Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: A. Dust

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 6 chapitres

Publiée: 10-09-21

Mise à jour: 15-10-21

 

Commentaires: 8 reviews

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Romance

 

Résumé: "Cher Ryo, je t'écris cette lettre car je m'en vais aujourd'hui." Une lettre comme une bouteille à la mer, un adieu, des aveux, des regrets, des battements de cœur, des larmes, un dernier je t'aime ... Fiction écrite en collaboration avec Patatra.

 

Disclaimer: Les personnages de "La Lettre" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Lettre

 

Chapitre 3 :: Sans (2/2)

Publiée: 24-09-21 - Mise à jour: 24-09-21

Commentaires: "Quand Angel m'a contacté pour que je me mêle à son histoire, j'avoue avoir été décontenancé, c'est pas trop mon style d'écrire avec quelqu'un, j'aime trop tout maîtriser, je déteste faire des concessions. Bref, je suis un rustre! Mais voilà, elle m'a parlé de son histoire, m'a fait lire tout ce qu'elle avait déjà écrit et très vite au final j'ai été tenté. J'ai dit oui pour un chapitre. Je veux préciser que toute l'histoire est d'Angel, le fond et la forme. Peut-être ai-je juste donné quelques idées mais c'est bien Angel qu'il faut féliciter; elle seule est l'auteur de cette lettre. Il faut rendre à César ce qui lui appartient. Bien sûr, le chapitre 3 est mon bébé à moi mais sa naissance est quand même initiée par Angel. Je m'explique. J'ai eu carte blanche! Elle m'a laissé choisir le moment, m'a laissé inventer la visite que je décris ici, m'a laissé divaguer la 2ème partie du chapitre. Je crois qu'elle a été un peu surprise, un peu crispée aussi, c'est peut-être ça la tournure inattendue???. Elle m'a conseillé certaines coupes, d'un peu adoucir les mots (on se refait pas) et j'ai suivi ses conseils. Je suis très content du résultat, j'espère que vous le serez aussi. C'est en fait le chapitre 2 qui m'a inspiré, le moment charnel avec Haru. Il fallait que le Ryô que j'imagine réagisse. La trame du chapitre 3 s'est donc imposée à moi. Et Angel m'a donné le feu vert tout en me nuançant. Pour reprendre Angel, ce chapitre 3 n'est pas consensuel, ni sensuel, mais il est tout de même sulfureux. Enfin je crois... J'espère qu'il sert bien l'histoire et que vous l'apprécierez. Bonne lecture et bonne continuation avec "la lettre". Merci Angel pour ta confiance, j'espère que ma participation sera bien accueillie! Pat"

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6


 

 

Je visite enfin le salon d’exposition dont tout Tokyo s’émeut. Une ambiance feutrée, tamisée, m’accueille en même temps que le sourire de l’hôtesse. Je remercie poliment tandis qu’elle me tend un dépliant explicatif. Je l’observe quelques secondes, échoué dans mes paumes, mais renonce à le consulter. Je me fiche bien des détails concernant le photographe, ses inspirations, son historique et que sais-je encore. Seul m’importe ce qu’il a bien pu faire de toi…  

 

Depuis des semaines, dans les milieux huppés et intellectuels, on vante la qualité artistique de sa nouvelle collection. Cette série de douze photographies que je vais bientôt découvrir. Ces images peuvent choquer, dit-on, si on s’arrête à ce qu’elles dévoilent crûment mais… mais si on sait voir autrement, si on accepte de voir autrement, avec un œil non profane, si on abandonne l’homme des cavernes qui sommeille en chacun de nous, on a accès à la plus vive des beautés, à la quintessence de ce qu’est le désir, dans ce qu’il a de plus noble, d’impalpable, d’insaisissable. Oui, ce connard de photographe a soi-disant saisi l’insaisissable. Et c’est avec toi qu’il l’a saisi !  

 

Étrangement, c’est avec fébrilité que je pénètre dans la première salle, les yeux braqués sur mes chaussures, comme si Méduse s’apprêtait à me pétrifier si jamais j’osais jeter un œil sur la fameuse œuvre. Il me faut du courage, beaucoup de courage même, pour enfin relever le regard et découvrir la première photographie.  

 

Ma gorge s’assèche dans l’instant alors que ton minois, capté en gros plan, m’observe avec intensité. Depuis quand nos regards ne se sont-ils pas entrechoqués de la sorte ? Depuis quand, simplement, ne nous sommes-nous pas revus ? Un rire désabusé s’invite bientôt dans ma gorge. Il faut vraiment être con pour croire que l’émoi de tes prunelles m’est destiné. Non, nous ne sommes même pas dans un échange réel, je ne suis qu’un admirateur parmi une multitude d’autres, un quidam sans importance. Et là où certains doivent se sentir privilégiés de surprendre un éclair de concupiscence dans l’éclat noisette de tes yeux, je me sens au contraire lésé, volé, spolié de ce qui, auparavant, n’appartenait qu’à moi, et qui s’offre désormais à l’avidité de tous.  

 

Prudemment, je passe à la photographie suivante. Une pose lascive. Comme si on t’avait sauvagement retournée. Ton corps alangui, allongé sur le ventre, tes fesses affichées, rondes et charnues, centrées par l’objectif. Ton visage se cache derrière ton bras étendu mais ta flamboyante chevelure, remarquable, indique qu’il s’agit bien de la même femme que celle qui s’offrait déjà en contemplation sur la première épreuve. En ce qui me concerne, inutile de considérer ta parure de feu ; je reconnais sans doute possible les courbes affolantes de ton cul. Ton cul. Mes dents malmènent mes lèvres tandis que ma terrible acuité court sur tes rondeurs appétissantes. Je me maudis de céder à mes vilains défauts, à ce que tu as toujours combattu, mon obsession du corps féminin. Même avec toi. Oui, je cède sans retenue à ce qui m’a toujours angoissé : te reconnaître belle et désirable.  

 

J’ai très peu de capacités à m’émouvoir devant une œuvre d’art. La photographie, hormis celle de charme, que j’adule frénétiquement et que tu abhorres, me laisse souvent de marbre et, lorsque je découvre cette exposition, mon ignorance du sujet me dessert. Je reste hermétique au talent encensé de l’artiste. Seul le modèle, Toi, me fait de l’effet, m’émeut, me transporte. Une terrifiante chaleur m’envahit inexorablement ; et je la reconnais sans peine. Un mélange de sentiment amoureux, de désir, de chagrin que je me dois de refouler. Au final, c’est une torture aussi délicieuse que douloureuse que je m’inflige en venant dans cette galerie. Guérir de toi ne me semble alors qu’une vaine illusion.  

 

Mais je poursuis ma visite. La troisième photographie est magnifique, tu constelles de mille feux, la gorge enflée d’émotion en premier plan, crevant le premier plan devrais-je dire, le visage renversé, ta poitrine, superbement enserrée dans un soutien-gorge noir et diablement sexy, abandonnée aux fantasmes de tous les visiteurs. D’amples mousselines, jeux de transparence ivoire et or, sont négligemment jetées au travers de ton buste et t’habillent de pudeur. J’imagine un savant assemblage qui se veut drapé naturel, et projette comme l’artiste a dû virevolter autour de toi, te toucher, te modeler presque, avant de parvenir à l’effet parfait. J’admire encore, à ce moment, le charme mystérieux et inaccessible que tu dégages avec une féminité exacerbée. Ta beauté sert l’œuvre ! Voilà quelle est ma réaction. Ta beauté sert l’œuvre. Je suis emporté.  

 

Je déglutis pendant que mes pas me mènent à la suivante de ces photographies. La quatrième, celle dont je comprends qu’elle marque un virage dans la proposition artistique. Ce désir, tant porté en étendard dans les encarts publicitaires et dont j’ai naïvement cru qu’il concernait exclusivement celui des admirateurs qui posaient les yeux sur toi, prend chair avec une odieuse crudité. Je reste tétanisé. Comment ose-t-il ? Comment oses-tu ?  

 

Allongée sur le dos, dans une position plus que suggestive, cuisses ouvertes et accueillantes, tu dardes tes prunelles ardentes sur moi. Sur moi… ? Pauvre de moi, NON. Sur nous… ! Spectateurs fascinés par cet index manucuré qui fait rouler ta lèvre inférieure. Je déteste le cliché. Je l’avoue sans honte. Certes, les voiles ajourent toujours le paysage de ton corps, les jeux d’ombre et de lumière laissent deviner, plus qu’ils ne révèlent, les secrets de ton anatomie. Certes, tes dessous dissimulent encore ces fabuleux trésors que j’ai convoités mais jamais conquis. Non, jamais conquis. Renoncement dont tu ne pourras jamais mesurer l’ampleur, ni les souffrances inhérentes.  

 

Certes c’est de l’Art, à ce que l’on dit. Mais tes yeux étalent un trouble inédit. Moi qui sais lire tes expressions ; moi qui connais tes faiblesses et tes craintes, je ne peux pas ne pas voir, ne pas toucher du doigt l’horreur de la réalité que tu me balances à la gueule. Il s’agit de ton désir à toi. Affiché. Revendiqué. Monstrueux. Pour moi, monstrueux !  

 

Je refuse de m’attarder davantage sur cette quatrième proposition de Toi, pourtant mes pieds refusent de m’obéir et me laissent planté là. Comme un con. Hypnotisé par les feux qui brûlent dans tes orbes expressifs, charmé par l’invitation muette et licencieuse que ton corps exhale. Est-ce malgré toi ? Est-ce l’intention de l’artiste ? Où donc es-tu allée chercher l’inspiration ? Viens ! semblent me hurler tes cuisses. Jamais tu n’as affiché pareille lubricité !  

 

Je me détourne, m’enfuis, me précipite vers l’autre salle, y projetant tout mon espoir. Le supplice est fini. Oui, le supplice est fini !  

 

Une musique douce et envoûtante tapisse ici l’univers sonore mais les murs restent blancs et neutres, comme dans la première pièce. Il n’est question que de mettre l’œuvre en valeur, le reste n’est qu’accessoire. J’aperçois un couple d’amoureux dans le fond de la salle, j’entends des murmures, des rires étouffés, la femme se pend aux bras de l’homme ; ils flirtent, paraissent grisés. Mais mon attention ne se dissipe pas et c’est vers la cinquième photographie que je me dirige. Une nouvelle fois, je t’offre toute ma concentration. Je suis tout à toi !  

Étrange posture que celle dans laquelle il t’a sculptée, maintes fois rencontrée dans les magazines de charme que je feuillette à tout bout de champ et que tu méprises. Tu es belle. Simplement belle ; et je devine l’intention du photographe, faire admirer les lignes de ton corps. Svelte, fuselé, féminin… intimidant. Oui, intimidant de par sa perfection.  

 

Qu’il est étrange de te retrouver ainsi, de pouvoir te lorgner sans craindre l’une de tes massues ! De ne pas avoir à te déshabiller car un autre l’a fait pour moi, oui il a pris tous les risques pour moi. Le goût est aigre dans ma bouche tandis que j’énonce muettement la remarque d’une cruelle ironie. Je vendrais mon âme au Diable pour avoir été à sa place lors des shootings photos que tu as partagés avec lui.  

 

Je détaille avec exhaustivité tout ce qui fait de toi une femme et que j’ai refusé de considérer des années durant. La rondeur de ta poitrine, la finesse de ta taille, le galbe de ta hanche, ton grain de peau. Kaori, ton grain de peau, capté de si près, est d’une telle suréminence. J’en crève de te caresser, de te toucher. Te toucher vraiment. De te couvrir aux yeux de tous. De mon corps, de mes bras, de mon regard, que sais-je. Mais te soustraire. Te soustraire et te garder. Te voler. Putain, je rêve de tomber à genoux devant toi, de me prosterner, de te supplier. Reviens, je serai comme tu veux, je ferai ce que tu veux. J’apprendrai à t’aimer. Je saurai. Je suis sûr que je saurai.  

 

Mais rêves et fantasmes ne sont pas faits pour être réalisés. Je ne le sais que trop bien. Il est donc préférable que je reprenne racine dans la réalité, que j’écope ce satané désir de merde qui m’envahit partout. Juste parce que je croise ton image sur du papier glacé, juste parce que tu t’exposes de la plus horrible manière, presque vulgairement, et que ça me touche. Bordel de Merde, ça me touche !  

 

Redescends sur Terre Saeba ! Regarde comme Elle est heureuse, comme Elle s’épanouit, comme Elle peut enfin être elle-même ! Mesure comme les années passées auprès de toi n’ont été pour Elle qu’années de censure, de négation de soi, de sacrifice ! Vois comme la meilleure chose que tu as pu faire pour Elle, c’est la laisser partir ! Oui, regarde !  

 

Une humidité dérangeante envahit mes yeux et encombre mes cils. Je soupire avec lassitude, gagné par la désespérance, le vide abyssal qu’est désormais ma vie. Je sais que le mieux pour moi à cet instant serait de prendre les jambes à mon cou, de quitter cette satanée galerie de malheur et d’inscrire des années-lumière entre moi et la femme que je contemple et que, quelque-part, je ne reconnais pas.Elle n’est pas Toi.  

 

Hélas, je suis connu pour ne pas savoir faire preuve de sagesse et c’est avec résignation que je poursuis mon chemin, pécheur désormais en éternelle pénitence.  

 

Les épreuves suivantes sont du même acabit et, à chacune de nos rencontres Kaori, le couteau s’enfonce plus profondément dans ma chair, les stigmates sont invisibles mais la douleur est vive est brûlante, je t’assure. La tentation devient obsession. La détresse qui me cloue se niche maintenant dans mon ventre, elle me ronge de l’intérieur. C’est atroce de souffrir ainsi mais cela me rappelle que je suis vivant et que je suis toujours victime de mes sens. Décidément, je ne saurais jamais m’émanciper de toi.  

 

Je passe donc comme un spectre devant la sixième, la septième, la huitième. L’épuisement me guette à chaque levée de regard, j’imagine mes yeux cerclés de noir, mes traits accablés d’affliction. Mes oreilles ne perçoivent plus rien de la vomitive musique qui accompagne les malheureux qui se risquent à te dévêtir avec l’artiste. Cet enculé ne s’est pas privé. Sur la neuvième, ta poitrine dénudée, malgré les voiles mousseux qui tentent de la dissimuler, s’exhibe avec fierté, presque arrogance. Mon cœur cesse complètement de battre lorsque je détecte l’odieuse mise en scène ; ces pointes roses érigées qui renflent impudemment sous les tissus transparents.  

 

C’est une nouvelle bombe qui explose dans mon pubis. Un mélange d’excitation mâle basique - c’est certain, je n’échappe pas à cette condition - de haine scandalisée à l’encontre du soi-disant artiste, et d’incompréhension vis-à-vis de toi. Quel procédé a-t-il donc utilisé pour te faire cet effet-là ? J’enrage, je me noie dans une folie dangereuse, je visite chacune de mes conjectures. Un glaçon ? La pulpe de tes doigts ? Les siens ? Ses lèvres ? Sa langue ?  

 

Putain, je vais exploser cette galerie de merde !  

 

Je ne pose finalement que quelques secondes devant le cliché, refuse d’investir plus loin le questionnement qui s’impose à moi. Puis, c’est à peine si j’ose avancer sur les suivants. Tes seins s’exposent partout dans toute leur splendeur ; certes, une multitude de nuances tempèrent la crudité de l’image. Des lumières tournoient sur ton corps et l’habillent virtuellement, des ombres sont créées, des objets sont ingénieusement placés. On suggère plutôt qu’on affiche. Mais la réalité, c’est que tu t’es foutue à poil devant lui. Disons les choses comme elles sont !  

 

L’épouvante absolue, le pire qui puisse m’être infligé, l’apothéose finale, c’est pour moi la onzième photographie ; un magistral uppercut qui me brise le pelvis ! Je suffoque, je perds le contrôle. Purement et simplement, je meurs. Je croyais connaître chacun de tes regards. Bon sang Kaori, que ne m’en as-tu pas servi des regards dans l’espace de notre vie commune. Des doux, des durs, des enamourés, des affolés, des encolérés, des confiants, des apeurés, des tristes, … Je ne pourrais pas énumérer toutes les nuances qui ont coloré tes prunelles durant ces huit années partagées. Tous, je les ai gravés en mémoire, ils sont mes précieuses reliques de nous. Mes trésors âprement collectionnés et enfermés dans ma poitrine. Ici. Ma main s’écrase sur mon cœur dans un geste machinal.  

 

Mais là, aujourd’hui, alors que je ne peux divaguer plus encore sur le corps que tu nous dévoiles entièrement – je renonce effectivement à imaginer ton sexe sous les voiles qui ondulent sur ton bas-ventre – je me perds dans l’abîme de ton regard. Ces prunelles cacao bouleversées, chavirées, surlignées par des sourcils à la contraction si éloquente. Ce fameux désir dont il est question dans les médias, il n’a jamais été mieux saisi que dans cette onzième prise de toi. Ce regard Sugar, je ne te le connaissais pas. Je ne te l’avais jamais vu.  

 

Je hais ce type ! Je n’ai qu’une envie, l’atomiser ! Je consulte le dépliant, tremblant, je veux voir sa gueule ! Il apparaît au détour d’une page. Beau mec, grand sourire, les yeux rieurs. Je le hais ! Putain, je le hais ! Je relève le regard vers toi. Tu scrutes l’objectif avec un désir brut et animal dans les yeux. Les pulsions érotiques qui se déchaînent dans tes orbes expressifs ne font aucun doute. Tu as envie de lui. Tu as envie de lui.  

 

Tu as envie de lui.  

 

Et moi, j’ai envie de toi.  

 

 

Alors qu’un séisme monumental ébranle mon être tout entier, je m’extrais de l’horreur dans laquelle je m’embourbe depuis bientôt une heure. J’arrache mon corps de cette maudite salle numéro deux sans même jeter un œil à l’ultime photographie, je traverse en trois pas la première et n’ai qu’une idée en tête, respirer l’air pur, regonfler mes poumons, récupérer mes sens. Grimper dans ma voiture et m’enfuir très loin.  

 

Mais…  

 

Mais alors que j’étais sur le point de retourner dans mon monde, abandonnant dans mon dos la superficialité dans laquelle tu évolues désormais, un doute m’étreint, un besoin qui ne souffrirait aucune résistance. Une envie, une pulsion. Je grimace démesurément. Un demi-tour à peine conscient. Quelques pas. Quelques mots avec l’hôtesse. Ma carte bleue. Le livre… Je viens d’acheter le livre de l’exposition que je mets sous mon bras. J’ose un sourire de façade à je ne sais qui, ça n’est pourtant ni nécessaire, ni mon habitude d’ainsi vouloir paraître. Puis je sors…  

 

Je rentre chez nous.  

 

oOo  

 

   

J’envoie valser ce satané bouquin sur le canapé. Je suis ivre ; ivre de désir, ivre de jalousie, ivre de fureur, ivre de Toi. Qui donc es-tu devenue Kaori ? Pourquoi ne suis-je pas capable de dépasser l’incommensurable douleur qui me retourne les entrailles de t’avoir retrouvée ainsi ?  

Mes doigts viennent au secours de mon front, le réconfortent par un massage vigoureux puis pressent nerveusement mes globes oculaires. N’y a-t-il pas moyen de faire disparaître ces dérangeantes visions de toi, Ange déchu métamorphosé en démon ? Toi nimbée de stupre, toi muse de la fornication ?  

Ce mec t’a baisée, il ne fait aucun doute. Tu t’es laissée baiser par lui, tu l’as laissé te toucher et faire avec toi ce que nous nous sommes toujours refusés. Oui, nous nous sommes toujours refusés !  

Ah, tu me giflerais si tu avais accès à ma réflexion, tu m’insulterais, tu me cracherais au visage combien le gâchis n’est que ma faute à moi, tu arguerais de mes éternelles hésitations, de mes insupportables renoncements.  

Pourtant, si tu y réfléchis bien, je ne t’ai jamais repoussée, j’ai évité, j’ai contourné, j’ai éludé tes naïves allusions, oui, mais jamais, je ne t’ai repoussée, jamais je ne t’ai dit non, je ne t’aime pas.  

   

Je t’en veux. Putain, Sugar, je t’en veux ! D’avoir choisi une voie de déraison, si éloignée de ce que tu es vraiment, d’avoir sans scrupule gommé notre histoire, de m’avoir banni de ta vie, de tes pensées, de ton quotidien, d’y avoir installé d’autres hommes, de leur avoir cédé. Il me semble que tu as suicidé celle qui a passé huit années à mes côtés. Et j’ai contemplé tout à l’heure, impuissant, le spectacle désolant de ton corps sacrifié à la lubricité de tous. Au nom de l’Art ? Putain, laisse-moi rire !  

   

Ne suis-je pas, finalement, le principal destinataire de cette monstrueuse machination ? N’as-tu pas collaboré à ce projet pour simplement m’anéantir, me faire payer ? Si c’est le cas, sois pleinement rassurée, mission accomplie ! Mon cœur est en miettes.  

   

Tel un condamné à mort, j’approche de l’échafaud, notre canapé, là où est échoué le livre de tous les dangers qui m’obsède tant ; celui qui renferme les secrets de vos shootings. Je m’en empare tandis que, moi aussi, je fais naufrage sur nos coussins. Dans le creux de mes mains, la centaine de pages retraçant ton odyssée me grille les doigts. Je fustige l’ouvrage maudit, envisage même de le brûler. Bah, pourquoi pas, il doit être jouissif de voir disparaître dans les flammes tes écœurants forfaits. Je sais d’ailleurs qu'il fut une époque en Europe où on menait les sorcières au bûcher.  

 

Mais c’est plus fort que moi, j’ouvre avec convoitise et meurtrissure mêlées la boîte de Pandore. Mes doigts parcourent les pages et j’ignore sciemment les détails sur l’artiste, ces conneries sans intérêt expliquant ses méthodes de travail, ses paris esthétiques, l’originalité de son œuvre. Rien à battre !  

J’arrive vite, très vite, trop vite, à ces images deToi.  

   

Je me fustige d’être aussi sensible à ton charme, à tes expressions. Bon sang, chaque regard mutin que tu abandonnes à l’objectif est si délicieux, si désarmant, chacun de tes sourires un appel à de tendres échanges. Cueillir des baisers sur tes lèvres étonnées doit être une aphrodisiaque occupation. Et me voilà, perclus de concupiscence, me projetant dans de multiples butinages de tes lippes gonflées, tentant d’oublier que d’autres s’y sont essayés et que leurs tentatives furent couronnées de succès. Mon cœur s’affole dans ma poitrine alors que mes yeux voyeurs, dévoreurs, courent sur les pages, à l’instar de mes doigts effrontés qui effleurent avec évanescence la chair tendre de tes cuisses. Sur cette photo, tes cuisses… Le sang bat contre mes tempes, je mords fort ma lèvre inférieure, je voudrais avoir mal. Tes cuisses. Mon front se plisse tandis que je m’oblige à quitter la page infernale. Mais chacune des suivantes possède son lot de supplices de Tantale. La folie s’immisce bientôt dans mes veines et mon pubis se contracte. Je connais cette sensation, cette tension qui s’invite dans mon caleçon, la chaleur, le gonflement. Ma respiration se trouble et mes mains tremblent un peu. Je souffle de désespérance. Échapper à ça, je veux échapper à ça.  

 

Mais tu me regardes, tu m’invites, tu m’incites à poursuivre, à revenir en arrière, à détailler, à imaginer. Tes bras dans mon cou, la fièvre dans ton corps, ton ventre qui s’offre. Je croque mon doigt, fort, fort. Échapper, je veux m’échapper. Ne pas tomber si bas. Je griffe la page centrale, celle de la photographie numéro onze qui m’accule à la folie. La démence m’embarque complètement. Ma dextre a déboutonné mon jean, a plongé dans mon boxer. Un brusque coup de rein propulse mon bassin vers l’avant facilitant mon empoignade. Je ne serai pas tendre avec moi, je serai brutal, tout autant que tu l’es dans ce livre rétrospective. As-tu conscience ?  

   

Je commence par quelques mises à l’aise, je dévête, je libère, ma main gauche toujours crispée sur la couverture, mes doigts immiscés pour maintenir la page ouverte, comme j’aimerais garder tes cuisses ouvertes. Tes yeux me sondent, m’interrogent. Vois-tu à quoi tu me contrains ? En es-tu fière ? Je gémis, éructe presque tandis que je m’imagine me lover contre toi, te communiquer la fièvre, emporter ton consentement. Pourtant, les feuilles que j’enserre sont glacées et coupantes, et la physionomie que tu affiches ne varie pas, figée dans ce lac imprimé pour l’éternité. Peu t’importe aujourd’hui que je me branle sur ta photo, hein, vipère indifférente. Quelle belle victoire pourtant ! Pauvre de moi. Pauvre de moi. Mais j’en fais fi ! Mon imagination s’emballe, mon désir crie ton nom.  

   

Kaori. Kaori.  

   

J’halète, ma main s’affairant comme elle peut dans l’étroitesse de son repaire. J’en transpire de frustration, mes yeux s’embuent, mes sens se déchaînent. Me toucher plus, me toucher mieux. J’en crève de me toucher mieux. Il ne faut que quelques secondes pour complètement me dévêtir. T-shirt, jeans et caleçon ont volé je ne sais où. Je reprends place sur le canapé, récupère maladroitement le livre, toujours ouvert à la page centrale où tu étales ta beauté vénéneuse. Je regarde ma queue. Rouge, luisante, massive et impatiente. Putain, Dieu sait que je le vénère mon mokkori, qu’il est ma plus grande fierté, symbole de ma toute-puissance, mais aujourd’hui, dressé vers le haut, exigeant et néanmoins suppliant, il m’apparaît comme le plus grand traître de mon histoire.  

   

Malgré tout, je n’investis pas plus les affres de ma médiocrité, et sombre sans panache. Il me faut vaincre, me satisfaire. Il me faut jouir de toi de cette abominable façon. J’abdique donc, la honte au front, face aux doléances irrésistibles de mon chibre. Mes doigts, habiles et experts à me contenter, ont en effet repris leur métronomique ballet. Je te regarde bêtement, certainement avec un air ahuri propre aux masturbateurs en action. Je me branle en cadence. Violemment. J’enserre, je force, j’irrite. Je serre les dents, mon regard toujours entremêlé au tien. Ma poitrine tressaute tandis que l’excitation m’envahit par vagues étincelantes.  

   

Ressens-tu la chaleur au travers de mes doigts ? As-tu accès à l’euphorie qui croît en moi ? Irradiant de mon pubis jusque dans la moindre de mes cellules. Mon souffle saccadé trahit-il l’effervescence de mes sens ? Ma chaude exhalaison vient mourir sur tes joues, sur tes cils. Le papier se trouble d’un film opaque et éphémère lorsque le feu rencontre la glace. Et tu réapparais toujours ; muse entêtée de ma félicité. À croire qu’il t’importe d’assister à ma mise à mort.  

   

Ma dextre s’égare et flatte mes attributs. Je suffoque sous l’ardeur que j’imagine tienne. Et mon imagination débridée me suggère de luxurieuses fantaisies. J’ai envie de te lécher ! Ton corps entier y passerait Kaori. Ton corps entier. Je te lécherais le cou, la nuque, les épaules, à la recherche de tes zones érogènes les plus sensibles. Puis je lécherais tes poignets, tes aisselles, je t’y contraindrais par la force, ce serait absolument délectable, je te promets. Je te lécherais les seins, les tétons. Je les aspirerais. Fort, si fort et douloureux.  

   

Je rauque misérablement et tressaute sous l’afflux des fantasmes qui me traversent et accompagnent mes honteuses caresses solitaires. Les battements de mon cœur résonnent désormais dans mon crane dans un tam-tam assourdissant. Je déglutis, la salive abonde dans ma bouche et je m’imagine la déverser sur toi, m’en servir comme lubrifiant alors que je lèche ton ventre, te croque la hanche, visite ton aine. Tes cuisses seraient maintenues écartelées, je te lécherais l’intérieur du genou, la zone si délicate ; de là, je remonterais vers ton sexe que je lécherais sans entrave jusqu’à ce que tu jouisses dans ma bouche. Oui, je t’obligerais à supporter jusqu’à l’insupportable, cet instant tragique où le plaisir absolu mute en douleur. Ma langue serait impitoyable pour toi qui, aujourd’hui, a tout osé, m’a écrabouillé sans scrupule telle une vermine nuisible. Crois-moi, tu mérites bien pire que ce traitement de faveur, Kaori. Je te lécherais le dos, les omoplates, les reins. Je ferais onduler ton corps sous l’effronterie de mes baisers. Tu me tendrais tes petites fesses et je les baiserais tout autant, je te lécherais le cul et tu serais mortifiée de honte d’être léchée là. Je t’obligerais à subir ça, à gémir de plaisir et d’humiliation. Tu pleurerais pour que je t’épargne, en appellerais à ma bonne grâce. Tu me supplierais.  

 

Et je t’épargnerais ! Évidemment que je t’épargnerais. Je te retournerais brutalement, je contemplerais tes yeux étourdis par ta récente extase, mouillés de pleurs, tes lèvres enflammées, entrouvertes et brillantes. Tu me regarderais avec cette même concupiscence qui transparait là, ce trouble complexe et indescriptible saisi par l’artiste.  

 

Viens, m’inviterais-tu dans l’instant. Je ne peux réprimer un gémissement sourd tandis que mes tympans imaginent la tonalité suave de ta supplique, la fêlure sensuelle de ta voix. Viens, répèterais-tu, impatiente, agacée par mon hésitation. Ma queue viendrait alors parachever mon œuvre. Tu serais mienne absolument. Tu serais mienne absolument.  

 

Ma nuque vient reposer sur le dossier du canapé, je regarde le plafond sans relâcher la pression entre mes jambes. Je lève le bras gauche pour positionner le livre par-dessus moi. Protégée dans ton écrin de papier brillant, tu es toujours impassible et magnifique. De cette beauté surréaliste et inaccessible. Des éclairs de plaisir transpercent désormais mon pubis. Je chavire inéluctablement, je le sais, je connais. Mes épaules tremblent sous l’effet de mes va-et-vient. J’abandonne alors ton image contre ma bouche. Oui, le livre me recouvre complètement le visage, maintenu par mon bras nonchalamment reposé sur la couverture. Je te confie alors tous mes souffles désordonnés, mes indécents gémissements, les crispations de mes traits. Je respire contre toi. Je ne te vois plus mais semble mieux te sentir, être au plus près ; mes lèvres te frôlent, mes cils te caressent, mon front échoue contre ta poitrine nue. C’est ainsi que je veux être lorsque je ne serai plus.  

 

Lorsque je ne serai plus. Je reconnais parfaitement les sensations pré orgasmiques ; l’ascension est lente, longue, vertigineuse ; mon corps entier semble s’élever. C’est une quête absolue - celle de l’extase - mais ce n’est pas le feu d’artifice final que je convoite, non, c’est l’instant qui le précède, à peine, lorsque je marche sur la crête, lorsque j’atteins le sommet, juste avant la chute, juste avant l’explosion. Cet instant ténu où il me semble mourir.  

 

Les vagues m’affolent de plus en plus, irradiantes et furieuses, tandis que je te confie mes plus lourds secrets, ces mots sans sens qui me brûlent les lèvres, que je te déverse et qui t’embarrassent certainement ; des mots d’amour, des mots de haine. Sens-tu la tension qui règne dans mon corps pendant que je te noie sous mes attentions, pressens-tu la déflagration que je repousse encore et toujours ? Je voudrais l’éternité pour nous deux ainsi, figer nos corps séparés par la réalité glaçante : moi, de chair et de sang, bercé de caresses impudiques et solitaires ; toi, image impénétrable, cœur insensible, poupée vouée à d’autres. Qu’à jamais je sois conscient de cette terrible réalité ! Pourtant… pourtant rappelle-toi Kaori, nous nous sommes croisés dans une autre vie.  

 

Mais voilà l’instant que j’attendais tout autant que je le redoutais. Mes yeux se ferment, mes sourcils se contractent et ma main gauche te presse davantage contre moi. Mes râles se colorent de logorrhées harmonieuses, la chaleur devient irrespirable, les vagues se brisent en écume dans mon pubis et de terrifiantes contractions m’aspirent tout entier.Ahhhh.  

 

Des gerbes tièdes m’éclaboussent le ventre, annonçant la fin du mystique exercice, sonnant le glas de notre premier et dernier envol charnel. Étrange et déroutant. J’ouvre les yeux ; peine à reprendre pied dans la triste réalité et tout autant à retrouver une respiration constante. Une odeur âcre agresse mes narines et je grimace. Qu’est-ce que j’ai fait ?  

 

Je referme très vite le livre en prenant soin de ne pas croiser ton regard et le fais voler dans la pièce. Es-tu satisfaite de m’avoir contraint à cela ? M’aimes-tu faible et veule Kaori ? Je n’ai même pas l’excuse de l’alcool pour justifier mon impardonnable faux-pas. Mes doigts viennent se perdre dans ma chevelure ébouriffée, tentent en vain de m’apporter réconfort. Qu’est-ce que j’ai fait ?  

 

Jamais, ô grand jamais, je te promets, je n’ai perdu pied ainsi. Jamais tu n’as été muse de mes envolées solitaires. Jamais je n’ai failli de la sorte. Je te respectais trop. Aujourd’hui, tu es tombée de ton piédestal, ou bien alors tu m’as poussé dans mes plus sombres retranchements, tu m’as acculé à la folie - qui sait ? Parce que tu es simplement belle et désirable, simplement femme, parce que je ne suis au final qu’un misérable mec, paumé sans toi.  

 

Je me suis rhabillé et je me plante comme un con derrière la fenêtre du salon. Dans mon crane, c’est la tempête. Tourbillonnent moult interrogations fondamentales. Es-tu heureuse Kaori ? Loin de moi, loin de nous, de notre vie de dingue, sombre et dangereuse, es-tu heureuse ? Mon sacrifice te permet-il de t’épanouir merveilleusement ? Ce que j’ai toujours souhaité…  

 

Je me mets soudain à rire sans joie, à secouer bêtement la tête. Pathétique… je suis pathétique. Quand je t’ai laissée me quitter, j’espérais tant pour toi. Je te projetais dans un quotidien joyeux et sucré. Un homme amoureux, un job rangé, un appartement charmant dans un quartier calme, des rêves d’enfants. Je t’imaginais entourée de douceurs, nageant dans le bonheur que tu méritais tant et que je n’étais pas en mesure de t’offrir. Et je te retrouve à moitié nue sur des affiches publicitaires aux couleurs criardes, tu t’étales sur les murs de cette exposition, sans pudeur ni retenue ; tu exposes tes désirs, tu assumes ta féminité. Ta féminité mon ange, ta sexualité. Tu débordes d’érotisme. Tu cumules les amants certainement. Cauchemar... Je ne voulais pas ça. Non, je ne voulais pas ça.  

 

Et tout à l’heure, je me suis fustigé, de l’auto-flagellation oui, quand je fantasmais profiter de celle que tu es devenue et que j’exècre. Oui j’exècre ton personnage Kaori, cette femme revendiquée qui a abattu les murs de mes résistances avec tant de facilité. Je l’exècre tout autant que je m’exècre moi-même. Moi, faible et lâche lorsqu’il fallait t’avouer les sentiments que tu m’inspirais. Moi pleutre, à te regarder me quitter, engoncé dans mes craintes absolues de te garder par devers moi, et pourtant mort de trouille devant l’abîme béant devant lequel tu m’abandonnais.  

 

Et aujourd’hui plus que jamais, je fais preuve d’une immondice morale qui me retourne l’estomac. Quel homme suis-je donc pour ainsi juger ton parcours ? Ah, tu n’as pas suivi le chemin que je m’étais imaginé pour toi, tu ne t’es pas conformée à mes rêves puérils et, au final, irréalistes ? Mais bon sang Kaori, tu es parfaitement en droit de devenir la femme que tu désires, tu peux creuser ton propre sillon, tu peux t’éloigner autant que tu veux de ces bonnes intentions que j’avais formées pour toi. Je prends conscience que, malgré l’impression de t’avoir rendue à la vie normale, je voulais toujours maîtriser ton destin, le modeler, je pensais même être en moyen de le faire ; marionnettiste camouflé dans le décor suranné que j’avais construit pour toi. Mais NON, mais non, c’est fini tout ça. Tu t’es enfuie de chez nous il y a un peu plus de deux ans, tu t’échappes à nouveau aujourd’hui, et il me faut te laisser partir, te laisser me quitter une fois encore, de manière plus profonde, plus symbolique. Plus définitive aussi.  

 

Dans la réalité, notre séparation est déjà actée, bien sûr, et tu saurais d’une odieuse tirade me rappeler comme je n’ai plus de pouvoir sur toi. Oui, je sais tout cela, mais il est des fils invisibles pour l’œil, que seule l’âme perçoit ; ces liens indélébiles que je me refuse de trancher et qui, à défaut de t’attacher à moi, m’attachent à toi. Désespérément, déraisonnablement, je m’attache à toi.  

 

Désormais, Kaori, ta liberté est totale. Oui, il est grand temps de te rendre ta totale liberté. Ça fait mal, c’est une horreur indicible, l’ultime adieu, l’ultime renoncement, mais cette souffrance est nécessaire.  

 

Hé mon cœur, écoute-moi, calme-toi… ne pleure pas, ne sois même pas triste, car ce jour est gai. Laisse-la partir. Laisse-la libre.  

 

 

 

 

 


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