Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 54 :: Chapitre 54

Publiée: 17-03-21 - Mise à jour: 17-03-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 54  

 

- Attends, laisse-moi faire., fit Kaori, voyant Ryo passer sa cravate.  

 

Elle approcha et saisit les deux pans pour les nouer prestement autour de son cou, prenant le temps de tirer sur le nœud et de lisser la cravate sur son torse.  

 

- Je sais faire, tu sais., lui dit-il.  

- Je sais mais ça me donne une excuse pour être proche de toi., répondit-elle, levant les yeux vers lui.  

- On ne devrait pas avoir besoin d’excuse., murmura-t-il.  

- Non, on ne devrait pas. Je pensais qu’on avait réussi à dresser suffisamment de ponts entre nous pour réussir notre vie mais il y en a un qui vacille et il faut qu’on arrive soit à le consolider soit à pouvoir s’en passer. Mais on est forts. Il suffit d’avoir confiance et continuer à se parler. On trouvera bien le chemin., affirma-t-elle, voulant garder espoir en l’avenir.  

- Ta patience et ta foi m’étonneront toujours, je crois., fit-il, attendri.  

- Je l’espère., acquiesça-t-elle.  

 

Il posa la main sur sa joue et l’embrassa tendrement avant de l’inviter à sortir de la chambre. C’était le grand soir où ils allaient dîner avec Shin. La journée s’était passée dans le calme. Ils avaient su mettre de côté leurs différents pour faire front commun comme si trouver un ennemi commun était ce dont ils avaient besoin, quelque chose qui pouvait les unir de nouveau. Ils avaient parlé de nombreuses fois de ce qui pouvait les attendre et s’étaient tous les deux préparés au pire même si Shin avait dit qu’il voulait renouer. Ils n’arrivaient tout simplement pas à y croire.  

 

- Tu as réussi à joindre Maya ?, lui demanda soudain Kaori alors qu’ils étaient en voiture.  

- Pas en conversation. Elle m’a envoyé un SMS pour me dire qu’elle était partie en week-end dans la famille de Wilson dans les Appalaches., répondit-il, contrarié.  

 

Il n’aimait pas cela. Il aurait aimé parler à Maya pour savoir comment ça s’était passé avec son père pendant la semaine. Il ne pouvait imaginer Kaibara faisant du mal à sa propre fille mais il avait été proche de la folie avant son départ. Qui savait ce qui pouvait s’être passé depuis tout ce temps ? Etait-il revenu à la raison ou avait-il sombré définitivement ? Il n’était pas tranquille et, s’il avait pensé pouvoir avoir gain de cause, il aurait tenté de persuader Kaori de rester chez eux à l’abri.  

 

- Je suppose que le retour d’expérience attendra lundi… Ca ne nous aide pas pour ce soir., pipa-t-elle, glissant sa main dans la sienne.  

 

Il regarda leurs doigts entrelacés et les pressa doucement, touché d’avoir encore ces moments-là. Comme promis, ils avaient été chastes la nuit dernière. Ca n’avait pas ouvert la discussion sur le sujet épineux mais ils avaient au moins vu qu’ils appréciaient encore la présence de l’autre en dehors des rapports intimes et du travail. Ils avaient trouvé un plaisir simple à être l’un avec l’autre.  

 

- J’ai apprécié la nuit dernière., lui confia-t-il.  

- Moi aussi., admit-elle timidement.  

- Tu as peut-être raison sur le fait de retrouver ce moment de notre existence même si c’est très frustrant., fit-il sur un ton léger.  

- Ne crois pas que ça ne me fait rien… J’ai juste l’impression que ce qui t’avait poussé à vouloir attendre, le fait qu’on risquait d’occulter l’important sous la passion, était en train d’arriver., expliqua-t-elle.  

- J’ai bien compris. Je ne suis pas fâché. J’espère juste que tu nous ménageras quelques moments de passion dans ton programme parce qu’ils font aussi partie de nous., lui dit-il avec un léger sourire.  

- Je peux y songer., le taquina-t-elle, le regard pétillant.  

 

Ce regard lui fit chaud au cœur et il mena ses doigts à ses lèvres. Le reste du trajet se fit dans un silence relatif et la berline les déposa bientôt dans la propriété de Shin.  

 

- Quand tu disais que tu avais grandi dans un lieu immense, tu n’avais pas menti., souffla-t-elle, impressionnée par la vaste demeure.  

- Oui. C’était immense et surtout très vide avec seulement trois personnes pour y vivre… et ce, malgré les domestiques.  

- Trois ? Mais la mère de Maya ?, s’étonna Kaori.  

- Morte elle aussi, dans un accident de voiture également., lui apprit-il, regardant la maison.  

 

Se rendant compte du silence qui s’était installé, il se tourna vers Kaori et vit son regard sombre. Il comprit le sens de ses pensées et caressa sa joue.  

 

- Elle était ivre au volant en Europe lors d’une de ses escapades. Elle a plongé dans un ravin. Ca n’avait rien à voir., lui dit-il, se tournant immédiatement vers la maison pour couper court à toute question.  

- On y va ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle passa le bras sous le sien et se laissa guider.  

 

- Tu es ravissante., la complimenta-t-il.  

 

Ravie, elle lissa consciencieusement la robe de couleur crème qu’elle avait passée, l’une de celles qu’elle avait acquises auprès d’Eriko avant son départ.  

 

- J’essaie de te faire honneur., lui retourna-t-elle.  

- Tu y parviens très bien. C’est moi qui vais devoir faire des efforts pour ne pas ternir l’effet que tu fais., la taquina-t-il.  

- Arrête. Tu as beaucoup plus de charme que moi. Je ne compte plus les femmes qui se retournent sur ton passage., le houspilla-t-elle tendrement.  

- Ne sois pas jalouse, je ne les vois même pas., lui assura-t-il alors que la porte s’ouvrait.  

- Monsieur Ryo, entrez, je vous prie. C’est un plaisir de vous revoir., l’accueillit une dame d’une cinquantaine d’années.  

- Bonsoir, Mitsuko. Je vous présente Kaori, ma compagne., fit-il, faisant passer sa rouquine.  

- Bonsoir Mademoiselle., la salua-t-elle.  

- Bonsoir Madame., lui retourna Kaori poliment.  

- Venez, Monsieur vous attend au salon., leur dit-elle.  

 

Ryo fit signe à Kaori de la suivre tout en la poussant à rester un peu en arrière.  

 

- Evite de lui donner du Madame. Ca m’a valu quelques punitions bien senties., lui conseilla-t-il.  

- Mais c’est simplement de la politesse., murmura-t-elle, étonnée.  

- Appelle-la juste Mitsuko. Ca lui donne l’impression de rester jeune., expliqua-t-il.  

- Comme toi avec Ayaka, alors…, pipa-t-elle, amusée.  

- Oui sauf que c’est moi le patron et elle ne veut rien entendre…, grogna-t-il.  

- Je pense que c’est affectueux., lui dit-elle, prenant sa main.  

- Si elle veut vraiment être affectueuse, elle peut m’appeler Ryo tout simplement., répliqua-t-il, boudeur.  

- Ses petits plats ne te suffisent pas ?, lui retourna-t-elle.  

 

Il lui envoya un sourire chaud et amusé et ils entrèrent dans le salon, apercevant Shin debout près de la cheminée allumée. Dès leur arrivée, il se tourna vers eux et leur fit un grand sourire, les surprenant. Sans attendre, il vint les trouver et serra Ryo dans ses bras avant de se tourner vers Kaori, hésitant.  

 

- Bonsoir, Kaori. Tu me permets de t’embrasser pour t’accueillir ?, lui demanda-t-il.  

 

Estomaquée était-il un adjectif suffisant pour exprimer ce qu’elle ressentit à ce moment-là ? Ce n’était pas du tout ce à quoi elle s’attendait. Sachant ce que cela pouvait représenter pour Ryo, elle ne lui demanda pas son avis.  

 

- Oui., murmura-t-elle.  

 

Il l’approcha, la prit par les épaules et lui fit la bise chaleureusement. Le geste laissa le couple sans voix un instant.  

 

- Je voulais aussi te présenter mes excuses pour tout ce que j’ai pu dire ou faire à ton encontre. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’étais obnubilé. Et à toi aussi Ryo, je te dois des excuses pour ce que j’ai fait. Je n’ai pas vu à quel point je vous rendais malheureux en voulant ce que je pensais être le mieux pour vous., s’excusa-t-il.  

- J’espère que vous les accepterez. Vous me soulageriez d’un grand poids., ajouta-t-il.  

 

Kaori et Ryo le regardèrent, dubitatifs, avant de se regarder à leur tour.  

 

- Je pense que nous sommes capables de faire un pas vers le retour à la normale. Cela prendra du temps pour rétablir la situation., offrit son pupille.  

- Je te comprends…. Mais c’est un bon début. On ne peut pas effacer des années de malentendus en quelques mots., admit son tuteur de bon gré.  

- Je suis ravi que vous ayez accepté mon invitation. Ca me tenait vraiment à cœur., commença-t-il.  

- Tu disais avoir des choses à nous dire., intervint Ryo, un peu mal à l’aise face à la soudaine affabilité de son interlocuteur.  

- Effectivement et c’est un peu délicat., répondit Shin, les invitant à prendre place sur les divans.  

 

Le couple s’installa côte à côte et attendit patiemment qu’il fut prêt à parler. Il croisa les mains devant lui et baissa un instant les yeux.  

 

- Je vais commencer par le plus facile. Maya m’a laissé le plaisir de vous annoncer qu’elle était enceinte de quatre semaines., leur dit-il, le regard brillant de bonheur.  

 

Il semblait vraiment heureux et cela ébranla la méfiance des deux jeunes gens face à lui tout en les mettant très mal à l’aise. Cependant, tous deux régnèrent sur leurs sentiments et n’en laissèrent rien paraître.  

 

- C’est une excellente nouvelle., pipa Kaori, un large sourire aux lèvres malgré son cœur lourd.  

- Oui, excellente., approuva Shin.  

- Tu en penses quoi, Ryo ?, l’interrogea-t-il.  

- Qu’elle doit être heureuse., répondit-il d’un ton neutre.  

- Et donc la suite ?, demanda le dirigeant.  

 

La réaction n’était pas celle qu’attendait Shin. Il pensait que Ryo partagerait le bonheur familial mais il y semblait complètement indifférent. Ses paroles lui revinrent en mémoire et il commença à douter du fait qu’il refusait d’avoir des enfants par simple opposition.  

 

- Je… oui, j’y viens., pipa-t-il.  

- Comme je te l’avais dit, je suis parti en Amérique du Sud. Je m’y étais rendu il y a un peu plus de trente ans pour conclure une affaire pour l’entreprise., expliqua-t-il.  

- De mémoire, ça ne fait que dix ans que nous avons une succursale en Amérique du Sud., intervint Ryo.  

- Oui mais il y avait déjà eu des tentatives avant. Elles avaient toutes échoué à cause de l’instabilité économique et politique des pays concernés., se remémora Kaori de ses recherches.  

- Tout à fait. Je vois que tu t’es intéressée à la vie de la société., apprécia Shin, visiblement satisfait.  

- Ca faisait partie de mes tâches pour mon stage et j’ai trouvé cela très intéressant., admit-elle.  

 

Ca rappela à Ryo qu’il n’avait pas encore pris le temps de lire l’histoire de la société non plus. Il s’était laissé envahir par le reste et il se promit de s’y mettre au plus vite.  

 

- Pour en revenir aux faits, durant cette période, j’ai rencontré une femme, une femme dont je suis tombé amoureux et qui m’a permis d’en oublier une autre. Je voulais l’épouser mais son père ne voulait pas la voir quitter le pays et elle était très attachée à sa famille. Elle ne s’imaginait pas vivre au Japon., expliqua-t-il.  

- C’est triste., pipa Kaori.  

- A vrai dire, je suis rentré en me disant que j’allais juste finir ce que j’avais en cours puis retourner vivre là-bas avec elle., dit-il.  

- Que s’est-il passé ?, lui demanda-t-elle, intriguée.  

- Quand j’ai voulu y retourner, la guerre avait éclaté et, lorsque j’ai cherché à la retrouver, on m’a dit que toute la famille était partie vivre dans un autre pays. Elle n’était plus là et je n’avais aucun moyen de la rechercher. Je suis rentré et j’ai fait ma vie ici où j’ai rencontré la mère de Maya peu après. Je ne l’aimais pas comme Pia mais on s’entendait bien… enfin, c’était ce que je pensais à l’époque., admit-il amèrement.  

 

Cela sonna étrangement aux oreilles du couple et aucun n’osa tourner le regard vers l’autre. Devaient-ils y voir un présage de ce qui leur arriverait s’ils persistaient ?  

 

- Je… Je suis désolé pour toi, Shin. Tu n’avais jamais parlé de cela auparavant., se remémora Ryo, l’air un peu sombre.  

- Pourquoi en parler maintenant, tu vas me demander, n’est-ce pas ?, s’amusa son tuteur.  

- Parce que j’ai retrouvé sa trace., expliqua-t-il en le voyant acquiescer.  

- Lorsque la guerre s’est terminée, elle est revenue avec sa famille… et mon fils., leur apprit-il, visiblement ému.  

 

Surpris, le couple se regarda avant de revenir vers lui. Ryo ne savait dire ce qu’il en pensait tant la nouvelle était un choc.  

 

- Pourquoi ne t’a-t-elle pas prévenu ?, lui demanda-t-il.  

- Elle ne savait pas lire ni écrire. Oui, pour une fois, c’était une femme en dehors de mes habitudes qui avait frappé mon cœur. Elle était jeune, innocente, sauvage… Elle m’aimait pour celui que j’étais et c’était nouveau pour moi, terriblement bouleversant. La perdre, ça a été très dur pour moi., admit Shin, le regard brillant de larmes contenues.  

 

Il ne put s’empêcher de voir le couple s’observer, plongé dans le regard l’un de l’autre, visiblement très tendu.  

 

- Ca vous rappelle quelque chose, n’est-ce pas ?, murmura-t-il, un léger sourire aux lèvres.  

- Je suppose que mon expérience n’a pas eu un bon impact quand j’ai vu ce qui se passait entre vous deux. Je connais la souffrance de la séparation avec l’être aimé. J’avais très peur de te voir souffrir, Ryo… mais j’aurais été bien incapable de l’admettre il y a encore deux mois. Je suis heureux de vous voir encore ensemble et soudés. Chérissez ce que vous avez., leur souhaita-t-il.  

 

Ryo observa son tuteur avec méfiance mais se détendit en lisant la sincérité dans son regard.  

 

- Tout n’est pas simple mais on y travaille., admit le jeune homme, posant une main sur la cuisse de sa compagne.  

- Et donc tu as rencontré ton fils ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui. En fait, j’ai voulu tenter de nouveau de retrouver Pia et le hasard a voulu qu’on se retrouve à la mairie de son village en même temps., s’amusa Kaibara.  

- Exactement au même endroit où nous nous étions rencontrés et les circonstances n’étaient pas beaucoup différentes : elle menait la vie dure à l’employé et moi, je cherchais des informations. Il y a parfois de drôles de coïncidences.  

- Oui, c’est vrai. Il faut croire que vous étiez faits l’un pour l’autre. Vous allez vous revoir ? Elle va venir ou vous allez la rejoindre ?, le questionna Kaori, posant la main sur celle de Ryo.  

 

Il la regarda, son regard doux et tendre posé sur son tuteur, l’homme qui lui avait pourtant fait du mal. Elle était comme elle était, tout simplement touchée par cette histoire d’amour contrariée. La résonance avec leur propre histoire n’avait même certainement que peu à voir.  

 

- Ni l’un ni l’autre. Elle est mariée et à sa famille maintenant avec des enfants et même des petits-enfants. Mais son mari et elle m’ont accueilli à bras ouverts et elle m’a parlé de son aîné qui ne ressemblait pas à ses frères et sœurs du même nom parce qu’il n’était pas le fruit de leur amour mais du nôtre., expliqua-t-il.  

 

Ca avait été un moment très dur et très beau en même temps. Se retrouver face à ce couple uni, cette femme qu’il avait tant aimée et qui était maintenant à un autre et apprendre qu’ils avaient eu un enfant ensemble, il en avait encore les mains qui tremblaient.  

 

- Il… Il est revenu avec moi. Ce n’est pas définitif mais, après en avoir longuement parlé, il a voulu faire le voyage et prendre le temps de me connaître ainsi que ma famille., leur apprit-il, posant un regard expectatif sur Ryo.  

- Il a déjà rencontré Maya et, maintenant, il souhaiterait te rencontrer., ajouta-t-il, anxieux.  

 

Kaori se tourna vers Ryo et attendit sa réponse. Il était impassible et elle n’aurait su dire ce qu’il pensait de tout cela. En fait, cela faisait déjà plusieurs minutes qu’il avait fermé son cœur à double-tour. Il ne voulait pas ressentir pour le moment. Il voulait prendre le temps d’analyser la situation avant de décider ce qu’il voulait en faire. L’homme d’affaires avait pris le pas sur l’homme et, dans cette logique d’analyse et de calculs, toute cette affaire lui donnait une drôle d’impression et il ne voulait s’avancer dans aucune direction.  

 

- Comment s’appelle-t-il ?, lui demanda Ryo.  

 

C’était la question la plus neutre qu’il pouvait lui poser pour montrer un semblant d’intérêt.  

 

- Alejandro. Il s’appelle Alejandro, il a trente-deux ans., leur apprit Shin.  

- Il… Il nous attend dans la salle à manger pour le dîner si tu acceptes de le rencontrer.  

- Je pensais que tu allais m’annoncer que tu avais trouvé une société à racheter ou une nouvelle femme, pas que tu nous ramènerais un fils à la maison., plaisanta Ryo, prenant un air amusé.  

 

Shin sembla croire à cette façade mais, aux doigts légèrement crispés sur sa cuisse et la légère nuance dure dans sa voix, Kaori comprit qu’il n’en était rien. Ryo était troublé, elle le sentait. Etait-ce ce fils tombé du ciel ou l’histoire vieille de plus de trente ans qui ressemblait un peu trop à la leur ? Elle n’aurait su le dire.  

 

- Une nouvelle femme ?, se mit à rire Kaibara.  

- Non, je laisse cela aux autres. J’ai eu ma part d’histoires d’amour., plaisanta-t-il.  

- Je me doute que ça doit te faire un choc. Je vais le voir. Prends le temps dont tu as besoin pour te décider. Tu sais où est la salle à manger. J’espère que tu accepteras de le rencontrer mais je ne t’y contraindrai pas., lui affirma-t-il, se levant et les laissant.  

 

Le couple le regarda partir et resta un long moment silencieux après son départ. Sentant la tension monter, Kaori se leva et alla près de l’âtre, observant les flammes crépiter. Elle ne savait quoi penser de tout cela. Son cœur lui dictait que Ryo devait donner une chance à cette homme, ce demi-frère qui avait grandi privé d’une partie de ses racines. Sa tête était plus réservée, se doutant que les choses n’étaient pas si simples et pouvaient envenimer leur situation personnelle. Elle poussa un profond soupir en se disant qu’ils n’avaient pas besoin de cela, que, si elle ne voulait pas le perdre, ils feraient peut-être mieux de s’en aller, de ne plus toucher à ce passé qui semblait faire tant de mal à Ryo. Quelle était la meilleure solution ?  

 

Toujours assis dans le fauteuil, Ryo observait un point imaginaire. Il ne savait également pas quoi penser. Il aurait aimé avoir plus de temps pour se renseigner sur cet homme qui débarquait de nulle part, ce fils prodigue qui apparaissait comme par magie et venait ajouter une nouvelle inconnue dans une équation déjà bien compliquée. Il avait le choix : partir, se renseigner et revenir quand les choses seraient plus claires ou faire bonne figure, se montrer magnanime et aller à la rencontre de cet homme. Il tourna le regard vers Kaori dont les yeux étaient rivés sur le feu qui brûlait dans la cheminée. Que pensait-elle ? Ou plutôt à quoi pensait-elle ? Se posait-elle des questions sur Alejandro ou ruminait-elle la grossesse de Maya ? Il n’y avait pas trente-six façons de le savoir. Il se leva et, se plaçant dans son dos, l’enlaça.  

 

- Comment vas-tu ?, lui demanda-t-il.  

- Ce serait plutôt à moi de te poser la question., lui retourna-t-elle, posant la tête contre son épaule.  

- Kaori… Je veux dire… Maya va avoir un bébé., murmura-t-il.  

 

Elle se tendit dans ses bras et ferma les yeux un bref instant.  

 

- Tu peux entendre sans te fâcher, sans te dire que je cherche quoi que ce soit ?, l’interrogea-t-elle d’une voix nerveuse.  

- Je vais essayer., lui promit-il.  

- Je suis heureuse pour elle… mais aussi un peu jalouse., admit-elle, anxieuse.  

- Je… D’accord. Je suppose que c’est normal., répondit-il, la serrant un peu plus contre lui.  

- Tu en penses quoi ?, lui demanda-t-elle à son tour.  

- Qu’elle a plus de chance que toi., murmura-t-il à son oreille avant d’embrasser sa tempe.  

 

Elle réprima le sanglot qui demandait à sortir : elle se rendait compte que la situation ne le laissait pas indifférent et qu’il en souffrait peut-être autant qu’elle. Son incompréhension grandit un peu plus : pourquoi ne pas tenter de soulager ce malaise alors ? Elle n’eut cependant pas le courage de lui poser la question, craignant trop de le voir s’emporter et prendre une décision définitive les concernant.  

 

- Que vas-tu faire pour Alejandro ?, le questionna-t-elle.  

- Que ferais-tu à ma place ?, lui demanda-t-il.  

 

Il avait besoin de son avis, certainement plus objectif sur le sujet. Kaori avait moins d’a priori, moins de cynisme en elle que lui. Elle avait surtout un cœur bien plus grand que le sien et une force qu’il lui enviait par moments.  

 

- Une part de moi me dit de fuir., avoua-t-elle d’une voix lointaine, les yeux rivés sur l’âtre.  

- Tu as des doutes ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui mais ils nous concernent majoritairement. J’ai peur que cette rencontre te fasse un tel choc que ça nous revienne en pleine tête comme un boomerang. J’ai peur que ça nous fasse nous séparer., lui confia-t-elle avec une telle tristesse dans la voix qu’il fut tenté de la prendre par la main et de partir sur le champ.  

- Que te dit l’autre part ?, lui demanda-t-il malgré tout.  

- D’aller dîner avec lui et de lui donner une chance de connaître ses racines., répondit-elle.  

 

Il n’avait pas besoin de voir son regard pour savoir ce qu’il y lirait : son manque à elle, cette envie de connaître ses origines, ce sentiment d’injustice face à ce que d’autres autour d’elle pouvaient avoir et pas elle, lui le premier.  

 

- Tu sais qu’on pourrait engager un détective pour retrouver ta famille biologique., lui affirma-t-il.  

- Je n’ai pas la moindre piste de départ, Ryo. Je sais juste mon prénom et ma date de naissance, si encore c’est la bonne., soupira-t-elle.  

- Tu n’as rien d’avant ? Et Hide ?, l’interrogea-t-il, la voyant secouer négativement la tête.  

- Je ne sais pas., admit-elle.  

- On pourrait lui demander., lui proposa-t-il.  

- Non ! Je ne lui demanderai rien sur mon autre famille. Je refuse qu’il pense que je le rejette. Il a trop fait pour moi pour que je lui donne le sentiment de l’abandonner., objecta-t-elle, se tournant vers lui, le regard dur.  

- Mais Kaori, il ne le penserait certainement pas., tenta-t-il de la raisonner.  

- Je ne prendrai pas le risque de le blesser, jamais., lui affirma-t-elle.  

 

Il l’observa un moment puis tendit la main vers elle.  

 

- D’accord. Oublie ce que j’ai dit sur Hide mais on pourrait malgré tout engager un détective pour faire des recherches., répéta-t-il.  

- J’aimerais beaucoup mais plus tard quand on aura réglé nos problèmes. Je ne veux pas d’une nouvelle parade pour omettre ce qui pourrait nous séparer., expliqua-t-elle.  

- D’accord. Tout ce que tu voudras., concéda-t-il.  

 

Elle s’approcha de lui et l’enlaça, posant la tête sur son torse et écoutant son cœur battre, s’apaisant ainsi, entourée de ses bras.  

 

- Alors que décides-tu, Ryo ? Quoique tu fasses, je te soutiendrai à cent pour cent., lui affirma-t-elle, levant un regard déterminé et confiant vers lui, ce qui le toucha.  

- Shin a l’air vraiment heureux d’avoir retrouvé son fils. Il semble avoir renoué avec Maya aussi., résuma-t-il à voix haute.  

- Toi, tu te sens faire partie de tout cela ?, lui demanda-t-elle.  

- Je ne sais pas., admit-il, pensif.  

- Mais c’est ta famille., formula-t-elle à voix haute ce qu’il pensait tout bas.  

- Oui.  

 

Il la serra contre lui et posa le menton sur ses cheveux, réfléchissant. Etait-il capable de tourner le dos à ce qu’ils avaient été pendant des années, à celui qui l’avait élevé et lui avait rendu ce qui avait appartenu aux siens pendant des années ? Il avait des divergences avec Shin mais, d’un autre côté, celui-ci semblait enclin à vouloir faire amende honorable et revenir à une meilleure relation.  

 

- J’aurais préféré avoir un peu plus de temps mais allons-y. Ca ne sert à rien de tergiverser toute la nuit., finit-il par conclure, s’écartant d’elle.  

 

Il ne la lâcha pas de suite pour autant. Il posa une main sur sa joue, la caressa puis se pencha pour l’embrasser tendrement. Elle répondit à son baiser avec tout l’amour qu’elle ressentait pour lui, toujours intact malgré leurs soucis.  

 

- Merci de rester là malgré tout., murmura-t-il, déposant un dernier baiser léger sur ses lèvres avant de prendre sa main.  

- Prête ?  

 

Elle acquiesça et le suivit hors du salon. Ils n’allèrent pas loin, traversant juste le couloir pour franchir une nouvelle porte après avoir frappé.  

 

- Ryo, Kaori ! Je suis ravi. Venez, venez vite, je vais vous présenter., les invita Shin avec un sourire chaleureux et reconnaissant.  

- Alejandro, je te présente Ryo, mon fils, et sa compagne Kaori. Les enfants, voici Alejandro, mon fils., les introduisit-il, enjoué.  

 

Les deux hommes se toisèrent un instant avant de se tendre la main, un sourire aimable aux lèvres.  

 

- Enchanté, Ryo.  

- De même, Alejandro.  

 

Etait-ce pure jalousie ? Ryo n’aimait pas cet homme. Il n’aimait pas son regard dénué de sentiments ni son air pataud qu’il trouvait faux. Il y avait quelque chose qui le dérangeait dans sa façon de porter son costume comme s’il jouait le rôle d’une personne mal à l’aise alors qu’elle ne l’était pas. Il se retint d’intervenir quand il vit le regard prédateur que son « frère » posa sur sa compagne, le temps un peu trop long qu’il mit à lui faire un baise-main d’apparence maladroite et son pouce qu’il vit caresser les doigts de Kaori. Comme si elle-même était mal à l’aise, elle s’inclina légèrement vers lui et il l’enlaça de manière rassurante.  

 

- Prenons place si vous le voulez bien. Mitsuko attendait pour nous servir., les invita Shin.  

 

En toute galanterie, il tira la chaise pour Kaori, l’invitant à s’asseoir à sa droite et donc face à Alejandro, alors que Ryo prévoyait de prendre la place et ne pas lui faire cela. Il comprenait cependant la symbolique du geste : il donnait à Kaori une place privilégiée, la place qu’il donnait normalement à Maya, même si sa compagne ne pouvait le savoir. Il l’incluait ainsi dans leur famille. Moins de deux minutes plus tard, Mitsuko arriva avec les cocktails qu’elle avait préparés en l’honneur du fils prodigue.  

 

- J’ai décidé de changer un peu le traditionnel apéritif par un sud américain. J’espère que vous apprécierez ce mojito. Au plaisir de se retrouver en famille. J’espère que nous aurons l’occasion de le refaire avec Maya et Wilson., trinqua-t-il, levant son verre.  

- A la famille., souhaitèrent-ils avant de prendre une gorgée.  

- Combien de temps allez-vous… pardon, vas-tu rester avec nous, Alejandro ?, l’interrogea Ryo.  

- Tu permets que je te tutoie puisque nous sommes de la même famille ?, ajouta-t-il, affable.  

- Bien entendu, Ryo. Je ne sais pas encore quand je repartirai. J’ai envie de prendre le temps de connaître mon père et mon frère, de prendre mes marques dans cette famille. Je ne me suis pas fixé de délai., admit Alejandro, lui offrant un sourire poli.  

- Mais ton employeur ne risque pas de te virer si tu es absent trop longtemps ?, l’interrogea son frère.  

- Je suis professeur vacataire. J’ai demandé un congé sabbatique et je l’ai obtenu., expliqua le latino-américain.  

- Tu enseignes quelle matière ?, lui demanda Kaori.  

- Le japonais. Je ne pensais pas que ça me serait aussi utile., avoua-t-il, amusé.  

 

Tous sourirent à la coïncidence qui tombait à pic.  

 

- Qu’est-ce qui t’a plu dans cette matière ?, lui demanda-t-elle.  

- La culture, l’art de vivre… J’ai beaucoup lu sur le sujet mais je n’avais pas encore eu la chance de mettre les pieds dans ce pays., expliqua-t-il.  

- Premier voyage hors du pays ?, l’interrogea Ryo, curieux.  

- Non, j’ai déjà voyagé un peu dans les pays limitrophes et aussi sur la côte ouest des Etats-Unis. C’était aussi mon premier voyage sur la côte est., plaisanta Alejandro.  

- Beaucoup de premières en peu de temps., pipa le dirigeant.  

- Il y a des premières plus agréables que d’autres et j’avoue avoir eu de la chance., affirma le jeune homme en posant un regard appuyé sur Kaori.  

 

Voyant cela, Ryo attrapa la main de sa compagne et entrelaça leurs doigts, réaffirmant leur lien à ses yeux. La pensée furtive qu’une bague ne serait pas du luxe pour des occasions comme celle-ci le traversa brièvement mais il se contenta de garder sa main dans la sienne pendant un long moment, jusqu’à la fin de l’apéritif en fait.  

 

- Père m’a dit que tu dirigeais une société., lança Alejandro, alors que Mitsuko amenait les entrées.  

- Tout à fait., répliqua Ryo.  

- Ca doit être un travail très prenant. Tu es dans quel domaine ?, insista-t-il.  

- C’est une multinationale. Nous n’avons pas de domaine de prédilection. Comme on dit, mieux vaut ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Nous avons diversifié afin de ne pas être soumis aux aléas des marchés et des tendances., répondit le dirigeant posément.  

- Ainsi quand une entreprise doit fermer parce qu’elle n’est plus rentable, tu n’as pas à t’inquiéter de vos bénéfices., conclut Alejandro avec un léger mépris dans la voix.  

- Je ne ferme que lorsque c’est nécessaire et c’est toujours un crève-cœur. Nous faisons tout pour redonner un emploi aux salariés restés sur le carreau., expliqua le japonais.  

- Ca te permet d’avoir bonne conscience.  

- J’estime que c’est ma responsabilité, un juste retour des choses lorsqu’un salarié a donné beaucoup mais que ce n’est plus suffisant. Ce n’est pas sa faute si les affaires ne tournent pas comme on l’espère. Sinon, il n’y aurait aucun chômeur sur Terre et tout le monde mangerait à sa faim, je suppose., se défendit Ryo, se sentant attaqué.  

 

Shin observa les deux hommes avec tempérance et sentit bien la tension monter. Aussi posa-t-il une main sur celle de son fils aîné, l’invitant à se calmer.  

 

- Je me doute que tu n’as pas toujours eu à faire à des histoires de patrons loyaux. Moi-même, je n’ai pas été un bon exemple quand j’ai été à la tête de la société mais Ryo est différent. Il a une vision beaucoup plus sociale que la mienne. Il agit en bon père de famille. Nous nous sommes assez disputés sur le sujet pour que je le reconnaisse., admit Kaibara, adressant un regard fier à son cadet qui en resta coi.  

- Le mieux serait peut-être que tu ailles visiter l’entreprise, Alejandro. Tu penses que ce serait possible, Ryo ?, l’interrogea Shin.  

 

Il n’en avait pas vraiment envie mais face au regard implorant de son tuteur, il n’eut pas le cœur de s’y opposer, d’autant que ses mots le secouaient encore. C’était bien la première fois que Shin valorisait favorablement la manière dont il gérait l’entreprise.  

 

- J’ai un planning très chargé dans les jours à venir mais Kaori regardera lundi ce qu’on peut faire. Je te préviendrai., concéda-t-il.  

- Merci Ryo., apprécia Shin avec un regard heureux.  

- Donc Kaori travaille avec toi ?, s’étonna Alejandro.  

- Oui, je suis son assistante., répondit-elle.  

- Elle est même plus qu’une assistante pour moi. C’est mon bras droit et gauche et un deuxième cerveau, ce qui n’est pas du luxe vu la tâche à accomplir., explicita Ryo, avec fierté.  

 

Elle frissonna de plaisir en croisant son regard chaud et lui sourit de ce sourire qui le faisait fondre.  

 

- Ca ne doit pas vous laisser beaucoup de temps pour vous tout cela ? Vous arrivez à décrocher de temps à autre ?, s’intéressa le latino-américain.  

- On s’est imposés des règles de vie., expliqua Kaori.  

- Comme dit la dame, on a mis le cadre en toute transparence et il nous convient à tous les deux., concorda Ryo.  

- C’est beau de vous voir aussi soudés., admit Alejandro, les observant d’un œil perçant.  

- Tu as de la chance, père : tes deux enfants sont heureux en ménage., fit-il, se tournant vers Shin.  

- J’espère que tu le seras tout autant quand tu auras trouvé la perle rare., lui souhaita celui-ci, tapotant sa main.  

- J’y compte bien. Tu n’as pas une sœur à me présenter, Kaori ? Si elle est aussi belle que toi, je quitte l’Amérique du Sud pour le Japon de suite., plaisanta Alejandro.  

- Je… Non, je n’ai qu’un frère., répondit-elle, légèrement mal à l’aise face à son regard pénétrant.  

- Dommage pour moi…, rit-il.  

 

La soirée se poursuivit ainsi pendant encore deux bonnes heures avant que le couple décida de partir. Arrivés à la porte, après avoir salué Alejandro, Shin étreignit Ryo, lui tapant légèrement dans le dos.  

 

- Merci Ryo. Tu n’imagines pas ce que ça représente pour moi., lui avoua-t-il.  

- Ca a été une sacrée surprise., admit son pupille.  

- J’avoue que je pensais que tu reviendrais à la charge avec Maya ou que tu voudrais me vendre un investissement mais pas à l’arrivée surprise d’un frère., répondit-il, prenant un air faussement léger.  

- Non, j’ai enterré ces lubies. Je pense même me retirer complètement des affaires. Entre Maya qui va avoir son bébé, Alejandro en Amérique du Sud et toi ici, je pense que j’aurai assez à m’occuper pour ne plus avoir de temps pour la société. Il est peut-être temps pour moi de laisser la place. Mais on en reparlera, Ryo., lui promit-il.  

- Quand tu voudras., lui offrit ce dernier, s’écartant de son tuteur qui se tourna vers Kaori et l’enlaça à son tour.  

- Encore une fois toutes mes excuses pour mon attitude passée. Je ne m’interposerai plus. Je t’en fais la promesse. Prends soin de lui comme tu le fais si bien., lui demanda-t-il.  

- Promis. Essayons d’oublier le passé et de repartir sur de bonnes bases., concéda-t-elle avec un léger sourire.  

- Merci Kaori., apprécia-t-il.  

 

Il serra ses mains, visiblement ému, avant de revenir sur Ryo, les sourcils froncés.  

 

- Ca me fait penser que je ne t’ai jamais donné ce qu’il restait de tes parents., pensa-t-il soudain.  

- J’ai plusieurs cartons…  

- On verra ça plus tard., répondit Ryo, sèchement, se tournant et sortant dehors, desserrant sa cravate.  

- Mais…, objecta Shin.  

- Il se fait tard. On en parlera peut-être une autre fois., offrit Kaori.  

 

Leurs regards se croisèrent et elle lui fit un signe négatif de la tête, lui conseillant silencieusement de ne pas poursuivre. Shin eut soudain l’air triste et les regarda partir tous deux.  

 

- Tout va bien, père ?, l’interrogea son fils aîné.  

- Oui. J’aurais juste aimé qu’aucun de vous n’ait un passif si lourd à porter., soupira-t-il.  

 

Il se tourna vers lui et se força à paraître plus léger.  

 

- Mais nous ferons en sorte que le futur se passe sous de meilleurs auspices., ajouta-t-il, l’entraînant vers le salon.  

 

Dans la voiture, le silence fut glacial pendant un long moment. Plutôt que de chercher à le faire parler, Kaori laissa Ryo perdu dans sa contemplation. Elle savait que les derniers mots de Shin avaient involontairement rouvert certaines plaies dont Ryo ne voulait pas parler. Elle se contenta de poser la main sur la sienne, lui signifiant ainsi qu’elle était là, près de lui s’il avait besoin d’elle. Au bout d’un long moment, il retourna sa paume et entoura ses doigts.  

 

- Il ne pensait pas à mal., chuchota-t-elle.  

- Je sais., répondit-il.  

 

Débouclant sa ceinture, elle glissa sur la place voisine pour se tenir contre lui en se rattachant. Elle posa la joue sur son bras jusqu’à ce qu’il le passa autour d’elle, l’attirant contre lui.  

 

- Alors ton impression ?, lui demanda-t-elle.  

- Shin ou Alejandro ?, lui retourna-t-il.  

- Les deux ?, répondit-elle d’une petite voix.  

 

Il fronça les sourcils, observant encore une moment le paysage avant de se tourner vers elle.  

 

- Je pense que Shin veut vraiment renouer sans arrière pensée. Je commence un peu à comprendre certaines choses et notamment ce qui le motivait à vouloir me marier à Maya. C’était sa façon de nous protéger de ce qu’il avait vécu., conclut-il.  

- Je pense aussi., affirma-t-elle.  

- Alejandro… Je ne sais pas. Il y a quelque chose qui me dérange, qui sonne faux chez lui, je trouve. Peut-être que c’est juste la différence culturelle, la surprise ou autre chose, mais je ne le sens pas., admit-il, cherchant dans son regard ce qu’elle en pensait.  

- Il m’a mise mal à l’aise. Son regard était insistant et j’ai trouvé certaines de ses réflexions étranges. Maintenant, comme tu dis, c’est peut-être la différence culturelle., concéda-t-elle.  

- Tiens-toi sur tes gardes si tu dois le revoir seule, d’accord ?, lui demanda-t-il, soucieux.  

- Promis. Et toi, n’oublie pas que je t’aime, monsieur le jaloux., le taquina-t-elle.  

 

Il se renfrogna mais son regard malicieux le trahit.  

 

- Pas jaloux, moi., bouda-t-il.  

- Si, horriblement., s’amusa-t-elle.  

- Je ne t’ai jamais vu avoir autant de gestes démonstratifs envers moi en public., lui fit-elle remarquer.  

 

Il l’observa un instant avec un regard plus doux.  

 

- C’est que je t’aime comme un fou même si je ne te le montre pas toujours bien., répondit-il d’une voix douce.  

- Tu as tes fantômes. Je voudrais juste qu’ils cessent de te tourmenter mais, toi, tu veux juste les ignorer., constata-t-elle.  

- Je ne pense pas que ce soit la bonne solution mais je ne peux pas te forcer à leur parler., ajouta-t-elle, poussant un léger soupir et se recalant contre lui.  

 

Comme ils arrivaient à l’immeuble, il ne répondit pas et attendit d’être dans l’ascenseur.  

 

- Tu crois que ça me ferait changer d’avis sur le mariage et les enfants ?, lui demanda-t-il sombrement.  

- Non… enfin, je ne sais pas et ce n’est pas cela qui me préoccupe. Ce qui me préoccupe, c’est la violence avec laquelle tu réagis dès qu’on en parle. Je ne comprends pas comment tu es capable de ressortir les bijoux de ta mère mais incapable de vouloir aller plus loin pour les connaître, comment tu peux gérer leur société sans vouloir récupérer leurs souvenirs. Pourquoi accepter leurs portraits si tu ne veux pas avoir à faire à eux ? C’est cela que je ne comprends pas et je ne suis pas sûre que tu le comprennes toi-même. Je pense qu’il y a deux courants contraires qui se battent en toi et que ça va finir par te faire mal, encore plus mal que tu ne l’es déjà., conclut-elle.  

 

 

Ils sortirent de l’ascenseur et se rendirent dans l’appartement en silence, Ryo méditant les paroles de sa compagne. C’était dur d’entendre son ressenti sur la chose. Il pensait maîtriser mais il se rendait compte que ce n’était pas vraiment le cas et, si elle avait peur pour lui, lui avait peur pour elle.  

 

- J’ai… J’ai peur de ce que je pourrais découvrir., lâcha-t-il d’une voix sans timbre.  

- Je ne suis pas encore prêt à faire face., acheva-t-il, ôtant ses chaussures, sa veste puis montant sans l’attendre.  

 

Elle le regarda faire avant de se rendre en cuisine pour boire un verre d’eau. Il avait enfin lâché une partie du problème. C’était peut-être un bon point de départ, un premier pas pour avancer. Tout n’était peut-être pas perdu pour eux deux. Sans plus attendre, elle le rejoignit et se glissa sous les draps à ses côtés. Elle se serra contre lui et passa un bras autour de son ventre, le caressant doucement.  

 

- Tu n’es pas tout seul. Je suis ton bras droit, gauche et ton deuxième cerveau. On est plus forts à deux, tu te souviens ?, lui rappela-t-elle tendrement.  

- Oui., murmura-t-il.  

- Quand tu seras prêt, je serai là., lui promit-elle.  

 

Pour toute réponse, elle sentit son bras entourer ses épaules et la serrer un peu plus contre lui. Ils s’endormirent ainsi, sérieux mais apaisés. 

 


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