Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prose

 

Auteur: MelleKaori

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 1 chapitre

Publiée: 23-07-21

Mise à jour: 23-07-21

 

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GeneralRomance

 

Résumé: De quiproquo en hallucination, la journée s'engageait mal pour le nettoyeur numéro un du Japon. Le fervent détracteur des "Il ne faut jamais remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même" changera-t-il son fusil d'épaule ou s'obstinera-t-il toujours à reculer?

 

Disclaimer: Les personnages de "Méprises" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Méprises

 

Chapitre 1 :: Méprises

Publiée: 23-07-21 - Mise à jour: 23-07-21

Commentaires: Bonne lecture.

 


Chapitre: 1


 

 

– Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place., conclut la jeune femme en se séchant les mains.  

 

Elle embrassa du regard sa cuisine, propre et rangée. Le repas était quasiment prêt, ne restait plus que les cuissons de dernière minute à lancer lorsque Ryô la rejoindrait, ce qui ne devrait plus tarder au vu de sa montre, l'estomac de son partenaire étant d'une incroyable précision horlogère. D'une profondeur inégalable aussi et soi-disant entraîné à résister à la fin du monde…  

 

«  De quoi tu te plains ?! Grâce à moi, tu seras le seul nettoyeur intronisé roi des cafards » lui avait-elle dernièrement rétorqué en réponse à la prétendue radioactivité de ses sushis. Ce souvenir étira ses lèvres, c'était toujours les mêmes gentillesses dès qu'une cliente emménageait ici, puis l'incita à compléter sa liste de courses accrochée au réfrigérateur. Mener à bien cette tâche sans être interrompue l'étonna, elle jeta donc un coup d'œil à la pendule.  

 

Les aiguilles avançaient, l'heure du déjeuner approchait et aucun goinfre grognon ne pointait le bout de son nez. C'était surprenant, très surprenant. A bien y réfléchir, ce n'était pas la première bizarrerie de la journée… Pas de vêtements éparpillés dans la salle de bains. Pas une seule tentative pour rester au lit. Pas de longues tirades sur la voluptueuse policière. Pas le moindre bougonnement. Et que dire du comportement de Mick ?  

 

Irréprochable. Leur ami n'avait même pas cherché à profiter de l'absence de Ryô, parti s'adonner à son vice nicotinique sur la terrasse et, en plus, la rouquine s'était rapidement retrouvée en tête à tête avec ses ustensiles de cuisine. Pris les uns indépendamment des autres, les faits n'étaient pas inhabituels, en revanche leur accumulation l'était. Sans oublier le retour toute en furtivité du ténébreux nettoyeur au milieu de la nuit.  

 

Ce n'était pas normal, quelque chose clochait, à l'instar de leur entrevue beaucoup trop longue pour être dénuée de secrets. Non, ce n'était pas une simple visite de routine ou de bon voisinage, toutes ces petites bizarreries étaient forcément liées et l'ancien binôme conversait probablement de la mission de la veille, fait étrange puisqu'elle avait plus ou moins donné son aval pour celle-ci après avoir assisté au briefing et participé aux négociations financières.  

 

Avaient-ils passé sous silence certains détails afin de soutirer son approbation ? Ce ne serait pas la première fois. Les affaires pour lesquelles Saeko faisait appel à City Hunter, en plus d'être mal payées car systématiquement amputées d'une part "dégâts matériels", regorgeaient de zones d'ombre et de complications. « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » pourrait-elle inscrire en préface si un jour elle se lançait dans la rédaction de son autobiographie.  

 

Envolé le ravissement de ne pas avoir eu à assommer le pervers blond, place à la curiosité. Son alibi était tout trouvé, elle cala le panier à linge sur sa hanche droite et rejoignit la cime de leur logement. Bien évidemment la lessive n'avait pas eu le temps de sécher, toutefois elle brandirait l'excuse si elle se faisait repérer. Ce qui arrivait d'ailleurs de moins en moins souvent. Soit elle gagnait en discrétion, soit il abaissait sa garde. Peut-être un peu des deux à la fois.  

 

Finalement peu lui importait le pourquoi du comment devant la porte d'acier, elle aurait le temps de s'y pencher plus tard, voire même de carrément poser la question à Umibozu avec la certitude d'une réponse impartiale. Ce fut là sa dernière chance d'écouter la voix de la raison et de faire demi-tour, mais le démon avide de confidences fit réapparaître l'experte ès manipulation de son obsédé de partenaire pour vaincre les ultimes barrières de la jeune femme.  

 

Elle affermit sa prise sur le panier, retint son souffle, la perspective de combler d'hypothétiques blancs aimanta sa main à la poignée puis l'actionna. Les gonds ne trahissant pas son arrivée, elle put se faufiler en catimini entre les rangées de linge et, immobilisée derrière les draps humides, tendre une oreille indiscrète attendant patiemment que la brise légère y achemine la discussion entre hommes et son éventuel lot de révélations.  

 

– … C'est toujours un plaisir de démontrer que ma renommée n'est pas usurpée mais si Kaori s'en aperçoit, je ne donne pas cher de ma peau., déclara Ryô.  

– Tu peux pas utiliser ton baume magique ?, l'interrogea son ancien binôme.  

– Nan, les éraflures sont bien trop profondes cette fois-ci. Et il n'y a pas que ça à dissimuler… Rhaaa, j'ai juste besoin d'une diversion, d'ici quelques jours tout aura disparu.  

– Alors là, no way ! Ne compte pas sur moi.  

– Pfff, la solidarité masculine c'est plus ce que c'était., commenta le brun.  

– Faute avouée à moitié pardonnée, tu pourrais te mettre à genoux et faire ton mea culpa.  

– Non mais ça va pas ! Si tu crois que ça marche sur Kaori ça, tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Et puis, je vais pas m'agenouiller pour une erreur.  

– Wow ! Une ? Are you kidding me ? T'en es pas à ton coup d'essai, le mois dernier t'as pas aussi…, s'insurgea l'américain.  

– Tu fais une reconversion en comptabilité Angel ?  

– Why not ? Faudra bien quelqu'un pour numéroter tes abattis.  

– Seulement si Kaori l'apprend. Saeko ne caftera pas et il vaudrait mieux que tu la fermes aussi.  

– So, pas vu pas pris ?  

– Ouais., acquiesça le japonais absorbé par les ampoules à dévisser pour créer une salutaire pénombre au rez-de-chaussée sans éveiller les soupçons de sa chère et tendre furie.  

 

Les jambes de cette dernière se mirent à trembler, ses lèvres tout autant. Elle crispa les mâchoires et les doigts pour se contenir puis quitta la terrasse sans émettre le moindre son, probablement même sans respirer. La descente des escaliers fut laborieuse, à plusieurs reprises ses pieds ratèrent leurs appuis, elle fut d'ailleurs surprise de parvenir au palier sans chuter et sans lâcher l'anse en plastique. Elle tituba ensuite dans le couloir, ne referma pas la porte de la chambre derrière elle et s'assit au bord du lit.  

 

Elle était sonnée par la kyrielle d'interrogations germant en son cerveau depuis qu'il avait mentionné l'aînée des Nogami, était-ce la raison pour laquelle Ryô la laissait négocier leurs rétributions financières avec le lieutenant de police ? Les retenues sur salaire étaient-elles uniquement imputables aux dommages matériels ou la créature de rêve donnait-elle corps à sa longue liste de mirifiques promesses ?  

 

Elle s'enlisait entre que dire et que faire, entre trahison et confiance aveugle, entre soulèvement et acceptation, entre hébétude et larmoiements, entre vrombir et se taire. Les salutations enjouées de leur ami sur le départ trouèrent le silence assourdissant qui l'entourait, cela mit un terme à ses tergiversations. Elle ne pouvait se terrer indéfiniment ici et n'aurait pas la force de feindre l'ignorance, partir était sa meilleure option même si elle n'était que provisoire et ne faisait que repousser l'instant fatidique de la confrontation.  

 

Elle prit une profonde inspiration et, chancelante, entreprit de rassembler quelques affaires afin de se retrancher chez son amie styliste. Pendant qu'elle pliait bagages, alléché par les effluves embaumant la cuisine, Ryô s'y installa le temps de réaliser sa solitude en ces lieux et l'absence de remontrances quant à son attardement sur la terrasse. Pourtant l'heure du déjeuner était dépassée et, ni rouquine ni mélodieuse mélopée ne vinrent troubler la sérénité de la pièce. En revanche une certaine agitation régnait dans la chambre. Une porte par-ci, un tiroir de commode par-là…  

 

– Tu fais du tri ?, s'étonna-t-il lorsqu'il la découvrit non pas en plein rangement mais affairée à collecter quelques vêtements.  

– …  

– Kaori ?  

– Je vais chez Eriko., s'autorisa-t-elle à lâcher.  

–Ah, c'était prévu ?  

– Non, pas vraiment.  

– Tu veux que je te dépose ?, proposa-t-il aussitôt pensant ainsi pouvoir facilement dissimuler les preuves de son forfait nocturne.  

– Pas la peine, tu en as assez fait comme ça., grogna-t-elle.  

– Mais tu…  

– Sais tout., claqua la nettoyeuse malgré sa résolution d'éluder le sujet.  

– Hein ? Mais, comment tu…  

– Comment est-ce que tu as pu ?  

– Mais c'est pas de ma faute.  

– Ben voyons ! Elles se sont jetées sur toi et c'était impossible de leur échapper ?  

– Ouais, c'est exactement ça ! J'ai rien pu faire, j'étais coincé et…  

– Stop ! Arrête !  

– Mais laisse-moi au moins t'expliquer.  

– Non, c'est pas la peine je… je vais chez Eriko.  

– Tu reviens quand ?  

– Je sais pas., expira-t-elle ses noisettes s'embrumant à la grande surprise du grand brun aguerri aux éclats de voix mais pas à cette singulière atonie.  

 

Elle était loin bien loin de ses fureurs habituelles, il s'attendait à finir atomisé – ficelé – arrimé à la rambarde de la terrasse, au lieu de tout ça elle fourrait maladroitement des vêtements dans un petit sac à dos. Et elle ne lui accordait aucun regard ni la moindre parole vindicative. Cette attitude inédite s'avérait déstabilisante pour l'abonné aux massues et aux suspensions, il en restait pantois.  

 

Il se remit en mouvement lorsqu'il vit son pyjama spécial déprime se joindre aux préparatifs de départ, il ne laisserait certainement pas cette arme anti-mokkori renaître de ses cendres et couler d'heureuses nuits avec sa moitié, il se devait de reprendre le contrôle de la situation ; il s'élança donc à sa suite et dévala les escaliers pour s'interposer entre elle et sa voiture. Mal fermé, le sac vomit son contenu sur le sol alors qu'elle bataillait pour accéder à son véhicule.  

 

– C'est pas un peu excessif ?  

– Tu t'attendais à quoi ?, répliqua-t-elle en réunissant ses effets éparpillés.  

– Je sais pas, les trucs habituels., répondit-il posément.  

– Eh ben non, de toute façon ça marche pas, alors autant changer de méthode.  

– Kaori, je savais que tu m'en voudrais mais…  

– Parce que je dois simplement passer l'éponge ? Et si je faisais pareil ?  

– Tu n'oserais quand même pas ?!, s'épouvanta le fautif.  

 

Sitôt prononcée, sitôt elle regretta sa bravade. Pour sûr elle n'oserait pas et fut profondément blessée par sa mine outragée et sa répartie. L'envisageait-il capable d'une telle ignominie ? Si sa bouche éluda la question, son visage décomposé y répondit toutefois incitant le nettoyeur à tenter une manœuvre d'approche.  

 

– Qui d'autre est au courant ?, lança-t-elle après l'avoir repoussé.  

– Euh… ben…, bredouilla-t-il.  

– Alors c'est pour ça que… C'est pour ça que tu tenais correctement au Cat's ? Tout le monde le sait, et personne ne m'a rien dit… Cette nuit, le mois dernier… et combien d'autres fois ?, ânonna-t-elle en palissant un peu plus.  

– Je sais pas moi, j'ai pas compté.  

– Menteur, s'éteignit avant même d'être prononcé.  

 

Stupéfait par le déluge inondant les joues blêmes, le brun assouplit sa défense autour de la Panda. Kaori profita aussitôt de ce relâchement, elle le bouscula et commença à lutter avec la portière exceptionnellement récalcitrante de son vert carrosse néanmoins, en dépit de ses efforts, cette dernière refusait obstinément de s'ouvrir.  

 

Pour parachever sa débâcle, tout comme la tôle, le baluchon campa sur ses positions, il s'éventra subitement et répandit de nouveau son maigre contenu à ses pieds. Elle déclara forfait dans un cri de désespoir ; après tout, inutile de collecter ses vêtements, ils n'étaient pas indispensables puisque son amie se ferait un plaisir de la rhabiller des pieds à la tête. En revanche, pour ne pas être la risée du quartier, elle devait impérativement réussir à rentrer dans sa voiture. Elle repartit donc au combat.  

 

– Merde ! Mais c'est quoi son problème ?, s'exclama-t-elle à bout.  

– Tu peux pas entrer par là.  

– Bien sûr que si !  

– Aucune chance. Elle est complètement coincée, les charnières sont bousillées, faut que je les démonte et que je les remplace. Si tu veux vraiment rentrer de ce côté-ci, tu dois le faire comme les Duke.  

– Hein ? Les Duke ? Qu'est-ce que… ?  

– Kaori, faudra aussi un bon coup de peinture mais je vais faire de mon mieux pour la réparer au plus vite et je…  

– Pour la quoi ?, le coupa-t-elle hébétée.  

– Pour la réparer. Pour réparer ta voiture.  

 

Elle cessa en l'instant ses tentatives d'ouverture, chassa les larmes brouillant sa vue pour considérer les charnières hors d'usage ainsi que la carrosserie constellée de stries et de bosses.  

 

– Elle est toute abîmée., chuchota la nettoyeuse caressant la surface violentée.  

– Ouais. L'autre côté aussi. J'ai besoin d'un peu de temps mais t'inquiète pas, elle sera comme neuve… Euh, ça te dirait un compartiment à grenades ?  

– Mais, de la pommade et des éraflures… Tu… Je… Je…, expira-t-elle entre deux reniflements.  

 

Elle se retourna lentement vers lui, et se jeta dans ses bras en lui arrachant au passage une exclamation de surprise.  

 

– Kaori, tu m'écrabouilles pas ?  

– Non., murmura la susnommée en secouant la tête.  

– Je m'en plains pas, hein. C'est juste que je ne m'attendais pas aux chutes du Niagara.  

– Tu as utilisé ma voiture cette nuit., murmura-t-elle après plusieurs secondes de silence.  

– Bah, tu sais bien que les missions de Saeko, c'est toujours avec comité d'accueil lourdement armé…  

– Et c'était pas la première fois., poursuivit-elle.  

– J'aime être attendu mais aussi ménager mes entrées. Je perds l'effet de surprise si je prends la Mini…  

– Tu parlais de ma voiture.  

– Hé ! Je croyais que tu savais tout., releva-t-il étonné.  

– Tu parlais de ma voiture., répéta la rouquine toute à son soulagement.  

– Merde, y'a eu un bug avec ma commande spéciale danse de la victoire… Qui a échangé ma Miss Mokkori contre une radoteuse émotive?  

– Rhaaa, crétin ! Si tu y tiens vraiment, il n'est pas trop tard pour l'avoir ma massue !, feula la jeune femme s'écartant brutalement pour mieux tancer du regard son partenaire.  

– Ah ben non, c'est bon là revoilà. J'étais à deux doigts de m'inquiéter., répliqua celui-ci ravi de retrouver sa tigresse.  

 

Le crépitement dans la mordorure se désagrégea sous le feu des onyx satisfaits, prise en flagrant délit de jalousie la nettoyeuse ne put émettre rien d'autre qu'un prénom tandis qu'elle quittait ses apparats de fureur pour une teinte dont l'illustre crétin ne se lasserait pas de sitôt. De toute évidence, elle était arrivée en cours de conversation et il était inutile de la questionner pour savoir à quelle conclusion hâtive et erronée elle avait abouti.  

 

Bien que les billets nippons se soient substitués à la chimérique monnaie de chair depuis belle lurette, les nombreuses années de dépréciations outrancières ne s'effaceraient pas en un claquement de doigts ou grâce à une notice détaillée de leurs règles du jeu, Kaori redoutait toujours autant les apparitions du sculptural lieutenant de police promettant monts et merveilles pour s'attacher les services de City Hunter.  

 

– Tu savais tout, hein ?, la taquina-t-il après avoir profité de son trouble pour la ceinturer contre lui.  

– Euh, je… hum… peut-être pas tout., admit le fauve aux pommettes échauffées.  

 

Elle bafouillait une ébauche de réplique superfétatoire, c'était une délectation et une sublime opportunité à ne surtout pas manquer aussi s'empressa-t-il de la saisir d'autant que les tirades énamourées n'étaient pas dans ses habitudes. Dans le même temps, il s'employa à faire discrètement disparaître derrière le pneu une informe masse jaune.  

 

– Tu sais, la Panda n'est pas la seule blessée, moi aussi j'ai morflé., apposa-t-il contre ses lèvres à peine libérées.  

 

Devant sa moue sceptique, il souleva son tee-shirt et exhiba les diverses égratignures et prémices d'hématomes récoltés au cours de son intervention nocturne.  

 

– Oh., souffla-t-elle avant d'effleurer une première lézarde sur son flanc.  

– J'appelle Kazue.  

– On n'a plus de pommade ?, s'étonna-t-elle.  

– Ben ça je sais pas, mais ce qui est sûr c'est que t'as pas de blouse., déclara le nettoyeur.  

– Et ?  

– Et, il te faut une blouse, et rien d'autre.  

 

Elle ne percuta pas au ton pourtant sans équivoque, elle continua donc d'investiguer minutieusement les sillons carmins ou plutôt ses doigts ne cessèrent de cheminer tandis qu'elle appréciait les tressaillements suscités par leurs pérégrinations légères sans que Ryô ne brandisse son indélicatesse comme fallacieux prétexte à ses réactions épidermiques. Elle ne lassait pas de ses silences coopératifs…  

 

– C'est oui., annonça-t-elle du bout des lèvres rassurée par la superficialité de ses blessures.  

– Sérieusement ?, s'enthousiasma le blessé.  

– Tu ne pourrais pas en profiter pour aménager une cache pour mes massues ?  

– Ah. C'est oui pour le compartiment à grenades., marmonna-t-il déçu.  

– Evidemment, tu pensais que j'étais d'accord pour…  

– … enfiler une blouse blanche et jouer au docteur avec moi.  

– Rhaaa ! Mais c'est infernal, tu ne penses vraiment qu'à ça !, s'exclama la jeune femme délaissant les meurtrissures afin de récupérer son nécessaire d'exil devenu désormais superflu.  

– Et c'est seulement maintenant que tu t'en aperçois ?,  

– Obsédé un jour, obsédé toujours., constata-t-elle dépitée.  

– Ben, ouais mais c'est toi qui a commencé.  

 

Les sombres prunelles plongèrent en contrebas, la vue était plaisante toutefois, mettre genou à terre pouvait davantage servir les troubles obsessionnels compulsifs du crétin auquel elles appartenaient. Faute avouée à moitié pardonnée ? Il ne lui restait plus grand chose à confesser pour statuer sur la véracité de l'adage. Cependant, jamais ô grand jamais, il ne concèderait au blondinet avoir plus ou moins suivi ses conseils…  

 

– Ryô ?  

– Hum ?  

– Rassure-moi, Saeko nous a bien payé ?, s'enquit-elle .  

– Oui oui, l'enveloppe est dans ma veste., affirma le précité dissimulant un butin ajouré dans la poche arrière de son jean.  

– Je suppose que c'est pas ce qui était prévu.  

– Euh ben… Pas tout à fait.  

– Comme d'habitude, elle arrive toujours à t'escroquer. C'est quoi cette fois ? Rembardes de sécurité ? Caméras de surveillance ? Feux de signalisation?  

– Deux ou trois vitrines aussi., ajouta-t-il pour finaliser ses aveux.  

– Pfff ! Va encore falloir revoir nos tarifs pour la police., pipa la responsable financière de City Hunter en se relevant.  

 

La fille aînée du préfet tokyoïte était sans conteste imbattable à ce jeu-là néanmoins, certaines situations exigeaient une parfaite maîtrise de ses élans protestatoires, le nettoyeur numéro un du Japon ne laisserait pas les forces de l'ordre semer le chaos aussi s'abstint-il de toute objection. Tel était le prix à payer pour que l'orage s'éloigne définitivement, et que la chose incongrûment dénommée pyjama ne se rappelle aux bon souvenirs de sa compagne car, à défaut de blouse blanche, le victorieux guerrier avait bien d'autres idées de ce que son infirmière dévouée pourrait revêtir et qu'il se dévouerait encore plus volontiers à lui enlever…  

 

– Ne t'avise plus jamais de prendre ma voiture sans m'en informer, sinon tu auras bien plus à t'inquiéter que de la tôle froissée., interrompit l'inventaire d'un certain tiroir à fanfreluches.  

– Mais tu oublies…  

– … mon soutien-gorge. Tu as tout à fait raison Ryô, rends-le moi.  

– Mes blessures, tu oublies mes blessures., glapit le chapardeur contraint de restituer la dentelle dans la paume tendue devant lui.  

– Arrête tes comédies, c'est superficiel. Un peu de pommade suffira largement.  

– Kaori…  

– Tu t'occuperas de la Panda plus tard, le déjeuner est presque prêt.  

– Presque ?, répéta-t-il pour la forme.  

– Oui c'est presque prêt. Et ne lambines pas si tu veux manger chaud ! enchaîna-t-elle alors qu'elle se dirigeait promptement vers les escaliers.  

 

Il ne perdit pas une miette du cadencé mais charmant dandinement et tendit l'oreille des fois qu'elle lève l'incertitude temporelle auréolant son « plus tard », cependant aucune précision ne vint ternir sa brillante stratégie ficelée en un battement de cils. « Obsédé un jour, obsédé toujours » Il ne la contredirait pas, pas plus qu'il ne traînerait ici, Ryô gravit donc les marches quatre à quatre, le sourire aux lèvres et l'estomac dans les talons.  

 

Si le déjeuner était « presque prêt » alors c'était presque l'après-midi, donc aussi presque l'heure de la sieste. A coup sûr, lorsqu'il s'octroierait sa pause digestive dans les tréfonds du canapé, l'intense douleur de ses ecchymoses impossibles à tartiner seul se réveillerait et, tout aussi sûrement, elle ne résisterait pas à ses appels plaintifs au moins pour pouvoir infirmer ses dires. Il la voyait déjà se planter devant lui, les poings sur les hanches et le verbe railleur mais…  

 

– Tu as faim ?, le questionna-t-elle nouant les cordons de son tablier autour de sa taille.  

– Quelle question. Bien sûr que oui., déclara-t-il constatant au passage qu'elle n'avait pas lésiné sur les quantités.  

– Alors tu … Ah mais non Ryô, ne ravage pas mon évier !, pesta la jeune femme lorsqu'il entreprit de se laver les mains sans passer par la case salle de bains.  

 

Hors de question qu'elle sombre dans un nouvel élan de maniaquerie ménagère cette après-midi, il se fendit donc d'un essuyage méticuleux avant d'exactement replacer le torchon à sa position initiale sous l'œil plus qu'attentif de sa tatillonne moitié toutes spatules dehors. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire il s'attabla, parachevant ainsi le retour des êtres vivants à leur place attitrée.  

 

– Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place., déclama-t-elle soulagée et elle-aussi tenaillée par la faim.  

 

Kaori s'agita devant ses fourneaux, finalisa son repas puis tendit une assiette copieusement emplie devant l'insatiable goinfre parvenu à la conclusion que si sa compagne était bien trop vêtue, à contrario la main fine de celle-ci ne l'était pas suffisamment. C'était probablement la seule explication rationnelle possible pour justifier de cette pulsatile irradiance à l'annulaire de la rouquine de son cœur.  

 

Les ténèbres se rivèrent sur le mirage pour mieux l'intimider mais celui-ci opposait farouche résistance et affermissait son emprise autour de la phalange nue. Tout comme Kaori dardant sur lui deux noisettes inquisitrices face à son manque de réactivité, l'hallucination ambrée exigeait réponse dans les plus brefs délais.  

 

– Mais t'attends quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ?, s'impatientèrent-elles de concert.  

– Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ? Peut-être pas tout à fait., adressa-t-il à son interrogatrice de chair et d'os sans se détacher de son immatérielle homologue.  

– Ouais, ben si ça te convient pas, tu n'as qu'à t'y mettre !, le houspillèrent l'une et l'autre.  

– Pourquoi pas ? , répliqua placidement le supplicié.  

– Mais bien sûr… Et là, la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu ? Comme si j'allais croire à ces sornettes. Ah mais tu ne t'en tireras pas aussi facilement Ryô !  

– Alors là non, je ne suis pas d'accord… C'est loin d'être facile.  

 

Un haussement de sourcils accueillit la masculine réplique, nul doute que la jeune femme listait déjà les différents lieux où son compagnon pourrait s'affranchir de cet improbable engagement culinaire, néanmoins ce dernier ayant réussi à simultanément clouer le bec à ses deux tourmenteuses arborait un sourire triomphant. « Et à la fin de l''envoi, je touche », aussi sa dextre les emprisonna-t-elle ensemble.  

 

Il avait beau les caresser du pouce ça vibrait, ça s'agitait sous la large paume. Ça refusait de se rendre, ça n'avait pas dit son dernier mot. Ça migrait, ça infusait les prunelles moirées. Ça ne se raisonnait pas, ça s'obstinait à le défier. Ça pulsait, ça se démultipliait, ça se propageait inexorablement. Jusqu'à en encrer sa peau.  

 

– Je suis sûre que tu cherches déjà comment te défiler., marmonna la captive bien réelle.  

– … Mettre les petits plats dans les grands, c'est pas vraiment mon truc.  

– Ah ben ça j'avais remarqué., pipa Kaori tandis qu'il la libérait pour mieux s'ébrouer.  

– Putain… Tu lâcheras pas l'affaire hein ?, souffla-t-il à son hallucinant tatouage ce qui ne manqua pas de troubler les volutes de chaleur par-delà lesquelles la nettoyeuse l'observait.  

– Comme si j'étais du genre à abandonner. Fallait y réfléchir avant de t'engager.  

 

Toutefois ce fut le cas pour la porcelaine atterrissant sur la table, armée de ses baguettes la rousse délaissa l'élu de son cœur bataillant ferme pour obtenir un sursis quant à sa reddition. Sans nécessairement faire dans la dentelle, il promettait d'y mettre les formes ou du moins sa touche personnelle, sauf que le mirage doré campait sur ses positions et réclamait plus romantique attention qu'un minuscule tablier ne camouflant pas grand chose de son corps d'athlète. Dixit le nettoyeur, les termes employés par le mirage étant bien moins élogieux.  

 

– OK. T'as gagné ! Je vais le faire, c'est promis, je vais le faire ! , clama l'obsédé pour échapper à l'épineux argument prêt à emplir la poche ventrale dudit apparat de coton.  

– Sérieusement ?  

–Bah oui.  

– … Eh ben, j'ai hâte de voir ça.  

– Wow, doucement. Un temps pour chaque chose et chaque chose en son temps ma belle., susurra-t-il aux exigeantes créatures suspendues à ses lèvres.  

– Aaah ! Tu recommences, tu… Tu es vraiment désespérant. Une promesse est une promesse, espèce de sombre crétin, alors je ne te lâcherai pas., l'avertirent ces dernières.  

– Affamé. Sombre crétin affamé. Enfin, plus ou moins.  

– Plus ou moins crétin ou plus ou moins affamé ?  

– A cette heure-ci, je dirais …  

– C'était pas vraiment une question., le coupa sèchement la nettoyeuse.  

– Ah… Si je dis que je vais le faire, c'est que je vais le faire…  

– Sans intervention extérieure hein ?  

– Ah ça j'y compte bien ! Pas d'invités surprise, j'ai pas l'intention de finir à la clinique en tête à tête avec le vieux schnock ! Non, non, non, je ne laisserai personne ruiner mon… ton… euh… ta… ma…  

– Oh mais t'as pas besoin d'aide pour ça, tu te débrouilles très bien tout seul. Pfff ! Qu'est ce que tu m'énerves à toujours tout prendre à la légère ! Tu cherches à m'embrouiller pour pouvoir faire marche arrière., s'emporta la jeune femme.  

– Mais non. C'est juste que… que…  

 

C'est pas le bon moment, compléta mentalement Kaori les yeux rivés sur les cinq agiles acrobates se jouant des baguettes. Son regard navigua entre le crétin et l'assiette puis entre les onyx et les fossettes ; elle ne le connaissait que trop bien, il avait une idée derrière la tête, preuve en était l'espièglerie imbibant ses sombres prunelles. Inutile de s'entêter ouvertement ou de chercher à lui soustraire sa pitance, chacune de ses alternatives étant vouées à l'échec, elle devait opter pour une stratégie moins agressive et plus subtile.  

 

Il parcourait le minois en veille, de sa bouche entrouverte aux circonvolutions de ses noisettes, il reconnaissait tous les signes de son mode bille en tête. Assurément, elle temporisait pour mieux revenir à la charge. Elle ne renoncerait pas, elle ne renonçait jamais d'ailleurs et, à coup sûr, la prochaine attaque serait moins frontale et plus lascive. Elle envisageait probablement de le travailler au corps au sortir de sa sieste, ainsi il n'aurait aucun argument à avancer pour l'attirer dans le salon. C'était parfait, enfin cela le serait après avoir englouti son copieux et fumant déjeuner.  

 

– C'est pas le bon moment., concéda l'insatiable crétin à sa moitié pensive.  

– Ryô…  

– Laisse-moi juste le faire à ma manière., requit-il estimant l'instant inapproprié pour lever le quiproquo et exposer sans un chouilla de décorum ses maritales considérations, et aussi – voire même essentiellement – pour ne pas en diminuer le capital mokkori.  

– Mouais… Comme d'habitude, tu recules…  

– Pour mieux sauter., s'empressa-t-il de compléter sur un ton étonnamment serein.  

– Bah, t'éviteras quand même de mettre le feu à la cuisine., ronchonna la jeune femme se détournant de l'obscurité pour investir son assiettée.  

 

Seulement à toi se retint-il de rétorquer tandis qu'il jetait une dernière œillade au mirage doré désormais réduit à un mince filament évanescent. Son sursis accordé, Ryô reprit le fil de son plan crapuleux exactement là où il s'était interrompu, il mania donc diligemment ses baguettes afin de caler son abyssal estomac tout en guettant le petit pincement de lèvres signifiant la fin effective de leurs pourparlers.  

 

Intimement persuadée qu'il peaufinait son plaidoyer pour la convaincre du bien-fondé d'une longue après-midi dédiée à la procrastination, Kaori soupira d'aise en avalant sa première bouchée. D'abord parce qu'elle avait faim et ensuite parce que sa décision était prise : rien, elle ne tenterait rien pour l'extraire du canapé, et rien, elle ne lui mitonnerait ab-so-lu-ment rien pour le dîner. Après tout, ce n'était pas comme si il n'avait jamais cuisiné.  

 

Pour corser son épreuve dinatoire, elle froissa puis déchira sa liste de courses. Il se délectait de sa détermination égalant presque la sienne, presque… Le nettoyeur numéro un du Japon n'envisageait aucun face à face avec les ustensiles de sa cuisine aujourd'hui, non, il avait d'autres idées en tête dont celle de susurrer à l'oreille de sa compagne une requête à laquelle elle ne s'attendait pas. Et cette fois-ci, même sans fioritures romantiques, elle ne se méprendrait pas… 

 


Chapitre: 1


 

 

 

 

 

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