Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Comment faire un jeu dont vous êtes le héros?

 

Il y a un lien tutorial qui peut vous aider. Tutorial

 

 

   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 28 :: Chapitre 28

Publiée: 28-06-21 - Mise à jour: 28-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 28  

 

Sortant de la panda garée devant la clinique, je vois Sayuri se tendre. J’observe son regard anxieux alors qu’elle a les yeux rivés sur le bâtiment, se demandant certainement à quoi s’attendre.  

 

- Elle semble endormie. Elle a une perfusion à la main et des capteurs pour mesurer ses constantes mais sinon, elle semble juste endormie., lui apprends-je.  

- Elle n’a pas besoin d’aide pour respirer ? Je croyais qu’on intubait les comateux., fait-elle d’une toute petite voix.  

- Non, elle n’en a pas besoin. Elle respire par elle-même.  

 

La nouvelle la soulage visiblement. J’attrape les sacs que j’ai mis dans le coffre de la panda et lui fais signe de me suivre.  

 

- Bonjour, Kaori., te dis-je, embrassant tes lèvres légèrement.  

- Tu as une nouvelle visiteuse. Sayuri est arrivée des Etats-Unis.  

- Bonjour, Kaori., bredouille-t-elle, les larmes aux yeux.  

 

Je la laisse t’approcher et t’embrasser sur le front.  

 

- Raconte-lui tes dernières aventures. Je suis sûr que ça lui plaira.  

 

Elle me regarde, acquiesce et prend la chaise avant de s’éclaircir la voix et de commencer à te parler de sa vie new-yorkaise, de son voyage dans un lointain pays d’Asie pour son reportage, des dangers qui l’ont menacée.  

 

- Je dois finir mon article pour l’envoyer au journal mais je pense que c’est un bon sujet. En tous cas, il me tenait à cœur., conclut-elle au bout d’une heure.  

- C’est peut-être mieux pour toi d’être ici que chez toi. Ton reportage risque de t’attirer des ennuis., lui fais-je savoir.  

- C’est une possibilité… mais qu’est-ce que tu fais ?, s’étonne-t-elle.  

 

Pendant qu’elle parlait, j’ai vidé mon sac empli de décorations de Noël que j’ai disposées du côté non occupé par les appareils. La discussion que t’a tenue Umi hier m’a rappelé à quel point tu aimes cette fête alors, hier soir, lorsque Sayuri est partie se coucher, j’ai fouillé les armoires et trouvé tes cartons.  

 

- C’est bon pour elle de rythmer les journées et de lui rappeler ce qu’elle aime. Alors, je ramène Noël ici. Ca nécessitera deux ou trois achats pour parfaire les choses mais ça devrait aller. Ca me fait penser qu’il faudrait que je prévienne l’orphelinat qu’elle ne pourra pas y aller.  

- L’orphelinat ?, répète Sayuri.  

- Oui, elle fait du bénévolat à l’orphelinat où son frère allait. Même si elle se réveille aujourd’hui, elle ne sera certainement pas en état de se déplacer d’ici la fin du mois.  

- Et si… Et si je la remplaçais ? Ca ferait peut-être plaisir aux enfants et je pourrais lui apporter des nouvelles de là-bas. C’est une manière d’entretenir ce lien aussi., me propose-t-elle.  

- Mais ta vie est aux Etats-Unis maintenant, Sayuri. On ne sait pas quand Kaori va se réveiller. Si tu t’engages auprès des enfants, ça ne peut pas être pour une semaine ou un mois.  

 

Elle me regarde un moment, réfléchissant visiblement à la question avant de se tourner vers toi. Je ne vois pas les changements dans ses prunelles mais, peu à peu, elle se redresse comme si elle chassait le poids sur ses épaules.  

 

- Je vais revenir ici. Il faut que je vois avec le journal si je peux avoir une place à Tokyo sinon je démissionnerai et je rentrerai définitivement. Kaori aura besoin de toute l’aide possible et j’ai besoin d’être là pour elle. Elle est ma famille., m’affirme-t-elle, se tournant enfin vers moi et affichant un regard déterminé.  

- Réfléchis-y bien, Sayuri. Ne prends pas de décision sur un coup de tête.  

- C’est tout vu, Ryo. C’est ma sœur., m’oppose-t-elle.  

- D’accord. Ecoute, j’ai prévu de rester dormir ici cette nuit mais Mick passe ce matin et Umi ou Miki cette après-midi. L’un ou l’autre pourront te raccompagner à l’immeuble. Tu y es chez toi si tu le souhaites. Tu peux garder la chambre de Kaori ou on s’arrangera pour aménager l’un des appartements vacants selon ce que tu souhaites. Ca te convient ?  

- Oui, ce sera parfait. Je me ferai toute petite., me promet-elle, m’adressant un sourire reconnaissant.  

 

Ayant fini ma version de la vitrine de Noël, je l’observe un instant avant de m’approcher de ton lit. Avec précaution, je fais bouger tes bras, tes mains, ta tête comme me l’a montré Tatsuya.  

 

- Que fais-tu ?, m’interroge Sayuri, surprise.  

- Le kiné m’a montré les exercices de rééducation pour Kaori. Il passe une fois par jour pour s’occuper d’elle et, le reste de la journée, je les répète trois à quatre fois. Plus la mobilisation sera fréquente, moins elle reviendra de loin. En plus, ça me permet de me sentir moins inutile., admets-je.  

- C’est vrai que ça fait un peu idiot de rester là à parler dans le vide., me confie-t-elle.  

- Mais c’est important malgré tout. Le Professeur dit que ça peut stimuler. Chacun son truc. Mick lui fait la lecture quand il ne sait pas quoi lui raconter.  

 

Je désigne le livre de Steinbeck sur la table de chevet. Sayuri le prend et le feuillette un instant.  

 

- A l’Est d’Eden. Très belle œuvre. Mais il la lui lit en anglais…, fait-elle remarquer, étonnée.  

- Il lui a déjà lu des œuvres en japonais même si c’est un peu plus compliqué pour lui. Il le fait avec Kazue en général, ça lui permet de progresser et ça donne lieu à quelques fous-rires à ce qu’elle m’a dit.  

- Et les autres, que font-ils ?, m’interroge-t-elle, curieuse.  

- Miki lui parle de tout et de rien en lui faisant les ongles ou en la maquillant légèrement. Je pense que ça l’aide à juguler sa nervosité. Umi lui parle du café et de la vie dans le quartier, Saeko de ses enquêtes ou de son frère., lui apprends-je.  

- Et toi ?, me demande-t-elle.  

- Moi… Je ne suis pas un grand causeur, tu sais. Je lui parle de nos souvenirs, des affaires en cours et je m’excuse… beaucoup…  

- Pour toutes les horreurs que tu lui as dites avant ?, me taquine-t-elle.  

 

Un moment, je suis tenté de lui parler de ce qui s’est passé, du bébé, de la décision que je n’arrive pas à prendre mais je me retiens. C’est à moi de choisir et je ne veux pas être influencé par qui que ce soit. Sayuri aurait peut-être son mot à dire, étant ta sœur, mais je suis le géniteur de ce bébé, ton mari. Par-dessus tout, je veux qu’il y ait quelqu’un vers qui tu puisses te tourner si jamais je prenais la mauvaise décision et qu’on se séparait. Tu as toute la bande mais Sayuri serait peut-être la personne la plus adéquate pour toi. Je dois être le seul responsable de cette décision.  

 

- Oui, voilà et il y en a eu…, me mets-je à rire.  

- Tu es heureux avec elle ?, me demande-t-elle.  

- Plus que je ne l’ai jamais été, plus que je ne l’aurais cru possible.  

- Et depuis… que c’est arrivé, tu n’as pas eu envie de t’esquiver ?, m’interroge-t-elle.  

- Si… Je l’ai même fait mais je suis revenu et je ne partirai plus sauf temporairement pour des raisons professionnelles.  

 

Ma réponse semble lui convenir car elle esquisse un sourire rassuré. Je suis un peu surpris qu’elle ne cherche pas à en savoir plus sur les raisons de mon absence et le temps qu’elle a duré mais ça me va bien ainsi. Entre temps, j’ai descendu les draps mais de manière à cacher encore ton ventre que je vois légèrement arrondi et je meus tes jambes doucement sans trop forcer. Pousser en dehors des limites, c’est le rôle de Tatsuya, pas le mien.  

 

- Je suis rassurée. Ca me fait si plaisir de l’entendre. J’avoue que j’aurais plus apprécié de ne pas passer une année de plus à m’inquiéter pour vous mais bon, tu ne pouvais rien faire comme tout le monde, n’est-ce pas ?, plaisante-t-elle.  

- Il faut croire.  

 

Je sens l’aura de Mick bien avant qu’il ne frappe à la porte. A son regard toujours aussi glacial, je sais que la pilule de mon absence n’est pas encore passée et que nous aurons besoin de discuter mais ça attendra qu’on soit seuls.  

 

- Mick, je te présente Sayuri, la sœur de Kaori. Sayuri, c’est Mick…  

- Un très bon ami de Kaori. Je sais, elle m’a parlé de vous tous dans ses lettres., me coupe-t-elle, lui tendant la main.  

- Vous êtes la sœur de cœur de Kaori, n’est-ce pas ?, fait-il, prenant sa main et la baisant très cérémonieusement.  

 

Elle et moi échangeons un regard de connivence sans remarquer le visage de Mick qui change d’aspect.  

 

- Oh mais alors j’ai trouvé mon substitut. Vous êtes aussi ravissante qu’elle !, fait-il, l’attirant dans ses bras et tendant les lèvres pour l’embrasser.  

 

La réaction de Sayuri ne se fait pas attendre et elle l’écrabouille sous une massue cent tonnes. Mick sous son engin de torture, Sayuri figée par la colère, je suis le seul à voir la variation de ton rythme cardiaque.  

 

- Elle a réagi.  

 

Ma voix n’est qu’un souffle qu’aucun des deux n’entend alors que la porte s’ouvre à la volée, laissant passer le Professeur et Kazue, inquiets ou peut-être s’attendant à autre chose quand je vois leur déception. Je pourrais en rire si je n’étais pas encore sous le choc de ce que je viens de voir : même si je crois au miracle, je ne m’attends pas à te voir soulever une massue dès ton réveil…  

 

- C’est une chambre d’hôpital ici, pas le bar du coin., nous tance le vieil homme, adressant un regard sévère à l’américain.  

- Je voulais juste dire bonjour à la sœur de Kaori., se défend ce dernier.  

- Je vois le genre…, peste Kazue, les bras croisés, lui lançant un regard noir qui le fait se recroqueviller.  

- Toi et Ryo, vous êtes bien frères de cœur aussi alors., maugrée Sayuri.  

 

Ne les écoutant que distraitement, je reste fixé sur le moniteur qui affiche ton rythme cardiaque en espérant y voir un autre signe mais rien ne vient.  

 

- Ryo, ça va ?, me demande mon ami, me voyant ainsi silencieux.  

- Son cœur…  

- Il y a un souci ?, s’inquiète-t-il, sortant son stéthoscope pour écouter.  

- Non… Enfin, je ne crois pas mais, lorsque Sayuri a dégainé la massue, son rythme s’est brièvement accéléré., lui dis-je.  

- Tu es sûr de toi ? Tu as peut-être voulu voir…, commence Mick, fronçant les sourcils.  

- Non, il a raison., nous fait savoir Kazue, imprimant les mesures des dernières minutes, les examinant avant de les tendre au Professeur.  

 

Il garde longuement le regard sur le papier avant de relever ses yeux brillant d’une joie contenue comme nous tous.  

 

- Ca ne peut pas présager de son réveil mais ça veut certainement dire qu’elle est encore capable de réagir aux stimuli., nous dit-il.  

- Ca veut dire qu’elle réagit aux stimuli. Il n’y a pas de doute, Professeur.  

 

J’ai toujours cru en toi même si j’ai longtemps douté de la décision que j’avais prise mais avoir un signe, ça fait du bien, énormément de bien même. Je profite de ce moment de félicité au maximum sans me soucier des autres. Je m’assieds sur le bord de ton lit en prenant ta main. La tête de lit est relevée et je me penche pour prendre tes lèvres avec douceur et tout l’amour que je ressens pour toi.  

 

- Merci, Kaori.  

 

J’entends du mouvement derrière moi mais je ne me retourne pas. Je sais qu’ils sont tous en train de sortir et je pourrais les retenir mais, très égoïstement, j’ai envie de ce moment seul avec toi.  

 

- S’il te prend l’envie de nous donner d’autres signes, n’hésite pas, Sugar. Je peux même accepter d’être le réceptacle de quelques massues s’il le faut. Mick serait certainement d’accord aussi. Après, si tu peux accepter une version moins violente, ça nous irait bien aussi., te dis-je, un léger sourire aux lèvres.  

- Tu vas nous revenir, je le sais, alors continue de t’accrocher.  

 

Je pose mon front contre le tien. J’ai un besoin fou de contact avec toi et c’est peut-être ce qui m’évite de paniquer lorsque me revient une autre question qu’impliquera ton réveil : le bébé. Luttant contre l’anxiété qui monte, je reste encore un moment ainsi, puisant en nous la force dont j’ai besoin pour agir.  

 

- Tu crois que tu vas me battre à ce jeu-là, Saeba ?, me demandes-tu avec ton regard pétillant.  

- Si ça implique que je n’ai pas à faire la vaisselle, alors oui, tu peux en être sûre, Kaori chérie., te réponds-je d’une voix suave.  

 

Ton sourire malicieux me fait fondre mais je n’ai pas le droit de lâcher et de te montrer que je suis comme de la guimauve entre tes doigts depuis qu’on est ensemble, au moins dans l’intimité. J’ai envie de te faire plaisir, de te voir sourire et d’effacer toutes ces années de mesquinerie. En fait, je me sens surtout heureux et léger pour la première fois de la vie, alors tant que ça ne sort pas de l’appartement, je peux me permettre d’être plus gentil, romantique… mais sans trop le montrer non plus… même si tu m’as déjà percé à jour.  

 

- Très bien… Alors on se regarde droit dans les yeux et le premier qui détourne le regard a perdu et devra faire la vaisselle ce soir., m’annonces-tu en posant le menton sur tes mains et me regardant aussi sereinement que si tu étais devant un bonzaï.  

- Prépare tes mimines, Makimura. Tu vas savonner sec.  

- C’est ce qu’on va voir…, me promets-tu, une lueur mystérieuse dans le regard.  

- Tu comptes sortir ce soir ?, me demandes-tu.  

- Non, ce n’est pas prévu mais je te l’avais déjà dit. Tu deviens sourde ? Tu perds la mémoire ?  

- Du tout, je voulais juste m’assurer que je n’avais pas préparé ma petite surprise pour rien…, me fais-tu savoir, une de tes mains se détachant de l’autre pour aller se poser dans ton cou.  

 

Je la vois descendre à la périphérie de mon champ de vision et, un court instant, je suis prêt à la suivre du regard avant de me rappeler l’enjeu de notre duel. Je me concentre sur ton regard, ton regard noisette dans lequel je me noie quand nous faisons l’amour.  

 

- Une surprise ? Quelle surprise ?  

- Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise., me fais-tu logiquement comprendre.  

 

J’ai très envie de baisser les yeux pour suivre ta deuxième main qui rejoint la première hors de mon champ de vision. Je te vois légèrement bouger face à moi et je me demande bien ce que tu fais, d’autant que tes joues se teintent légèrement. S’il y a une chose qui ne s’est pas vraiment calmé depuis que nous sommes ensemble, c’est mon esprit débridé. Es-tu en train de te caresser ? Et si c’est le cas, quelle partie du corps ? Tes seins ? Tes cuisses ? Ton nombril ? Entre deux ? Je sens mes sens s’échauffer alors que mes fantasmes dansent devant mes yeux.  

 

- Non mais on gagnerait un temps précieux., réponds-je, malicieux.  

- On gagnerait un temps précieux si tu acceptais de faire la vaisselle., me dis-tu, faisant remonter tes doigts le long de ton chemisier avant d’en écarter les pans et de les descendre légèrement sur tes épaules.  

 

Tu déboutonnais ton vêtement… Je ne suis qu’un pauvre homme et tu m’as eu. Mes yeux ont dérivé plein sud sur ton soutien-gorge en dentelle blanche qui s’est relevé suivi de mes deux prunelles émoustillées.  

 

- Tu as perdu, Ryo. Je te laisse la corvée de vaisselle. Quand tu auras frotté les couverts et les plats, tu pourras venir me frotter le dos… sans aucune retenue., me murmures-tu à l’oreille avant de laisser ta langue en tracer le contour.  

 

Je me souviens avoir frissonné, le corps bouillant déjà de désir parce que je savais que ce bain n’aurait rien d’innocent, que tu comptais bien profiter de la délicatesse de mes mains sur tout ton corps. Jamais vaisselle n’a été si rapide à faire. La baignoire n’était même pas encore pleine lorsque je t’y ai rejointe. On a fait monter la température un long moment, nos attouchements se faisant légers, furtifs avant de devenir plus prononcés. Si le premier round a été plutôt tendre et sensuel, ce n’était plus ce que tu attendais de moi par la suite et le reste de la nuit a été fougueux, très fougueux et débridé.  

 

On a appris à répondre aux besoins de l’autre, à ses envies. On y a toujours trouvé beaucoup de satisfaction et ça nous a fait grandir comme couple. On a cette force-là mais, aujourd’hui, la décision ne consiste pas à savoir comment je vais te faire l’amour mais quel avenir je vais te préparer. J’ai besoin de billes, d’informations pour prendre ma décision et j’aurais surtout besoin de toi.  

 

- Je dois parler à notre vieil ami, Kaori. Je dois lui poser des questions pour ce bébé que tu portes. Je ne sais pas si tu dois continuer ta grossesse ou avorter. Si tu veux me parler, me faire comprendre quelque chose, je suis à l’écoute mais il me faut un signe., te fais-je savoir, le cœur lourd.  

 

Mes yeux se portent sur le moniteur qui ne bouge pas, affichant toujours les mêmes constantes. Je ne peux réprimer le soupir de frustration qui monte. Je finis par m’écarter et quitte la chambre, trouvant Mick et Sayuri discutant calmement sur les Etats-Unis.  

 

- Merci de nous avoir laissés quelques minutes. Je vous laisse la place. Je dois parler avec le Professeur., leur dis-je.  

- Je peux venir avec toi ?, me demande Sayuri, ne suivant pas Mick dans la chambre.  

 

Je n’ai pas pensé à cette éventualité et je ne peux pas avoir cette conversation sans lui dire que tu es enceinte, ce que je me refuse à faire pour le moment.  

 

- Ca me concerne, donc je préférerais éviter., mens-je.  

- Excuse-moi, je ne voulais pas être intrusive. Je pensais… Je vais voir, Kaori., fait-elle, gênée, disparaissant aussi vite.  

 

Je soupire de soulagement cette fois et me dirige vers le bureau de mon ami, frappant avant d’entrer à son invitation. Je suis tendu et ça doit se voir à en juger le regard qu’il me porte.  

 

- C’est une bonne nouvelle que ce signe, Ryo., me dit-il pour lancer la conversation.  

- Oui, c’est vrai mais ça relance l’urgence de certaines décisions à prendre.  

 

Son air s’assombrit légèrement et il m’invite à m’asseoir. Je prends place face à lui, posant les coudes sur mes genoux. Je me sens petit et minable. Je devrais être capable de prendre toutes les décisions nécessaires nous concernant sans réfléchir, sans hésiter mais je n’y arrive pas et ça me renvoie à ma faiblesse en tant qu’homme. Il n’y a pas de nettoyeur ici parce que le nettoyeur aurait déjà donné sa réponse mais ce n’est pas lui qui t’a fait un enfant.  

 

- Comment ça va se passer si je décide de la faire avorter ?  

- On lui administrera un médicament pour dilater le col et l’endormira même si elle est dans le coma puis on aspirera l’embryon. On remettra en place son implant contraceptif., me dit-il.  

- Elle pourrait avoir des séquelles par la suite ?  

- Ca reste une intervention chirurgicale. Il y a toujours des risques., répond-il simplement.  

 

Il doit voir à ma tête que ce n’est pas la réponse que j’attendais. J’aurais aimé une réponse claire et précise. Risque, pas risque ? Est-ce que ça compromettra tes chances de tomber enceinte si tu désirais avoir un enfant plus tard ? Est-ce que tu te rendras compte de ce qui se passera ? C’est sans compter les conséquences psychologiques que ça engendrera si tu voulais avoir ce bébé…  

 

- Et si elle le garde ?  

- On fera tout ce qu’il faut pour assurer leur santé et leur confort à tous les deux. Adaptation de l’alimentation, soins et examens spécifiques… Tout., m’assure-t-il.  

- Est-ce… est-ce que le bébé sera normal ? Est-ce qu’il pourrait souffrir d’anomalies ?  

- J’ai déjà vérifié les médicaments utilisés et il n’y avait pas de contre-indications. Je lui ai refait une échographie et lui en referait une demain pour éliminer les risques de trisomie., me précise-t-il.  

- On pourrait la faire ce soir quand tout le monde sera parti ?  

 

J’ai besoin de savoir et d’avoir la nuit pour réfléchir au calme. Si ce bébé souffre d’une anomalie, c’est quelque chose que je dois prendre en compte.  

 

- Si tu veux. La prise de sang est dans la norme.  

 

J’acquiesce et regarde mes mains avant de passer à la dernière question, celle qui m’inquiète le plus mais qui pourrait sceller son sort sur le champ. Je dois m’éclaircir la voix avant de poursuivre.  

 

- Est-ce… Est-ce que cette grossesse pourrait la tuer ?  

- Une grossesse n’est pas un évènement anodin. Ca rend les choses un peu plus compliquées mais on a déjà vu des femmes dans le coma mener leur grossesse à terme et accoucher d’un bébé en bonne santé, que ce soit des bébés conçus avant ou pendant le coma., m’apprend-il.  

- Pendant ?, fais-je, choqué.  

- Il y a des dégénérés partout, Ryo. Il y a eu des enfants nés de viols sur des femmes dans le coma., me dit-il.  

 

Ca me met en rogne de penser qu’on puisse ainsi profiter de personnes complètement sans défense. Si ça t’était arrivé, je ne sais pas comment j’aurais réagi… probablement très mal.  

 

- Le risque n’est pas tant physique que psychologique et ce, dans les deux cas, Ryo. Si on l’avorte et qu’elle voulait ce bébé, elle sera blessée. D’un autre côté, si elle le garde et qu’il naît avant qu’elle se réveille, elle n’aura aucun souvenir de sa grossesse et elle aura peut-être des difficultés à tisser un lien avec ce bébé, surtout avec les séquelles qu’elle subira certainement., me dit-il, faisant une courte pause, dardant un regard perçant sur moi.  

- Et d’autant plus si tu n’acceptes pas toi-même cet enfant., ajoute-t-il.  

- Ca, c’est si elle se réveille…  

 

Ca, c’est juste une répartie pour détourner la conversation parce que je sens qu’il va me dire quelque chose que je ne suis pas prêt à entendre. Je le vois sourire tristement, conscient que je l’ai démasqué.  

 

- Parce que tu en doutes maintenant ?, me retourne-t-il patiemment.  

- Non. Elle se réveillera un jour et ça prendra du temps mais elle se remettra.  

 

Je ne peux pas mentir sur ce point même si j’appréhende ce qu’il pourrait me dire.  

 

- Elle gardera probablement toujours des séquelles plus ou moins diffuses, physiques ou psychologiques., me prévient-il.  

- Ryo, je te le redis au risque de paraître sénile : tu n’as pas voulu cet enfant mais es-tu sûr de ne pas le désirer ?, me redemande-t-il, confirmant mes craintes précédentes.  

- Je ne te dis pas cela pour t’influencer. Je connais ton passé, ton présent, ton métier et ses risques. Comme tu l’as dit, tu n’aurais jamais dû accepter Kaori auprès de toi sentimentalement mais tu l’as fait et ça se passait bien. Qu’est-ce qui t’empêcherait d’avoir cet enfant ? Si elle vit, vous serez deux pour vous en occuper. Si elle meurt… il sera ce qu’il reste de vous, son enfant, votre enfant., me dit-il, posant un regard paternel sur moi.  

 

Venant de tout autre, j’aurais peut-être bondi sur mes pieds avant de m’en aller en claquant la porte mais il me connaît si bien… D’un autre côté, je suis réaliste.  

 

- Vous connaissez ma vie. Il n’y a pas de place pour un enfant. Quelle vie je lui donnerais si je l’acceptais ?  

- Si tu l’aimes comme tu aimes Kaori, une très belle vie. Je pense que tu en es devenu capable avec elle mais je te le redis : je ne veux pas t’influencer, juste que tu n’aies pas de regret et Kaori n’est pas là pour jouer les avocats du diable, alors je prends le rôle. Quoique tu décides de toute manière, je te couvrirai et je t’épaulerai. Si tu veux l’avorter, on lui expliquera que c’était pour une raison médicale si tu veux taire la réalité., m’explique-t-il.  

 

J’ouvre la bouche pour protester parce qu’il ne me viendrait pas à l’idée de te cacher la vérité sur le sujet mais il lève la main pour me faire taire.  

 

- Je ne le fais pas que pour toi, Ryo. Je pense avant tout à elle, à la protéger. Elle aura besoin de toi pour tout surmonter et les raisons qui t’auraient poussé à l’avortement pourraient vous séparer., m’oppose-t-il d’un air sombre.  

- D’accord. Je suppose que ce soir nous apportera de nouvelles billes pour prendre cette décision.  

- Oui., approuve-t-il.  

- Très bien. Je dois aller en ville en début d’après-midi mais je reviendrai. Bonne journée et merci, Professeur.  

 

Je le salue et retourne dans ta chambre où je retrouve Sayuri et Mick parlant avec animation des Etats-Unis. Me voyant revenir, mon ami se lève et la salue.  

 

- Il faudra qu’on se parle, Mick., lui dis-je, conscient de sa colère latente.  

- Oui, il faudra. Montre-moi d’abord que tu es sérieux., murmure-t-il pour que Sayuri ne l’entende pas.  

- Je le suis.  

- Chat échaudé craint l’eau froide, Ryo. Je veux voir d’abord., réplique-t-il avant de nous laisser.  

- Vous vous êtes disputés ?, s’inquiète Sayuri.  

- Il… il est un peu fâché qu’on ait caché notre relation. Tu vas repartir avec Umi ou Miki ?, éludé-je.  

- Oui. J’ai encore envie de rester un peu avec elle. Ca ne te dérange pas ?, me demande-t-elle.  

- Non, bien sûr que non. Il faudra que j’aille en ville cette après-midi mais, tiens, ce sont les clefs de l’appartement., lui dis-je, lui donnant ton trousseau.  

 

La journée passe rapidement. Je passe voir Kazue qui est satisfaite de l’absence de réaction à sa crème et, sur ce constat, je m’en vais juste après. Je fais le tour de mes indics, m’arrête dans un magasin pour acheter quelques bricoles puis rentre à la clinique. Sayuri est partie avec Miki entre temps et je reste seul avec toi jusqu’à l’arrivée du Professeur et de son appareil. Je découvre ton ventre, voyant l’arrondi qui commence à apparaître. J’ai un moment envie de le toucher, de me demander ce que ça fait, mais je n’y arrive pas, comme si je n’en avais pas le droit alors que j’envisage de mettre fin à cette vie qui grandit.  

 

- Ca sent le sapin et la cannelle., fait remarquer le Professeur, observant la décoration que j’ai faite le matin même et agrémentée d’un parfum d’ambiance de Noël en revenant.  

- Si Kaori ne peut pas aller à Noël, je ramène Noël à Kaori. Je pense qu’il risque d’y en avoir d’autre du genre si elle ne se réveille pas bientôt., réponds-je sans honte.  

- Continue. Fais ce que tu penses nécessaire pour elle., m’encourage-t-il, étalant du gel sur ton ventre.  

 

Après quelques secondes, une image apparaît et montre le bébé qui grandit dans ton ventre. Il s’agite comme s’il voulait nous montrer qu’il est bien réveillé. Je sens mon cœur se serrer malgré moi. Je voudrais réussir à me détacher face à la décision que je dois prendre mais je ne peux pas, pour toi et un peu pour moi aussi. Comme s’il sentait mon émotion, le Professeur œuvre en silence, prenant des mesures, bougeant la sonde. Mes yeux restent fixés sur ce petit être et, même sans aucune éducation sur le sujet, j’arrive à reconnaître sa tête, une jambe, des mains alors qu’il n’arrête pas de gigoter.  

 

- Il va bien., finit par me dire mon ami, me laissant encore quelques instants l’image.  

- Aucun signe d’anomalie, évolution normale. C’est un bébé en bonne santé., m’affirme-t-il à mi-voix.  

 

Je ne sais quoi lui dire. Tout cela me perturbe énormément. Voir ces images ne m’a pas aidé, bien au contraire. Je suis confus.  

 

- D’accord. Merci. La balle est dans mon camp alors…, admets-je, prenant ta main dans la mienne. 

 


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