Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 34 :: Chapitre 34

Publiée: 04-04-20 - Mise à jour: 04-04-20

Commentaires: Bonjour, un nouveau chapitre. AVERTISSEMENT:ENCORE DES SCENES DE VIOLENCE. Merci pour tous vos commentaires qui me font chaud au cœur. Merci Patatra pour ta review. J'apprécie le travail que tu fais et ta qualité d'écriture, alors tes mots n'ont que plus de poids pour moi. Le début de l'histoire a peut-être été long mais je ne pouvais pas ne pas jeter de bases fortes pour cette histoire. C'était mon sentiment, il n'est peut-être pas partagé pour le moment mais sera peut-être plus compréhensible pour la suite de l'histoire. Merci à tous ceux qui lisent même sans commenter. J'espère que vous y prenez du plaisir même si le sujet est difficile. Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser quelques mots si l'envie vous prend^^

 


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Chapitre 34  

 

- La place des femmes est à la maison à s’occuper des choses domestiques, des enfants et du plaisir de leurs maris., déclara soudain l’un des invités.  

 

Kaori regarda l’homme en question partir dans un rire tonitruant, très fier de lui, sa femme, le regard baissé, à ses côtés dans une position de soumission. C’était une vue qui lui était insupportable et tous les mois de soumission que David lui avait faits subir et leurs conséquences l’avaient poussée à bout.  

 

- Vous avez raison, Monsieur., répondit-elle, froidement.  

- Et si en plus, elle accepte d’écarter les jambes à votre bon vouloir et de vous laisser aller batifoler avec toutes les femmes dont vous vous éprenez, elle sera parfaite, non ? Vous n’avez donc aucun respect pour votre épouse et vos enfants ? Ce ne sont que des petites choses insignifiantes au même rang ou peut-être même à un rang inférieur que vos voitures de luxe, vos œuvres d’art et toutes vos autres possessions dont vous vous targuez depuis tout à l’heure…, commença-t-elle, furieuse.  

- Kaori, tais-toi., lui enjoignit David, le regard lourd de menaces.  

 

Elle se tourna vers son mari, le regard noir, et ne baissa pas les yeux malgré sa colère évidente.  

 

- Non, j’en ai assez de me taire. Tu ne vaux pas mieux que lui. Tu me corrigeras dans notre chambre d’hôtel comme tu le fais depuis des mois maintenant. Ca ne changera pas grand-chose pour moi. Ca ne sera qu’une blessure supplémentaire, un hématome de plus sur mon corps. Mais aujourd’hui, après tout ce que tu m’as pris, je reprends ma fierté., déclara-t-elle, relevant le menton.  

 

Autour d’eux, le silence s’était fait, les visages s’étaient tournés vers eux.  

 

- Ta compagnie m’insupporte comme celle de ce porc. Je vous laisse entre personne de mauvaise compagnie et je rentre retrouver mon fils., lui apprit-elle.  

- Tu ne t’en iras pas avant d’avoir présenté des excuses à notre interlocuteur !, objecta-t-il.  

- Des excuses ? Tu m’en présenteras pour tous les coups que tu m’as portés ? Fais-le et je m’excuserai., le défia-t-elle.  

 

Il serra les dents et jeta un rapide coup d’oeil autour de lui. Les sourcils s’étaient froncés, les regards se faisaient durs et méprisants et il savait qu’il perdait tout crédit, ce qui ne serait pas un bon point pour les affaires qu’il devait encore conclure. Furieux, il se retint cependant de gifler sa femme pour l’affront qu’elle osait lui faire. Il ne ferait que donner crédit à ses dires et il ne pouvait se le permettre.  

 

- Tu as raison, ma chérie. Tu es visiblement fatiguée. Tu ne sais plus ce que tu dis., fit-il d’un ton doucereux.  

- Je ne le sais que trop bien, David. Tu ne me feras pas passer pour une folle. Tu me tiens sous ton contrôle en gardant nos passeports, c’est la seule chose qui m’empêche de partir., lui asséna-t-elle.  

- Sinon il y a déjà bien longtemps que je ne serais plus là. Sur ce, je vous laisse à vos considérations misogynes., dit-elle, tournant les talons.  

 

Elle salua rapidement leurs hôtes encore estomaqués par la tournure qu’avait pris la soirée et s’en alla, le garde du corps de David la raccompagnant rapidement à leur hôtel. Elle renvoya la baby-sitter de Kei et s’assit dans le fauteuil à côté de son lit. Elle savait qu’elle paierait cher l’affront qu’elle venait de lui faire et elle espérait un peu que les conséquences lui seraient en partie bénéfiques. A cette seule pensée, elle se mit à pleurer.  

 

Cela faisait un an qu’elle avait quitté le Japon, un an passé loin de ses amis, de l’homme qu’elle aimait et qu’elle s’était imaginée retrouver sans trop de souci. Elle avait pensé pouvoir vivre et surmonter les conséquences de son choix, que la puissance de leur amour suffirait à l’aider à oublier tout cela mais, aujourd’hui, elle n’était plus du tout sûre de cela. Elle haïssait son reflet, elle haïssait la personne haineuse qu’elle était devenue, la femme prête à donner la mort. La seule chose qui l’empêchait de basculer entièrement dans les ténèbres était Kei. Son bébé avait besoin d’elle et elle avait besoin de lui pour tenir et retrouver Ryo… au moins partiellement.  

 

Lui seul réussirait à la sortir de cet enfer dans lequel elle était plongée, de lui rappeler qui elle était réellement, s’il le pouvait encore, si elle n’avait plongé trop profondément. Peut-être que cela suffirait à lui redonner le sourire et l’envie de vivre sa vie et pas seulement de survivre. Elle ne se sentait plus capable d’aimer un homme, de supporter son contact, ses baisers, ses caresses ou plus. Elle n’avait plus confiance pour pouvoir s’abandonner.  

 

Les larmes redoublèrent. Elle était à bout et elle n’avait pas su contrôler la rage qui l’avait envahie aux paroles de cet homme. Elle avait perdu la maîtrise. Cela lui avait fait du bien de soulager son cœur mais elle allait devoir subir le courroux de son mari. Entendant la porte claquer, elle sortit de la chambre de Kei. Il ne devait jamais être témoin de la violence que David lui faisait subir.  

 

Elle pénétra dans le salon de la suite qu’ils occupaient et trouva son mari un verre à la main. Il était furieux : elle le voyait et le sentait. Elle ne baissa cependant pas les yeux quand il se tourna vers elle et esquiva le verre qu’il lui jeta à la figure.  

 

- Comment as-tu osé, Kaori ?, hurla-t-il.  

- Tu m’as ridiculisé devant toutes mes relations d’affaires. Tu m’as grillé de belles opportunités, espèce de sale garce. Tu ne vas donc jamais apprendre à rester à ta place !  

- Non., répondit-elle calmement.  

- Tu n’as donc toujours pas compris que tu es à moi et que tu dois m’obéir, que ton rôle est de faire en sorte que les gens m’apprécient en vantant mes louanges !  

- Tu n’as pas apprécié mes compliments alors ?, le nargua-t-elle.  

 

David avança à grands pas vers elle et la gifla. La jeune femme se retint au dossier du canapé.  

 

- Tu devrais me remercier de t’avoir sortie de ta vie de merde et de la chance que je t’ai offerte. Sans moi, tu continuerai à trimer pour un salaire de misère et attendre qu’un homme qui ne t’aime pas vraiment daigne te regarder !  

- J’aimais ma vie comme elle était, David ! C’est la vie que tu m’as imposée que je déteste ! Tu peux garder tes beaux principes et ton fric ! Tu n’es qu’un salaud, un homme faible qui n’assoit sa puissance que par la violence qu’elle soit financière, morale ou physique. La seule chose que tu saches donner ce sont les coups !  

- Tu vas apprendre à te taire, Kaori !, lui dit-il avant de la rouer de coups.  

 

Elle se défendit comme elle put jusqu’à sombrer dans l’inconscience.  

 

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin, Kei dormait encore. Elle souffla de soulagement malgré la douleur de ses côtes qui était difficilement soutenable et à laquelle elle commençait malheureusement à s’habituer. Elle n’avait pas besoin de soulever le drap pour savoir qu’elle était nue, ce qui signifiait qu’il l’avait non seulement battue mais également à nouveau violée. Tenant le tissu sur elle, elle se leva et examina le lit, espérant y voir une tâche de sang. Son cœur sombra. Rien… Rien de rien… Pourtant à la douleur, elle savait qu’il l’avait frappée dans le bas du ventre. Elle portait donc encore le fruit pourri qu’il avait réussi à engendrer.  

 

Elle se rendit péniblement à la salle de bains et se glissa sous le jet d’eau, laissant les larmes couler. Elle ne put s’empêcher de se remémorer la scène de la veille, lorsque le médecin qu’elle avait été consulté lui avait confirmé ce qu’elle craignait. Elle était enceinte de six semaines. Bien qu’elle allaita encore Kei à sa demande, le fait qu’il faisait ces nuits depuis un peu plus de deux mois maintenant avait cassé l’effet contraceptif. Le laps de temps maximal entre deux tétées devait être de six heures et Kei en dormait huit d’affilée désormais. Ses cycles avaient repris et elle n’avait même pas eu le temps de s’en apercevoir qu’elle était de nouveau enceinte. Elle avait tenté de persuader le médecin de l’avorter sur le champ mais il ne pouvait pas. Les lois de son pays imposaient deux consultations pré-IVG et elle partait le lendemain. Elle était ressorti de là, le cœur lourd, ressentant une profonde détresse.  

 

Elle savait que beaucoup de choses pouvaient se passer, qu’elle pouvait encore faire une fausse couche et perdre le bébé et avait décidé de ne rien dire à David. Elle ne voulait pas lui donner une raison de les renvoyer aux Etats-Unis. Ils devaient continuer ce voyage jusqu’à arriver au Japon. Elle devait donner du temps à Ryo et à la bande pour le pousser à la ramener chez elle. Elle avait entendu David au téléphone parlant de problèmes mineurs dans quelques-unes de ses entreprises de l’archipel. Pour l’instant, cela ne semblait pas l’avoir poussé à s’y rendre personnellement mais ils trouveraient, elle en était sûre. Elle aviserait donc au fil du temps pour sa nouvelle grossesse.  

 

Entendant Kei commencer à chouiner, elle se dépêcha de sortir de l’eau et de s’habiller. Se tournant vers le miroir pour se coiffer, elle aperçut l’hématome sur sa joue et comprit mieux la sensation douloureuse qu’elle ne ressentait jamais aussi longtemps avec une gifle. Elle s’efforça d’oublier cette vision et alla retrouver Kei. Elle le mit rapidement en position pour le nourrir malgré la douleur dès qu’il faisait un mouvement. Elle fut surprise de le voir à plusieurs reprises se retirer et se mettre à pleurer avant d’y retourner comme s’il se nourrissait à regrets. Son cœur se serra à cette pensée. Elle ne voulait pas garder son fils pour elle indéfiniment mais ce contact lui faisait tellement de bien qu’elle ne voulait pas encore le perdre.  

 

La matinée passa et le même scénario reprit au moment de la tétée du midi. Elle dut admettre que son fils aspirait peut-être à autre chose et qu’il se sevrait de lui-même. Elle n’avait pas le droit de lui refuser cela. Il avait quatre mois. Il avait grandi, c’était juste la suite logique… Il termina quand même tant bien que mal et elle le mit à dormir. Elle prépara pendant ce temps les bagages puisqu’ils reprenaient l’avion le soir-même. Dès que Kei fut réveillé, elle se rendit au magasin non loin de l’hôtel et lui acheta de quoi lui faire des biberons et lui proposer d’autres aliments.  

 

Quand David rentra le soir de mauvaise humeur, il se contenta d’aller finir sa valise et, sans un mot, ressortit. Leur garde du corps prit la valise de Kaori qui tenait déjà la poussette et les affaires de Kei et la précéda dans les couloirs pour lui tenir la porte de l’ascenseur.  

 

Une heure plus tard, ils décollaient et voyageaient vers l’Afrique du Sud.  

 

- Toujours pas de demande de visa ?, demanda Ryo à Saeko.  

- Non, rien., lui apprit-elle.  

- Sur aucun aéroport, précisa-t-elle, se rappelant de l’erreur de la dernière fois.  

- Qu’est-ce qu’il lui faut ?, gronda Ryo.  

 

Cela faisait huit semaines maintenant, depuis le mariage de Kaori, qu’ils avaient commencé leur travail de sape. D’abord quelques perturbations sur les lieux de travail, un peu de désinformation qui avait lancé une campagne de grèves, quelques incidents techniques perturbant la productivité, des vols de dossiers, du piratage informatique… Pour l’instant, cela n’avait pas suffi à le faire venir mais Ryo ne désespérait pas. Il n’en avait pas fini. Il testerait l’usure de son ennemi aussi longtemps que celui-ci n’aurait pas cédé.  

 

Cette nuit-là, Ryo sortit de Tokyo et se dirigea plus au nord. Il parvint vers minuit à sa destination, une des dernières acquisitions de James Corporation comme il se plaisait à l’appeler. Grâce aux dossiers volés et notamment les plans des bâtiments de toutes ses entreprises, il savait où se diriger et ce qu’il visait. Il entra dans la salle aux murs blancs, ne fit pas de cas de ce qui y était et se dirigea vers le tableau électrique. Il retira le disjoncteur qui l’intéressait, le remplaça par un autre et ressortit. Un quart d’heure plus tard, il entendit les alarmes incendie se mettre en route et s’en alla avant l’arrivée des pompiers et de la police.  

 

Alors qu’ils dînaient au restaurant de l’hôtel, le seul bruit provenant du babillage de Kei assis dans son cosy, le téléphone de David sonna. Il s’excusa brièvement et sortit de la salle pour ne pas déranger. Kaori se détendit quelque peu, profitant de ce moment de répit. Elle était fatiguée et ne rêvait que de se coucher. Contrairement à ce qu’elle s’était attendue à vivre en Afrique du Sud, ce n’était pas la chaleur qui l’embêtait, loin de là puisqu’elle avait même plutôt froid, mais l’humidité. Kei et elle ne pouvaient pratiquement pas sortir, même dans le jardin de l’hôtel car il ne faisait que pleuvoir. Elle cacha un bâillement avec sa serviette et la remit rapidement en place quand son mari revint contrarié. Elle avait déjà pris un peu de ventre et ne voulait en aucune manière le laisser paraître.  

 

- Demain, tu prépareras nos bagages. Nous prenons l’avion à dix-sept heures. Je viendrai te chercher à quinze heures à l’hôtel. Soyez prêts., lui dit-il brièvement.  

- Et où allons-nous cette fois-ci ?, s’enquit-elle, d’un ton neutre.  

- Au Qatar.  

- Tu plaisantes ? On ne peut pas emmener Kei au Qatar, il y fait plus de quarante degrés.  

- Dans un hôtel climatisé, il ne sentira pas la différence. De toute façon, tu n’as pas le choix. Je dois trouver un endroit pour relocaliser certaines de mes activités., lui apprit-il.  

- Ah oui et lesquelles ?, répondit-elle du tac au tac.  

- C’est bien l’une des rares fois où tu t’intéresses à mon travail. Je vais délocaliser mes entreprises du Japon. Il faut que je trouve un nouveau point de chute.  

 

Kaori sentit son cœur se glacer. S’il n’avait plus d’entreprise là-bas, il n’avait plus aucune raison de s’y rendre et elle de solution pour rentrer.  

 

- Pourquoi veux-tu délocaliser ? C’est encore un nouveau moyen de pression sur moi ?, lui demanda-t-elle d’une voix blanche.  

- Non, tout ne tourne pas autour de toi, ma chère., railla-t-il.  

- Je viens de subir plusieurs incidents au Japon et, aujourd’hui, on a détruit mon laboratoire et avec plusieurs mois et millions de dollars de recherche. Je sais que j’ai des concurrents au Japon et je veux m’en éloigner., lui apprit-il.  

- Tu ne devrais pas plutôt y aller et te renseigner sur l’enquête ?, l’interrogea-t-elle posément.  

- Si je dois mettre les pieds au Japon, ma chérie, je le ferai sans toi. Tu n’as en aucun cas mérité que je te fasse ce plaisir.  

- Tu es ignoble… Ca fait plus d’un an que je n’ai pas pu me recueillir sur la tombe de mon frère et de mon père., murmura-t-elle, les larmes aux yeux.  

- Montre-toi plus… agréable et docile.  

- Je ne suis pas un chien, David., le rabroua-t-elle, la main serrée sur son couteau.  

 

Quand elle s’aperçut de son geste et des sentiments funestes qui l’agitaient, elle le relâcha horrifiée. Elle se vit même un instant retourner le couteau contre elle, le plantant là où nichait un bébé qui n’avait rien demandé, dont le seul péché était d’être son enfant à lui et non celui de Ryo. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et se leva, prenant le cosy de Kei.  

 

- Je ne me sens pas bien. Je retourne à la chambre., lui dit-elle, se retenant de pleurer.  

- Fais. Je te rejoins., lui dit-il.  

 

Tenant le cosy devant elle, elle s’en alla et se retrouva seule dans sa chambre un moment. Elle donna le biberon à Kei, le changea et le mit au lit dans le calme.  

 

- Il faut que tu trouves une bonne raison pour le faire venir, Ryo. Je t’en supplie. Sors-nous de là., murmura-t-elle, la voix tremblante.  

 

Peu après, David rentra et s’imposa à elle une nouvelle fois.  

 

- On rentrera à Los Angeles à quatre, Kaori. Bientôt, tu porteras mon bébé. Surtout, préviens-moi quand tu seras enceinte. Je ne voudrais pas que mes corrections te fassent faire une fausse couche., lui dit-il, caressant sa joue.  

- Tu peux compter sur moi., souffla-t-elle.  

 

Elle maudissait le garde de corps qu’il lui avait assigné et qui l’avait empêchée de sortir de l’hôtel. Elle aurait pu avorter dans ce pays. Elle ne l’espérait même pas au Qatar. Avec un peu de chance, elle le pourrait au déplacement suivant.  

 

- Ryo, il y a des bruits qui circulent dans le monde des affaires., lui apprit Sayuri, quinze jours plus tard.  

- Tu sais, moi, à part le monde des petites affaires…, répondit-il, légèrement moqueur.  

- Ne plaisante pas. Ce James est en train de chercher de nouvelles localisations pour ces entreprises japonaises. Il a déjà lancé la relocalisation de deux. Tu sais ce qui ne se passera pas s’il n’a plus d’entreprise dans le pays.  

- Kaori ne rentrera pas au Japon., murmura-t-il.  

- Je vais trouver quelque chose, Sayuri, et, si je n’y arrive pas, je viendrai jusqu’aux Etats-Unis…  

- C’est trop risqué, Ryo…  

- Je m’en fous. Tout cela a assez duré. Elle doit revenir. Elle a pris suffisamment de risque pour moi. Je le ferai sans hésiter s’il le faut. Mais on va d’abord essayer la méthode plus sûre. Je n’ai pas vraiment envie de faire voyager ma femme et mon fils dans une soute de cargo pendant de longues semaines.  

 

Il entendit le silence au bout de la ligne.  

 

- Aie confiance, Sayuri. Kaori est une battante. Elle va tenir le coup., tenta-t-il de la rassurer même s’il n’était pas si confiant qu’il voulait en avoir l’air.  

- Je sais mais j’ai peur pour elle. Elle semblait comme éteinte au mariage même si elle sauvait les apparences. Je n’ai pas reconnu ma sœur, Ryo.  

- Sayuri, je ne m’attends pas à retrouver Kaori telle qu’elle était quand elle est partie. Elle aura certainement vécu des choses horribles pour une femme et la seule chose que je peux te promettre, c’est d’être là pour lui rappeler qui elle est et l’aider à remonter la pente.  

- Si quelqu’un peut y arriver, c’est toi. Je le sais, Ryo. Il y a quelque chose d’unique entre vous, un lien invisible qui semble vous unir…  

- J’espère qu’il ne se sera pas brisé ou trop effiloché pendant notre séparation.  

- Kei est là. C’est un nouveau lien entre vous, un lien fort même.  

- Oui, c’est vrai., admit-il.  

- Je dois te laisser, Ryo. J’ai un double appel.  

- On se tient au courant.  

 

Ils raccrochèrent. Bon, David voulait jouer au plus malin et priver sa femme de toute possibilité de retour ? A malin, malin et demi et, si cet américain pensait pouvoir le battre en terme de vice, il se trompait lourdement. Il allait employer ses moyens retors et pervers pour l’obliger à venir…  

 

Les dix jours passés au Qatar avaient été insupportables tant la chaleur était lourde et pesante. Ils étaient arrivés depuis plus d’une semaine à Vladivostok une ville au climat plus clément où elle pouvait sortir un peu avec Kei même si le garde du corps la suivait partout.  

 

- Apprécie, Kaori. C’est le plus près que tu seras du Japon., lui lança David, un sourire mauvais aux lèvres.  

- Connard…, lâcha-t-elle, le cœur lourd.  

 

Comment supporter d’être si près et si loin de chez elle ? Elle serra les bras autour d’elle, le regard perdu au loin, au-delà de la mer qui s’étirait devant ses yeux comme pour mieux la narguer. Soudain, sa tête heurta violemment la vitre et elle sentit la douleur irradier dans tout son crâne. Elle tomba par terre sous le choc et sentit de nouveau les coups pleuvoir sur son corps pendant de très longues minutes. Finalement, il s’arrêta et remit sa veste en place, observant ses poings rougis.  

 

- Nous avons une soirée ce soir. Mets une robe adaptée et arrange-toi pour faire disparaître les marques de ta désobéissance.  

- De ta lâcheté, tu veux dire., grogna-t-elle, le souffle court.  

 

Elle le vit lever le pied comme pour la frapper de nouveau et se recroquevilla pour se protéger. Ce ne fut que lorsqu’elle entendit la porte claquer qu’elle se déplia en grimaçant et s’assit contre la vitre. Elle aurait pu lui dire qu’elle était enceinte pour faire cesser les coups mais elle n’avait pas encore fait une croix sur une fausse couche. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle souhaitait la mort d’un enfant, ce n’était pas elle. Soudain, elle sentit un mouvement dans son ventre. C’était tôt mais elle n’avait aucun doute que c’était le bébé.  

 

- Pas ça…, murmura-t-elle.  

 

Elle ne pouvait pas le sentir bouger, ne devait pas le sentir. Si elle le faisait, elle ne pourrait plus avorter. Un deuxième mouvement la poussa à poser la main sur son ventre et elle se mit à pleurer. Cet enfant était né d’un viol et le porter la déchirait en tant que femme et en tant qu’épouse du seul homme qu’elle avait aimée mais elle ne pouvait pas, ne pouvait plus songer à abréger sa vie. Cela allait à l’encontre de tous les principes et toutes les valeurs qui avaient fait d’elle ce qu’elle était, la femme que Ryo aimait. Elle défendait les enfants et les plus faibles, elle ne leur donnait pas la mort. Peu importait ce que ça lui coûterait, elle porterait cet enfant jusqu’à sa naissance. Elle lui donnerait la vie et le confierait à l’adoption pour qu’il ait deux parents qui l’aimeraient. Elle ne s’en sentait pas capable.  

 

La journée passa rapidement et, le soir arrivant, elle se prépara, masquant du mieux qu’elle put l’hématome à son front. Elle donnait le bain et le biberon à Kei quand David rentra et, sans un mot, se dirigea vers la salle de bain pour se doucher avant de se changer.  

 

- Tu es prête ?, lui demanda-t-il d’un ton peu amène en sortant de la chambre.  

- Je n’ai plus qu’à passer ma robe., lui dit-elle, refermant la porte de la chambre de Kei.  

- Dépêche-toi où nous allons rater le début de l’opéra.  

 

Elle ne se fit pas prier et fila dans la chambre dont elle ressortit cinq minutes plus tard.  

 

- Tiens, mets cela. Ca ira bien avec ta robe., lui ordonna-t-il, lui tendant un écrin.  

 

Elle ouvrit la boîte et regarda sans broncher la magnifique rivière de diamant. Serrant les dents face à son manque de réaction, David l’aida à passer le collier.  

 

- Un mot de travers ce soir…, commença-t-il.  

- Si tu veux me faire perdre le bébé que je porte, fais à ton aise., le coupa-t-elle, prenant son étole et sortant de la suite.  

 

Elle se dirigea sans attendre vers l’ascenseur dans lequel il la rejoignit peu après.  

 

- Combien de semaines ?, lui demanda-t-il.  

- Dix.  

- Tu le sais depuis combien de temps ?  

- Quatre.  

 

Il serra les poings et frappa la paroi de la cabine.  

 

- Et tu ne m’as rien dit alors que tu aurais pu perdre le bébé par ta faute ?, lui reprocha-t-il.  

- Je voulais perdre ce bébé. Et, si tu me frappes, c’est de ta faute, pas de la mienne. Assume tes faiblesses, David.  

- Je ne peux pas décaler le reste de mes voyages et je tiens à te garder sous surveillance, donc tu m’accompagneras partout. Nous rentrerons à Los Angeles d’ici novembre. D’ici là, tiens-toi à carreaux. Je ne te toucherai plus mais j’ai d’autres moyens de pression, rappelle-toi. L’un d’eux est à L.A. et l’autre dort paisiblement à l’hôtel., la menaça-t-il.  

- Tu ne t’en prendrais pas à Kei ?, lui demanda-t-elle d’une voix blanche.  

- Qui sait ?, laissa-t-il le doute planer.  

- Tu es méprisable., souffla-t-elle.  

- Pour te servir, ma chérie. Maintenant, souris et comporte-toi bien.  

 

La soirée se poursuivit sans heurts. Kaori sourit et ne lâcha pas un mot de trop. Kei ne devait pas subir la violence de David. Le séjour se termina en Russie et se poursuivit comme pour mieux la narguer dans les pays voisins du Japon, Corée du Sud, Chine, Vietnam. S’éloignant enfin à la fois à regrets et avec soulagement au vu des sentiments contradictoires qui agitaient Kaori, ils atterrirent en Australie six semaines plus tard.  

 

Pendant ce temps, les ennuis s’étaient accumulés au Japon. N’ayant toujours pas décidé de se déplacer jusque là, David devait encore organiser la délocalisation de deux entreprises. Malgré tout, il gardait le sourire et paradait au bras de sa femme dans toutes les soirées où il était invité.  

 

Zappant négligemment, Ryo s’arrêta stupéfait et se leva pour approcher de l’écran. Kaori était là devant lui, souriant faussement, le regard triste… et enceinte. Il sentit son cœur devenir lourd. C’était peut-être la pire chose qui pouvait lui arriver et il s’en voulut de ne pas avoir pu la préserver de cela. Cette grossesse signifiait aussi qu’il devait se presser de la faire rentrer. David pouvait la faire repartir aux Etats-Unis à n’importe quel moment.  

 

Il décrocha le téléphone.  

 

- Rendez-vous au Cat’s dans un quart d’heure., dit-il simplement. 

 


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