Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: A. Dust

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 6 chapitres

Publiée: 29-10-21

Mise à jour: 03-12-21

 

Commentaires: 17 reviews

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GeneralHumour

 

Résumé: Une jeune fille américaine, Jade Makimura se rend à Tokyo, espérant ainsi retrouver ses racines, à défaut de son histoire familiale. Que va-t-elle y découvrir ? (Une des suites possibles à la précédente fiction : La Lettre).

 

Disclaimer: Les personnages de "Racines" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Racines

 

Chapitre 1 :: Chapitre 1 : Le voyage de la crevette

Publiée: 29-10-21 - Mise à jour: 29-10-21

Commentaires: Bonjour à toutes et tous !
Vous êtes quelques-unes à avoir demandé une suite à La Lettre. En voici une possible. Cela dit, on pouvait en imaginer beaucoup d'autres ... A noter que vous pourrez la lire sans avoir lu La Lettre, ce n'est pas indispensable à la compréhension de cette histoire.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6


 

Chapitre 1 : Le voyage de la crevette  

 

De : Jade Makimura  

A : Maman  

 

Objet : Ne t'inquiète pas  

 

Coucou ma petite maman ...  

 

Je t'écris ce mail juste avant de partir. Il est bientôt cinq heures du matin et je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit et quand tu ouvriras ce mail je serai déjà au-dessus de l'Océan Pacifique. Je suis assise dans une salle d'embarquement de l'aéroport Kennedy avec Oncle Mick et notre avion décolle dans trente minutes.  

 

S'il-te-plait, ne lui en veux pas, hein ... Il n'a jamais su me refuser quoique ce soit et je dois dire que j'ai mis le paquet pour le forcer à m'emmener avec lui à Tokyo.  

 

Quand je vous ai entendu parler du décès de ce vieux monsieur, ce "Professeur" comme vous l'avez appelé entre vous, quand j'ai entendu que Mick lui devait certainement la vie, qu'il avait très envie de revoir une certaine Kazue, quand j'ai vu son regard quand il parlait d'elle ... Je n'ai pas résisté à lui poser des questions.  

 

Et il a répondu. Enfin pas à toutes, je te rassure. Il est resté fidèle à la promesse qu'il t'a faite et n'a rien dévoilé en ce qui concerne l'identité de mon père, avouant seulement à demi-mot comme il sait si bien le faire, qu'ils avaient été amis par le passé.  

 

Il m'a cependant permis de comprendre que parler de lui te faisait trop mal et que c'était pour ça que tu ne répondais pas à mes questions.  

 

Et c'est pour ça que je ne t'en veux plus. Alors, s'il te plait, ne m'en veux pas non plus pour ce que je m'apprête à faire ... Je veux en savoir plus. J'ai besoin d'en savoir plus, plus que ce que j'ai trouvé dans ce morceau de lettre que tu ne lui as pas envoyé, il y a presque dix-sept ans aujourd'hui. Cette page que tu n'as certainement jamais eu le courage de jeter.  

 

Quand j'ai lu ces lignes, je t'en ai voulu. Je n'arrivais pas à accepter que tu m'aies caché que tu es partie en l'éloignant volontairement de moi, qu'il était peut-être encore vivant, qu'il n'était pas cet policier énigmatique mort accidentellement alors qu'il n'était pas en service, ce qui justifiait que tu ne percevais pas d'indemnités de la police. Mon père est-il même un flic ? Il y a eu tellement de mensonges à son sujet et depuis si longtemps ...  

 

Oui, maman, je t'en ai voulu, parce que non seulement tu m'as menti pendant des années mais aussi parce que tu as continué à me mentir quand je t'ai posé des questions à son sujet, après avoir trouvé ces lignes que tu ranges consciencieusement dans ta boîte à couture.  

 

C'est ce qui a rendu ces derniers temps si difficiles pour nous deux, c'est ce qui m'a rendue si impossible à vivre, si agressive envers toi, criant à chaque fois que tu me parlais, m'énervant à tout bout de champ ou pour trois fois rien.  

 

Je te demande pardon pour ça. Pardon maman ...  

 

Parce que, si j'ai découvert que tu m'avais menti pendant tout ce temps, j'ai fini par comprendre il y a deux jours seulement que tu avais profondément aimé mon père. C'est ce qu'Oncle Mick a réussi à m'expliquer quand je lui ai dévoilé ce bout de lettre.  

 

Peut-être même l'aimes-tu toujours, mon père ? Te connaissant et voyant comme tu finis par éloigner de toi les hommes qui t'aiment, Mick y compris, ça ne m'étonnerait pas.  

 

Voilà pourquoi j'accompagne Mick dans son voyage.  

 

Maintenant, tu dois te demander : "Comment ?" Je pense que tu sais que les activités professionnelles de Mick ne sont pas toutes parfaitement légales et il a réussi à me fournir un passeport qui "corrige" mon âge et me donne donc le droit de voyager à l'étranger. Y'a même un visa ...  

 

J'ai essayé d'en savoir plus mais il m'a fait les gros yeux, tu sais là, quand il fait sa voix grave et son doigt pointé sur mon nez en me fusillant du regard, comme quand j'étais gamine et j'avais dit un gros mot, ... alors je n'ai pas osé insister. Peut-être que toi, tu pourras m'en dire plus à l'occasion ? Oui, je sais, maman, je suis trop curieuse et, un jour, ça m'attirera des problèmes ... (Mais Sayuri dit que, au contraire, c'est une qualité pour devenir journaliste plus tard.)  

 

Toujours est-il qu'on vient de passer la douane ensemble, Mick et moi et je t'écris depuis un petit café, juste à côté de notre porte d'embarquement.  

 

J'ai hâte de découvrir ce pays si différent du nôtre. Enfin du mien. Puisque c'est le tien. Je suis impatiente d'explorer cette ville où tu as grandi avec ton frère ... et où tu as peut-être rencontré mon père. Je vais enfin pouvoir goûter ces gourmandises qui te manquent tant ...  

 

Je suis très impatiente mais je t'avoue que j'ai aussi un peu peur ... (Bon, oui, non, tu as raison, j'ai pas juste "un peu peur", je suis morte de trouille !) Mais Mick est avec moi alors, ça va aller ...  

 

Je t'appelle quand on arrive.  

Je t'embrasse fort.  

 

Jade.”  

***  

 

La sonnette retentit dans le silence et la femme en blouse blanche se lèva lentement de son fauteuil pour aller ouvrir. Depuis la mort de son mentor, elle n'avait pas quitté les lieux, refusant de rentrer chez elle comme si, partir momentanément de la Clinique signifiait l'abandonner Lui mais leur dernier au revoir n'était pas pour tout de suite, elle le saluerait une dernière fois lors de la cérémonie d'inhumation. Elle n'était tout simplement pas encore prête.  

 

Elle jeta un œil à sa montre : il était une heure de l'après-midi ... Elle n'avait pas vu le temps passer et tous les volets étaient encore fermés, tels des drapeaux en berne, comme son cœur. Elle alla ouvrir la porte d'entrée en trainant un peu des pieds. Elle cligna longuement des yeux pour s'habituer à la lumière du jour et faillit défaillir en découvrant qui se trouvait derrière le portail. Elle actionna l'ouverture automatique et observa, incrédule les deux silhouettes qui s'avançaient tranquillement vers elle dans l'allée. Elle distingua parfaitement les deux silhouettes mais ses yeux n'en virent vraiment qu'une seule ...  

 

Il n'avait pas changé. Quelques rides autour des yeux et de la bouche, c'était indéniable et des cheveux blancs éclaircissaient sa chevelure blonde, sa taille avait un peu épaissi ... oui, il y avait tout ça. Mais en même temps, il n'avait pas changé. La démarche, le port de tête, le sourire, le regard ...  

 

Son coeur s'accéléra un peu et quand il arriva à sa hauteur et qu'il ouvrit lentement les bras, elle ne résista pas à cet appel des souvenirs et se réfugia dans la sérénité de cette étreinte du passé, respirant avec plaisir cette odeur de cèdre et de citron vert. Ca non plus, ça n'avait pas changé ...  

 

Au bout d'un instant, elle se dégagea lentement des bras de son ex-mari en murmurant :  

- "Je ne pensais pas dire ça un jour mais ça fait plaisir de te revoir ..."  

- "Plaisir partagé ..." répondit Mick en souriant. "Merci de m'avoir prévenu. Il a compté dans ma vie, je tiens à lui rendre ce dernier hommage."  

 

La femme leva ses yeux tristes vers lui :  

- "Merci d'être là."  

- "Je t'ai toujours dit que tu pourrais compter sur moi en cas de coup dur."  

 

La femme se tourna vers la jeune fille qui accompagnait Mick et la dévisagea longuement et avec insistance. Mick sembla gêné et bredouilla :  

- "Je te présente Jade. C'est ma ... belle-fille. Enfin, non, c'est la fille de ... C'est ma nièce ... Enfin presque. C'est heuuu ..."  

 

La femme leva la main pour l'interrompre en le fusillant du regard :  

- "Ne me dis rien si tu es obligé de me mentir encore une fois, Mick Angel. Tant que tu ne me ramènes pas ici ta dernière conquête ..."  

 

La jeune fille s'exclama :  

- "Hééé ! Non mais ça va pas, la tête ! Moi ? La conquête de ce vieil obs..."  

 

Mick se tourna vivement vers elle et la coupa durement :  

- "Surveille ton langage, Jade ou je te jure que ..."  

- "Que quoi ? Tu vas me priver de dessert et me mettre au lit sans me raconter d'histoire !" répliqua Jade, les mains sur les hanches, le défiant du regard.  

 

La femme en blouse blanche éclata de rire :  

- "Bienvenue à la Clinique du Professeur, Mademoiselle. Je suis la nouvelle propriétaire des lieux, Docteur Kazue Natori. Mais tu peux m'appeler Kazue."  

- "Oh, c'est vous Kazue !"  

 

Sous le regard intrigué de son interlocutrice, Jade baissa le nez et se reprit, manifestement gênée :  

- "Je me disais aussi que vous êtes sacrément belle pour votre âge ! Enfin, non, c'est pas ce que je voulais dire ! Enfin si, vous êtes belle mais vous n'êtes pas vieille, hein ! C'est juste que ... hum, hum, hum ... Mick m'a parlé de vous ... Enfin, parlé ... Oui, enfin ... non, enfin si, Oncle Mick m'a parlé de vous .... Ohhhh ... j'ai encore gaffé, pardon. Je parle souvent trop vite, c'est mon grand défaut ... Je ... Enchantée, Docteur Natori ... Kazue ... Vous pouvez m'appeler Jade, vous savez ... Mademoiselle, c'est trop ... solennel ..."  

 

Kazue la regarda et sourit doucement :  

- "Allez, venez vous deux, vous prendrez bien un thé avec moi ?"  

- "Oh oui !" s'exclama la jeune fille. "J'ai plein de questions à vous poser ! Oncle Mick m'a dit que c'est une Clinique un peu spéciale, ici ... En quoi elle est spéciale ? Et vous êtes Docteur en quoi ? Et ça, c'est quoi ?"  

 

Mick asséna un léger coup de coude à Jade qui se reprit bien vite, se rappelant soudainement de ce qu'ils avaient convenu :  

- "Oh, heuuu, veuillez m'excuser Kazue ... J'avais prévu de ... de faire un petit tour dans le quartier en fait ..."  

- "Ici, en plein cœur de Shinjuku ?"  

 

La jeune fille hocha frénétiquement la tête :  

- "Ah oui, oui, ici ! C'est ça. J'ai tout un programme." Elle sortit une liste de sa poche. "J'ai noté quelques endroits d'ailleurs."  

 

Mick se tourna vers elle et la regarda très sérieusement :  

- "Tu préfères pas plutôt te reposer un peu et te remettre du jet-lag ?"  

- "Tu rigoles ! Depuis le temps que j'en rêve d'être ici ! Et on repart dans deux jours ... Suis pas en sucre, Oncle Mick, je me reposerai dans l'avion quand on rentrera !"  

 

Mick ne put se retenir de sourire :  

- "Bon ... Tu as ton plan ?"  

- "Oui, dans mon sac à dos."  

- "Ton téléphone ?"  

- "Oui, avec batterie chargée plein pot et une deuxième de rechange."  

- "Ton portefeuille ?"  

- "J'ai laissé avec mon passeport dans le coffre-fort de l'hôtel comme tu me l'a recommandé et j'ai pris juste du liquide en petites coupures."  

- "Bouteille d'eau"  

- "Dans le sac."  

- "Ton spray au poivre ?"  

- "Dans la poche droite de ma veste, comme toujours."  

- "Ton parapluie et ton mouchoir ?"  

- "Quoi ?"  

 

La jeune fille le dévisagea puis il éclata de rire en lui ébouriffant ses cheveux noirs comme la nuit :  

- "Arrête, tu vas défaire ma queue de cheval !"  

- "Je t'ai déjà dit combien de fois que tu es beaucoup plus jolie avec les cheveux lâchés ?"  

- "Et je t'ai répondu combien de fois que ça me gêne d'avoir les cheveux dans les yeux ?"  

- "Coupe-les tout court. Je suis sûr que ça t'irait bien."  

- "Non, je veux pas. Je ressemblerais trop à maman comme ça."  

- "Oublie pas de lui téléphoner, d'ailleurs, sinon, je vais en prendre pour mon matricule quand elle m'appellera ! Parce qu'elle va m'appeler, c'est certain et tu connais ta mère quand elle est en colère ... "  

 

Kazue sourit quand Jade tira la langue à Mick pour toute réponse. Celui-ci répliqua :  

- "Allez, file, Crevette ! Rendez-vous à la gare de Shinjuku."  

- "Sortie Est à 20h00 ce soir ... Mais arrête de m'appeler "Crevette", j'ai plus dix ans ..." Répliqua la jeune fille en le fusillant du regard avant de saluer respectueusement Kazue. "Je suis contente de vous avoir rencontrée, Kazue. Je vous présente toutes mes condoléances pour la perte de votre ... collègue."  

- "Père-de-cœur serait plus juste. Mais merci infiniment, Jade. A bientôt ?"  

- "A bientôt." confirma-t-elle avant de s'élancer dans l'allée.  

 

Derrière elle, croisant les bras sur sa poitrine, Kazue murmura à l'attention de son ex-mari, sans lâcher la jeune fille des yeux :  

- "La digne fille de sa mère, à ce que je vois ..."  

- "Impossible de te cacher quoique ce soit, hein ... Docteur Natori."  

- "Exact. C'est ce qui a ruiné notre mariage, Monsieur Angel." répondit-elle d'une voix légèrement teintée d'amertume avant d'échanger un sourire un peu triste avec son ex-mari.  

 

Le portail se referma derrière Jade et elle partit à l'aventure ... Enfin ! Elle allait enfin arpenter les rues qu'avait connues sa mère ... et peut-être ... son père.  

 

***  

De : Jade Makimura  

A : Maman  

 

Objet :: Bien arrivée  

 

Coucou !  

Je suis surprise de ne pas avoir de réponse de ta part mais peut-être n'as-tu pas encore ouvert tes mails ou peut-être as-tu oublié que je peux consulter les miens sur mon téléphone maintenant ? J'ai bien essayé de te joindre deux ou trois fois, mais je tombe directement sur ta messagerie. A vrai dire, je suis tellement déboussolée par le décalage horaire que je ne sais même plus quelle heure il est chez nous, à New-York ...  

 

Mon Dieu ! Tout est tellement différent ici ! Différent et en même temps, y'a plein de points communs ... Grande ville, du monde partout, de la vie partout, du bruit partout, de l'agitation partout ... sauf dans ce grand parc magnifique où je viens de m'asseoir sur un banc. C'est trop beau ici ! On entend même le chant des oiseaux.  

 

Je grignote un dorayaki en observant les gens qui passent. J'essaie d'imaginer leurs histoires, ce qu'ils font dans la vie, avec qui ils sont mariés, quel est leur prénom, leur émission préférée, leurs loisirs ... comme on le faisait quand j'étais petite et qu'on attendait le bus, tu te souviens ? J'adorais ce jeu ...  

 

J'aimerais que tu sois là, avec moi et que tu me racontes ta vie ici, ton passé, que tu me parles de tes souvenirs et que tu me fasses découvrir les endroits que tu aimais, ton école, l'appartement que tu partageais avec Hideyuki ... Peut-être qu'on pourra faire ça un jour ? Peut-être pourra-t-on revenir ici ensemble ? J'aimerais bien qu'on passe à nouveau du temps toutes les deux, on s'est un peu perdues ces derniers temps, non ?  

 

Je te laisse, j'ai encore beaucoup à faire en peu de temps !  

Je t'embrasse !  

 

Jade  

 

Ah, j'allais oublier ! J'ai rencontré Kazue. Je me demande pourquoi Oncle Mick l'a quittée, franchement ! Faudra vraiment qu'il m'explique sur le coup-là ... elle est trop belle !  

Comme tu dis toujours, "Va comprendre les hommes !"  

 

***  

A force d'emprunter les grandes rues du centre ville, elle commençait à avoir un peu le vertige. La fatigue induite par le décalage horaire, les émotions intenses de ces dernières heures rendaient peu à peu sa perception de ce qui l'entourait lointaine et floue. Elle avait même bousculé quelques passants qui n'avaient vraiment pas eu l'air d'apprécier malgré qu'elle se soit confondue en excuses à chaque fois. Elle avait besoin de faire une pause et s'engouffra dans la première ruelle qu'elle croisa, échappant ainsi au flot humain qui envahissait le trottoir à cette heure de pointe.  

 

Elle prit le temps de reprendre son souffle, de boire un peu d'eau et vérifia l'heure sur son téléphone ... encore trois bonnes heures avant son rendez-vous. Elle décida alors de se laisser porter par ses pas et d'aller au hasard. Elle finirait bien par retrouver son chemin de toute façon. Au pire, elle n’aurait qu’à s’engouffrer dans la première bouche de métro et prendre la direction de la gare de Shinjuku ...  

 

Au hasard de ses pérégrinations, elle aperçut, au fond d'une ruelle, un petit atroupement composé de types arborant tous un drôle de blouson en cuir noir. Elle pensa d'abord à un simple groupe de dealers à éviter, comme dans certaines rues mal famées de sa grande ville à elle, et pensa passer discrètement son chemin en prenant la prochaine ruelle à droite mais un gémissement plaintif attira son attention.  

 

Elle ralentit le pas, faisant semblant de chercher quelque chose dans son sac pour avoir le temps d'écouter. Elle perçut alors quelques mots, prononcés d'une petite voix fluette et éraillée par la peur :  

- "Non, laissez-moi, .. pas menti ... vérité... pas d'argent sur moi ... ma maman ..."  

 

Du raquet ... Ces types étaient en train de racketter quelqu'un ... Et, il n'y avait aucun doute sur le fait que cette petite voix apeurée était celle d'un enfant. Soudain, elle sursauta en entendant le son clairement identifiable d'une gifle bien dosée suivie immédiatement d'un cri de douleur déchirant. Et là, son sang ne fit qu'un tour.  

 

Sans réfléchir, elle s'avança, sortant son plan de son sac et se dirigea tranquillement vers le groupe :  

- "Excusez-moi, messieurs, vous êtes du coin ? Vous connaissez un peu le quartier ?"  

 

Cinq paires d'yeux se tournèrent immédiatement vers elle et l'assasinèrent du regard. Elle se sentit déglutir et songea :  

- "Et meeeerde ... Pourquoi j'ai pas pu me la fermer, moi ? Z'ont pas l'air commode ces gars-là ..."  

 

Mais c'était trop tard maintenant, elle était bien forcée de continuer son petit manège :  

- "En fait, je suis un peu perdue, là ... Peut-être pourriez-vous ..." dit-elle à haute voix tout en pensant : "Respire lentement, comme te l'a appris Oncle Mick. Regarde les différentes options, lequel est le chef, lequel est susceptible d'être le plus fort, celui qui s'enfuira en courant, qui est armé ... et où est l'échappatoire ... Surtout ne pas oublier la porte de sortie ... C'est la première chose à repérer ..."  

 

Le cerveau fonctionnant à toute vitesse, elle continua à parler très fort, accentuant son accent étranger et surjouant son personnage pour détourner l'attention :  

- "Je suis complètement paumée, là ! Je cherche la gare ... Oh, attendez ... comment elle s'appelle ?" Fit-elle en faisant tourner son plan dans tous les sens.  

 

Comme tous les types s'étaient tous tournés vers elle, la dévisageant, interloqués, ils baissèrent leur garde. Un gars qui ressemblait à armoire à glace et à la mine patibulaire relâcha même son poing et laissa tomber au sol un jeune garçon d'une dizaine d'années, grand et maigre, aux yeux emplis de terreur ... jusqu'à ce qu'ils croisent ceux de Jade qui ne put s'empêcher de sourire discrètement. Alors il comprit ...  

 

Le gringalet se leva lentement, souplement, silencieusement, sans attirer l'attention, pendant que Jade continuait, parlant de plus en plus fort :  

- "Rooo, j'ai le nom sur le bout de la langue ... La gare de J-suis-cocu ? Ou Chat-coucou ? C'est possible ça, Chat-coucou ? Je suis désolée ... Je ne maîtrise pas bien votre langue !" mentit-elle en riant très fort alors que le groupe d'hommes se rapprochait sensiblement de la jeune fille.  

 

Le garçon en profita pour faire quatre pas en arrière et quand il fut assez loin, il tourna les talons et détala à toute allure. Plusieurs types entendirent sa fuite et un d'entre eux se précipita à sa poursuite. Il n'en restait plus que quatre. Ce fut à cet instant précis que Jade passa à l'attaque.  

 

Elle jeta son plan dans la figure de celui qui était juste devant elle et s'élança vers la ruelle juste à sa droite à toute vitesse ... direction "sa porte de sortie".  

 

Malheureusement, sa fuite ne fut pas assez rapide et elle fut violemment tirée en arrière par le bras. Une main forte lui écrasa le coude, l'attirant irrémédiablement en arrière.  

- "Et ! Où tu crois aller comme ça, petite poufiasse !" entendit-elle.  

 

Elle faillit perdre l'équilibre mais se rattrapa tant bien que mal sur ses pieds puis fit vivement volte face, dégainant son spray au poivre de sa main libre. Elle aspergea copieusement le visage de son agresseur qui la lâcha pour porter ses mains à son visage en hurlant.  

 

Voulant fuir à nouveau, elle se tourna vers la ruelle mais elle s'arrêta net en réalisant que "sa porte de sortie" était totalement obstruée par l'armoire à glace qui avait tenu le jeune garçon par le col, quelques secondes auparavant et qui avait réussi à passer derrière elle sans qu'elle s'en aperçoive, tellement elle avait été obnubilée par celui qui l'avait insultée et qui chouinait maintenant comme Schtroumpf Pleureur. Regardant dans l'autre direction, Jade vit que deux autres types lui barraient également le passage, tellement ressemblant l'un de l'autre qu'on aurait pu les prendre pour des jumeaux et Jade ne put empêcher son esprit infernal de les surnommer Tic et Tac. Ils furent bientôt rejoints par Chouineur en personne qui se frottait frénétiquement les yeux :  

- "Faites payer cette salope ... Raaa putain, ça brûle !"  

 

Elle regarda en arrière : celui qui avait pris son plan dans la figure lui coupait la retraite vers la rue, dans la direction qu'avait prise le jeune garçon ... Elle se tourna de l'autre côté et vit ... un mur ...  

 

Elle sentit la peur transpercer son estomac et une horrible sueur froide coula le long de sa colonne vertébrale. Elle avait un peu les jambes en coton et entendait son cœur battre dans ses oreilles. Elle sentit sa main droite, celle qui tenait le spray au poivre, trembler fortement et devenir moite, tellement moite qu'elle eut l'impression qu'elle allait le laisser s'échapper.  

- "L'adrénaline. C'est juste de l'adrénaline. Tu dois respirer profondément et canaliser tes émotions, Crevette." Se rappela-t-elle et elle raffermit son emprise sur le petit tube en métal.  

- "Tu l'as fait fuire exprès, sale conne !" grogna un des deux qui ne pleuraient pas comme un bébé, en avançant vers elle, un sourire vainqueur aux lèvres.  

 

Il inclina un peu la tête sur côté en prononçant :  

- "T'es jalouse peut-être ? Tu veux qu'on s'occupe aussi de toi ? Mais pas de problème, ma poulette, je vais très bien m'occuper de toi ! On va tous très bien s'occuper de toi ..."  

 

Il avança encore, défaisant la boucle de sa ceinture. Jade sentit la terreur grandir en elle. Son cœur se serra ainsi que sa gorge, l'empêchant de respirer correctement. Elle n'avait qu'une seule envie : fuir ... mais c'était impossible. C'est alors que la voix grave et chaude de Mick résonna dans son crâne :  

- "Canalise tes émotions, Crevette !"  

 

Combien de fois lui avait-il répété ça lors de leurs séances d'entraînement en self-defense, seule condition maternelle non négociable pour obtenir l'autorisation d'aller seule au cinéma avec des copines.  

 

Combien de fois avait-elle entendu : "Canalise tes émotions, Crevette !" ?  

- "Des centaines de fois ..." songea-t-elle en respirant profondément : "Canalise tes émotions : la peur, la colère, la frustration, la jubilation, le sentiment de puissance, la certitude d'avoir gagné ... Toutes. Canalise toutes tes émotions et analyse ton adversaire. Canalise et analyse. Canalise et analyse."  

- "Canalise et analyse." souffla-t-elle à mi-voix.  

 

Elle fit un pas vers sa gauche et attrapa un couvercle de poubelle, qu'elle brandit comme un bouclier, les menaçant de sa main droite de son spray au poivre. Elle ne reculerait pas. Elle ne se laisserait pas mettre littéralement dos au mur. Il lui restait un espace d'environ un mètre cinquante avant de toucher les briques derrière elle et elle en aurait besoin pour bouger correctement.  

 

Pour se défendre. Pour se battre.  

 

Jade écarta un peu les jambes pour ancrer son équilibre dans le sol, elle fléchit légèrement les genoux, raffermit sa prise sur ses armes et se tint prête au combat, du défi plein les yeux.  

 

 

 

 


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