Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 1 chapitre

Publiée: 31-12-11

Mise à jour: 31-12-11

 

Commentaires: 10 reviews

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General

 

Résumé: Juste un cadeau… ce que l’on offre à quelqu’un pour le surprendre et lui faire plaisir sans rien attendre en retour.

 

Disclaimer: Les personnages de "JOYEUX NOËL" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: JOYEUX NOËL

 

Chapitre 1 :: JOYEUX NOËL

Publiée: 31-12-11 - Mise à jour: 01-02-12

Commentaires: JOYEUX NOËL... tout est dans le titre. Peut-être vous attendiez-vous à la suite de La Guerre des Anges mais il se trouve que ma chère et tendre Béta joue aux ravisseuses/ravissantes lol Mais dans sa grande bonté, elle a consenti à libérer cet OS. Merci Cris, encore une fois tu as été d'une aide et d'un avis précieux (^_^) Je dois vous prévenir que cet OS est assez long (une vingtaine de pages hihihi) mais il nous aurait été difficile de faire plus court et je ne me voyais pas le couper... et avant de vous souhaiter une bonne lecture, je voulais vous remercier, toutes et tous, lecteurs et auteurs, pour tous ces moments que l'on partage (^_^) Je vous souhaite un JOYEUX NOËL et une BELLE FIN D'ANNEE. A très vite l'année prochaine, BIIISOUUUSS (^_^)

 


Chapitre: 1


 

Dans quelques jours, une année encore allait s’écouler pour qu’une nouvelle puisse commencer. Le temps passait vite lorsque les balles ou autre menaces fusaient autour de vous alors chaque moment volé à la vie avait son importance. On portait un autre regard sur ce qui nous entourait quand demain pouvait ne pas exister.  

 

En cette fin d’année, une atmosphère douce et joyeuse s’était installée sur la ville de Tokyo et ses habitants. Les gens déambulaient dans les rues, impatients, emmitouflés dans de gros manteaux aux couleurs et motifs variés mais avec le même sourire rêveur et enjoué sur les lèvres. Les vitrines avaient revêtu leurs plus belles parures offertes aux yeux des promeneurs. Les rues étaient habillées de guirlandes qui scintillaient de milles couleurs le soir venu. A cette période de l’année, Tokyo n’était plus une grande ville où tous se bousculaient et se hâtaient sans se voir. Avec sa parure blanche et soyeuse qui la recouvrait, le temps semblait enfin avoir trouvé son rythme : chacun pensait à soi et aux autres, prenant le temps de vivre et de savourer cette trêve accordée pour les fêtes de fin d’année. Noël approchait. Tout n’était que joie à l’annonce des festivités.  

 

Assise à la fenêtre du salon, une tasse de chocolat chaud entre les mains, Kaori regardait, songeuse, le quartier s’animer lui aussi par cette euphorie grandissante. Cette période était sa préférée de l’année. C’était un bref moment pendant lequel le monde se faisait plus clément, où tout semblait possible même les rêves les plus fous.  

Kaori avait un rêve. Un rêve qu’elle voulait réaliser cette année afin de terminer celle-ci sur une note agréable qui effacerait tous « les aléas » de leur vie si peu commune. Elle était lasse de leurs batailles. Etre sans cesse sur le qui-vive. Ils avaient besoin d’une pause, d’un moment de bonheur, de se forger d’autres souvenirs empreints de joie loin des armes et du sang. Kaori n’avait pas de hautes ambitions à ce sujet, elle rêvait juste d’un vrai Noël en famille. Une belle table. Un bon repas. Une ambiance douce et chaleureuse. Et Lui. Le voir se détendre et profiter du moment présent. Pour cela fallait-il encore qu’elle trouve la force de convaincre la seule personne pour qui elle voulait réaliser ce rêve. Cela faisait des semaines qu’elle y pensait sans savoir comment aborder le sujet. Elle connaissait son aversion pour ces moments d’abandon et d’insouciance qu’il ne connaissait pas. A tout instant, il lui fallait rester concentré et surveiller ses arrières. Pour lui, Noël ne signifiait rien de particulier. C’était un jour comme un autre qui pouvait aussi lui amener son lot de douleur. Kaori souhaitait tellement lui prouver le contraire. Elle craignait donc son refus et ce qu’elle ne voulait surtout pas c’était de souffrir d’avantage. Mais elle devait oser. Elle voulait le faire pour lui mais aussi pour elle. Depuis le mariage de Miki et Falcon et cette déclaration de Ryô, qui n’en était pas vraiment une, rien n’avait vraiment évolué entre eux. Kaori refusait de lui forcer la main mais elle refusait aussi d’attendre qu’une nouvelle occasion se présente entre les tirs et la peur de mourir. Plus que tout, aujourd’hui elle ressentait le besoin d’avancer et de s’évader, de profiter tout simplement des petits moments de bonheur qui étaient à prendre. Et Noël était parfait pour ça.  

Ryô, le seul homme de ses pensées, était affalé sur le canapé, hilare, à regarder une quelconque rediffusion à la télé. Portant son regard sur cet homme à l’opposé de l’image du guerrier inébranlable qu’il pouvait montrer à ses ennemis, Kaori posa sa tasse sur la table pour venir s’asseoir sur le canapé, s’interposant entre lui et la télé :  

 

- Kaori t’es pas transparente ! Râla-t-il en cherchant un meilleur angle de vue sur l’écran.  

 

- Ryô… ? Commença-t-elle d’une petite voix en triturant ses doigts de nervosité.  

 

- Quoi ? Répondit-il toujours hypnotisé par ce qu’il tentait de regarder.  

 

- … tu as quelque chose de prévu pour Noël ? Se lança-t-elle.  

 

Une alarme vrilla dans sa tête. Jetant un bref coup d’œil sur la jeune femme, il remarqua les signes avant coureurs : sa posture hésitante, sa petite voix, l’anxiété dans ses mains qu’elle malmenait l’une contre l’autre. Elle allait lui demander un service. Il ne mit pas longtemps à faire le lien avec cette fête que sa partenaire affectionnait tant. Ryô se voyait déjà piégé à faire le clown, affublé d’un costume rouge trop large pour lui et d’une barbe blanche qui irriterait sa peau pendant des semaines, pour une bande de marmots hystériques. Rien de très sexy qui lui permettrait d’emballer qui que ce soit. Il devait la jouer fine s’il voulait y échapper. Il avait de biens meilleurs projets en tête.  

S’éclaircissant la gorge et prenant un air sérieux, Ryô s’adressa à Kaori d’un ton calme :  

 

- Tu me clames sans cesse qu’il faut être à l’écoute de son prochain et de ceux qui ont moins de chances que nous alors cette année j’ai décidé de suivre tes conseils. Je me suis engagé auprès d’une récente association qui vient en aide aux jeunes femmes défavorisées. Ce n’est rien d’extraordinaire, juste offrir de son temps et du soutien dans leurs démarches, un acte de bonté… tu peux être fière de moi ! Clama-t-il fièrement.  

 

Dans sa tête « la récente association » était le tout nouveau cabaret ouvert récemment : Le Papillon Blanc. « Les jeunes femmes défavorisées », de belles et sculpturales déesses très peu vêtues. « Offrir son temps et son soutien » signifiant que plus il les encouragerait à l’aide de beaux billets et de termes affectueux et plus ces demoiselles se déshabilleraient pour son plaisir. Un échange de bons procédés auquel Ryô ne renoncerait pas si facilement.  

 

- … oh je vois…, fit Kaori d’une voix qui ne cachait pas sa surprise et sa peine alors que son regard se voilait de déception.  

 

- Fais pas cette tête, c’est pour la bonne cause, argumenta-t-il en lui ébouriffant joyeusement les cheveux pour la sortir de cet état.  

 

- Non tu n’y es pas… je me réjouis que tu sois enfin plus « sociable et ouvert » aux autres seulement…  

 

- Seulement quoi ? Demanda Ryô quelque peu vexé qu’elle l’imagine si froid et distant alors que ce qu’il prévoyait demandait au contraire de la chaleur et le sens du contact même s’il ne pouvait ouvertement le lui dire.  

 

- … seulement, Miki et Falcon vont fêter leur premier Noël en tant que mari et femme… Mick et Kazue ont aussi des projets pour l’occasion… alors il ne restait que toi pour… arff, soupira-t-elle de dépit juste avant que son raisonnement intérieur ne lui souffle une idée : Où alors…, fit-elle avec un éclat dans les yeux que Ryô identifia horrifié.  

 

A son regard noisette brillant à l’idée qui venait de lui traverser l’esprit, Ryô su qu’elle avait trouvé une parade à son malheur. Cela n’augurait rien de bon pour le nettoyeur.  

 

- Où alors ?..., répéta-t-il soucieux de la réponse de sa partenaire.  

 

- Je pourrais t’accompagner à ton œuvre de charité. Fit-elle en se levant, enthousiasmée par cette idée. Il y a toujours besoin de mains en plus dans ces moments là, on n’est jamais trop nombreux à aider les autres…  

 

- QUOI ?! La coupa ahuri Ryô. Mais non… c’est… c’est…, cherchait-il vivement une excuse : c’est complet ! Lâcha-t-il en s’empêchant rageusement d’imaginer Kaori « venir en aide » à toutes ces danseuses de charmes car dans son esprit mal tourné cela ne ferait que l’émoustiller d’avantage et il devait rester concentré pour l’éloigner de cette idée saugrenue.  

 

- Comment ça « complet » ? Je suis sûre que si tu le demandes, les organisateurs accepteront une personne en plus pour leur cause… s’il te plaît, tu ne vas pas me laisser seule pour Noël… ? Le suppliait-elle de ses grands yeux remplis d’espoir.  

 

Il était cuit. Ryô ne pouvait pas avouer ses véritables intentions pour « ce gala de charité » qu’elle s’imaginait chaste et bon enfant et il ne pouvait absolument pas l’y emmener. L’une ou l’autre de ces options le mènerait forcément à un châtiment « Made in Kaori » qu’il n’était pas prêt d’oublier. Sa sentence serait terrible si elle découvrait la vérité et il était hors de question qu’il passe Noël ainsi. Ryô devait réfléchir et réfléchir vite. Une excuse, un compromis ferait l’affaire pour la satisfaire elle et lui sans heurts ni dommages.  

 

Devant le silence lourd de sens de son partenaire, Kaori sentit son sang se glacer et une peine incommensurable l’envahir. Elle ne lui demandait pourtant pas la lune mais apparemment c’était déjà trop lui demander. Comment osait-il être si abominable et monstrueux au point de l’abandonner pour les fêtes pour, à l’opposé, être présent et conciliant pour des étrangères ? Après tout ce qu’elle faisait pour lui jour après jour : le linge, le ménage, les repas, leur travail… c’était donc là le peu d’importance qu’il lui portait malgré tout ce qu’ils avaient traversé ensemble ?  

 

- Très bien je n’insiste pas ! Vas à ton gala si cher à tes yeux ! Amuses-toi bien pendant que je resterais seule dans mon coin. Je me louerais un film et me réchaufferais un plat au moins je n’aurais pas à me soucier de te nourrir pour une fois ! Ca me fera un jour de congé ! Peut-être aurais-je l’infime chance de t’apercevoir pour au moins te souhaiter un Joyeux Noël avant de courir à ta petite fête ! Déclara-t-elle sèchement en réprimant les larmes qui scintillaient déjà à ses yeux avant de lui tourner le dos avec l’intention de trouver refuge loin de cet homme qui n’avait de cesse de lui briser le cœur.  

 

- Attends ! S’empressa-t-il de la rattraper en se levant à son tour du canapé.  

 

Lui mentir, la faire souffrir par des déclarations inachevées ou ambiguës étaient une chose. Mais la laisser croire qu’il ne lui portait aucune valeur, surtout en cette période où il savait à quel point son frère lui manquait et que tout ce qu’elle voulait c’était être avec quelqu’un pour partager un moment de joie, il ne pouvait le tolérer même venant de lui. Tout ce qui comptait pour elle, comptait aussi pour lui. C’était stupide de vouloir lui faire croire le contraire mais il ne s’imaginait pas faire autrement. Il avait cependant trouvé un compromis, restait à savoir si Kaori s’en contenterait :  

 

- Je peux m’arranger…, proposa-t-il en captant l’attention de la jeune femme qui stoppa sa course pour l’écouter. Disons que je reste avec toi un moment, le temps de fêter dignement cette fête mais, m’étant engagé et tu sais que je n’ai qu’une seule parole, je ferais mon entrée à cette fête, « ce gala », se reprit-il bien vite, un peu plus tard que prévu…, calculait-il dans sa tête que, s’il mangeait vite, prenait le temps d’accorder un minimum d’attention à la jeune femme qui s’extasierait sur ce moment, il pourrait expédier ce repas de Noël en deux temps trois mouvements et filer sans regrets au cabaret.  

 

- C’est vrai… ? Tu ferais ça ? Oh Ryô merci ! Si tu savais comme ça me fait plaisir ! Lui sauta-t-elle au cou.  

 

- Juste quelques heures Kaori, ne vas pas t’imaginer …, précisa-t-il en se dégageant doucement de l’étreinte de la jeune femme.  

 

- Tu ne vas pas le regretter. Je vais mettre les petits plats dans les grands pour ce Noël en famille !  

 

- C’est juste un repas et je sors, insista-t-il face à l’enthousiasme de Kaori qui commençait déjà à lister ce qu’elle devait faire et acheter.  

 

- Un repas en famille. Un vrai Noël, répétait-elle joyeuse. Oh et un cadeau aussi, pensa-t-elle tout haut.  

 

- Comment ça un cadeau ? Pas de cadeau, tu ne m’as pas parlé de cadeau, s’inquiéta Ryô à l’idée de devoir lui faire un cadeau qui à coup sûr la ferait espérer ce qu’il se refusait à concrétiser.  

 

- Il n’y a pas de Noël sans cadeau… juste un…, demanda-t-elle doucement.  

 

Ses yeux, tendres et sincères, le suppliant d’accéder à sa demande. Ses lèvres, douces et rosées, murmurant « s’il te plait » tout bas comme une caresse. Il était piégé.  

 

- … d’accord…, souffla-t-il en baissant la tête, résigné en se passant les mains dans les cheveux avant de réaliser à voix haute : Il faut que je te trouve un cadeau aussi ?  

 

- Tu n’y es pas obligé, fit-elle timidement. Le fait que tu sois là est amplement suffisant, sourit-elle les joues rouges avant de mettre un terme à cette gêne : J’ai moins d’une semaine pour tout organiser alors je n’ai pas de temps à perdre.  

 

Ryô la regarda prendre son sac et son manteau avant de quitter l’appartement. La minute d’avant, elle était au bord des larmes et elle était maintenant rayonnante. Ryô ne savait pas s’il devait se réjouir ou non d’avoir autant d’ascendant sur elle. Un seul mot de sa part pouvait avoir des effets sur elle qu’il ne se sentait toujours pas prêt à assumer. Lorsqu’elle s’était jetée à son cou pour « le remercier », il avait senti une telle chaleur émaner de ce corps si innocent qu’il se serait consumé s’il ne l’avait pas éloignée au plus vite. Heureusement pour lui, trop accaparée par ses préparatifs et sa joie, elle n’avait rien vu de ses doutes. Il était bien conscient que son bonheur à elle ne tenait qu’à lui. Et cela en était terrifiant. Elle était bien la seule à ne pas voir qu’en fin de compte il ne pouvait rien lui refuser. Son sourire était contagieux puisque malgré tout, lui aussi arborait maintenant ce même sourire. Un simple repas n’engageait à rien. Si par ce geste cela pouvait atténuer ce qu’il lui faisait endurer au quotidien par son indécision alors il s’y pliait de bonne grâce.  

 

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Depuis « cet accord » passé entre eux, un parfum de fête emplissait l’appartement qui était paré d’un décor adéquat. Pour l’occasion, Kaori avait acheté un vrai sapin qui embaumait l’air du salon de ses odeurs de forêt. Ryô avait été réquisitionné pour aller le chercher avec elle. Et bien sûr il avait fallu que Kaori choisisse le plus grand et le plus lourd. Malgré ses réclamations, la jeune femme n’avait rien voulu entendre et Ryô avait du encore une fois se plier à ses exigences de Noël. Il s’était presque cassé le dos à traîner cet arbre dans les escaliers puis à le placer selon les directives de Kaori mais maintenant qu’il était installé et habillé par les soins de la jeune femme, ce maudit sapin faisait son effet. Il paraissait nettement moins imposant maintenant que tout l’appartement était accordé à ses couleurs : vert, or, rouge, argent. Il y en avait partout. Kaori n’avait pas oublié un seul endroit. Même dans la chambre de Ryô, elle avait trouvé moyen d’y glisser quelques accessoires comme une guirlande sur le lustre du plafond ou de jolis nœuds sur les poignées de son placard. Ryô avait tenté de les enlever, lui rappelant qu’il n’était plus un enfant mais Kaori les replaçait dès qu’il avait le dos tourné en répondant qu’on avait tous une âme d’enfant et que ces décorations aidaient à entretenir la Magie de Noël.  

 

Toute cette effervescence autour de ce fameux jour de Noël avait de quoi donner le tournis au nettoyeur. Ce qui le déstabilisait le plus était Kaori. Elle en était presque méconnaissable : toujours souriante, patiente et attentionnée. Ryô n’en revenait pas d’une telle métamorphose. A plusieurs reprises, il avait testé la jeune femme avec l’idée en tête que s’il parvenait à la pousser suffisamment, ils finiraient par se fâcher et alors il ne serait plus obligé de subir cette bonne humeur étouffante et pourrait même se passer de ce repas de Noël. Il ne voulait pourtant pas la décevoir mais il lui était difficile de prendre part à tout cela sans se sentir coupable pour tout ce qu’il ne faisait pas pour elle d’ordinaire. Mais rien n’y faisait. Kaori ne rentrait pas dans son jeu comme si elle avait deviné ses piètres intentions. Pas un mot plus haut que l’autre. Pas de massues ni même de réprimandes lorsqu’elle découvrait ses magazines coquins qu’elle s’évertuait seulement à ranger dans ses tiroirs. Rien ne semblait pouvoir entacher sa joie.  

 

Puis le jour du 24 Décembre arriva.  

 

Aux aurores, Ryô entendit Kaori se lever. Ces derniers jours, entre les décorations et un ménage intensif, elle les avait passés à courir les magasins en tout genre : boucherie, épicerie ou autre. Puis il y avait ce fameux cadeau que voulait lui faire Kaori. Ryô se demandait bien ce qu’elle avait pu trouver. Il n’avait besoin de rien et encore moins de superflu. Lorsqu’il se laissait divaguer sur ce sujet, il se disait que peut-être elle oserait lui prendre un abonnement à son hebdomadaire de charmes… ça lui serait très utile de le recevoir direct dans la boite aux lettres en avant première avant même qu’il ne paraisse en kiosque, un gain de temps inestimable. Ou peut-être un cadeau coquin et privé de sa part, s’imaginait-il d’un air lubrique. Il devait alors se marteler la tête pour faire sortir de telles images de sa partenaire de son esprit. Ryô avait là aussi bien essayé d’en apprendre d’avantage mais pour toute réponse Kaori souriait en rougissant. Ce qui ne faisait qu’attiser son imagination déjà très fertile. Sûrement que les intentions de la jeune femme à son égard étaient toutes autres mais il ne pouvait s’empêcher de rêver.  

 

Ce matin-là, Ryô traîna donc au lit autant qu’il le put, le temps que s’évanouisse ses rêves et pensées peu chastes envers sa partenaire qui se montrait plus radieuse et attirante en toute insouciance. D’une part il ne voulait pas se retrouver de corvée en cuisine avec tout ce que la jeune femme envisageait de préparer pour ce repas, à croire qu’elle attendait un régiment, mais surtout il ne voulait pas être là à la voir se dandiner de joie. Avec ce corps balançant sous ses yeux, sa voix douce chantonnant des airs de fêtes et ce sourire à faire damner un saint, Ryô le savait l’Enfer l’attendait. Il était bien connu que l’Enfer était pavé de bonnes intentions et celles-ci n’était qu’une même et seule personne : Kaori. Bien sûr, il le savait depuis longtemps que pour elle, il risquerait tout mais récemment il avait découvert ce qu’il n’aurait jamais cru ressentir un jour. A travers elle, il vivait un vrai bonheur, sa joie était communicative. Et pour une rare fois il en était la cause. Cela était un sentiment étrange d’être à l’origine d’un tel bonheur pour une autre personne. C’était doux et chaud. Cela le prenait en plein cœur. C’était si bon de la rendre heureuse et surtout si facile. C’en était terrifiant aussi.  

Ryô savait mieux que quiconque que le bonheur était fragile et éphémère. Il en fallait si peu pour que tout vacille et se brise. Alors à travers elle, il profitait de ce don précieux qui, il le savait, ne durerait pas. Seulement à vouloir profiter, il relâchait sa garde. A plusieurs reprises, il s’était rendu compte qu’il la dévorait littéralement des yeux. Cela devenait plus fort que lui de l’observer, l’admirer et il s’en était fallu de peu pour que Kaori se rende compte de ses intérêts soudains.  

Pourtant Ryô sentait qu’en cette veille de Noël, sa volonté de garder ses distances avec elle, s’amenuisait doucement. Il comptait donc les heures pendant lesquelles il devrait endurer ce supplice de l’admirer ainsi, belle, joyeuse et presque accessible pour un homme tel que lui. Ensuite viendrait la libération de toute cette frustration accumulée par tous ces petits riens qui font d’elle sa femme dans ses rêves les plus fous. Il pourrait s’enivrer dans d’autres bras, se laisser bercé par d’autres voix, en s’imaginant sans complexes que toutes ces femmes n’auraient qu’un seul et même visage.  

Le corps en nage et les idées en vrac, Ryô n’eut d’autre choix que de se lever pour se diriger prestement vers la salle de bain. Seule une longue douche froide pourrait lui couper toute envie de gâcher quoique ce soit entre elle et lui.  

 

La matinée était déjà bien avancée quand le nettoyeur finit par se montrer. Diverses saveurs lui chatouillaient les narines depuis l’étage. Dans la cuisine, Kaori s’activait en chantonnant. Ryô l’observa à la dérobée : si concentrée à sa tâche, goûtant ici et là ses diverses préparations. Il enviait ce nappage au chocolat ou cette sauce aux marrons. Lui aussi aurait voulu y goûter à ses doigts fins et à ses lèvres gourmandes. Il devait faire quelque chose pour stopper ses délires « culinaires », une vacherie, petite et sans conséquences, le ramènerait à la réalité :  

 

- T’as prévu de m’empoisonner pour ce repas ? Toute cette nourriture pour un seul homme c’est direct une indigestion voir pire. On a bien le numéro des urgences enregistré dans la mémoire du téléphone au moins ?  

 

- Bonjour à toi aussi Ryô, fit-elle en continuant sa cuisine. Il y a du café de fait et je t’ai préparé de quoi manger pour ce midi alors sers-toi et cesse de m’embêter j’ai encore plein de choses à faire, le sermonna-t-elle comme un enfant sans lui accorder un regard.  

 

Dépité par ce manque d’intérêt, Ryô se servit et chaparda quelques truffes au chocolat que Kaori avait confectionnées avant de déguerpir au salon.  

La télé avait beau être allumée, Ryô ne la regardait pas vraiment. Depuis qu’il s’était installé sur le canapé, il suivait sans s’en rendre compte les activités de la jeune femme dans la pièce à côté. Bercé par sa voix entraînante, il l’avait écoutée peler, couper, hacher tout ce qu’elle avait à portée de mains. Ses préparations semblaient sans fin. La connaissant, elle voulait que tout soit parfait et que rien ne manque. La savoir si concentrée, la sentir si enthousiaste et impatiente le rendaient nerveux. Comme si ce « repas de Noël en famille », comme elle l’appelait, était d’une importance capitale. Ryô avait envie de fuir. Fuir ce bonheur qu’il ne comprenait pas et qui le terrifiait. Fuir cette femme que de toute évidence il ne méritait pas. D’ordinaire il aurait trouvé une parade, une échappatoire, pour ne pas vivre et ressentir cela. Mais même ses puériles tentatives n’avaient pas abouti alors la décevoir ainsi sans manières, il ne pouvait si résoudre, du moins pas aujourd’hui. Il patientait, non sans mal, que ce repas soit enfin un souvenir lointain.  

 

Vers 17h, Kaori sortit enfin de la cuisine, quelque peu épuisée mais fière d’elle.  

 

- Tout est presque près. Je vais prendre une douche puis je préparerais la table. Ne touche à rien sinon…, le menaça-t-elle faussement.  

 

- Je tiens à la vie moi. Loin de moi l’idée de manger quoi que ce soit avant de t’avoir vu y goûter en premier. La nargua-t-il sciemment.  

 

Loin d’être vexée, Kaori lui tira la langue avant de disparaître à l’étage. Et bien sûr, dès que la jeune femme eut le dos tourné, Ryô se précipita à la cuisine, histoire d’avoir un avant goût de ce qu’il l’attendait. Dans le frigo, dans le four, des plats qui, rien que par leurs apparences, mettaient le nettoyeur en appétit. Alors qu’innocemment ses doigts agiles allaient attraper un premier plat, une voix agacée surgit dans son dos :  

 

- Je me doutais que tu saurais incapable de patienter. C’est plus fort que toi, faut toujours que tu fasses l’enfant pour braver les interdits.  

 

- J’ai quand même le droit de me servir à boire dans ma cuisine, répondit-il en déviant la course de sa main pour attraper une bière dans le frigo.  

 

- Bien sûr mais en cas de petite faim, saches que je t’ai préparé une assiette. Rien de trop copieux sinon tu vas te couper l’appétit, sourit-elle en s’approchant du frigo pour prendre l’assiette.  

 

Souriante, Kaori la tendit à Ryô avant de le pousser doucement mais fermement hors de la cuisine.  

 

- Que je ne t’y reprenne plus Ryô, le prévint-elle avant de partir pour de bon à la salle de bain.  

 

Encore une fois elle avait anticipé ses réactions. Et encore une fois elle avait paré à tout. Regardant cette assiette préparée à son attention, Ryô sourit de voir à quel point elle le connaissait et ce fut sans hésitation qu’il commença son encas.  

 

Lorsque Kaori se fit de nouveau entendre près d’une heure et demie plus tard, Ryô avait depuis longtemps fini son assiette et il s’ennuyait ferme. Il avait hâte d’en finir mais c’était à croire que sa partenaire prenait plaisir à faire durer son attente pour ce repas. Alors, lorsqu’il l’entendit descendre les escaliers, il bondit du canapé avec l’intention de se moquer d’elle sur tout ce temps perdu pour une douche. Mais ses mots dérisoires restèrent bloqués dans sa gorge lorsque ses yeux se posèrent sur la jeune femme.  

 

Le temps s’était arrêté. Son cœur ne battait plus.  

 

Kaori descendait doucement les escaliers. Elle semblait flotter au dessus des marches. Un halo éblouissant de lumière l’entourait. Elle portait une robe aux reflets argentés. Longue et fluide, cette seconde peau suivait ses mouvements lents et sensuels. Ryô était hypnotisé. De fines bretelles glissaient en rythme sur ses épaules. Pas de bijou sur ce décolleté sage mais envoûtant qui laissait deviner une poitrine ferme se levant harmonieusement à chaque respiration de la jeune femme. D’ailleurs le regard aiguisé de Ryô observa avec intérêt cette généreuse poitrine, pas de soutien-gorge, juste le fin tissu de la robe la galbait à merveille. Inconsciente des tourments de l’homme qui l’admirait en secret, Kaori arborait un visage doux paré ici et là avec sur les yeux de la poudre scintillante et sur ses lèvres un reflet sucré. Elle était tout simplement magnifique. Rien de ce que pouvait dire Ryô ne pourrait le convaincre du contraire. Sa gorge s’asséchait et son rythme cardiaque battait des records de vitesse. Plaquant ses mains dans ses poches, Ryô du se pincer fortement pour rester maitre de lui. Il devait connaître la raison de cette vision féerique :  

 

- C’est pas un peu trop… juste pour un… repas, déglutit-il difficilement en s’imaginant un tout autre menu.  

 

- C’est Eriko qui me l’a offerte en remerciement des services rendus. J’attendais une occasion pour la mettre… qu’est-ce que tu en penses ? Répondit Kaori en tournoyant sur elle-même.  

 

Ryô la regarda tourner joyeusement. La robe la laissait libre de ses mouvements et de dos, elle dévoilait encore plus de peau nacrée et soyeuse. Quelque soit la vue qu’il lui était offerte, le regard de Ryô se faisait plus chaud au fur et à mesure que les courbes de ce corps ondulaient devant lui.  

 

- Il n’y a que nous… je ne vois pas l’utilité de parader ainsi…, se reprit-il en se frottant la gorge.  

 

- Ce n’est pas une raison pour ne pas faire un effort vestimentaire, d’ailleurs tu ne te changes pas pour ton « gala » ? Quand a-t-il lieu déjà ? L’interrogea soucieuse Kaori.  

 

Ryô la regarda surpris. Pendant un instant, elle lui avait fait oublier ses projets. Mais lui n’avait pas réellement prévu une tenue particulière. Il était à nouveau pris au piège. Il ne pouvait pas sortir avec ses vêtements habituels, Kaori devinerait aussitôt qu’il l’avait manipulée. Il devait donc se changer et faire illusion pour rester crédible jusqu’à son départ.  

 

Regardant l’heure, Ryô se rua à l’étage sans répondre à sa partenaire. Il avait assez perdu de temps comme ça à la contempler. Avec une rapidité déconcertante, il se doucha et enfila le premier costume à portée de main qui se trouvait en évidence sur la porte de son placard. Ryô ne s’attarda pas sur ce détail et revint au salon alors que ses cheveux étaient encore humides et qu’il terminait d’agrafer les boutons de sa chemise, la veste de smoking pendue à son bras.  

Alors qu’il s’attendait à des compliments de la part de Kaori sur sa tenue qui valait autant que la sienne, il la retrouva agitée et en pleine réflexion :  

 

- Qui était-ce au téléphone ? Lui demanda-t-il car même pressé comme il l’était, il avait bien entendu la sonnerie de l’appareil même si avec le jet de douche et son manque de concentration, il n’avait pu correctement distinguer le sujet de conversation.  

 

- Eriko…, répondit la jeune femme soudain inquiète en se rendant à la cuisine.  

 

- Et que voulait-elle ? Continua Ryô qui voyait que Kaori ne l’écoutait qu’à moitié.  

 

- Je dois faire un saut en ville…, l’informa-t-elle en vérifiant que tout était bien prêt en cuisine avant de retourner au salon enfiler une paire de chaussures assortie à sa tenue.  

 

- Maintenant ? Elle ne peut pas y aller elle-même ? Tu as vu l’heure et moi je n’ai pas que ça à faire, s’agaça-t-il en croisant les bras sur son torse.  

 

- Je sais, je suis désolée… elle est bloquée à l’aéroport à cause de la neige et elle a oublié son carnet de croquis à l’Hôtel Okura et elle en a impérativement besoin…, expliqua Kaori en enfilant son manteau.  

 

- Mais c’est à l’autre bout de la ville ! T’as vu le temps ? Tu vas mettre des heures à y aller et à revenir !  

 

- Je suis vraiment navrée mais c’est très important…  

 

- Avec toute cette neige et ta façon de conduire, au mieux tu iras jusqu’au bout de la rue, au pire on perdra une voiture !  

 

- Merci pour cette marque de confiance… tu ne veux pas m’y emmener tant que tu y es ? Répondit ironiquement Kaori en lui tendant les clefs de voiture par défi.  

 

- Je crois que je n’ai pas le choix ! Si je veux être sûr de manger puis d’être à l’heure… mais c’est à moi qu’Eriko devra un service… et je sais déjà quoi lui demander… elle va être surprise…, sourit bêtement Ryô déjà plongé dans ses pensées en prenant les clefs et devançant Kaori à l’extérieur de l’appartement.  

 

- Et elle ne sera pas la seule…, prononça-t-elle à voix basse alors qu’elle éteignait les lumières et verrouillait la porte avec un sourire énigmatique sur les lèvres.  

 

Alors que Ryô rouspétait sur le manque de vigilance des autres conducteurs et sur cette neige qui ne cessait de tomber, Kaori sentait son cœur battre à tout rompre. Elle était anxieuse et cela n’échappa pas à son partenaire :  

 

- Stresses pas, on va y arriver à cet hôtel et Eriko aura son carnet à temps… mais tu devrais apprendre à lui dire non de temps en temps car on a pas idée de se déplacer par un temps pareil juste pour des dessins.  

 

- Tu ne sais pas à quel point c’est important… mais merci encore… tout cela aurait été impossible sans toi…, souffla-t-elle en apercevant l’hôtel.  

 

Ryô se gara au mieux quelque peu dubitatif sur le sens à donner aux derniers mots de sa partenaire. Après tout il n’y avait rien de vital pour des dessins bien que connaissant Eriko, seule La Mode primait.  

 

Avec Kaori, il descendit de voiture et se rendirent dans le hall de l’hôtel. Il y avait foule en cette veille de Noël. Ryô regarda Kaori se rendre à l’accueil et discuter avec le réceptionniste alors qu’elle enlevait son manteau. Avec tous ces gens en tenue de fêtes, le couple de nettoyeurs paraissait eux aussi être invité à l’une de ces soirées organisées ici pour l’occasion. L’hôtel disposait de diverses salles et Kaori avait les clefs pour celle prénommée « Colombine ».  

Ils se faufilèrent parmi les personnes déjà présentes qui eux aussi cherchaient leurs salles respectives.  

Kaori chercha la serrure et ce fut en tremblant qu’elle ouvrit les larges portes de la salle.  

Elle referma derrière Ryô qui contempla cette pièce déjà prête à accueillir des convives. Plusieurs grandes tables joliment dressées aux couleurs de Noël. Des décorations aux murs et un immense sapin sur le côté de la scène.  

 

- Cette salle semble déjà réservée pour un évènement… tu es sûre que c’est bien ici ? Demanda-t-il intrigué alors que son instinct se réveillait. Je sens des présences, nous ne sommes pas seuls ici…  

 

- Tu as vu tout le monde qu’il y a dans cet hôtel… bien sûr que nous ne sommes pas seuls, le contraire serait étonnant…, répondit-elle en entraînant Ryô au centre de la salle. Restes-là j’en ai pour 5 minutes, sourit-elle avec un éclair d’excitation dans les yeux.  

 

Le comportement de la jeune femme inquiéta Ryô. Soucieuse puis impatiente, il sentait en elle une certaine appréhension et n’en comprenait pas la cause. Il la regarda disparaître sur la scène, derrière l’épais rideau de velours.  

 

- Tu as trouvé ce que tu cherchais ? Cria-t-il d’impatience après la jeune femme qui tardait à revenir.  

 

- Oui oui presque… ne bouges pas…, lui répondit-elle alors que sa voix résonnait partout dans la salle.  

 

- Qu’est-ce que tu…, commença Ryô avant que toutes les lumières ne s’éteignent et qu’un projecteur ne l’enveloppe de sa lumière vive. Son premier réflexe étant de porter la main à son arme.  

 

- Ryô ? Appela Kaori qui elle aussi était cernée de lumière.  

 

Automatiquement sa voix calme le détendit. Il la chercha du regard et la distingua au centre de la scène.  

 

- Tu peux me dire ce qu’il se passe ? A quoi tu joues ?  

 

- Ce n’est pas un jeu Ryô mais si c’était le cas, saches que tu as perdu ou plutôt gagné le gros lot…, souriait-elle d’amusement. Tu te souviens, je t’ai dit qu’il n’y avait pas de Noël sans cadeau ?  

 

- Exact après m’avoir soutiré un repas de Noël… qui d’ailleurs va refroidir je te signale ! Descends de là qu’on aille manger, y en a qui on des projets je te rappelle ! Fit-il en lui tournant le dos pour se diriger vers les portes.  

 

Alors qu’il avançait, Ryô remarqua que le projecteur suivait aussi ses mouvements. Hors si Kaori était sur scène, qui manipulait l’appareil ?  

 

- Tu vas me dire ce qu’il se passe ? Demanda-t-il en se retournant pour accrocher le regard pétillant de sa partenaire.  

 

- Je voulais te faire un cadeau… une surprise à la hauteur de l’homme que tu es…, rougit-elle. Ca n’a pas été facile et jusqu’à maintenant je ne croyais pas y arriver… j’y ai longtemps réfléchi… et cela s’est imposé tout naturellement…  

 

De toute évidence, Kaori était très émue. Elle jouait avec le fil du micro qu’elle tenait entre ses mains. Elle cherchait ses mots qu’elle avait du se répéter 100 fois. Et pourtant, elle ne le lâchait pas des yeux. Elle maintenait cette connexion entre eux, puisant la force de continuer cette déclaration inattendue. Alors adoucissant son regard et confiant, Ryô l’encouragea à continuer. Il sentait que c’était très important pour elle… et pour lui.  

 

- Tu te souviens de notre rencontre un peu « brutale » ? Sourit-elle. Pour une fois, pas si rare que ça, tu avais accepté la requête venant d’un homme… un frère inquiet de la disparition de sa seule et unique sœur… Hideyuki… il t’avait lancé à ma recherche alors que le destin avait déjà prévu notre rencontre. Sans même nous concerter, nous avons fait équipe sur cette affaire de disparitions de plusieurs jeunes femmes et ensemble nous avons résolu notre première affaire. Je te rappelle au passage que tu me dois toujours une virée shopping, fit-elle moins sérieusement en appuyant ses dernières paroles d’un clin d’œil.  

 

Ryô se souvenait parfaitement de cette seconde rencontre plus officielle. Kaori avait grandi depuis leur toute première rencontre et elle était bien plus jolie que ce que la photo de Hide lui avait alors suggéré. Lors de cette histoire, il avait découvert la sœur de son meilleur ami sous toutes les coutures, se rappela-t-il gaiement.  

 

- Je dois te l’avouer, j’avais des a priori sur toi et ton métier. J’avais peur que mon frère subisse ton influence que… je croyais néfaste… mais j’avais tort. Je ne te connaissais pas et en te découvrant j’ai appris à mieux connaître mon frère. Il était heureux et fier de ce qu’il faisait à tes côtés. Je ne l’ai compris qu’en vous voyant agir et vivre au quotidien… une vie rempli de dangers et qui pourtant vous récompensait de tout ce mal que vous vous donniez pour rendre à des inconnus la liberté et l’espoir… puis il y a eu ce jour fatidique… mon frère a payé le prix de ses principes et de ce qu’il croyait juste…  

 

- Kaori…, murmura Ryô qui voulu la rejoindre pour calmer cette douleur toujours vivace chez la jeune femme.  

 

- Ca va aller, je ne pleure pas de tristesse mais de joie. Hide n’est plus là mais je sais qu’il est parti serein et en paix avec lui-même. Il a accompli tout ce qu’il pouvait et il t’a laissé poursuivre ses projets, son rêve d’une justice sans limites pour tous. Et c’est ainsi que notre vie a commencé… la perte d’un être cher, une vengeance pour assouvir une absence, deux personnes, que peut-être tout opposait, sont devenues une famille dont je suis très fière. Tu as fait de moi « ton » partenaire et bien plus encore… à tes côtés j’ai grandi, j’ai appris et je vis. Tout comme Hide, je ne regrette rien et je nous souhaite encore de belles années à faire ce que l’on fait de mieux : rendre l’espoir à ceux et celles qui n’y croient plus. Car c’est ainsi Ryô, malgré ton passé, tu n’es n’y aigri ni plein de rancœur… au contraire et même si tu le nies, tu te bats à ta manière pour leur offrir une seconde chance… tu es un ange tombé du ciel il y a bien longtemps, ton chemin à été long pour parvenir jusqu’à nous alors pour ce que tu es… pour cette vie que j’adore et que je partage avec toi aujourd’hui… je tenais à te prouver que tout ce que tu fais n’est pas vain ni éphémère. Tous ceux et celles qui ont croisé ta route s’en sont retrouvés meilleurs et c’est à eux maintenant de te le dire…, finit-elle alors que la lumière la rendait à l’obscurité et qu’autour de Ryô des visages empreints de reconnaissance et de gratitude apparaissaient.  

 

Ryô était sous le choc de cette déclaration. Tant d’émotion dans cette voix pourtant si douce et claire. Tant d’amour et de tendresse dans ces yeux noisette qui ne regardaient que lui. Il en avait le souffle coupé. Kaori le considérait tel « un ange tombé du ciel »… comment pouvait-elle croire ça de lui ? Méritait-il une telle innocence à son égard ? Il aurait voulu lui dire qu’il n’était pas ce qu’elle croyait… qu’il était pire que ça, mais la jeune femme n’était plus là. Elle avait cédé sa place à d’autres visages émergeant de l’obscurité. Il lui fallu un temps d’adaptation pour comprendre ce qu’il se passait. Les présences qu’il avait senties en pénétrant dans la salle n’étaient pas celles des clients de cet hôtel mais Kaori avait détourné son attention et il ne s’en était plus inquiété. S’il avait su, l’aurait-il laissé faire ? Elles étaient si nombreuses autour de lui. Où que se posait son regard, il trouvait un visage, un sourire, une émotion. Il était cerné. Il n’arrivait plus à réfléchir. Comment devait-il réagir ? Que devait-il dire ou faire ? C’était là, la première fois qu’on lui faisait une surprise et une surprise de taille qui plus est. Il devait dépasser cet effet de surprise qui le clouait au sol et comprimait son cœur et sa tête. Alors comme un réflexe pour se protéger, il ne vit qu’une seule alternative pour fuir toutes ces émotions devenues insoutenables. Jaugeant la distance qui le séparait de ce groupe de femmes qui se rapprochait d’avantage, Ryô prit son élan et sauta dans les airs, ouvrant grands ses bras et revêtant son visage d’un sourire d’extase.  

Mieux valait feindre son comportement d’ordinaire lubrique plutôt que d’admettre que tout cela le touchait de trop près. Avec de la chance, il se retrouverait bien dans les bras d’une ou deux jeunes femmes présentes, pelotonné contre une généreuse et chaleureuse poitrine, rêva-t-il alors qu’il atteignait sa cible groupée.  

 

Malheureusement pour le beau brun, les jeunes femmes attendaient, et espéraient, un tel réflexe… d’un seul mouvement, toutes s’écartèrent et regardèrent, moqueuses, l’homme s’écraser lourdement contre le parquet ciré.  

 

- C’est ça votre manière de me remercier ?..., pesta Ryô en s’asseyant en tailleur sur le sol et prenant un air offusqué alors qu’il détaillait ses anciennes clientes.  

 

- Bien sûr que non Monsieur Saeba, répondit l’une des femmes. Toutes ici présentes, nous savons comment vous recevoir, sourit-elle en regardant une à une ses camarades.  

 

Et d’un air entendu, Ryô vit avec effroi toutes ces jeunes femmes se munir comme par enchantement d’une massue chacune.  

 

- Hey faut pas vous sentir obligées d’en faire autant… je me contenterais d’une poignée de main, sourit-il bêtement en cherchant un moyen d’échapper à ces furies.  

 

Les rires fusèrent alors dans la salle et les massues disparurent aussi vite qu’elles étaient apparues.  

 

- C’était pour rire mais il ne tient qu’à vous de ne pas en recevoir, prévint une belle voix en s’approchant de l’homme qui se relevait.  

 

- Shoko…, reconnut Ryô.  

 

- En effet… heureuse de vous revoir. Toujours en forme à ce que je vois, ria-t-elle.  

 

Ryô observa la jolie pilote d’avions alors qu’elle lui apprenait qu’elle avait ouvert sa propre école de pilotage. Elle passait le plus clair de son temps dans les nuages à transmettre sa passion. Elle rayonnait de bonheur et elle n’était pas la seule.  

 

Chacune à leur tour, les jeunes femmes vinrent à lui. Le remerciant, le congratulant d’un sourire ou d’un chaste baiser sur la joue. Ryô les reconnut toutes sans exception.  

 

Il y avait Atsuko Kawada, qui peina grandement Ryô en lui demandant de l’appeler Madame Matsuoka. Elle avait épousé le père du jeune Takuya, qui avait d’ailleurs bien grandi. Il fit donc la connaissance de cette nouvelle famille.  

 

Il espérait que Keiko Kashiwagi soit plus conciliante mais le costume 3 pièces qu’elle portait avec beaucoup de féminité le mit en garde que ce soir non plus, elle ne serait pas la femme qu’il escomptait. Sa tenue était un clin d’œil à leur rencontre mais ce soir il ne pourrait la confondre avec un homme étant donné qu’elle avait laissé libre ses longs cheveux.  

 

Lorsqu’il aperçut la belle Ayako Serizawa, il n’eut qu’une envie, la prendre dans ses bras mais c’était sans compter sur sa horde de gardes du corps qui même aujourd’hui ne la quittaient toujours pas. Elle n’était pas remarier et n’avait toujours pas retrouvé le grand amour mais elle laissait son cœur ouvert et cela grâce à Ryô.  

 

Il y avait aussi Mami mais maintenant sans Ami. Elle vivait de sa musique qui d’une certaine manière gardait sa sœur auprès d’elle.  

 

Akiko Asagami, toujours aussi belle, n’était plus la gouvernante de la jeune Sara Nishikujô mais maintenant et officiellement sa mère adoptive. Et lorsque Ryô voulut la féliciter à sa manière, ce fut la jeune Sara qu’il serra dans ses bras. Il connaissait le don de la jeune fille mais il ne s’attendait pas à cela. Elle le regardait souriante et pourtant elle pleurait :  

 

- Elle a fait tout cela pour vous… vous n’avez pas à en avoir peur… accordez-vous cette seconde chance que vous nous avez à toutes offertes…  

 

Ryô ne trouvait pas les mots pour lui répondre mais en partageant l’étreinte de cette jeune fille, il l’autorisa à lire d’avantage en lui. Puis Sara le regarda continuer son chemin au travers des personnes présentes et de ces souvenirs qu’il partageait avec chacune. Elles étaient trop nombreuses pour toutes les citer mais Ryô accorda à chacun et chacune la même attention. Petit à petit, il se détendait et acceptait les regards et sourires, les compliments et leurs vies qui avaient continué à avancer après lui. Puis il crut défaillir lorsqu’il croisa un nouveau regard.  

 

Il le connaissait bien puisque tous les jours il le rencontrait. C’était celui de Kaori sauf que devant lui ce n’était pas sa partenaire mais « sa sœur » :  

 

- Sayuri… vous êtes venue de loin pour moi… comme je suis touché, commença-t-il joviale.  

 

- Je n’aurais manqué cela pour rien au monde, sourit-elle. Vous m’avez manquée et en particulier ma sœur, dit-elle plus bas en portant son regard vers Kaori. Fêter Noël avec elle… je ne pouvais pas refuser son invitation même si « officiellement » c’est pour vous que je suis là, précisa-t-elle.  

 

- Bien sûr comment résister à l’envie de me revoir, fit Ryô en lui prenant les mains. Nous avons tant de choses à rattraper, ne perdons pas d’avantage de temps et…, s’enflamma-t-il.  

 

- Je vois que vous vous souvenez de notre dernière conversation ? Demanda Sayuri en fixant le regard noir du nettoyeur qui instantanément lui lâcha les mains. J’ai hâte de connaître votre avis sur le sujet car Kaori est restée bien énigmatique…, ajouta-t-elle face au silence de son interlocuteur qui maintenant observait Kaori.  

 

- Regardez-là, elle vous semble malheureuse ? Répondit-il en se renfrognant et en se rappelant : « Si vous ne la rendez pas heureuse, je reviendrais la chercher ».  

 

- Elle cherche à tout prix à faire votre bonheur même si c’est au détriment du sien… vous m’avez laissée une chance de la connaître et je vous ai laissé une chance en la laissant auprès de vous parce que c’était ce qu’elle voulait mais aujourd’hui qu’en est-il ? Interrogea la jeune femme.  

 

Ryô reconnaissait là ce tempérament franc et sincère. Il n’y avait pas de menaces ou d’agressivité dans ces propos. Juste de l’inquiétude qu’il lui serait si facile de dissiper.  

 

- La soirée ne fait que commencer et je ne gâcherais pas cette opportunité sachez le…, annonça-t-elle avec un sourire doux sur le visage avant de laisser Ryô méditer sur ses paroles.  

 

Sayuri savait qu’il fallait laisser le temps à cet homme que ses mots et sous-entendus fassent leur effet. Elle jubilait d’avoir réussi à le laisser sans voix juste en insinuant qu’elle était là pour peut-être emmener Kaori avec elle. Tout au long de son voyage pour venir, elle y avait beaucoup pensé mais lorsqu’elle avait revu Kaori en secret pour préserver cette surprise, Sayuri avait su que les choses avaient changé. Kaori était différente. Bien sûr il n’y avait rien de concret mais son instinct lui soufflait que c’était dans l’air… que cette métamorphose tant attendue se ferait si seulement le destin lui donnait un coup de pouce. En cela Sayuri espérait avoir apporté sa contribution, non seulement pour Ryô mais surtout pour le bonheur de Kaori.  

 

Ryô n’avait même pas bougé lorsque Sayuri avait clos son petit laïus sur un « Joyeux Noël » qui contrastait avec ces mots plus secs. Elle avait l’art de souffler le chaud et le froid. Cette rencontre ne le laissa pas de marbre. Devait-il croire se qu’elle sous-entendait ? Allait-elle lui enlever Kaori la veille de Noël ? Avait-elle raison… Kaori était-elle vraiment malheureuse auprès de lui ?  

Soudainement cette foule autour de lui n’était que brouhaha et rires moqueurs de le voir si stupide à ne pas reconnaître l’évidence. Tous ces visages et regards semblaient lui dire, lui crier que tout cela n’était qu’illusion et qu’à la fin il ne lui resterait plus rien comme si c’était là le dernier acte d’une histoire qui n’avait que trop durer et qui ne trouverait pas de happy end. Il se sentait au bord d’un précipice. Devait-il sauter ou faire marche arrière ?  

 

- Ryô ? Appela une voix claire. Oh oh Ryô, la terre appelle la lune, fit cette voix en secouant une main fine devant ses yeux perdus pour le faire revenir à la réalité.  

 

- Mmm, réagit-il en clignant des yeux. Sonia… ?  

 

- Bah quand même, je commençais à me demander si tu ne faisais pas une overdose de coups de massue à retardement, se moqua la belle jeune femme.  

 

- Rien ni personne ne peut avoir raison de moi, se reprit-il bien vite en enlaçant la jeune femme alors que sa bouche formait un rictus baveux.  

 

- Pas touche ! Lui tapota-t-elle gentiment mais fermement les mains. Je suis une jeune femme respectable alors cesse tes manières d’homme des cavernes, ria-t-elle de bon cœur.  

 

- C’est une bonne chose. Ton père serait fier de toi.  

 

- Comme il doit l’être de toi… regarde où tu en es aujourd’hui, constata-t-elle en regardant toutes ces personnes autour d’eux. Elles te doivent toutes une fière chandelle… tout comme moi… je ne me saurais jamais pardonnée si…, prononça-t-elle plus doucement, la voix prise d’émotion.  

 

- N’y pense plus, je connais un moyen pour chasser ces mauvais souvenirs…, lâcha-t-il charmeur.  

 

- Moi aussi, répondit Sonia de manière sensuelle avant d’ajouter : mais vous êtes trop vieux pour moi maintenant. Joyeux Noël Ryô, l’embrassa-t-elle sur la joue en riant pour faire disparaître son air boudeur.  

 

A distance, Kaori suivait le parcours de l’homme au travers de tous ces visages familiers avec beaucoup d’émotion. Tout comme elle l’espérait ces retrouvailles se passaient à merveilles entre les rires et les larmes pour les invités et la surprise et la joie pour Ryô. Elle l’avait vu discuter avec Sayuri et elle avait était heureuse de voir qu’il se comportait bien avec la jeune femme. Sans réellement comprendre pourquoi, cela comptait beaucoup pour Kaori que ces deux-là s’entendent. Puis, elle avait vu Sonia aller à la rencontre de Ryô. Ces deux-là aussi avaient une personne disparue et chère à leur cœur en commun. Elle les aurait bien rejoints mais en digne Maître de cérémonie, Kaori devait se reprendre et annoncer la suite car d’autres personnes attendaient encore de pouvoir faire leur entrée :  

 

- Bien sûr ces retrouvailles ne sont pas complètes car certaines personnes ont malgré tout été retenues par leurs obligations… je pense à la Princesse Aruma et Salina, Yûki Oikawa mais aussi Yukari Mashiba et la petite Shiori…, énuméra-t-elle en captant de nouveau l’attention de Ryô. Mais ce n’est pas pour autant qu’elles ne pensent pas à toi… tu trouveras au pied de la scène une table avec un cahier… un livre d’or en quelque sorte où chacune t’as envoyé un mot et des photos. D’ailleurs j’invite chacun et chacune d’entre-vous à venir y jeter un œil et y laisser aussi un commentaire si le cœur vous en dit. Et avant de vous laisser enfin profiter de cette soirée, je tiens aussi à vous présenter ou re-présenter ceux et celles sans qui, qui en plus de vous tous, m’ont permis de mener à bien cette surprise… nos amis… notre famille : Miki et Falcon, Kazue et Mick, Saeko et Reika, Kazumi, Eriko…, énuméra-t-elle joyeusement.  

 

Alors que Kaori les citait, chacun d’entre eux apparaissait de derrière le rideau de velours. Traversant la scène pour descendre rejoindre Ryô dans la salle sous les applaudissements des convives.  

Le nettoyeur sourit pour cacher son malaise grandissant face à tant de « surprises » avant de se lancer avec le même enthousiasme, qui lui était propre, sur la première personne de ce nouveau groupe annoncé.  

 

- Miki mon amour, voulut s’élancer Ryô avant d’être agrippé d’une poigne de fer par le géant.  

 

- Tiens-toi bien sinon tu profiteras de cette soirée attaché dans un coin, grogna Falcon en souriant de toutes ses dents.  

 

- Fallait pas venir si tu voulais pas partager tant de bonheur, minauda Ryô.  

 

- Ca n’aurait tenu qu’à moi, on aurait fait cette fête sans toi ! Avoua Falcon en relâchant soudainement sa prise.  

 

Pour la deuxième fois, Ryô se retrouva à terre. Une main ferme l’aida à se relever :  

 

- Tu as du mal à tenir sur tes jambes alors qu’on à même pas commencer à boire…, ironisa Mick.  

 

- T’étais au courant et tu ne m’a rien dit ? Sale traître ! Lui souffla Ryô.  

 

- Et passer à côté de voir ta tête au moment crucial ?... j’aurais manqué ça pour rien au monde mon frère… t’es cuit, se moqua-t-il. Et puis je ne peux rien refuser à Kaori, elle est particulièrement jolie ce soir…, sourit-il en bavant.  

 

- Tu oublies que je suis là « mon amour », le rappela à l’ordre Kazue avec une mini massue. Joyeux Noël Ryô, tu nous excuseras mais ton « jumeau » a besoin de se faire rafraichir la mémoire…, annonça-t-elle en trainant un Mick dépité qui tentait de s’excuser auprès de sa douce moitié.  

 

- Je ne pensais pas que tu te ferais avoir aussi facilement ! Interpella Reika en venant à la rencontre du beau brun. Je dois reconnaître que Kaori s’en est pas mal sortie, elle pourra se vanter d’avoir réussi à berner le numéro un. Moi-même je ne pense pas pouvoir faire mieux…, avoua-t-elle en se collant à l’homme. Il faut savoir reconnaître lorsqu’on est pas de taille, je te laisse entre de bonnes mains et sans rancunes…, lâcha-t-elle de façon langoureuse dans un baiser « d’adieu ». Joyeux Noël Ryô, lui souffla-t-elle sur les lèvres avant de s’éloigner vers le bar mis à disposition.  

 

- Ne t’inquiètes pas pour elle, elle s’en remettra, annonça à son tour Saeko. T’es un sacré veinard, j’espère que tu sauras la remercier comme il se doit, insinua-t-elle d’un clin d’œil appuyé en lui souhaitant à son tour un Joyeux Noël mais en gardant ses distances.  

 

- Je suppose que tu as pensé à mon cadeau… il y a plein de chambres dans cet hôtel, une pour chaque coup que tu me dois… en s’y mettant maintenant on devrait pouvoir effacer ta dette, commença Ryô pour changer de sujet de conversation alors qu’il avançait déjà sa bouche.  

 

- Tu es trop prévisible Ryô… pourtant tu devrais te douter qu’à moi aussi Kaori m’a remise son arme de prédilection, sourit la belle policière en dégainant une massue à quelque centimètres à peine du visage de l’homme un peu trop pressant.  

 

- Si on ne peut même plus plaisanter…, ironisa Ryô en s’écartant doucement de la jeune femme et surtout de la massue.  

 

Il constata alors que même le Doc était là mais ce vieux singe n'avait pas pris la peine de venir le saluer. Seul lui importait les femmes présentes. Il lui faisait penser à quelqu'un sans réellement savoir qui.  

 

- Tu as de qui tenir…, l’interrompit Eriko qui semblait lire dans ses pensées.  

 

- Tu as retrouvé ton carnet de croquis… ? Demanda alors Ryô en se rappelant l’excuse qui l’avait fait venir en ces lieux.  

 

- Fallait bien une raison crédible, répondit Eriko d’un ton neutre. Tu me remercieras plus tard lorsque tu défileras pour ma nouvelle collection, précisa-t-elle.  

 

- Ce sont les femmes qui ont des dettes envers moi et non le contraire, affirma Ryô.  

 

- Y a un début à tout même pour toi Ryô et sache que c’est avec Kaori qu’il faudra régler la note…  

 

Ce fut cet instant que Kaori choisit pour reprendre une dernière fois la parole en public, ramenant ainsi l’attention du nettoyeur sur elle :  

 

- Pour finir Ryô, saches que parmi tous ces visages familiers, se cache un invité mystère… à toi de le découvrir… je vous souhaite à tous et à toutes un Joyeux Noël, ria-t-elle alors que tous dans la salle lui faisait écho.  

 

Ryô était intrigué. Que pouvait bien encore lui réserver sa partenaire ? Elle en avait déjà beaucoup fait, réunir tout ce monde, préparer cette surprise et tout cela sans qu’il ne se doute de rien. Comment pouvait-il chercher « un invité mystère » alors que sa concentration était perturbée par tant d’émotions ? Il n’y avait aucun danger ce soir pour lui et heureusement car il aurait bien du mal à parer une attaque en de telles circonstances. Qui cela pouvait-il être ? Kaori avait bousculé ses principes, défié son instinct et attisé sa curiosité. Il ne pouvait s’empêcher de détailler chaque visage, de se rappeler chaque instant vécus auprès d’eux. Il ne pouvait rester indifférent mais il ne pouvait trop en montrer. Malgré tout, Ryô ne voyait pas de qui elle pouvait parler. La seule personne qui pouvait lui en dire d’avantage était Kaori. D’ailleurs, il était temps qu’elle réponde de ses actes.  

 

Celle-ci s’était enfin jointe à la foule. Ryô la regardait tout orchestrer d’une main de maître. Elle indiquait aux serveurs où se diriger, vérifiait les plats et les plans de table. Alors que tous s’amusaient, Kaori veillait au bon déroulement de la soirée. Encore une fois c’était le bonheur des autres qui comptait. C’était son bonheur à lui qui primait. Cela l’attrista qu’elle ne prenne pas le temps de profiter de ce qu’elle avait réalisé. Elle méritait autant que lui toute cette joie et ces rires. Ils étaient une équipe, ils devaient tout partager. Et cela lui arracha un pincement au cœur en remarquant surtout que Kaori restait loin de lui en un pareil moment. Avait-elle peur de sa réaction, lui qui n’aimait pas les surprises et ce genre de mondanités ? Voulait-elle le laisser librement profiter de cette soirée qui n’était que pour lui. Comment le pourrait-il sans elle à ses côtés ? Ryô sourit. Malgré toutes ces belles femmes autour de lui, il ne voyait et ne pensait qu’à Kaori. Sans elle, il se sentait comme démuni face à tout ce public.  

Ryô n’avait pas encore rencontré tout le monde ni même trouvé cet invité mystère mais cela pouvait bien attendre. Il devait avoir une conversation avec sa partenaire. Alors du regard, il chercha la jeune femme. La distance qui le séparait d’elle, dont il suivait tous les mouvements, lui parut interminable. A chaque pas, il croisait un autre visage, une nouvelle vie.  

 

Comme Etsuko, la comédienne qui avait enfin retrouvé son père. Ensemble ils apprenaient à se connaître. Ou alors Akemi devenue photographe professionnelle. Elle se chargeait personnellement et avec une grande fierté d’immortaliser cet évènement. Et puis Nagisa qui malgré « ses grands pieds » avait trouvé chaussure à son pied avec un de ses musiciens.  

 

Toutes ses vies qui avaient évoluées, ces jeunes filles devenues femmes, prouvaient à Ryô que le temps passait vite, très vite et qu’en s’en donnant la peine, cela valait le coup d’oser vivre ses rêves.  

 

Au fur et à mesure, Ryô se rapprochait de son objectif mais pas assez vite à son goût étant donné qu’il se devait de se montrer souriant et patient avec ces personnes qui s’étaient données la peine et le temps de venir. Tout se bousculait dans sa tête. Entre les « Joyeux Noël » lancés à tour de rôle, les sous-entendus de chacun et chacune sur lui et Kaori comme si c’était cela le mystère du jour à résoudre : étaient-ils un duo ou un couple ? Ryô se sentait pris au piège. Tant d’émotions, de stress l’envahissaient. Il avait l’impression de marcher vers son destin. Il avait les mains moites. Son regard vacillait entre admiration et appréhension. Inconsciemment, il ralentit le pas, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Il voulut desserrer sa cravate pour obtenir plus d’air mais en portant sa main à son col, il constata qu’il n’en portait pas.  

 

Puis enfin plus rien ne le séparait de Kaori, ou presque. Il en était à la fois soulagé et déçu. Elle discutait avec un couple que Ryô ne voyait que de dos. Ryô tiqua. L’homme ne lui disait rien, par contre ce corps à ses côtés, ces courbes et cette longue chevelure blonde… il reconnaîtrait cette femme entre milles.  

Ryô avait trouvé son invité mystère. C’était forcément elle, sinon Kaori aurait mentionné sa présence. La femme qui se trouvait dos à lui ne pouvait être que Rose Mary.  

 

A pas de loup, Ryô s’avança prudemment jusqu’au trio. Il savait que Kaori avait deviné ses intentions mais espérait pouvoir la prendre de court avant qu’elle n’avertisse Mary. Voulant l’accueillir à sa manière, Ryô afficha un visage lubrique alors qu’il ouvrait grands les bras pour la surprendre par une étreinte où ses mains trouveraient prises sur sa généreuse poitrine. Malheureusement Ryô fut stoppé dans sa lancée et ce fut lui qui se fit surprendre.  

 

Mary n’avait rien perdu de ses réflexes et le regard de Kaori lui avait fait comprendre que quelque chose se tramait dans son dos. Elle s’était donc retournée sans prévenir et savourait maintenant son effet de surprise sur son ancien partenaire.  

 

Ryô en resta coi. De dos, il aurait juré que c’était bien Mary mais il devait se rendre à l’évidence ce n’était plus la jeune femme qu’il avait connu. Il senti tout ses espoirs s’envolés alors qu’il se laissait lamentablement glissé au sol. Il pleurait à grosses larmes cette vision à laquelle il ne s’attendait pas.  

 

- Qui a osé… ? Comment… ? Ton corps si parfait…, pleurnicha-t-il en s’écroulant aux pieds de la jeune femme.  

 

- Je plaide coupable Monsieur Saeba, se moqua Eric, le récent mari de l’ancienne mercenaire.  

 

- Pourquoi ?!! S’indigna Ryô. Elle est trop jeune et trop belle pour devenir mère… c’est trop tôt…, pesta Ryô entre deux fausses larmes.  

 

- Il fallait bien que cela arrive un jour ou l’autre mais je te félicite Ryô tu n’as pas perdu de temps à trouvé l’invité mystère… enfin il ou elle car on veut garder la surprise jusqu’au bout, sourit Mary avec douceur en caressant son ventre rond.  

 

- Des félicitations s’imposent, annonça Ryô en se relevant pour féliciter sincèrement les futurs parents.  

 

- Tu vois ce n’est pas si compliqué de devenir monsieur ou madame tout le monde une fois que l’on a trouvé la bonne personne, lui souffla Mary lorsque Ryô la prit dans ses bras. Alors et vous c’est pour quand ? Demanda-t-elle cette fois-ci de vive voix à Ryô et Kaori.  

 

Devant la gêne occasionnée par cette remarque alors que Ryô faisait mine de n’avoir pas entendu et que Kaori rougissait de plus en plus, son mari crut bon d’intervenir :  

 

- Et si l’on allait s’asseoir, dans ton état ce n’est pas bon de rester trop longtemps debout et puis tu dois avoir faim, n’oublie pas que tu manges pour deux…, railla-t-il en s’excusant auprès du duo et en s’éloignant avec sa femme.  

 

Intimidée et rêveuse à l’idée émise par Mary, Kaori observait en silence la salle animée, évitant soigneusement de regarder Ryô. Lui ne pouvait s’empêcher de la regarder elle et, malgré lui une image de Kaori enceinte se matérialisa dans son esprit. C’était utopique d’envisager une telle chose bien que… si Mary y était parvenue, si Falcon avait réussi sa reconversion et si même Mick se laissait aller à vivre cette vie si ordinaire alors pourquoi pas lui ?...  

 

- Alors tu en penses quoi ?..., demanda Kaori naïvement.  

 

Ryô ne l’aurait jamais cru s’il ne l’avait pas entendu de ses propres oreilles. Kaori qui lui demandait ce qu’il en pensait, de faire un bébé… il devait rêver. Jamais elle n’aurait cette audace d’insinuer de telles choses même s’il en avait déjà rêvé qu’entre eux se fasse cette fusion des corps et de l’esprit.  

 

Pris au dépourvu, Ryô ne savait que répondre. C’était trop tôt, trop rapide. Il n’était pas prêt à lui répondre ni même à lui parler. Il avait horriblement chaud. Il se sentait à l’étroit dans son costume. Il ne pouvait rester là sans rien dire.  

 

Lorsque Kaori se retourna pour croiser le regard de son partenaire qui restait bien silencieux, elle n’eut que son absence pour réponse. Inquiète, elle le chercha aux alentours avant de reconnaître sa silhouette devant la scène. Lui laissant un minimum d’intimité, Kaori l’observa découvrir le livre d’or. Il tournait les pages lentement, touchant du bout des doigts ces photos et ces mots gravés sur ces feuilles comme s’il avait peur de se brûler s’il s’y attardait trop. Il était tendu et son regard était flou… à quoi pensait-il ? Avec effroi, elle le vit serrer des poings avant de disparaître vers la terrasse. Sans réfléchir, elle se lança à sa suite, entre inquiétude et appréhension.  

 

Elle le retrouva à l’extérieur, accoudé à la balustrade. S’approchant à ses côtés, Kaori le regarda, hésitant à troublé son silence. Le dos courbé, l’homme semblait perdu dans son monde. Quelques volutes de fumée s’échappaient de ses lèvres.  

 

- Ryô…, prononça-t-elle doucement. Est-ce que ça va ?  

 

- J’avais besoin de prendre l’air…, répondit-il machinalement en fixant son regard sur cette nuit étoilée.  

 

- Je vois ça… tu préfères t’isoler plutôt que de me parler… tu m’en veux… ? Osa-t-elle en regardant elle aussi au loin, effrayée d’entendre sa réponse.  

 

- T’es sérieuse ? Fit-il en manquant de s’étouffer en repensant à la question de la jeune femme avant qu’ils ne se retrouvent sur cette terrasse.  

 

- … je pensais que tu ne verrais pas d’inconvénients maintenant que tu es devant le fait accompli… après tout il n’y a pas de mal à vouloir faire comme tout le monde l’espace d’une soirée… c’est sans conséquences…, se défendait-elle en triturant nerveusement ses doigts, toujours sans le regarder.  

 

- Sans conséquences ? Répéta-t-il machinalement tout en glissant un regard abasourdi sur elle.  

 

- Ryô pour une fois laisse-toi aller ! S’emporta-t-elle. On a le droit à un répit ! Tu as le droit à tout cela, fit-elle avec de grands gestes pour désigner ce qui se passait dans la salle ! Tu l’as mérité et je t’interdis de tout gâcher en pensant à tort que tu ne vaux pas le quart de ce qu’ils disent de toi ! Alors tu arrêtes de penser au pire, aux conséquences et tu t’amuses sinon je te jure que je te ferais regretter d’avoir ruiner tous mes efforts !! Menaça-t-elle sévèrement en se tournant vers lui.  

 

A ce moment Ryô laissa un rire confus sortir de sa gorge. Il se sentait ridicule. De toute évidence ils ne parlaient pas de la même chose. Il pensait « bébé, avenir », lui qui ne croyait pas en avoir et elle parlait de cette soirée, du présent.  

 

- Je ne vois pas ce qu’il ya de drôle ? Se vexa Kaori.  

 

- Ce n’est pas ce que tu crois mais…, commença-t-il en voulant la rassurer et la calmer.  

 

- Mais quoi ?! Tu préfères la compagnie des bunnies à toutes ces personnes qui savent réellement qui tu es et qui n’attendent rien de toi à part toi Ryô ! C’était illusoire de ma part de croire un instant que tu acceptes cette réalité plutôt que tes fantasmes débridés pour quelques yens… va retrouver ces femmes si ça te chante ! Mais sache que jamais elles ne te donneront ce dont tu as besoin réellement ! Lâcha-t-elle déçue et amère en essuyant les larmes qui perlaient à ses yeux.  

 

- Attends une minute, tu savais pour le cabaret ?  

 

- Bien sûr, il n’est pas difficile de deviner ce que tu peux faire de tes soirées. Je te connais Ryô, tu as tendance à l’oublier.  

 

- Mais alors et ce repas que tu as préparé ?  

 

- Puisque tu veux tout savoir, ce repas est pour demain. Ce sera le repas de Noël en famille avec tous nos amis, auquel tu m’as affirmée que tu serais là alors tu n’as pas intérêt de te défiler !  

 

- Tu ne m’as jamais dit que le repas de Noël serait le 25 ni même que nous serions plusieurs ? Et alors cette soirée c’est pour quoi ? Fit-il interloqué.  

 

- Si tu te rappelles bien, je t’ai demandé ce que tu faisais pour Noël. Je n’ai pas précisé si c’était pour le réveillon ou pour le jour même et tu n’as rien demandé non plus. C’est toi qui en a déduit que le repas ce ferait le 24… et que nous serions que tous les deux… je t’ai juste laissé le croire. Et cette soirée c’est ton cadeau… juste un cadeau…, avoua-t-elle doucement.  

 

Ryô comprenait maintenant ce pourquoi il se battait depuis qu’elle était à ses côtés. C’était pour qu’elle vive qu’il luttait sans cesse contre tous ces ennemis. Il affronterait à nouveau une armée pour elle. Et le cadeau qu’il recevait ce soir n’était pas celui que lui avait fait la jeune femme. C’était elle son plus beau cadeau. Elle était sa raison d’être et d’exister. Elle était sa chance. Il devait la saisir et ne pas la laisser filer comme Sayuri le lui avait fait si bien comprendre. Il l’avait à portée de main depuis si longtemps qu’il en avait ignoré sa réelle valeur. Kaori était un cadeau inestimable. Un don du ciel et surtout de son défunt ami, que jamais il n’aurait osé apprécier à sa juste valeur de peur de l’abîmer à son contact. Mais ce soir Ryô prenait pleinement conscience de ce que Kaori était pour lui. Ce soir, elle faisait de lui un homme ordinaire face à une femme d’exception. Cela n’avait pas de prix de voir dans ses yeux sincères et aimants, le reflet d’un homme à qui tout devenait possible si seulement il osait y croire.  

 

Si dieu existait, il devait être une femme. Avoir ses traits, sa bonté, sa générosité, son cœur et ses yeux. Kaori n’était pas qu’un ange veillant sur son âme désœuvrée, elle était plus que ça. Ryô ne doutait plus.  

 

Soufflé par tant de beauté, Ryô détailla cette femme face à lui. Un vent frais se leva et la fit trembler. Elle n’avait rien pour se couvrir de ce temps hivernal que sa fine robe étincelant sous les étoiles. Avec beaucoup de douceur, Ryô ôta sa veste pour la poser sur les épaules nues de Kaori.  

 

- Et toi ? Tu vas avoir froid si nous restons là et les autres vont s’inquiéter de ne plus te voir…, fit-elle en le remerciant pour ce geste.  

 

- Laissons les autres, ils n’ont pas besoin de nous pour s’amuser. Lâcha-t-il en écoutant les rires et les chants provenant de la salle et en entrainant doucement Kaori plus à l’écart sur la terrasse, dans une semi obscurité qui les cacherait aux yeux des autres.  

 

Kaori le suivit sans comprendre. Elle se sentait rougir sous le regard trouble de Ryô ou peut-être était-ce le froid qui chauffait ainsi ses joues. Il s’était tu et la regardait toujours. Devait-elle dire ou faire quelque chose pour le sortir de cette étrange torpeur ? Inconsciemment elle pinça ses lèvres, embarrassée par ce silence. Ce réflexe anodin eut pour effet de faire tressaillir d’impatience l’homme face à elle.  

 

- Ce n’est plus la peine de me torturer… j’ai bien compris le message…, souffla-t-il chaudement en la détaillant sans retenue.  

 

Ryô contemplait ces lèvres malmenées avec insouciance, ces joues rosies de douceur, ces yeux brillants d’attente et de crainte face à ce silence. Cette poitrine, qui même voilée de cette fine parure de tissu, l’appelait d’un rythme saccadé. Ce corps tout entier le désirait autant qu’il la désirait. Il ne pouvait la laisser ainsi dans l’incertitude de ce qu’il pensait réellement.  

 

- Je vais mettre un terme à ce supplice. Ne m’en veux pas d’avoir tant tardé…  

 

Délicatement, il porta sa main à ce visage qu’il caressa du bout des doigts alors que de son autre main, il encercla ce corps qui instinctivement se laissa guider contre lui. Lentement, il approcha son visage du sien sans la lâcher un instant de son regard brillant d’envie. Il sentait son cœur s’accélérer et celui de la jeune femme ralentir.  

 

Kaori était suspendue à ce regard. Une chaleur nouvelle se diffusait dans tout son corps. Elle sentait ses jambes chanceler. Son cœur refusait de battre. Ses mains appuyées contre le torse de l’homme hésitaient à toucher ce rêve si fragile. L’attente et l’espoir ce faisaient cruels. Le temps s’était arrêté.  

 

- Il n’y a pas d’amour…, la dévisagea-t-il en rapprochant d’avantage ses lèvres avides.  

 

- … il n’y a que des preuves d’amour, répondit-elle en écho.  

 

Un effleurement. Un doute. Un souffle. Un battement.  

 

Ils se comprenaient. Comme dans leur vie de tous les jours, ils se parlaient à demi mots, l’un devinant les pensées et les gestes de l’autre. Leur complicité prenait une toute autre intensité ce soir.  

 

Il n’y avait plus de doute possible. Plus besoin de fuir. Ryô était arrivé à destination. Il le sentait. Il était prêt. Il n’avait plus peur. En ce soir de magie et d’espoir, l’Ange de la Mort se sentait pousser des ailes lavées de toutes ombres néfastes. Il était libre de voler et d’exister au grand jour. Ce bien être et cette paix, Ryô ne les devait qu’à une seule personne qui avait su croire en lui plus que lui-même.  

 

- Et si nos vies changeaient ce soir…, souffla-t-il alors que son regard se faisait intense et que du doigt il caressait les lèvres frémissantes de Kaori d’où s’échappait un soupir d’impatience.  

 

Comme dans un rêve, les lèvres chaudes de l’homme vinrent se poser sur un nuage rosé. De sa langue il entrouvrit se rideau de chair et découvrit un avant goût de paradis. Une saveur exquise, douce et fruitée. S’abandonnant avec délice et volupté à cette invitation des sens, Kaori ferma les yeux et partit avec Ryô à la découverte de leurs âmes. Un rencontre bouleversante les entraina à la dérive de leurs êtres. Alors que Kaori promenait ses mains sur ce torse, ce cou et cette nuque qui frémissaient à son contact, Ryô glissait les siennes sur les courbes féminines. De ce baiser naquit une passion. Leurs corps en feu défiaient le froid environnant. Ils partageaient et décuplaient cette chaleur qui les enflammait. Leurs mains n’avaient de cesse de caresser cette peau nouvelle. Chaque caresse se faisait plus intense, réclamant toujours plus de territoire. Deux corps enlacés dans la pénombre, deux cœurs en parfaite harmonie, un même feu ardent les animant.  

 

Lorsque Ryô relâcha « sa captive », ce fut pour découvrir sur son doux visage une moue boudeuse :  

 

- Malgré l’envie qui me tenaille, je ne crois pas que ce lieu soit approprié…, répondit-il d’un sourire en resserrant les pans de la veste sur Kaori pour freiner toute tentation.  

 

- Tu es devenu bien raisonnable…  

 

- Du tout je te rassure mais je connais un endroit où l’on sera à notre aise pour ce que je te réserve, argumenta-t-il en déposant d’humides baisers sur cette bouche aguicheuse.  

 

- Ryô… on ne… peut pas laisser… les invités…, peina-t-elle à répondre tant « les arguments » de l’homme lui faisaient de l’effet et en tentant de reprendre pieds à la réalité.  

 

- Ils ne s’apercevront même pas de notre absence…  

 

- N’oublie pas que tu es le Roi de cette soirée. Si tu ne t’y montres plus, tu vas les décevoir. Répondit Kaori en prenant le visage de Ryô entre ses mains pour stopper ses assauts et lui faire comprendre l’importance de cette soirée à ses yeux.  

 

- Pff c’est moi le Roi et je peux même pas faire ce que je veux …, bougonna-t-il.  

 

- Tu m’offriras ton cadeau plus tard, Noël n’est pas encore fini, sourit-elle en déposant un baiser sur ses lèvres.  

 

- D’accord mais l’on fêtera Noël tous les jours, proposa-t-il alors que Kaori remettait de l’ordre dans sa tenue.  

 

Sans répondre, elle attrapa sa main pour revenir vers la salle. Et alors qu’ils rejoignaient les convives et les festivités, Kaori se tourna vers Ryô pour lui demander avec un éclat malicieux dans les yeux :  

 

- Tu as quelque chose de prévu pour le nouvel an ?...  

 

 


Chapitre: 1


 

 

 

 

 

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