Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 6 :: Chapitre 6

Publiée: 16-05-21 - Mise à jour: 16-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bon dimanche, bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 6  

 

Je reste un long moment sur le seuil à regarder la pièce et assimiler cette donnée : tout est normal sauf que rien n’est normal. Tu n’es pas là et tu ne reviendras pas avant… je ne sais pas en fait. Longtemps est certainement le plus approprié, le moins faux, le plus probable… Je me mets à rire face à mon propre état de désarroi. Face à cette pièce vide, je me sens plus seul que jamais. Pourtant, j’ai déjà vécu seul dans cet endroit et des moments de solitude, j’en ai eu beaucoup d’autres dans la jungle centraméricaine mais ce n’était pas pareil parce qu’avant toi, je n’avais jamais vécu avec quelqu’un aussi intensément, partageant non seulement des repas, des gestes du quotidien mais aussi toute une série de choses intangibles qui nous lient plus que tout aujourd’hui.  

 

Un coup de klaxon dans la rue me sort de ma léthargie et je me décide enfin à avancer, fermer la porte et accepter ce temps défini sans vraiment l’être où je vivrai sans toi chez nous. Sans grand entrain, je défais ma veste, mon holster et les pends dans le placard de l’entrée. Je sors machinalement le papier de l’infirmière de ma poche intérieure et prends ton sac à main avant d’aller m’asseoir à la table du séjour. Ma main se fait fébrile quand je l’ouvre, transgressant ce petit morceau de jardin secret. Ce n’est qu’un sac à main, me dis-je, mais je me suis toujours demandé ce que tu y mettais. Tes massues peut-être, quoique je n’espère plus en trouver maintenant. D’ailleurs, Mary Poppins, il faudra que tu m’expliques un jour comment tu faisais pour rentrer des trucs si gros dans un endroit si petit.  

 

Je pars soudain dans un fou-rire irrépressible, me souvenant du jour où nous avons commencé à fouler le terrain de l’intime entre nous. Tu venais de me surprendre sous la douche où je m’attardais plus qu’à l’accoutumée. Tu as commencé par te fâcher en me disant que tu n’étais pas le seul à devoir te préparer, que j’allais encore une fois utiliser toute l’eau chaude…  

 

- Tu pourrais penser un peu plus à moi !, as-tu conclu, les poings sur les hanches, ton regard de feu dardé sur moi.  

- Penser un peu plus à toi ? Ca n’arrangera pas mon problème… ni le tien., t’ai-je répondu d’une voix sourde alors que la vue de tes deux prunelles en feu, tes joues rouges de colère et tes deux petites perles framboisées amplifiait la cause de mon passage prolongé sous la douche.  

 

On avait juste passé une nuit ensemble, une nuit très chaste, juste serrés l’un contre l’autre, apaisant nos cœurs malmenés pendant l’attaque du général Kreutz. Une nuit, c’était tout ce qu’il m’avait fallu pour ne plus vouloir ignorer tout ce que je savais déjà : nos corps qui s’imbriquaient comme s’ils étaient faits l’un pour l’autre, ton odeur aussi enivrante qu’apaisante, la chaleur douce de ton corps qui imprégnait le mien, la douceur de ta peau sous mes doigts. Une nuit, c’était mieux que les brèves étreintes que nous avions déjà échangées. J’avais aussi expérimenté d’autres choses cette nuit-là : la sensation de ton souffle chaud et régulier sur mon torse, les petits marmonnements que tu émets parfois en dormant quand quelque chose te travaille et le plaisir de pouvoir t’apaiser dans ces moments-là, le bonheur de savoir que je me réveillerai à tes côtés le lendemain matin.  

 

C’était en repensant à tout cela en prenant ma douche que j’ai fait mokkori et celui-là avait bien du mal à passer pour une fois, peut-être parce qu’il savait qu’il pourrait enfin avoir le champ libre avec toi, que ce n’était qu’une question de temps. Peut-être aussi que je ne tenais pas tant que cela à le réprimer… Et tu es arrivée avec tes gros sabots, as ouvert le rideau de la douche que j’ai retenu juste à temps pour cacher mon émoi et me fixais de tes grands yeux luisants de cette flamme que je rêvais de voir dans d’autres moments. J’ai poussé un grognement en sentant mon sang affluer un peu plus vers cette partie de moi qui fusionnerait un jour avec toi, gonflant un peu plus sous ma main.  

 

- Je dois me doucher, Ryo., as-tu insisté.  

- Je t’en prie, il y a de la place pour deux., t’ai-je répondu, lâchant le rideau.  

 

Forcément, ton regard a été attiré par le mouvement et la rougeur de tes joues s’est accentuée en voyant que j’avais non pas la main dans le sac mais au panier… bien dressé. Je t’ai vaguement entendue bafouiller puis tu es partie, fermant la porte. Je n’ai cependant pas entendu l’autre porte se fermer et je savais que tu étais juste de l’autre côté, luttant probablement contre ta timidité et ce que des années de disgrâce avaient pu imprimer en toi. Ca n’a pas duré longtemps cependant avant que la porte ne s’ouvre à nouveau et que tu réapparaisses, te mordillant nerveusement la lèvre.  

 

- Je ne te forcerai à rien., t’ai-je dit, comprenant ton besoin d’être rassurée.  

- Je sais mais je… Comment te dire…, m’as-tu répondu, embarrassée.  

- Tu n’as jamais partagé une douche avec un homme ?, ai-je suggéré avec délicatesse.  

- Avec mon frère à la piscine quand j’avais six ans. Ca compte ?, as-tu osé me répondre, me faisant sourire.  

- La cuisine, le divan, l’ascenseur, peut-être non plus alors…, ai-je ajouté, te voyant faire les yeux ronds.  

 

J’aurais presque pu rire si je n’avais été à ce point tendu que je devais absolument maîtriser la situation pour ne pas que ça dérape. Je dessinais doucement les contours de ce que tu essayais de me dire et je n’arrivais à croire que Mick ait pu viser si juste. Pourquoi, Kaori, et pourquoi moi ?  

 

- Non…, as-tu soufflé, déglutissant avec peine.  

- Tu n’as jamais eu de rapports intimes avec un garçon ni un homme, n’est-ce pas ?, ai-je fini par conclure.  

- Non.  

 

Comment aucun homme n’avait pu s’intéresser à toi ? Je ne m’en plaindrais pas mais comment est-ce possible qu’aucun n’ait vu ce qu’il y avait en toi, cette beauté que tu cachais tant bien que mal, qu’aucun n’ait su toucher ton cœur au point de toucher ton corps ? Pourquoi m’accordais-tu ce droit alors que je ne le méritais pas ?  

 

- Tu peux rester là à me regarder si tu en as besoin ou venir me rejoindre si tu en as envie ou partir. On n’ira pas plus loin que ce que tu es prête à vivre. On a le temps, Kaori. Tout le temps du monde., t’ai-je assuré, tirant le rideau pour te laisser décider tranquillement, laissant juste une légère ouverture pour te faire comprendre que l’invitation était réelle.  

 

Je le pensais vraiment, je le pense encore même si nos plans sont contrariés pour le moment. Aussi ai-je été surpris lorsque le rideau s’est écarté et que tu es apparue totalement nue et complètement nerveuse, les mains protégeant ton intimité. Tu avais battu une partie de ta timidité pour faire un geste vers moi mais tu avais tes limites. Je les comprenais, les respectais et ne t’en aimais que plus.  

 

- Viens, mets-moi devant moi et tourne-moi le dos le temps de t’habituer., t’ai-je proposé.  

 

En fait, c’était nous deux que j’habituais parce que la vue que j’avais eue avait transporté mes sens au-delà de tout ce que j’imaginais. J’avais eu des tas de femmes entre mes bras, toutes très mokkori au demeurant, très bien dotées, très expérimentées, très aguicheuses parfois, des femmes qui savaient pourquoi on était là et ne s’en offusquaient pas. La femme devant moi n’était pas là pour passer un bon moment et s’en aller quand on aurait fait notre affaire. Elle était là pour un moment de partage qui ponctuerait notre relation. Ton regard empli d’innocence et de confiance en moi alors que tu te mettais en danger plus que jamais changeait toute la donne. Je savais que, si je foirais, je te marquerais pour le restant de tes jours. Je réalisais en même temps que, si je foirais, je me marquerais pour le restant de mes jours. Parce que tu comptais pour moi comme je comptais pour toi, parce que nos rapports ne seraient pas sexuels mais intimes, pas un moment de prouesse physique mais de partage. Je ne suis jamais senti aussi fragile. Je ne me suis jamais senti aussi puissant.  

 

- Tu as froid ?, t’ai-je demandé.  

 

Je venais de prendre mon courage à deux mains et de poser la main sur ton épaule, pour le plaisir de te toucher et parce qu’il fallait bien qu’un de nous fasse le premier geste. Je t’ai sentie frissonner alors que l’eau chaude courait sur ta peau qui se hérissait.  

 

- Non… Tu… Tu veux… me savonner ?, m’as-tu alors proposé.  

 

Je me doutais que ça t’avait coûté et, un court instant, j’ai failli sortir de là tellement je craignais de ne pouvoir me maîtriser. Je suis resté et j’ai pris le gel-douche. J’avais comme l’impression que tout se passait au ralenti et je me disais que je fantasmais peut-être à nouveau, que tout ce qui s’était passé depuis la veille n’avait en fait jamais eu lieu, que je sentirai juste le grain de ma peau au lieu du tien… Veloutée, une peau veloutée glissait sous mes doigts et j’ai rouvert les yeux que j’avais fermé sans m’en rendre compte pour constater que tu étais bien là, ta crinière rousse humide, des mèches se collant dans ton cou, ton dos dénudé que je parcourais en sentant ta respiration tendue, m’arrêtant à la lisière de ta chute de reins. Serait-ce aller trop loin ?, me demandais-je. Je suis remonté, j’ai parcouru tes bras jusqu’à sentir tes doigts attraper les miens et les serrer brièvement.  

 

Doucement, tu les as entraînés devant, remontant jusqu’à ton cou. Tu as reculé d’un pas et t’es collée contre moi, posant ta tête contre mon épaule, le visage légèrement en arrière. Tes yeux ont croisé les miens et j’y ai lu toute ta confiance et ton bien-être… ta surprise aussi quand tes fesses se sont posées contre mon sexe durci. J’aurais pu exploser à ce moment-là mais quelque chose m’a retenu. Etaient-ce tes mains qui venaient de m’amener sur ta poitrine, tes lèvres qui s’étaient écartées en un appel muet pour que je les prenne ou la lueur instinctive d’appréhension ?  

 

Je ne sais pas mais l’homme a pris le pas sur l’amant. Mes mains ont poursuivi leur voyage en se posant sur ton ventre, je t’ai embrassée avec tendresse pour te montrer que, malgré l’envie que j’avais de toi, j’étais encore capable de me contrôler, que ta confiance n’était pas déplacée, que je pouvais t’aimer sans te baiser. D’ailleurs, je ne t’ai jamais baisée même si nos étreintes sont parfois très sauvages. Même à ces moments-là, il y a quelque chose de différent, un geste, un regard, un mot qui change tout.  

 

- J’ai peur, Ryo. C’est peut-être idiot mais j’ai peur., m’as-tu confié alors.  

- De quoi ? Que je ne sache pas te satisfaire ?, t’ai-je demandé.  

- Quoi ? Non ! C’est plutôt moi qui m’inquiéterais de cela., t’es-tu offusquée, te retournant dans mes bras.  

- C’est moi qui suis totalement inexpérimentée.  

- Alors de quoi as-tu peur ?, ai-je poursuivi, t’enlaçant et mettant en contact nos intimités.  

- Ca…, m’as-tu dit, pointant le doigt vers le bas.  

- Tu… Tu es plutôt bien doté…, as-tu bafouillé, rougissante.  

- Kaori, crois-moi, la nature est bien faite. Tout est question d’envie, de préparation et de confiance. Je ne peux pas te promettre une première fois indolore mais après, ça ira, tu verras., t’ai-je assuré.  

 

Ton regard circonspect m’a fait sourire mais, un an plus tard, je sais que j’avais raison. Je t’ai juste demandé de nous faire confiance pour trouver le bon moment pour passer à l’acte, de ne pas penser qu’il y avait d’urgence et, après un instant, tu m’as souri et embrassé, m’offrant tacitement ton accord, avant de me laisser seul dans la douche pour calmer le brasier allumé. J’aurais bien aimé un petit coup de main mais il était encore trop tôt pour toi.  

 

Me calmant enfin, j’ouvre ton sac et prends ton portefeuille. Ca me fait tout drôle de fouiller dans tes affaires. C’est bizarre comme certaines choses prennent un tout autre relief selon les circonstances. Je ne me posais pas autant de questions en fouillant dans ta lingerie avant… Ma seule inquiétude était que tu me trouves et m’écrabouilles sous une de tes massues… quoique je ne sais pas si c’était vraiment une inquiétude ou un désir refoulé. Est-ce l’heure qui me pousse dans de telles considérations ou est-ce juste un subterfuge pour oublier le reste ? Concentre-toi, Ryo. Tu dois rassembler ces documents et toutes ces petites choses dont Kaori pourrait avoir besoin. J’entrouvre les différentes pochettes et trouve ta carte d’identité dans la dernière.  

 

- Qu’est-ce que…, murmuré-je en prenant le bout de papier qui est sorti en même temps.  

- Argh Kaori… Tu n’aurais pas pu en trouver une meilleure., grommelé-je avant de sourire, attendri.  

 

Tu as une photo de moi dans ton portefeuille et, à en juger les bords légèrement cornés, le blanc un peu jauni, elle date d’un moment déjà. Il n’y a que toi pour garder une photo d’un type au visage de pervers. Tu ne pouvais pas en choisir une autre ? Je suis persuadé que, depuis toutes ces années, tu aurais pu en trouver une meilleure. Je devrais peut-être t’en mettre une autre à la place. Mes pensées dérivent sur mon propre portefeuille et la photo que j’y cache de toi et je remets l’image à son emplacement. Je ne voudrais pas changer ma photo pour une plus belle. Elle représente plus que ce qu’elle présente visuellement.  

 

Je ne me suis pas trompé et je referme ton sac en ayant tous les papiers que je pensais y trouver te connaissant. Il ne me reste qu’à aller voir dans les quelques papiers que tu ranges encore dans ton ancienne chambre. C’est une autre épreuve, pas la dernière malheureusement, dans cet appartement. Il faut que j’aille au principal pour que ce ne soit pas trop pénible. J’aurai encore bien le temps d’affronter tout ce qui me ramène à toi. Sans trop de difficulté, je trouve le dernier document dont j’ai besoin et me retourne pour sortir de la chambre quand je vois une touffe de poils noirs émergeant de sous ton ancien lit.  

 

Je m’approche et attrape la chose, sortant de sa cachette ta poupée Ryo. Ce n’est pas très ressemblant, me dis-je en nous comparant dans le miroir de ton armoire mais je suppose que la pauvre chose en a su et entendu beaucoup plus que moi à une époque. Elle a dû prendre cher aussi à en croire les nombreux rafistolages, à croire que seuls les êtres sans défense et animés avaient le droit à ta mansuétude… Est-ce l’une des choses que je devrais te ramener à l’hôpital ? Je souris légèrement et la remets sous le lit. Un peu trop encombrant, je pense.  

 

Je redescends et rassemble le tout sur la table avant de me diriger vers le placard de l’entrée. J’y ai vu une écharpe tout à l’heure et ça m’a fait penser à l’écharpe jaune que je t’avais offerte en catimini une année. Je sais que tu la portes avec plaisir et ton regard porte toujours cette lueur quand il croise le mien. Tu ne m’as jamais dit « merci » comme je ne t’ai jamais dit « c’est pour toi ». On sait, c’est tout. L’humant un instant, je vais la poser à côté des papiers avant de monter quatre à quatre dans la salle de bains. Tu te parfumes peu mais je connais tes deux parfums préférés et je les attrape, ne m’attardant pas sur le reste. Je dois filer dans notre chambre récupérer la dernière chose à laquelle je pense : le cadre-photo. Ca va me manquer mais tu en as plus besoin que moi.  

 

Arrivé devant la porte, je carre les épaules et fixe mon regard vers l’endroit où se trouve l’objet convoité avant même de pénétrer dans mon antre. Les yeux rivés sur l’image où tu resplendis de bonheur, je traverse la chambre sans rien regarder d’autre, évitant la douleur, le manque, la culpabilité pour encore un temps, attrape le cadre et ressors de là. Debout devant la table de la salle à manger, j’observe ce que j’ai amassé, réfléchissant à ce qui pourrait s’y ajouter mais je ne vois rien d’autre. Il y aurait bien ta bague mais je ne prendrai pas le risque qu’on te la vole : ça te ferait trop mal au cœur.  

 

Soudain, j’entends frapper à ma porte et mon ami américain entre.  

 

- Je ne fais que passer., me dit-il de suite, s’apprêtant certainement à essuyer mon courroux pour venir déranger l’ours blessé que je pourrais être.  

 

Blessé, je le suis mais je n’ai nulle envie de me défouler sur lui. Toute cette recherche a fait remonter beaucoup de choses en moi et cette bouffée d’air qu’il m’apporte en me sortant de mon isolement me fait un peu de bien.  

 

- Entre.  

- J’ai vu que la lumière était encore allumée. Je suis venu voir si tu avais besoin de quelque chose, un coup de main ou discuter., me propose-t-il amicalement.  

- Qu’elle se réveille… mais il faudra encore attendre un peu, je suppose., plaisanté-je sans réelle joie.  

- Il semblerait. J’ai mis un temps à réaliser que c’était un miracle qu’elle était encore en vie après que Kazue m’ait éclairé sur toutes ses blessures., m’avoue mon ami.  

- Oui, c’est ce qu’on n’arrête pas de me dire. Moi, je me dis simplement que c’est Kaori, qu’elle est forte et qu’elle peut le faire. Je déteste le regard du médecin ou des infirmières quand ils la réaniment. J’ai l’impression d’être un monstre, qu’ils la sous-estiment. Elle peut le faire., dis-je avec conviction.  

- C’est Kaori. Elle est capable de beaucoup de choses., me confirme Mick, me soulageant.  

 

Ca fait du bien d’entendre de sa bouche ces mots qui confirment mon intime conviction.  

 

- Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi aujourd’hui. Kazue était à la clinique et on sait tous les deux comment on ressasse parfois quand on a trop de temps pour penser. Je crois que j’aurais fait le même choix que toi mais peut-être plus parce que j’ai trop peur de la perdre., admit-il.  

 

Je le regarde un instant, un peu surpris par sa confession sur le coup. Il soutient mon regard sans faillir, ne se sentant pas du tout mal à l’aise de son aveu.  

 

- Moi aussi, j’ai peur de la perdre. Je ne suis pas prêt à vivre sans elle., réponds-je à la question non formulée.  

 

Cet aveu m’aurait coûté il y a encore un an, peut-être encore la dernière fois qu’on s’est vus avant l’accident mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, je ne me sens pas faible d’admettre que je dépends de toi comme de l’air que je respire. Que je respire mal actuellement… Je me sens oppressé, à la limite de l’asphyxie, et je sais que c’est principalement dû au fait que je ne peux pas être à côté de toi. Comment vas-tu ? Fais-tu une nouvelle frayeur au personnel médical ? Tes constantes s’améliorent-elles ?  

 

- Tu n’auras pas à le faire, j’en suis persuadé, mais, en attendant, n’hésite pas à nous demander de l’aide si tu as besoin… On est aussi là si tu veux parler., me dit-il.  

- J’ai trouvé une vieille photo dans son portefeuille., laché-je d’un coup.  

 

Je ne sais pas pourquoi je lui en parle. C’est sorti tout seul.  

 

- Un ancien petit-ami ?, me taquine-t-il.  

- Non, une vieille photo de moi en mode pervers. Je ne comprends pas pourquoi elle garde cette photo. En fait, non, je comprends mais pas les raisons qui ont fait que c’était cette photo-là., avoué-je.  

- Je ne vois même pas quand elle l’a prise parce qu’elle avait plutôt tendance à m’écrabouiller qu’à me photographier dans ces cas-là.  

- Ca me rappelle une histoire qu’elle m’a racontée. Une histoire relative à son adolescence où elle a suivi un homme…, commence-t-il, me lançant un regard scrutateur.  

 

Je connais cette histoire. Je me la rappelle parfaitement et, même si je n’avais pas fait le lien sur le coup, je l’ai rapidement fait quand on s’est rencontrés à nouveau quelques années plus tard. Cette photo daterait de ce moment-là, de notre toute première rencontre… mais pourquoi avoir choisi cette photo-là en particulier ? Ne me dis pas… Je ne peux pas croire que tu étais tombée amoureuse de l’homme que tu avais rencontré ce jour-là. Je ne t’avais clairement pas montré le meilleur de moi-même : j’avais été pervers, violent, sans pitié, désintéressé, au moins en apparence… parce que déjà ton courage et ta ténacité m’avaient impressionné.  

 

- Si tu le dis…, lancé-je, voyant mon ami ricaner légèrement.  

- Bon, je vais te laisser. Tu as certainement besoin de dormir un peu., me dit mon ami.  

- Oui… si j’y parviens.  

- Elle est forte, Ryo., m’assure-t-il.  

- Je sais. Merci d’être passé, Mick.  

 

Je le raccompagne à la porte avant de fermer la lumière et de monter à l’étage. Je n’ai plus rien à faire ici. Je pourrais manger mais je n’ai pas faim. Je suis trop crevé pour cela même si je suis sûr que je ne fermerai pas l’œil de la nuit mais, en revanche, j’ai bien besoin d’une douche avant d’aller me coucher.  

 

Je retourne dans la salle de bains et tout ce que j’ai su ignorer tout à l’heure me revient à la figure maintenant. Je ne peux ignorer les serviettes pliées à ta manière, ton peignoir accroché à la patère que j’attrape et porte à mon nez. Combien de fois t’ai-je vue avec et imaginé ce qu’il y avait en dessous ou te l’enlever ? Combien de fois te l’ai-je effectivement retiré ? La semaine dernière encore à deux reprises, tu n’as pas eu le temps de protester, si tu en avais eu envie, qu’il tombait à terre alors que je te hissais sur le plan de travail pour te caresser, goûter la douceur de ta peau, sentir ton odeur alors que tu venais de sortir de la douche. Ca n’a pas été plus loin, mon seul plaisir résidant en ces petites choses ces jours-là. D’autres, tes cris ont fini par emplir la pièce exiguë.  

 

Même dans la cabine de douche, je dois affronter la vue de nos deux gels-douches côte à côte et j’attrape le tien. J’ai besoin d’un peu de toi sur moi. J’ai peur de faire une connerie sinon, du genre prendre la panda et aller te rejoindre à la clinique. Saeko a raison : je serais capable de me faufiler dans les couloirs et arriver à tes côtés. Mais je n’ai pas envie d’attirer l’attention sur toi ni d’être interdit de te voir et il faut que je reste raisonnable. Donc je te retrouve là où je peux. Ton gel-douche fera l’affaire. Ca me donnera un peu l’impression d’être avec toi. Peut-être que ça me leurrera suffisamment pour finalement fermer l’œil.  

 

Bien évidemment, je n’échappe pas au flot d’images qui naissent dans cet endroit que nous avons été loin de laisser vierge de toute histoire. Que de rires partagés ici, de soupirs et gémissements, de tendresse, de petits gestes et regards quand on se retrouvait à deux dans cette salle de bains, parfois exactement au même endroit, parfois chacun d’un côté du rideau de douche. Je t’ai vue rougissante, espiègle, détendue, gênée. Tu t’es faite innocente ou tentatrice, amante ou amoureuse… Mon cœur se serre en repensant à tous ces moments et je sais que ce n’est pas le pire moment. Le pire sera certainement celui qui viendra après.  

 

Je sors de là et enroule une serviette autour de mes reins avant de faire face à mon reflet dans le miroir. J’ai une sale tête, des cernes sous les yeux, un bleu à la tempe, quelques égratignures. Mon regard descend sur son torse et je grimace avant de me tourner pour voir l’état de mon dos. Ce n’est pas joli joli mais soudain, ce sont les images de ton corps mutilé qui apparaissent devant mes yeux et, à côté, mes bobos, ce n’est rien. Malgré tout, je les désinfecte patiemment avant de me raser. Il est hors de question que je risque une infection qui m’empêcherait de venir te voir.  

 

C’est fait. Je suis frais et propre, en pantalon de pyjama. Le moment est venu pour moi d’affronter le dernier endroit, celui que j’ai ignoré tout à l’heure d’une certaine manière en ne voulant y voir que ce que j’étais venu y chercher. J’avance dans le couloir, les pieds portant des semelles de plomb. Je m’arrête sur le seuil, une main sur le bâti de la porte. Je reste un long moment à observer l’endroit avant de pénétrer dans la pièce. Je me glisse dans les draps et retrouve ton odeur. Malgré le manque que crée ton absence, je ferme les yeux, me préparant à voir arriver les images de nos nuits ensemble.  

 

- Rira bien qui…, entends-je, fronçant les sourcils.  

 

Ces mots… Ce sont les derniers que tu as prononcés avant… Je me crispe en entendant le bruit de tôle froissée qui a suivi. Ce n’est pas un flash-back de nos nuits que je vis mais de l’accident et je me redresse brusquement, le souffle court, en sueur. L’angoisse m’étreint le cœur et je bondis hors du lit, attrapant mon téléphone. Je compose fébrilement le numéro du service des soins intensifs en faisant les cent pas.  

 

- Décrochez…, imploré-je.  

- Service des soins intensifs, bonsoir., entend-il enfin.  

- Bonsoir. Je suis Ryo Saeba. Je voudrais des nouvelles de ma femme, Kaori.  

 

Ma voix est tendue, douloureuse aussi et j’ai l’impression d’étouffer tant je suis inquiet. J’ai vécu ce flash-back comme un mauvais présage. J’ai besoin de savoir que tu vas bien. Comme confirmant mon pressentiment, j’entends le blanc au bout du fil, la main mal posée sur le micro et les chuchotements précipités.  

 

- Monsieur Saeba, Je suis Mademoiselle Yoshi. Kaori vient de faire un arrêt mais elle est repartie. Je reste avec elle. Essayez de vous reposer. Je m’occupe d’elle., m’informe-t-elle d’une voix douce.  

- Je veux venir., lui dis-je d’une voix urgente.  

- Non, ce n’est pas possible, Monsieur Saeba. Elle va bien et on vous tient au courant. Vous devez dormir… pour elle., me répond-elle d’une voix déterminée.  

- Je… Très bien., murmuré-je.  

 

Je la remercie et raccroche. Je regarde notre lit et sais que je ne trouverai pas le sommeil. C’est impossible alors que je sais que tu te bats encore contre un ennemi acharné et insidieux. Deux heures du matin… encore huit à tirer. Je descends dans le salon et prends mon magnum et ton arme. M’installant dans le canapé, je les démonte toutes les deux tour à tour et les nettoie. Je prends tout mon temps, essayant d’y trouver un certain apaisement, chose bien difficile. Ayant fini beaucoup trop vite, je descends à l’armurerie et passe en revue toutes nos armes.  

 

Le petit matin arrive lorsque je remonte à l’appartement. Je n’ai pas faim mais je me force malgré tout à préparer un petit déjeuner que j’avale sans grand entrain avant d’aller me doucher et m’habiller. Insérant mon magnum dans le holster, je me regarde dans le miroir. Pour les prochaines heures à venir, j’ai endossé mon costume de nettoyeur. Je vais aller faire le tour de mes indics, arpenter les rues de Shinjuku, faire acte de présence avant que ça ne commence à jaser. Je dois te protéger. Je suis prêt à partir quand je sens une présence approcher. Je fronce les sourcils, n’ayant pas vraiment à cœur de me prêter à un jeu sans intérêt pour moi pour le moment.  

 

- Que veux-tu ?, demandé-je, ouvrant la porte avant même qu’on ait toqué. 

 


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