Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG - Prose

 

Auteur: paty

Beta-reader(s): KitHAWKE

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 2 chapitres

Publiée: 08-11-09

Mise à jour: 23-02-10

 

Commentaires: 27 reviews

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Romance

 

Résumé: Deux ans après l'épisode de Cendrillon Kaori rencontre un homme aux allures familières mais pourtant bien étranges...

 

Disclaimer: Les personnages de "Dis-moi qui tu es, je te dirais qui je suis..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Comment faire pour mettre une image dans une fanfiction?

 

C’est simple. Pour illustrer votre texte, il suffit de m’envoyer les images en question et de me dire où elles devraient se situer dans le texte. Je m’occupe du reste. Il faut vous connecter et utiliser le même email que celui que vous m’avez donné en vous inscrivant.

 

 

   Fanfiction :: Dis-moi qui tu es, je te dirai qui je suis...

 

Chapitre 2 :: Saisir l'insaisissable

Publiée: 23-02-10 - Mise à jour: 23-02-10

Commentaires: Bonjour à tous! Voici la suite de ce two shot. Avec cette Saint Valentin, je vous laisse aller aux rêveries les plus folles, à ce romantisme de conte de fées ...Bref, si ce chap vous laisse un goût de reviens-y, il y a une suite entamée sur le forum XYZ, que je ne posterais pas ici, n'ayant l'accès au NC-17. A vous de juger quelle version vous souhaitez de cette fic!^^Bonne lecture!

 


Chapitre: 1 2


 

Kaori et son cavalier quittèrent le karting en silence. Tout était confus dans la tête de la nettoyeuse. Elle sortait avec Ryô, elle était persuadée que c’était réellement lui et lui savait que c’était elle. Forcément ! Puisqu'elle ne se cachait pas sous un masque. Alors pourquoi ne pas lui dire la vérité et tomber son masque, lui aussi ? Pourquoi jouait-il avec elle sous une fausse identité ? Croyait-il vraiment la duper aussi facilement ? La prenait-il vraiment pour la dernière des idiotes ? Cela faisait si longtemps qu’ils se connaissaient; il devrait savoir qu’elle le reconnaîtrait entre mille.  

Certes, elle était naïve, elle le savait. Nombreuses sont les fois où Ryô lui avait fait remarquer qu’elle voyait le bien un peu partout et que dans leur job, c’était à éviter car c’était les agneaux les plus cruels le plus souvent. Mais là, il n’y avait aucune raison de se méfier. C’était lui et elle ! Le contexte était différent. Alors pourquoi se comportait-il avec elle comme s’ils ne se connaissaient pas ?  

 

Au final, elle était prise entre deux feux: celui de passer une nouvelle soirée de rêves auprès de celui qu’elle a toujours aimé mais aussi celui de rester sur ses gardes de peur de souffrir une nouvelle fois lorsqu’il se déciderait à s’expliquer sur cette mascarade.  

C’était un comble. Cette fois-ci, c’était lui qui cachait son identité et elle se sentait toujours aussi mal que lorsque c’était elle qui avait revêtu le costume de Cendrillon. La dernière fois, elle était gênée car elle ne pouvait être «elle», Kaori. Cette fois-ci elle avait tout le luxe de profiter de cet instant magique car elle n’avait pas de perruque et elle jouissait de pouvoir être enfin ce qu’elle est, mais pourtant elle avait toujours ce malaise. Le malaise de ne pouvoir être vraiment avec Ryô. C’était lui, mais il le lui cachait. Tout ce qu’elle voulait, c’est qu’ils soient ensemble, mais sans secrets, pouvoir parler sans détour. Juste lui et elle. Pas deux autres personnes; juste eux.  

 

Ryoichi lui attrapa la main et lui sourit. C’était une main chaude, grande. Une poigne virile qui vous dit que quoiqu’il arrive, cette main sera toujours là. Une main si protectrice que le seul réflexe qu’on pourrait avoir en la sentant vous encercler, serait de fermer les yeux et de savourer cette chaleur vous envahir si peu commune.  

Kaori regarda cette main. Ryô ne lui attrapait que rarement sa main. En général, c’était pour fuir ensemble quelque chose, un ennemi, une explosion, la colère d’Umibozu d'avoir saccager son café avec ses massues à cause de sa libido exacerbé. Cette fois-ci, sa main la serrait de façon plus tendre, moins abrupte. Kaori la serrait comme si elle voulait rester coller à elle. La jeune femme écarta instinctivement les doigts, comme le ferait une cavalière voulant les grâces de son cavalier. Ryoichi répondit à cet appel en glissant ses doigts entre les siens, comme si tout allait de soi. Il la regarda et lui dit:  

 

- On continue ?  

 

Kaori hocha de la tête affirmativement, prête à avancer dans cette soirée qu’elle sentait déjà douloureuse pour son cœur. Elle savait qu’il était le roi de l’esquive, que pour ce qui était de sa vie privée, Ryô était aussi silencieux qu’énigmatique. Que pouvait-elle attendre de cette soirée ?… Pourtant, rien que de lui serrer la main, elle avait des papillons dans le ventre. Elle adorait cette impression d'être en sa possession. Cette main lui accaparant sa main, son corps, son cœur. Un simple geste mais tellement de bien en soi.  

Ryoichi la tira alors vers une nouvelle attraction.  

 

- Que diriez-vous si je vous proposais cette attraction-ci ?  

 

Il lui montra du doigt un grand bâtiment aux lumières bleues, principalement du aux néons qui l’ornaient.  

 

-Le palais des glaces ? Je vous dirais : «Pourquoi pas ?!», fit la nettoyeuse intriguée. Tant que ce n’est pas le manoir hanté. J’ai horreur des monstres et autres trucs grouillants dans l’ombre.  

 

-Ne vous inquiétez pas Princesse, je vous protégerais de ma vie !, répondit d’une voix ferme Ryoichi tout en se redressant et en tapant son poing sur le torse, comme s’il en faisait le serment sur l’honneur.  

 

Kaori se mit à rire tandis qu’elle avança vers le gérant de l’attraction. L’homme paya les deux entrées et se mit à lui dire :  

 

-Le dernier sorti du palais a un gage !  

 

Et il se mit à courir vers l'intérieur. Kaori sentit l'air froid lui parcourir sa main qui venait de perdre sa moitié. Elle le regarda s'éloigner et sourit à l'idée qu'il veuille jouer avec elle. Son cœur battait si fort dans sa poitrine. Elle était avec l'homme qu'elle rêvait d'avoir comme petit ami. Il n'était pas celui avec qui elle vivait. Il était celui qu'il serait s'ils étaient ensemble...Ensemble....  

 

Elle entra dans la bâtisse bercée par une atmosphère bleutée, voir glaciale, un peu comme si elle vivait au Pôle nord. Des glaces et des vitres se tenaient droites, un peu partout et une fumée grise s'échappait de temps à autres pour rendre cette attraction plus confuse, plus chaotique.  

Kaori avança doucement. Elle ne voyait pas Ryoichi mais sentait sa présence non loin. Les glaces renvoyant son reflet de part et d'autre lui faisait monter une certaine angoisse en elle. Il y avait tellement de Kaori qu'elle ne savait plus si elle était bien la vraie ! Les miroirs étaient pour certains difformes. Un coup elle était petite, un coup géante, puis ondulée.... Mais l'un des miroirs attira davantage son attention. Elle se mit de profil puis sourit. Ce reflet lui donnait une poitrine généreuse, une poitrine que les femmes envieraient sans problème. Elle se redressa et renforça la courbe de ses seins sur son reflet. Si Ryô voyait ça, il ne pourrait plus affirmer qu'elle est un travelo.  

Plus elle se regardait avec ses petits détails nouveaux sur elle, plus ce qu'elle voyait d'elle finalement lui déplaisait. Ce n'était pas elle. Elle n'était pas Saeko, ni une bimbo refaite à coup de silicone. Elle était juste Kaori.... Un soupir s'échappa de ses narines; elle resterait ce travelo quoiqu'il arrive. Elle resterait Kaori, la partenaire de City Hunter et rien de plus.  

 

Perdue dans cette contemplation grotesque d'elle-même, elle ne sentit pas une présence derrière elle qui l'encercla aussitôt de ses deux bras. Ryoichi posa sa tête sur son épaule, serra sa cavalière dans ses bras et contempla son reflet refait au niveau de la poitrine.  

 

-Je trouve qu'il y en a un peu trop. Je préfère ma princesse ainsi, sans défaut..., lui dit-il en alternant un coup d'œil sur la glace et un autre en direction de la vraie poitrine de Kaori.  

 

Kaori écarquilla les yeux. Elle se voyait avec Ryoichi dans le miroir, l'enlaçant tendrement et n'osait imaginer que ce reflet était une image de la réalité. Il la tenait tendrement et venait de lui dire le plus beau compliment qu'une femme pouvait espérer. Il l'aimait telle qu'elle. Il préférait sa poitrine à celle de Saeko, lui d'ordinaire si enclin à tâter du bout des doigts ce qui ressemble plus à un ballon qu'à une poire ! Elle dévisagea son cavalier à travers le reflet de la vitre déformante puis finalement se mit à rougir devant son regard si insistant et l'effet du compliment. C'était tout elle de rougir pour trois fois rien... en fait, non, il n'y avait rien d'anodin à rougir d'être heureuse que l'homme qu'elle aime lui ai dit une chose aussi rassurante que attendue si désespérément...  

 

Ryoichi se mit à sourire en voyant la confusion de sa cavalière. Il ne saurait dire si c'est le fait de l'avoir surprise en flagrant délit de complexe sur sa poitrine ou si c'est son compliment qui la troubla mais il aimait cet air un peu paniquée sur son visage. Elle ne se maîtrisait plus et se dévoiler ainsi sous un autre jour.  

 

Il se détacha alors à regret d'elle. Puis lui souffla :  

 

-Je pense que je vais gagner ce pari si ça continue !  

 

Et il reprit les devants, laissant une Kaori pantoise, ne pouvant bouger son regard de ce reflet à présent bien fade maintenant qu'il ne la serrait plus dans ses bras. Ce fut une projection de fumée blanche qui la fit sursauter tout en la sortant de sa torpeur. Un nouveau sourire se dessina sur son visage. Elle comptait bien gagner ce pari et lui donner un gage dont il se rappellerait ! Elle avança donc dans ce dédale de glaces transparentes. Malheureusement chaque vitre était bien nettoyée et ne laissait aucune marque visible indiquant leur présence. C'est alors que Kaori se rappela d'un film où des personnes étaient enfermées dans un labyrinthe. Il fallait toujours laisser sa main gauche toucher le bord et cela la mènerait vers la sortie. Elle posa alors sa main sur la première vitre et avança, une main sur sa gauche et l'autre devant elle, au cas où. Ses pas la firent considérablement avancer dans le palais.. Jusqu'à ce qu'elle se retrouve dans un cul de sac. Elle baissa sa main gauche, forcée de constater que cette théorie de la main gauche était du pipeau et qu'elle devait rebrousser chemin. Elle pesta intérieurement d'avoir si peu de chance. Elle était sur le point de donner un coup de pied sur l'une des vitres et c'est là qu'elle le vit à nouveau.  

 

Ryoichi était devant elle, cherchant à tâtons une sortie. Ce dernier sentit sa présence et se retourna. Il lui sourit et leva sa main pour lui faire un coucou joyeux avant de s'avancer vers elle. Son entrain était tel qu'il ne vit pas une vitre postée juste devant eux et sa tête alla la percuter négligemment. La vitre trembla tant le choc fut considérable. Il recula alors sous l'impact, portant ses mains sur le front et le nez endolori tandis que la jeune femme éclata de rire. C'était plus fort qu'elle. Elle revoyait la scène au ralentit dans sa tête.  

Lui fonçant vers elle, le sourire ravi et puis le « BONNGGG! » qui suivit. C'était un drôle de bruit d'ailleurs. On aurait presque pu se demander ce qu'il avait dans la tête pour que l'impact provoque un tel bruit. A cette idée, elle se remit à rire de plus belle, se tenant même le ventre tellement elle n'en pouvait plus. Ryoichi fit une grimace boudeuse devant le peu de compassion de sa cavalière, mais finalement sourit en la voyant rire à gorge déployée. Elle semblait si heureuse à cet instant.  

 

Kaori jeta un coup d'œil entre deux gloussements vers son partenaire tandis qu’une petite larme brillait au coin de l'œil mais son fou rire réapparut bien vite quand elle vit la grosse marque rouge sur son front, enflant maintenant légèrement. Une libellule tomba sur la tête de Ryoichi qui venait vraiment de perdre de sa superbe avec cet «accident». Il se frotta encore une fois le front pour voir s'il ne saignait pas. Kaori cessa alors son fou rire pour s'enquérir de l'état de son ami, afin de vérifier les dommages causés par ce violent impact . Elle s'approcha de la vitre et posa ses deux mains dessus.  

 

-Ça va ? Pas trop mal ?  

 

-Bah un peu quand même ! Satanée vitre ! Elle n’a même pas flanchée sous l’impact ! Je n’en reviens pas ! Pourtant j'ai la tête dure ! Pour le héros brisant la vitre afin de retrouver sa princesse, on repassera, je crois !  

 

Kaori lui offrit un regard compatissant. Il s'approcha alors un peu plus de la vitre et colla son front endolori dessus. Cette façon dont il se rapprocha de la vitre fit l'effet d'un électrochoc chez la nettoyeuse, comme si tout était si familier.  

 

Le froid de la vitre soulagea son mal de tête. Ryoichi se mit à sourire et posa ses mains au même endroit que celles de Kaori. Son souffle alla former une buée sur la vitre tant il était collé.  

Kaori passa d'un état d'euphorie à un nouvel état de trouble. Cette scène, aussi anodine soit-elle pour d'autres avait pourtant bien un sens pour elle. Le faisait-il exprès ? S'en souvenait-il ? Avait-elle aussi percuté son esprit ? La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés ainsi, c'était dans le bateau de Kaïbara et depuis... depuis plus rien malheureusement, à part ce baiser à moitié réalisé à travers une vitre. Et aujourd'hui, ils rejouaient la même scène, avec toujours cette vitre entre eux d'eux. Bien sûr, il n'y avait pas le bateau, ni l'état d'urgence mais ils se retrouvaient encore dans la même situation. Que devait-elle faire ou dire ? Qu'attendait-il d’elle ? Qu'elle repose ses lèvres sur cette vitre ?  

 

Machinalement elle se rapprocha encore plus de la vitre, comme pour tenter de le sentir un peu plus. Le bout de ses pieds toucha la surface transparente. La jeune femme posa également son front au point d'impact où celui de Ryoichi se trouvait. Son cavalier sourit face à ce rapprochement plus intime. Il regarda ses mains collées sur la vitre et du bout des doigts tenta de caresser celles qui lui faisaient reflet. Kaori le regarda faire à la fois surprise qu'il se lâche ainsi et paniquée par ce nouveau geste si exclusif pour son pauvre cœur. Ryô lui montrait des signes d'affection qui n'étaient pas dans ses habitudes.  

Le doute la parcourra encore une fois. Était-ce encore une coïncidence ? Était-ce vraiment Ryo ? Elle regarda à nouveau le visage de son cavalier qui la fixa encore une fois intensément. Elle ne voyait pas d'autres personnes que lui sous les yeux. Il lui ressemblait tellement. Comment en être sûr ? Il devait avoir une raison pour ne pas lui dire ? Mais pourquoi ?  

 

Elle devait gagner ce pari ! Son gage était tout trouvé : lui faire avouer son secret ! Elle décida de reprendre contenance et lui déclara alors, pour sortir de ce malaise qui la pourchassait :  

 

-Crois-tu que je vais te retrouver à la sortie ? Tu sembles un peu perdu ?!!  

 

Elle sourit face à la surprise qui résulta du visage de son ami. Elle comprit tout de suite pourquoi ! Elle venait de le tutoyer ! Quelle idiote elle était ! Comme si c'était une personne familière, comme s'ils se connaissaient de longue date. Elle rougit alors, honteuse de s'être faite avoir par ses habitudes concernant sa façon directe de parler à Ryô. Ryoichi ne s'en offusqua pas. Il lui répondit même :  

 

-Tu ne sembles pas non plus en excellente posture pour gagner ce pari. Tu es encore loin de la sortie.  

 

Ravie de la nouvelle tournure que prenait leur conversation, Kaori se sentit plus à l'aise et osa jouer davantage.  

 

-Crois-tu ? Mmmh ! J'ai de la ressource quand il s'agit de gagner! Et puis, il est hors de question que je réponde à un gage, lui dit-elle taquine.  

 

-Et moi il est hors de question que je perde ma Cendrillon ! Je la retrouverais coûte que coûte !  

 

Et voilà ! Le cœur de Kaori venait à nouveau de s'emballer. Il l'avait appelé Cendrillon. Pas Blanche Neige ou princesse, pas Kaori ou ma cavalière. Il avait dit Cendrillon. Ce mot sortant de sa bouche... Ce ne pouvait être une coïncidence. Ce ne pouvait ne pas être lui. Cette phrase coupa tout élan à Kaori qui était à l'instant d'avant d'humeur espiègle. Un flot d'images et d'émotions prit part dans son esprit, ce qui se traduit par un vacillement de ses pupilles. Bientôt la buée de leurs deux respirations vinrent se plaquer sur la vitre. Kaori fit un pas en arrière, emportée par son trouble. Elle ne savait plus. Était-ce lui ou pas ? Était-il sincère ou pas ? Pourtant Ryoichi ne la quitta pas des yeux et lui dit :  

 

-Attends-moi, j'arrive!  

 

Kaori n'osa lui dire quoique ce soit alors qu'il tourna les talons pour trouver le bon chemin. C'est un nouveau « BOONNG » qui la sortit une nouvelle fois de sa réflexion. Un petit rire étouffé partit de sa bouche, se doutant qui en était la cause.  

 

Elle repartit alors cherchant la sortie. Les minutes passèrent, chacun les mains devant eux pour avancer dans ce dédale. Bientôt ils se retrouvèrent l'un face à l'autre et la sortie à deux mètres devant eux. Tout deux se toisèrent du regard avec un petit air rusé. L'enjeu était très important. Il fallait gagner coûte que coûte pour obtenir de l'autre l'exécution de son souhait. Ryoichi soupira tandis que Kaori lui lança un sourire plein de défi. L'heure de vérité avait sonné. Ryoichi ferma les yeux un instant tandis que Kaori réfléchit à la meilleure façon de le battre. Il les rouvrit doucement et croisa à nouveau ceux de Kaori.  

Quand soudain, tous deux se précipitèrent vers la sortie. Chacun se mit à courir jusqu'au tournant menant vers l'escalier de sortie sur la droite pour l'un, sur la gauche pour l'autre. Ils se tamponnèrent alors avec un grand coup d'épaule pour pouvoir passer dans le virage. Kaori, pleine d'imagination, donna un petit coup de coude dans les côtes de Ryoichi qui lâcha un petit cri de douleur. Mais ce fut sans compter sur ses réflexes. Alors qu'elle passa devant lui prête à franchir la première marche de l'escalier, Ryoichi l'attrapa par la taille, lui faisant faire un demi-tour sur lui-même tandis qu'elle se débattait comme un diable, lui dit en la déposant :  

 

-Je t'avais dit que je te retrouverais, mais le gentleman que je suis ne peut te laisser gagner.  

 

Et il sauta les trois quatre marches de l'escalier et franchit la sortie sous le regard à la fois déçue et agacée de Kaori. Elle resta un instant en haut de l'escalier, les bras crispés le long de son corps, tant elle se maudissait de s'être faite avoir de la sorte. Ryoichi se tourna et posa son pied sur la première marche de l'escalier. Il tendit sa main tout en s'étirant vers elle et lui dit:  

 

-Si ma Cendrillon veut bien se donner la peine, je me ferais un plaisir de l'aider à descendre les marches de son palais. Il ne peut y avoir d'autres raisons à ne pas laisser passer en premier une femme !  

 

Kaori resta stupéfaite. Il venait de se comporter comme un malotru en ne lui cédant pas la place et pourtant, son action, il venait de la justifier en l'aidant à descendre ces marches par un acte des plus courtois. Elle fit un pas en avant tout en lui tendant la main. Elle aurait pu le snober, lui montrer son mécontentement d'avoir perdu, pourtant elle commençait à croire qu'elle était vraiment une princesse ce soir à ses côtés.  

Ryoichi lui attrapa la main et y déposa un baiser léger sur le dessus, en parfait cavalier de soirée. Kaori se mit à rougir, peu habituée à de telles attentions venant d'un homme. Même dans ses rêves les plus fous, elle n'aurait pu imaginer tant de prévenance et de gentillesse de sa part. C'était comme si en une soirée, il effaçait toutes ces années de moqueries et d'indifférence à son égard. Elle descendit la seconde marche dans cet état second. C'est alors qu'elle le vit l'attraper par la taille et la porter jusqu'à lui. Il la posa doucement devant lui et rapprocha son visage de son oreille.  

 

-J'ai beaucoup aimé cette attraction ! Pas toi ?  

 

La nettoyeuse pouvait sentir l'effluve de son parfum lui traverser les narines. Elle avait l'impression de flotter, comme si elle vivait les choses en dehors d'elle-même. Elle n'arrivait même plus à dire quoique ce soit. C'est pourquoi la jeune femme n'eut d'autres choix que de hocher la tête affirmativement.  

Ryoichi sourit et lui attrapa la main.  

 

-Viens! J'ai une idée...  

 

Kaori n'objecta en rien les propos de son cavalier. Elle le suivit tel un automate.  

 

-Après toutes ces émotions, je te propose quelque chose de plus tranquille.  

 

Et il lui montra la plus romantique des attractions : la grande roue. Elle était connue sur Tokyo pour être l'un des points les plus beaux de la capitale. Elle surplombait la baie de Tokyo, offrant un point de vue magnifique sur le port et les lumières des immeubles des quartiers.  

Elle était composée de petites nacelles fermées, ornées d'arabesques de couleurs pastelles, illuminées par des petits lampions accrochées à leur bord et offrant une lumière tamisée. Tout inspirait le calme et la communion avec la nature.  

 

Ryoichi paya les deux entrées et lui ouvrit la porte d'une des nacelles. Kaori était passée déjà à l'état d'écrevisse tant elle paniquait à l'idée de se retrouver seule avec lui dans cet espace contigu. Tout deux montèrent et regardèrent l'intérieur. Il y avait deux petits rebords de chaque côté pour permettre aux personnes de s'asseoir et regarder la vue par la fenêtre. D'instinct et aussi sans doute pour se rassurer, Kaori s'assit à l'opposé de Ryoichi. Les fenêtres de la nacelle étaient ouvertes, ce qui lui permettait de laisser une petite brise caresser son visage. Il fallait qu'elle calme cette sourde angoisse qui lui martelait son pauvre petit cœur. Tout ce cadre idyllique ne la confortait pas. Que comptait-il lui réserver encore comme surprises ? Plus la soirée avançait, plus elle sentait s'abandonner à ses rêves les plus fous avec lui, tout en sachant que ce rêve éveillé ne pouvait aboutir à quelque chose de sérieux. Un silence lourd envahit la nacelle. Kaori n'osait dire quoique ce soit, ni même jeter un regard vers l'homme qui se tenait face à elle. Si elle le regardait, elle ne savait comment cela finirait et elle en était morte de trouille à l'idée. Elle s'imaginait déjà les mains baladeuses, le baiser torride, la passion dévorante consumant son cœur. Bientôt le teint de son visage redevint écarlate.  

 

Ryoichi ne pouvait regarder ailleurs. Il ne voulait rien rater des expressions de son visage. Chaque grimace, chaque trait plissé lui reflétait ses émotions et lui permettait de deviner ce qu'elle pouvait penser de leur situation et donc de lui. Il voulait lire dans ses pensées. Savoir ce qu'elle souhaiterait, ce qu'elle aimerait qu'il fasse, ce qu'elle attend de lui. Sa posture assise, les genoux collés sur le côté, ses mains liées sur ses cuisses, son regard lointain, tout lui indiquait qu'elle était mal à l'aise, qu'elle voulait une certaine distance pour respirer, reprendre ses esprits. Malgré tout, il refusait d'en rester à ce simple jeu du chat et de la souris, à cette simple visite guidée. Il voulait tellement plus.  

 

Les jointures de la roue se mirent à grincer : elle démarrait enfin. Le démarrage du moteur eut l'espace d'un instant un côté salvateur pour Kaori qui ne supportait plus cet état statique, renforçant son malaise. Elle pouvait enfin trouver une excuse à son refus de le regarder en face; elle regardait les lumières de la ville. Ryoichi n'était certes pas dupe mais sourit. Il savait comment décoincer la situation. A travers la fenêtre, ils pouvaient voir le paysage changer lentement. Des lumières des baraques des forains, ils montèrent un peu plus haut pour voir celles des grandes attractions, puis celles du quartier, de la ville et enfin les étoiles.  

 

-Dis-moi Kaori, tu crois que tu peux voir ta maison d'ici ?  

 

Ryoichi amorça la conversation, ce qui surprit Kaori qui sentit que l'assaut contre son cœur allait commencer enfin. Cela commençait par des banalités et après... après qu'allait-il faire? Qu'allait-il lui dire ? Comment allait-elle réagir ?  

 

-Je ne sais pas.. Peut-être... Attends ! Laisse-moi me repérer !  

 

La jeune femme se leva légèrement pour passer sa tête par dessus la fenêtre afin d’étendre son champ de vision. Elle regarda à droite et à gauche, fixa un instant certaines lumières puis rentra sa tête à l'intérieur de la nacelle, l'air satisfait. Ryoichi pendant ce temps-là, eut le droit à la vision d'un joli postérieur le temps de quelques secondes avant d'avoir droit à un large sourire et une main lui indiquant un point sur l'horizon.  

 

-Ahh! Tu vois l'immeuble là-bas?  

 

A son tour l’homme se pencha un peu plus vers la fenêtre et donc plus près de Kaori.  

 

-Celui avec des balcons ?, lui dit-il en tentant de fixer un immeuble dans un quartier à deux kilomètres de là.  

 

-Oui.  

 

-Et avec une parabole sur le toit ?, dit-il en le montrant du doigt.  

 

-Oui.  

 

-Et des rideaux blancs ?  

 

Kaori hocha la tête avec un petit sourire.  

 

-C'est là que tu habites?, demanda Ryoichi sceptique.  

 

La jeune nettoyeuse sourit plus franchement avant de lui répondre :  

 

-Non pas du tout ! C'était juste pour te faire marcher !  

 

La tête de Ryoichi à cet instant fut à la hauteur des espoirs de Kaori qui se mit à rigoler à nouveau, tant il venait de passer pour le dernier des idiots. Ils étaient tout deux debout pendus par la fenêtre tout ça pour quoi ? Pour rien du tout.  

 

-Pourquoi devrais-je te dire où j'habite ! Après tout, qui me dit qui tu es quelqu'un de sérieux ? Qui me dit que je peux avoir confiance en toi ?  

 

Ryoichi se rassit sur le rebord de la nacelle, l'air sérieux.  

 

-Si tu doutes de moi, pourquoi continues-tu à me suivre ?  

 

Kaori le regarda un instant droit dans les yeux, toujours accoudée à la fenêtre de la nacelle, et finalement répondit:  

 

-Peut-être par curiosité! Ou par inconscience...  

 

Alors qu'un silence suivit cette réponse et que tout deux se fixaient intensément, la roue se stoppa brutalement, faisant basculer légèrement la nacelle alors qu'elle venait d'atteindre son point culminant. Kaori perdit l'équilibre, surprise par l'arrêt de la grande roue, et tomba sur les genoux de Ryoichi. La nacelle cessa son balancement. La jeune femme sentit la gêne l'envahir à nouveau, lorsqu'elle se rendit compte de la position dans laquelle elle se trouvait. Elle voulut se relever pour retrouver sa place initiale mais l’homme ne le vit pas de cet œil.  

 

-Non! Je t'en prie...Ne te lève pas!... Reste avec moi..., lui dit-il doucement. Reste près de moi.  

 

Bientôt il la regarda avec un regard si intense et doux qu'elle n'osa le contredire. A vrai dire, elle ne voulait pas vraiment s'éloigner de lui en y réfléchissant. Elle avait laissé parler sa timidité, mais son cœur, lui, lui disait de rester sur ses genoux.  

Voyant qu'elle n'arrivait à prendre une décision, Ryoichi passa ses bras autour de sa taille et la colla contre lui. Kaori se laissa emporter par ses bras puissants sans émettre la moindre protestation. Sa gorge ne pouvait émettre le moindre son, tant la surprise et la confusion occupées son esprit. Elle ne pouvait croire que Ryô veuille la garder contre lui. C'était impensable, inimaginable et pourtant, tellement incroyable. Elle pouvait sentir son torse puissant contre son dos lui réchauffer les épaules au point qu'elle se renfonça un peu plus contre lui, afin d'être le plus ancrée en lui. Ryoichi se sentit conforter dans son geste en observant la réaction de sa cavalière. Il la serra encore davantage contre lui et cala sa tête sur son épaule.  

 

-On est pas mieux ainsi ?, lui souffla-t-il à l'oreille doucement. Moi en tout cas, je n'échangerais ma place pour rien au monde.  

 

Kaori osa bouger légèrement sa tête vers son visage pour capter son regard, un regard si doux, si tendre et tellement serein. Elle savait que cette place, dans ses bras, était la meilleure place au monde. Même si le doute opprimait son cœur, même si son identité ne lui était toujours pas révéler à cent pour cent, elle voulait y croire, ne serait-ce que quelques minutes.  

 

Elle lui sourit et se cala plus confortablement encore contre lui. Sa tête se positionna dans le creux du cou de son cavalier d'un soir et tout deux observèrent la nuit étoilée en silence. Kaori pouvait sentir le souffle chaud de Ryoichi contre son oreille. Une respiration lente, tranquille, bienveillante, en adéquation avec le soulèvement de sa poitrine qui la berçait telle une enfant. Ce silence et leurs deux corps en parfaite coordination apaisait Kaori. Ryoichi put la sentir se décontracter toujours un peu plus dans ses bras. Il humait son parfum, se laissant happer par cette chaleur enivrante qui se dégageait de leurs deux corps.  

Il ferma les yeux un instant afin de graver ce moment merveilleux dans sa tête. Juste eux deux, le ciel étoilé et le silence.  

 

-J'ai tellement espéré ce moment...  

 

Kaori ne bougea pas. Tout d'abord cette phrase résonna dans sa tête comme une berceuse qu'elle avait toujours rêvé d'entendre. Puis, elle capta la réelle signification de ces mots et écarquilla soudainement les yeux. Il se dévoilait à elle encore une fois ou bien était-ce le fruit de son imagination ? Espérer quoi ? Cette soirée ? Ce tour en nacelle? Elle dans ses bras ?  

 

-Et.... il est à la hauteur de tes espoirs,... ce moment?..., lui chuchota-t-elle à la fois pendue à sa réponse et incrédule de tout ce qui se passait depuis deux heures.  

 

Un silence suivit cette demande. Kaori n'osait regarder Ryoichi. Elle fixait un point dans le ciel éclairé par une demi lune. Le silence grandissant de l’homme lui cisaillait un peu plus le cœur.  

Le doute s'empara encore d'elle, se demandant si elle avait été à la hauteur. Peut-être la testait-il pour voir si cela aurait pu fonctionner entre eux? Et voilà qu'elle venait d'échouer lamentablement. Comment allait-elle pouvoir vivre avec cet échec, brisant sa personne en morceaux ? Comment allait-elle pouvoir vivre avec lui, sachant que jamais rien ne serait possible entre eux après cet essai peu concluant à ses yeux ? Quelle idiote elle était ! A savoir cela, elle aurait agi différemment durant la soirée ! Comment ? Elle l'ignorait mais elle aurait tout fait pour passer le test haut la main.  

 

Ryoichi soupira. Il déglutit difficilement et se décida enfin à dire quelque chose. Kaori sentit son cœur se gonfler d'appréhension face à l'attente de sa réponse.  

 

-C'est...  

 

L’homme avait du mal à trouver ses mots. Il ne savait comment lui dire ce qu'il ressentait.  

Kaori ne pouvait en supporter davantage et se retourna, cherchant dans son regard un détail pouvant la rassurer. Ryoichi sentit la jeune femme se décoller de lui et eut l'impression de perdre plus que cet espace entre eux. Les yeux de Kaori eurent raison de son hésitation et Ryoichi posa sa main sur la joue de Kaori. Il approcha son visage du sien et finalement caressa du bout de son nez la joue rosie de Kaori. Il effleura de ses doigts les lèvres de sa belle de nuit et lui murmura d'une voix étranglée :  

 

-C'est sans doute le meilleur moment de ma vie.  

 

Kaori ferma les yeux. Elle se sentait prête à tout accepter de lui. Il venait de la délivrer, elle, la princesse prise dans la tourmente. Elle se laissa caresser la joue, le bout du nez, le menton. Ryoichi avait envie de ce contact tactile, peau contre peau. Il avait besoin de la sentir contre lui. Une soirée avait eut raison de toutes ses convictions. Une soirée où il avait vu la plus belle femme au monde et avait eu la chance de passer une soirée magnifique. Une soirée où il pouvait vivre autrement. Une soirée où tout le reste passait au second plan et où il faisait abstraction de ce qui l'entourait. Une soirée de conte de fées. Il voulait tant pouvoir répondre au désir qui saisissait son cœur.  

 

Kaori captait chaque geste, chaque mouvement. Les pores de sa peau étaient devenus sensibles à chaque frôlement, chaque effleurement. Elle entrouvrit la bouche, voulant sentir sur ses lèvres cette sensation si particulière que sont les lèvres de l'autre, les lèvres de son partenaire : Ryô. Ryoichi attrapa son menton du bout des doigts et le guida vers ses lèvres quémandeuses. Il pencha alors légèrement sa tête sur le côté, occultant complètement les lunettes qu'il portait sur son nez. Elles touchèrent le visage de Kaori qui ressentit une légère douleur et ouvrit les yeux. Ce picotement sur sa peau eut l'effet d'une douche froide sur elle, réalisant qu'elle était sur le point d'embrasser un homme dont elle ignorait tout. Elle le regarda un instant et vit sa moustache, son bouc, tout ces détails qui le différenciait de Ryô. Et si elle embrassait un homme autre que Ryô ? Si elle se trompait et qu'elle offrait ses lèvres à un inconnu ? Elle ne se le pardonnerait jamais !  

 

Kaori eut un geste de recul, qui surprit Ryoichi. La grande roue se remit subitement en route, perturbant une nouvelle fois leur équilibre. La nacelle se balança légèrement et entama sa descente. Kaori profita de cette confusion pour retrouver le rebord de la nacelle opposé à celui de Ryoichi. Tout deux se fixèrent un instant, tentant de comprendre leur situation et de mieux agir en conséquences. Pourtant l'évidence était là. Kaori se sentait coupable. Elle avait l'impression d'avoir commis une faute grave. Comme si elle avait commis un adultère.  

 

Ryoichi chercha une nouvelle fois une réponse à ce qui venait de se passer dans les attitudes de Kaori. Il la voyait perturbée mais ne savait que faire pour la tranquilliser. Peut-être avait-il été trop rapide, trop engageant avec elle ? Il tenta de se rapprocher d'elle mais la jeune femme lui fit de grands yeux tout en levant sa main en signe de défense. L’homme resta figée par ce retournement de situation. Elle ne voulait plus de lui.  

 

-Pardon... ,lui dit-il perdu. Pardon si je t'ai offusqué de quelques manières que ce soient.  

 

Kaori osa un regard en sa direction, les yeux brillants de tristesse. Sa culpabilité grandissait encore en voyant qu'elle faisait souffrir Ryoichi, en plus d'avoir failli tromper la confiance de Ryô. C'était idiot en soi de penser à un adultère alors qu'elle n'était pas avec Ryô, pourtant elle se sentait mal à l'aise soudainement. Elle s'était toujours dit qu'elle donnerait ses lèvres à Ryô et à personne d'autre. Et la voilà prête à les donner à un autre homme, lui ressemblant certes, mais un autre homme jusqu'à preuve du contraire. Il fallait qu'elle s'explique avec Ryoichi, lui dire pourquoi...  

 

-Ce n'est pas de ta faute..., commença-t-elle à lui dire, le regard baissé de peur d'affronter son regard plein de reproches. C'est de ma faute. C'est moi la seule coupable.  

 

-La seule coupable?, lui dit-il avec un petit sourire. Tu sais, je ne suis pas non plus  

totalement innocent dans l'histoire !  

 

Kaori esquissa un sourire, ce qui rassura un peu Ryoichi.  

 

-Je suis désolée..., lui dit Kaori d'une voix fragile. Je ne voulais pas te faire souffrir...  

 

La nacelle finit son escapade et s'arrêta enfin en bas de la grande roue, indiquant au couple qu'il était temps de sortir. Leurs regards se croisèrent et Ryoichi lui sourit, tout en faisant un geste de la main, lui laissant le passage en priorité. Kaori, sans en ajouter davantage sortit de la nacelle et fit quelques pas pour respirer un grand bol d'air frais. Elle avait l'impression de se sentir moins oppressée. Ryoichi la suivit en silence. Il avait un peu marre de cette ambiance de fêtes et voulait quitter les lieux.  

 

-Et si on marchait un peu?, lui proposa-t-il gentiment.  

 

Kaori opina du chef mais gardait ses yeux fixés sur ses chaussures. Ils prirent la sortie de la fête foraine et laissèrent leurs pas les guider vers le port. Kaori ne décrochait pas un mot. Elle ruminait dans sa tête toute cette soirée, ce côté absurde concernant ses doutes sur Ryoichi, et puis sa facilité à vouloir croire qu'il était Ryô. Elle se rabrouait intérieurement d'être si idiote. Elle aimait tellement son partenaire qu'elle venait même à fantasmer que cela pouvait être lui sous un déguisement. Elle se leurrait et en plus leurrait ce pauvre homme qui espérait certaines choses d'elle, qu'elle ne pouvait lui accorder.  

 

Elle jeta un coup d'œil vers lui. A sa grande surprise il la regardait fixement, comme s'il attendait un mot, une parole, un geste d'elle. Que pouvait-elle lui dire ? Qu'elle voulait savoir s'il était bien un autre ? C'était ridicule et il allait lui rire au nez, la prendre pour une folle et cela aurait été justifié. Pourtant elle sentit sa main si douce, si grande, si protectrice la saisir une nouvelle fois, comme pour la rassurer.  

 

-Ça va ? , lui dit-il d’un ton hésitant.  

 

Kaori lui sourit pour ne pas paraître à présent sauvage. Cependant elle ne lui répondit rien et regarda les bateaux amarrés sur le port. Elle regarda les lumières lointaines et écouta le clapotis de l'eau taper contre la coque des bateaux. Cette scène la fit sourire. Un sourire masquant l'ironie de sa situation. Il y a à peine quelques heures, elle se trouvait là, à espérer revivre sa soirée avec Ryô il y a deux ans. Et là voilà maintenant en train de revivre la même scène à quelques détails près. Elle avait passé une soirée si agréable qu'elle avait voulu y croire. Et pourtant, tout n'était qu'un songe... Les rêves d'une pauvre fille esseulée.  

Les cornes de brume se mirent à retentir au loin. Comme il y a deux ans, elles annonçaient la fin d'un rêve.  

 

-Il est minuit..., déclara calmement Ryoichi. L'heure pour ma Cendrillon de m'abandonner, je me trompe ?  

 

Kaori sourit. Cette soirée n'aura-t-elle été que coïncidences ? Il avait les mêmes mots que Ryô deux ans plus tôt.  

 

-Ce fut une magnifique soirée Ryoichi. Merci...  

 

-Dois-je attendre un «mais» après cette tirade ?  

 

Ryoichi avait senti que quelque chose s'était brisée lors du redémarrage de la grande roue. La fin d'un doux moment...  

 

Kaori le regarda fixement, les yeux brillants. Elle avait été heureuse l'espace de quelques heures avec lui mais toute bonne chose avait une fin.  

 

-On ne pourra se revoir, je suis désolée.  

 

Ryoichi soupira.  

 

-Une visite éclair dans une ville inconnue, avec une femme inconnue... Bah ! Je ne dois pas me plaindre !  

 

-Ma vie ne me permet pas d'envisager autre chose..., lui répondit-elle avec un ton nostalgique dans la voix.  

 

-Ta vie ? Est-elle si difficile que ça...?  

 

Kaori inclina légèrement sa tête, surprise de sa question. Oui, sa vie était faite de dangers. C'était son métier, c'était son choix, c'était ainsi.  

 

-...à moins que ce ne soit lui qui ne te permette d'envisager autre chose ?  

 

Kaori sentit un malaise la parcourir. Il venait de soulever une question épineuse. Il avait tapé dans le mille et elle le savait. C'était à cause de lui, tout était à cause de lui : Ryô. Il ne pouvait lui permettre d'envisager autre chose, de parce qu'ils vivaient une vie n'incluant pas des sentiments personnels pour une autre personne, mais aussi parce qu'elle ne pouvait envisager sa vie loin de lui. Quelque part, il l'avait enchaîné à lui involontairement en lui volant son cœur.  

Devant le regard insistant de Ryoichi, elle se mit à rougir d'être démasqué. Son sourire devant son attitude confuse força Kaori à démentir, comme à son habitude.  

 

-Il manquerait plus que ça ! Je vis avec lui, certes, mais ce n’est pas pour autant que je dois lui rendre des comptes !  

 

-Parfait ! , lui dit alors Ryoichi. Alors je peux espérer un baiser comme cadeau de départ.... C'est pour régler mon gage. Tu n'as pas oublié que tu me dois un gage !?  

 

Kaori se mit à rougir. Là, elle était vraiment coincée. Elle tenait toujours parole. Elle n'avait plus la nacelle pour la sauver et elle n'avait pas l'excuse de lui refuser ce gage. Elle vit alors un air presque innocent se dessiner sur le visage de son cavalier avant qu'il n'esquisse un petit sourire coquin mais emprunt d'un regard brillant de désir.  

Il en était tellement adorable. Elle s'approcha de lui et du bout des pieds s'éleva jusqu'à son visage. Ryoichi ferma les yeux et avança ses lèvres vers elle, jusqu'à ce qu'il les sente sur sa joue. Elle avait déposé un tendre baiser à la commissure de ses lèvres. Un baiser en demi-teinte, comme l’avait été cette soirée. Kaori se recula avant de lui sourire.  

 

Ryoichi lui rendit ce sourire, déçu dans un premier temps mais finalement heureux.  

 

-Du début à la fin, j'aurais eu une femme insaisissable à mes côtés ! J'ai pourtant essayé !  

 

Kaori se mit à rire devant le côté ironique de sa tirade. Lequel des deux était le plus insaisissable dans l’histoire ?  

 

-Désolée, lui dit-elle avec amertume, mais c'est le comble du Prince charmant ! Il ne vit qu'un songe d'une nuit avec sa Cendrillon.  

 

Elle lui sourit et recula de quelques pas le fixant avec tristesse. Puis elle se tourna et partit en courant, le vague à l'âme.  

Ryoichi la vit s'éloigner avec la tristesse de ne pouvoir être un être supérieur ayant la possibilité de rallonger le temps et de pouvoir poursuivre cette soirée à l'infini. Les cornes de brume sonnèrent une seconde fois. Ryoichi soupira une dernière fois et déclara, avant de tourner également les talons :  

 

-Minuit!... Il est temps de rentrer et de tomber le costume... 

 


Chapitre: 1 2


 

 

 

 

 

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