Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Comment faire pour mettre une image dans une fanfiction?

 

C’est simple. Pour illustrer votre texte, il suffit de m’envoyer les images en question et de me dire où elles devraient se situer dans le texte. Je m’occupe du reste. Il faut vous connecter et utiliser le même email que celui que vous m’avez donné en vous inscrivant.

 

 

   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 22 :: Chapitre 22

Publiée: 21-06-21 - Mise à jour: 21-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire après une petite frayeur informatique du week-end. J'espère que vous apprécierez. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 22  

 

Je me sens bien. Je suis dans un monde empli de coton, ressentant une chaleur bienfaisante contre moi. Mon bras repose sur une surface douce et souple qui se soulève régulièrement. Les bruits ne sont pas familiers mais je ne m’en inquiète pas jusqu’à ce qu’une porte s’ouvre non loin. Je ne mets même pas un quart de seconde à ouvrir les yeux, la main droite plongée dans ma ceinture empoignant la crosse de mon arme.  

 

- Bonjour Ryo., me fait Kazue, m’adressant un sourire amical.  

- Bonjour Kazue.  

 

Je lâche mon arme et me redresse, reposant ta tête sur l’oreiller. Me souvenant de tout ce qui s’est passé hier, je t’observe un moment en espérant voir tes yeux s’ouvrir comme souvent quand je m’écarte un peu ainsi au réveil. Rien ne se passe et ça me déçoit un peu mais il te faut encore un peu de temps certainement.  

 

- Je n’aurais peut-être pas dû dormir avec elle. Je ne l’ai pas vu venir en fait., m’excusé-je auprès de mon amie.  

- Elle ne risque pas grand-chose maintenant. Ca ne peut que lui faire du bien. Il faut juste faire attention à certaines choses., me dit-elle.  

 

Je la vois sortir une alèse du chariot qu’elle a pris avec elle ainsi qu’une bassine et un gant de toilette.  

 

- Je vais faire sa toilette. Normalement, ce n’est pas dans mes attributions mais c’est Kaori., m’explique-t-elle.  

- Je peux le faire. Ca ne me dérange pas., lui dis-je.  

 

Je me sentirai plus utile si je peux faire quelque chose pour toi. J’ai été plutôt passif et ce n’est pas quelque chose que j’affectionne. Peut-être que faire cela te ferait du bien et à moi aussi.  

 

- Ryo… Tu as déjà assisté à sa toilette à l’hôpital ?, me demande-t-elle.  

- Non, c’était déjà fait lorsque j’arrivais.  

- Alors tu ne sais peut-être pas… Elle porte une sonde urinaire mais, pour le reste…  

 

Elle ne finit pas sa phrase et, un peu gênée vis-à-vis de moi, enlève le drap et soulève ta blouse, montrant l’alèse souillée. Je comprends mieux sa gêne et j’avoue que ça n’est pas ragoutant mais c’est la vie.  

 

- Je ne pensais pas que ça continuait.  

- Si, toutes ces fonctions continuent., m’explique-t-elle, tirant sur l’alèse pour cacher la partie tâchée, te nettoyant et glissant la nouvelle en dessous avant de te recouvrir.  

- Ryo, je comprends que tu veuilles t’occuper d’elle mais certaines choses… ça peut changer ta vision d’elle. Parfois, ça tue un couple., me prévient-elle.  

 

Je te regarde et réfléchis posément à la question. C’est clair que m’occuper de tes besoins primaires de cette manière n’était pas dans mes plans. Jusqu’où le désir va-t-il résister si je m’occupe ainsi de toi ? Est-ce que je t’aimerais moins parce que j’aurais dû toucher ton corps dénudé pour autre chose que nos rapports intimes ? Est-ce que tu supporteras l’idée que je t’aurais vue ainsi ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que j’ai besoin de faire quelque chose, de m’impliquer, de garder un lien avec toi et que tous les moyens me semblent bons. Dans le meilleur des cas, demain, tu auras ton mot à dire…  

 

- Je veux le faire. Pour aujourd’hui, je me contenterai de te regarder faire pour apprendre. A partir de demain, je prendrai le relais chaque fois que je serai là.  

- Comme tu voudras et, si tu changes d’avis, personne ne t’en voudra., m’assure-t-elle.  

 

Je reste donc au pied de ton lit à observer notre amie te laver de la tête aux pieds, me donnant par moments des conseils sur les gestes à avoir à certains endroits. Ses gestes sont doux mais assurés et je vois qu’elle en profite pour examiner tes cicatrices et aussi toute la surface qui repose sur le lit.  

 

- Si tu vois des traces apparaître sur son dos, ses fesses ou autre, préviens-nous. On changera régulièrement ses points d’appui mais on ne sait jamais., me dit-elle.  

- Elle faisait de la rééducation à l’hôpital. Vous allez pouvoir continuer ?  

- Oui. Le Professeur connaît quelqu’un. Il l’a déjà prévenu. Il viendra tous les jours pour elle en début de matinée. Il ne devrait pas tarder d’ailleurs. Et, Ryo, il est en couple avec un homme alors ne crains rien de sa part., m’apprend-elle, m’adressant un clin d’œil malicieux.  

- Je ne vois pas pourquoi tu dis cela…, pipé-je, faisant preuve d’une évidente mauvaise foi.  

 

Elle rit légèrement et secoue la tête tout en sortant une brosse à dents.  

 

- Ca, ce sera moi qui lui ferai., m’informe-t-elle, te brossant les dents avant d’aspirer l’excès de liquide dans ta bouche et d’appliquer des produits, aspirant encore quand nécessaire.  

 

Elle change ensuite ta perfusion qui s’est terminée et vérifie la poche avant de remettre ton lit en état.  

 

- J’ai fini. Je te laisse la coiffer pour être belle pour le kiné., me taquine-t-elle.  

- Donne-moi une cagoule plutôt.  

- Ne t’inquiète pas. Tu n’es pas son type., réplique-t-elle, amusée.  

- Tu veux me vexer ? J’ai déjà séduit plus d’un homme.  

 

L’expérience n’est pas forcément glorieuse mais elle a toujours été amusante. Je la vois prête à s’en aller et une dernière question me vient, te jetant un dernier coup d’oeil.  

 

- Quand saura-t-on si les médicaments ont cessé de faire effet ?  

- On ne peut qu’attendre., me dit-elle, désolée.  

 

J’acquiesce et attrape le peigne qu’elle m’a laissé. Je m’assieds sur le lit et commence à te coiffer doucement. J’essaie de discipliner les mèches rebelles qui ne cessent de retomber sur ton front et je finis par en rire. Même encore inconsciente, tu me tiens tête. Rebelle jusqu’au bout des cheveux…  

 

- Alors quel parfum ce matin, Sugar ? Celui-là me paraît bien, non ?, te dis-je, attrapant l’écharpe sur la chevet et pulvérisant un peu de parfum dessus avant de la poser à côté de ton coussin.  

- Tu veux peut-être un peu d’air ? Le temps est encore clément pour cette fin octobre, autant en profiter.  

 

Je me sens plus libre ici qu’à l’hôpital. Je ne crains pas de voir des inconnus débarquer dans la chambre et surprendre nos conversations. Je peux aussi me permettre d’ouvrir la fenêtre en grand pas comme là-bas où elles étaient coincées. Tu aimes aérer notre chambre de bon matin. Je m’en plains même par moments quand je suis encore dans le lit et que toi, tu n’y tiens plus. J’essaie souvent de négocier des compensations calorifiques mais tu refuses souvent de venir me rejoindre dans le lit. Je finis plus souvent par te rejoindre sous la douche. On y est doublement gagnants, remarque : je suis levé comme tu le veux et j’ai mon moment câlin.  

 

- Si tu veux des compensations, n’hésite pas, Kaori. Je suis ton homme.  

 

Je suis penché sur ton oreille où je murmure ces paroles, espérant un peu une réponse. J’en espérerai tout le temps une, à chaque fois que je te dirai ou que je ferai quelque chose, mais j’attendrai sans baisser les bras. Mes lèvres se posent sur ta tempe et, ne résistant pas à l’envie, je descends sur ta joue, remonte sur ton nez et viens finir ma course sur ta bouche. Mes baisers sont légers, en rien invasifs. Je veux juste que tu sentes que je suis là et que je t’aime malgré ta condition diminuée. J’aimerais avoir un signe que tu le ressens, que ça te fait du bien mais je dois me contenter de mon intuition, de mon envie d’y croire.  

 

Quelques minutes plus tard, on frappe à la porte et, à mon invitation, le Professeur entre dans ta chambre suivi d’un homme d’une trentaine d’années.  

 

- Bonjour Ryo. La nuit a été bonne, je suppose., me salue mon vieil ami.  

- Bonjour Professeur. En effet, c’est toujours mieux bien accompagné.  

- Je me doute. Je suis venu te présenter Tatsuya. C’est le masseur-kinésithérapeute à qui j’ai demandé d’assurer le suivi de Kaori. Il a toute ma confiance. Il connaît les spécificités de certains de mes patients., m’explique-t-il.  

- Tatsuya, je te présente Ryo et Kaori.  

 

Je regarde cet homme, bel homme bien bâti au regard avenant et look cool, ses grandes mains qui sont peut-être un peu plus douces que les miennes avec mes cales dues à l’utilisation d’armes. Je suis reconnaissant que Kazue m’ait prévenu qu’il ne risquait pas de s’intéresser à toi parce qu’il est séduisant.  

 

- Nous allons te laisser faire connaissance avec ta patiente, Tatsuya. Ryo, tu viens avec moi deux minutes, s’il te plaît ?, me demande le Professeur.  

 

Je regarde le kiné, le Professeur puis acquiesce, le suivant. A mon grand étonnement, il ne m’emmène pas dans son bureau mais à l’extérieur et je le suis dans son tour du grand jardin qui entoure la clinique.  

 

- Tu tiens le coup, Ryo ? Je suis sûr que tu dois être impatient de voir Kaori se réveiller., commence-t-il d’une voix posée.  

- Je me sens plus serein depuis qu’elle est ici. Et oui, j’ai envie de voir ses yeux s’ouvrir, d’entendre le son de sa voix mais je sais qu’elle va se réveiller alors je peux patienter que ce soit le moment pour elle.  

- Je ne m’attendais pas ça. Je pensais que tu trépignerais d’impatience., m’avoue-t-il, un sourire satisfait aux lèvres.  

- Laissez-moi juste m’impliquer dans son traitement. Je me fous de ce que je vais devoir faire mais je veux être de la partie. J’ai besoin de faire quelque chose pour elle, autre chose que de lui parler et lui tenir la main., lui apprends-je.  

- Kazue m’a déjà dit que tu voulais faire sa toilette. Tu es sûr de toi, Ryo ? Ca peut être fastidieux et changer complètement ta vision de votre couple, de Kaori. Ca risque aussi d’être dur quand elle se réveillera et qu’elle devra réapprendre certaines choses, certaines très basiques., me fait-il savoir.  

 

Je comprends son inquiétude. C’est la première fois que je m’engage avec quelqu’un aussi sérieusement. Il ne sait pas jusqu’où je peux tenir. Qui suis-je pour m’en étonner ? Je le découvre moi-même au fur et à mesure. Je ne sais pas si je pousse le curseur trop loin ou non. Je suis en apprentissage depuis à peine plus d’un an, un apprentissage que j’ai mis longtemps à vouloir suivre : celui où j’apprends à prendre des décisions te concernant avec mon cœur et non ma tête.  

 

- J’ai besoin de le faire. Si c’était elle qui vous en parlait me concernant, vous lui diriez la même chose ?  

- Je le lui dirais certainement parce que je ne veux pas que tout cela vous sépare. Si tu le fais, tu vas t’occuper d’elle comme on s’occupe d’un bébé ou d’une vieille personne. Les gestes ne sont pas les gestes de l’intimité. Tu la regarderas différemment, Ryo, et, quand elle se réveillera et apprendra ce que tu as fait, elle craindra certainement ta réaction, ton regard., m’affirme-t-il, s’arrêtant près de l’étang.  

- Et je lui dirai que ça ne change rien à ce que je ressens pour elle. C’est moi qui l’ai forcée à prendre ce chemin et j’assumerai jusqu’au bout. Elle a fait sa part du job et je ferai la mienne.  

 

Mon ton est ferme et définitif. J’ai un peu peur de ce qui peut se passer, de ta façon de réagir, que tu regrettes mon implication ou culpabilises à ce sujet mais je dois le faire. Je n’ai jamais été du genre à rester sur le côté. Notre vie implique déjà beaucoup de sacrifice mais, ça, ça n’en est pas un. Mon ami me regarde un long moment et acquiesce et nous reprenons notre chemin.  

 

- Je laisse Tatsuya évaluer l’état de Kaori et faire ses recommandations. Il établira un programme comme il l’entendra. Je lui ai dit qu’elle était forte et combative donc qu’il peut pousser un peu les limites par rapport à une personne normale., m’explique-t-il.  

- Vous avez entièrement confiance en lui ?  

- Indécrottable…, s’amuse-t-il.  

- Oui, entièrement. Quand je l’ai connu, il s’engageait sur la mauvaise voie. Il m’a été amené ici et a failli mourir. Ca a pris un long moment pour le remettre sur ses pieds et, finalement, il a décidé de se ranger et a trouvé son chemin. C’est lui qui est venu à moi. Il voulait me remercier et m’a proposé d’intervenir au besoin en toute discrétion. Si tu as des doutes, demande à Mick. Ils ont travaillé ensemble même si Kazue s’est impliquée très personnellement dans tous ses soins., ajoute-t-il, malicieux.  

 

Je souris à l’évocation de mon ami. Il s’est bien gardé de me parler du kiné qui s’est occupé de lui. Il devait être beaucoup plus intéressé à faire soigner ses mains et son cœur par la doctoresse et ses grands yeux de biche. Je peux le comprendre.  

 

Nous arrivons au niveau de ta chambre à l’arrière de la clinique et je ne peux m’empêcher de jeter un œil pour essayer de voir ce qu’il se passe. La fenêtre étant encore ouverte, je vois Tatsuya manipuler tes jambes, le regard concentré vraisemblablement sur ton visage. Es-tu réveillée ? Je me retiens d’accourir pour voir si c’est le cas. Je pense qu’il nous aurait prévenus si c’était le cas.  

 

- Je voulais te parler d’autre chose, Ryo., intervient soudain le Professeur, regardant lui aussi vers la fenêtre alors que je reviens sur lui.  

- Je vous écoute, Professeur.  

- Il est possible que Kaori ne se réveille pas même si les médicaments sont évacués. Je pensais lui laisser encore deux jours avant d’entreprendre de nouveaux examens pour évaluer le cas échéant le grade de son coma. Est-ce que cela te convient ?, me demande-t-il.  

- Je m’en remets totalement à vous sur le sujet. Je sais que, de toute manière, personne ne sait prédire quand elle se réveillera. Faites-lui tous les examens que vous jugerez nécessaires.  

- Très bien. Je ne compte pas m’acharner non plus en batterie de tests divers et variés. Les traumatismes qu’elle a subis étaient assez sévères. Elle a peut-être juste besoin de temps., me dit-il, se voulant rassurant.  

- C’est ce que je me dis aussi. Le principal, c’est qu’elle ne souffre pas. Elle en a déjà assez bavé.  

 

Il acquiesce, approuvant apparemment mes paroles, et nous rentrons dans la clinique, revenant dans ta chambre où Tatsuya remet en place les couvertures.  

 

- J’ai massé les cicatrices qui ont l’air souples et sans adhérence. J’ai également manipulé ses membres pour minimiser les impacts musculaires et articulaires et je l’ai disposée différemment à des fins respiratoires et aussi pour changer ses appuis. Vous pouvez la laisser ainsi ce matin et la remettre sur le dos normalement cette après-midi. Je reviendrai demain matin avec un plan de rééducation beaucoup plus précis que j’adapterai en fonction de son évolution. Est-ce que vous avez une objection sur les techniques plus expérimentales ?, nous interroge-t-il.  

- Aucune., réponds-je, me sentant en confiance avec lui.  

 

Il est direct et son regard est franc. Je le sens à l’aise dans son domaine et, même si son approche peut paraître agressive, elle me convient. Tu n’es pas du genre à rechigner à la tâche, à reculer devant l’effort. Je pense que c’est ce qui te conviendrait et je veux ce qu’il y a de mieux pour toi.  

 

- Tu me feras juste un topo sur certaines approches, qu’on évalue les possibles contre-indications médicales comme d’habitude., lui demande le Professeur.  

- Moi ou Kazue d’ailleurs., se corrige-t-il, voyant sa collaboratrice arriver.  

- Salut Tatsuya., fait-elle, lui faisant la bise.  

- Bonjour Kazue. Toujours avec le beau blond ?, la taquine-t-il.  

- Oui. Il est toujours indisponible., réplique-t-elle, amusée.  

- Dommage pour moi., se plaint-il faussement.  

- Je dois m’en aller maintenant. Professeur, je reviens demain à la même heure., lui indique Tatsuya avant de nous saluer et de s’en aller.  

- Tu vas voir, il est super., m’affirme Kazue.  

- J’ai l’impression qu’il est très compétent en effet., admets-je.  

 

Alors que mes deux amis commencent à parler boutique, je les salue et m’éclipse à mon tour pour regagner ta chambre. Comme il l’a dit, tu es allongée sur le côté en chien de fusil, des coussins te soutenant. Je n’ai pas la place pour me glisser à tes côtés alors je prends la chaise, la retourne et pose mes bras sur le haut du dossier.  

 

- Il y a du monde qui se mobilise pour toi, Kaori. J’espère que tout cela te donne la force de te battre pour revenir parmi nous.  

 

Une heure passe où je reste là à te regarder dormir, te parlant parfois de choses et d’autres pour combler le silence. C’est long et c’est court à la fois, une situation ambiguë comme beaucoup de choses depuis huit semaines. C’est avec un certain soulagement que j’entends frapper, reconnaissant la manière caractéristique de Mick, et je l’invite à entrer.  

 

- Elle ne s’est pas réveillée ?, me demande-t-il, juste après les salutations d’usage.  

- Non. Le Professeur a décidé de lui donner encore deux jours avant de faire une nouvelle évaluation.  

- Préviens Miki. Elle attend des nouvelles avec impatience. Je suis passé au Cat’s juste avant de venir et elle tournait en rond pire que toi dans tes pires moments., m’affirme-t-il, amusé.  

 

Je vois malgré tout que son amusement n’est qu’une façade. Il est comme notre autre amie, dans l’attente de te retrouver. Sans un mot, je prends mon téléphone et lui envoie un SMS. Je ne sais pas comment lui dire de vive voix que ce qu’elle attend n’est pas encore arrivé.  

 

- Ca n’est pas trop long d’attendre ici ?, me questionne mon ami, peut-être un peu surpris de me voir assis et non debout à tourner comme un lion en cage.  

- Non. Il y a pas mal de passage au final. Kazue est venue pour la toilette, Tatsuya pour la kiné, le Professeur est passé aussi… Ca rythme la matinée.  

- Tatsuya… C’est un bon gars. Il a des doigts de fée même si j’apprécie plus ceux de Kazue., m’affirme-t-il avec un clin d’oeil.  

- Pourquoi ça ne m’étonne pas ?, murmuré-je, amusé.  

- Chacun ses goûts. J’aime le toucher doux et délicat de ma doctoresse., rêvasse-t-il.  

- Même quand elle t’assomme d’une massue ?  

- Il faut savoir briser la monotonie dans un couple., rétorque-t-il, le regard pétillant.  

- Tu n’es pas d’accord ?, ajoute-t-il.  

 

Un léger sourire s’ébauche sur mon visage. Je concours à deux cents pour cent vu que notre relation m’emmène de surprise en surprise depuis un an. Si, en ce moment, je ne découvre plus grand-chose sur toi, j’en découvre encore sur moi et je sais qu’on n’a pas fini de découvrir des choses ensemble.  

 

- Si, bien sûr que si., admets-je.  

 

Nous continuons ainsi à discuter un moment, l’heure passant ainsi très rapidement. Il essaie mais ne réussit pas à me convaincre d’aller déjeuner en ville avec lui.  

 

- Cette journée, je la passe ici avec elle. Je veux être là si elle se réveille. Je ne le ferai pas tous les jours mais aujourd’hui, ma place est ici.  

 

Je le regarde droit dans les yeux quand je lui affirme cela et je ne démordrai pas. Après ce qu’il s’est passé hier, avec la possibilité que seuls les médicaments induisaient ton coma, j’ai besoin d’être là près de toi. Il finit par cesser d’argumenter et me laisse. Le défilé des heures reprend. Je quitte ma chaise pour arpenter la chambre, ne sors qu’une dizaine de minutes pour aller manger un bout, contraint et forcé par Kazue et le Professeur, avant de revenir et de regarder les nuages arriver sur la ville. Miki et Umi arrivent juste avant que la pluie ne se mette à tomber.  

 

- Elle n’est toujours pas…, murmure-t-elle, te regardant intensément.  

- Non. Il faut encore attendre., lui dis-je  

 

Tu es de nouveau sur le dos et elle prend la chaise pour s’asseoir à tes côtés tout en tenant ta main. Pendant un long moment, aucun mot n’est prononcé. Le silence est lourd de ses espoirs déçus. Je sens même Umi un peu abattu. Je le suis un peu également mais ça fait quelques heures maintenant que je sens cette impression grandir en moi : tu ne te réveilleras pas aujourd’hui. Je le réalise et, à partir de là, mon impatience revient sous contrôle.  

 

- Alors, il y a eu du monde aujourd’hui au café ?  

 

Ma question leur fait tourner la tête, les yeux ronds comme des soucoupes… enfin eu moins pour Miki. Elle doit en effet leur sembler bien saugrenue tant elle est triviale et doit leur paraître dénuée d’intérêt alors que tu es allongée dans un lit d’hôpital depuis bien trop longtemps, que je devrais être en train de faire les cent pas dans la chambre et paraître hyper nerveux.  

 

- C’est juste pour savoir si les choses changent, si Umichou fait toujours aussi peur aux clients., ajouté-je, histoire de détendre l’atmosphère  

 

Tu as besoin de normalité, de légèreté, de confiance. Tu as besoin qu’on croit en toi et pas qu’on se morfonde. Les conversations doivent rester de cet ordre à mon sens. Du positif comme me l’avait dit l’infirmière Yoshi. On ne doit pas culpabiliser et s’arrêter de vivre tant que tu seras inconsciente mais te faire vivre avec nous d’une certaine manière. Tu nous entends et tu nous sens même si tu n’es pas consciente. Ce n’est pas facile mais ils doivent pouvoir y arriver si, moi, j’y arrive.  

 

Alors, oui, je pourrais en effet être fâché, frappé dans tout ce qui m’entoure pour libérer la frustration qui me tiendrait mais je ne le fais pas parce que ça fait des semaines maintenant que j’ai accepté que ça pourrait être beaucoup plus long que je ne l’imaginais. Je ne peux pas contrôler ton corps pour qu’il te laisse te réveiller. Je peux juste lui faire confiance pour qu’il ne te garde ainsi que pour ton bien. Je n’ai pas le sentiment de me résigner, juste de me reposer sur la partenaire que tu es et as toujours été : souvent imprévisible mais toujours fiable.  

 


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