussitôt de son garde du corps. Elle plongea dans son regard et sut que c’était lui. Cette lueur-là ne pouvait mentir et elle sentit des papillons s’envoler dans son estomac en même temps que le soulagement la gagna.  

 

Sans un cri, elle courut vers lui et se jeta dans ses bras. Il la souleva, heureux de la retrouver, tout en cherchant du regard celui ou celle qui devait la protéger mais personne n’était en vue et il sentit sa colère monter.  

 

- Tu es seule ?, s’inquiéta-t-il, la gardant contre lui.  

- Saeko vient de partir à la poursuite du Renard., lui apprit-elle.  

- Il était là ?, souffla-t-il, s’écartant et inspectant sa compagne pour voir si elle n’avait rien.  

- Il… Il m’a tenue dans ses bras. Je l’ai frappé et…, lui expliqua-t-elle.  

 

Elle leva le masque qu’elle tenait encore dans sa main et Ryo blêmit en voyant son visage aux traits distendus. Le salaud s’était fait passer pour lui pour l’approcher. Il avait utilisé leurs sentiments pour tuer Kaori. Réalisant qu’il avait été à deux doigts de la perdre, il l’attira violemment contre lui et la serra à l’étouffer. La jeune femme passa les bras autour de sa taille et l’étreignit en retour. Elle entendait son cœur tambouriner à tout va dans sa poitrine et cela chassa le froid qui l’avait envahie. Tout allait bien, ils étaient à deux, en vie.  

 

- Je vais bien, Ryo., murmura-t-elle.  

- Je vais bien. Il faut juste espérer que Saeko l’attrapera., lui dit-elle.  

- Mademoiselle Makimura, si vous voulez bien., entendit-elle derrière elle.  

 

La porte de la salle d’examen venait de s’ouvrir et une femme d’une quarantaine d’années lui sourit, l’invitant à la suivre.  

 

- C’est l’heure., annonça Kaori, nerveuse.  

- On peut demander à reculer., lui proposa son compagnon.  

- Non. Ca va aller., lui assura-t-elle, prenant son courage à deux mains et se dirigeant vers la salle.  

 

Débouchant sur l’immense espace vert devant l’université, Saeko poursuivit le Renard d’Argent qui courait devant elle.  

 

- Il est là. Poursuivez-le., hurla-t-elle, avisant ses collègues qui ne tardèrent pas à la suivre.  

 

Il ne lui filerait pas entre les doigts, pas alors qu’il avait été à moins d’un mètre d’elle, qu’il avait tenu Kaori tout contre lui. Elle aurait pu mourir sous ses yeux et il n’avait tenu qu’à elle d’être encore en vie. Comment ?, se demanda Saeko. Elle-même n’y avait vu que du feu, pourtant elle était bien plus aguerrie. Alors comment Kaori avait-elle fait pour ne pas être bernée ? Voyant qu’elle gagnait du terrain sur le fuyard, elle accéléra encore malgré ses hauts talons. Elle grimaça en voyant la foule d’étudiants arriver, craignant pour leurs vies, et le Renard ne lui donna pas tort. Il s’arrêta soudain, se retourna en lui souriant sinistrement et leva son pistolet en l’air, tirant plusieurs coups de feu. Il ne blessa personne mais le mouvement de panique empêcha l’inspectrice et les autres policiers de le rejoindre et il parvint à s’enfuir.  

 

- Eh merde !, hurla Saeko de dépit.  

 

Elle tenta malgré tout de se frayer un chemin dans la foule et de poursuivre le Renard mais ne parvint qu’à voir la voiture dans laquelle il venait de prendre la fuite, véhicule sans plaque d’immatriculation, sans signe distinctif et, pour ne rien arranger, noire. Ecœurée, elle rebroussa chemin tout en sortant son téléphone. Cet appel-là, elle ne rêvait pas de le passer mais il le fallait bien.  

 

- Makimura., l’accueillit son correspondant.  

- Hide, c’est moi., lui annonça-t-elle d’une petite voix.  

- Je ne t’entends pas bien. Ca y est, Kaori est dans la salle d’examen ?, lui demanda-t-il.  

 

Quelle idiote ! Elle avait laissé Kaori seule sans même se demander si le tueur avait un complice. Ce n’était pas le genre du Renard mais il pouvait aussi avoir fait une exception… Elle repartit en courant vers le bâtiment.  

 

- Je… je n’en sais rien. Le Renard s’est fait passer pour Ryo. Je l’ai poursuivi mais j’ai perdu sa trace… et j’ai laissé Kaori seule., avoua-t-elle.  

- Tu as quoi ?!, hurla Hide au téléphone, ce à quoi elle s’attendait.  

- J’arrive tout de suite., fit-il, raccrochant.  

 

Elle rangea son téléphone, passa rapidement l’inspection de l’empreinte et courut jusqu’au troisième étage. Elle se sentit pâlir lorsqu’elle ne vit pas Kaori dans le couloir mais avisa le garde du corps.  

 

- Dites-moi qu’ils sont à l’intérieur…, l’implora-t-elle.  

- Oui depuis dix minutes. Tenez, c’est pour vous., lui dit-il, lui tendant le masque.  

 

Saeko sortit un sachet de son sac à main et il le laissa tomber dedans. Avec un peu de chance, ils auraient enfin des empreintes et de l’ADN, choses dont ils manquaient avec le Renard d’Argent. Elle leva les yeux et vit le boîtier reconnaissable… Ils auraient peut-être même une photo mais, pour cela, elle attendrait l’arrivée d’Hide. Il n’était plus question de laisser Kaori hors de surveillance même si le garde du corps était là. Hide lui avait confié sa sœur et elle avait d’abord pensé au malfaiteur. Elle risquait de se prendre un sacré savon. Ce qu’elle craignait le plus, c’était sa réaction sur le plan personnel si jamais il pensait qu’elle tenait moins à sa famille qu’à son job, ce qui n’était pas le cas. Elle avait juste voulu arrêter ce salaud pour que Kaori puisse enfin être tranquille. C’était une mauvaise décision mais pas une mauvaise intention.  

 

A l’intérieur de la salle d’examen, passé le choc des coups de feu tirés qui avaient fait se tourner tous les regards vers la fenêtre inquiets, la soutenance s’était poursuivie. Après avoir exposé le déroulé de son stage en se basant sur la problématique de la confidentialité inhérente au poste et à la gestion d’un flux continu d’informations, Kaori répondait aux questions en tous genres des examinateurs. Malgré quelques « cette information est placée sous le sceau de la confidentialité » dits avec un sourire aimable, l’entretien se déroulait bien et les questions plus poussées ne firent que confirmer cette impression à Ryo qui regardait sa compagne défendre son stage avec passion et sourire. Il se retint de rire en pensant qu’elle réussirait presque à lui vendre l’archivage comme une activité exaltante.  

 

- Votre stage touche à sa fin. Avez-vous des pistes en vue pour la suite ?, lui demanda l’examinateur.  

- En fait, mon stage a pris fin il y a trois semaines. J’ai été embauchée par la société., leur répondit-elle, rougissant.  

 

Elle appréhendait un peu les réactions des personnes face à elles, se demandant si ça jouerait en sa faveur ou non.  

 

- Le stage a donc été satisfaisant pour les deux parties…, suggéra un autre intervenant, se tournant vers Ryo.  

- Le stage n’a pas été satisfaisant pour moi. Kaori a été bien au-delà de ce que j’attendais d’un stagiaire en terme de connaissances, d’implication et de rigueur. C’est le genre d’élément que j’aimerais tout le temps recruter., répondit le dirigeant.  

 

Il fut soulagé de ne voir aucun sourire ironique ou de n’entendre aucun commentaire sarcastique qui aurait eu trait à leur relation.  

 

- Très bien, nous en avons terminé. Nous vous souhaitons une bonne continuation, Mademoiselle Makimura. Monsieur Saeba, merci d’avoir pris le temps de venir malgré votre emploi du temps chargé., les salua le dernier examinateur.  

- Je n’aurais manqué cela pour rien au monde., lui affirma Ryo, se levant et remettant le dernier bouton de sa veste.  

 

Il invita Kaori à passer devant lui et ils sortirent ensemble de la pièce.  

 

- Ca s’est bien passé…, murmura-t-elle.  

- Ca ne pouvait que bien se passer., lui fit-il, moqueur.  

- On ne devait pas la quitter des yeux une seconde, Saeko ! Tu devais rester avec elle. Tu imagines les conséquences s’ils avaient été deux ?, asséna Hide à sa coéquipière.  

- Je me suis plantée, Hide. J’admets, d’accord !, répondit-elle sèchement.  

- Qu’est-ce qui t’est passé par la tête ? Tu voulais te faire valoir ? Tu cherchais quoi ?, se fâcha l’inspecteur sans voir les nouveaux venus.  

- Je cherchais juste à le mettre hors de nuire pour que Kaori soit enfin tranquille ! C’est tout ! Je ne pensais pas à ma carrière si c’est que tu veux dire., répliqua-t-elle.  

- Vraiment, tu…, reprit Maki.  

- Hide, arrête., lui demanda Kaori, s’interposant.  

- On a été prises de court. Le problème, ce n’est pas que Saeko lui ait couru après mais qu’il soit arrivé jusqu’ici., lui fit-elle remarquer.  

 

L’inspecteur observa sa sœur puis sa compagne. Nerveux, il passa une main dans ses cheveux et poussa un long soupir, admettant la justesse des propos de sa soeur.  

 

- Excuse-moi, Saeko. Je ne peux m’empêcher de penser à ce qui aurait pu arriver., lui dit-il d’une voix plus douce.  

- Je sais. Je n’arrive pas à croire qu’il ait eu le toupet de prendre l’apparence de Ryo et qu’il ait réussi à passer les barrages., soupira Saeko, observant son ami dirigeant puis Kaori.  

- Comment… Comment tu as su ?, l’interrogea-t-elle.  

- Moi, je n’ai rien vu.  

- Je ne sais pas t’expliquer. Ce sont des petites choses. Son regard ne m’a pas touchée alors que, d’habitude, si. Sa cravate était de travers mais pas comme…, s’arrêta-t-elle, les joues rosies par la gêne de ce genre de révélations.  

- Pas comme lorsque je veux profiter de tes services., la taquina Ryo.  

- Oui. Il y a aussi eu ce SMS que j’ai reçu de Ryo au moment où il apparaissait. Ca m’a semblé bizarre mais je me suis dit qu’il y avait eu un léger décalage. Il n’avait pas de garde du corps qui le suivait non plus., continua-t-elle.  

 

Ryo approcha et passa un bras autour de sa taille, la serrant contre lui alors qu’il sentait la fatigue la gagner.  

 

- Il m’a appelée beauté et tu ne m’appelles jamais ainsi. Ca m’a fait penser à Mick et sa manie d’utiliser des surnoms à tout bout de champ, ce que tu ne fais pas, un truc purement occidental en fait. En plus, tu m’avais dit que tu t’étais coupé en te rasant et il n’avait aucune trace., expliqua-t-elle.  

 

Machinalement, son compagnon porta les doigts sur sa mâchoire où une légère trace rouge subsistait de l’attaque surprise du rasoir. Ils en avaient ri deux jours avant au téléphone.  

 

- Tu ne voudrais pas rentrer dans la police ?, plaisanta son frère, son humeur s’allégeant quelque peu.  

- Non merci, je suis bien où je suis., répondit-elle avec un léger sourire, posant la tête contre l’épaule de son homme.  

- Pourquoi tu n’as pas crié ?, l’interrogea Saeko, fronçant les sourcils.  

- Il était juste devant moi et tu étais au téléphone. J’ai pensé que, si je te prévenais, il aurait le temps de frapper mais que, si je le laissais approcher et le prenais par surprise, on gagnerait un peu de temps., lui apprit-elle.  

- J’ai peut-être eu tort mais c’est ce que j’ai trouvé de mieux sur le moment., avoua-t-elle.  

- Comment tu l’as eu ?, lui demanda Ryo, refusant de laisser les images de ce qui aurait pu se passer reprendre le dessus.  

- Un coup de genou bien placé., pipa-t-elle avec un grand sourire aux lèvres.  

 

Les trois hommes présents grimacèrent rien qu’en imaginant la douleur.  

 

- Et il a dû avoir bien mal parce qu’il a fini à terre., ajouta Saeko, fière de la jeune femme.  

- Rappelle-moi de ne pas t’énerver., murmura Ryo à l’oreille de sa compagne avant de déposer un baiser dans ses cheveux.  

- Après, elle l’a attrapé par les cheveux et a tiré. C’est là qu’on a vu son visage apparaître… enfin, moi, je ne l’ai pas bien vu parce qu’il a filé juste après., leur apprit l’inspectrice.  

- Tu as vu son visage ?, s’inquiéta Hide.  

- Oui., affirma Kaori.  

- Tu saurais le décrire ?, lui demanda-t-il.  

- Je pense.  

- Ce ne sera peut-être pas nécessaire. Regarde., lui indiqua sa collègue désignant les boîtiers de caméra.  

- Je pense qu’il aura été filmé par la caméra du couloir. Elle l’a pris par surprise et je crois bien qu’il a levé le visage., indiqua-t-elle.  

 

Ils se concertèrent un moment du regard avant de revenir vers les autres. Hide savait ce que cela signifiait pour Kaori : même si elle ne l’avait pas bien vu, le Renard d’Argent serait encore plus motivé à l’éliminer parce qu’elle pouvait l’identifier ou, tout du moins, il le penserait. Il risquait de devenir encore plus dangereux pour elle. Ils avaient déjà resserré la sécurité autour d’elle et ne pouvaient guère faire plus à part être encore plus vigilants.  

 

- Je pense que vous pouvez rentrer. Je passerai demain au bureau pour que tu fasses un portrait-robot et prendre ton témoignage officiel., lui affirma son frère.  

- Je descends au poste de surveillance pour voir si on peut avoir les vidéos., l’informa Saeko, partant en avant.  

 

Ils entendirent ses talons claquer dans l’escalier alors qu’ils se mettaient en route.  

 

- N’en veux pas à Saeko, Hide. On a vraiment été surprises toutes les deux., lui affirma Kaori, ne voulant pas d’une dispute entre eux.  

- Ne t’inquiète pas. En revanche, je ne peux pas laisser passer cette brèche., lui dit-il.  

- Il faut qu’on comprenne comment il a pu passer les barrages de sécurité. Si maintenant il est capable de berner les appareils, on va devoir s’adapter. Au fait, je viens de recevoir l’information, le procès va commencer le huit avril. Tu seras convoquée dans les jours suivants pour témoigner., lui apprit son frère.  

- On sera rentrés ?, demanda Kaori à Ryo.  

- Oui.  

- Vous partez ?, s’inquiéta Hide.  

- J’emmène Kaori en vacances une semaine pour son anniversaire et son diplôme., répondit son ami.  

- Je te donnerai tous les détails demain., lui promit-il, le voyant prêt à poser la question.  

 

Hide acquiesça et accompagna le couple jusqu’à la voiture qui les attendait.  

 

- Faites attention à vous., les incita-t-il, posant un regard grave sur sa petite sœur.  

 

Ryo sentit l’anxiété naître en lui et prit place à côté de sa compagne avant de refermer la portière. L’inspecteur regarda le véhicule s’en aller, se demandant s’il avait fait le nécessaire.  

 

- J’ai les vidéos, Hide. On se fait un film ce soir ?, plaisanta Saeko en notant l’air sombre de son homme.  

 

Il la regarda, pas vraiment d’humeur à plaisanter, puis se força à sourire. Ils quittèrent, ainsi que tous les agents en place, l’université et il jeta un dernier coup d’oeil vers le bâtiment, se souvenant être venu deux ans auparavant avec elle pour l’inscrire.  

 

- Encore une étape franchie… Je ne lui ai même pas demandé comment ça s’était passé…, maugréa Hide.  

- Elle ne t’en voudra pas. Tu lui poseras la question demain., le rassura-t-elle.  

- Allez, allons chercher une pizza pour savourer ce super film d’action., le taquina-t-elle.  

- J’espère que l’acteur n’est pas trop bon mais qu’on aura un gros plan de son visage., fit-il, lui ouvrant galamment la porte.  

- J’espère aussi.  

 

Ils s’en allèrent et passèrent par le commissariat avant de rentrer chez eux pour visionner les vidéos de l’université.  

 

- Je vais prendre une douche. Tu m’accompagnes ?, demanda Kaori à son compagnon, lui adressant un sourire mutin.  

- Je… Pas cette fois, Sugar. J’ai reçu un appel. Il faut que je vois ce que c’est., lui mentit-il.  

- Si tu n’es pas sortie, je te rejoindrai., nuança-t-il, voyant sa déception.  

- D’accord, j’essaierai de ne pas aller trop vite., le taquina-t-elle.  

 

Il acquiesça et la regarda partir dans la salle de bains, attendant qu’elle ait fermé la porte pour téléphoner. Il n’avait pas reçu d’appel mais voulait en passer un en toute discrétion. Il n’avait rien à lui cacher mais il voulait la préserver si son instinct se confirmait.  

 

- Mick, c’est moi., annonça-t-il.  

- J’avais vu. Le voyage s’est bien passé ?, lui demanda son ami.  

- Trop long à mon goût. Rien à signaler de ton côté ?, l’interrogea le dirigeant.  

- Non, ça a été calme. Mais je suppose que, si tu m’appelles à peine rentré, il y a autre chose., suggéra l’américain.  

- Oui. Kaori a encore été attaquée par le Renard d’Argent. Elle… elle a peut-être vu son visage., lui apprit le japonais  

- Il a été arrêté ?, le questionna Mick, la tension se faisant entendre dans sa voix.  

- Non. J’ai un mauvais pressentiment., avoua Ryo.  

 

Ils discutèrent quelques minutes, Mick rassurant son ami, puis Ryo raccrocha. Entendant encore l’eau couler, il se dirigea vers la salle de bains, glissant un mot au passage au garde du corps présent.  

 

- Tu as trouvé un peu de temps ?, murmura-t-elle, se pressant contre lui quand il la rejoignit sous la douche.  

- Je viens corriger un petit oubli., lui annonça-t-il, l’enlaçant et prenant ses lèvres avec un plaisir non dissimulé.  

 

Il taquina sa bouche lentement, sensuellement, trouvant du répondant en face de lui. Il sentit ses doigts fourrager dans ses cheveux tendrement alors que les siens caressaient doucement son dos. La chaleur qui montait en eux s’ajoutait à celle qui les entourait et ils se sentaient bien.  

 

- Tu m’as manqué., lui confia Kaori, s’écartant de lui, le souffle court.  

- Toi aussi. Paris n’est pas Paris sans toi., lui souffla-t-il, taquinant ses lèvres.  

- Moi, j’ai enfin retrouvé ma maison… et je vais en prendre soin., lui affirma-t-elle, s’écartant de lui.  

 

Elle attrapa le gel-douche et en mit dans le creux de sa main avant de le faire mousser. Elle posa ensuite les mains sur lui et les laissa courir, le lavant soigneusement et avec beaucoup d’application, tournant autour de lui, le frôlant par moments de son corps. Ryo ne resta pas longtemps insensible à ses caresses et ferma les yeux pour apprécier le moment. Il la laissa aller jusqu’au bout de ses envies, lâchant un long râle de jouissance lorsqu’elle le fit se répandre sur ses fins doigts. Il l’attira alors à lui et l’embrassa passionnément, se retenant de la caresser à son tour. Il avait autre chose de prévu et ils ne devaient plus tarder.  

 

- Tu me fais confiance ?, lui demanda-t-il, s’écartant pantelant.  

- Oui., souffla-t-elle, s’abandonnant à ses lèvres qui butinaient son cou et qui remontèrent vers son oreille.  

- Le faux Ryo a un costume gris, le vrai un bleu., apprit Saeko à son compagnon.  

- Ok. On a un point de départ pour tracer le chemin aller du Renard. On va donc se positionner au moment où il arrive dans le couloir où vous étiez et repartir en arrière. C’est quand même mieux sur un grand écran plutôt qu’un écran d’ordinateur., apprécia Hide, se calant contre le divan.  

- Là, c’est le moment où il approche de Kaori. Je reviens en arrière., lui proposa-t-elle.  

- Attends, laisse-moi juste profiter deux secondes du moment où elle le met à genoux., demanda-t-il, la fierté perçant dans sa voix.  

 

Saeko baissa les mains et laissa le film tourner. Maki serra les dents en voyant le faux Ryo enlacer sa petite sœur et aller pour l’embrasser. Moins d’une seconde plus tard, il était à terre, se tenant les parties intimes.  

 

- Je le plaindrais presque… mais, quand je vois ce qu’il a dans sa poche, j’aurais aimé qu’il ait encore plus mal., fit Hide, serrant les dents.  

 

Saeko se concentra sur la poche et vit le manche d’un couteau légèrement dépasser.  

 

- Il allait la poignarder discrètement et s’enfuir en espérant avoir un peu de temps avant que son crime soit repéré. J’étais même pas à un mètre d’elle, Hide., souffla-t-elle, livide.  

 

Il l’enlaça, sa colère antérieure passée. Est-ce qu’elle se doutait qu’il aurait très bien pu s’en prendre à elle ou alors elle s’en fichait ? S’il avait dû perdre sa sœur et Saeko, il aurait eu bien du mal à s’en remettre.  

 

- Tout s’est bien fini. Concentrons-nous pour voir si nous pouvons tirer une image valable de son visage., lui enjoignit-il, la forçant à se reconcentrer sur leur tâche.  

 

Ils y passèrent vingt minutes, vingt minutes à regarder presque image par image s’ils en trouvaient une suffisamment claire pour pouvoir en tirer un portrait à grande échelle mais durent s’avouer vaincus sur cette séquence-là. Ils revinrent donc en arrière pour retracer le chemin qu’il avait pris et trouver la faille dans la sécurité.  

 

- Là, il arrive dans les escaliers., pointa Saeko.  

- Il arrive du couloir de gauche qui mène à l’intendance., remarqua Hide, sélectionnant alors les vidéos de cette zone.  

- Il sort de cette pièce., identifia l’inspectrice.  

 

Hide sortit les plans de l’université et localisa la pièce en question.  

 

- Pas de fenêtre, ni trappe. La seule entrée et sortie, c’est cette porte., nota-t-il.  

 

Ils laissèrent le film défiler à l’envers et ne virent qu’un homme de ménage rentrer et sortir du local à plusieurs reprises. Arrivés à la nuit précédente, ils stoppèrent le film et se regardèrent.  

 

- Tu penses à ce que je pense ?, lui demanda-t-il.  

- L’homme de ménage. Il s’était déjà déguisé avant de se déguiser en Ryo., affirma Saeko.  

- On est d’accord. Soit il a intercepté l’homme dans la journée et s’est faufilé à sa place, soit…, admit Hide  

- Il était déjà arrivé avant nous en se déguisant comme lui., compléta Saeko.  

- Il est donc passé au travers des contrôles parce qu’on les faisait à l’entrée., acheva l’inspecteur, prenant son téléphone et demandant à ce qu’on cherche l’homme d’entretien de l’université.  

- Bon, maintenant qu’on a compris notre erreur, essayons de trouver une image de ce salopard pour la diffuser aux infos. Le Renard va cesser de se terrer., déclara-t-il.  

 

Ils passèrent en revue toutes les images sur lesquelles on voyait le Renard prendre la fuite. Ils les visionnèrent même plusieurs fois mais l’inspecteur finit par se lever, agacé.  

 

- Rien ! Rien de rien ! Des centaines d’images et pas une qui puissent servir ! C’est dingue ! Je n’arrive pas à y croire !, ragea Hideyuki.  

- C’est encore une fois sur Kaori que ça va reposer. Et que pouvons-nous faire ? Rien !, poursuivit-il, hors de lui.  

 

Saeko le regarda et approcha de lui. Elle ne pouvait imaginer ce qu’elle ressentirait dans pareille situation, probablement la même chose. Hide était en colère mais il culpabilisait encore plus d’avoir mis sa sœur dans cette situation infernale. Elle se retrouvait maintenant témoin clef pour le procès d’un chef d’organisation et potentiellement pour identifier un tueur professionnel, tueur qu’elle avait en plus dû profondément vexé et, ça, ce n’était jamais bon…  

 

- Nous pouvons la protéger du mieux que nous pouvons et lui permettre d’avoir des endroits où elle se sente en sécurité. Nous pouvons mettre toutes nos forces à retrouver le Renard et le mettre à l’ombre pour le reste de ses jours., lui dit-elle, l’enlaçant.  

- Nous ne faisons pas rien, Hide. Ta sœur a pu continuer à vivre sa vie à peu près normalement, alors ne sois pas défaitiste. On a commis une erreur aujourd’hui et on va s’en servir pour faire encore mieux demain., lui assura-t-elle.  

- Et demain, nous aurons l’avantage d’enfin connaître le visage de celui que nous devons chasser., lui rappela-t-elle.  

- C’est vrai., soupira-t-il, se calmant.  

- Tu as raison. J’aurais peut-être dû quand même mettre une protection supplémentaire autour d’eux., pensa-t-il, inquiet.  

- Il est encore plus redoutable maintenant qu’elle l’a vu.  

 

Il tergiversa un instant, se demandant s’il n’en faisait pas de trop, mais, finalement, décida que non. Il allait saisir son téléphone quand celui de Saeko, juste à côté, sonna.  

 

- C’est le commissariat., dit-il, fronçant les sourcils et décrochant sans réfléchir.  

- Makimura., répondit-il, d’un ton bref.  

- Inspecteur, on vient de nous signaler des coups de feu chez vous. On a déjà envoyé deux patrouilles., l’informa son collègue, un instant surpris.  

- Des morts ?, souffla Hide, se sentant blêmir.  

- On ne sait pas. Personne n’est encore entré dans l’appartement., lui répondit l’officier.  

- On y va., annonça-t-il.  

 

Il enfila son holster et sa veste par dessus et courut jusqu’à la porte, suivi par Saeko.  

 

- Donne-moi les clefs !, lui demanda-t-il, arrivé à la Porsche.  

- Tu ne l’as jamais conduite., lui fit-elle remarquer.  

- Les clefs !, ordonna-t-il d’un ton sec.  

 

Elle les lui lança et se précipita côté passager. La voiture démarra dans un vrombissement de moteur, laissant échapper un nuage de fumée.  

 

- Il y a eu des coups de feu à l’appartement., lui apprit-il alors qu’elle allait lui poser la question.  

- Kaori ? Ryo ?, s’inquiéta-t-elle.  

- On… On ne sait pas., avoua-t-il, la peur lui vrillant l’estomac.  

 

Moins de dix minutes plus tard, après un trajet effectué dans un silence pesant, il se garait à côté des maintenant trois voitures de patrouille stationnées en vrac, gyrophares allumés, portières ouvertes, et ils rejoignirent leurs collègues qui évacuaient hors de l’immeuble le service de sécurité de Ryo ainsi que des habitants.  

 

- Le hall d’entrée et la cage d’escaliers ont été inondés par un gaz soporifique. On a évacué jusqu’au troisième pour le moment., leur apprit un agent.  

 

Inquiets mais prudents, ils retournèrent jusqu’à la voiture et sortirent du coffre deux masques à gaz avant de retourner auprès de l’entrée.  

 

- Vous continuez à gérer les habitants. Nous montons au cinquième., leur ordonna Hideyuki.  

 

Masques sur le visage, ils grimpèrent les escaliers rapidement mais prudemment et arrivèrent rapidement dans le couloir qui desservait le cinquième étage. L’inspecteur ouvrit la fenêtre qui donnait sur l’extérieur pour permettre l’évacuation du gaz et avança jusqu’à la porte grande ouverte de son appartement. Il sentait ses jambes trembler et pouvait entendre la respiration un peu plus rapide qu’à l’habitude de sa collègue. Néanmoins, ils restèrent professionnels et se placèrent chacun d’un côté de l’entrée avant que Saeko se mit en position pour le couvrir. Il ne put ignorer son regard anxieux.  

 

Hide entra, arme au poing, sa lumière allumée perçant les volutes de gaz ayant du mal à se dissiper. Il avait dû mettre double ration ici pour être sûr de son fait, pensa-t-il. Il avança prudemment jusqu’à la cuisine, sentant Saeko derrière lui qui assurait ses arrières en se dirigeant vers le petit couloir qui desservait les chambres. La cuisine sécurisée, il approcha du bureau, vide de toute présence, puis longea le mur pour faire face à sa compagne. D’un léger signe de tête, ils se mirent tous deux en mouvement. Restant près de la chambre de Kaori, Saeko couvrit les arrières de son collègue qui entra dans sa chambre, trouvant une forme immobile enroulée sous une couverture percée à deux endroits dont suintait du sang. Le cœur lourd, il revint en arrière et sécurisa la salle de bains avant de rejoindre Saeko.  

 

Il ne voulait pas franchir cette porte. Il ne voulait pas affronter le spectacle qui se tiendrait devant ses yeux. Il ne voulait pas affronter la vision de son échec et la perte tragique d’un autre membre de sa famille. Pourtant, il s’y obligea et pénétra dans la pièce, se retenant de hurler en voyant la couverture transpercée et imbibée de sang en de multiples endroits. Il fut incapable d’aller plus loin et sentit son cœur se briser. 

 


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