Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Quelques conseils pour écrire une bonne fanfiction

 

Quelques conseils de base à suivre pour les fanfictions: - Vérifier l'orthographe avant de poster vos histoires. C'est essentiel. Plus il y a de fautes d'orthographe, plus les lecteurs auront dû mal à apprécier pleinement la fanfic. Donc, relisez-vous. Cela vous donnera aussi l'occasion de rectifier les passages mal tournés par la même occasion. - En ce qui concerne la l ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 11 :: Chapitre 11

Publiée: 05-06-21 - Mise à jour: 05-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 11  

 

- Tu l’as vue ?  

 

J’ai à peine mis le pied dans le Cat’s que la question a fusé. Je fais face à Miki et son regard anxieux et approche en lui adressant un sourire rassurant.  

 

- Oui. Juste avant d’aller faire un petit tour au parc…, lui réponds-je, mon sourire se faisant pervers.  

- C’est pas vrai, Ryo. Je pensais que tu en avais fini avec ces manies-là. Je n’arrive pas à croire que tu peux lui faire ça alors qu’elle…, se fâche-t-elle.  

- Je dois le faire, Miki… tout comme je dois faire… ça., fais-je, sautant au dessus du bar pour attraper mon amie et me frotter contre sa poitrine en prenant mon air idiot.  

- Frappe-moi, Miki., lui dis-je, sentant qu’elle reste stupéfaite par mon attitude et ne fait rien pour m’échapper.  

 

Je sens soudain une poigne m’attraper par la peau du dos, me soulever et me projeter sur le mur, tête la première, avant d’entendre mon ami sortir son bazooka et l’armer, très probablement pointé sur moi.  

 

- Vous êtes trop méchants., chouiné-je.  

 

Alors que des torrents de larmes sortent de mes yeux, je jette un œil par la vitre et vois l’homme qui me suit depuis une heure secouer la tête et s’en aller. Aussitôt, je cesse mon cinéma, me redresse et Umi range son jouet.  

 

- Désolé pour le bazar., leur dis-je, reprenant ma place au comptoir.  

- Ca fait longtemps qu’il te suit ?, me demande Falcon.  

- Une heure, depuis que j’étais au parc. Heureusement qu’il n’était pas là avant.  

 

Je vais devoir me faire plus discret et prudent pour aller te voir. Certains veulent peut-être s’assurer que je ne me suis pas joué d’eux et de la rumeur publique mais je ferai tout pour protéger mon secret.  

 

- On ne peut toujours pas faire sortir Kaori de l’hôpital ?, m’interroge Miki.  

 

Je la regarde et soupire. Te faire sortir de l’hôpital pour t’emmener à la clinique serait une bonne chose. Tu y serais certainement plus en sécurité et mes allers et retours poseraient beaucoup moins de questions. Ca permettrait aussi à nos amis de te voir et te soutenir.  

 

- Non. Ils lui ont retiré ses drains thoraciques mais elle a attrapé une pneumonie à cause du respirateur. Je vais essayer de retourner la voir discrètement en fin de journée., leur apprends-je.  

- Ca fera bientôt une semaine… J’ai encore du mal à y croire., soupire-t-elle, l’air peiné.  

- A chaque fois que la cloche tinte, je m’attends à la voir débarquer. Elle me manque tellement.  

 

Je ne sais pas quoi lui répondre alors je baisse les yeux et observe mon café. Qu’est-ce que je dois dire ? Qu’elle doit grandir, se faire à l’idée ? Comme si je le pouvais, je n’y arrive pas moi-même. Partout où je vais, j’ai l’impression de te voir, de t’entendre. Même au parc, je me suis pris un moment à paniquer en t’imaginant arriver avec ta massue. Réflexe pavlovien, s’il en est… Je t’ai cherchée partout jusqu’au moment où je me suis rendu compte que c’était idiot, que tu n’étais pas en état de sauter de ton lit pour venir me corriger même si, franchement, recevoir une massue m’aurait fait sauter de joie. Mon humeur a sombré d’un coup et il m’a fallu un effort considérable pour reprendre ma quête de petites culottes alors que je sentais cette présence non loin.  

 

Entendant la cloche sonner de manière étrange, je me retourne et vois Falcon revenir au comptoir et poser l’objet devant sa femme. Miki la regarde avec de grands yeux noyés de larmes, tendant la main pour la prendre avant de la retirer brusquement, la portant à ses lèvres.  

 

- On la remettra au retour de Kaori., décide-t-il.  

 

Miki s’en va brusquement et nous laisse seuls. Je suis un peu comme elle en fait. Ce geste me fait un drôle d’effet. Entendre la clochette, c’était tout un symbole pour nous. L’enlever à cause de toi, c’est un peu comme si on m’envoyait un signal funeste. D’un autre côté, il a bien parlé de la remettre, c’est qu’il a donc lui aussi de l’espoir.  

 

- Il faudra être patient mais on l’entendra de nouveau tinter., ajoute-t-il, posant son torchon avant d’aller rejoindre sa femme.  

 

Je reste seul dans le café face à la clochette. Combien de fois son tintement a-t-il précédé le son d’une massue qui s’abattait sur mon crâne ? Combien de fois ne l’a-t-il pas fait ? Je n’y ai jamais vraiment prêté attention mais je ne supporte pas l’idée qu’elle ne soit plus à sa place et tout ce que ça peut symboliser, vraiment pas et plus je la vois, plus je sens la colère monter. Mes poings se serrent et desserrent convulsivement. Mon regard se fait froid. Une énergie froide et puissante semble m’envahir et je me retrouve soudain debout, le tabouret tombant à la renverse, ma main se levant, le visage figé dans un masque de fureur.  

 

Je sais ce qui va se passer. Je vois toute la scène se dérouler devant mes yeux. Mon bras va s’abattre sur le comptoir et balayer tout ce qu’il supporte. Ma tasse de café encore pleine et fumante va valser dans les airs, son contenu va se répandre en une traînée noirâtre dans les airs avant de retomber au sol alors que la porcelaine se fracassera vraisemblablement contre le mur, vue la force de la frappe, avant de tomber au sol. Si ça ne suffit pas, et ça ne suffira probablement pas, je m’en prendrai à tout ce qui me tombera sous la main : les tabourets, les plateaux posés non loin, ce que je pourrai attraper derrière le bar… Même une fois tout cela détruit, ma colère ne sera pas épuisée et je ne sais pas vers quoi ou vers qui je la tournerai.  

 

Alors que je m’apprête à baisser le bras pour mettre en œuvre ma rage destructrice, je sens quelque chose qui retient mon poignet alors que rien ne l’entoure. Je me retrouve comme figé par la sensation de chaleur qui me prend, m’entoure, s’insinue en moi.  

 

- Tu crois vraiment que c’est la solution ? Fuir ? Tout détruire ? Tu crois que ça va t’aider ?, entends-je.  

 

C’est dans ma tête, je le sais. Ta voix est dans ma tête. Tu n’es pas là mais tu me parles. Ce n’est pas possible. La chaleur continue à m’envahir et, fermant les yeux face aux sensations qui naissent, je me rends compte que c’est toi, enfin comme si c’était toi qui me retenait. Ces mots, cette discussion, nous l’avons déjà eue, non ? Non ? Je ne sais plus. Mes pensées se mélangent entre souvenirs et situations qui auraient pu être. Tu es dans ma tête, Kaori. Je sais comment tu penses, je sais ce que tu pourrais me dire alors je ne sais plus bien si je fantasme ou si je me souviens…  

 

Mon bras tombe le long de mon corps et je me laisse emporter par cette sensation de douceur. Je me remémore toutes ces fois où tu m’as pris dans tes bras et je laisse les souvenirs de ce que je ressentais, ta chaleur, ta douceur, ton amour apaiser ma colère. Sentant mon cœur se calmer, je pose la main dessus et l’imagine battre comme lorsque tu es dans mes bras ou que je suis dans les tiens, à l’unisson, calmement… Pourquoi j’ai oublié, Kaori ? Pourquoi pendant quelques minutes j’ai oublié cette chose fondamentale ?  

 

- Tu es là en moi tout comme je suis en toi.  

 

Ma colère revenue sous contrôle, bientôt oubliée, je rouvre les yeux et vois non loin Falcon qui est revenu, Miki juste derrière lui. Ils n’ont pas voulu interférer. Je devrais peut-être avoir honte d’avoir perdu la maîtrise mais ce n’est pas le cas. Ils peuvent comprendre. Ils savent qui je suis, d’où je viens et ce qui nous lie. Sans un mot, je ramasse le tabouret et attrape la clochette. Je l’observe un instant avant de me tourner vers la porte et de la remettre à sa place.  

 

- Kaori n’est pas partie. Si tu veux l’enlever, trouve une autre raison que l’attente de son retour., dis-je à mon ami.  

- Miki, je me doute que Kaori te manque et que te demander quand elle reviendra sans avoir de réponse est difficile mais tu dois continuer à vivre normalement pour toi, pour Falcon et un peu pour elle aussi. Réjouis-toi de chaque jour qui passe, emmagasine des petites anecdotes à lui raconter quand tu pourras la voir, des choses qui la feront rire ou s’attendrir. Elle en aura besoin pour passer les moments compliqués après son réveil.  

 

Elle me regarde un peu perdue, un peu surprise aussi, peut-être parce qu’il y a quelques minutes auparavant, elle faisait face à un homme désespéré et que maintenant, je suis… calme est peut-être le bon mot ou sous contrôle.  

 

- Comment faire ? J’essaie de me raccrocher à toi et me dire que tout ira bien mais, alors qu’on croyait que c’était bon, tu nous apprends qu’elle est maintenant victime d’une infection. Elle est si faible., murmure-t-elle, de nouveau les larmes aux yeux.  

- Son corps est affaibli mais elle est forte. Les médecins s’occupent du physique et nous du mental. N’oubliez pas qui elle est., leur dis-je.  

 

Ceci étant dit, je finis mon café d’une traite et m’en vais, esquissant un sourire en entendant le tintement de la clochette. J’espère que le message est passé et que Miki se remettra. Les mains dans les poches, je regagne mon immeuble et la salle de tir. Nous n’avons jamais vraiment rebouché le passage que j’avais créé lorsque Reika s’était installée. J’y ai tout au plus installé une porte pour garder l’insonorisation de la pièce et une certaine intimité. Tout le monde dans l’immeuble voisin n’est pas nettoyeur ou détective privé. Ca ne serait certainement pas bien compris si l’un d’eux arrivait ici par hasard. La police suivrait peut-être et ça serait un problème assez conséquent.  

 

En moins de deux minutes, je suis devant la porte du bureau de ma nouvelle partenaire et, entendant une conversation, je m’assois dans un recoin en attendant qu’elle ait fini son rendez-vous. Ca dure un moment et j’en profite pour observer la pièce. Elle a réaménagé depuis que j’ai travaillé quelques jours pour elle. Ca reste sobre mais très formel. Ca fait très professionnel en fait, tout le contraire de nous et de nos rendez-vous un peu partout en ville. Après, je ne tiens pas vraiment à avoir pignon sur rue. Je réponds à une demande bien précise en marge de la légalité et un certain anonymat est le bienvenu. Pour ne rien gâcher, ça correspond plus à ma personnalité et tu ne sembles pas t’en plaindre contrairement au manque de travail…  

 

- Je vous appelle dès que j’ai du nouveau.  

- Je vous remercie.  

 

Je vois le client s’en aller et, dès qu’il a disparu, je m’approche de la porte restée ouverte. Reika est déjà à son bureau, rangeant les éléments qui ont dû lui être confiés par son nouveau client. Je la regarde faire un moment, voyant les gestes acquis par son expérience dans la police, me demandant si elle m’a remarqué. Il faut que je prenne mes marques avec elle. Ce n’est pas comme avec toi, presque instinctif du fait de notre connivence et de notre expérience commune.  

 

- J’aurais eu le temps de te tirer dessus., finis-je par dire.  

- Je me demandais quand tu allais te décider à parler., me répond Reika, relevant à peine les yeux vers moi.  

- Si tu me testes, c’est raté. Je suis une professionnelle, Ryo. Ne l’oublie pas., ajoute-t-elle.  

- Contrairement à Kaori, c’est ce que tu veux dire ?, lui demandé-je d’une voix un peu dure.  

 

Elle pose son stylo et relève les yeux vers moi, me jaugeant.  

 

- J’ai passé cette étape. Je n’ai pu qu’admettre au fil des ans que votre partenariat est très efficace même s’il est aussi très anti-conformiste. Tu admettras bien ce dernier point ?, me retourne-t-elle, narquoise.  

- J’admets. Ce n’est pas tous les jours qu’on croise un pro de la gâchette avec une folle à la massue.  

- Ce n’est pas tous les jours qu’un pro du milieu s’ingénie à garder les mains de sa partenaire propre. Je m’étonne même que tu n’aies pas été plus blessé que cela., me dit-elle.  

- Je tiens à mon corps d’Apollon. Trêve de plaisanterie, j’ai quelques informations à te remonter concernant ton dernier client.  

 

Je m’approche enfin d’elle et prends place dans le siège qui lui fait face. Je lui relate ce que j’ai découvert en suivant la piste qu’elle m’avait confiée. Concentrée, elle prend des notes et me pose des questions. Nous échangeons ainsi un long moment avant de clore la discussion.  

 

- Au fait, j’ai un rendez-vous ce soir suite à un message sur le tableau. Je t’enverrai un message pour te dire ce qu’il en est., me prévient-elle.  

- Très bien. Merci.  

 

Je quitte son bureau pour rentrer chez nous un moment. Sans grand entrain, je me prépare un en-cas avant de m’attaquer au ménage. Ca fait longtemps que je n’ai plus passé autant de temps à nettoyer notre chez-nous. Ma dernière contribution a été d’assurer ta sécurité pendant que tu nettoyais les vitres. Tu étais debout sur un escabeau, les fenêtres du cinquième étage ouvertes, et je n’étais pas vraiment serein. Il faut dire aussi que, ce jour-là, ça t’avait pris comme une lubie et que ta mini-jupe avait un peu pesé dans la balance… enfin au moins le temps qu’elle est restée sur tes fesses.  

 

L’appartement est encore propre et je pourrais certainement échapper à la corvée mais je ne le fais pas. J’ai envie de garder l’endroit dans l’état dans lequel tu l’as laissé. Je ne veux pas que tu aies honte que du monde soit passé ici en se disant que c’était le bazar ou sale. En quelques jours, je ne me suis pas trop mal débrouillé. La vaisselle est faite, la table débarrassée et je n’ai sorti aucun magazine depuis un bon moment maintenant, même pas cette semaine où tu n’étais pas là. Il faut dire que j’ai certainement en tête des images beaucoup plus jouissives dont tu es l’héroïne mais que l’heure n’est pas vraiment aux fantasmes.  

 

Effectuant les gestes que tu fais habituellement, je parcours l’appartement en tous sens méthodiquement, apprivoisant doucement le manque que crée ton absence. Je me sens toujours dépossédé de ce qui fait de cet endroit ma maison mais, tout doucement, la lumière revient. Je range l’aspirateur, mets les chiffons au lavage, referme les fenêtres ouvertes en voyant brièvement ton sourire à sentir l’air frais entrer puis me rends en cuisine. Après un bref inventaire du frigo et des placards, je me rends à l’évidence : il faut faire les courses. Il faudra aussi que je rende à Kazue et Miki les plats des repas qu’elles ont apportés en mon absence. Ca m’a permis de tenir les premiers jours et je ne les ai même pas encore remerciées pour le coup. A vrai dire, j’étais tellement focalisé sur toi que je n’avais même pas réagi en les trouvant dans le frigo. Pathétique, non ?  

 

Je me mets à rire tout seul. Je crois que je n’ai jamais été aussi introspectif que maintenant. Ca risque de déconner sec quand tu rentreras, Kaori. Tout ce sérieux… Je stoppe court mon raisonnement. A quoi bon prétendre ? Je ne compenserai certainement jamais tous ces moments que je traverse. C’est intense, douloureux par moments, très souvent même, mais pas au point de m’enfuir. Je ne te ferai pas vivre un mauvais scénario de série Z parce que cette période m’aura demandé trop d’investissement émotionnel. Il se passe quelque chose, Kaori. J’ai l’impression d’explorer des contrées inexplorées de ma personnalité, de découvrir des facettes que je ne me connaissais pas, peut-être même inexistantes avant nous.  

 

- Qu’est-ce que tu as fait de moi, Kaori ? Est-ce que c’est bon ou mauvais ?  

 

Je fourre la liste que j’ai rapidement dressée dans ma poche et m’en vais. J’ai besoin de sortir d’ici, de revenir à des questions moins existentielles, plus basiques. Les courses sont une bonne occasion. Ca ne m’entraînera pas dans des grandes réflexions philosophiques.  

 

- C’est vrai ce qu’on dit ? Mademoiselle Kaori est partie ?, me demande le gérant de la supérette.  

 

Je serre les poings, pensant que ce sujet ne reviendrait pas sur le tapis, puis me retourne, prenant un air impassible face à l’homme qui me regarde peiné. Et ça me revient d’un coup comme un boomerang : tu t’es interposée entre des mecs qui étaient venus demander leur paiement pour protéger l’endroit et la fille du commerçant qu’ils menaçaient de violenter pour lui faire comprendre. Tu as esquinté quelques têtes de gondole en les faisant déguerpir à coups de massue mais il ne t’en a jamais tenu rigueur. Tu devais bien être la seule idiote à dégainer une massue plutôt que ton pistolet face à deux hommes armés, idiote mais courageuse… et généreuse aussi. Il avait beau te demander d’arrêter, tu l’as aidé à nettoyer son commerce après et je me rappelle t’avoir vue t’excuser à de multiples reprises pour les dégâts occasionnés dans les semaines qui ont suivi. Reika a raison : notre partenariat est anti-conformiste… mais il me plaît comme il est.  

 

- Oui.  

- Mais pourquoi ?, m’interroge-t-il avec incompréhension.  

- Elle m’a souvent dit qu’elle ne quitterait jamais cette ville. C’est grave ?  

 

Que dire ? Bien évidemment que tu ne quitteras jamais Tokyo, c’est ta ville encore plus que la mienne. Tu y as grandi, tu y as tous tes souvenirs… Mais ça, je ne peux pas lui dire. Il ne doit avoir aucun doute sur le fait que tu es partie. On s’expliquera en temps voulu si nécessaire mais pour le moment, c’est le mal qui est nécessaire.  

 

- Ca ne sert à rien de s’attarder sur le sujet. Elle est partie. Il n’y a pas besoin d’épiloguer sur le sujet.  

 

C’est un peu sec mais je préfère abréger. L’information essentielle est passée. Sans un regard, je pose mes achats sur la caisse et attends qu’il les comptabilise.  

 

- Mais tout de même, c’est vraiment bizarre. Même pas un au revoir… Elle semblait de si bonne humeur la semaine dernière…, ajoute-t-il, ne bougeant pas d’un pouce.  

- Kaori a… vait le don de dissimuler ses pensées les plus secrètes. Combien je vous dois ?, fais-je, sortant mon portefeuille.  

 

Ca le pousse à passer mes articles. Le silence est un peu pesant mais il s’en remettra et moi aussi. Il faudra que je sois plus prudent lors des conversations te concernant. Parler de toi au passé m’est insupportable mais ça sera nécessaire. Le mec détaché qui t’a fait partir ne continue pas à parler de toi au présent. Il a tourné la page.  

 

- J’ai oublié., fais-je, m’absentant deux secondes et revenant avec plusieurs boîtes de préservatifs.  

 

Il ne dit rien mais fronce les sourcils. Moi, j’ai hâte de tourner la page qui parle de cet homme-là. Je ne vais pas commencer à jouer les pots de glu mais je peux t’assurer que tu ne douteras jamais de mon attachement. J’espère même que tu n’en as pas douté depuis qu’on est ensemble. Ce n’est pas quelque chose dont on a parlé.  

 

Nonchalamment, je reprends la route vers l’immeuble. On me suit à nouveau, probablement le même homme que ce matin. Lui, ce n’est pas la discrétion qui l’étouffe. Ce n’est qu’un leurre cependant. Il y a une autre présence, plus discrète, qui suit un peu plus loin. Je vais devoir faire preuve d’une très grande ruse pour pouvoir les semer et me rendre à l’hôpital te voir. Je sais aussi qu’il va falloir que je mette un nouveau pan de mon plan d’action en route. Je soupire d’ennui à l’idée de devoir aller au Kabuki Cho ce soir. Le cœur n’y est vraiment pas. Il sombre même à l’idée que ça ne s’arrêtera pas à une soirée de beuverie. Je n’ai vraiment pas envie de coucher avec une autre femme.  

 

Miki… Miki peut m’aider. Je ne couperai pas au fait de devoir en embrasser une autre mais elle peut peut-être m’éviter de devoir aller plus loin. Je rentre rapidement chez nous, range les courses avant de retourner au Cat’s, plat en main.  

 

- Ryo, tu as eu des nouvelles ?, me demande-t-elle, tentant de régner sur son inquiétude.  

 

Elle fait l’effort et c’est déjà un bon point pour moi.  

 

- Non mais tu sais ce qu’on dit : pas de nouvelles, bonnes nouvelles., lui dis-je avec un clin d’oeil.  

- Merci pour les repas au fait. Désolé de ne pas avoir compris tout de suite.  

- De rien. Si c’est dur pour nous, je n’imagine pas ce que c’est pour toi., me répond-elle avec un air compatissant.  

- Oh oui, c’est très dur pour moi, ma Miki. Console-moi., lui demandé-je, sautant par dessus le comptoir pour l’attraper, les lèvres tendues.  

- Ryo !, hurle-t-elle, prenant un plateau et me frappant avec pour se défendre.  

 

J’atterris derrière le bar à l’abri des regards et reprend une attitude normale.  

 

- Continue à faire semblant de me frapper. On me suit encore., lui dis-je.  

- Infâme pervers ! Satyre ! Immonde déchet humain !, continue-t-elle à crier, battant son plateau dans l’air.  

- Je crois que c’est bon mais je vais faire le mort deux minutes. J’ai besoin de ton aide, Miki.  

- Pourquoi ?, me demande-t-elle, m’adressant un regard interrogateur alors que tout son visage affiche la colère.  

- Pour tromper Kaori., lui apprends-je.  

 

Ses prunelles virent au marron doré, signe que sa colère n’est maintenant plus une mise en scène mais est bien réelle et je lève les mains, faisant le signe du temps mort avant qu’elle ne recommence à me frapper. Le bazooka d’Umi n’est pas loin et elle pourrait bien s’en servir…  

 

- Donne-moi deux minutes pour t’expliquer avant de me tuer., l’imploré-je.  

 

Elle me dévisage puis relève la tête alors qu’Umibozu apparaît. J’aurais peut-être mon salut avec lui. Elle me fait signe de me relever et je regagne ma place, acceptant avec gratitude la tasse de café que mon ami me tend.  

 

- Explique-toi rapidement, Saeba. Parce que t’entendre me dire que tu veux tromper ma meilleure amie entre la vie et la mort alors que je viens juste d’apprendre que vous étiez ensemble, je pourrais très mal le prendre., me prévient-elle, les yeux plissés.  

- Kaori est partie… Officiellement, je veux dire. Ce qui veut dire que je n’ai plus mes entraves et que je peux reprendre mes petites habitudes sans avoir quiconque pour m’arrêter. Voler des sous-vêtements à des passantes dans la rue, je peux continuer. Draguer en mode pervers, ça ne me fait pas risquer grand-chose non plus mais je n’ai plus de raison de ne pas partir avec une bunny ou toute autre femme désireuse de passer la nuit avec moi. C’est ce que je faisais avant et ce que je dois refaire maintenant pour la protéger.  

 

Son air se radoucit non pas à cause de mes mots mais plus à mon air sombre, je pense. Elle doit bien voir que ça ne me plaît pas et, si je n’avais pas à cœur de tout faire pour te protéger, je n’y aurais même pas songé. Seulement, je ne peux pas m’ôter de l’esprit que les clans et tous mes ennemis dans leur ensemble nous prennent pour ce qui s’apparente à un couple, atypique certes, mais un couple. Donc, si tu es partie, je n’ai plus le garde-fou qui m’empêchait de finir la nuit dans les bras de n’importe quelle miss Mokkori. Il faut donc que j’agisse en conséquence même si ça me débecte.  

 

- Tu dois coucher avec d’autres femmes pour protéger Kaori ? Je n’arrive pas à y croire. Tu n’es pas obligé de faire ça, Ryo., murmure-t-elle, peinée.  

- Non, tu as raison mais il faut que tout le monde le croit et c’est là où tu interviens. J’ai besoin que tu m’apprennes quelques techniques d’hypnose pour que les femmes que je raccompagnerai chez elles pensent que nous avons couché ensemble., lui dis-je.  

- De l’hypnose…, souffle-t-elle, soulagée.  

- Oui, bien sûr. Alors voilà…, commence-t-elle.  

 

Pendant une demi-heure, elle m’explique sa technique et je l’écoute attentivement.  

 

- Tu as tout compris ?, me demande-t-elle alors qu’elle a fini et que je ne lui ai posé aucune question.  

- Je pense. Il faut avant tout détendre la personne et ça, je sais faire., lui réponds-je avec un clin d’oeil.  

- Mais comment tu feras si tu fais face à une personne qui n’est pas réceptive à l’hypnose ? Ca arrive, tu sais., me fait-elle savoir, inquiète.  

- Je sais. J’improviserai. Je suis habitué.  

 

Elle me regarde, me jauge puis me sourit, posant sa main sur la mienne et la pressant.  

 

- N’hésite pas si tu as besoin qu’on revoit cela parce que tu n’y arrives pas… et fais attention à toi surtout. Ne te brûle pas les ailes en voulant la protéger. Kaori n’aimerait pas cela., m’affirme-t-elle.  

- Je sais mais je ferai quand même ce qu’il faudra pour elle… surtout quand j’ai des ombres qui me suivent.  

 

Je ne me retourne pas pour voir s’ils sont encore là. Je n’en ai pas besoin. Je les sens. Il est bientôt dix-huit heures. Il me reste à peine plus d’une heure pour les semer et aller te voir. Ca peut être suffisant… ou pas…  

 

- Vous m’excuserez mais je vais faire ma sortie par la petite porte. Je n’ai pas le temps de jouer avec mes toutous. A bientôt, les amis.  

 

Je me dirige vers les toilettes et sors par la fenêtre arrière. Les ruelles sont mon domaine. Je m’y repère aussi bien que dans les artères plus grandes, de jour comme de nuit. Je connais leur configuration, les personnes qui y habitent, les bruits, les odeurs… Je n’ai donc pas à me retourner pour savoir que mes poursuivants m’ont pris en chasse mais avec deux trains de retard. Je n’ai donc aucun mal à les perdre dans le dédale, prenant divers détours avant d’accélérer le pas et de les perdre définitivement. Il est dix-huit heures trente quand je me glisse dans ta chambre, habillé de ma tenue de circonstance.  

 

- Alors Kaori, je t’ai manqué ? Que s’est-il passé ici depuis ce matin ? J’ai eu une journée palpitante de mon côté. J’ai fait le ménage et les courses. Oui oui, tu as bien entendu, le ménage et les courses. Je sais faire, tu sais, même si c’est drôlement plus plaisant de te regarder faire, surtout quand tu te mets en mini-jupe. J’aime bien m’assurer ensuite que tu ne t’es pas salie… C’est important, très important…  

 

Mon sourire est coquin, je le sais. Mes pensées le sont tout autant. J’ai besoin de ce moment avant ce soir. Selon les nouvelles de Reika, j’irai ou non au Kabuki, je finirai ou non dans l’appartement d’une jolie demoiselle peu farouche à essayer de l’hypnotiser pour lui faire penser que nous avons couché ensemble. J’ai peur d’échouer Kaori. J’ai peur de me faire prendre à mon propre piège et de chercher à apaiser ce manque qui gronde en moi. Le sexe a souvent été un refuge pour moi. Je ne veux plus qu’il le soit. Tu… On en a fait quelque chose de beau, un moment privilégié entre nous. Je veux que ça reste ainsi.  

 

- J’aurai peut-être un client ce soir… Ce serait bien, non ? Je ne pourrais peut-être cependant pas venir te voir le temps de cette affaire. Alors Kaori, sache que je suis là à chaque instant., te dis-je, touchant ton cœur doucement.  

 

Je reste un moment là à le sentir battre sous mes doigts et j’en mémorise le rythme, la sensation pour les jours à venir. Le mien se serre douloureusement à l’idée de ne pas te voir mais je n’ai pas vraiment le choix, non ? Tu me dirais certainement de m’occuper de notre affaire avant tout.  

 

- Tiens le coup, Sugar. J’aimerais tant que tu me fasses un signe, quelque chose…  

 

J’attends un instant, un moment même, mais rien ne vient. Je réprime le soupir de frustration qui monte.  

 

- Un autre jour peut-être…, finis-je par dire, forçant un sourire sur mes lèvres.  

- Je dois y aller, Kaori. Peut-être à demain mais n’oublie pas que quoiqu’il arrive, je suis là en toi. Tu n’es pas toute seule. N’oublie pas ta mission, Sugar.  

 

Je pose les lèvres sur ta main avant de me lever et d’embrasser ta tempe. Je sens les larmes poindre à l’idée de ne pas te revoir avant plusieurs jours.  

 

- Tu dois survivre pour moi, Kaori. Rappelle-toi bien cela. Tu dois survivre pour que je puisse de nouveau te prendre dans mes bras, que tu ressentes tout ce que je ressens pour toi. N’oublie pas cela.  

 

Mes lèvres se pressent une dernière fois contre ta peau douce et chaude et je me force à partir.  

 

- Je ne pourrai pas venir pendant plusieurs jours sauf urgence. Prévenez-moi s’il y a des évolutions., demandé-je à l’infirmière, juste avant de sortir.  

 

Elle acquiesce et je m’en vais. A peine sorti de l’hôpital, mon téléphone sonne. C’est Reika. 

 


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