Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Que veut dire HFC?

 

C'est le nom du site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 29 :: Chapitre 29

Publiée: 29-06-21 - Mise à jour: 29-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 29  

 

La nuit qui suit ne me porte pas conseil. Je la passe à te regarder en essayant de trouver la réponse à ma question. Pour une fois, aucun souvenir, aucune conversation qu’on n’a pas eue mais qu’on aurait pu avoir ne me guident. Le matin me trouve cerné, soucieux et toujours sans réponse. La douche chaude me réveille cependant et me met d’attaque pour la journée. Prêt, je m’occupe de toi. Je te lave, passe la crème sur ton corps, essayant de ne pas trop penser à la petite chose qui se cache sous la protubérance abdominale, et tu as le droit à ta première séance de rééducation de la journée. J’ai à peine fini que Kazue arrive pour achever tes soins. On discute de tout et de rien avant qu’elle s’en aille et que Tatsuya prenne le relais.  

 

- Ca tombe bien que vous soyez là, Ryo. Je voudrais faire un test mais j’ai besoin de muscles supplémentaires., me dit-il.  

- Dites-moi.  

- On va lever Kaori. J’ai besoin de voir comment elle réagit. Je vais appeler le Professeur. Il voulait être là le jour où on le ferait., m’informe-t-il.  

 

Il m’explique exactement ce qu’il attend de moi et je trépigne d’impatience à l’idée de t’avoir dans mes bras comme avant pendant quelques instants, aussi fugaces soient-ils. Avant cela, il fait néanmoins chauffer tes muscles pour ne pas te blesser. Ca laisse le temps à notre vieil ami de nous rejoindre. Il positionne les fils, la perfusion, la sonde pour ne pas risquer de les arracher et, avec mon aide, te met assise sur le bord du lit. C’est bizarre de te voir telle une poupée désarticulée, assise mais la tête retombant en avant, prête à t’affaisser si on te lâche… Ce n’est tellement pas toi.  

 

Tatsuya me fait mettre face à toi et passer les bras sous les tiens avant de te soulever. Surpris par l’impression de poids, je te serre plus fortement et il m’aide à te redresser un peu plus pour mieux te caler contre moi. Malgré les moniteurs qui bipent à cause des changements, je me concentre sur toi uniquement, à bien te tenir et surtout à tout ce que je ressens à ce moment-là. C’est comme un aperçu de ce qui sera : te tenir de nouveau dans mes bras face à la fenêtre ou dans la cuisine, tes cheveux dans mon nez, ton corps contre le mien. Je sais que tu es inconsciente mais ça fait du bien quand même de te tenir ainsi.  

 

- Alors Professeur, comment elle réagit ?, lui demande Tatsuya qui palpe tout ton corps.  

- Bien. On va la changer de lit et lui en mettre un spécialisé si tu penses que ça peut lui être utile., approuve le vieil homme.  

- Spécialisé en quoi ?, m’enquiers-je, soucieux.  

- Ce sera un lit qui pourra être mis à la verticale. Ca permettra de remuscler doucement son corps et surtout les membres inférieurs pour lui faciliter la station debout quand elle reviendra à elle., me dit ton kiné.  

- Si vous me permettez tous les deux de sortir un peu des circuits habituels et éprouvés, ça me permettra peut-être de mettre d’autres exercices en place pour l’aider., nous annonce-t-il, cherchant notre assentiment.  

- Vous avez carte blanche en ce qui me concerne., lui dis-je.  

- Préviens-moi pour que je vois comment elle réagit les premières fois. On saura ainsi ce qui peut être plus efficace., répond le Professeur.  

- Tu vas voir, ma belle. On va faire le maximum pour que tu passes le minimum de temps en convalescence. Dommage pour moi., te murmure Tatsuya à l’oreille d’un ton complice en me faisant un clin d’oeil amical.  

 

J’aimerais beaucoup que ce soit le cas et j’aimerais encore plus que tu te réveilles. Tu ne veux pas me montrer tes jolis yeux, Kaori ? Normalement, les poupées ouvrent les yeux quand on les met debout. J’ai assez dû regarder celles des filles de l’orphelinat pour le savoir. Je n’ose cependant tenter de ne te tenir que d’un bras pour glisser ma main dans tes cheveux et basculer ta tête en arrière. J’ai trop peur de te lâcher et de te faire du mal.  

 

- On va la remettre allongée maintenant…, suggère Tatsuya.  

- Ou on peut attendre encore un peu., se corrige-t-il en croisant mon regard douloureux.  

- Merci., lui dis-je, reconnaissant.  

 

Il adapte son programme à la position, me donne quelques consignes pour que je supporte un peu moins ton poids, que je te soulève un peu ou lui donne de l’espace et nous passons la plupart de la séance ainsi.  

 

- Il faut la rallonger maintenant. Elle fatigue., me dit-il.  

 

J’acquiesce, un peu déçu de devoir te lâcher mais je sens aussi mes muscles se tétaniser à l’effort et la sueur qui coule dans mon dos de t’avoir tenue si longtemps. Doucement, il me guide et on te remet allongée et il finit la séance par un massage avant de s’en aller.  

 

La journée s’enchaîne avec l’arrivée de Mick et Sayuri puis le repas du midi qu’elle a ramené, la visite à Kazue, puis celle de Miki et Umi avant que nous rentrions à l’appartement. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir une minute à ce bébé et c’est seul dans notre lit que je me repenche sur le sujet.  

 

Avortement ou naissance ?  

 

Froidement, l’avortement est la solution la plus raisonnable. Comme l’a dit le Professeur, une grossesse n’est pas un évènement anodin. C’est un stress supplémentaire pour ton corps, peut-être même le stress qui te maintient dans cet état, qui sait ? Et comme il l’a également signalé, si tu mènes cette grossesse à terme dans cet état, ça sera une pression supplémentaire pour toi de devoir créer un lien avec ce bébé qui te sera tombé dessus par hasard. Je suppose que ça peut être un choc psychologique violent alors que tu devras déjà te battre pour te remettre sur pieds et tenter de reprendre une vie à peu près normale.  

 

Ca peut aussi être une motivation supplémentaire, me fait une petite voix…  

 

Je la fais taire.  

 

D’un autre côté, si tu ne te réveilles pas, si tu finis par passer l’arme à gauche et que le bébé naît, je ne pourrais jamais m’en occuper seul. Reste… l’adoption. Rien qu’à cette pensée, je serre les dents. Est-ce que j’ai le droit de faire vivre à ton enfant les mêmes affres que tu as vécus ? Je serai probablement là encore un moment s’il avait des questions sur ses origines mais comment lui expliquer que je n’ai pas voulu de lui alors que je t’aimais si fort ? Comment lui dire que son p… géniteur ne l’aimait pas assez pour le garder avec lui ? Comment lui expliquer que ce n’est pas lui qui n’est pas assez bien à mes yeux mais moi qui ne suis pas assez bien pour lui ? Je ne saurai pas le faire. Il vaut mieux faire un malheureux de moins sur la Terre.  

 

L’avortement est la solution la plus raisonnable, me dis-je, fermant les yeux pour dormir.  

 

Mais est-ce la solution qui te convient ? La pensée me fait les rouvrir aussitôt.  

 

Oui, oui, oui et oui, me convainc-je. Je donne un coup de poing dans mon oreiller et m’enfonce dedans. Je me force à fermer les yeux et écarter toute autre réponse. Il faut que j’en avise le Professeur demain matin.  

 

Je passe une nuit agitée, me tournant et retournant dans mon lit. Je me lève avant l’aube, fourbu, et, après m’être préparé, je descends à la salle de tir où je me fais quelques cibles, histoire de m’entraîner. Ce n’est que de l’entraînement. Je ne suis pas en train de me défouler pour chasser la tension qui est en moi, insidieuse, mesquine… Que de l’entraînement, me dis-je jusqu’à poser mon arme sur le stand de tir. C’est inutile de continuer ainsi. Il faut que j’accepte la culpabilité qui va avec la décision que j’ai prise, le doute aussi, ne sachant si c’est ce que tu aurais voulu, la peur de te perdre quand tu sauras.  

 

Quand je remonte, Reika discute avec Sayuri en buvant une tasse de café. J’ai à peine le temps de m’asseoir qu’un mug fumant se pose déjà devant moi.  

 

- Je t’ai entendu à la salle mais j’ai préféré te laisser t’entraîner., me fait ma partenaire actuelle.  

- Merci. Du travail ?  

- Oui. Il y avait un message au tableau hier. J’ai rencontré le client. Il s’agit juste d’un travail de garde du corps pour le week-end à venir, du vendredi soir au dimanche soir. Je sais que ça t’empêchera d’aller à la clinique mais ce ne sera que deux jours. Est-ce que je peux confirmer que tu prends l’affaire ?, m’interroge-t-elle.  

- Je prends. Sayuri est là et les autres aussi. Je la préviendrai que je serai absent., lui réponds-je.  

- D’accord. Je vais vous laisser., fait Reika, se levant et me faisant signe.  

 

Je la suis jusque sur le palier où elle ferme la porte derrière nous.  

 

- Je n’ai pas apprécié que tu disparaisses ainsi pendant près de deux semaines. Je tenais à te le dire même si je peux comprendre que la situation soit compliquée., me fait-elle savoir, les sourcils froncés.  

- Si j’avais pu prévoir… Non, en fait, je n’aurais jamais pu. Je ne pensais pas que quelque chose pouvait encore me faire perdre les pédales.  

- D’accord. Je ne peux pas me mettre à ta place mais je dois savoir si je peux compter sur toi., me dit-elle.  

 

Je la regarde droit dans les yeux, comprenant ses impératifs, pensant à toi qui avais placé ta confiance en moi, et j’acquiesce. Elle m’a proposé son aide sans rien me demander en retour. Je dois au moins pouvoir lui assurer que je suis là aussi… comme je voudrais aussi être sûr de l’être pour toi… mais les questions en relevant ne sont définitivement pas sur le même plan.  

 

- Oui, tu peux.  

- Merci, Ryo. Si tu veux bien, je passerai la voir ce week-end aussi. Ca fait longtemps que je n’ai pas pu y aller., me propose-t-elle.  

- La porte est ouverte. Tu passes quand tu veux. Il suffit que tu t’arranges avec les autres pour ne pas tous tomber en même temps., lui dis-je.  

- Ok, ça marche. Je t’enverrai les éléments dès que j’aurai signé le contrat. Bonne journée., me salue-t-elle.  

 

Je retourne à l’appartement pour proposer à Sayuri de partir à la clinique et je la trouve face à la fenêtre, observant l’extérieur pensivement.  

 

- Tout va bien ?  

- Je viens d’avoir le directeur de Weekly News de Tokyo. Il veut me voir au plus vite., m’apprend-elle, tendue.  

- Tu as déjà demandé pour un nouveau poste ?  

- Oui, il y a deux jours.  

- C’est peut-être une réponse positive. Viens, je t’emmène.  

- Je peux me débrouiller si tu veux aller voir Kaori., m’oppose-t-elle.  

 

Je ne sais pas pourquoi sa réponse me contrarie. J’ai besoin d’aller là-bas avec elle plutôt que directement à la clinique. J’ai besoin qu’elle me laisse l’accompagner, qu’elle me donne ce temps avant de croiser mon vieil ami et de lui annoncer ce que j’ai décidé.  

 

- Je suis sûr qu’elle apprécierait que je t’accompagne et ainsi, tu pourras peut-être lui annoncer la bonne nouvelle plus vite. Allez, viens., lui dis-je.  

 

Elle me répond d’un sourire heureux et nerveux et nous partons jusqu’en centre-ville où je la laisse monter seule au siège du journal. J’en profite pour faire le tour de mes indics du coin avant de revenir une heure plus tard et de l’attendre. Elle ne tarde pas à sortir avec un sourire soulagé.  

 

- J’ai un poste. Je ne suis plus rédactrice en chef mais je peux rentrer., m’apprend-elle, m’enlaçant brièvement.  

- C’est une bonne chose mais tiens Kaori éloignée de tes bureaux alors.  

 

Elle se met à rire au souvenir des catastrophes engendrées par sa sœur lorsqu’elle avait essayé de l’attirer vers un métier plus conventionnel.  

 

- Oh oui, je ne tiens pas à me faire renvoyer., ricane-t-elle, amusée, montant en voiture.  

- Ce serait malheureux. Tu ne regretteras pas ton poste là-bas ? C’était certainement plus prestigieux., lui fais-je remarquer.  

- Oui, c’est sûr. D’un autre côté, Kaori me manquait. Le prestige ne compense pas le fait de rentrer le soir dans un appartement vide., admet-elle, poussant un léger soupir à ce souvenir.  

- Maintenant, tout cela est fini. Je ne serai pas tout le temps avec elle mais on se verra certainement plus souvent et puis je pourrai être là pour vous deux le temps qu’elle se rétablisse., ajoute-t-elle, relevant le menton.  

- Je vote pour les bons petits plats et le ménage., plaisanté-je.  

- Eh ! Je ne parle pas de cela !, rit-elle.  

- Mais si tu as besoin de parler ou de souffler, je suis là., me corrige-t-elle.  

 

Parler, je pourrais le faire mais elle ne doit pas intervenir dans ma décision. Je n’ai pas besoin que l’on vienne me mettre le doute.  

 

- C’est noté. Merci à toi., lui dis-je simplement, prenant mon air impassible alors que nous arrivons à la clinique.  

 

Nous remontons le couloir lorsque je vois le Professeur dans son bureau. Je ne peux plus reculer : je dois lui faire part de mon avancé.  

 

- Pars en avant, j’arrive.  

 

Sayuri acquiesce et se dirige vers ta chambre pendant que je toque à la porte de mon vieil ami.  

 

- Bonjour Professeur. Comment s’est passée la nuit ?  

 

Je n’arrive pas à rentrer d’emblée dans le vif du sujet, alors je biaise… un peu comme un tour de chauffe.  

 

- Bien. Tatsuya est déjà passé et reparti., me fait-il savoir.  

- J’ai eu un imprévu. Sayuri devait passer à son journal. Elle vient d’obtenir un poste à Tokyo. C’est important aussi pour Kaori.  

- Oui, plus elle est entourée, mieux ce sera., admet-il.  

 

Il retire ses lunettes, les frotte et me regarde posément, attendant que je me lance.  

 

- Je… J’ai…  

 

Je regarde par la fenêtre, voyant la voiture de Mick. Tout est bon pour penser à autre chose que ce que je suis venu lui dire.  

 

- Oui, Ryo ?  

- Je vais aller voir Kaori pour voir si elle réagit à nouveau si Sayuri écrase l’amerloque.  

 

Je m’esquive rapidement et te rejoins. J’ai besoin de toi, de ton visage, de tes doigts dans les miens. J’ai à peine le temps de prendre ta main que Mick vole dans les airs en caleçon vers Sayuri. Celle-ci sort la massue et l’écrase sans ménagement. Les yeux rivés sur le moniteur, je vois ton rythme cardiaque augmenter brièvement avant de revenir à la normale.  

 

- Alors ?, me demande mon ami, se redressant vivement, la porte s’ouvrant sur Kazue et le Professeur.  

- Elle a réagi.  

- Génial ! Par contre, tu veux pas prendre un peu le relais ?, m’interroge-t-il, frottant la bosse douloureuse sur son crâne.  

- Et lui donner une occasion de s’inquiéter ? Jamais de la vie., lui réponds-je.  

 

Pour la première fois depuis que je suis revenu de ma fuite, il pose la main sur mon épaule et me sourit amicalement. Kazue sourit en voyant cela pendant que le Professeur examine le relevé avant qu’ils repartent tous deux.  

 

- Continue ainsi., me dit mon ancien partenaire.  

- Tu as pris les bonnes décisions jusqu’ici., ajoute-t-il.  

 

Je suis un peu surpris de ses mots et je ne sais comment le prendre. Est-ce qu’il se doute de quelque chose et veut me faire passer un message ? Est-ce qu’il veut simplement me donner son soutien plein et entier ? Je ne sais vraiment pas.  

 

- Merci, Mick., est la seule chose que je trouve à lui dire sans étaler mes songes.  

- Au fait, j’ai un boulot ce week-end. Je serai absent à compter de vendredi soir jusque dimanche soir. Je pense que je viendrai ici passer la nuit quand ce sera fini., lui apprends-je.  

- On fera double poste pour te remplacer. Il faut au moins ça., me taquine-t-il.  

- Encore merci alors.  

- De rien. Je ne perdrai pas une occasion de passer plus de temps avec ma chérie, tu sais., plaisante-t-il.  

- N’oublie pas que celle que tu appelles « ta chérie » est ma femme., lui dis-je d’une voix grondante.  

- Ta femme ? Vous êtes mariés ?, s’étonne Sayuri.  

- Ah oui, c’est vrai que je ne t’ai pas parlé de ça., me rappelé-je.  

 

Je ne frémis pas face à son regard surpris et un peu furieux braqué sur moi. Ca, c’est une des décisions que j’ai prises et que j’assume entièrement. Je n’ai donc aucune difficulté à lui expliquer :  

 

- J’ai monté notre mariage pour pouvoir prendre les décisions médicales la concernant à la place des médecins. Sans cela, elle ne serait plus là aujourd’hui.  

- Tu veux dire que tu croyais tellement en elle que tu n’as pas suivi les médecins ?  

- Oui. J’étais sûr qu’elle était capable de se battre et de survivre, de vivre même.  

- Mais, si ça se trouve, elle restera ainsi toute sa vie alors ?, fait-elle, complètement défaite.  

- Non. Sayuri, j’ai confiance en elle. Ca prendra peut-être du temps mais je sais qu’elle reviendra. Je n’en suis même pas sûr. Je le sais.  

 

Disant cela, je reviens sur l’un des points sur lesquels j’ai réfléchi cette nuit. Quand tu reviendras parmi nous, si cet enfant est né, comment te dire que je l’ai fait adopter, ne sachant quand tu te réveillerais ? Comment lui expliquer quand il cherchera à connaître ses origines que son géniteur l’a arraché à sa mère et privé de ses racines et de l’amour inconditionnel que je suis sûr que tu lui porterais ? Je ne peux pas te faire vivre ça. Je ne peux pas te faire affronter ce petit être qui reviendra un jour te hanter et raviver ce que tu aurais pu avoir mais as perdu par ma faute : le droit d’être mère. Je ne peux pas non plus le laisser te culpabiliser pour quelque chose dont je suis responsable. Je serre les dents en réalisant que, d’un autre côté, ce droit, je te l’enlève de facto en te faisant avorter. Pourquoi est-ce si compliqué, Kaori ? Pourquoi tu n’es pas là pour décider ?  

 

La journée s’enchaîne puis la suivante apportant leur lot de complications à la décision que je dois prendre. Chaque fois que je me dis que c’est bon, que je peux l’annoncer au Professeur, quelque chose arrive pour me retarder ou je bute sur les mots. Je te quitte donc le vendredi soir sans avoir donné de directive à mon ami. Je peux juste te promettre d’être là dimanche soir quoiqu’il arrive.  

 

Je retrouve ma très charmante et séduisante cliente dans son hôtel quatre étoiles à l’heure convenue et, sans tarder, nous partons pour le cocktail auquel elle doit assister. Ce n’est que le début des festivités. La journée qui suit, nous la passons entre plateaux télé, séance de dédicaces et une nouvelle soirée. Moi qui adore être habillé comme un pingouin, je suis servi… Malgré tout, je reste concentré parce qu’il y a une aura malsaine qui tourne autour de nous et ce n’est pas juste un fan un peu désaxé. Cette aura appartient à quelqu’un de mon espèce, quelqu’un qui prend son temps pour assassiner sa proie, quelqu’un qui ne veut frapper qu’une fois mais la bonne… et ma présence doit le motiver encore plus dans la mesure où je ne lui laisserai aucune autre chance.  

 

- Votre mari doit vraiment vous en vouloir pour avoir engagé un pro., finis-je par lui dire.  

- Comment savez-vous ? Nous n’en sommes pas sûrs., me fait-elle remarquer, étonnée.  

- Je suis un professionnel. Qu’a-t-il à perdre ?  

- La moitié voire plus de sa fortune si je lui colle un divorce pour faute., me répond-elle, haussant les épaules.  

- Je suppose que ladite fortune est suffisamment conséquente pour avoir l’envie de dépenser une somme folle pour un tueur professionnel…  

- Exactement., m’affirme-t-elle sans aucune honte.  

 

L’heure de la confrontation est venue quand ma cliente monte sur le podium de sa dernière visite tokyoïte pour recevoir un prix. C’est le moment que je choisirais pour frapper et je retrouve mon ancien homologue exactement là d’où j’aurais tiré.  

 

- Lâche ton joujou. Tu n’auras pas le temps de tirer., lui dis-je, ma carrure emplissant l’encadrement de la porte.  

- C’est ce qu’on verra., ricane-t-il cyniquement.  

 

Sans sommation supplémentaire, je vise le canon de l’arme qui se déforme, empêchant une balle d’en sortir. Enervé, mon adversaire se relève et se jette sur moi, poing le premier. Je l’évite, lui assène un uppercut dans l’estomac qui le sonne momentanément avant qu’il revienne sur moi, cette fois avec un couteau.  

 

Entendant du bruit derrière moi, je détourne momentanément l’attention. Erreur de débutant, me maudis-je en sentant la lame glisser sur ma hanche. Je me reprends aussitôt et l’envoie valser dans le décor avant de dégainer mon magnum et de tirer sur l’arme blanche, la brisant en deux. Déterminé à en finir, je le laisse revenir à moi et, en quelques coups échangés, il se retrouve KO à terre. Je l’attache prestement, appelle la sécurité pour qu’ils s’en occupent et rejoins la salle où se termine la cérémonie.  

 

Lorsque nous rentrons à l’hôtel, Reika nous attend et je la laisse gérer la suite des évènements. La douleur de la blessure est cuisante mais j’y suis habitué et ce n’est rien comparé à la tension liée à la multitude de questions qu’elle a fait naître en moi.  

 

- Tu l’as impressionnée. Je pense qu’elle avait un faible pour le brun ténébreux qui l’a sauvée., plaisante ma partenaire, me tendant un chèque.  

 

J’ai bien dû ressentir un truc du genre mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Mes pensées tournent en boucle sur un autre sujet.  

 

- Elle t’a mis un petit bonus., m’apprend-elle.  

- Super. Si on en a fini, je file à la clinique. Merci, Reika., me reprends-je, adoucissant mon ton un peu rude jusque là.  

- Vas-y. A plus tard, Ryo., me salue-t-elle.  

 

Je salue brièvement notre cliente et m’en vais de là, prenant la direction de la clinique. Je me suis toujours cru infaillible mais, aujourd’hui, j’ai commis une légère erreur qui aurait pu m’être fatale. Si je partais, que te resterait-il ? Nos amis, ta sœur mais, de nous, il ne te resterait rien que des souvenirs. L’avortement, c’est la solution la plus raisonnable et ça devrait suffire mais ça n’est pas le cas à mes yeux.  

 

Outre les doutes que j’entretiens, j’avais oublié le cas où c’est moi qui disparais et toi qui restes. Je ne peux pas te priver de ce bébé. Tu as été assez forte pour survivre aux plus gros traumatismes. Cette grossesse, ce n’est pas rien mais ce n’est pas non plus aussi grave que cela. D’autres femmes dans ton état ont mené une grossesse à terme. Tu peux le faire et, moi, je peux prendre le risque de me tromper, que tu ne veuilles pas de ce bébé. J’en doute. Je peux me cacher derrière toutes les raisons médicales, de ton corps convalescent au choc psychologique que tu ressentiras, mais je suis à peu près sûr que tu voudras de ce bébé, parce que c’est le nôtre, parce que je te connais et, si je me trompe, on sera à deux pour prendre la décision qui convient… mais ça, j’en doute très fort.  

 

Bizarrement, je me sens beaucoup plus calme quand je rentre dans la clinique. Je remonte le couloir plongé dans la semi-pénombre et pénètre dans ta chambre. Seuls quelques rais de lumière lunaire éclairent l’obscurité ainsi que le moniteur qui est branché en permanence. Ca sent le sapin et la cannelle dans la pièce et j’ai presque l’impression de revenir un an en arrière quand nous déambulions dans les rues de Shinjuku décorées pour les festivités. Ton sourire était éblouissant ce jour-là et c’est ainsi que je t’imagine alors que je me glisse à tes côtés dans le lit, t’enlaçant, oubliant la douleur de ma blessure.  

 

Je fourre le nez dans tes cheveux et les hume en fermant les yeux. Je sens ton cœur battre sous ma main et ta chaleur me gagner. Ca fait du bien de te retrouver.  

 

- Tu vas avoir un bébé, Kaori.  

 

Je prends ta main et la glisse sur l’arrondi, l’y maintenant doucement. Ma voix n’est qu’un murmure quand j’ajoute :  

 

- Tu vois là, c’est ton bébé, Sugar. J’espère que c’était la décision que tu attendais de ma part, celle que tu aurais prise.  

 

J’entends toquer à la porte qui s’entrouvre doucement juste après.  

 

- Tout s’est bien passé, Ryo ?, s’enquiert le Professeur.  

- Juste un petit bobo à soigner demain., lui réponds-je.  

- Tant mieux. Je vous laisse alors., murmure-t-il, repartant déjà.  

- Professeur !  

 

J’ai à peine haussé la voix pour qu’il m’entende et il repasse la tête par l’entrebâillement.  

 

- Le bébé… Elle le garde., lui dis-je.  

- Alors tu as changé d’avis…, fait-il.  

 

J’aurais dû me douter qu’il avait compris.  

 

- Elle a le droit de choisir quand elle reviendra à elle. Elle a le droit d’être mère.  

- Et toi, Ryo ? As-tu le droit d’être père ?, me retourne-t-il.  

 

La question ne me surprend pas vraiment. J’y réfléchis un court instant. Ai-je envie de m’impliquer auprès de ce bébé ? En ai-je simplement le droit ? Je te regarde un instant et repense à tout ce que nous avons vécu, à celui que j’étais avant mais que je ne suis plus vraiment, à l’homme que je voyais dans tes yeux, à la femme que je ne pouvais pas accepter dans ma vie mais qui en fait intégralement partie aujourd’hui…  

 

- Je ne sais pas… mais j’ai envie d’essayer d’y croire.  

- C’est un bon début, Ryo. C’est un bon début…, pipe-t-il avant de se retirer.  

 

Je n’ai pas besoin de le voir pour savoir que ma réponse l’a soulagé et très certainement ému.  

 

- Je ne suis pas sûr d’y arriver, Kaori, mais je vais essayer., te promets-je.  

 

Ma main reste sur la tienne, juste pour la tenir en place, me dis-je. Je progresse mais tout n’est pas encore gagné… comme pour toi. 

 


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