Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 111 chapitres

Publiée: 21-01-21

Mise à jour: 01-06-21

 

Commentaires: 44 reviews

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Romance

 

Résumé: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Chapitre 71 :: Chapitre 71

Publiée: 07-04-21 - Mise à jour: 07-04-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Alors info ou intox cette dispute? Attendons de voir la suite de l'histoire ;). Un grand merci pour vos commentaires qui font toujours autant plaisir. Continuons sur la lancée de cette première partie. Bonne lecture^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 71  

 

- Pitoyable… Je ne sais pas ce que Kazue pensait de tes rapports et notes de synthèse mais, franchement, pour une personne avec tes diplômes et années d’expérience, c’est à peine passable., asséna Ryo à Reika en fin de semaine, jetant une pile de rapports sur son bureau avant de retourner dans le sien.  

 

La jeune femme le regarda, désabusée, avant de se lever et de le suivre, furieuse.  

 

- C’est quoi ton problème, Ryo ? Je bosse comme une dingue pour tous tes rapports, prendre tes rendez-vous, répondre au téléphone et ce n’est jamais bien. On t’envoie déjà des rapports. Pourquoi je dois encore refaire un rapport des rapports ?, lui retourna-t-elle.  

- Déjà, tu vas baisser de deux tons avec moi. Je suis ton chef et, s’il me plaît de t’engueuler pour le sale boulot que tu fais, je le le ferai., commença-t-il.  

- Après, il me semble que les tâches vont avec le poste et, comme tu le sais, je suis débordé. Faire un rapport des rapports, ça me permet de gagner du temps mais, vu ton travail, ça m’en fait perdre plus qu’autre chose., lui fit-il savoir.  

- Kaori a pigé le truc rapidement, elle. Si c’est trop pour toi, je peux chercher quelqu’un d’autre., lui proposa-t-il.  

 

Vexée, elle serra les dents avant de se calmer et de lui sourire.  

 

- Tu as raison. Je peux certainement faire mieux mais, toi, tu as un besoin urgent de te détendre., fit-elle, contournant le bureau.  

- De me détendre ? Très drôle…, ricana-t-il, cynique.  

 

Reika se plaça derrière lui et laissa glisser les mains sur son torse. Il sentit ses lèvres se poser sur sa tempe.  

 

- Je peux t’aider. Laisse-moi te montrer…, susurra-t-elle à son oreille.  

 

Il sentit ses doigts s’activer sur le nœud de sa cravate et l’arrêta.  

 

- Si tu veux me montrer, ce n’est pas là que ça se passe. Ca te concerne plutôt, non ?, lui fit-il d’une voix neutre.  

 

Il ne ressentait rien, ne voulait rien. Malgré tout, il la laissa faire, tourner son siège pour lui faire face et la regarda commencer à se déshabiller de manière suggestive. Quand elle fut en sous-vêtements devant lui, il regarda sa montre et se leva brusquement.  

 

- Je dois aller à l’hôpital. Tâche d’avoir revu ton rapport d’ici lundi matin première heure., lui ordonna-t-il, rangeant ses affaires avant de se diriger vers la sortie.  

- Lundi première heure mais on est vendredi et il est déjà dix-huit heures !, lui fit-elle remarquer, oubliant ce qu’elle faisait.  

- Ca te laisse tout le week-end…, lui lança-t-il.  

- Tu veux bien quitter mon bureau, s’il te plaît ?, lui demanda-t-il, ouvrant la porte.  

 

Toujours en sous-vêtements, Reika le regarda sans comprendre.  

 

- Tu veux bien quitter mon bureau, s’il te plaît ?, répéta-t-il patiemment.  

- Espèce de salaud ! Tu n’as pas le droit de…, gronda-t-elle, ramassant ses affaires.  

- Je n’ai pas le droit de quoi ?, lui retourna-t-il.  

- C’est toi qui es venue me faire des avances, Reika, pas le contraire. Je pense que j’ai été clair toute la semaine avec toi. Il ne se passera rien sur le plan personnel., lui affirma-t-il, lui indiquant de nouveau la porte.  

 

Sans se rhabiller, elle sortit du bureau au pas de charge et il l’imita, fermant la porte à clef.  

 

- Tu ne fermais pas à clef avant., lui fit-elle remarquer, amère.  

- Chat échaudé craint l’eau froide., lui répondit-il avant de s’en aller.  

 

Rhabillée, elle se remit à son bureau en soupirant, ouvrant le dossier dont elle avait besoin pour corriger le rapport.  

 

- A peine passable…, grommela-t-elle, vexée, avant de sortir son portable.  

- Prêt à sortir, Shin ?, lui demanda Ryo, arrivé à l’hôpital.  

 

Son tuteur leva les yeux sur lui et lui adressa un regard douloureux. Il avait très mal pris le départ de Kaori et n’avait pas compris pourquoi Ryo croyait vraiment que sa compagne pouvait lui avoir fait cela. Lui-même n’arrivait pas à y croire. Il était persuadé qu’il y avait une autre explication.  

 

- Cesse de me regarder comme ça, papa., grogna son pupille, gêné.  

- Je n’arrive toujours pas à croire que tu lui aies tourné le dos si facilement., murmura Shin.  

- Papa, cesse de remuer le couteau dans la plaie. Kaori l’a trahi. C’est normal qu’il l’ait éjectée de sa vie. Dans sa position, il a besoin de personnes de confiance pour l’entourer., objecta Alejandro, compatissant.  

 

Ryo détourna le regard et serra les dents, le cœur lourd. La séparation était difficile mais il devait tenir le coup. Il n’avait pas le droit de baisser les bras. Il avait des responsabilités.  

 

- Tu es prêt ?, lui redemanda-t-il.  

- Oui. Tu es sûr que ça ne te gêne pas que je vienne vivre chez toi quelques temps ?, l’interrogea Shin.  

 

C’était quelque chose qu’il avait envisagé et proposé du temps où Kaori était encore là et son père avait accepté. Malgré la situation, il avait tenu à maintenir son offre pour diverses raisons dont la principale était sa sécurité. Alejandro se montrait plus cordial mais il n’avait toujours aucune confiance en lui.  

 

- Non, du tout. Je serai rassuré de te savoir plus proche de l’hôpital et avec quelqu’un en permanence pour te surveiller ou pour t’emmener où tu voudras aller. Dès que tu voudras, tu rentreras chez toi. Ca laissera aussi un peu de temps à Alejandro pour visiter le Japon hors de Tokyo, s’il en a envie., répondit le dirigeant, adressant un sourire amical à son frère.  

- Je peux rester avec vous s’il le faut., répliqua Alejandro.  

- Non, ne t’inquiète pas. Tu as dit que tu n’avais pas trop le temps de visiter. Profites-en au moins la semaine à venir, voire la suivante. Si papa veut rentrer avant, on t’appellera., lui opposa son cadet.  

- Ryo a raison, Alejandro. Je ne serai pas capable de courir les routes avant plusieurs semaines alors ne perds pas ton temps à me papy-sitter. Tu disais que tu voulais visiter le pays. C’est l’occasion de le faire., insista Shin.  

 

Alejandro les regarda tous les deux tour à tour puis soupira.  

 

- Tu as raison même si j’aurais préféré le faire avec toi., se morfondit-il.  

- On trouvera certainement une autre occasion. Je suis déjà heureux que nous ayons retrouvé l’entente dans cette famille., plaida Shin, jetant un regard soucieux vers son cadet.  

- Au fait, Maya est bien rentrée., l’informa Ryo, se souvenant de l’appel de sa sœur un peu plus tôt.  

- Tant mieux. J’aurais été heureux de la voir plus longtemps mais c’était fatigant pour elle. On y va ?, proposa son père.  

 

Ils acquiescèrent et quittèrent la chambre.  

 

- Tu n’avais pas à faire, Alejandro ? Tu as eu un message tout à l’heure., avisa Shin dans l’ascenseur.  

- Si, je dois rencontrer quelqu’un ce soir… une jeune femme à vrai dire…, leur dit l’aîné.  

 

Il souriait un peu bêtement mais toute son attitude sembla fausse à son cadet.  

 

- Tu élargis tes fréquentations, c’est bien., approuva son père.  

- Tu devrais y aller. Je vais rentrer avec Ryo. On se téléphone demain., lui proposa-t-il.  

- D’accord. Passez une bonne soirée., leur souhaita Alejandro avant de s’éloigner.  

 

C’était bien ainsi pour Ryo qui avait réussi à tenir son frère éloigné de l’appartement pour le moment. C’était quelque part son dernier sanctuaire, celui où il savait pouvoir parler librement… enfin parler… difficile de parler en étant seul dans cet appartement conçu pour deux personnes… La présence de Shin atténuerait peut-être enfin son sentiment de solitude et celui des regrets.  

 

- Alors me voici enfin dans ta nouvelle antre…, murmura Shin.  

- Oui. Bienvenue chez n… moi. Bienvenue chez moi, Papa., lui souhaita Ryo, prenant son sac pour l’emmener dans la chambre d’amis.  

 

Resté seul, Shin observa les lieux et approcha des étagères pour voir si les goûts de lecture de son fils avaient évolué. Il ne put s’empêcher de remarquer les cadres posés face contre le meuble. Il en souleva deux pour trouver des photos de lui et Kaori dont celle de leur premier baiser sur le Pont des Arts, celle qu’il avait fait prendre par un détective privé.  

 

- Evite de les relever. Ca fait déjà suffisamment mal., entendit-il murmurer derrière lui.  

 

Surpris, il se retourna et trouva Ryo, les mains dans les poches, l’observant sombrement.  

 

- Pourquoi ne les retires-tu pas si c’est le cas ?, lui demanda-t-il, curieux.  

- Je ne peux pas., admit son fils, passant une main dans ses cheveux nerveusement avant d’aller en cuisine.  

- Si c’est si difficile, pourquoi l’avoir chassée de ta vie ? Tu penses vraiment qu’elle était capable de ça ? Elle t’a affirmé qu’elle ne l’avait pas fait, alors pourquoi tu ne l’as pas crue ?, l’interrogea Shin.  

- Que veux-tu manger ?, le questionna Ryo, ouvrant le frigo.  

- Réponds-moi d’abord, Ryo. A l’hôpital, je pouvais accepter tes silences mais pas ici. Je veux une vraie explication. Je ne peux pas croire que c’est arrivé., fit son père d’un ton ferme.  

 

Sans un mot, Ryo sortit deux plats du congélateur et les mit à réchauffer avant de sortir des couverts, réfléchissant dans le même temps.  

 

- Je n’avais pas le choix, Shin. Tout pointait dans sa direction. Je ne peux pas avoir à mes côtés quelqu’un qui me trahit. J’aurais aimé pouvoir garder ma compagne mais comment la garder alors que c’était aussi elle que tout condamnait ?, soupira Ryo.  

- Tout pointait dans sa direction mais tu es sûr que c’était elle ?, lui demanda son tuteur.  

- On peut changer de sujet ?, lui demanda le dirigeant, détournant le regard.  

 

Shin soupira et acquiesça, s’installant à table face à son fils. Il avait le temps, au moins quelques jours pour le travailler et obtenir des réponses.  

 

- Tu as toujours ta femme de ménage ? C’est délicieux., complimenta-t-il, brisant le silence.  

- Ayaka vient toujours le mercredi après-midi et le samedi matin. Ca, c’est… C’est Kaori qui avait préparé. Elle en faisait toujours en plus quand elle cuisinait et elle mettait au congélateur pour les les soirs où on rentrait tard… Avec la période où je n’étais qu’à mi-temps au bureau à cause de mes côtes, le congélateur est plein., expliqua Ryo, repoussant son assiette à peine entamée, l’estomac noué.  

- Tu dois manger, Ryo. Je sais que c’est dur mais tu dois penser à toi, à ta santé., lui conseilla Shin, inquiet.  

- Je n’ai pas faim. Je ferai mieux de tout jeter., répliqua-t-il, sachant qu’il serait incapable de le faire.  

- Ryo, tu… tu es sûr que tu ne pourrais pas lui pardonner ce qu’il s’est passé ? Tu es sûr que tu ne veux pas chercher une autre explication ?, lui demanda son père.  

- Je ne veux plus en parler., se ferma Ryo, se levant de table.  

 

Shin le laissa partir, lui donnant du temps pour se calmer. Il se doutait des tourments de son fils. Il était si épris de Kaori que c’était normal que la chute soit dure. Cela ne faisait après tout que quatre jours que leur histoire venait de se terminer de manière brutale. Il se souvenait lui-même du choc qu’il avait ressenti en apprenant la nouvelle.  

 

- Kaori n’est pas avec toi ?, s’était-il étonné en ne voyant pas la jeune femme arriver.  

- Elle ne viendra pas., avait répondu Ryo sombrement.  

- Nous nous sommes séparés.  

 

Il avait bien reconnu son fils sur ce coup-là. Ryo n’était pas du genre à tourner autour du pot pour annoncer les choses et son regard sombre avait achevé le doute qu’avait encore eu Shin. C’était le regard de Ryo dans ses heures obscures.  

 

- Je ne vais pas te cacher la vérité. On a découvert que c’était elle qui était à l’origine de la fuite. Nous avons des images. J’aurais pu… J’aurais dû même la faire arrêter mais je n’ai pas pu., lui avait-il avoué.  

- Je lui ai juste dit de partir, ce qu’elle a fait. Ce midi, elle n’était déjà plus là.  

- Je n’arrive pas à y croire. Elle a tout avoué ?, avait-il balbutié.  

 

Ryo avait lâché un rire amer…  

 

- Si seulement… Elle a nié, elle a pleuré et tout un tas de choses mais quelle crédibilité lui accorder face à l’évidence ?, avait-il répliqué.  

- La confiance que tu as en elle, Ryo., lui avait-il opposé.  

- Avais… que j’avais en elle. Ça fait bizarre de t’entendre la défendre. Ecoute, papa, je ne veux pas me fâcher avec toi et la journée a déjà été assez difficile… Si on pouvait parler d’autre chose, s’il te plaît…  

 

Il avait lui-même appris la nouvelle à Maya qui avait été choquée et Alejandro qui lui avait semblé blasé. Ryo s’était renfermé depuis ce jour et il était soulagé qu’il ne se soit pas dédit pour l’accueillir chez lui. Il était désolé pour Alejandro qui serait seul pour faire son voyage mais il voulait être là pour son cadet, connaissant sa capacité à intérioriser.  

 

Ayant fini, il se dirigea vers le séjour mais ne l’y trouva pas. Il jeta un œil dans les pièces du bas puis du haut, toquant à chaque fois pour ne pas pénétrer sans autorisation, et avisa l’escalier qui menait sur le toit. Il grimpa, ressentant la fatigue monter à ses efforts qui contraignaient son corps malmené, et poussa la porte en fer. Ryo était là, appuyé au garde-corps, et observait la nuit tokyoïte.  

 

- Je peux ?, lui demanda-t-il à voix basse.  

- Oui mais ne prends pas froid., s’inquiéta Ryo.  

- La vue est moins impressionnante que de ton ancien appartement mais elle est peut-être plus chaleureuse., apprécia Shin.  

 

On voyait moins loin mais on apercevait par moments du mouvement dans les appartements voisins, ce qui donnait moins cette impression de solitude.  

 

- Oui, c’est vrai. Ca fait moins tour d’ivoire., admit le propriétaire, pensif.  

- C’est bien protégé en tous cas. Tu as mis le paquet pour la sécurité., fit remarquer son tuteur.  

- C’est Mick qui a tout conçu. Kaori était encore la cible du Lotus Noir. Je voulais… Je voulais qu’elle puisse profiter de cet endroit en étant protégée., murmura Ryo.  

- Vous montez souvent ici ?  

- Oui, plusieurs fois par semaine même. On est même parfois venus en pleine nuit., se remémora le jeune homme.  

 

Le téléphone de Ryo sonna et il le sortit de sa poche.  

 

- Excuse-moi, je dois décrocher., s’excusa-t-il, s’éloignant.  

- Bonsoir, Kazue. Comment vas-tu ?, s’inquiéta-t-il.  

- Je… Je ne sais pas trop en fait. J’ai encore du mal à réaliser qu’il est parti., avoua-t-elle, la voix étranglée.  

- Je comprends., pipa-t-il.  

- Tu crois vraiment qu’il est parti avec elle ?, lui demanda-t-elle.  

- Je ne sais pas. Je n’ai pas croisé Kaori après le bureau., lui affirma-t-il, fermant les yeux.  

 

La culpabilité le reprit et il régna difficilement dessus.  

 

- Je préfère me dire que non même si je me doute que c’est le contraire. Pourquoi serait-il parti sinon ? Il pouvait démissionner s’il n’était pas d’accord avec toi mais de là à partir et me laisser… Ca ne peut être que pour elle., raisonna la juriste d’une voix étranglée par les larmes.  

- Je suis désolé, Kazue. Je ne pouvais pas prévoir., s’excusa-t-il, se sachant menteur.  

 

Il connaissait les sentiments de Mick pour Kaori, s’était persuadé qu’ils avaient viré à l’amitié mais avait toujours eu ce léger doute. Mick avait annoncé son intention de tenter sa chance avec elle et il avait pour avantage de ne pas avoir les mêmes blocages que lui. Il se secoua.  

 

- Tu… Tu as eu des nouvelles de…, lui demanda-t-elle malgré la colère qu’elle éprouvait.  

- Non… aucune., avoua-t-il.  

- D’accord. Je vais te laisser. Bonne soirée, Ryo., lui souhaita-t-elle.  

- A toi aussi. Essaie de dormir., lui dit-il, l’ayant aperçue la veille et lui trouvant l’air défait.  

- J’aimerais bien. Ce serait au moins quelques heures sans souffrance., ironisa-t-elle avant de raccrocher.  

 

Il soupira, comprenant très bien sa douleur, et son regard se perdit au loin au-delà de la ville. Une main sur son épaule le ramena au moment présent.  

 

- Ca va, mon fils ?, lui demanda Shin.  

- Oui.  

- Kazue, c’était l’amie de Mick, non ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui. Elle ne va pas bien. Elle se demande s’il est avec Kaori., lui expliqua Ryo.  

- Pourquoi il était amoureux d’elle ?, s’étonna le vieil homme.  

- Il a eu un coup de cœur mais je me suis déclaré avant. Peut-être… peut-être que ce serait mieux pour elle…, murmura son pupille, pensif.  

- Elle pourrait se marier et avoir des enfants sans se poser de questions sur sa volonté à lui., ajouta-t-il.  

- Je ne suis pas sûr qu’elle le voudrait avec un autre que l’homme qu’elle aime. Une femme qui était prête à renoncer à cela doit vraiment être amoureuse. T’en rends-tu compte, Ryo ?, l’interrogea Shin.  

- Je m’en rends compte. Ca a toujours rendu les choses compliquées entre nous., soupira-t-il.  

 

Son père acquiesça et, doucement, le ramena à l’intérieur. A la façon dont il s’appuyait sur lui, Ryo comprit qu’il était fatigué et l’amena vers sa chambre.  

 

- Tu ferais mieux de te reposer. Ne t’inquiète pas pour moi. Je m’en remettrai. Je m’en remets toujours., lui assura le dirigeant.  

- C’est ce que tu crois, Ryo. C’est aussi ce que j’ai longtemps cru aussi mais je finis par douter…, lui avoua son père, le regardant très sérieusement.  

 

Ryo ne sut quoi répondre et se contenta de fermer la porte derrière lui après un vague bonne nuit. Se tournant vers le couloir qui menait à sa chambre, il se demanda quoi faire et décida de descendre au salon plutôt que de s’enfermer dans une pièce qui lui rappelait beaucoup trop de choses et surtout accentuait son manque d’elle. Il avait bien du mal à s’endormir le soir. Il s’était habitué à dormir en la sentant contre lui, à la regarder endormie quand il n’arrivait pas à trouver le sommeil, vision qui l’apaisait. Il se rappelait les moments de tendresse et de passion qu’ils avaient vécus, leur emménagement, le jour où elle avait fait son défilé de maillots de bain avant qu’ils partent en vacances… C’étaient tous ces souvenirs et l’envie de les revivre qui rendaient les choses difficiles, le fait de savoir qu’après une longue journée, il n’aurait pas le plaisir de la tenir contre lui, de rire avec elle, de parler et partager avec elle.  

 

Il s’installa dans le divan et se laissa aller contre le dossier. Sa main se posa sur le livre sur la vie de la société qu’il avait laissé là la veille au soir. Malgré ce que ça pouvait évoquer pour lui, il le continuait. C’était un chemin qu’il avait entamé et qu’il voulait finir malgré tout. Elle avait réussi à l’appâter et il voulait garder ce lien-là même s’il était à double-tranchant. Il pouvait essayer d’occulter tout le reste pour rester debout le temps nécessaire mais, ça, il ne pouvait pas.  

 

Prenant une profonde inspiration, il ouvrit le manuscrit et reprit sa lecture. Il arrivait aux dernières années où sa famille avait dirigé la société. Après, la lecture serait plus facile, moins personnelle… Comme depuis quatre jours, il dut s’y reprendre à plusieurs reprises pour lire les premières lignes. Il y avait tant d’images qui remontaient en lisant les mots pris un à un. Il ne s’imaginait pas à ce point mordu. Il était un homme du monde, un homme qui avait vécu tant d’expériences, rencontré tant de femmes qu’il s’était cru préparé à tout.  

 

Il n’avait pas imaginé à quel point elle le marquerait, à quel point elle avait mis son empreinte sur sa vie et, pourtant, sa réaction dans le bureau avait été à la hauteur de la folie qui pouvait le prendre depuis elle. Elle l’avait changé complètement. Elle avait ouvert des portes en lui. Certaines étaient faciles à assumer : l’aimer, s’attacher à elle, sourire franchement à tout moment, se laisser aller. D’autres étaient beaucoup plus difficiles à traverser voire impossibles à franchir et se refermer même devant son nez, son reflet disparaissant derrière.  

 

Il avait eu tellement peur de la perdre qu’il pensait s’y être préparé. Il avait même déjà noté les raisons, le mariage, les enfants, le fait qu’il n’était pas prêt à tout pour elle. En fait, il s’était complètement planté. Il ne pouvait pas être prêt, jamais, la séparation était juste beaucoup plus difficile à supporter qu’il ne l’avait pensé. Il tourna la tête vers la fenêtre, vers l’appartement d’en face. Il sortit son téléphone et envoya un SMS à son amie, lui proposant de passer le lendemain en début d’après-midi avant de se concentrer de nouveau sur le manuscrit.  

 

- Tu ne vas pas te coucher ?  

 

Surpris, Ryo releva la tête et croisa le regard de Shin. Se demandant s’il n’avait pas passé la nuit, perdu dans ses pensées alors qu’il pensait lire, il regarda sa montre.  

 

- Minuit… Que fais-tu debout ?, l’interrogea-t-il, se levant.  

- J’avais soif. Et toi, que fais-tu encore debout ? Tu devrais être éreinté après cette semaine. Tu n’arrêtes pas au bureau, tu es venu tous les soirs à l’hôpital, tu dois affronter ta séparation…, énuméra Shin, venant s’asseoir là où il était précédemment.  

 

Ryo alla lui chercher un verre d’eau et revint, le lui tendant.  

 

- Je n’ai pas vraiment le cœur à dormir., admit-il, prenant place à ses côtés.  

- Quand j’ai perdu Pia, j’ai mis des mois à m’en remettre. C’était surmonter la douleur, les souvenirs, les images qui revenaient à tout moment, même les plus inopportuns et retrouver le sommeil… En fait, si je veux être honnête, ce n’était pas vraiment le retrouver, c’était surtout avoir le courage d’affronter les rêves., lui avoua Shin.  

- Je me suis absorbé dans le travail pour lutter puis dans ma relation avec la mère de Maya. Je me suis persuadé qu’elle me suffisait mais, si je pouvais revenir en arrière, je plaquerais tout et je braverais la guerre et le danger pour retrouver Pia. Avec un peu de chance, je serais arrivé à temps pour l’épouser et assister à la naissance de mon fils., ajouta-t-il, le regard perdu dans le vague.  

- Je ne regrette pas d’avoir eu Maya ni toi. Je regrette de ne pas avoir tout tenté pour la femme que j’aimais. Si tu aimes Kaori à ce point, si tu as le moindre doute sur sa culpabilité, tu dois tenter de faire la vérité et la retrouver. Vous êtes faits l’un pour l’autre. Je suis sûr qu’elle sera capable de te pardonner cette erreur de jugement., lui affirma le vieil homme.  

 

Ryo le regarda, ne sachant quoi répondre, face à cet aveu.  

 

- La vérité, je la connais., lui opposa-t-il.  

- Même sans cela, je l’aime comme je n’ai jamais aimé quelqu’un. Elle… elle est ma vie mais, si je l’aime, il est peut-être préférable pour elle que je la laisse tranquille. Lui demander d’abandonner ses rêves de mariage et d’enfants, c’est peut-être un peu trop cher à payer pour avoir le droit de m’aimer., fit-il, se frottant le visage.  

 

Il se mit soudain à rire sans aucune trace d’humour et ne se calma qu’au bout d’un moment.  

 

- Tu m’entends parler ? Je me dégoûte. Avoir le droit de m’aimer ? Pour qui je me prends ? Elle vaut bien mieux que moi. Je ne suis rien à côté d’elle. Je vaux des milliards de dollars, yens ou toutes les monnaies que tu veux mais je ne vaux rien. Elle m’a offert le monde et, moi, je ne suis pas fichu de dépasser mes a priori pour lui offrir le peu dont elle rêve., se fâcha-t-il.  

- Même maintenant ? Si tu la retrouvais, tu serais capable de le lui offrir ?, l’interrogea Shin.  

 

Ryo se leva et alla se poster face à la fenêtre, les mains dans les poches.  

 

- A quoi bon se poser la question ? Ca ne sert à rien de toute manière. Ce qui est fait est fait., soupira-t-il au bout d’un moment.  

- Réponds-moi malgré tout. Satisfais la curiosité d’un vieil homme…, l’incita Shin, le regardant du divan.  

- En partie… mais elle refuserait., répondit Ryo.  

 

Shin se leva à son tour et le rejoignit.  

 

- Pourquoi refuserait-elle ?, s’étonna-t-il.  

- Parce que ce ne serait probablement pas pour les bonnes raisons., répondit son fils.  

- Et quelles sont ces raisons qui ne seraient pas les bonnes ?, lui demanda Shin.  

- Tu as toujours autant le sens du phrasé., se moqua le jeune homme.  

- Et toi, toujours aussi désireux d’éluder les sujets sensibles…, lui retourna son père, moqueur.  

 

Ils rirent tous deux doucement avant de se taire.  

 

- Ma peur de la perdre. Elle refusera de m’épouser si elle pense que je le lui demande par peur de la perdre., finit-il par répondre.  

- Tu as dit « refusera » et non « refuserait ». Depuis tout à l’heure, tu parles au présent et non au passé. Tu as donc encore l’espoir de la revoir ?, lui demanda Shin, un sourcil levé.  

 

Ryo se tut un moment et fixa la nuit devant lui.  

 

- Il faut croire que je ferais bien d’aller me coucher. Si j’en oublie mes leçons élémentaires de grammaire…, fit-il, se retournant.  

- Et toi, tu ferais bien de retourner te coucher., lui conseilla-t-il.  

- Tu as raison. Tu ne reprends pas ton livre ?, lui demanda Shin, acceptant la fin de la conversation pour ce soir-là.  

- Il est aussi bien là. Je le continuerai demain., répondit le jeune homme, partant vers l’escalier.  

- Ca parle de quoi ?, l’interrogea son père, lui emboîtant le pas.  

- C’est l’histoire de la société. Tu sais, c’était la mission que j’avais confiée à… que je lui avais confiée., répondit-il.  

- Alors, elle s’en est bien sortie ?  

- Tu n’auras qu’à le lire. Tu me diras ce que tu en penses., conclut-il, le laissant à la porte de sa chambre.  

- Je le ferai. Essaie de dormir, Ryo. Tu en as besoin., lui conseilla son père, l’étreignant brièvement, soucieux.  

- J’essaierai., lui promit-il.  

 

Il le laissa et rejoignit sa propre chambre. Il regarda le lit anxieusement et alla se changer dans le dressing à moitié vide. Restaient toutes les tenues qu’elle avait acquises pour les besoins de son monde, un supplice à voir chaque matin mais, comme pour les cadres, il n’y avait pas touché. Il ressortit de là et se glissa dans le lit, fixant le plafond. Au bout d’un long moment, il se tourna sur le côté, fixant la place vide qu’elle avait occupée. En manque d’elle, il caressa les draps puis son oreiller avant de s’en saisir et d’en humer l’odeur.  

 

Laissant les souvenirs remonter, il ferma les yeux et le serra contre lui, s’endormant avec la femme qu’il aimait. 

 


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