Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 18 :: Chapitre 18

Publiée: 14-06-21 - Mise à jour: 14-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires qui sont un plaisir comme toujours ^^

 


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Chapitre 18  

 

Ca fait un bon moment que je t’observe maintenant. Je m’abreuve de ton visage endormi, serein. Tes traits sont immobiles et je me rappelle toutes ces fois où je suis passé devant ta chambre en rentrant tard de virée, t’entendant marmonner et remuer dans ton lit. Ton sommeil n’a rien d’agité présentement et c’est beau de te voir ainsi détendue. Je ne tiens plus. Je suis resté aussi calme que possible pour ne pas te réveiller mais j’ai besoin de te toucher, de me rassurer sur le fait que tout cela est bien réel.  

 

Mes doigts frôlent ta tempe, sentant la caresse de tes cheveux en passant, puis descendent sur ta joue. Un petit soupir s’échappent de tes lèvres et tu ouvres doucement les yeux. Nos regards se croisent et le moment se fige. Je me noie dans tes prunelles mais pour mon plus grand plaisir. Je me sens bien là où je suis. Je ne regrette rien de ce qui s’est passé… ou de ce qui ne s’est pas passé.  

 

- Bonjour Ryo., finis-tu par murmurer.  

 

Ton visage est posé sur mon épaule et tu l’as simplement légèrement relevé pour ce long regard que nous venons d’échanger. Je vois ton contentement à te retrouver là contre moi mais, en même temps, j’ai l’impression que tu me sondes pour savoir ce que je pense, l’incertitude s’invitant au passage alors que je mets un peu de temps à te répondre. Excuse-moi, j’ai dans le viseur deux petites choses rouges très tentantes et j’essaie de me discipliner pour ne pas te sauter dessus. Argh… A quoi bon ? Au diable, la politesse, la bienséance ou toutes ces choses que je devrais peut-être faire. On ne m’a pas appris et tu ne m’en voudras pas de te montrer à quel point ça me plaît de t’avoir là, non ?  

 

Je fonds sur tes lèvres en te faisant basculer sur le dos. Je les presse peut-être un peu rudement mais je suis toujours un peu sauvage le matin… le midi et le soir aussi d’ailleurs, me dis-je, sentant un sourire ironique étirer mes commissures. Mon pouce caresse ta joue et, ça, c’est plutôt inédit pour moi mais je m’en fous, c’est agréable aussi, surtout quand tu réponds à mon baiser avec encore plus de hardiesse que la veille au soir, ta main se glissant dans mes cheveux. Tu imprimes des petits mouvements sur ma bouche que je trouve extrêmement sensuels mais je ne dois pas être très objectif… Au bout d’un long moment, je m’écarte et j’observe un instant tes joues rosies et la lueur dansante dans tes yeux.  

 

- Bonjour, Kaori., te dis-je d’une voix de basse.  

 

Je te vois entrouvrir les lèvres et les mordiller nerveusement, ton regard se fixant sur les miennes, un peu fiévreux. Aurais-tu envie que je t’embrasse encore ? Vas-tu oser me le demander ? Vas-tu oser venir me chercher ?  

 

- Je… Je devrais aller me laver les dents., me dis-tu soudain, posant tes doigts sur ta bouche.  

 

Sidéré, j’entends une libellule voler derrière moi. Ca, ce n’était définitivement pas la répartie que j’attendais et, le moment de stupeur passé, mes lèvres s’étirent et je me mets soudain à rire. Visiblement, ma réaction ne te plaît pas parce que tu fronces les sourcils avant d’essayer de m’échapper mais tu n’y arrives pas puisque je suis à moitié allongé sur toi et que je n’ai pas envie de te laisser partir.  

 

- Ne te moque pas de moi !, grondes-tu, fâchée.  

- Je ne me moque pas de toi mais… je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que tu voulais encore un baiser.  

 

Je n’ai pas honte de te dire cela. J’ai en plus le plaisir de te voir rosir un peu plus, de te voir de nouveau mordiller tes lèvres et je ne tiens plus. Je les prends et les mordille à ta place, t’entendant gémir doucement. Je les martyrise ainsi un moment avant de les quitter pour embrasser ta joue puis la ligne de ta mâchoire jusqu’à ton menton. Nos regards se croisent un instant et c’est toi qui glisses ta main dans mon cou avant de relever la tête pour venir chercher ma bouche. Je te l’offre avec plaisir et, quelques instants plus tard, je taquine tes lèvres de ma langue, les caresse tout en douceur, te quémandant l’accès.  

 

- Non…, me dis-tu, t’écartant de moi.  

- Je vais trop vite ?  

 

Ca m’étonne un peu parce qu’on a été aussi loin la veille au soir et que je me souviens très bien que ces baisers-là semblaient te procurer beaucoup de plaisir. Tu ne semblais pas rebutée par nos échanges et tu y participais activement. Alors pourquoi ce regard gêné ce matin ? Pourquoi ce refus ?  

 

- Non. C’est juste que… Je ne me suis pas encore lavée les dents ce matin. Alors je dois avoir mauvaise haleine et ça me gêne., m’avoues-tu d’une petite voix.  

- Tu sais, il n’y a que dans les films que les femmes se réveillent parfaitement maquillées et coiffées et les hommes rasés de près de leur lit. Tu t’es brossée les dents hier soir, Kaori. Je pense que ton haleine sera encore assez fraîche pour ne pas me faire mourir d’asphyxie., te taquiné-je.  

- Ne me gâche pas le plaisir d’avoir une belle femme dans mon lit et de ne pas pouvoir profiter de quelques moments avec elle., ajouté-je, une lueur chaude brillant dans mon regard.  

- Alors laisse-moi t’initier à certaines de mes pratiques comme le fait de paresser au lit pour d’excellents motifs.  

 

Tu hésites, me jettes un dernier regard indécis avant d’acquiescer timidement. Je fais intérieurement une petite danse de la victoire à ton acceptation. Après tout, tu es une pro du saut de lit au réveil alors pouvoir te garder un peu dans le mien, c’est déjà un grand bond en avant. Je cesse de muser et reprends là où tu m’as arrêté. Mes lèvres sur les tiennes, tes mains maintenant dans mon dos alors que mon corps est pressé sur le tien, je caresse la ligne médiane de ta bouche gonflée et sensible du bout de la langue et tu finis par ouvrir les portes de ton antre. A partir de là, j’avoue avoir perdu un peu le fil, ma raison ayant chaviré dans un monde plus passionnel, ma seule ancre restant de ne pas aller plus loin que tu n’en as envie.  

 

Mon réveil sonne et me tire de ce rêve des plus agréables. M’agrippant aux derniers vestiges du réveil après notre première nuit ensemble, je garde les yeux fermés. Je sais que je serai seul quand je les ouvrirai, je sais que je ne croiserai pas ton regard. Je ne sens déjà pas ta chaleur contre moi ni ta tête posée sur mon épaule. Il n’y aura pas de baiser tendre ou passionné partagé au petit matin sous la chaleur de la couette. Il n’y aura pas tout cela aujourd’hui mais ça arrivera de nouveau. Tu ne me feras pas faux bond, je le sais. Fort de cette confiance, j’ouvre les yeux, prêt pour cette nouvelle journée.  

 

Première mission pour aujourd’hui, suivre la personne désignée par le client de Reika. L’aube se lève à peine quand je me gare devant chez lui. Monsieur a des doutes sur la fidélité de sa femme et il veut qu’on découvre ce qu’elle cache. Typiquement, le genre d’affaire qui m’ennuie à mourir mais bon, je me réconforte en y voyant deux points positifs : ça gonflera le compte en banque et la jeune femme n’est pas désagréable à regarder. Eh ! Je te vois froncer les sourcils : regarder n’est pas toucher, ma chère, alors, si je peux supporter les compliments que tu fais sur la plastique d’un certain acteur-danseur, tu peux bien supporter que je complimente de loin une jolie femme. Ca s’arrêtera là.  

 

Me voilà donc à patienter pendant deux longues heures dans la panda à attendre le début des festivités. J’ai le temps de voir ce quartier plutôt résidentiel s’éveiller et démarrer sa journée. Le client de Reika sort de chez lui dans sa berline dernier cri et gagne son gratte-ciel en plein centre de Tokyo. J’attends encore une bonne heure avant que l’épouse sorte de là, chapeau et lunettes de soleil sur le nez, jetant des regards inquiets de tous côtés, avant de prendre sa propre voiture. Je pousse un long soupir : ça sent la tromperie à plein nez. Je comprends les doutes de cet homme plutôt âgé qui se retrouve avec une jeune épouse aux courbes avantageuses et certainement inactive. C’est qu’avant toi, j’en aurais bien fait mon quatre heures aussi, me dis-je en frottant inconsciemment ma tête.  

 

Lui laissant un peu d’avance, mais pas trop, je la prends donc en filature en espérant qu’elle ne va pas me faire tourner en rond pendant des heures et des heures parce que je n’ai pas envie de rater ma visite à l’hôpital. Je t’ai déjà prévenue que je ne serai probablement pas là le matin mais je compte bien avoir le temps de passer avant dix-neuf heures. Je la suis donc tranquillement malgré la circulation tokyoïte et je la vois passer les sorties pour le centre-ville. Le rendez-vous clandestin n’aura donc pas lieu dans un hôtel… ou alors ont-ils opté pour les hôtels en périphérie ? Ce doit être cela puisqu’on s’éloigne du cœur de Tokyo.  

 

Je fronce les sourcils en reconnaissant cette route que tu m’as fait prendre un certain nombre de fois, très souvent en pestant d’ailleurs. C’est la route qui mène à l’orphelinat. Je me demande dans quelle maison elle va s’arrêter car il y en a peu jusque là… mais que des belles propriétés. Madame se serait trouvée un amant de plus haut standing ? Quel ennui… Je ne peux même pas dire que je vais tomber sur un méchant pas beau de ce côté-ci de la ville. D’un autre côté, je ne tiens pas particulièrement à me mettre en danger actuellement. Ca ne fera pas un récit très excitant à te raconter ce soir mais on fera avec. Au pire, je rajouterai quelques faces libidineuses, vols de sous-vêtements et poursuites automobiles pour pimenter les choses… ou pas.  

 

Je fronce les sourcils en dépassant la dernière maison : il ne reste que l’orphelinat, après, c’est sortie de la ville pour retrouver la ville suivante. C’est aussi une mesure de sécurité de rencontrer son amant ailleurs qu’à Tokyo, peut-être en dehors de son cercle amical, me dis-je. Mais j’en suis encore pour mes frais dans mes réflexions lorsqu’elle met son clignotant et s’engage sur le parking de l’orphelinat. Ok, à part si elle a des affinités saphiques, elle ne rencontrera pas son amant ici, me dis-je, ralentissant pour lui laisser le temps de rentrer avant de me garer à mon tour.  

 

Même si j’ai promis à Reika de rester éloigné de ses clients, je ne peux pas m’empêcher de sortir de la voiture et de pénétrer dans le bâtiment. C’est plutôt calme pour le moment mais, à cette heure, la plupart des enfants sont à l’école. Il ne reste que les plus jeunes.  

 

- Monsieur Saeba… Quelle surprise. Je ne vous attendais pas. Kaori n’est pas avec vous ?, me demande la directrice.  

 

Merde, je n’ai pas pensé à ça… Je ne me vois pas lui dire que tu es partie comme à tout le monde.  

 

- Pouvons-nous discuter en privé ?  

 

Sans un mot, elle me désigne le chemin de son bureau dans lequel nous nous enfermons peu après.  

 

- Ce que je vais vous dire doit absolument rester entre nous. Vous ne devez en parler à personne.  

- Vous m’inquiétez, Monsieur Saeba. En mémoire d’Hideyuki, je vous promets de garder cela entre nous., m’affirme-t-elle.  

- C’est vraiment important que vous n’en parliez à personne., insisté-je.  

- Vous pouvez avoir confiance, Monsieur Saeba.  

 

Je suis nerveux, très nerveux, comme je peux l’être quand ça concerne ta sécurité. Ca m’a déjà fait faire des bêtises par le passé. J’inspire profondément, me rappelant que Hideyuki avait confiance en elle. Ca me permet d’apaiser mes craintes et de me lancer.  

 

- Kaori a eu un grave accident de voiture. Elle est actuellement à l’hôpital dans un coma provoqué. Elle va bien étant données les circonstances.  

- Ce n’est pas vrai…, murmure-t-elle, choquée.  

- Officiellement, j’ai fait passer son absence sur le compte de son départ de Tokyo. Personne ne doit savoir qu’elle est vulnérable., lui dis-je, la fixant d’un regard sérieux.  

- Je comprends. Puis-je dire aux enfants qu’elle est partie en voyage ? Ce sera moins pénible que de leur dire qu’elle est partie avec le côté définitif que ça a., m’explique-t-elle.  

- On peut leur dire cela.  

 

Je n’ai pas le cœur de leur faire du mal. Ils doivent déjà se poser beaucoup de questions concernant ton absence actuelle.  

 

- Vous êtes venu voir les enfants tout seul ?, me demande-t-elle après un moment de silence.  

 

Elle paraît étonnée et je la comprends un peu. Je n’ai pas vraiment fait montre d’un grand enthousiasme quand tu m’amenais ici parfois même si j’étais plus volontaire ces derniers temps.  

 

- En fait, je suivais quelqu’un qui est venu ici. Une de vos bénévoles peut-être ?, lui apprends-je.  

- De qui s’agit-il ?, m’interroge-t-elle, se dirigeant vers la fenêtre.  

 

Elle soulève le rideau, dévoilant l’aire de jeux où les plus petits évoluent, courant, criant, riant… Je dévisage les visages féminins et lui désigne la jeune femme que je cible.  

 

- C’est Mariko. Cela fait quelques semaines qu’elle vient, trois fois par semaine. Elle n’a pas encore décidé si elle voulait vraiment devenir bénévole., m’explique-t-elle.  

- Il y a un souci avec elle ? Je dois l’éloigner des enfants ?, s’inquiète-t-elle.  

- Non, je ne pense pas. Vous permettez que je reste un peu ici à l’observer ? Je viendrai voir les enfants après., lui dis-je.  

 

La directrice acquiesce et me laisse seul dans son bureau. Je baisse le rideau pour me cacher à la vue et observe au travers la jeune femme. Je la regarde et mes sourcils se froncent de perplexité. Mariko vient donc ici volontairement, faisant près d’une demi-heure de route alors qu’elle a un orphelinat à moins de cinq minutes de chez elle. Elle vient ici mais elle reste en retrait, regardant les enfants jouer sans aller vraiment vers eux. Elle répond à leurs demandes mais sans plus. L’observant encore plus attentivement, je m’aperçois que ses yeux sont rivés sur un petit garçon de trois ans environ. Ses traits sont empreints de douceur et de douleur et je pourrais jurer qu’elle a les larmes aux yeux.  

 

Soudain, le petit se tourne vers moi et je pense comprendre ce qu’il se passe. Les yeux identiques, le même petit nez légèrement retroussé, les cheveux de la même couleur, ce petit garçon est le portrait craché de Mariko. Mon regard revient sur la jeune femme et je vois tout l’amour qu’elle porte à cet enfant et une question me vient à l’esprit : pourquoi ? Pourquoi sont-ils séparés ? Je me souviens des recommandations de Reika, de ne pas me mêler des affaires, de la laisser gérer mais j’ai cette petite voix dans ma tête, ce petit ange à la crinière rousse sur mon épaule qui me dit que je ne peux pas laisser les choses en l’état. Je ne peux pas simplement dire à Reika que son client n’a pas à s’inquiéter d’un amant éventuel. Sa femme le trompe mais ça n’a rien d’une banale histoire de coucherie.  

 

Mon observation m’ayant vraisemblablement apporté les réponses attendues, je sors du bureau et rejoins le groupe à l’extérieur.  

 

- Ryo !, entends-je hurler.  

 

Ce premier appel est suivi de quelques autres et tous les plus grands se précipitent sur moi, tout sourire. Il faut dire que, dans leur entourage, je suis le seul homme. Ca les change un peu. En plus, j’ai plein d’amoureuses ici et, pour celles-là au moins, je ne reçois aucune massue. J’attrape donc une première petite fille que je soulève dans les airs, la faisant rire aux éclats. Avant toi, j’étais resté relativement en retrait des enfants que je côtoyais. Depuis, tu m’as forcé à les approcher et je n’en suis pas mort. Je me sens même un peu plus vivant quand je suis avec eux. Je profite de leur insouciance, de leurs rires, de leur tendresse aussi.  

 

Alors me voilà à faire une tournée de câlins, de soulever de mini-pouces, de chatouillis et de bisous bien sonores. Ils m’assaillent de questions, certains me demandent même où tu es. Comme le hasard fait toujours bien les choses, surtout quand on le pousse un peu dans ce sens, le dernier à vouloir venir à moi est ce petit garçon dont le prénom me revient d’un coup : Aiichiro.  

 

- Alors mon grand, tout va bien aujourd’hui ? Tu as été sage depuis la dernière fois, Aiichiro ?  

 

Fier que je me souvienne de son prénom, il secoue vivement la tête avec un sourire qui va d’une oreille à l’autre. Du coin de l’oeil, je vois Mariko nous observer avec tous les signes évidents d’une femme sur le point de pleurer. Je la détaille du regard rapidement en me demandant si nous aurions pu passer un moment ensemble et soupire de soulagement malgré moi quand la conclusion est négative. J’ai toujours pris mes précautions mais on n’est jamais à l’abri d’un accident de parcours et ce n’est vraiment pas une épreuve que je voudrais t’imposer, surtout maintenant. Je suis sûre que tu ferais avec, comme avec la petite Shiori, mais je n’ai pas envie de ça pour nous.  

 

- Tu restes avec moi pour me donner du courage ?, demandé-je à mon petit compère toujours dans mes bras.  

 

Il acquiesce fièrement et je me mets un peu en retrait, finissant comme par hasard, encore, à côté de Mariko dont la lèvre inférieure tremble, le regard fixé sur le petit garçon.  

 

- Ryo., me présenté-je.  

- Ma… Mariko., bafouille-t-elle.  

 

Je pense qu’elle a une boule dans la gorge à voir ce petit garçon, son petit garçon, si près d’elle. Elle a parcouru une sacrée distance pour venir le voir mais semble incapable de l’approcher plus.  

 

- Tu dis bonjour à la dame, Aiichiro., fais-je au petit garçon.  

- Bonjour, Madame., scande-t-il de sa petite voix, assortissant le tout d’un sourire dévoilant toutes ses dents de lait.  

- Bon… jour… Je ne peux pas…, murmure-t-elle avant de s’en aller en courant.  

 

Je vois le regard surpris d’Aiichiro qui la suit avant de se tourner vers moi.  

 

- Pourquoi elle pleure, la dame ? J’ai fait quelque chose de mal ?, me demande-t-il, inquiet.  

- Ce n’est pas à cause de toi, bonhomme. Tu veux retourner jouer ? Moi, je vais aller lui parler.  

 

Il acquiesce et je salue rapidement l’assemblée avant de retourner vers le parking. Mariko est appuyée sur sa voiture, le front posé sur son bras contre la carrosserie, et son corps est secoué de sanglots. Sans un mot, je m’adosse au véhicule juste à côté d’elle, sortant un mouchoir en papier de ma poche. Je dois attendre un moment avant qu’elle réalise ma présence et se redresse un peu, tentant de reprendre un air convenable sans grand succès. Toujours silencieusement, je lui tends le mouchoir qu’elle accepte d’un signe de tête. Je lui laisse un peu de temps et ne lui parle que lorsqu’elle a fini de se tamponner les yeux.  

 

- C’est dur de voir son enfant à l’orphelinat, n’est-ce pas ?  

 

Elle relève brusquement la tête et me dévisage, interloquée.  

 

- Comment savez-vous ?, souffle-t-elle.  

- Votre comportement, les regards fixes sur Aiichiro. Que s’est-il passé ?  

- Je… Ce ne sont pas vos affaires ! Je ne sais même pas qui vous êtes !, me répond-elle sur la défensive.  

 

Elle me contourne et fait pour ouvrir la portière côté conducteur mais je la bloque d’une main. Elle recule d’un pas certainement impressionnée par ma carrure.  

 

- Laissez-moi passer ou je crie et la directrice va appeler la police., me prévient-elle, tentant de se montrer forte.  

- Je vous conseillerai de me parler. Je peux peut-être vous aider., lui dis-je calmement.  

- Qui êtes-vous ?, me demande-t-elle avec défiance.  

- Je travaille pour la détective que votre mari a engagée pour suivre vos déplacements.  

- Oichiro ? Il n’aurait pas… Mais pourquoi ?, s’étonne-t-elle.  

- Parce que vos déplacements réguliers trois fois par semaine en son absence lui donnent de fausses impressions., lui réponds-je.  

 

Bon, ok, je bafoue quelques règles éthiques du métier mais le jeu en vaut la chandelle, non ? Reika va peut-être me taper sur les doigts mais la petite personne sur mon épaule approuve ma décision et elle compte beaucoup plus.  

 

- Mais je ne le tromperais jamais. Je l’aime sincèrement !, m’affirme-t-elle.  

- Vous avez confiance en lui ?  

- Oui. Je donnerais ma vie pour lui., me confie-t-elle.  

- Alors pourquoi ne pas lui donner votre fils ?  

 

Ma réplique lui fait relever la tête et je vois l’espoir dans ses yeux avant la déception.  

 

- Je ne peux pas. Aiichiro… C’était une autre vie dont je n’ai pas parlé à mon mari. J’ai… J’ai honte de ce que j’ai fait., m’avoue-t-elle.  

- Si vous avez vraiment confiance en lui, vous devriez lui parler, sinon vous avez faussé la donne et ça vous reviendra en pleine figure. C’est en train de vous revenir en pleine figure, Mariko. Vous allez peut-être les perdre tous les deux. Votre mari a rendez-vous ce soir avec mon employeuse. Dix-sept heures à cette adresse. Je lui aurai fait mon rapport d’ici là. C’est à vous de voir comment vous voulez qu’il l’apprenne. C’est peut-être le moment où votre vie peut changer et cette partie de votre passé s’intégrer à votre futur.  

 

Je lui tends une carte de visite de Reika et la laisse seule face à ses décisions. Je pense avoir été clair et lui avoir donné les bons arguments pour qu’elle prenne la meilleure décision. Si son mari l’aime, il acceptera peut-être cet enfant et ses erreurs antérieures. Toi, tu l’as bien fait avec moi et je pense que mes erreurs étaient bien plus honteuses qu’un enfant caché… Je grimpe dans la panda, observe encore un moment Mariko, le regard perdu sur l’orphelinat, et je finis par m’en aller.  

 

- Salut Ryo, pas de message au tableau ce matin. Tu as des nouvelles pour moi ?, me demande Reika.  

- J’ai suivi Mariko Okigawa ce matin. Devine où nous nous sommes rendus., lui dis-je, me laissant aller dans le siège face à elle.  

- Un love hôtel… c’est tellement commun…, soupire-t-elle, blasée.  

 

Je ricane deux secondes, ce qui lui fait relever le visage. Son cynisme m’amuse et m’attriste un peu aussi. J’aime ton côté plus optimiste, ta foi en l’homme. Ca contrebalance bien ma façon de penser, ça l’a influencé aussi.  

 

- L’orphelinat.  

- Quoi ? L’orphelinat ? Mais pourquoi ?, me questionne-t-elle, stupéfaite.  

 

Mentalement, je fais un check à la personne sur mon épaule. J’ai bien le droit de m’amuser un peu : c’est rare de voir la détective déstabilisée.  

 

- Son fils. Ne me demande pas pourquoi ni comment. Je n’en ai pas su plus à part qu’elle a un passé caché. Le seul autre homme dans sa vie, c’est un petit garçon de trois ans., lui apprends-je.  

- Je lui ai dit que tu avais rendez-vous avec son mari ce soir à dix-sept heures. Peut-être qu’elle viendra.  

 

Elle acquiesce avant de bondir sur ses pieds, furieuse.  

 

- Je t’avais dit de ne pas parler avec les cibles ni les clients., me rappelle-t-elle.  

- Désolé… C’est pas moi, c’est elle., lui dis-je, désignant un point sur mon épaule.  

 

Reika me regarde, puis derrière moi, hausse un sourcil et croise les bras, contenant mal son irritation.  

 

- Non seulement tu ne suis pas mes directives mais, en plus, tu te fous de moi ? Je n’apprécie pas, Ryo., me fait-elle savoir.  

- Ecoute, je suis désolé mais je ne pouvais pas la laisser faire une énorme erreur sans intervenir. Kaori m’aurait tué si elle l’avait appris. Tu sais à quel point elle peut être percutante…, fais-je, enfonçant mon cou entre mes épaules.  

 

Elle me lance un regard noir et finit par soupirer, irritée.  

 

- Oui, je sais mais je trouve qu’elle a bon dos. C’est un peu facile de se cacher derrière une absente., me reproche-t-elle.  

 

Ayant accompli ma tâche, je me lève et esquisse un sourire amusé.  

 

- Qui te dit qu’elle est absente ?, lui réponds-je.  

 

Je n’attends pas de réponse de sa part. Je tourne les talons et m’en vais, lui adressant un petit signe nonchalant de la main. Ma mission ici est finie et je m’empresse d’aller faire mon tour en ville. Les choses bougent apparemment à nouveau beaucoup, suffisamment pour qu’un tour au Kabukicho s’impose le soir même alors que ce n’était pas prévu. Ca ne m’enchante pas mais peut-être que j’arriverai enfin à faire d’une pierre deux coups et semer un petit caillou sur ma prétendue frivolité retrouvée… En attendant, je me glisse dans une ruelle pour voir si je suis suivi avant d’alterner grandes artères et allées sombres pour atterrir derrière l’hôpital.  

 

En tenue, j’entre dans ta chambre et t’observe, repensant à mon rêve de cette nuit. Je jette un rapide coup d’oeil à la potence : rien n’a changé de ce côté-là. Ce n’est pas encore aujourd’hui que tu vas ouvrir les yeux… Cela étant dit, je viens m’installer à tes côtés.  

 

- Salut, Kaori. Ca m’a fait plaisir de travailler avec toi aujourd’hui. Peut-être que demain, je pourrai te donner les résultats de notre intervention… même si ça m’a valu un savon de la part de Reika. Je suis aussi passé à l’orphelinat. Les enfants grandissent, tu sais. Tu leur manques.  

 

Assis à tes côtés, caressant ta main, je te raconte toute ma journée, mon rêve de cette nuit aussi et celui qui concerne nos réveils futurs aussi. Il faut bien que je te donne l’envie de revenir près de moi. Je t’avoue sans honte que j’avais l’impression que tu étais là sur mon épaule et que ça m’a fait du bien et que, la prochaine fois qu’on irait à l’orphelinat, je ne râlerai pas, promis, juré.  

 

Je passe ainsi une bonne heure à te parler de tout et de rien avant de devoir te laisser. Comme à chaque fois, mes lèvres se posent sur ton front, errent contre ta tempe, je caresse ton visage et te promets d’être là le lendemain. Je me demande parfois si ça vaut le coup, si je ne devrais pas t’en demander plus, que tu sois réveillée quand j’arriverais ou autre mais je ne le fais pas. Tu ne traînerais pas au lit seule si tu n’en avais pas besoin.  

 

Sortant du service, je croise l’infirmière Yoshi qui a fini sa garde.  

 

- C’est plus tôt que d’habitude, non ?, fais-je, histoire de converser.  

- J’ai modifié mes horaires pour la journée., m’explique-t-elle.  

- Vous avez vu quelqu’un là-haut ? On vous a dit pour Kaori ?, me demande-t-elle.  

- Non. Il y a un souci ?  

 

Je sens mon estomac se nouer. Tu avais l’air bien pourtant. Que se passe-t-il encore ?  

 

- Les médecins vont lever la sédation après-demain. Ca fait un peu plus de sept semaines maintenant. Son état s’est nettement amélioré et ses fractures aux côtes sont presque toutes consolidées. La douleur ne devrait plus être un gros problème à gérer., m’apprend-elle.  

 

La joie m’envahit. Je suis tellement heureux que je la prends dans mes bras à la sortie de l’hôpital. Quelque part, c’était la meilleure personne pour me l’annoncer puisque c’était aussi elle qui avait pris le temps de m’expliquer toutes tes blessures. La boucle est bouclée. C’est un réel soulagement.  

 

- Merci… Merci beaucoup d’avoir été là, du temps que vous avez pris pour moi., lui dis-je, desserrant mon étreinte mais la tenant encore par les épaules.  

- Monsieur Saeba, ça ne veut pas dire qu’elle va forcément se réveiller. On ne sait pas quelles sont les atteintes neurologiques éventuelles., me prévient-elle.  

- Je sais mais c’est déjà une bonne nouvelle, une étape franchie sur le parcours.  

 

Elle m’observe, acquiesce et baisse les yeux.  

 

- Tami, je vous suis vraiment reconnaissant de ce que vous avez fait., la remercié-je, son prénom m’échappant  

- Je n’ai fait que mon travail., murmure-t-elle, relevant le visage vers moi.  

 

Soudain, avant que j’ai eu le temps de réagir, elle est suspendue à mon cou et m’embrasse sans aucune retenue. Furtivement, je me dis que je pourrais accomplir mon plan avec elle mais je reviens sur cette idée. Elle ne mérite pas cela. En plus, ça créerait un trouble inutile entre nous. Doucement, je l’écarte de moi sans avoir répondu à son baiser.  

 

- Non, Mademoiselle Yoshi, pas de ça entre nous. Je vous suis extrêmement reconnaissant mais ça ne va pas jusque là. J’aime ma femme., lui dis-je doucement.  

- Je… pardon., souffle-t-elle avant de s’enfuir en courant.  

 

Je la regarde s’en aller, espérant qu’on arrivera à parler normalement la prochaine fois qu’on se verra. Sinon, j’y remédierai. Pour le moment, j’ai une autre tâche qui m’attend. 

 


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