Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Qu'est-ce qu'une fanfiction NC-17 ?

 

Un fanfiction NC-17 est interdite aux moins de 18 ans. La violence est autorisée, et les scènes d'amour peuvent être descriptives. Le contenu peut être considéré comme strictement réservé à un public adulte. La façon de percevoir ce genre de choses reste subjective, donc certains seront plus vite choqués que d'autres. Nous essayons de respecter certaines limites pour les f ...

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 7 :: Chapitre 7

Publiée: 23-05-21 - Mise à jour: 23-05-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de cette histoire. MErci pour vos commentaires qui font chaud au coeur^^. Bon dimanche et bonne lecture.

 


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Chapitre 7  

 

Devant moi, se tient Reika, toujours aussi séduisante et sûre d’elle, l’une des deux miss « j’arrive avec mes gros sabots et les emmerdes. » comme tu m’as avoué surnommer parfois les deux aînées Nogami. J’ai l’habitude de rentrer dans le jeu qu’on a commencé il y a des années sachant que, malgré toutes leurs entourloupes, chaque mission qu’on a faites pour elles a été utile. Tu le sais aussi mais tu apprécierais un peu plus de franchise de leur part pour au moins ne pas nous retrouver face à des difficultés imprévues.  

 

- Je ne sais pas ce que tu veux, Reika, mais je n’ai pas le temps de te rendre service., lui dis-je assez sèchement.  

- Bonjour à toi aussi, Ryo., me répond-elle, entrant chez nous sans y être invitée.  

 

Je pousse un long soupir de frustration, lève les yeux au ciel mais finis malgré tout par refermer la porte et la rejoindre.  

 

- Oui, bonjour mais ce n’est pas le bon jour, Reika. Si tu veux bien t’en aller et revenir… dans un long moment, je t’en serais gré.  

 

Je sais que je suis grossier et un peu sec mais ce n’est déjà pas le genre de chose qui me tracasse d’habitude et ça l’est encore moins aujourd’hui. J’ai à faire, beaucoup de choses à faire et, après mon appel au service cette nuit, il me tarde de te retrouver et personne ne se mettra sur ma route, même pas une amie, aussi mokkori soit-elle.  

 

- Pourtant, on aurait tout le temps de se rapprocher, toi et moi. Je n’entends pas Kaori., me fait-elle remarquer, posant un regard aguicheur sur moi.  

 

Je la vois s’asseoir sur le canapé, croiser les jambes, laissant sa cuisse largement apparaître. Elle laisse courir ses doigts sur la peau dénudée, lissant le tissu de sa jupe sans le remettre pour se couvrir. Elle attend que je passe en mode pervers, je le sais, mais la déception sera peut-être au rendez-vous… pour elle.  

 

- Tu peux ranger le matériel, Reika. Je ne suis pas intéressé., lui fais-je savoir.  

- Que veux-tu ? Quel service vas-tu encore me demander de te rendre ?  

 

Elle me regarde, me jauge et finit par se lever, s’approchant de moi. Je sens qu’elle laisse tomber sa pièce et j’attends de voir, l’impatience grandissant en moi à la vitesse grand V.  

 

- Alors Saeko disait vrai cette nuit. Kaori et toi, vous êtes vraiment en couple., constate-t-elle.  

- Si tu ne voulais que tester les mots de ta sœur, il suffisait de me poser la question. Nous sommes en couple effectivement et, si elle ne te l’a pas dit, tu dois savoir que Kaori est à l’hôpital et que c’est grave. Je n’ai pas de temps actuellement de te rendre un petit service., lui réponds-je, impatient.  

- Je n’arrive pas à y croire. Tu ne cessais de la dénigrer et de la mettre plus bas que terre.  

- Je sais que j’ai été nul avec elle mais ça ne change rien au fait qu’elle et moi sommes ensemble, depuis un an même, et que je n’ai aucune intention de la quitter, surtout pas maintenant. Reika, je dois y aller., lui redis-je, pas loin de devenir vraiment grossier et de la foutre à la porte.  

- Comment va-t-elle ?, me demande-t-elle.  

 

Je réprime un soupir d’agacement alors que cette discussion s’éternise beaucoup trop à mon goût.  

 

- Comment crois-tu qu’elle va ? Elle est polytraumatisée. Ils lui ont fait un trou dans le crâne, elle a les quatre membres fracturés, le bide ouvert, le foie et la rate en vrac, deux trous dans le thorax. Ah et j’allais oublier le nez cassé, une multitude de coupures et d’hématomes et quelques litres de sang en moins. Je ne compte même plus le nombre d’arrêts cardiaques qu’elle a déjà faits, cette nuit encore.  

 

Je m’arrête, me rendant compte que je suis en colère et me lâche sur Reika qui n’y est pour rien.  

 

- Excuse-moi. Je suis désolé d’avoir été un peu agressif., me reprends-je.  

- Je me demandais quand j’allais y avoir droit., affirme-t-elle, me souriant.  

 

Je n’y comprends pas grand-chose à vrai dire. Suis-je trop épuisé ou complètement à la ramasse peut-être ?  

 

- Tu es plutôt protecteur avec elle depuis toujours malgré tout ce que tu lui dis. On s’est déjà prises quelques engueulades quand on l’a mise en danger, Saeko et moi, alors j’attendais un peu de te voir sortir de tes gonds face à la situation., m’explique-t-elle, amusée.  

- Ok. Maintenant que c’est fait, tu peux t’en aller. Je n’ai pas le temps de te rendre service en ce moment., lui dis-je, me dirigeant vers la porte.  

 

Je l’ouvre et lui fais signe de s’en aller. Je n’ai pas le temps d’argumenter et d’attendre qu’elle se décide à partir. J’espère que mon air fermé suffira mais elle ne se presse pas pour me rejoindre. Elle s’arrête devant moi et referme la porte, affichant un air déterminé.  

 

- Reika… je n’ai pas le temps., grondé-je, me contenant difficilement de la saisir par le bras et de la jeter dehors.  

- J’ai saisi le concept. Je ne suis pas venue te demander de me rendre service. Je suis venue te rendre service., me propose-t-elle.  

 

Je reste baba. Pour le coup, je suis scotché, bluffé, époustouflé… Reika Nogami me propose son aide. Me revient en tête tout notre passé et je fronce les sourcils.  

 

- La place de Kaori n’est pas à prendre., lui opposé-je.  

- Je ne veux pas de sa place. J’ai mon business qui tourne bien. En fait, pour être exacte, je ne veux pas définitivement de sa place. Je ne veux que te filer un coup de main le temps qu’elle puisse revenir. Aller au tableau, rencontrer les clients, décider si tu prends l’affaire ou non… Te soulager un peu et t’aider à garder la face., me propose-t-elle.  

 

Je l’observe un moment et réfléchis à la vitesse de l’éclair. Sa présence pourrait remplacer la tienne. Avoir une autre femme qui serait proche de moi pourrait expliquer ton absence qui se remarquera forcément. On pourra toujours prétexter avoir une aventure même si ce ne sera pas le cas.  

 

- Je n’aurai pas d’aventure avec toi., lui dis-je, voulant que les choses soient claires entre nous.  

- J’ai compris. Ca fait longtemps même. Tu es plutôt du genre coriace quand il s’agit de ne rien montrer de tes sentiments… même si c’était clair pour tous vos proches… sauf qu’on n’a rien vu de votre histoire…, réplique-t-elle, se mettant à rire légèrement.  

 

Malgré moi, je ris un instant avec elle avant de me reprendre. Je ne peux pas rire alors que tu es allongée sur un lit d’hôpital. Je ne peux pas… Je sens une main sur mon avant-bras et lève les yeux vers la jeune femme brune face à moi.  

 

- C’était un accident, Ryo. Même si tu ne devais pas passer par là, ce n’était qu’un accident., me dit-elle.  

 

J’entends mais je n’ai pas envie de l’écouter. Je suis en colère et j’ai besoin de canaliser ce sentiment sur quelqu’un ou quelque chose. Ce n’est qu’un accident. Je pourrais blâmer les autres conducteurs mais je n’y arrive pas. Ils n’y sont pour rien… comme moi, me dirais-tu. Sauf que moi, je suis sensé te protéger et je n’ai pas su. J’avais tout prévu, Kaori, tout prévu sauf que le danger pouvait venir d’ailleurs. Ca met toutes mes certitudes à mal et c’est peut-être ce que j’ai le plus de mal à gérer.  

 

- Je dois y aller, Reika., éludé-je.  

 

Je ne suis pas prêt à affronter tout cela. La colère a parfois ses bons côtés. Elle donne des béquilles pour se tenir droit quand on pourrait s’effondrer et, pour l’une des rares fois de ma vie, je me sens non loin de m’effondrer. Je ne suis pas prêt pour cela.  

 

- Tu as besoin de temps pour réfléchir à mon offre ?, me demande-t-elle, conciliante.  

- Non, je l’accepte et je t’en remercie. Je passerai te voir ce soir pour qu’on s’organise., lui dis-je.  

- Ryo, si je peux me permettre, appuie-toi sur nous tous. On en a besoin autant qu’envie.  

- Vous vous êtes tous briefés ?, répliqué-je ironiquement.  

 

Je me souviens des paroles de mes amis la veille, ces petits gestes qui traduisaient leurs mots. Je ne suis plus seul, nous formons une famille et l’aide va à double-sens. Je le sais et, pourtant, j’ai toujours du mal à l’accepter. En regardant Reika qui attend ma réponse, je me rends compte que ma fierté était mal placée. Je suis prêt à accepter la main, les mains même qu’on me tend pour moi et, si ça ne suffisait pas, pour toi, pour avoir plus de temps, plus de chance de te retrouver.  

 

- Non mais, par moments, tu es un peu long à la détente., rétorque-t-elle sans hésiter.  

- Touché. J’ai compris, Reika. Je n’hésiterai pas. Il faut juste que je trouve comment organiser le tout pour ne pas la mettre en danger. Elle est vulnérable et dans un environnement que je ne peux pas contrôler., lui expliqué-je.  

- Je sais. Je vais te laisser maintenant. Je sais qu’on se voit ce soir pour organiser le tout mais j’irai dès ce matin à la gare. Je t’ai suffisamment pris ton temps., me dit-elle avec un clin d’oeil.  

 

J’ai voulu la faire partir sans succès à plusieurs reprises et, là, elle disparaît plus vite que l’éclair, ne me laissant pas le temps de réagir.  

 

- Merci, Reika !, crié-je, m’engageant dans les escaliers.  

 

Pour toute réponse, la porte d’en bas claque deux secondes plus tard et je continue mon chemin. Je repasserai un peu plus tard pour récupérer ce que je dois ramener à l’hôpital. Juste avant de sortir de l’immeuble, j’hésite à appeler mais j’y renonce : je dois te faire confiance, je dois apprendre à vivre ces longs, beaucoup trop longs, temps d’attente entre deux moments où je pourrais te voir et être avec toi pour te rappeler pourquoi tu dois vivre. Si je ne le fais pas, je vais complètement perdre la tête et je ne peux pas me le permettre mais, bon sang, je n’ai jamais cru que ce serait aussi difficile de vivre sans toi. Il est beau l’homme aux mille femmes, l’Etalon de Shinjuku complètement paumé sans sa nana.  

 

Prenant une profonde inspiration, j’ouvre enfin la porte d’entrée et mets le nez dehors. Le soleil me nargue de toute sa splendeur, les oiseaux me font insolemment part de leur existence, les voitures semblent s’être particulièrement décidées à emprunter notre rue en ce jour… Je surréagis, je le sais, et je prends sur moi pour ne pas retourner à l’intérieur, récupérer tes affaires et me réfugier près de toi. Je me raisonne, difficilement, en me rappelant que je n’apprends pas à vivre sans toi. J’apprends juste à vivre en attendant ton retour parce que tu n’aimerais pas savoir que je me suis laissé aller, tu culpabiliserais certainement comme je le fais actuellement… sauf que tu n’y es pour rien. Comme moi, me dirais-tu et cette pensée me fait légèrement sourire. C’était un accident, une chance sur combien que nous nous trouvions tous à ce carrefour à ce moment-là, que cette personne fasse un arrêt cardiaque et nous rentre dedans plutôt que de nous éviter. Ce n’était qu’une question de secondes. Deux secondes plus tôt ou plus tard, il n’y aurait eu qu’un mort à déplorer et aucun autre blessé mais nous n’étions pas deux secondes plus tôt ou tard.  

 

Nous étions à l’instant T et cette voiture nous est rentrée dedans. Sans ma porte flinguée, je serais certainement aussi mal en point que toi ou on serait peut-être morts tous les deux. Ce sort aurait-il été plus enviable ? Je chasse cette idée malvenue. La mort n’est pas une fin à souhaiter. Elle est inévitable mais pas souhaitable. Je ne baisserai jamais les bras face à elle et je ne te laisserai pas le faire non plus. Je te connais, je sais que tu peux le faire.  

 

- Tu t’es fait rare ces derniers jours, Saeba !, m’accueille Kenji, le premier de mes indics que je rencontre.  

- J’ai pris des vacances., lui réponds-je avec un sourire ironique.  

- Des vacances, toi ? Ah ah la bonne blague ! Tu étais sur une affaire, avoue., me dit-il, goguenard.  

 

Je ne réplique pas. Cette ambiguïté me convient bien. Elle nous protège. Nous échangeons quelques minutes sur diverses petites choses qui ont attiré son attention dernièrement. J’intègre sans prendre de notes avant de poursuivre ma route vers le prochain bavard, enfin bavard…  

 

- Salut Sam !  

- ‘lut., me dit-il simplement, lançant un regard noir sur les environs.  

- T’es debout avant ta partenaire ? C’est rare…, pointe-t-il, narquois.  

- Tu as vu ou entendu quelque chose ?, éludé-je.  

 

Je n’ai pas l’habitude de parler de toi avec mes indics. Ce n’était pas quelque chose que je faisais avant pour faire croire que tu ne comptais pas pour moi mais je n’ai pas changé mon fusil d’épaules depuis. Je n’ai pas honte de notre relation. Je la protège. Je te protège. L’homme me confirme les faits mis en lumière par son prédécesseur. Ce ne sont pas de gros délits mais ça ne signifie pas que je les prends à la légère. Je les traiterai pour certaines dès ce soir. Je continue ma route, finis mon tour et reviens vers l’immeuble quand je passe devant le fleuriste. Je repense à cette fois où tu es devenue amnésique et je décide de te ramener un bouquet de fleurs.  

 

- Ca fait quelques jours que je n’ai pas vu Mademoiselle Kaori. Elle va bien, j’espère., me fait le fleuriste.  

- Je… elle est très occupée., réponds-je du bout des lèvres.  

- J’espère que j’aurai bientôt l’occasion de la revoir. On est tellement habitués à la voir passer et discuter avec elle que quelques jours sans elle et, voyez-moi, je me languis., plaisante-t-il.  

 

Que lui dire ? Que moi aussi, je me languis de ta présence, qu’il devra attendre encore un long moment avant de te revoir ? Non, rien de tout cela et certainement pas que tu es à l’hôpital, très mal en point. La nouvelle s’ébruiterait beaucoup trop vite. Il n’est lié à aucun clan, je le sais, mais ce n’est pas le cas de tous les commerçants du coin. Plus cette journée avance, plus je réalise l’urgence à couvrir ton absence. Je ne peux pas tarder beaucoup plus longtemps à donner une vraie fausse raison au fait que tes aller-retours ont cessé depuis quatre jours. Deux jours auraient passé, trois devenaient limites. A quatre, je suis persuadé que ça va remonter aux mauvaises oreilles surtout si on voit Reika au tableau… Quoique ce fait passera peut-être inaperçu quelques temps… mais ne parions pas là-dessus.  

 

Je salue rapidement le commerçant et je rentre bouquet en main à l’appartement. Il ne me faut que deux minutes pour récupérer tes affaires et redescendre au garage. La panda m’attend et je ne me fais pas prier pour la mettre en route, sortant du garage pour me rendre à l’hôpital. Le trajet me paraît horriblement long mais j’arrive malgré tout avec dix minutes d’avance sur l’horaire autorisé. Je grogne en voyant cela et sors de la voiture, m’y appuyant et sortant une cigarette. Impatient, je l’allume et prend une première bouffée. Quand je la termine, je me sens un peu plus calme. Observer la fumée s’élever dans les airs placidement a cet effet-là. C’est presque aussi efficace que de sentir tes doigts caresser ma peau. Avant toi, je n’aurais jamais pensé qu’une telle caresse ne finirait pas à tous les coups en échange physique. Le sexe ne fait pas tout entre nous. Il y a tellement plus…  

 

Prêt à affronter cette journée, je prends tes affaires et mes fleurs et me dirige vers l’hôpital. Soudain, je sens une certaine tension dans l’air et mes sens se figent, tournés vers elle. Mon regard se tourne et croise celui d’un oyabun que je connais bien et qui ne se classe pas vraiment dans la catégorie amis, façon de parler. Je le salue d’un bref hochement de tête auquel il répond. Ca ne fait jamais de mal de mettre un peu d’huile dans les rouages. Aussitôt après, je prends ma face de pervers et me mets à harceler toutes les jeunes femmes en blouse blanche, les poursuivant bouquet à la main. Je finis avec le bouquet enfoncé dans la bouche par un coup de pied de l’une d’elles. Je ne m’extasie même pas en voyant sa jolie culotte en dentelle blanche. Mon regard se porte vers le parking où je vois la voiture de l’oyabun s’éloigner. J’espère que mon sketch aura été suffisant pour détourner ses soupçons éventuels.  

 

Je me relève et me dirige vers les ascenseurs, abandonnant le bouquet en piteux état dans une poubelle. Ma décision est prise. Je sais ce que je dois faire pour toi. Je sors mon téléphone et tapote un SMS que j’envoie à tous nos amis. Je n’aime pas les mots que j’écris mais ils sont nécessaires. Le message est concis et précis : « Officiellement, Kaori est partie. ». J’expliquerai plus en détail quand je les verrai mais le message est passé et il n’y aura pas de gaffe de leurs côtés. J’envoie un autre message à Saeko rapidement et range mon téléphone quand l’ascenseur ouvre ses portes.  

 

Je rentre dans le service, m’arrêtant auprès de l’infirmière à l’accueil.  

 

- J’ai ramené les papiers manquants et quelques petites choses pour ma femme., lui dis-je, lui montrant le sac.  

- Donnez. Je vais photocopier les papiers et m’occuper des affaires pour sa chambre., me répond-elle.  

 

Je la remercie et me rends dans la pièce où je vais trouver mon costume pour mon séjour à tes côtés. Je t’ai vaguement vue de loin et mon impatience frôle des sommets. J’enfile la blouse jaune, les sur-chaussures et enferme ma tignasse dans une charlotte. Je glisse la dernière mèche de cheveux en pestant parce qu’une autre se faufile de nouveau hors de sa prison.  

 

- Tu vas rentrer, satanée…, pesté-je.  

- Voilà qui est mieux…, dis-je.  

- Vous êtes nouveau ici, non ?  

 

Je me retourne à peine surpris par la présence que j’ai sentie approcher mais dont je ne m’attendais pas à ce qu’elle me parle. C’est une dame d’un certain âge qui me sourit poliment.  

 

- Oui… ma femme… Nous avons eu un accident de voiture., expliqué-je.  

 

Je devrais peut-être être plus méfiant mais je ne ressens aucun danger de sa part, juste de l’empathie. Elle me fait un peu penser à toi en fait. C’est son regard, cette gentillesse, cette douceur…  

 

- J’espère qu’elle s’en sortira., me souhaite-t-elle.  

- Je vous remercie. Et vous, cela fait longtemps que vous venez ici ?, lui demandé-je.  

- Un peu plus de six mois. Mon mari a eu de graves complications suite à une opération… La faute à pas de chance., me répond-elle, son regard se voilant.  

 

Six mois ? Ca doit être une éternité. Comment tenir aussi longtemps ? En serais-je capable sans faillir, sans perdre espoir ?  

 

- Il est réveillé ?, ne puis-je m’empêcher de lui demander.  

- Non, il est dans le coma depuis tout ce temps mais je garde espoir. J’aimerais bien pouvoir lui ramener des fleurs de temps à autre mais ce n’est pas possible. Heureusement qu’on peut égayer la pièce par d’autres petites choses., me dit-elle avec un léger sourire.  

- Les fleurs sont interdites ? J’ai failli en ramener un bouquet aujourd’hui même., lui avoué-je piteusement.  

 

Je ne pourrais pas te ramener de fleurs alors que j’en ai envie, que c’est une de ces choses que tu aimes.  

 

- Non, c’est interdit, question d’hygiène. Je vous souhaite bon courage. J’espère que votre épouse se remettra vite., me souhaite-t-elle.  

- A vous aussi, merci., lui dis-je.  

 

Je ne sais pas trop ce que je ressens après cette conversation. Je me sens peut-être moins seul en ayant rencontré cet autre parent d’une personne hospitalisée ici mais j’ai aussi réalisé que ça pouvait durer longtemps, très longtemps. C’est le deuxième jour aujourd’hui et ça me semble déjà beaucoup. Trois mois était le délai que je m’étais imaginé sans me l’avouer. Trois mois, c’est déjà beaucoup mais ça devrait être suffisant pour que tu te remettes de tes blessures et te sois retapée, assez pour avoir repris suffisamment de force et de mobilité. Six mois… la moitié d’une année… c’est énorme mais ça pourrait prendre ce temps-là ou plus encore. Je pousse un long soupir de frustration et sors de cette pièce pour entrer dans ta chambre, frottant mes mains avec le gel à l’entrée.  

 

- Bonjour Sugar. C’est une belle journée aujourd’hui, tu sais., te dis-je d’un ton enjoué.  

- Tu manques aux gens du quartier. Le fleuriste se languit de toi, Kaori. Dois-je être jaloux ?  

 

J’observe ton visage puis les appareils, espérant une réaction quelconque, mais seuls les bips me répondent.  

 

- Tu as le bonjour de toute la bande, Kaori. Ils s’inquiètent pour toi. Tous attendent de pouvoir te voir. Il faut que tu ailles mieux. Je sais que c’est dur et que tu vas souffrir mais tu dois t’accrocher. Depuis quand tu traînasses au lit ? Depuis quand je suis debout avant toi ?  

 

Je te titille un peu, plus par habitude qu’autre chose. J’espère bien qu’un jour, tu me diras qu’il était temps que je me lève avant toi, que je n’ai qu’à aller me faire cuire un œuf ou tout autre réponse un peu salée. J’approche le siège avant de m’asseoir et poser ma main sur la tienne. Ce n’est pas assez pour moi et j’enroule mes doigts autour des tiens sans trop appuyer pour ne pas te faire mal avec les attelles.  

 

- Je ne veux pas te perdre, Kaori. Il faut que tu te battes et, si tu as besoin de quelques raisons, je peux t’en donner. Voir comme je sais bien tenir l’appartement, m’entendre dire que je t’aime sans bafouiller, me permettre de te chouchouter un peu, que tu es belle malgré tes blessures, nos nuits mokkori… les journées aussi…  

 

J’ai un léger sourire aux lèvres en te disant cela, imaginant le rouge qui te monterait aux joues malgré l’expérience que tu as acquise par mes soins mais également tes découvertes et initiatives…  

 

- Je veux te serrer dans mes bras, Kaori. Simplement te serrer dans mes bras, sentir ton cœur battre contre le mien. Si je ne devais garder qu’une raison, ce serait peut-être celle-là parce que je sais que ça te fait autant de bien qu’à moi.  

 

Je caresse tes doigts tendrement en espérant que tu le sentes et que ça t’aide à tenir. Ce sont tous ces petits gestes qui se sont ajoutés à nos rapports depuis un an. Ca me semblait anodin, quelconque mais, en fait, ils me manquent. La caresse de ta main sur ma joue ou sur ma nuque en passant, ta main sur mon avant-bras quand tu as quelque chose à me dire, parfois le pincement de mon fessier quand tu es prise d’audace… tout ça me manque.  

 

- On a encore de belles surprises à expérimenter, tu sais. Rien que ce matin, j’en ai eu un exemple. Reika est venue me trouver et ne m’a pas demandé un service. Elle me l’a proposé. Elle va être ma partenaire le temps que tu te rétablisses. N’aie aucun doute sur le fait que tu es la seule et l’unique que je veuille définitivement. Dès que tu le voudras et le pourras, on reprendra le cours de notre vie. En attendant, occupe-toi d’aller mieux, Kaori.  

 

Je reste là toute la matinée à regarder le défilé des soignants. Je te parle par moments et à d’autres, le silence nous accompagne. Le début d’après-midi arrive et je me résigne à te laisser pour un moment, le temps de faire une apparition en ville.  

 

- Je reviens dans une heure ou deux. Ne fais pas de bêtise., te dis-je, posant mes lèvres sur tes doigts.  

 

J’ai le cœur lourd quand je m’en vais mais je n’ai pas le choix. Je prends la panda et fonce vers les docks pour vérifier certaines informations qui m’ont été remontées le matin même. Je secoue la tête, désabusé, en constatant leur véracité et, après quelques instants de réflexion, je décide de revenir le soir même. En attendant, je retourne à l’hôpital, me gare dans un coin discret et rentre par une issue de secours. J’enfile mon attirail quand, soudain, je me fige et, quelques dixièmes de seconde plus tard, une alarme se met en route alors que je sors en courant de la pièce. C’est toi, je sais que c’est toi. L’équipe est déjà là alors que le son plat de l’électrocardiogramme résonne en bruit de fond.  

 

- Kaori, reviens…, murmuré-je, pris d’une sourde angoisse.  

 

Je vois de nouveau ton corps se soulever sous l’effet des électrochocs. Une fois… deux fois… la troisième est la bonne, me dis-je avec soulagement mais le répit n’est que de courte durée.  

 

- Elle fait une hémorragie., crie l’infirmière alors que, suivant son regard, je vois une poche se remplir de sang.  

- La tension chute., annonce une autre alors que les battements de ton cœur deviennent de plus en plus faibles et que tous les appareils se mettent à sonner.  

 

Le médecin donne des ordres d’un ton bref, chaque personne s’active autour de toi dans des gestes vifs et précis.Je me sens complètement tétanisé par la rapidité avec laquelle les choses se passent. Je les vois œuvrer autour de ton corps, t’examiner, lever les poches, puis remonter les barrières du lit alors qu’ils te débranchent du respirateur. Mon cerveau est en mode surchauffe. Il ingère les images mais n’en retire aucune information précise. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je mets même un temps qui me semble phénoménal à comprendre que ta vie est de nouveau sur la sellette alors qu’on vient juste de te réanimer et, soudain, ils emmènent ton lit et tu disparais de ma vue. Je n’ai rien eu le temps de dire ni faire et je regarde l’emplacement vide où était ton lit. Tu étais là, tu ne l’es plus. Que s’est-il passé ? Ai-je encore le droit d’espérer ? 

 


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