Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

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Comme il est impossible de vérifier qui lit ces fics comme pour la version php, les fics NC-17 ne sont disponibles que dans la version dynamique du site.

 

 

   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 21 :: Chapitre 21

Publiée: 18-06-21 - Mise à jour: 18-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 21  

 

Je ne ressens plus rien que le poids de ton corps. J’ai réussi, Kaori, je t’ai retrouvée mais pourquoi ? A quoi bon ? A quoi ça rime ? Tu es morte, je me retrouve seul et j’ai mal, si mal. J’avais raison. C’est pire encore que la poussière d’ange. Je ne sais pas si j’arriverai à passer outre cette douleur un jour. Je ne veux pas me séparer de toi. Je veux pouvoir te tenir contre moi jusqu’à la fin de mes jours, sentir ton odeur, ta douceur, ta chaleur m’envahir et non ce vide qui s’insinue en moi.  

 

Je lâche tes jambes et remonte ta tête contre moi. Je la niche dans mon cou comme tu aimais le faire quand nous nous tenions enlacés. Je sens ton front encore tiède contre ma peau, tes cheveux qui me chatouillent le menton et la joue et j’enfouis mon nez dedans. Ils n’ont pas leur odeur caractéristique mais je m’en fous, je peux l’imaginer. Ma main gauche presse ta tête contre moi pendant que l’autre ramène ton bras pendant sur ton ventre et t’enlace.  

 

- Kaori…  

 

Ma voix est une longue plainte alors que je te berce tout contre moi, te serrant aussi fort que possible comme si j’avais peur de te voir disparaître. Ca n’arrivera pas maintenant mais bientôt, trop tôt à mon goût. Je sens une légère brise chaude sur mon torse mais ça ne chasse pas le froid qui a envahi mon corps. Je n’arrive pas à croire qu’après ton frère, c’est toi que je vais enterrer et venir visiter au cimetière. Je ne veux pas, pas maintenant, c’est trop tôt.  

 

La douleur est partout en moi, autour de moi comme si elle m’enlaçait. Elle m’étouffe mais, peu à peu, mes sens reprennent le dessus et je sens l’humidité sur mes joues, ma gorge serrée, mes poumons qui brûlent et toujours cette brise tiède sur mon torse. J’entends soudain l’explosion derrière moi et te serre un peu plus contre moi pour te protéger des poussières éventuelles.  

 

- Je t’aime, Sugar. Ca fait des années que je t’aime. Je suis désolé de ne pas avoir eu le courage de l’admettre plus tôt, de m’être enferré dans mes craintes… J’aurais voulu qu’on ait plus de temps, Kaori., te dis-je en chuchotant.  

 

Je glisse les doigts dans tes cheveux et penche ta tête en arrière. Je contemple un moment ton visage endormi, le caressant avec douceur, mémorisant tes traits même si je les connais déjà par cœur. Ca faisait longtemps que je ne les avais plus vus ainsi, sans tube, sans pansement, sans blessure apparente. Ca fait mal et du bien en même temps. Ca efface un peu plus les images de toi allongée sur un lit. J’ai presque l’impression de te tenir simplement endormie comme une de ces fois où nous nous sommes retrouvés sur le divan, après une mission un peu compliquée. On n’avait besoin de rien d’autre que de se serrer l’un contre l’autre et tu as fini par somnoler contre moi et, moi, je me suis apaisé ainsi.  

 

- Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée, Kaori. Pars sereine. Je ne sais pas comment je tiendrai mais je le ferai. Tu n’auras pas fait tout cela en vain.  

 

Je te parle tout bas comme pour te faire des confidences alors qu’à part Mick à qui je n’ai rien à cacher, il n’y a personne. Mes doigts glissent sur ton front, descendent sur ton nez parfaitement redessiné et s’écartent sur ta joue pour laisser la place à mon visage. Mes lèvres prennent les tiennes en un baiser d’une tendresse sans égale. Je sens mes larmes glisser le long de mes joues et venir s’échouer à la commissure de mes lèvres, chaudes et salées. Je sens de nouveau la brise légère effleurer ma bouche posée sur la tienne. Etrange cette brise qui n’effleure qu’une partie de mon corps, pensé-je soudain et tout mon être se fige lorsque je sens une brise plus fraîche caresser tout mon corps.  

 

- Ryo, on doit y aller. Les flics arrivent., me dit Mick, approchant enfin.  

 

Je ne bouge pas. Je suis incapable de bouger. Mon attention est concentrée sur cette brise chaude qui continue à effleurer mes lèvres à un rythme régulier et, doucement, j’entrouvre les tiennes, sentant le même souffle tiède en sortir soudain. Mes larmes coulent de plus belle et je te serre encore plus fort contre moi, réalisant que ce n’est pas une brise chaude qui m’effleure depuis tout à l’heure mais ton souffle.  

 

- Ryo, il faut qu’on parte., me redit Mick.  

- On va à la clinique. Tu conduis., lui fais-je savoir, me relevant en te tenant toujours contre moi.  

 

Je ne sais même pas comment j’y arrive sans vaciller parce que ma position n’était vraiment pas idéale mais je le fais et je cours presque jusqu’à la voiture.  

 

- Elle est vivante, Mick.  

 

J’entends sa respiration se couper un instant avant de l’entendre allumer le moteur. Je sens son soulagement, je l’entends appuyer sur la pédale d’accélérateur un peu trop fort, faisant rugir le moteur de la panda et la voiture bondit en avant. Je ne crains pas pour toi, je te tiens fermement calée contre moi. Vivante, tu es vivante. Tu respires par toi-même et je n’arrive pas à croire que tu aies encore une fois réussi à déjouer la Faucheuse. Tu es une force de la nature, Kaori.  

 

- Merci., te dis-je dans un souffle, posant les lèvres sur ton front.  

- Son cœur bat normalement ?, me demande Mick, inquiet.  

 

Je pose les doigts dans ton cou et ferme les yeux pour me concentrer.  

 

- Comme lorsqu’elle dort., lui réponds-je, ne cachant rien du soulagement que je ressens.  

- Parce que tu prends son pouls quand elle dort ?, se moque-t-il de moi, le soulagement le gagnant encore un peu.  

 

J’esquisse un sourire pour la première fois de la journée, je pense. Oui, ça m’est arrivé de poser les doigts au même endroit pendant que tu dormais et de fermer les yeux en sentant ce petit battement régulier. Ca me rassure les fois où j’ai du mal à croire que nous deux, c’est devenu réalité, que je ne suis pas en train de rêver.  

 

- Tu ne fais pas des trucs débiles avec Kazue ? Des trucs que tu n’aurais jamais pensé faire avant ?, le questionné-je, gardant mes doigts sur ton cou.  

- Hmmm… Moi ? Non. Je ne me réveille pas en plein milieu de la nuit et ne la regarde pas dormir pendant des heures. Je ne trouve pas non plus ses ronflements mignons surtout quand elle fait une petite moue en même temps. Je ne l’aide qu’à défaire ses soutiens-gorges, mais jamais à les mettre. Je ne lui achète pas non plus des fleurs sur un coup de tête., me dit-il.  

 

Je capte son regard pétillant dans le rétroviseur. Ca fait du bien d’entendre ça. Je me sens un peu moins con en repensant à tous ces gestes, ces mots que j’ai envers toi depuis qu’on est ensemble mais qui me restent difficiles et ceux que je retiens parce que je ne me sens vraiment pas à l’aise.  

 

- Parfois, je me dis qu’elle n’a pas pu accepter notre relation et que je rêve que je l’ai dans mes bras. J’ai besoin de la sentir vivante contre moi pour me rassurer. C’est idiot., admets-je, caressant ton visage et posant les doigts sur ton cou de nouveau, te monitorant à ma façon.  

 

Ton souffle tiède continue à me chatouiller régulièrement. Il devrait peut-être être un peu plus fort mais tu respires.  

 

- Ce n’est pas idiot. Nous deux, on n’était pas forcément destinés à rester avec une seule femme, encore moins l’aimer aussi profondément., me dit mon ami.  

- Je ne pensais même pas être capable d’aimer et aujourd’hui… Je ne peux plus imaginer ma vie sans elle même si ce n’est pas tous les jours facile.  

- Bienvenue dans les problèmes sentimentaux du commun des mortels., me taquine Mick.  

 

Les problèmes sentimentaux du commun des mortels… Ca fait du bien à entendre quelque part, comme si je touchais enfin du doigt un tout petit espace de normalité.  

 

- On arrive, Ryo., m’informe-t-il, ralentissant pour entrer sur le parking de la clinique.  

- Tu préviens les autres, s’il te plaît ?, lui dis-je alors que je glisse sur le siège, te tenant fermement contre moi.  

 

Je sors du véhicule et m’engouffre dans le bâtiment, te portant précautionneusement. Je vois le Professeur venir vers moi, visiblement peiné.  

 

- Elle respire, Professeur.  

 

Aussitôt, son visage s’éclaire et il s’anime d’une énergie retrouvée, m’indiquant la salle d’examen où je dois t’emmener. Kazue s’engouffre à notre suite, comprenant à notre air que quelque chose se joue.  

 

- Kazue, donne-lui de l’oxygène puis on la branche. Ca fait combien de temps qu’elle a été débranchée de ses perfusions ?, me demande-t-il.  

- Elle a été enlevée vers neuf heures ce matin. Donc ca fait bientôt huit heures., lui dis-je, jetant un œil à ma montre.  

 

Je me sens un peu inutile, debout au bout de la table d’examen. J’ai eu la chance de pouvoir te tenir contre moi pour la première fois depuis des semaines et, là, je ne peux de nouveau plus. Je trépigne d’impatience comme les gamins de l’orphelinat avec leur cadeau de Noël. J’ai hâte de pouvoir te toucher de nouveau, te sentir contre moi.  

 

- Ryo, tu devrais peut-être sortir. On va s’occuper d’elle., me dit le Professeur.  

- Je ne veux pas la laisser. Je… J’ai besoin de rester. Je resterai ici ou là où vous me direz d’aller.  

 

Il pèse ma proposition et finit par acquiescer, me faisant signe de rester là où je suis. Ils t’auscultent de la tête aux pieds, te déshabillent, examinent rapidement tes cicatrices avant de te rhabiller d’une blouse propre.  

 

- Tu veux la ramener à l’hôpital ?, me demande le Professeur quand il en a enfin fini.  

- Je préférerais vous la confier. Je sais qu’elle sera plus en sécurité ici.  

- Ca sera avec plaisir., m’affirme-t-il, coulant un regard tout paternel sur toi.  

- On va la transférer dans une chambre. Kazue, il nous faut un brancard.  

- Ca ne sera pas la peine si je peux la porter.  

 

J’ai envie de l’implorer de me laisser faire mais c’est lui le médecin, celui qui sait ce qui est bon pour toi. Moi, je ne peux pas savoir si tu as une blessure cachée. Je réalise soudain que je t’ai peut-être blessée en te transportant. Putain, quand vais-je arrêter de faire des conneries? Je sens soudain une main se poser sur mon bras.  

 

- Je suis sûr que ça lui fera du bien. Elle n’a rien. Elle va bien., me dit-il, m’adressant un regard me donnant l’impression qu’il a compris mes tourments.  

 

Il acquiesce comme pour confirmer ses dires et Kazue défait la canule sous ton nez avec un léger sourire.  

 

- Guidez-moi., leur dis-je, te prenant dans mes bras.  

 

Je cale ta tête contre mon épaule avant de te soulever. Kazue rajuste ta blouse quelque peu et le Professeur nous ouvre la porte, me faisant signe de le précéder. Je sors et nous tombons sur Mick.  

 

- Alors ?, nous interroge-t-il anxieusement.  

- Professeur…  

 

Je l’invite à répondre. Il le fera mieux que moi.  

 

- Elle va bien. On doit aller l’installer dans une chambre., répond mon vieil ami, nous invitant à avancer.  

 

J’ai le temps de voir le regard de Mick tout à fait rassuré maintenant qui se pose sur ton visage, s’adoucissant. Tu es attendue, Sugar. Arrivés dans la chambre, je te dépose sur le lit, regrettant déjà de devoir te lâcher. Je repose ta tête contre l’oreiller, étends tes jambes et aligne tes bras le long de ton corps sans me rendre compte que le Professeur a retenu Kazue de venir m’aider.  

 

- Kazue va lui remettre ses perfusions et sonde. Viens avec moi., me demande-t-il lorsque j’ai fini.  

 

Les draps dans la main, je suis sur le point d’objecter quand je prends la mesure de ce qu’il me dit. Je n’ai pas besoin d’être là pour certains actes et j’accepte de le suivre après un dernier regard vers toi, laissant la place à notre amie.  

 

- Ryo, Kaori est là ? Elle va bien ? On peut la voir ?  

 

Voilà la salve de questions qui nous accueille tous deux dans le couloir quand nous sortons de ta chambre. Miki avec ses grands yeux bouleversés se tient devant nous et devant Mick et Umi, plus discrets. Je suis sûr que Mick le lui a déjà dit quand ils sont arrivés mais elle ne le croira peut-être que venant de nous ou même que lorsqu’elle te verra.  

 

- Je vais briefer Ryo et il viendra tout vous expliquer., intervient le Professeur posément.  

- Vous pouvez parler devant eux, Professeur. Ca m’évitera de dire des âneries., lui dis-je, leur faisant signe de s’asseoir.  

 

Miki est la plus dure à convaincre mais elle finit par prendre un siège à côté de son mari et patienter. Pour ma part, je m’adosse au mur à côté de ta chambre, l’envie de te voir étant si forte que je me sens incapable de tenir en place.  

 

- Kaori va bien. Elle est inconsciente mais elle respire par elle-même. Ses constantes sont bonnes et elle n’a pas été blessée lors de son enlèvement., nous apprend-il.  

- Elle va donc se réveiller ?, l’interroge Miki, pleine d’espoir.  

 

Je scrute mon ami attentivement et je vois le masque qu’il passe pour répondre. Simultanément, je modère mes propres espoirs.  

 

- Il faut laisser du temps à son organisme pour évacuer les restes des médicaments qui l’ont plongée en coma artificiel., commence-t-il.  

- Mais si elle respire, ça veut dire…, le coupe la barmaid, impatiente.  

- Ca veut seulement dire qu’elle en a évacué suffisamment pour débloquer un minimum sa fonction respiratoire, ce qui explique qu’on lui apporte encore de l’oxygène sans l’avoir intubée., ajoute-t-il, m’adressant un regard pour voir si je comprends.  

 

J’acquiesce, attendant la suite des informations. L’impatience de te voir grandit en moi mais, pour le reste, je me sens étonnamment calme. Est-ce le fait que tu aies échappé une deuxième fois à la mort qui me rend tout à fait confiant dans le fait que tu te réveilleras ? Peut-être. Peut-être que je suis aussi plus serein à te savoir ici où je pourrais venir te voir quand je veux, rester avec toi la nuit, te tenir contre moi sans craindre de bousculer le tube dans ta gorge… si le Professeur le veut bien.  

 

- Il faudra attendre quelques heures encore pour pouvoir évaluer correctement son état. Elle peut se réveiller ou rester dans le coma., nous prévient-il d’une voix calme.  

- Rester dans le coma ? Mais elle a guéri de ses blessures alors pourquoi elle resterait dans le coma ?, s’inquiète Miki.  

- Et pourquoi tu ne dis rien, Ryo ? Pourquoi tu ne poses aucune question ? Son état ne t’inquiète pas ?, me reproche-t-elle.  

 

Je ne lui en veux pas malgré l’attaque frontale. Elle est inquiète pour toi. Ca fait des semaines qu’on s’inquiète tous pour toi. Ca tape sur les nerfs.  

 

- Je sais qu’elle est entre de bonnes mains et qu’elle se réveillera quand elle sera prête. Le Professeur ne nous a jamais rien caché alors j’ai confiance.  

 

Je vois Umi approuver mes dires d’un signe de tête, posant une main sur l’épaule de sa femme qui se calme un peu.  

 

- Ses blessures physiques sont effectivement guéries mais ils n’ont jamais pu évaluer les séquelles neurologiques éventuelles suite à son hématome extra-dural tout comme on ne sait dire quelles séquelles elle pourrait garder de son coma prolongé., explique patiemment le Professeur.  

- On peut la voir ? On pourra venir comme on voudra ?, lui demande-t-elle.  

 

Il se tourne vers moi, attendant mon approbation. J’imagine bien la réaction de Miki et de mes deux compères si je leur refuse l’entrée de ta chambre. Je risquerais de mourir. De toute façon, ce n’est pas dans mes plans. On est une famille. Nous nous protégeons les uns les autres, nous aidons les uns les autres. Je me souviens du temps que tu as passé au chevet de Miki après sa blessure lors de son mariage. Je me souviens aussi du jour où elle avait fermé le café pour s’occuper de toi alors que tu n’avais qu’un rhume. Mon cœur rate un battement en se souvenant que c’était un peu à cause de moi puisque je t’ai surprise en t’embrassant sur le front alors que tu venais de me donner une date d’anniversaire. C’était certainement l’un des premiers gestes officiels de tendresse que j’ai eus envers toi.  

 

- Vous pourrez la voir quelques minutes aujourd’hui. Elle a besoin de se reposer et, pour les jours à venir, essayez de vous organiser pour ne pas tous venir en même temps. Jusqu’à nouvel ordre, ce sera une heure maximum., leur dit-il, fronçant les sourcils pour nous montrer qu’il ne plaisante pas.  

 

On entend soudain la porte s’ouvrir et Kazue en sort avec le chariot qu’elle avait attrapé au passage.  

 

- J’ai fini., informe-t-elle son mentor.  

- Vous pouvez y aller. Kazue, prends un moment aussi. Tu n’es pas uniquement un médecin ici., lui dit ce dernier.  

- Vous non plus, Professeur., interviens-je.  

 

Nos regards se croisent et je vois sa reconnaissance à mes paroles. Il le sait pourtant. Il a sa place dans notre petit groupe très soudé tout comme les deux jeunes femmes qui arrivent derrière Umibozu.  

 

- Comment va Kaori ?, demande Saeko.  

- Elle est réveillée ?, nous interroge Reika.  

- Elle va bien mais elle est toujours inconsciente., réponds-je.  

- Nous allions justement la voir., leur dis-je, faisant signe de me suivre.  

 

Tu as toujours quelques machines branchées à toi, des tubes qui semblent s’enfoncer dans ton bras mais c’est déjà nettement moins oppressant que dans la chambre d’hôpital. Approchant de moi, Saeko me tend un sac avec les quelques petites choses que je t’avais ramenées.  

 

- J’ai récupéré ça à l’hôpital.  

- Merci, Saeko.  

 

Je m’empresse de sortir le cadre-photo et de le poser sur la chevet.  

 

- On dirait qu’elle est simplement endormie. Elle a l’air si sereine., murmure l’inspectrice.  

- Il faudra quelques heures pour éliminer le reste des médicaments qui la maintenaient en coma artificiel., répète le Professeur aux deux nouvelles arrivantes.  

- Ca fait du bien de la revoir en tout cas., admet Mick.  

 

C’est vrai qu’il ne t’a pas vue lorsque tu étais à l’hôpital. Kazue était rentrée seule. Il avait fait le guet dehors.  

 

- Parce que tu doutais ? Elle est forte, la petite., fait Umibozu d’un ton bourru.  

- Bien sûr que non ! Elle m’a bien battu. Jamais aucune femme ne m’avait battu. Même toi, tu ne m’as pas battu., renchérit Mick.  

- Mais… vous ne vous êtes jamais battus l’un contre l’autre, il me semble ?, pipe Kazue, intriguée.  

- Ben non… donc il ne m’a jamais battu. Même Kaori est plus forte que lui !, affirme l’américain, narguant le géant.  

 

On entend un corbeau croasser juste derrière la fenêtre. La logique paraît imparable même si elle est plus que bancale… C’est… C’est Mick, me dis-je avec un sourire amusé. Je m’assois sur ton lit et prends ta main tout en les regardant se chamailler. J’espère que tu ressens cela, cette chaleur et cette légèreté qui envahissent la pièce même s’ils montrent des dents. Tu vas avoir droit à ce genre de scènes désormais. Avec un peu de chance, au café, d’ici quelques temps, sinon… comme on dit si Moïse ne peut pas aller à la montagne, la montagne ira à Moïse… ou un truc du genre…  

 

- Bon, c’est pas bientôt fini, les deux nigauds !, les tance le Professeur, leur assénant un coup de canne.  

- C’est une chambre d’hôpital ici, pas le théâtre des comiques troupiers !  

- Pardon., s’excusent-ils tous deux, comme deux gamins pris en faute.  

 

J’apprécie leur présence à tous. J’avoue que ça fait du bien de voir leurs visages rassurés, soulagés de pouvoir te voir, de lever une partie de cette inquiétude qui nous habitait tous depuis sept semaines, de retrouver ces conversations animées que nous avions avant. Je me tourne vers toi, faisant taire la pointe de déception en ne voyant pas tes deux prunelles noisette observer tout cela avec bienveillance. Ton visage est serein. Un instant, j’ai presque l’impression de te voir sourire légèrement et, même si c’est une illusion, je suis sûr que t’amener ici plutôt que de te ramener à l’hôpital et ses règles stricts était la meilleure chose à faire. Tu pourras recevoir tes amis, être entourée de chaleur et d’amour beaucoup plus souvent. Ca t’aidera à supporter tout cela et à progresser plus vite.  

 

- Bon, l’heure est passée. Tout le monde dehors !, leur ordonne le Professeur.  

- Déjà !, s’exclame Miki, déçue.  

 

Je souris quand je la vois prête à objecter et que son mari pose juste une main sur son épaule et qu’elle se reprend. Elle finit par acquiescer et ils s’en vont suivis de Mick et Kazue et des deux sœurs Nogami. A regrets, je me relève et caresse ton visage.  

 

- Je vais te laisser, Kaori.  

 

Je n’en ai pas envie mais j’ai compris les instructions du Professeur.  

 

- Tu sais Ryo, les instructions ne valaient que pour les autres. Toi, tu viens quand tu veux et tu restes autant que tu veux. Je suis sûr que ta présence lui sera bénéfique. Tu peux même rester la nuit… tant que tu ne la poursuis pas de tes assiduités., me dit-il.  

- Vous croyez vraiment que j’oserais la toucher dans son état ?  

 

Je le dévisage furieusement et croise son regard amusé. Je me calme et esquisse un sourire gêné. Non, bien sûr que non. Il me connaît mieux que ça. Il sait que je te respecte.  

 

- Tu réagis au quart de tour, babyface. Je n’aurais qu’une seule requête. Rentre chez toi une heure ou deux. Prends une douche, détends-toi, prends quelques affaires que tu pourras laisser ici et reviens. Tu as besoin de redescendre aussi., m’incite-t-il.  

 

Je te regarde, hésite et finis par accepter. Sacrifier une heure ou deux pour revenir complètement disponible pour toi, ce ne sera peut-être pas du temps perdu. Les dernières vingt-quatre heures ont été plus qu’éprouvantes. Même si je suis soulagé de t’avoir retrouvée, je sens encore la tension qui habite mon corps. J’ai revu deux aspects de moi que je ne voulais plus rencontrer, j’ai bien cru t’avoir perdue pendant quelques secondes, minutes, je ne sais même pas en fait mais mon cœur s’est brisé à ce moment-là et c’est une émotion à laquelle je ne suis pas habitué.  

 

- Tu as entendu le docteur, Sugar. Je m’absente momentanément. T’as intérêt à toujours être dans ce lit quand je reviendrai et, si tu as envie de me montrer tes jolis yeux, ce serait encore mieux.  

 

Je pose les lèvres sur les tiennes, capturant ton souffle chaud. Je m’en régale, je m’en délecte. Il ne m’a jamais paru aussi doux… Ca m’a tant manqué toutes ces semaines…  

 

- A tout à l’heure.  

 

Je t’embrasse légèrement sur le front comme j’ai pris l’habitude et sors de ta chambre.  

 

- Vous m’appelez s’il se passe la moindre chose.  

- Comme si j’allais prendre le risque de t’énerver., plaisante mon vieil ami.  

 

Je lui souris et m’en vais, même si je suis encore tiraillé par l’envie de rester à tes côtés. A peine arrivé à l’appartement, je me déshabille et me glisse sous la douche chaude. Je laisse l’eau masser ma nuque et mes épaules un moment et laisse les vestiges de cette nuit et cette journée être avalés par la bonde. Fini l’homme de peu de vertu, fini l’ange de la mort… Je les oublie définitivement. Tu les as tués, Kaori, et c’est le seul sang que je suis prêt à voir sur tes mains. J’oublie Miaki et l’infirmière Yoshi mais je ne veux pas oublier ce que j’ai ressenti en te tenant dans mes bras, te pensant morte. Ca, je veux m’en souvenir toute ma vie pour pouvoir apprécier tous les moments que nous passerons ensemble, pour savoir ce que je ressentirais si jamais je baissais les bras parce que nous deux, ça devenait trop dur, trop pesant, trop ennuyeux… Non, je ne veux pas oublier le vide dans mon cœur, la douleur qui irradiait dans mon corps, la sensation que ça ne servait plus à rien de continuer.  

 

Quand je sors de la douche, je me sens mieux, comme plus léger ou peut-être simplement plus stable. Mon esprit est apaisé. Je m’habille rapidement, entasse quelques vêtements pour moi, en prévois quelques-uns pour toi, pratiques, et redescends en passant par l’armurerie. Je n’ai pas à craindre les questions à la clinique. Personne ne s’étonnera de la présence d’une puce sur ton lit et le matériel de la clinique est adapté à ce genre de choses, pas comme à l’hôpital. Je remonte en voiture et prends la route, m’arrêtant chez une fleuriste que tu ne fréquentes pas d’habitude.  

 

Bouquet et sac en main, je pénètre dans la clinique et salue le Professeur en passant. Je retrouve ta chambre avec plaisir et tu n’as pas bougé. Tes yeux sont toujours fermés également. Ma déception est éphémère. C’est temporaire, juste temporaire. Sans plus attendre, je place une petite caméra dans ta chambre dirigée sur ton lit et un bracelet avec un émetteur autour de ton poignet droit. Je suis le seul à pouvoir te le retirer jusqu’à ce que je donne la deuxième clef magnétique au Professeur et je sais qu’on ne me demandera pas de te le retirer. Je place une puce sur ton lit également, vérifiant qu’elle ne brouille pas l’affichage des appareils autour de toi.  

 

- Tu es bien mieux protégée ici qu’à l’hôpital., te dis-je, approchant de toi.  

- Je t’ai ramené quelques vêtements pour ta sortie. Tu vois comme j’ai confiance en toi.  

 

Je m’éloigne de nouveau pour ranger nos affaires dans l’armoire et mettre les fleurs dans un vase. Cela fait, je ne résiste plus. Je m’allonge à tes côtés, passant un bras sous ta tête pour l’amener contre mon épaule. Même si je ne sais pas si tu te réveilleras demain ou non, je me sens serein. Tu es entre mes bras, tout contre moi. Ton souffle caresse mon torse pendant que mes doigts caressent tes cheveux. Ca faisait un moment que j’attendais ça. Je me sens aux portes du paradis. Il ne tient plus qu’à toi de m’ouvrir les portes. Je ne bouge pas, je suis là. 

 


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