Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 67 :: Chapitre 67

Publiée: 03-04-21 - Mise à jour: 03-04-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. La première partie de cette histoire étant achevée depuis hier, il vous reste encore 44 chapitres pour en connaître l'aboutissement. J'espère que ça ne vous découragera pas. Merci pour votre confiance. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 67  

 

Le téléphone réveilla le couple en début de matinée après trop peu d’heures de sommeil.  

 

- Allô ?, murmura Ryo, décrochant d’une voix ensommeillée.  

- Monsieur Saeba, je suis l’infirmière Totsuda de l’hôpital Roppongi., se présenta son interlocutrice, ce qui ne manqua pas de le réveiller totalement.  

- Que se passe-t-il ?, lui demanda-t-il, inquiet.  

- Monsieur Shin Kaïbara a été admis à l’hôpital il y a une heure. En tant que personne de confiance, nous allons avoir besoin de vous., lui indiqua-t-elle.  

- Qu’est-ce qu’il a ?, l’interrogea-t-il, se levant du lit, Kaori l’imitant.  

- Il a eu une attaque cardiaque. Les médecins s’occupent de lui mais il devra certainement être opéré et nous aurons besoin de votre autorisation., l’informa-t-elle.  

- J’arrive., déclara-t-il d’un ton pressé.  

 

Il raccrocha et partit à la salle de bains, se glissant sous la douche. Il bataillait pour ouvrir le gel-douche d’une main quand Kaori le lui prit.  

 

- On n’a pas le temps pour ça, Kao., lui apprit-il sombrement.  

- J’ai compris mais laisse-moi t’aider pour en gagner et dis-moi ce qui se passe. Fais attention à ton plâtre., lui opposa-t-elle, commençant à le savonner sans plus d’attention.  

- Shin est à l’hôpital. Il a fait une crise cardiaque et il devra apparemment être opéré., l’informa-t-il, mettant son bras hors du jet.  

- Ils t’ont dit comment il allait ?, lui demanda-t-elle.  

- Non, pas vraiment., soupira-t-il.  

- Ryo, il est vivant., lui dit-elle, se mettant face à lui et prenant son visage entre ses mains.  

- Il est vivant et entre de bonnes mains, alors aie confiance et va te sécher., lui ordonna-t-elle avec un léger sourire.  

 

Elle voulait lui transmettre un peu de confiance, chasser un peu l’inquiétude qui peignait son visage et ça marcha. Il ricana légèrement, la traita de mégère et sortit de la cabine, la laissant seule pour finir de se laver.  

 

- Tu n’es pas obligée de venir., lui dit-il, quand elle le rejoignit entourée d’une serviette, se séchant les cheveux.  

- J’entends des voix…, déclara-t-elle, se tournant dans tous les sens, les sourcils froncés.  

- Si tu t’habillais plutôt que de dire des âneries ?, fit-elle, lui jetant un tee-shirt à la figure.  

- Ce que tu peux être autoritaire…, grommela-t-il, soulagé malgré tout de ce moment de légèreté bienvenu.  

 

Ils se sourirent et achevèrent de s’habiller avant de partir pour l’hôpital.  

 

- Je suis Ryo Saeba. On m’a appelé suite à l’hospitalisation de Shin Kaïbara., fit-il à l’infirmière à l’accueil.  

- Oui. Je vais prévenir le médecin que vous êtes arrivé. Il viendra vous voir dès que possible pour vous expliquer la situation et évoquer les options avec vous. Vous pouvez patienter là-bas., les invita-t-elle.  

 

Ils se retournèrent et virent deux places libres… et juste à côté Alejandro.  

 

- Même pas la chance qu’il soit déjà dans l’avion., gronda Ryo.  

- Reste calme. On s’en fiche de lui. Tout ce qui compte, c’est Shin., lui rappela-t-elle.  

- Tu es trop sage., lui reprocha-t-il doucement.  

- Tu répéteras ça à mon frère., le taquina-t-elle.  

- Allez viens., lui dit-elle, prenant sa main et le guidant vers les sièges libres.  

- Alejandro., le saluèrent-ils.  

- Tu as trouvé le temps de venir dans ton agenda ?, lui retourna-t-il, un regard dur posé sur son frère.  

- Je trouve toujours du temps pour ma famille., répliqua Ryo, sentant la main de sa compagne se poser sur sa cuisse.  

 

Kaori s’était mise entre eux deux, passant devant lui au dernier moment, et il savait très bien pourquoi mais il n’était pas à l’aise avec le fait qu’elle soit si proche de lui. Elle avait déjà été trop souvent sa cible.  

 

- Ta famille… Tu n’es pas son fils., lui fit remarquer Alejandro.  

- Nous n’avons pas le même ADN mais il m’a élevé comme il a élevé sa fille., répliqua Ryo.  

- Quelle chance il a… Une fille à l’autre bout du monde, un fils qui n’est pas son fils et moi qui suis là à ses côtés, il me renvoie comme un malpropre. Il faut croire que son karma l’a rattrapé…, ironisa le sud-américain.  

- Comment oses-tu dire une chose pareille alors que ton père est allongé sur un lit d’hôpital ?, gronda Kaori, coupant Ryo dans son élan.  

- As-tu seulement idée de ce que c’est de perdre un parent ? Ou es-tu seulement trop pris par ton égoïsme au point de ne pas voir que c’est ton comportement qui l’a déçu et qui a mené à tout ça ?, ajouta-t-elle, furieuse.  

- Mon parent… Mon géniteur tout au plus., répliqua Alejandro.  

- Si c’est tout ce que tu ressens, alors ta place n’est pas ici et tu ferais mieux de t’en aller !, lui asséna-t-elle.  

- Je vais prendre l’air., apprit-elle à Ryo, se levant et sortant.  

 

Elle avait besoin de se calmer après ce qu’il avait dit et les souvenirs que ça faisait remonter.  

 

- Elle apprécie vraiment Shin ou elle fait bonne impression malgré ce qu’il lui a fait vivre parce que tu commences à te désintéresser d’elle ?, se moqua Alejandro.  

- Elle est orpheline depuis ses cinq ans. Elle donnerait certainement tout pour revoir son père., expliqua Ryo, ignorant la fin de sa phrase.  

- J’échange le mien contre le sien quand elle veut., fit son aîné cyniquement.  

- Tu es vraiment un crétin. Comment peux-tu seulement dire cela ?, gronda le dirigeant, furieux.  

- Crétin ? Tu n’as pas mieux ? Remarque, il vaut peut-être mieux pour toi qu’elle n’ait pas de père. Ca t’évite de devoir affronter le courroux paternel parce que tu refuses de l’épouser.  

- T’en as pas marre de toujours rabâcher la même chose ? Ca ne te regarde pas., répliqua le benjamin.  

- Je m’inquiète pour mon petit frère… enfin… comment on dit ? Frère, demi-frère, frère adoptif ? En fait, tu n’es rien pour moi. Shin veut s’évertuer à faire de nous une famille mais on ne l’est pas, on ne le sera jamais. Je suis le demi-frère de Maya mais, toi, tu ne seras jamais rien par rapport à nous !, lui asséna Alejandro.  

- Ca suffit !, le coupa Kaori.  

 

Elle se tenait face à lui et le toisait de toute sa hauteur alors qu’il était assis. Le regard noir qu’elle braquait sur lui ne semblait pas l’impressionner mais elle ne se découragea pas.  

 

- Je ne veux plus t’entendre débiter toutes ces horreurs., lui apprit-elle.  

- Et de quel droit tu me donnes des ordres ?, lui demanda Alejandro, les yeux plissés.  

- Du droit qu’on est dans un hôpital et que tu perturbes tout le monde avec tes réflexions méprisantes, du droit que tu n’as pas à décider qui fait partie de la famille de Shin. Il est le seul à le pouvoir et le fait est qu’il considère Ryo comme son fils malgré leurs différends, malgré le fait qu’ils ne partagent pas les mêmes gênes comme tu le dis. Alors si tu as des comptes à régler, tu le feras plus tard hors de ces murs, en l’absence de toutes ces personnes qui ne demandent qu’un peu de calme et de respect., répliqua-t-elle.  

- Peut-être que toutes ces personnes sont reconnaissantes de la distraction qu’on leur apporte., ironisa le sud-américain.  

- J’en doute., riposta-t-elle.  

- Kaori, viens. Assieds-toi, ça ne sert à rien., lui conseilla Ryo, prenant sa main.  

 

Il l’attira à ses côtés et garda sa main dans la sienne en attendant l’arrivée du médecin. Il voulait juste oublier la présence de ce faux frère, sa façon à lui de le qualifier, et se concentrer sur Shin. L’arrivée du médecin fit monter la tension et Ryo et Kaori se levèrent, suivis peu après par Alejandro.  

 

- Monsieur Saeba ?, l’interrogea le médecin.  

- Oui., acquiesça Ryo.  

- Je suis le docteur Yamaha. J’ai soigné monsieur Kaïbara., se présenta-t-il.  

- Il est…, intervint Kaori, incapable de finir sa phrase.  

- Vous êtes ?  

- Kaori, ma compagne, et Alejandro Alvarez, le fils de Shin., les présenta Ryo avant de fixer du regard le médecin.  

- Il est toujours vivant. Venez, je vais vous expliquer la situation., leur proposa-t-il, les emmenant dans un coin à l’écart.  

 

Ils le suivirent sans un mot et attendirent qu’il prenne la parole. Il les invita à s’asseoir et leur fit face.  

 

- Monsieur Kaibara a été amené ici ce matin victime d’une attaque cardiaque. Nous avons dû le réanimer deux fois mais on a réussi à stabiliser son état. Il doit maintenant subir une intervention chirurgicale…, commença l’urgentiste, leur expliquant en détail l’état dans lequel se trouvait Shin.  

- Il pourra récupérer totalement après l’intervention ?, demanda Ryo, inquiet, à la fin.  

 

Connaissant Shin, il ne supporterait pas d’être diminué définitivement et cela devait rentrer en considération dans les options qu’il étudierait.  

 

- Il a de très bonnes chances. Il n’a pas d’autre facteur de risque., affirma le chirurgien.  

- Il lui faudra de la patience et un peu d’aménagement le temps de la convalescence mais il retrouvera une vie normale par la suite… si on l’opère au plus vite.  

- Alors faites-le. Vous avez mon accord., déclara Ryo.  

- Tu ne me demandes même pas mon avis ?, pipa Alejandro, amer.  

- C’est à moi qu’il a demandé de prendre les décisions le concernant. Je prends mes responsabilités. Tu devrais être satisfait, toi qui me reproches de ne pas le faire assez souvent à ton goût., lui retourna son cadet, acceptant le formulaire que lui tendait le médecin et le signant.  

- Nous l’emmenons en chirurgie de suite. Vous pourrez patienter à l’étage., les informa ce dernier, les quittant, faisant fi des querelles familiales.  

- Tu viens, Kaori ?, lui proposa son compagnon, lui tendant la main.  

 

Le couple monta, suivi par le frère aîné, mais chacun se posta à un coin de la salle d’attente.  

 

- Tu veux que je prévienne Maya ?, proposa Kaori à son compagnon.  

- Non. On le fera quand il sera le matin chez eux. Je préfère ne pas trop l’inquiéter avec sa grossesse. Ce sera mieux de lui dire quand on saura ce qu’il en est., répondit-il, consultant sa montre.  

- Je vais aller nous chercher un café., lui dit-elle, se levant.  

 

Il acquiesça et la regarda partir, jetant un œil vers Alejandro pour voir s’il la suivait, ce qui n’était pas le cas. Il était assis dans un coin et pianotait sur son téléphone en toute décontraction.  

 

- C’est clair que ce n’est pas l’inquiétude qui le perturbe., soupira Ryo, acceptant le gobelet de café.  

- Tu es inquiet ? Tu crois que les médecins ne réussiront pas l’opération ?, l’interrogea-t-elle.  

- Non, je pense que ça ira mais je serai soulagé quand ce sera fini., admit-il.  

- Je comprends. Tu ne crains tout de même pas d’avoir pris la mauvaise décision ?, lui demanda-t-elle, soucieuse.  

- Shin ne supporterait pas de se retrouver dans un état de dépendance. Les chances étaient plutôt bonnes mais qui sait ce qui pourrait se passer ?, répondit-il, fixant la porte du regard.  

 

Il sentit une main se poser sur sa cuisse et la presser doucement.  

 

- C’est peut-être le bon moment pour parler un peu de ce que tu voudrais s’il t’arrivait quelque chose, non ?, lui proposa-t-elle.  

- Ce n’est pas bien compliqué, tu sais : ce qui me permettra de rester le plus longtemps avec toi sans être un poids. Je ne veux pas que tu passes ta vie à me nourrir ou t’occuper de moi. Tu as déjà assez donné., lui expliqua-t-il.  

- Et si moi, ça me convient ?, lui retourna-t-elle, un sourcil levé.  

- Je préfère peut-être avoir ce temps-là avec toi même s’il n’est pas parfait., avança-t-elle.  

 

Il l’observa un moment avant de baisser les yeux, réfléchissant un moment.  

 

- Je ne crois pas que je supporterais de dépendre de toi, de toi ou de quelqu’un d’autre d’ailleurs. Je ne veux pas gâcher ta vie et je ne veux pas me sentir emprisonné dans mon propre corps., lui opposa-t-il, posant un regard très sérieux sur elle.  

- Ca, je peux comprendre. C’est d’accord mais, s’il y a une chance que l’opération te sauve et te permette de revivre normalement ou presque, tant que tu n’es pas dépendant, qu’est-ce que je fais ? Si ça ne tient qu’à moi, je tente ma chance parce que tu es fort mais, toi, tu en penses quoi ?, lui demanda-t-elle, se tournant vers lui, accoudée au dossier, la tête posée sur sa main.  

- Qu’est-ce que tu me proposes pour me motiver à me battre ?, la taquina-t-il, son regard restant cependant sérieux.  

- Je suis prête à donner de ma personne., murmura-t-elle avec un léger sourire.  

 

Elle n’avait pas honte mais ils n’étaient pas seuls dans la salle. Il se tut, pesant le pour et le contre, avant de soupirer.  

 

- Je te fais confiance pour prendre la meilleure décision possible., lui dit-il.  

- Et pour toi ?, lui retourna-t-il.  

- Je te fais confiance pour prendre la meilleure décision possible., répéta-t-elle avec un regard débordant de confiance.  

- Aucune consigne ?, s’étonna-t-il.  

- Aucune, je remets ma vie entre tes mains entièrement., lui affirma-t-elle.  

- J’aurais peut-être dû réfléchir avant d’accepter., pipa-t-il, un peu dépassé.  

 

Voyant cela, elle tendit la main vers lui et remit une mèche rebelle en place. Elle l’aimait et elle savait qu’il la connaissait mieux qu’il ne le pensait tout comme elle s’était rendue compte qu’elle le connaissait suffisamment pour assumer son rôle si nécessaire. De l’idée qu’elle s’en faisait le connaissant, c’étaient les décisions qu’elle aurait prises.  

 

- Tu sauras, Ryo. Tu verras si ça arrive, tu sauras., lui assura-t-elle.  

- J’espère ne jamais avoir à le faire. C’est une connaissance qui est loin de m’être indispensable., lui retourna-t-il, attrapant sa main.  

- Pour moi, pareil alors tâche d’éviter les ennuis et continue le sport., l’incita-t-elle.  

- Tant que tu restes mon coach personnel, pas de souci., répondit-il, mutin.  

 

Ils se sourirent et tombèrent un moment dans le silence. Sans vraiment le vouloir, Ryo repartit en arrière et revécut des moments de son enfance, certains très agréables, d’autres plus pénibles.  

 

- Tu veux en parler ?, entendit-il soudain.  

 

Kaori l’observait depuis un moment quand elle avait osé intervenir. Elle connaissait ce petit air, ce regard fixe perdu dans le vague, la mâchoire serrée et le mouvement inconscient de ses doigts sur son genou.  

 

- Je… Je repensais seulement à certains moments du passé., éluda-t-il.  

- Tu veux en parler ?, répéta-t-elle patiemment.  

 

Il la fixa du regard un instant puis rebaissa les yeux comme s’il hésitait. Sachant que le sujet était épineux pour lui, elle ne s’en vexa pas et attendit juste son non.  

 

- C’est Shin qui m’a annoncé la mort de mes parents., commença-t-il.  

- Tu te souviens de cela ?, s’étonna-t-elle, prenant sa main pour le soutenir.  

- Vaguement. Très vaguement. On en a reparlé il y a quelques années et il m’a dit que je ne comprenais pas au départ, que, pendant plusieurs jours, j’ai pensé que je restais chez lui pour la nuit et que, le lendemain, mes parents allaient venir me chercher. Il a dit que ça avait été dur de devoir me répéter tous les jours la même chose mais, d’un autre côté, ça lui a laissé le temps d’encaisser et d’affronter mes pleurs lorsque j’ai enfin accepté la chose., raconta-t-il d’une voix sombre.  

- Je ne pourrais plus te citer beaucoup d’exemples mais il a été là pour moi pendant mon enfance. Il a vraiment été un père à ce moment-là., lui affirma-t-il.  

- Je n’en doute pas. Ca se ressent dans ta façon d’être même quand il était encore horrible et méchant. Tu as du respect et des sentiments pour lui parce qu’il compte pour toi., lui dit-elle.  

- C’est le seul père que j’ai connu., murmura-t-il sombrement.  

- Non, Ryo. Tu as eu un autre père dont tu ne te souviens pas mais les trois années que vous avez passées à trois avec ta mère t’ont forgé tout autant que le temps que tu as passé avec Shin., lui affirma-t-elle, forte de ses connaissances sur le sujet.  

 

Il l’observa un moment et acquiesça même s’il n’était pas sûr qu’ils pensaient à la même chose.  

 

- Tu as des souvenirs avec Shin dont tu voudrais bien me parler ?, l’interrogea-t-elle, profitant d’un moment où il semblait plus enclin à s’exprimer.  

- Une de nos nombreuses discussions sur la manière de gérer la société ?, plaisanta-t-il.  

- Pas forcément. Peut-être un voyage que vous auriez fait à trois, un évènement joyeux ou autre…, lui suggéra-t-elle.  

 

Il se laissa aller dans le fauteuil et se fit pensif un moment, réfléchissant.  

 

- Quand j’avais neuf ans, Maya devait en avoir tout juste huit, je crois, il nous a emmenés en voyage d’affaires en Chine. En fait, j’avais développé une lubie concernant la Muraille et je n’arrêtais pas de dire que j’allais la parcourir en entier du Nord au Sud et il s’est trouvé qu’il a dû aller en voyage là-bas pendant nos vacances scolaires. Il nous a donc emmenés et, une fois mis de côté le professionnel, nous avons été visiter la Muraille., expliqua-t-il.  

- Tu devais être ravi., supposa-t-elle.  

- Oui, j’étais fou de joie et je les ai emmenés pour parcourir les huit cent kilomètres de mémoire sans aucune provision ni bouteille d’eau ni rien., raconta-t-il, le sourire aux lèvres.  

 

Il se revit petit garçon face à sa sœur qui n’était pas forcément aussi enthousiaste et son père qui le regardait amusé. C’était un bon souvenir. Son air rêveur fit bondir le cœur de sa compagne qui vit un peu les traits du petit garçon apparaître sous le masque plus aguerri de l’adulte.  

 

- Et donc ce trek ?, lui demanda-t-elle, curieuse.  

- On a fait huit kilomètres et j’ai déclaré forfait., avoua-t-il, amusé.  

- Il faut dire qu’on n’était pas vraiment équipés. Maya avait des sandalettes et a attrapé des cloques qui lui ont fait mal pendant quelques jours et Shin était en costume et chaussures de ville…, se rappela-t-il.  

- C’est de là que te viennent tes habitudes vestimentaires ? Toujours en costume même à la maison ?, le taquina-t-elle.  

- Ca a changé depuis quelques mois…, lui retourna-t-il, lui souriant.  

- C’est vrai et ça tombe bien. J’aime bien te voir en jean., lui confia-t-elle.  

- Ca fait plus homme de ton monde ?, la questionna-t-il, curieux.  

 

Elle s’esclaffa un instant avant de lui adresser un regard pétillant et il eut l’impression que son monde s’illuminait, que tout irait bien, que rien de mal ne pouvait se passer.  

 

- Ton monde, mon monde… Mes considérations sont beaucoup plus basiques., répondit-elle.  

- C’est plus facile à repasser ?, poursuivit-il.  

- Il y a un peu de ça., admit-elle, mystérieuse.  

- Tu vas me faire languir longtemps ?, lui retourna-t-il, amusé.  

 

Le sourire de sa compagne s’élargit et elle lui fit signe d’approcher, ce qu’il fit avec obligeance et plaisir.  

 

- Comme on dit, ça te fait un beau p’tit cul., murmura-t-elle à son oreille.  

 

Il ne put s’empêcher de rire légèrement à son tour avant de se tourner vers elle et lui voler un baiser.  

 

- S’il n’y a que cela pour te faire plaisir, j’en mettrai plus souvent., lui promit-il.  

- Ca m’irait bien., approuva-t-elle.  

- Merci Kaori., lui dit-il soudain posant un regard très sérieux sur elle.  

- De quoi ?, s’étonna-t-elle.  

- D’être là avec moi, de rendre ce moment plus facile. Après ce qu’il t’a fait, j’aurais compris que tu ne veuilles pas être là. C’est une chose de jouer l’amabilité en public, une autre d’être là en quelque sorte à son chevet., lui expliqua-t-il, prenant sa main.  

- Il s’est excusé, Ryo. Il nous a expliqué ce qui l’avait poussé et je le crois sincère. Je ne joue pas l’amabilité avec lui. J’ai de l’affection pour Shin, surtout depuis ce qu’il t’est arrivé et qu’il est venu parce que ça m’a définitivement rassurée sur ses sentiments à ton égard. Et si ça ne te suffit pas, je suis là pour toi aussi parce qu’on est un couple et qu’on se soutient, parce que ça te touche., répliqua-t-elle.  

 

Il la fixa de nouveau du regard puis acquiesça, incapable de vraiment s’expliquer ce que ses paroles faisaient remonter en lui, un mélange d’incrédulité face à sa capacité à pardonner et à l’aimer, d’étonnement toujours renouvelé, d’admiration face à la beauté de son âme et de culpabilité face à ce que ça ne changeait pas pour lui… Il aurait pu s’appesantir sur tout cela si le chirurgien n’était arrivé au même moment.  

 

- Monsieur Saeba., l’appela-t-il, approchant d’eux.  

 

Ryo prit une profonde inspiration avant de se lever. Il ne se tourna pas vers elle, affichant un air sûr de lui, mais la main qu’il tendit vers elle, légèrement tremblante, fut beaucoup plus que tous les mots qu’il aurait pu dire : il avait peur et il comptait sur elle, sur sa présence, pour le soutenir. Elle se leva et glissa ses doigts entre les siens, les sentant se refermer et les emprisonner. Main dans la main, ils avancèrent vers le médecin, rejoints par Alejandro.  

 

- Bonjour Docteur. Vous vous souvenez de ma compagne, Kaori, et voici Alejandro qui est le fils de Shin., les présenta-t-il au chirurgien.  

- J’aurais préféré rester sur notre dernière rencontre., affirma le chirurgien avec sympathie.  

- Nous venons de terminer l’opération. Elle s’est très bien passée. Il n’y a eu aucune complication et nous sommes plutôt optimistes sur la suite. Shin est actuellement en salle de réveil et nous le transférerons en unité de soins intensifs pour quelques temps dès qu’il sera réveillé. Vous pourrez alors le voir., leur indiqua-t-il.  

- Il n’est pas possible de le voir avant ? Au moins l’un d’entre eux ?, demanda Kaori.  

 

Le chirurgien passa de l’un à l’autre homme et se tourna vers Ryo.  

 

- Uniquement vous et pour quelques minutes seulement., dit-il, tournant les talons et se dirigeant vers les portes.  

- Ce n’est pas…, objecta Alejandro alors que son cadet prenait la suite du médecin sans un regard en arrière.  

- On n’a pas le temps pour cela, Alejandro. Ryo est sa personne de confiance. Tu discuteras du sujet avec ton père quand il sera en état et il changera les choses s’il le juge nécessaire., le coupa-t-elle avant de retourner s’asseoir, soulagée.  

 

Elle se massa la nuque, chassant la tension qui s’était accumulée malgré le fait d’avoir cherché à maintenir une ambiance légère.  

 

- Tu es naïve ou tu penses vraiment que mon père changera ses dispositions ?, entendit-elle.  

 

Elle leva les yeux et vit Alejandro lui faisant face, l’air fermé.  

 

- Je crois que ça dépend de toi. Tu n’as pas vraiment montré ton meilleur côté depuis que tu es arrivé., lui fit-elle remarquer, ne se démontant pas.  

- Que devrais-je faire, Kaori ? J’ai toujours su que mon père n’était pas mon père, j’ai subi les moqueries de mes camarades de classe, des gamins de ma ville…  

- De tes frères et sœurs ?, l’interrogea-t-elle, touchée malgré elle.  

- Non, pas eux. Bref, je n’ai ma place nulle part et, un beau jour, mon géniteur réapparaît et me parle de sa belle vie, de ses deux enfants avec qui il ne s’entend pas vraiment, de cette belle-fille qu’il ne supporte pas, de ce beau-fils transparent et me dit qu’il regrette tout le temps qu’on a perdu ensemble, à quel point sa vie aurait pu être différente s’il n’était pas parti. Ca, c’était au départ parce que, trois mois après, il adorait de nouveau sa vie et voulait recoller les morceaux et m’y ajouter pour en faire le tableau idyllique qu’il rêvait., lui expliqua-t-il, amer.  

- Alors, à ton humble avis, Kaori, comment je dois me sentir quand le fils même pas adoptif de mon père a plus de droits et de considération que moi ?, lui demanda-t-il, serrant et desserrant les poings.  

 

Elle réfléchit un instant avant de lui répondre. Elle ne pouvait imaginer le bouleversement que l’arrivée de ce géniteur inconnu pouvait être pour lui.  

 

- Je pense que tu te focalises sur des points non essentiels., commença-t-elle, levant la main pour l’interrompre.  

- Tu es fâché parce que Ryo est sa personne de confiance mais Shin a certainement voulu passer du temps avec toi et te laisser le temps de t’adapter avant d’en venir à des points plus formels., lui répondit-elle.  

- Ce n’est pas que cela et tu le sais bien. C’est tout, Kaori. Vous m’avez rejeté dès que vous m’avez rencontré., l’accusa-t-il.  

- Alejandro, je ne vais pas nier qu’on était méfiants, comme on le serait tous, je suppose, mais tu n’as pas arrangé les choses. Dès le premier soir, tu as attaqué Ryo, cherché à le rabaisser. Tu m’as draguée et tu n’étais vraiment pas subtil. Tu ne cherchais pas à nous connaître. C’était… Je ne sais pas, un peu comme si tu défendais ton territoire, comme si tu avais besoin de te montrer supérieur., répliqua-t-elle.  

- Tu ne trouves pas légitime que je veuille le faire quand mon propre père préfère un enfant qui n’est pas le sien à ses propres gènes ?, l’interrogea-t-il.  

 

Nerveuse, se demandant quand Ryo serait de retour, Kaori se leva et s’éloigna vers la fenêtre suivie par le jeune homme.  

 

- Tu parles à une enfant adoptée, Alejandro. Je sais que c’est possible d’être une famille sans partager le même ADN. Alors, non, je ne trouve pas ta démarche légitime. Je ne la trouve même pas vraiment logique puisqu’à t’entendre, tu avais le sentiment de former une famille sans être tout à fait du même sang que tes frères et sœurs., lui fit-elle savoir.  

- Tu ne sais rien de moi., gronda-t-il, reculant d’un pas.  

- Apprends-nous., proposa-t-elle d’une voix plus douce.  

 

Elle vit la porte s’ouvrir et Ryo apparaître, fronçant les sourcils en les voyant côte à côte.  

 

- Réfléchis à ce que tu veux vraiment partager avec nous. Si tu veux juste nous faire comprendre ta rancœur, c’est fait, tu peux t’en aller. Si tu veux partager autre chose, tisser des liens et connaître l’autre partie de ta famille, fais amende honorable. Ryo est loin d’être buté., lui dit-elle.  

- Comment va Shin ?, demanda-t-elle à son compagnon qui était arrivé à leurs côtés.  

- Il s’est vaguement réveillé. Je lui ai dit que nous étions là tous les trois, que je prévenais Maya et que nous reviendrions cette après-midi., lui répondit-il, jetant un regard vers son aîné.  

- Je suppose que les effets de l’anesthésie n’étaient pas tout à fait estompés. Nous ferions bien de rentrer nous reposer un peu avant de revenir… vers trois heures par exemple ?, proposa-t-elle, jetant un regard à son compagnon puis à Alejandro.  

- Je viendrai un peu plus tard. Je suppose qu’il ne faut pas être trop nombreux dans la chambre., répondit celui-ci d’un ton plus neutre.  

- On peut aussi inverser. Je n’ai pas plus de droits que toi., suggéra Ryo.  

- Je… Merci. Ca me ferait plaisir., admit son aîné.  

- Alors nous viendrons vers seize heures. Ca ne sert à rien de rester trop longtemps. Ca risque de le fatiguer plus qu’autre chose., affirma la jeune femme.  

 

A trois, ils quittèrent la salle d’attente et le couple raccompagna Alejandro chez Shin.  

 

- Tu m’expliques ce qu’il s’est passé en mon absence ?, demanda Ryo à sa compagne alors qu’ils venaient de redémarrer.  

- Que s’est-il passé ?, lui retourna-t-elle innocemment.  

- Toi discutant tranquillement avec Alejandro sans qu’il soit entrain de t’agresser ou toi de te défendre., résuma-t-il.  

- On s’est expliqués. Il y a beaucoup d’amertume et de jalousie en lui. J’ai essayé de lui montrer les choses d’un autre point de vue., lui expliqua-t-elle, appréhendant légèrement sa réaction.  

 

Contre toute attente, il se mit à rire d’un rire léger avant de la contempler tendrement.  

 

- Toujours à vouloir sauver les causes perdues… mais ne te fais pas avoir…, lui conseilla-t-il, soucieux.  

- Ne me prends pas pour une idiote, Ryo Saeba. Je suis une jeune femme emplie d’espoir mais je ne suis pas naïve. Je sais que ça ne marche pas à tous les coups., lui affirma-t-elle, sérieuse.  

- Shin aura besoin d’un climat apaisé. J’espère qu’on y parviendra., lui dit-elle.  

 

Le silence revint dans l’habitacle jusqu’au moment où ils gagnèrent l’appartement, se posant dans le divan avec une tasse de café. Pendant un moment, ils se perdirent dans leurs pensées tout en sirotant leur boisson.  

 

- Ryo…, l’interpela la rouquine d’une voix emplie de doute.  

- Oui, Sugar.  

- Tu ne t’es pas dit… Non, oublie. C’est une idiotie., éluda-t-elle, posant sa tasse sur la table basse avant de se lever.  

 

Il la regarda aller jusqu’à la fenêtre et regarder dehors d’un air pensif. Il avait comme l’impression que leurs pensées étaient du même ordre et il se leva à son tour, la rejoignant. Il l’enlaça et déposa un baiser sur sa joue.  

 

- Dis-moi ce qui te tracasse. Je sens que ça tournera dans ta tête un long moment sinon., lui conseilla-t-il d’une voix douce.  

- Non, c’est idiot. Oublie., répéta-t-elle.  

- Je ne te lâcherai pas tant que tu ne me l’auras pas dit…, la prévint-il.  

- Je peux même être très convaincant., lui fit-il savoir, glissant les doigts sous son haut.  

- Tu sais que je suis loin d’avoir peur de ce genre de torture., murmura-t-elle, se laissant aller contre lui.  

- Sauf si je la fais durer sans passer à l’étape suivante…, lui opposa-t-il d’une voix amusée.  

- Tu craquerais avant moi., objecta-t-elle, fermant les yeux à la douceur de ses doigts sur son ventre.  

- Je sais être de marbre quand il le faut., lui assura-t-il.  

 

Elle repensa à ce qui l’avait amenée sur cette drôle d’hypothèse et combattit ses doutes.  

 

- Je trouvais bizarre le fait que Shin ait fait son attaque justement le lendemain du soir où il a décidé qu’Alejandro devait repartir. Je sais que les coïncidences existent mais, avec tout ce qui s’est passé, j’ai du mal à écarter le hasard de l’équation., lui confia-t-elle.  

 

Ryo garda le silence un moment, la serrant contre lui, l’humeur sombre.  

 

- Tu es décidément trop fine ou alors j’ai déteint sur toi. Je me suis également posé la question et ton intervention auprès du chirurgien m’a permis de lui demander de faire des examens supplémentaires, ce que je n’aurais pas pu faire face à Alejandro., l’informa-t-il.  

- Tu lui as expliqué tes doutes ?, l’interrogea-t-elle, se retournant dans ses bras.  

- Je n’ai pas dû insister fortement. Il était à la soirée hier., lui expliqua-t-il.  

- Je me disais aussi que son visage m’était familier mais je ne le remettais pas., avoua-t-elle, s’en voulant de cela.  

- Il y avait beaucoup de monde., la rassura-t-il.  

- Donc il va faire des analyses ?, reprit-elle.  

- Oui et il me tiendra informé en toute discrétion. Je n’ai pas confiance en Alejandro mais je ne veux pas non plus le froisser si mes soupçons sont infondés., expliqua-t-il.  

- En fait, pour être honnête, je me fiche de lui. Je le fais surtout pour Shin. C’est son fils. Il a le droit de le connaître sans avoir à choisir entre nous deux., affirma-t-il.  

 

Kaori lui sourit et se mit sur la pointe des pieds. Elle l’embrassa tendrement avant de s’écarter de lui.  

 

- Tu es un homme bien, Ryo Saeba., murmura-t-elle.  

- Je ne sais pas si tu penserais la même chose en sachant ce qui me traverse l’esprit en ce moment., lui répondit-il, amusé.  

- A vrai dire, voilà un autre genre de pensées que nous partageons mais ça s’arrêtera là. J’ai trop envie de…, commença-t-elle.  

- Oui moi aussi., la coupa-t-il, prenant un air coquin.  

- Dormir. J’ai trop envie de dormir avant de retourner à l’hôpital et, ça, c’est entièrement de ta faute après la nuit que tu m’as fait passer., lui reprocha-t-elle faussement.  

- La nuit ? Quelle nuit ?, lui demanda-t-il, passant un bras autour de sa taille et l’emmenant à l’étage.  

- Tu as tout compris., apprécia-t-elle.  

- Tu ne t’en plaignais pas pourtant. Je pense même que tu as été à l’origine de certains rounds., lui chuchota-t-il à l’oreille, la faisant rougir.  

 

Elle le fit taire d’un baiser juste avant d’entrer dans la chambre. Chacun partant d’un côté du lit, ils se retrouvèrent à l’intérieur, lovés l’un contre l’autre.  

 

- Tu sais, si tu veux t’assurer que Shin est en sécurité en lui proposant de venir vivre avec nous, je serais d’accord., lui fit-elle savoir.  

 

Ryo regarda la plafond tout en réfléchissant.  

 

- Attendons d’abord les résultats des analyses. Si j’ai encore des doutes, je lui proposerai., affirma-t-il.  

- Tu sais, si tu en as juste envie, tu peux aussi lui proposer., suggéra-t-elle.  

 

Il baissa les yeux sur elle et la regarda, les yeux rivés sur son torse, traçant délicatement les lignes de son tee-shirt. Méditant ses paroles, il s’aperçut qu’elle n’était pas dupe des sentiments qui l’agitaient et qu’il n’osait parfois s’avouer même à lui-même. Il croisa soudain son regard noisette et sourit.  

 

- Tu m’exaspères…, grogna-t-il, caressant ses cheveux.  

- Je ne comprends pas pourquoi., pipa-t-elle, malicieuse.  

- Tu lis trop bien en moi., répondit-il, sérieux.  

- J’ai le sentiment que tu as retrouvé quelqu’un que tu avais perdu et que ça te fait du bien., déclara-t-elle d’une voix douce.  

- J’ai retrouvé le Shin d’avant mes dix ans, celui qui n’était pas le PDG, seulement l’homme qui nous élevait avec ma sœur., expliqua-t-il.  

- Tu as retrouvé ton père…, murmura-t-elle.  

 

Il vit dans son regard qu’elle craignait un peu sa réaction et il comprenait après toutes les fois où il s’était mis en colère sur le sujet. Mais comme elle, il avait deux pères, un biologique et un adoptif, et parler de son père adoptif était beaucoup moins sensible pour lui que parler de ses parents biologiques.  

 

- Oui, c’est le sentiment que j’ai et j’ai envie d’être là pour lui comme il l’a été pour moi., admit-il.  

- Alors fais ce que tu as envie. Je te soutiens quoiqu’il arrive., lui apprit-elle, étouffant un bâillement.  

- Finis de parler, Mademoiselle la pipelette. Dors., lui enjoignit-il, remontant la couverture sur eux.  

 

Elle quémanda un baiser qu’il lui offrit sans rechigner et, quelques minutes après, ils dormaient, grappillant quelques heures de sommeil avant de regagner l’hôpital où ils croisèrent Alejandro.  

 

- Il dort beaucoup., les informa-t-il.  

- Ca doit être normal. C’était quand même une grosse opération., répondit Ryo, jetant un œil vers la chambre.  

- Je reviendrai demain dès l’ouverture. Je te laisse les heures après le travail., proposa son aîné.  

- Peux-tu me donner des nouvelles si quelque chose change ? C’est mon numéro personnel., lui demanda le dirigeant, lui tendant une carte.  

- Je le ferai., lui promit le sud-américain.  

- Si tu me donnes un numéro, je pourrais te prévenir si l’hôpital m’appelle., suggéra son cadet.  

 

Ils le virent tiquer subrepticement avant de sortir son téléphone. Il composa le numéro de Ryo en regardant la carte et fit sonner son appareil avant de raccrocher.  

 

- Voilà., lui annonça Alejandro.  

- Simple et efficace. Mieux qu’une carte de visite qu’on peut perdre., répliqua le dirigeant, amusé.  

 

Il enregistra le numéro puis rangea son mobile.  

 

- Rentre bien, Alejandro., lui souhaita-t-il.  

- Tu as prévenu, Maya ?, lui demanda son frère.  

- Je le ferai ce soir. C’est encore la nuit pour elle., répondit le dirigeant.  

- Bon courage., lui dit Alejandro avant de s’en aller.  

 

Le couple pénétra dans la chambre et Ryo approcha du lit, prenant la main de Shin qui ouvrit les yeux au même moment.  

 

- Salut papa., murmura-t-il, luttant contre l’émotion.  

 

Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait appelé ainsi sans aucune arrière-pensée et sans cynisme dans la voix. Apparemment, l’émotion était aussi vive chez l’homme qui le fixait du regard et dont les yeux ne purent retenir les larmes qui montèrent et glissèrent sur ses joues. 

 


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