Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 4 chapitres

Publiée: 08-06-21

Mise à jour: 29-06-21

 

Commentaires: 12 reviews

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RomanceHumour

 

Résumé: Juste après avoir vengé la mort de Hideyuki Makimura, Ryo avait promis à Kaori : "Tu seras ma partenaire et je cesserai de te regarder comme une femme." Mais jamais il n'avait fait promesse aussi impossible à tenir ... (Passages "lemon")

 

Disclaimer: Les personnages de "Erotikao" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Erotikao

 

Chapitre 4 :: Erotikao 4, le bain du Dragon

Publiée: 29-06-21 - Mise à jour: 29-06-21

Commentaires: Bonjour à toutes et tous ! Et voilàààà, le dernier opus de cette petite fic arrive. Comme toujours, merci à celles qui ont pris le temps de laisser un petit (ou grand) mot. Je crois que je n'ai pas besoin de (re)dire que j'adore vous lire ! Merci aussi à tous les lecteurs qui passent en toute discrétion. Même si les auteurs écrivent des histoires, c'est vous, lectrices, lecteurs qui les rendez vivantes ! Merci Cris pour tes judicieuses remarques. Ces petits chapitres auraient été moins classes sans ton intervention ! A mardi prochain pour une nouvelle aventure, un peu particulière et qui me tient beaucoup à coeur (Aventure, avec un grand A, pour nos chouchous, pour moi et pour ...) En attendant la prochaine, bonne lecture de celle-ci ... A mardi !

 


Chapitre: 1 2 3 4


 

 

Chapitre 4 : Erotikao 4, le bain du Dragon  

 

Je suis allongé sur mon lit, les bras noués derrière ma nuque. Je regarde la fumée de ma cigarette qui reste coincée entre mes lèvres, former des volutes aussi poétiques qu'éphémères jusqu'au plafond.  

 

J'ai un mauvais pressentiment, je ne saurais dire pourquoi exactement mais depuis hier soir, cette sensation ne m'a pas quitté.  

 

En effet, la veille, la nouvelle est tombée.  

 

Tu t'es soudain rendue compte que tu avais oublié de relever notre courrier et tu as disparu dans la cage d'escaliers, les dévalant comme à ton habitude. Quand tu es remontée, tu tenais un bout de papier entre les mains et tu m'a regardé, abasourdie, avant de me tendre la lettre.  

 

Et en lisant ce bout de papier, j'ai failli en tomber sur le cul : Miki et Falcon avaient décidé de se marier ...  

 

Quelle horreur !  

 

Ma douce Miki va m'échapper pour de bon et en plus, elle a choisi de passer la corde au cou de mon meilleur ennemi. J'en ai frémi alors que toi, tu t'es écriée, en dansant sur place, tournoyant et sautillant de manière tout à fait exaspérante :  

- "Hourra ! Quelle belle nouvelle ! Un mariage ! Oh Miki, comme je suis heureuse pour toi ! C'est magnifiiiiiiique ! Ryo ! Tu te rends compte ? Ryo ? Ryyyyyoooo ?"  

 

Comme je suis resté muet, tu as continué à égrainer les adjectifs d'une positivité ennuyeuse et écœurante : magnifique, formidable, romantique, "trop beauuuuuu" ... et que sais-je encore. Au bout d'un moment, j'ai fini par me lever pour aller fumer sur le toit, te laissant à ta joie ... ou à ta frustration quand tu as réalisé que je ne partageais pas ton engouement.  

 

Mais ce matin, ce n'est pas tellement ça qui me dérange finalement. Ce n'est pas que le principe même du mariage qui me chiffonne, cette idée de n'appartenir qu'à une seule femme, cette corde au cou, cette laisse qui lie des êtres à jamais par un serment ridicule et obsolète. Ca, c'est acté, je le sais et je ne m'en cache pas : le mariage, très peu pour moi, merci bien, je passe mon tour. Mais pour les autres ?  

 

Bah, finalement, ils font bien comme ils veulent, si ça leur fait plaisir, après tout ... Alors, pourquoi le mariage de Miki et Falcon me perturbe tant ?  

 

Aujourd'hui, avec le recul de la nuit passée, j'ai bien compris que c'est autre chose qui me chagrine et je n'arrive pas encore à définir quoi. Et ça m'énerve. C'est ce que je cherche depuis que je suis monté me réfugier ici après le petit déjeuner que j'ai pris en silence, sous ton regard inquisiteur.  

 

Je me suis ensuite préparé comme tu l'a exigé car même si Miki a précisé qu'on peut tous venir en tenue de ville, tu m'as contraint et forcé à me raser de frais, à prendre une "vraie" douche (comme si j'en prenais des fausses d'habitude), à enfiler un t-shirt impeccablement repassé par tes soins, à me peigner, et même, à cirer mes chaussures ... Je crois que je n'ai plus fait ça depuis que j'ai quitté la jungle où, là, c'était entretien et cirage obligatoire des rangers tous les matins pour les protéger de l'humidité.  

 

Je me tourne vers ma table de nuit et observe la tasse de café que j'ai amenée ici tout à l'heure. Mais il doit être froid maintenant et je n'y ai même pas touché.  

 

Je soupire en regardant à nouveau le plafond. En fait, je sens les problèmes arriver au grand galop ... Ah oui, oui, oui, ça pue les embrouilles, cette histoire de justes noces !  

 

Je tapote ma cigarette pour faire tomber la cendre dans mon cendrier préféré, prends une bouffée ...  

 

Ca y est ...  

 

J'ai trouvé ce qui m'emmerde dans cette histoire d'union officielle : alors, oui, le fait que Miki devienne théoriquement intouchable me contrarie fortement et il y a aussi mon aversion naturelle pour ce genre d'engagement .... mais il n'y a pas que ça ... Non, ça va au-delà en fait ...  

 

Oui, ce qui m'emmerde dans ce mariage c'est que, puisque Miki et Umi font partie du monde des nettoyeurs, à l'instar de toi et moi, je sens venir gros comme un camion les comparaisons entre eux et nous. J'entends déjà mon acolyte américain me démontrer par A+B que mes réticences à t’avouer mes inclinations pour toi reposent sur du flan et que je n'ai plus aucune raison de ne pas avancer.  

 

Mouais ... Easy pour Mick ... Il a raccroché le gun et la drague, lui. Pas moi. Non seulement parce qu'il n'a pas d'autre choix avec ses mains et son corps bousillés mais aussi parce que Kazue est ... est quoi ? Plus expérimentée, plus vieille, plus au courant des choses de ce milieu, plus consciente du danger, plus protégée que ... toi ?  

- "Ridicule." Me répondrait-il et il aurait raison en plus, ce con.  

 

J'éteins rageusement ma cigarette dans le cendrier comme si la réduire à néant effacerait les remarques débiles d'Angel. Petit à petit, je n'ai même plus besoin d'imaginer ses arguments pour admettre que toutes mes éventuelles objections reposent effectivement sur du vent. Et les évènements de ses dernières semaines en ont été une triste illustration.  

 

Il y a quelques semaines maintenant que tu es revenue de ta fugue chez mon pote américain. Contrairement à ce que je pensais, tu m'as pardonné, tu n'as pas choisi de changer d'associé, tu n'as pas décidé de raccrocher City Hunter pour te tourner vers une existence normale, tu as voulu rester avec moi pour reprendre notre partenariat et notre vie peu recommandable. J'ose imaginer que tu as fait ça en toute connaissance de cause et ton choix n'en a que plus de valeur à mes yeux.  

 

J'ai été surpris de me sentir soulagé quand tu es entrée en trombe dans le Cat's Eye en me fusillant du regard pour m'attraper par la main et me trainer derrière toi de manière si autoritaire ... et ... si ... habituelle en ce qui nous concerne.  

 

Mon Dragon Volcanique était de retour.  

 

Le souci, c'est qu'il est devenu plus Tentateur que jamais au fil des jours ...  

 

J'allume une nouvelle cigarette.  

- "Oui putain, c'est ça le problème. C'est ça que me fait chier depuis hier. C'est qu'il y aura bien un empêcheur de tourner en rond pour venir me dire qu'il faudrait que je fasse pareil avec toi. Et que je veux pas ... Non, non, non, pas de mariage pour toi et moi."  

 

Je soupire de nouveau. Il faudra que je leur rappelle que tu es ma Partenaire et pas Une femme. Pas une femme : sans déconner ? Je me marre en pensant à ce qui tout ce qui s'est passé dans ma tête ces dernières années, totalement à l'opposé de ce que je t'avais promis au début de notre association :  

- "Tu seras ma partenaire et je cesserai de te regarder comme une femme."  

 

Je me demande si je n'aurais pas pu trouver plus débile ?  

Enfin, à l'époque, j'étais persuadé du bien fondé de ce serment.  

Aujourd'hui, le temps a passé et les choses sont différentes. Enfin, c’est comme ça que j’essaie de me justifier …  

 

Je soupire et je repense à ce que tu m'as dit tout à l'heure quand tu m'as prévenu, les mains sur les hanches :  

- "Je me prépare pour le mariage. J'en ai pour un moment et j'ai l'intention de prendre mon temps !"  

 

J'ai bien eu envie de répliquer :  

- "Ahhahahaha, c'est pas du temps qu'il te faut, c'est une baguette magique !"  

 

Mais les mots m'ont pas franchi la barrière de mes lèvres.  

 

Non, ils n'en sont pas sortis et je me demande même si ma mâchoire n'a pas claqué quand j'ai brusquement refermé la bouche alors que je t'ai vue, debout dans l'embrasure de la porte, simplement vêtue de ton peignoir de bain. Rien de bien sexy, le peignoir, je te l'accorde, un vieux truc moche, en éponge vert anis.  

 

Mais ...  

 

Ce qui a fait toute la différence, c'est que j'ai entraperçu ton pyjama balancé en boule à tes pieds ...  

 

Pas besoin d'être City Hunter en personne pour comprendre que, toi, Mon cher Dragon Tentateur, tu étais nue sous ce peignoir vert et, ces derniers temps, ce genre de petit truc anodin suffit à me perturber ... J'en suis même arrivé à me demander si ces quelques semaines de disette sexuelle ne commencent pas à me taper définitivement sur le système.  

 

Oui, en ce moment, c'est la vraie disette, pour ne pas dire, la famine totale puisque, quand toi, Dragon Volcanique et Autoritaire, tu n'es pas là pour jouer les rabat-joie, c'est moi qui manque de motivation et je foire mes plans drague les uns après les autres alors qu'auparavant, ils étaient parfaitement infaillibles. C'est à n'y plus rien comprendre.  

 

Ohhh, je t'entends déjà rire, pt'ite tête, mais ne compte pas sur moi pour admettre que je puisse être rouillé !  

 

Ma cigarette s'est éteinte toute seule et je largue le mégot dans mon cendrier d'un geste las. Et puis, je me lève pour aller à mon poste d'observation favori ...  

 

Un jour, je ne sais trop comment, une fissure s'est formée sur le mur qui sépare ma chambre de la salle de bain, une sorte de lézarde, sans doute provoquée par un quelconque coup de massue mal maitrisé. Je ne sais pas exactement comment ce trou s'est formé mais toujours est-il qu'il se trouve pile en face de la baignoire et ça ... c'est un cadeau du ciel !  

 

Je souris de satisfaction en découvrant que tu es déjà allongée dans l'eau, la tête reposant en arrière, les cheveux mouillés, tes yeux portés vers le plafond. La vapeur s'élève lentement. Comme d'habitude, tu t'es plongée dans une eau brûlante.  

 

Tu soupires et tu lèves les mains hors de l'eau, regardant les gouttes glisser le long de tes bras et la vapeur s'élever de ta peau. Tu t'étires. Tu prends une grande inspiration et tu te laisses glisser sous l'eau pour revenir à la surface quelques secondes plus tard. Tes joues en ont rougi, prenant la teinte qu'elles arborent quand tu es gênée ou troublée par certains de mes regards.  

 

Je soupire d'aise en même temps que toi.  

 

Je me suis surpris à particulièrement affectionner ces petits moments d'intimité que je lorgne et qui n'appartiennent qu'à toi, ... enfin ... ça, c'est ce que tu crois ! Car, je suis parfois là, tapi dans l'ombre, caché derrière le mur à te contempler en secret.  

 

Je le fais rarement, j'avoue que je crains que tu ne me repères. D'habitude, je préfère le trou de la serrure quand une de nos clientes occupe les lieux. Je sais que toi, ta colère et tes massues, vous serez là pour me remettre dans le droit chemin.  

 

Mais là, la tentation est trop grande. J'ai entendu tous les préparatifs et je ne résiste pas. Je me sens un peu minable, voire pitoyable quand je fais ça mais j'aime bien apercevoir ton regard dans ces moments-là, ce regard qui est tellement toi, sans filtre, sans retenue, sans sourire heureux ou triste, sans joie éclatante ou colère impitoyable, sans masque quel qu'il soit. Juste toi.  

 

Le temps suspend son vol pendant que je savoure le spectacle sobre mais parfait de ton visage aux joues échauffées par le bain, encadrées par tes cheveux mouillés, de tes épaules découvertes, de tes genoux qui émergent de l'eau, de ta main gauche reposant sur la céramique blanche, parfaitement détendue.  

 

Et puis quelque chose attire mon attention, quelque chose qui n'est pas comme d'habitude : un petit clapotis étrange, un soupir plus profond que les autres, toi qui te mordilles anormalement la lèvre inférieure tout en fermant les yeux ...  

 

Je tends l'oreille, j'observe attentivement.  

 

Je perçois à nouveau le petit clapotis étrange ainsi qu'une nette accélération de ta respiration. Je remarque alors que ton bras droit est resté sous l'eau et que tes genoux se sont séparés au point de toucher chacun le rebord de la baignoire.  

 

Je perçois à nouveau le petit clapotis. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Ne me dis pas que ... Que tu es ... en train de ...  

 

Je ne parviens pas à formuler clairement cette possibilité pourtant tous les indices sont là et vont tous dans le même sens : tes joues rouges, ton souffle court, la main entre tes cuisses ouvertes, le clapotis, ta lèvre que tu mordilles, les yeux que tu as fermés ...  

 

Noooooon ! J'en ai presque envie de crier tellement cette éventualité me parait impossible.  

Impossible !  

Inouï.  

Insensé.  

Incroyable.  

Irréel. Oui, c'est ça, c'est irréel, je dois encore être en train de rêver une nouvelle fois.  

 

Mais je me pince à m'en faire mal au bras, je porte la main à mon front pour vérifier ma température corporelle qui est ... normale, enfin, je crois ... je n'ai pas bu, je ne suis donc pas ivre et je ne rêve pas. Tu es bien en train de te toucher, de te caresser, de te donner du plaisir ... car tu viens de confirmer mes pensées en écartant encore un peu plus les cuisses. Ta jambe gauche sort même de l'eau et ton pied vient se poser sur le rebord de la baignoire, le genou touchant presque le mur. Tu t'enfonces un peu plus dans l'eau.  

 

J'ai l'impression que mes yeux vont me sortir de la tête quand tu sors également ta jambe droite hors de la baignoire, laissant les gouttes d'eau ruisseler le long de ta cheville et goutter sur le tapis de bain. Ta main gauche rejoint la droite sous l'eau et tu ouvres la bouche pour chercher de l'air. Ton plaisir s'installe ...  

 

Je sens mon cœur pulser dans ma poitrine, résonnant dans mes oreilles, m'assourdissant complétement, mon sang charrie des braises dans mes veines, mon membre se durcit, douloureux enserré ainsi dans mon pantalon. Je me mords la lèvre en même temps que toi, rêvant de saisir entre mes dents ta bouche, ton oreille, ta peau ... J'imagine sans surprise que ce sont mes mains et mes doigts qui te caressent, te faisant frémir ...  

 

Comme j'aimerais que ce soit moi qui provoque ça en toi.  

 

Je t'entends soupirer ...  

 

Je porte ma main sur mon sexe tendu et le frotte doucement à travers le tissu du pantalon. Ca ne soulage rien, bien au contraire mais c'est ça ou je craque et je me précipite dans la salle de bain ...  

 

Ta main gauche ressort de l'eau pour caresser ton cou, depuis la base de ton oreille et descends jusqu'à ton sein que tu empaumes. Tu te caresses doucement la poitrine, l'une puis l'autre de tes pointes dressées, tu les pinces entre tes doigts en soupirant d'aise ... Tu gémis ...  

 

Je sursaute : qu'as tu prononcé ?  

Pris dans mon propre désir, je n'ai pas bien entendu ce que tu as dit.  

Est-ce le nom de celui que tu as imaginé en train de te toucher ?  

Est-ce le mien ?  

Oui, oui, ça ne peut être que mon nom !  

Est-ce mon nom que tu te murmures en secret pour rendre ta masturbation plus excitante, est-ce mon image que tu te représentes pour attiser ton désir et augmenter ton plaisir ?  

C'est moi, n'est-ce pas ?  

Bah oui ... Qui d'autre ? Mick ?  

Non, non, ça ne se peut pas, ce n'est pas Mick, c'est moi.  

Je suis sûr que c'est moi.  

Ou bien se pourrait-il que ce soit un autre homme ?  

As-tu connu déjà le plaisir partagé avec un ...  

Non, non, non, c'est moi, c'est mon nom ...  

Pitié ...  

Il le faut ...  

Mon Nom Quand Tu Jouis ...  

 

Je brûle de le savoir ... de l'entendre ...  

 

Ta main accélère son rythme, l'autre se crispe sur le rebord de la baignoire, ton corps se tend, tu rejettes la tête en arrière, la bouche ouverte ...  

 

Oh putain, dis-le, dis-le, dis-le, dis-le ...  

Dis-le !  

Crie-le !!  

Hurle-le !!!  

Gémis-le !!!!  

Dis mon nom !!!!!  

 

Je reste en apnée, les oreilles tendues, le cœur accroché à tes lèvres pendant que tu jouis.  

 

Tu n'as pas crié "Ryyyyyoooo !" comme je l'aurais voulu mais tu l'as murmuré dans un souffle et ça me suffit: un murmure à peine audible mais j'ai bien reconnu les deux syllabes qui forment mon prénom ...  

 

Ohhhh, que c'est jouissif !  

 

Je souris, comblé d'avoir partagé, malheureusement à ton insu, ce moment de grâce ultime, cet instant de perdition suspendu dans le temps, cette seconde où ton cœur s'est arrêté de battre sous la puissance de ton plaisir ...  

 

Alors, non, tu n'as pas crié mon prénom mais j’ai pu entendre ce petit grognement retenu, ce gémissement discret, un peu rauque, lâché dans un souffle. Alors c'est comme ça que sonne ton véritable orgasme, Kaori ? Comme ce son est doux à mon oreille. Doux, cruel et dangereux ... Car maintenant que j'y ai goûté ... Je ne suis pas certain de parvenir à y renoncer.  

 

Imagines-tu que je pourrais t'en donner d'autres, bien plus puissants, plus terribles, plus éclatants ? Cette perspective m'échauffe. Je sors de ma chambre et me retrouve dans le couloir, m'imaginant franchir la dernière porte qui nous sépare. Il s'agit de quoi ? Six ou sept mètres, pas plus. Donc … Il n’y a que quelques mètres et une planche de bois qui nous sépare, toi et moi, alors que tout nous lie ...  

 

Je m'apprête à ouvrir la porte mais je retiens mon geste.  

 

Non. Je n'entrerai pas. Je dois me reprendre.  

Non. Je n'entrerai pas. Je dois faire les choses correctement.  

Non. Je n'entrerai pas dans la salle de bain.  

Non. Je n'entrerai pas même si nous offrons un malheureux et lamentable spectacle à cet instant, toi te touchant en pensant à moi et moi te regardant, perclus de désir inassouvi ...  

 

Oui, c'est ridicule. Il nous faut arrêter là le massacre. J'entre. J'en ai envie. Et ma main se pose à nouveau sur la clenche.  

 

Non. Je n'entrerai pas. Je sais que tu m'atomiseras quand tu sauras pour le trou entre ma chambre et cette pièce surchauffée. Il faut que je fasse les choses autrement. Je retire ma main.  

 

Mais ... Pourquoi attendre encore plus longtemps ? Allez, j'entre. Je prends le risque.  

 

Non. Je n'entrerai pas. Même si je sais qu'il est temps pour moi de t'avouer que tu n'es pas une simple partenaire pour moi, je ne veux pas le faire comme ça, en ouvrant brutalement la porte pour me jeter sur toi, alors que je bande dans mon pantalon ? Non ... Ca, je le fais avec les clientes qui s'aventurent ici, avec les Miss Mokkori que je ne reverrai jamais une fois l'affaire conclue. Et tu n'es pas ... Non, tu n'es pas Elles ...  

 

C'est décidé. Je n'entrerai pas. Je ne franchirai pas cette porte maintenant. Même si j'en crève d'envie, même si je suis prêt à assumer toutes les punitions que tu m'infligeras.  

 

Je me tourne vers les escaliers et entame ma descente vers le salon d'un pas lourd et trainant. Je me murmure à moi-même :  

- "Tu seras ma partenaire et je cesserai de te regarder comme une femme."  

 

Je souris car une évidence viens de me sauter au yeux. Depuis toutes ces années j’étais persuadé de m'être planté en utilisant cette phrase comme un mantra. Je pensais avoir toutes les peines du monde à tenir cette promesse et je réalise aujourd'hui combien j'avais raison finalement. Je n'ai pas failli. C'est exactement ce que je fais : oui, je te considère comme ma partenaire et oui, j'ai cessé de te regarder comme "UNE" femme. Et ce, depuis un moment déjà.  

 

Je ne te regarde plus comme UNE femme. Je te regarde comme LA femme que tu es. Celle que j'ai découverte, pas celle que j'imaginais, ni celle que je fantasme en la comparant aux autres, juste celle que tu ES, loin de la jeune fille insouciante et perdue que j'ai rencontrée il y a plus de sept ans maintenant ... ou oserais-je dire onze ...  

 

Et je viens à l'instant de prendre cette constatation en pleine figure : tu es Femme, tu as une sexualité, des envies, des désirs ... Ils ne sont ni des chimères aquatiques, ni des rêves insensés, ni des divagations alcoolisées, ni des délires fiévreux ... Non, ils sont tout ce qu'il y a de plus réels. Presque tangibles. Et j'en fais partie. Comme tu fais partie des miens. J'ai bien essayé de l'ignorer mais les faits sont là, bien réels ...  

 

Ce que j'ai surpris derrière mon mur, à travers cette brèche entre nos deux univers que je m'efforce à tenir séparés, n'a fait que me prouver encore une fois de plus que tu es prête à assumer tes choix.  

- "Va falloir qu'on trouve une solution quand même." songe-je par devers moi. "On ne peut définitivement pas rester comme ça, toi et moi ... Ca devient urgent !"  

 

Arrivé en bas, je me tourne vers la salle de bain et j'aperçois tes chevilles qui se sauvent rapidement vers ta chambre sur la pointe des pieds. Je t'imagine enroulée dans ta serviette trop petite, les cheveux humides ... Si je ne me retenais pas, je ferais bien demi-tour ...  

- "Non." Murmuré-je. "Je finirais bien par trouver comment faire. Je tiens depuis un moment. Je peux tenir encore ... un peu."  

 

***  

Kaori dévala les escaliers en s'exclamant :  

- "Oh nooooon ! Ryyyyyoooooo !!! On est à la bourre !"  

 

Elle se figea en découvrant son colocataire tranquillement assis dans le canapé, en train de bouquiner un de ses magazines fétiches.  

- "Tu fais quoi, là ?" l'interpela-t-elle, visiblement stressée.  

- "J't'attends ..."dit-il sans lever le nez de sa lecture.  

- "Ouais, bah bouge !"  

- "Humpffff ... On a le temps. Pas pressé, moi ..."  

 

Kaori tiqua mais ne prit pas le temps de relever la remarque de Ryo. Apparemment, elle était préoccupée par autre chose de beaucoup plus important, regardant à droite et à gauche :  

- "Et meeeeeerde ! Où sont mes chaussures ?"  

- "Lesquelles ?"  

- "Les blanches à talons ... J'étais persuadée de les avoir laissées exprès dans l'entrée !" Souffla-t-elle en tournant en rond.  

- "Ahhh, ça serait pas celles qui sont sous le canapé, des fois ?" Demanda Ryo tout en levant enfin le regard vers elle, amusé.  

- "Sous le ..." Elle ne termina pas sa phrase en se mit immédiatement quatre pattes pour chercher ses chaussures perdues.  

 

Ryo sourit d'un air satisfait, posa son magazine à côté de lui et se pencha en avant tout en tournant la tête pour admirer un joli petit derrière engoncé dans une robe courte et serrée et qui se balançait sous son nez.  

 

Il bredouilla quelque chose :  

- "Non, je peux tenir encore."  

- "Qu'est-ce que tu dis ? Ah oui, oui, tu peux m'attendre dehors, j'arrive tout de suite ..."  

 

Ryo soupira avant de murmurer un :  

- "Non rien ..." résigné.  

 

Kaori n'entendit pas, entièrement concentrée sur ses recherches "sous-canapéennes" :  

- "Punaise, y'a un de ces bordels, là-dessous ..."  

- "C'est toi la maîtresse de maison, pas moi."  

- "Ouais, bah les chaussettes cracra, là, c'est pas les miennes !" dit Kaori en lançant ses trouvailles vers son partenaire qui évita les-dites chaussettes de justesse en se levant souplement.  

 

Puis Kaori s'exclama joyeusement :  

- "Super, je les tiens !"  

 

Kaori se redressa, victorieuse, ses chaussures entre les mains.  

- "Je me demande bien comment elles ont atterri ici ..."  

- "Oui, tiens, c'est étrange ..." répliqua Ryo, souriant, fourrant les mains dans les poches tout en se dirigeant vers la porte.  

 

Elle enfila rapidement ses chaussures tout en fermant ses boucles d'oreilles :  

- "Tu sais où c'est ?"  

- "Quoi donc ?"  

- "Bah le mariage ... On va pas faire des courses là, j'te rappelle ..."  

- "Comment je saurais où c'est ?"  

 

Elle soupira et se dirigea vers le guéridon de l'entrée où était posé le carton d'invitation et lu, excédée :  

- "Eglise d'Okutama, le 30 Juin à 14 h ! Punaise, Ryo, il est déjà 13 h !"  

- "T'inquiète ... Je gère !" dit Ryo en ouvrant tranquillement la porte d'entrée.  

- "Comment ça tu gères ? Tu as dit : "Je sais pas où c'est", y'a pas deux secondes !" dit-elle en plantant ses mains sur les hanches, fusillant Ryo du regard.  

- "Bah oui, je savais pas ..."  

 

Kaori le dévisagea, abasourdie :  

- "Espèce de crétin ! Tu pouvais pas regarder une carte routière au lieu de tes magazines de pervers dégénéré !!!"  

- "Mais non enfin ! Calme-toi !!!" S'écria Ryo, goguenard et très fier de sa petite blague tout en évitant une massue de justesse. "Tu m'as demandé si je savais où c'était, je t'ai dit non. Mais maintenant que tu l'as dit ... je sais … Okutama, c’est pas si loin …"  

- "Comment ça ? Mais tu t'es foutu de moi !" Hurla-t-elle en se précipitant à sa suite. Attends un peu, toi, tu vas me le payer ! Sale *** !!!"  

 

Ryo éclata de rire et descendit en courant :  

- "Allez, espèce de Dragon Rabat-Joie, grouille-toi ! Tu l'as dit toi-même, on est à la bourre !!!"  

- "T'es pressé maintenant ?" Cria-t-elle en se penchant par-dessus la rampe d’escalier alors que Ryo se trouvait déjà presque deux étages en-dessous d’elle.  

 

Ryo maugréa quelque chose que Kaori ne comprit pas mais elle haussa les épaules, se disant qu'il devait encore baragouiner un truc aussi débile que d'habitude et s'élança à sa suite dans les escaliers. Quelques minutes plus tard, ils roulaient en direction de l'Eglise d'Okutama tout en se chamaillant et, contre toute attente, ils arrivèrent à l'heure pour célébrer l'union de Miki et Falcon.  

 

C'est bien là l'essentiel, non ? 

 


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