Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: A. Dust

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 6 chapitres

Publiée: 10-09-21

Mise à jour: 15-10-21

 

Commentaires: 8 reviews

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Romance

 

Résumé: "Cher Ryo, je t'écris cette lettre car je m'en vais aujourd'hui." Une lettre comme une bouteille à la mer, un adieu, des aveux, des regrets, des battements de cœur, des larmes, un dernier je t'aime ... Fiction écrite en collaboration avec Patatra.

 

Disclaimer: Les personnages de "La Lettre" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Lettre

 

Chapitre 2 :: Chapitre 2 : Sans (1/2)

Publiée: 17-09-21 - Mise à jour: 17-09-21

Commentaires: Bonjour à toutes et tous ! Voici le chapitre 2, peut-être moins consensuel ... mais, à défaut, il est sensuel ... A bientôt (j'espère !)

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6


 

 

"Et puis un jour, quelque chose a changé en moi.  

 

J'aurais tellement aimé que tu sois mon premier et mon dernier, Ryo. Mais ce ne fut pas le cas. J'ai attendu pourtant. Mais j'ai attendu trop longtemps. A vingt-neuf ans révolus, j'ai voulu savoir ce que c'était, ce que ça faisait de faire l'amour. Je voulais comprendre pourquoi tout le monde en faisait tout un plat.  

 

Et oui, j'ai cédé au premier homme qui avait su me charmer et me faire comprendre que j'étais belle et surtout désirable. Et je n'ai aucune honte à te l'avouer. C'était un photographe. Je n'étais pas la première à qui il faisait des avances, je connaissais parfaitement sa réputation mais je me suis dit : "Lui ou un autre, quelle importance ? Qu'est-ce que ça change ?" Ça aurait dû être toi, Ryo, mais tu n'étais pas là et moi j'avais envie de savoir.  

 

Ce fut un moment agréable, très agréable même, mais le plus important pour moi, c'est que j'ai découvert ce que je pouvais faire de mon corps, comment je pouvais en jouer et jouer avec celui d'un homme. Grisante sensation de pouvoir que j'ai découverte là ..."  

 

J'avais rencontré Haru dans son studio. Quartier huppé, immeuble moderne, appartement d'architecte, décoration impersonnelle, toute une pièce destinée à ses photographies.  

Il était un jeune artiste en vogue, à la réputation sulfureuse, comparable à celle d’un certain étalon de Shinjuku…  

 

Il était beau comme un dieu et avait affiché un sourire ravageur quand il m'avait accueillie. Il était attentionné et délicat, poli, bien habillé, portant ce jour-là une tenue à la fois chic et décontractée. Je l’admirai discrètement et pensai à Mick : toujours tiré à quatre épingles, toujours classe, à l’opposé d’un Ryo qui se contrefichait toujours des fringues qui le couvraient.  

 

Haru était connu pour séduire ses modèles. Et plus si affinités. Ce que je ne redoutais pas une seule seconde. J'avais réduit au silence Ryo, Mick et le Prof pendant des années. Ce n'était pas un photographe qui allait me faire peur. Je saurais me défendre le cas échéant, ça je le savais. Mais je ne m'étais pas défendue. Loin de là.  

 

Nous étions seuls. Mon contrat, savamment négocié par Minato, spécifiait que je serais modèle pour des clichés d'art légèrement érotique, en vue d'une exposition dans plusieurs galeries à la mode. Je n'avais qu'à prendre la pause et empocher un joli salaire.  

 

Mais les choses avaient dérapé. Il était charmant, attentionné et ses clichés ne laissaient pas grand-chose à l'imagination. Il m'avait expliqué ce qu'il attendait : je devais garder la pause, à genoux, les jambes légèrement écartées, les bras relevés et croisés derrière la nuque.  

- "Pour qu'on voit bien ta poitrine." avait-il précisé.  

 

J'avais hésité quelques secondes mais je n'avais pas refusé. Il était beau. Tout était beau chez lui. Il faisait chaud. Il me regardait comme aucun homme ne m'avait encore regardée. Je me sentais bien.  

 

Le principe était simple. Je devais garder la même position et, avant chaque nouvelle série de clichés, il me retirerait un vêtement. Et ainsi de suite jusqu'à l'effeuillage complet. J'avais senti mon cœur battre très fort dans ma poitrine et j'avais hésité quelques secondes. Mais, sa voix douce, son regard mesuré, ses gestes délicats m'avaient mise en confiance et je me souviens m'être dit : "Pourquoi pas ? Après tout ... Je suis libre ... Je n'ai de compte à rendre à personne !"  

 

A chaque fois que nos regards s'étaient croisés, ma résolution de rester professionnelle avait fondu petit à petit. Quand ses doigts avaient frôlé ma peau, j'avais frissonné. Son regard et son attitude m'avait troublée.  

 

Arrivé au moment où il m'avait retiré mon soutien-gorge avec délicatesse, je n'étais pas sûre d'avoir bien compris son regard : était-il admiratif ? En me regardant, moi ? Je n'y avais pas cru et pourtant ...  

 

Il m'avait souri en me murmurant à l'oreille :  

- "Tu as des seins magnifiques. Tu ES magnifique." Il avait ri. "Mais je suis bête. Avec ton métier et ton physique, on a déjà dû te le dire des milliers de fois ... Mais c'est tellement vrai ! Tu es tout simplement magnifique !"  

 

Et ces mots avaient étrangement agi sur moi car, non. Non. Vraiment, non ! On ne me l'avait pas dit des milliers de fois. C'était peut-être même la première, dit de cette façon en tous cas, avec ces intonations douces et chargées de sous-entendus, cette voix légèrement éraillée, ces yeux brillants. Pourtant Eriko me l'avait bien crié, hurlé, martelé, mais venant de mon amie d'enfance, ces mots n'avaient pas eu le même impact sur moi. Alors quand cet homme me les avait dits, ce jour-là, tout avait changé. Je l'avais cru et j'avais voulu les entendre encore. Qu'il me montre. J'avais voulu le tester, découvrir à quel point il me trouvait belle et jusqu'où il irait pour me le prouver.  

 

Il avait fait quelques clichés et puis était revenu vers moi. Je m'attendais à ce qu'il me demande d'enlever ma culotte mais il m'avait regardée avec douceur, mesurée sous tous les angles, tout en restant parfaitement silencieux. Puis il m'avait souri et j'avais soudain eu très chaud.  

- "Oh ... Tu es hyper sexy quand tu rougis comme ça ... Est-ce que tu peux aussi te mordiller les lèvres ? Histoire de les rendre un peu plus rouges et brillantes ? Comme si tu venais d'embrasser un homme ?"  

 

Je m'étais exécutée pendant qu'il gardait ses yeux accrochés à ma bouche, un léger sourire sur le visage.  

- "Superbe ! Mais il manque un truc dans ton regard ... Je peux ? T'embrasser, je veux dire ..."  

 

J'avais sursauté, rougi encore plus et, après quelques secondes d'hésitation, j'avais acquiescé. Il était beau. Attirant. Il me trouvait belle. J'avais besoin de lâcher prise, de me détacher de mon passé, de chasser Ryo de mes pensées, de mon cœur et de ma vie. Haru semblait parfaitement apte à relever le défi.  

 

Il avait d'abord effleuré mes lèvres des siennes, puis avait lentement glissé sa langue dans ma bouche. J'avais frissonné de plaisir. C'était doux. Et puis il avait mordillé mes lèvres et j'avais passé mes bras autour de son cou et son baiser était devenu beaucoup plus enfiévré. Je m'étais laissée aller, concentrant tout mon être dans ce contact délicieux et suave.  

 

Et soudain, brusquement, il s'était détourné de moi et s'était levé :  

- "Je dois arrêter, pardon, je commence à avoir envie de toi. Tu es ... terriblement séduisante et envoûtante, tu sais. J'ajouterais même excitante. "  

 

Je m'étais enivrée de ses mots. Il avait dit peu de choses mais, mon dieu, que c'était bon d'entendre ces mots-là dans la bouche d'un homme comme lui. Et son baiser avait éveillé des sensations que je n'avais jamais imaginées. Je n'avais qu'une seule envie, qu'un seul désir : recommencer. Oh oui ! Recommencer ! Encore !  

 

Mais, il s'en était retourné vers son appareil et avait encore fait quelques clichés puis était revenu vers moi, les yeux encore brillants :  

- "J'ai une idée ... Je peux ?"  

 

J'avais hoché la tête. J'attendais un nouveau baiser mais il s'était contenté de me sourire. J'avais été suspendue à ces lèvres mais il avait alors passé son index dans sa bouche et avait caressé délicatement la pointe d'un de mes seins. Il s'était ensuite lentement penché, tout en me regardant dans les yeux, comme s'il attendait mon refus. Je n'avais pas cillé, retenant ma respiration, suspendue entre peur et excitation. Il avait soufflé sur mon téton. Il s'était durci. J'en avais frémi.  

 

Haru avait souri.  

- "Superbe. Il faut équilibrer maintenant." Il m'avait regardée, charmeur. "Je peux ?"  

 

Toujours la même question. Cette fois, je n'avais pas pu retenir un sourire. Et il s'était alors penché vers moi, embrassant doucement mon autre téton, l'aspirant lentement, faisant tourner sa langue autour de cette pointe délicieusement sensible. J'avais soupiré quand il s'était éloigné de moi. Il avait encore soufflé un peu sur mes pointes dressées avant de murmurer :  

- "Encore plus beaux que ce que j'espérais."  

 

Puis, vint le tour de ma culotte. Pour ne pas me faire perdre la pause, il l'avait tout simplement coupée au niveau des hanches. J'avais frissonné au contact du métal des ciseaux. J'avais été particulièrement gênée quand j'avais découvert du coin de l'œil que mon sous-vêtement était teinté d'humidité.  

 

Haru n'y avait pas prêté attention et avait à nouveau réveillé les pointes de mes seins qui commençaient à me faire mal tellement elles étaient dures. Curieusement, je n'avais rien trouvé à lui dire. Aucune question. Aucun encouragement. Aucun reproche. Aucun "stop". Je l'avais laissé poursuivre ses attouchements délicats. Il me traitait comme une pierre précieuse, un objet fragile et beau et cela m'avait fait un bien fou.  

 

Il m'avait ensuite photographiée, alors que j'étais totalement nue. Puis il s'était arrêté et j'avais alors pensé que la séance était terminée. Mais il m'avait retenue :  

- "Attends. J'aimerais aller un peu plus loin si tu es d'accord. Je crois que tu m'inspires ..."  

 

Je n'avais rien répondu et j'avais repris la pause en guise de réponse. J'avais l'impression qu'il aurait pu me demander de me jeter d'une falaise avec sa voix grave et douce, j'aurais probablement sauté.  

- "Ne bouge pas ..."  

 

Il s'était approché à nouveau, avait à nouveau effleuré mes tétons avec sa langue et ses dents et j'en avais éprouvé un plaisir immense. Et encore plus quand ses doigts avaient trouvé mon clitoris, humide et chaud, tout aussi dur et sensible que mes seins. J'avais vacillé, le cœur sur le point d'exploser. Il m'avait aidée à reprendre l'équilibre. J'avais fermé les yeux et posé les mains sur ses épaules alors qu'il dévorait mon cou et mes seins, que ses caresses se faisaient plus insistantes, me faisant frissonner, chavirer puis sombrer brutalement dans la jouissance.  

 

J'avais ensuite sursauté quand ses doigts étaient entrés en moi et j'avais rejeté la tête en arrière. Il avait alors retiré sa main en murmurant doucement à mon oreille :  

- "Tu es vierge ?"  

 

J'avais acquiescé. Honteuse, comme si ne rien connaître des choses de l'amour était un défaut. Il avait essuyé ses doigts sur mes cuisses et était allé reprendre ses photos. Je n'avais pas osé bouger.  

- "Voilà, c'est ce regard que je voulais voir ... tu es ..." Il avait laissé sa phrase en suspens.  

 

Pendant un moment qui m'avait paru durer une éternité, il avait encore pris des photos. Quand il avait eu enfin fini, il m'avait demandé sans détour d'une voix parfaitement mesurée comme ce qu'il me demandait était parfaitement normal et habituel :  

- "Veux-tu rester vierge ? Je veux dire ... Est-ce par choix ?"  

 

J'avais secoué la tête. Je ne voulais plus être cette jeune femme rougissante et timide. Je ne voulais plus être ainsi. Et j'avais envie de ce qu'il me proposait. Même si j'étais terrorisée.  

- "Garde la pause."  

 

Il était alors revenu vers moi, laissant le déclencheur automatique prendre les clichés suivants, toutes les dix secondes. Après m'avoir longuement embrassée, il s'était allongé sur le dos et avait glissé sa tête entre mes cuisses. Je m'étais sentie terriblement gênée et j'avais failli m'enfuir.  

 

Mais, il avait fermement attiré mon bassin vers sa bouche puis avait placé ses mains sur mes fesses. Il avait embrassé doucement mon intimité. Plusieurs fois. J'avais aimé. C'était bon.  

 

Puis, il avait bougé sa langue, jouant avec mon plaisir de façon démoniaque. Ça aussi, j'avais aimé. C'était tellement bon.  

 

J'avais failli tomber à la renverse quand il m'avait menée à nouveau à l'orgasme. C'était tellement mieux que quand je le faisais avec mes doigts. Je n'avais pas pu dissimuler mes soupirs. Je pense même que j'avais crié mais je ne suis pas sûre.  

 

Ensuite, il s'était positionné dans mon dos, alors que j'étais à genoux, les jambes encore légèrement tremblantes à cause du plaisir que j'avais ressenti. J'étais toujours face à l'objectif et il avait à nouveau fait glisser lentement ses doigts en moi tout en jouant avec mes seins de sa main libre. Ca aussi, j'avais aimé.  

 

J'avais senti qu'il pressait son sexe contre mes fesses alors qu'il me murmurait à l'oreille :  

- "Retiens-toi un peu ... Tu verras, le plaisir sera plus grand si tu arrives à le retenir plus longtemps."  

 

Il m'avait ensuite allongée sur les draps qui recouvraient son décor. Et j'avais enfin perdu ma virginité. Malgré une légère douleur qui s'était estompée bien vite, j'avais aimé ce que Haru m'avait fait découvrir. Oh oui, j'avais aimé.  

 

Trois mois plus tard, le jour de l'exposition était arrivé et ça avait été un moment très important pour moi. J'avais observé avec fierté les yeux pétillants, envieux des visiteurs venus admirer les œuvres de mon amant qui faisaient l'unanimité. Haru était ravi et passait d'un groupe à un autre, le sourire enjoleur, un mot attentionné pour chaque visiteur, un regard charmeur pour chaque admiratrice.  

 

Enfin, quand je l'appelle mon amant... Notre relation n'était pas restée exclusive très longtemps et j'avais vite compris que je n'avais rien à attendre de plus de lui que le plaisir qu'il pouvait me donner de temps en temps.  

 

Mais, malgré notre relation qui s'étiolait, il m'avait quand même présentée comme sa "muse" ou son "œuvre d'art" allant parfois jusqu'à préciser :  

- "Je ne pensais pas aller aussi loin dans la suggestion, mais comment résister à tant de charme ..."  

 

C'était tout à fait vrai que nos séances photos étaient peu à peu devenues plus intimes. Nos ébats étaient inévitablement accompagnés ou suivis de clics photographiques. Ça m'avait mise mal à l'aise au début et puis, j'avais découvert les clichés, j'avais été charmée par les paroles suaves de Haru qui louaient la beauté, la sensualité et l'attractivité de mon corps. J'avais fini par accepter qu'il utilise certains clichés.  

 

Les hommes présents, comptant parmi les plus influents et les plus fortunés du pays, m'avaient alors lancé des regards insistants, appréciateurs qui me mesuraient et je savais très bien que ma robe ne leur dissimulait rien puisqu'ils pouvaient me voir entièrement nue, dans des positions parfois lascives, en grand format affichée sur les murs. J'avais été un peu gênée au début mais, finalement, j'avais aimé. J'avais eu une sorte de pouvoir sur eux. Cette forme de puissance mêlée d'indécence m'avait changée ce soir-là.  

 

Pour une fois, j'étais le centre de l'attention. Pour une fois, on me regardait. Pour une fois, on me trouvait belle. Pour une fois, j'étais désirée.  

 

Mon corps en avait troublé des regards, à cette soirée et ça m'a fait tellement de bien ! Si seulement Ryo avait pu me voir comme ça, me parler comme ça, me regarder comme ça, me faire confiance comme ça ! J'ai réalisé petit à petit tout ce qu'il m'avait refusé pendant des années et j'ai découvert un autre moi ce soir-là. Une nouvelle facette de moi.  

 

Oui, j'étais belle et j'avais eu envie de crier : "Regardez-moi, comme je suis belle, désirez-moi ! Regarde-moi, Ryo, désire-moi !"  

 

Mais il n'était pas là. Il n'a rien vu de tout ça. M'aurait-il laissé faire ? Je n'en sais rien. Et je ne le saurais jamais. Je ne sais même plus si ça m'intéresse de le savoir d'ailleurs. Mais, à cet instant, j'aurais tout donné pour qu'il voit tout ça. J'avais tellement espéré sa présence que j'avais même eu l'impression de l'apercevoir au fond d'un couloir, près de la sortie de secours.  

 

Le cœur battant, je m'étais précipitée vers cet homme, l'avais attrapé par le bras. Il s'était retourné brusquement mais, malheureusement, je m'étais trompée. Ravalant ma déception, j'avais échangé quelques mots avec lui malgré tout. Il avait été plutôt charmant avec moi. Et j'étais forcée de reconnaître qu'il était bel homme, ressemblant quand même beaucoup à Ryo, grand et athlétique, viril, sûr de lui. Il sentait la cigarette, la poudre et la graisse de revolver.  

 

Et puis, d'un coup, je n'avais plus du tout eu envie de retourner dans cette salle remplie d'inconnus, de sourires insipides et de regards chargés de sous-entendus. J'avais voulu plus que ça.  

 

Jusqu'à présent, faire l'amour n'avait été pour moi qu'un non-refus des propositions de Haru. Jamais je n'avais pris l'initiative. Mais cette fois, j'avais eu envie de cet homme. Vraiment envie de lui, envie de lui parce qu'il Lui ressemblait, envie, à en avoir presque mal dans le creux des reins. J'avais eu envie de lui, j'avais eu besoin de lui pour rendre mon souvenir de Lui palpable, réel. Je l'avais voulu lui à cet instant parce que j'avais désiré Ryo depuis trop longtemps, à tel point que j'avais mis tout ce qui me restait de convenance, de pudeur et de modération dans ma poche.  

 

J'avais retenu mon souffle quand j'avais joué avec la cravate de son modeste costume de travail, les yeux rivés aux siens, osant même me vanter que j'étais bien le modèle qu'on voyait sur les photos dans la salle d'exposition. Puis, j'avais glissé lentement ma main dans la sienne, tout en soutenant effrontément son regard et en me mordant ostensiblement la lèvre inférieure. Sans émettre aucune objection, il m'avait docilement suivie jusqu'au vestiaire où j’avais rapidement trouvé un coin sombre. Ainsi, j'avais pu facilement m'imaginer être entre les bras puissants de celui qui avait toujours régné sur moi, sur mon âme et sur mon cœur, même si je m'étais évertuée depuis presque deux ans maintenant à tenter de vivre sans Lui, loin de Lui.  

 

Je n'avais même pas demandé le prénom de cet homme, je ne suis même pas sûre de le reconnaître si je le croisais dans la rue mais il me faisait penser à Lui, et, en fermant les yeux, en respirant son odeur de poudre et de cigarette, j'ai pu facilement m’imaginer que c'était Lui, Lui qui m'enlaçait, Lui qui m'embrassait, Lui qui me désirait, Lui qui me plaquait contre le mur en me possédant ... Lui.  

 

Pendant que ce bel inconnu m'embrassait avidement, j'avais ouvert sa ceinture et descendu sa braguette. J'avais relevé ma robe haute-couture jusqu'en haut de mes cuisses et lancé mes jambes de part et d'autre de ses hanches. D'un geste expert et précis, il avait simplement écarté le tissu de ma microscopique culotte et était entré en moi. J'en avais étouffé un cri dans mon poing fermé, un cri transformé en chuchotement inaudible mais qui, pour moi, était un nom, deux syllabes qui occupaient entièrement mon esprit à cet instant. Ryo. Un désir enfin assouvi. Ryo.  

 

Ryo n'avait été qu'une illusion ce soir-là mais c'était mieux que rien, mieux que le vide, mieux que son absence.  

 

Et ce moment avait marqué le début d'une longue liste. Une liste d'amants tous grands, assez sportifs, bruns, fumeurs de cigarettes ... les porteurs d'armes à feu étaient assez difficiles à croiser dans mon milieu professionnel, alors, souvent, je m'imaginais l'odeur de poudre ou de graisse. Rapidement, j'avais pris l'habitude de nettoyer mon revolver juste avant un rendez-vous et je respirais mes doigts au moment crucial. C'était ridicule et presque humiliant en y repensant mais cette odeur était sacrément efficace pour créer, l'espace d'un instant, ce mirage fantomatique de Lui.  

 

"Et puis, il y a eu un tournant pour moi : une expo photo au cours de laquelle j'ai volontairement attiré un homme dans mes filets pour la première fois. C'était un agent de sécurité. Je l'ai croisé dans la pénombre d'un couloir et sa carrure était semblable à la tienne. J'ai même retenu mon souffle pendant quelques secondes, pensant que c'était toi, espérant que c'était toi, que tu étais là, enfin ! Mais, non, ce n'était pas toi.  

 

Mais tout comme toi, il sentait légèrement la poudre à canon, la graisse de revolver et la cigarette. Encore et toujours : toi. Même en m'abandonnant aux autres, en te chassant loin de moi, tout me ramenait immanquablement à toi. A chaque fois. Toi. Comme si tu étais attaché à moi, chevillé à mon corps, à mes pensées, à mon âme. Dans la peau. Je t'ai dans la peau. Quoique je fasse.  

 

Alors, j'ai fini par accepter que, plus un homme te ressemblait, plus il me plaisait. Et je me suis perdue ...  

 

Il y a cinq ans, alors que j'étais encore avec toi, je dépérissais. Je me flétrissais.  

 

Depuis que je t'avais quitté, sans toi, je ne faisais que survivre. Parce que même en m'étant éloignée de toi, il n'y a toujours eu que toi. Et il n'y aura probablement que toi. Même en te laissant derrière moi, loin de moi, tu étais encore là, accroché irrémédiablement à moi, m'empêchant de tomber réellement amoureuse, de vivre, de respirer.  

 

Et puis, il y a trois semaines, tu es revenu dans ma vie ... "  

 

***  

 

Je pensais que le manque de toi diminuerait avec le temps, Kaori, mais ce n'est pas le cas : toutes tes manies, tes remarques terre à terre, ta façon de veiller brutalement sur moi, tes attentions culinaires ratées, l'odeur de ton shampoing, tes pots de glace vides qui traînaient sur la table basse, tes éclats de rire, tes taquineries, tes jambes que je lorgnais discrètement quand tu regardais la télévision, ton décolleté que j'arrivais parfois à entrapercevoir, tes fesses dans ton jean délavé, ta petite lingerie toute sage que je parvenais parfois à subtiliser sans que tu ne le remarques ... tout ... Toutes ces petites conneries ... Ca me manque.  

 

En plus, côté lingerie, tu ne m'avais rien laissé en souvenir ... Coup bas que celui-là, franchement ! Tu aurais pu laisser une culotte derrière toi ! Mais non ... Rien de rien. J'ai eu beau fouiller partout, rien ... J'ai bien acheté des modèles conformes à tes habitudes mais ceux-là, tu ne les avais pas portés. Manque l'odeur de ta lessive et de toi. C'est pas pareil. C'est sans charme. Ca reste un bout de tissu sans vie.  

 

J'ai fini par m'y habituer et je continue à te surveiller discrètement. Depuis que tu es libérée de moi, tu mènes ta carrière d'une main de maître, tout semble te réussir. Umi m'a averti l'autre jour que tu as décroché un contrat "un peu particulier". Il n'a rien ajouté de plus mais il est devenu rouge comme une tomate trop cuite en me donnant une coupure de journal que Miki avait découpé à mon attention.  

 

J'ai failli en tomber de ma chaise. Non pas ça ! Les défilés, les photos des catalogues, les pubs pour les collants et les rouges à lèvres dans les magazines féminins, c'est une chose. Mais ça ... ça ...  

 

Mon imagination m'a torturé pendant des semaines jusqu'à ce que je décide enfin d'aller visiter ce salon d’exposition dont tout Tokyo parle.  

 

 


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