Chapitre 3 :: Une si belle journée pourtant...

Publiée: 28-12-05 - Mise à jour: 28-12-05

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Il fait si sombre, ils ont si mal.  

-Doc...  

*-*-*-*-*-*-*  

C'était une belle journée ensoleillée. Pas l'ombre d'un nuage ne guettait l'horizon. A part les quelques bruits de détonations, les bruits sourds des canons et les quelques malheureux cris par-ci, par-là, la journée pouvait être considérée comme parfaite pour les hommes de Kaïbara. Ceux-ci, pour la première fois depuis des années, ne s'étaient pas battus de la journée. Aucune attaque contre leur camp. Aucune attaque contre l'un des hommes. De ce fait, certains jouaient aux cartes et d'autres écrivaient des lettres pour leur famille les attendant dans différents pays.  

De leur côté, les deux mascottes de la troupe aidaient Doc à ranger le fouillis dans sa tente. Ryô était devenu un beau jeune homme. Il avait maintenant à peu près quinze ans et était le numéro un niveau de combat rapproché, de tir et d'embuscade. Une très grande force se dégageait de lui. Plus les années passaient et plus Ryô avait surpris son monde. L'élève avait dépassé le maître et son père en était très fier. Pour le féliciter de cela, il lui avait offert une toute nouvelle tente ainsi qu'une nuit avec la plus belle des femmes qu'il avait trouvé pour l'inaugurer. Bien évidement, Ryô avait accepté la tente mais pas la femme. Pourtant, celle-ci, étant payée pour la nuit, avait insisté auprès du jeune adolescent de la laisser faire son travail. Ryô avait finalement accepté et c'est ainsi qu'il connu pour la première fois l'amour physique.  

Du côté de Kaori, elle grandissait et continuait à apprendre à une vitesse folle. Elle était devenue maître dans l'art de donner des soins et de poser des pièges. Kaori était aussi très forte pour le maniement de la massue, qu'elle utilisait maintenant de façon récurrente. C'était devenue une véritable petite infirmière, doublée d'un petit soldat. Kaori n'avait pourtant que dix ans. De plus, elle avait un sens de la répartie très développée, dû au fait qu'elle ait été élevée et entourée sans cesse par les hommes du clan. La seule femme qu'elle ait vu, était celle que Kaibara avait offert à son ami.  

Depuis le début de l'adolescence et les changements qu'avait subi Ryô, Kaori et Ryô ne dormaient plus dans la même tente et ne se parlaient qu'en de rares occasions. Ils étaient toujours aussi liés, et se comprenaient d'un seul battement de cils, mais leur rapport avait énormément changé.  

La tente rangée, Ryô et Kaori se dirigèrent ensemble chez Kaibara. Cette si belle journée était maintenant presque terminée. La lune montrait le bout de son nez et la nuit allait bientôt pointer son museau de noirceur sur la jungle et le camp.  

Ils ouvrirent la tente et furent accueillis par un Shin heureux, un verre d'alcool à la main. Il dit à sa protégée et à son fils de s'asseoir et leurs proposa un verre. Les enfants ne comprenaient pas pourquoi tout cet enthousiasme, mais ne refusèrent pas le verre, si gentiment donné par le commandant du camp.  

Tout en buvant le délicieux breuvage, Shin leurs annonça:  

-Nos éclaireurs ont repéré une troupe qui appartient au régiment gouvernemental. Mais vu que ce soir j'ai envie d'être clément, nous n'irons pas les chasser de notre terre et nous les laisserons vivre ici. Sûr ce, je vous dis bonne nuit à tous les deux, dit-il, en insistant sur le "bonne nuit" de la phrase.  

A ce moment là, Shin avait un drôle de sourire que les deux enfants ne lui connaissaient pas.  

*-*-*-*-*-*-*  

Il faisait sombre. La nuit était entrée dans le camp et le sommeil avait pris possession des mercenaires. Pourtant, un seul d'entre eux ne dormait pas. En effet, après quelques minutes passées on ne savait où, il regagna sa tente, un sourire carnassier aux lèvres.  

Soudain, l'homme à peine rentré dans sa tente, de longs gémissements se firent entendre et deux formes sortirent, chacune, de deux tentes différentes. Ils se dirigèrent vers celle de l'homme mystérieux. Là, ils reçurent des ordres et se dirigèrent hors du camp, vers la troupe gouvernementale...  

Ils arrivèrent tels des félins et se mirent en position d'attaque, près à fondre sur ce peuple qu'ils considéraient comme ennemis. Doucement, tels des chats, ils s'approchèrent de plus en plus et, comme des lions affamés, ils bondirent sur ces malheureux. Ceux-ci ne savaient pas d'où venait l'attaque. Que se passait-il? Qui étaient ceux qui les attaquaient? Etaient-ils des hommes? Des animaux? Des monstres? Des créatures maléfiques? Ou des Dieux en colère? Leurs fureurs étaient telles que les hommes n'avaient pas le temps de répondre à leur propre question, qu'ils avaient déjà trouvé la mort dans des circonstances plus qu'horribles: hommes démembrés, hommes égorgés, hommes saignés... C'était comme une débauche d'horreur, qu'on se demandait si ce n'était pas l'apocalypse qui était en train d'arriver sous la forme de ces deux petits humains. Ils étaient tellement puissants, que derrière leurs passage, un carnage s'étendait.  

Les quelques hommes encore vivants, essayaient de résister mais rien ne tuait ces créatures démoniaques. Et la marche macabre continuait jusqu'à son apothéose, plus personne ne vivait ici. Un tas de cadavres, des mains arrachées, des pieds explosés, des têtes déracinées jonchaient ici et là le parterre de l'ancien camp du gouvernement. Après un dernier combat entre les deux créatures et un homme de taille gigantesque, plus aucun bruit ne parvenait aux oreilles du seul survivant laissé par les monstres. Celui-ci faisait le mort en attendant d'être sûr que ces deux supos de satan ne reviendraient plus. Une fois certain, il se leva. Il était gravement blessé aux yeux et risquait de perdre la vue de part ce coup de poignard bien donné, mais il ne fit pas attention à sa blessure, ni à la douleur qu'elle engendrait. Tout ce qu'il voyait était une fosse commune à ciel ouvert. L'enfer s'était ouvert sous son camp et ses hommes en avaient payé le prix. Plus aucune âme ne vivait dans ce, désormais, ancien village des troupes gouvernementales. Il reprit ses esprits, prit la première jeep à disposition et s'en alla, après avoir enterré tous les cadavres.  

*-*-*-*-*-*-*  

Deux ombres pénétrèrent dans le camp, tels des zombies réincarnés: le corps et le visage sanglants, les muscles tendus à l'extrème et les yeux injectés de sang.  

Les hommes, que de forts cris de terreur et d'effroi avaient réveillés, virent ces deux êtres, qui ressemblaient autrefois à des enfants, se rendre dans la tente du maître des lieux.  

De cette vision, les mercenaires comprirent ce qui venait de se passer. Après cela, il commençait à se former un petit groupe afin de décider la sentence à engendrer envers ces monstres, leur maître n'y faisant pas abstraction.  

Pourtant, un de ces hommes ne s'était pas joint au conciliabule. Lui, il savait vraiment ce qu'il s'était passé et était peiné de voir dans quelle horreur la guerre avait entraîné un homme. Doc avait tout fait pour éviter ça, mais désormais le mal était fait. Ce soir, le sort de deux vies étaient en jeu à cause d'une personne. Chez cet homme, la folie avait pris place sur la raison, la destruction sur l'esprit et le pouvoir de la folie sur l'âme. Cet homme avait fait de simples enfants, entrainés à la guerre, des machines à tuer. Il en avait fait des cobayes de la drogue. Sa drogue. Un démon au nom de paradis. Le PCP. La poussière d'Ange. 

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