Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prose

 

Auteur: Ally Ashes

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 1 chapitre

Publiée: 09-05-21

Mise à jour: 09-05-21

 

Commentaires: 5 reviews

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General

 

Résumé: La vie nous façonne, nous endurcit ou nous apaise au fil du temps. Nous sommes comme des rochers dans un torrent.

 

Disclaimer: Les personnages de "L'eau vive" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Quelques conseils pour écrire une bonne fanfiction

 

Quelques conseils de base à suivre pour les fanfictions: - Vérifier l'orthographe avant de poster vos histoires. C'est essentiel. Plus il y a de fautes d'orthographe, plus les lecteurs auront dû mal à apprécier pleinement la fanfic. Donc, relisez-vous. Cela vous donnera aussi l'occasion de rectifier les passages mal tournés par la même occasion. ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: L'eau vive

 

Chapitre 1 :: L'eau vive

Publiée: 09-05-21 - Mise à jour: 09-05-21

Commentaires: Troisième OS sur Ryô. Chronologiquement après Soir d'Orage puis Les Masques, pour répondre à un défi / une demande de Patatra.

 


Chapitre: 1


 

Mes mains ne cessent de jouer avec cette pierre qui ne me quitte jamais. J’en connais par cœur le poids et la texture, très légèrement rugueuse avec deux irrégularités sur un côté. La lumière de ma lampe de chevet fait briller les paillettes de mica, si minuscules qu’elles sont invisibles lorsqu’on ne la regarde pas de près, qui éclairent sa noirceur et en font la beauté.  

 

Dans quelques heures ce sera mon anniversaire, celui que tu m’as donné sans savoir qu’il était vraiment un jour de naissance. Encore une fois tu as dû te creuser la tête pour me trouver le cadeau idéal, renoncer devant le prix de certains, faire un choix pour quelque chose puis changer d’avis parce que tu doutais de toi. Mais je sais exactement ce que je veux, il me faut juste trouver le courage de te le demander.  

 

Ce morceau de roche polie que ma paume réchauffe est comme moi : par le passé elle était un bloc dur, plein d’aspérités, partie d’un ensemble beaucoup plus grand dont elle s’est détachée. Un bloc massif, tranchant, inaltérable. Une pierre parmi les autres à laquelle on ne s’intéresse pas. Elle a dû rester ainsi pendant des millénaires jusqu’à ce qu’elle rencontre un cours d’eau qui l’a entourée, bousculée, caressée. Particule après particule elle s’est érodée, perdant presque toutes ses aspérités jusqu’à devenir un galet qui a attiré mon regard.  

 

Tu es mon cours d’eau. Je ne le savais pas quand on s’est rencontrés : comment deviner à quel point quelqu’un d’aussi jeune et insignifiant allait bouleverser ma vie ? Et pourtant tu l’as fait, si doucement que je ne m’en suis pas rendu compte. Toi non plus d’ailleurs et c’est toute la beauté de la chose : tu n’as jamais voulu me changer. Les coups de massue, les disputes ? C’est toujours l’expression de ta jalousie, pas d’un désir de brider ma liberté.  

 

Bien sûr tu n’as pas été la seule : d’autres avant toi avaient amorcé un changement à mon insu. Chaque rencontre a contribué à polir certaines de mes aspérités : sans le père de Mary je ne serais pas parti aux Etats-Unis et je serais devenu un mercenaire vendu au plus offrant, ou bien j’aurais fini dans l’alcool. Sans Kenny et Sonia je serais resté un loup solitaire, je n’aurais jamais compris ce que doit être l’amour d’un père pour son enfant. Et je n’aurais jamais rencontré Mick, qui m’a forcé à travailler en duo et sans qui je n’aurais jamais accepté de bosser avec Makimura. Qui m’a mené jusqu’à toi. Chacun m’a donné une petite part d’humanité sans que je le réalise : pire j’essayais de le cacher parce qu’il est plus simple d’être seul, d’être froid.  

 

Je n’aimais pas les sentiments. Ils me mettent mal à l’aise parce qu’ils sont synonymes de douleur. Si je n’avais pas aimé je n’aurais pas eu mal en les perdant à jamais, tous ces hommes qui ont jalonné ma vie. Quelques femmes aussi, mais cette douleur n’était que passagère alors que les autres ont été si profondes qu’elles ont laissé des cicatrices. Des zones épaisses, laides, qui ont durci mon âme.  

 

C’est d’ailleurs incompréhensible pour moi : comment as-tu pu accepter ce que j’étais ? Comment as-tu eu la force de rester à mes côtés pendant des années alors que je ne cessais de te rejeter ? Et surtout pourquoi t’ai-je fait entrer dans ma vie alors que normalement mon premier réflexe, en perdant ton frère, aurait été de me réfugier dans la solitude ?  

 

J’ai pu prétendre que c’était parce que je me sentais responsable de toi, que je respectais la dernière volonté d’un mort. Tu parles : ça ne m’aurait jamais empêché de couper les liens, avant. Le professionnel en moi me hurlait que j’allais nous mettre en danger de mort tous les deux et pourtant je t’ai gardée. Qu’as-tu fait ou dit pour me faire agir à l’inverse de mon instinct, je ne le saurai jamais.  

 

 

Dans ma paume je fais tourner cette petite pierre ronde qui m’accompagne depuis des années, plus exactement depuis le jour où le Renard d’Argent avait décidé de faire de toi sa cible : je l’ai ramassée chez le Doc lorsque j’étais venu vérifier si tu allais bien malgré tout. Je m’étais assis au bord de l’étang de sa propriété, un endroit que j’aime pour son calme et sa beauté, et je l’avais ramassée pour tenter de faire des ricochets. Le Doc m’avait interrompu et, sans savoir pourquoi, je l’ai mise dans ma poche.  

 

J’en ai compris après la raison : je voulais garder un souvenir de ce jour où tu étais sortie de ma vie pour ne jamais oublier ce qui peut arriver lorsqu’on s’attache. Peut-être aussi pour ne pas t’oublier.  

 

J’aurais pu m’en débarrasser quand tu es revenue mais elle était sortie de mes pensées. Ce n’est que plusieurs jours plus tard, en vidant mes poches de pantalon pour le mettre à la lessive, que je l’ai redécouverte. Au moment où je l’ai touchée j’ai réalisé à quel point il s’en était fallu de peu pour que tu partes et que je redevienne celui d’avant toi, ce qui impliquait que j’étais déjà quelqu’un d’autre.  

 

Je sais que c’est stupide, mais à cet instant-là j’ai pensé que jamais l’Ange de la Mort n’avait eu quelqu’un qui lavait ses pantalons et l’avait dressé, à grand coup d’engueulades et de massues il faut l’avouer, à vider ses poches avant de les mettre au sale. Que jamais il n’avait eu quelqu’un qui surveille qu’il mange à sa faim. Quelqu’un qui ne le laisse pas noyer sa solitude dans l’alcool mais qui, à la place, propose une sortie dans le parc ou un chocolat chaud.  

 

Bien sûr n’ai pas toujours vécu seul : j’ai déjà eu des colocataires ou des partenaires qui ont partagé des époques de ma vie mais c’était chacun pour soi. Non, personne n’avait fait ma lessive et je crois qu’à l’époque je n’aurais même pas supporté qu’on touche à mes affaires.  

 

Je me souviens m’être assis sur mon lit et avoir regardé autour de moi : j’étais dans ma chambre où au fil du temps j’avais accumulé des souvenirs. Des livres offerts par le Doc, une chaîne Hi-Fi qu’on avait choisie avec Makimura lorsqu’il avait appris que je n’écoutais de la musique que dans la voiture faute d’avoir le matériel nécessaire, un tableau de nu que j’avais acheté pour le faire râler. J’étais dans ma chambre, dans mon appartement, un endroit où je vivais depuis une dizaine d’années et que j’avais meublé petit à petit. Un endroit que je ne me voyais pas quitter parce que j’y étais bien. Où était passé l’homme qui clamait qu’il n’avait besoin de rien d’autre que son Magnum et de quelques fringues, qu’il ne voulait rien posséder pour rester libre de partir à tout moment ?  

 

J’ai eu peur à ce moment-là : peur d’avoir trop changé, d’avoir cédé au confort au point de ne plus être cet homme libre. J’ai eu envie de fuir, de tout balancer et de partir loin histoire de me prouver que j’étais toujours sans attaches. Si je ne l’ai pas fait c’est que t’ai entendue m’appeler pour déjeuner. Rétrospectivement je réalise que ton appel aurait pu avoir l’effet inverse : me confirmer que j’étais devenu un être casanier ; or être casanier, dans mon milieu, c’est synonyme de danger de mort. J’aurais dû courir encore plus vite vers la sortie et prendre le premier avion. Pourtant ta voix m’a donné le sentiment que j’étais exactement là où j’étais censé être et j’ai eu envie de rester, comme si cette simplicité domestique me rassurait.  

 

J’imagine déjà ta tête si un jour je t’avoue que j’ai passé un cap dans ma vie à cause d’une lessive et d’un « à table ». Et de ce caillou qui est devenu le symbole de plusieurs moments essentiels de ma vie. Non, c’est plus profond que ça : qui symbolise ma vie. Je ne suis plus un bloc massif, tranchant, inaltérable. Je me réchauffe à ton contact, je ne cherche plus à blesser quiconque me touche.  

 

Dans quelques heures je vais t’offrir ce symbole, parce que le 26 mars ce n’est pas uniquement le jour de notre première rencontre. De nos premières rencontres. Quelque chose est né en moi ce jour-là : une minuscule graine que j’ai ignorée et qui a pris racine, doucement, avant de grandir jusqu’à ce que je ne puisse plus faire autrement que l’accepter.  

 

J’ai essayé de lutter, de m’enfuir, de te faire partir mais c’était déjà trop tard. Alors j’ai essayé de le nier, de faire semblant, de le taire. De prétendre que j’étais toujours l’homme insaisissable à l’âme aussi sombre que la nuit, au passé trop lourd pour accepter d’en partager le fardeau. Quel con : je ne faisais pas illusion pour ceux qui ont connu cet homme, je l’ai vu cent fois dans le regard de Mick et de Falcon.  

 

Pourtant à chaque fois qu’ils évoquaient ce changement j’avais envie de fuir, de nier encore plus jusqu’à me convaincre moi-même. Je refusais d’accepter que moi, Ryô Saeba, j’avais une trouille bleue.  

 

J’ai toujours peur, d’autant que je sais qu’il y a des choses en moi que tu n’apprécies pas et qui ne changeront pas parce que j’en ai encore besoin, pour des raisons nobles ou moins nobles. Il faut juste que j’arrête de faire semblant avec toi. Seulement je suis un homme de peu de mots et même après une nuit à les chercher je n’arrive pas à trouver ceux qui sonnent juste.  

 

Ton réveil sonne. J’écoute les bruits du quotidien : ta porte qui s’ouvre, ta douche, puis la préparation du petit déjeuner. Je m’habille, trop fébrile pour respecter notre rituel, et descend te rejoindre après avoir remis la pierre dans ma poche.  

 

Je reste un instant à te regarder avant de faire demi-tour. Je doute, renonce, me motive à nouveau, change d’avis, expire profondément puis inspire par le nez pour me calmer.  

 

- Ryô ?  

 

Tu me regardes, inquiète. Comment t’expliquer que tu es ma source, mon eau vive ? Que tu m’as changé sans le vouloir, que je me sens prêt à être aimé et à entrouvrir mon armure ?  

 

Je te regarde sans parvenir à dire tout cela : j’ai une boule dans la gorge, j’arrive à peine à respirer. Pourtant j’ai l’impression que tu comprends quelque chose à ta façon de me regarder, à la main qui couvre tes lèvres.  

 

Je me raccroche finalement à mon idée initiale : je saisis ton poignet et dépose ce ridicule caillou sur ta paume. Normalement ce geste aurait dû être accompagné d’une explication de texte et j’ai encore plus peur de ta réaction.  

 

Un sourire, tes doigts qui caressent ma joue en tremblant : je n’aurais pas dû douter de ta capacité à lire entre mes lignes. Enfin je renonce totalement aux mots et laisse mon corps parler pour moi. Le tien l’écoute, l’accueille, et l’entraîne dans un autre torrent.  

 

Emmène-moi où tu voudras : je suis prêt à gommer mes dernières aspérités.  

 

 


Chapitre: 1


 

 

 

 

 

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