Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 24 chapitres

Publiée: 24-11-20

Mise à jour: 17-12-20

 

Commentaires: 31 reviews

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SongficRomance

 

Résumé: Une voix dans la nuit, un nouveau chemin, un nouveau regard...

 

Disclaimer: Les personnages de "[vwa]" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: [vwa]

 

Chapitre 4 :: Chapitre 4

Publiée: 27-11-20 - Mise à jour: 27-11-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Cette histoire sera plus légère que la précédente. Néanmoins, elle le sera moins que ce que j'en voulais au départ mais difficile de régner sur ses humeurs quand on écrit et publie au jour le jour. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24


 

Chapitre 4  

 

La culpabilité l’étreignant, Kaori appuya sur le bouton et rangea le téléphone dans sa poche. La sonnerie résonnant dans l’appartement, elle se précipita vers le le combiné dans le séjour et le décrocha au nez de Ryo, posant négligemment la main sur l’affichage. Il s’en était fallu de peu, souffla-t-elle.  

 

- Moshi Moshi ! Miki ! Oui et toi ?, demanda-t-elle au silence qui lui répondrait forcément.  

- Vraiment ? J’arrive. Je vais te donner un coup de main., annonça-t-elle, résolue.  

- Ryo, il faut… Ben, il faut que j’aille aider Miki ce soir. Tu gères le client. Je devrais être rentrée dans deux heures environ. Bonne soirée., lui dit-elle, s’en allant sans attendre.  

 

Ne surtout pas lui laisser le temps de réagir, se dit-elle. Elle l’entendit vociférer mais fit taire sa conscience. Les trois derniers jours avaient été durs. Il lui faisait payer le fait d’avoir accepté un client homme, ne comprenant pas pourquoi, après leurs deux derniers jobs, ils devaient encore calmer le banquier. Elle lui avait expliqué qu’elle avait dû rembourser certaines de ses dettes dans des cabarets et bars sans entrer dans les détails et que ce qu’il restait couvrait à peine leurs dettes bancaires. Elle n’avait toujours pas pu lui dire que, par sa faute, l’avant-dernier travail n’avait pas été payé parce qu’il avait provoqué le départ de leur animatrice fétiche et qu’ils ne seraient rémunérés que lorsque Shinobi aurait trouvé une remplaçante et qu’en attendant, elle devait jouer les intérimaires. Après tout, il avait juste aidé Aiko à ouvrir son cœur. Il n’avait pas prévu qu’elle partirait du jour au lendemain avec l’ingénieur du son qui l’aimait en secret depuis un long moment. Le directeur de la radio l’avait terriblement mal pris et le leur avait reproché, surtout quand Aiko avait pointé que, sans Ryo, rien de cela ne serait arrivé. Elle, elle payait juste les pots cassés et elle ne voulait pas qu’il se réfrène si l’occasion se représentait. Peut-être après tout qu’un jour, il en arriverait à y penser pour eux.  

 

- J’en reviens pas. Elle me colle le client sur le dos. C’est son client ! J’en voulais pas, moi., maugréa Ryo.  

- Tout va bien, Monsieur Saeba ? Kaori n’est pas là ?, lui demanda Yanosuke, descendant de sa chambre.  

 

Le nettoyeur jeta un regard ennuyé au jeune homme qui avait tendance à se montrer un peu trop aimable avec sa partenaire, un peu trop serviable, un peu trop convenable, un peu trop… tout en fait et poussa un long et ostensible soupir de frustration.  

 

- Mon incompétente de partenaire est partie blablater avec son amie. Une soirée entre filles alors que je devais aller faire le tour de mes indics., ronchonna-t-il, se sachant de mauvaise foi.  

- C’est étrange. Ca ne lui ressemble pas. Elle est si consciencieuse., remarqua leur client, dubitatif.  

- Je peux vous accompagner si c’est nécessaire ou rester ici seul ou vous me déposer auprès de Kaori., lui proposa-t-il.  

 

Ryo le regarda, calculant les conséquences de chaque décision qu’il pouvait prendre. Laisser le client seul à l’appartement était hors de question. Le déposer au Cat’s était tentant pour se retrouver seul à trousser les bunnies mais il se tempéra quand il pensa au temps qu’il passerait seul avec Kaori. Il s’était trop employé à les perturber à l’appartement pour laisser le loup tourner autour de sa partenaire qui semblait s’émanciper depuis une semaine. Même lui n’était pas insensible au sursaut de féminité de Kaori. Ne lui restait donc qu’une solution pour contrôler le loup plutôt que chercher à enlaidir la brebis, cette tactique ne fonctionnant visiblement pas.  

 

- Allez Yanosuke, prenez votre manteau. Je vais vous montrer comment travaille un grand professionnel !, lui fit-il avec une grosse tape dans le dos.  

 

Le pauvre fit trois pas en avant avant de se rattraper au mur et enfila sa veste, malgré tout curieux de voir comment travailler le détective qu’il avait engagé pour se protéger d’un clan sur lequel il investiguait. Partant vers le Kabuki Cho, Ryo fit un détour par le Cat’s afin de prévenir Kaori qu’il emmenait leur client avec lui. Il fit taire la petite voix qui lui disait qu’il ne prenait pas cette peine d’habitude et entra dans le café.  

 

- Miki chérie !, s’écria-t-il, s’élançant en sous-vêtements vers elle.  

 

Il s’écrasa sur le plateau en fer et se releva, cherchant partout, surpris de ne pas avoir reçu de massue sur le coin du nez en prime.  

 

- Où est le dragon ?, demanda-t-il, ne voyant ni veste ni sac à main.  

- De qui tu parles ?, lui demanda la barmaid.  

- Kaori, pardi. Elle a dit qu’elle venait te voir., lui apprit-il.  

- Ah ça !… Euh… Elle est repartie !, fit Miki, précipitamment.  

- Avec… Kazue. Elle avait un truc super important à lui dire., ajouta-t-elle d’une voix tendue, laissant échapper un petit rire gêné.  

- Ok…, fit-il d’une voix traînante.  

 

Il ne poussa pas l’interrogatoire plus loin, sentant que Miki lui mentait, ce qui signifiait que Kaori lui mentait et qu’elle avait prévu son coup. Il se demandait comment elle justifierait son comportement et se dit qu’il la confronterait lorsqu’ils en auraient fini avec cette mission. Ca ne servirait à rien avant sauf à le distraire.  

 

Arrivée à la radio, Kaori se précipita dans les toilettes et arrangea rapidement sa tenue avant de se mettre un peu de mascara et de rouge à lèvres. C’était futile mais elle aimait se glisser dans cette peau féminine plus assumée qui lui donnait de l’assurance pour se placer derrière le micro. Prête, elle ressortit et croisa Hiro.  

 

- Tu es à la bourre., lui fit-il remarquer.  

- Oui, je sais. Désolée, j’ai eu… un contretemps., admit-elle.  

- J’ai cru que tu voulais passer moins de temps en ma présence de peur de succomber à mon charme ravageur., répliqua-t-il, l’aidant à ôter sa veste.  

- Je sais encore me déshabiller toute seule., lui dit-elle d’un ton sentencieux.  

- Je n’en doute pas mais laisse-moi le plaisir de te retirer ta veste et imaginer t’ôter bien d’autres vêtements., lui murmura-t-il à l’oreille d’une voix chaude et sensuelle.  

 

Elle ne put retenir le frisson qui traversa son corps et s’en voulut : depuis quand avait-elle ouvert la porte suffisamment pour qu’un autre que Ryo lui fasse de l’effet ?  

 

- Ca suffit maintenant., lui intima-t-elle, le repoussant fermement.  

- Tu ferais bien d’aller prendre ton poste. L’émission va commencer., lui conseilla-t-elle, lui désignant la sortie.  

- Tu es dure avec moi, Kaori. Même pas un encouragement, une lueur d’espoir., lui reprocha Hiro doucement.  

- Je te l’ai dit. J’ai déjà quelqu’un dans ma vie., lui rappela-t-elle, se sentant coupable de la blessure qu’elle lui infligeait.  

- Qui n’est pas ton copain. Les sentiments ne sont donc pas partagés alors pourquoi tu t’accroches ?, l’interrogea-t-il.  

 

Sa question fut comme un coup de poing dans l’estomac. Elle la laissa sans voix un moment, la mettant devant une évidence qu’elle ne voulait même pas envisager. Se leurraient-ils à se déclarer des sentiments qui n’existaient pas ? S’ils ne se leurraient pas, n’étaient-ils pas assez puissants pour les motiver à agir ?  

 

- Ca ne te regarde pas., souffla-t-elle, visiblement perturbée.  

 

Hiro ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se retint, ne voulant la bouleverser plus. Il sortit fermant la porte derrière lui et Kaori s’installa, posant le casque sur ses oreilles. Elle ne pouvait pas croire qu’après tant d’années, Ryo et elle se seraient trompés mais c’était une possibilité. Elle ne doutait pas de son amour pour elle mais peut-être qu’elle devait se résoudre à l’éventualité que ce n’était qu’un amour fraternel ou quelque chose de similaire pour lui, pas celui qu’elle avait attendu en retour. Le geste de Hiro pour lui indiquer le début la tira de ses pensées et elle appuya sur le bouton du micro.  

 

- Vous êtes bien en direct de Super Tokyo Radio, il est vingt-et-une heures. C’est Kaori qui vous écoute pour l’émission Atout cœur., annonça-t-elle d’une traite, sentant une boule se former au fond de sa trachée.  

 

Elle prit une profonde inspiration pour lutter contre la douleur qui montait et enchaîna de la voix la plus naturelle possible.  

 

- Aujourd’hui, nous allons parler de réciprocité dans les sentiments amoureux et, comme toujours, pour commencer, quelques minutes en musique avec la très sensuelle Kylie Minogue et I should be so lucky., lança-t-elle, se sentant au bord de l’implosion nerveuse.  

 

Elle coupa le micro et entendit les premières notes de musique. Elle sentit sa lèvre inférieure trembler et la mordit jusqu’au sang pour se calmer. Ils ne pouvaient pas s’être trompés ainsi. Ce n’était pas possible.  

 

In my imagination  

Dans mon imagination  

There is no complication  

Il n’y a pas de complication  

I dream about you all the time  

Je rêve de toi tout le temps  

In my mind, a celebration  

Dans mon esprit, la fête  

The sweetest of sensation  

La plus douce des sensations  

Thinking you could be mine  

quand je pense que tu pourrais être mien  

 

- Kaori, je suis désolé si je t’ai vexée tout à l’heure., entendit-elle dans son casque.  

- Je… je deviens un peu dingue quand tu es dans les parages. Je ne contrôle pas tout ce qui sort de ma bouche., s’excusa Hiro.  

 

Elle se mit à rire nerveusement en pensant à Ryo et son incapacité à verbaliser ses sentiments sauf lors de moments forts et les larmes s’échappèrent de ses yeux.  

 

- Kaori, ça va aller ?, s’inquiéta-t-il.  

 

Elle hocha la tête, incapable de parler pour le moment. Si elle lui avouait ce qu’elle faisait, est-ce que ce serait l’un de ces moments où il serait capable de se dépasser et d’avancer ? Est-ce qu’il pourrait enfin lui permettre de réaliser ses rêves les plus fous ? Ils n’avaient rien de faramineux après tout, juste de pouvoir s’aimer, s’appartenir, se rendre la vie plus douce et belle, oublier les non-dits, les remarques acerbes, la froideur d’une nuit d’hiver entre ses bras, la solitude même quand ils étaient à deux. Etait-ce trop demandé ? Pourquoi tout était-il si compliqué entre eux ? Pourquoi étaient-ils incapables de se parler ?  

 

In my imagination  

Dans mon imagination  

There is no hesitation  

Il n’y a pas d’hésitation  

We walk together hand in hand  

Nous marchons tous les deux main dans la main  

 

S’il faisait un pas vers elle, elle ne se poserait même pas la question de ce qu’elle voulait. Tout était clair dans son esprit. Elle savait à quoi elle s’exposait, à quoi elle pouvait prétendre, ce qu’elle abandonnait. Elle ne demandait pas de grande déclaration, pas d’affichage outrancier. Elle savait que, pour eux, l’expression « marcher main dans la main » ne serait que figurée et elle pouvait s’en contenter, ça lui suffisait amplement.  

 

I'm dreaming  

Je rêve  

You fell in love with me  

que tu es tombé amoureux de moi  

Like I'm in love with you  

comme je suis amoureuse de toi  

But dreaming's all I do  

Mais rêver c’est tout ce que je peux faire  

If only they'd come true  

Si seulement mes rêves pouvaient devenir réalité  

 

- Ca me tue de penser qu’une jolie fille comme toi, si sensible et fine puisse se retrouver menée par le bout du nez par un homme., gronda Hiro.  

- Je ne suis pas menée par le bout du nez !, lui répliqua-t-elle, vexée.  

- Tu ne sais rien de lui, de nous. De quel droit te permets-tu de juger ?, lui reprocha-t-elle.  

- Du droit de celui qui doit rester là à te regarder te morfondre alors que je voudrais juste avoir une chance de te montrer ce qu’on pourrait être tous les deux !, répliqua-t-il, déterminé.  

 

Elle l’observa, les yeux écarquillés, les lèvres entrouvertes, puis secoua lentement la tête en signe de négation.  

 

- Je ne peux pas, Hiro. Je l’aime. Ca fait des années que je l’aime et que… Je ne peux pas baisser les bras maintenant. Je ne peux pas l’abandonner., murmura-t-elle.  

 

I should be so lucky  

Je pourrais être si chanceuse  

lucky, lucky, lucky  

I should be so lucky in love  

Je pourrais être si chanceuse en amour  

I should be so lucky  

Je pourrais être si chanceuse  

Lucky, lucky, lucky  

I should be so lucky in love  

Je pourrais être si chanceuse en amour  

 

- Je n’arrive pas à croire qu’une fille sensée puisse s’entêter dans une relation à sens unique., ragea-t-il.  

- Je ne sais pas si c’est idiot mais je ne peux pas cesser de l’aimer. Il est en moi., argumenta-t-elle.  

- Ce n’est pas toi l’idiote. C’est lui. Il devrait se rendre compte de la chance qu’il a de t’avoir., soupira Hiro.  

 

It's a crazy situation  

C’est une situation délirante  

You always keep me waiting  

Tu me fais toujours attendre  

Because it's only make believe  

Parce que c’est seulement faire croire  

And I would come a-running  

Et j’accourerais  

To give you all my loving  

Pour te donner tout mon amour  

If one day you would notice me  

Si un jour tu pouvais me remarquer  

 

- Tu ferais cela, Kaori ? Tu accourrais au moindre claquement de doigt qui te dirait qu’il est prêt ?, lui demanda-t-il.  

 

Le regard qu’elle lui lança valut toutes les réponses et le désola. Elle le ferait, sans hésiter qui plus est.  

 

My heart is close to breaking  

Mon cœur est proche de se déchirer  

And I can't go on faking  

Et je n’ai plus envie de faire semblant  

The fantasy that you'll be mine  

de rêver que tu m’appartiens.  

 

- Mais cette partie-là devient vraie aussi., murmura-t-elle à contrecœur.  

- J’en ai assez d’attendre. Ma patience arrive à bout., admit-elle.  

 

I'm dreaming  

Je rêve  

You fell in love with me  

que tu es tombé amoureux de moi  

Like I'm in love with you  

comme je suis amoureuse de toi  

But dreaming's all I do  

Mais rêver c’est tout ce que je peux faire  

If only they'd come true  

Si seulement mes rêves pouvaient devenir réalité  

 

- Je ne te mentirai pas en te disant que je suis navré pour lui mais je le suis pour toi parce que tu as l’air de vraiment beaucoup tenir à lui. Ca doit être douloureux de devoir renoncer à ses rêves., fit Hiro, compréhensif.  

- Ce n’est pas douloureux. C’est impossible. Ce rêve-là, je ne peux pas l’abandonner., murmura-t-elle.  

 

Elle ne pouvait pas. Ca voudrait dire qu’elle aurait gâché toutes ces années, subi tant de choses pour rien, qu’elle s’était trompée sur l’homme avec lequel elle avait vécu, en qui elle avait cru, en qui elle croyait encore même si ça devenait de plus en plus dur. Elle ne voulait pas baisser les bras… même si elle devait admettre que le rêve devenait amer, vraiment amer, à la limite de l’imbuvable.  

 

I should be so lucky (so lucky, so lucky)  

Je serai si chanceuse  

I should be so lucky  

I,I (I,I)  

I should be so lucky (so lucky, so lucky)  

I should be so lucky  

I,I,I,I,I,I,I,I,I,I  

 

- Pourtant, il faudra bien un jour que les choses changent, soit pour vous, soit pour toi., osa-t-il.  

- Il faudra peut-être accepter de trouver le bonheur dans les bras d’un autre., lui suggéra-t-il, la voyant fermer les yeux, encaissant le coup.  

 

In my imagination  

Dans mon imagination  

There is no hesitation  

Il n’y a pas d’hésitation  

We walk together hand in hand  

Nous marchons tous les deux main dans la main  

 

- Tu vas pouvoir continuer ? Sinon, je peux simuler un problème technique pour interrompre l’émission et diffuser des titres en continu. Pour cette heure-ci, c’est avec moi que tu marches main dans la main, Kaori. Dis-moi ce que tu veux faire. Je te suis, ma sirène., lui apprit-il, posant un regard rassurant sur elle.  

 

Touchée, elle lui sourit.  

 

I'm dreaming  

Je rêve  

You fell in love with me  

que tu es tombé amoureux de moi  

Like I'm in love with you  

comme je suis amoureuse de toi  

But dreaming's all I do  

Mais rêver c’est tout ce que je peux faire  

If only they'd come true  

Si seulement mes rêves pouvaient devenir réalité  

 

- On aurait dû se rencontrer dans une autre vie., murmura-t-elle.  

- Moi, je vais encore rêver pour celle-ci., lui répondit-il posément.  

- Alors, Kaori, que fait-on ?, lui demanda-t-il.  

 

Pour toute réponse, elle prit une profonde inspiration et appuya sur le bouton du micro.  

 

- Vous êtes sur Super Tokyo Radio. C’était Kylie Minogue avec I should be so lucky., enchaîna-t-elle, maîtrisant sa voix difficilement.  

- Bravo, Kaori. Tu es forte., la félicita Hiro, un regard fier posé sur elle.  

 

Elle leva les yeux vers lui et le remercia d’un signe de tête. Elle aurait aimé ce genre de remarque de Ryo toutes les fois où ils étaient passés par des situations difficiles, quelque chose de positif pour l’encourager à continuer, progresser.  

 

- Nous accueillons Aiko. Bonsoir Aiko., fit Kaori, se retenant de rire à la coïncidence d’une femme portant le même prénom que celle par qui tout était arrivé.  

- Bonsoir Kaori. Je voulais savoir : comment faire pour savoir si celui qu’on aime nous aime ?, lui demanda-t-elle.  

- Je dirai que la manière la plus simple, c’est de lui poser la question., répondit la nettoyeuse.  

 

Elle s’imagina un instant des années en arrière aller trouver Ryo et lui poser la question fatidique : « m’aimes-tu ? ». Elle savait ce qui se serait passé : il aurait fui, l’aurait baratinée, embrouillée et elle serait revenue bredouille.  

 

- Lui… lui poser la question ? Jamais… Jamais je n’oserai. S’il me dit non, j’aurai l’air de quoi ? Je serai incapable de le regarder en face par la suite et nous devons bosser ensemble., s’écria horrifiée la jeune femme.  

- C’est en effet un dur moment d’incertitude mais, s’il vous dit oui ?, lui retourna Kaori.  

- Je t’aime, Kaori. Je veux faire ma vie avec toi., lui disait Ryo.  

 

Son regard se figeait, son cœur arrêtait de battre, le temps semblait suspendu. Il venait de répondre à sa question de manière positive et elle n’y croyait pas. Elle n’avait pas attendu en vain. Il l’aimait et voulait avancer avec elle. Elle approchait de lui, passait les bras autour de son cou et l’embrassait, sentant ses mains se poser sur ses reins. Elle avait chaud, elle se sentait bien, libérée d’un poids d’incertitude, de toute cette attente. Elle se sentait légère.  

 

- Kaori, reviens avec nous., résonna dans son casque, la ramenant à la réalité.  

- Mais n’y a-t-il pas un autre moyen ?, l’interrogea Aiko.  

- Je…, commença-t-elle, fermant les yeux pour se reprendre.  

- Vous pouvez accumuler les indices : les regards, les gestes, les paroles. Cependant, rien ne sera jamais aussi sûr que de lui poser la question., répliqua-t-elle.  

- Je n’aurai jamais le courage., souffla l’auditrice.  

- Il faut savoir prendre des risques en amour. Peut-être que lui aussi vous attend, attend un geste de votre part., lui offrit Kaori.  

- Ce sera suffisant ? Si je fais un geste vers lui, ça suffira à le faire réagir ?  

 

Kaori se retint de soupirer et ferma les yeux, repensant à la semaine qui venait de passer. Elle avait osé affirmer son côté féminin face à Ryo. Il avait eu l’air d’apprécier ou en tous cas, il ne l’avait pas raillée, au moins dans un premier temps, jusqu’à ce qu’elle lui impose un client, un homme. Depuis, plus rien ne semblait avoir grâce à ses yeux. C’était si compliqué avec lui mais il n’était pas tous les hommes.  

 

- Ca peut suffire mais peut-être que sa réponse ne sera qu’un signe envers vous pour que vous lui en montriez plus. Mais il faudra que l’un de vous deux fasse le premier pas quoiqu’il arrive., répondit la nettoyeuse.  

- Ca… Ca me va. Je ne veux pas m’exposer inutilement mais je peux faire un geste., concéda Aiko.  

- Merci, Kaori.  

- Bonne soirée, Aiko.  

 

Le jingle publicitaire résonna et quatre auditeurs s’enchaînèrent.  

 

- C’est la dernière, Kaori., lui apprit Hiro.  

 

Elle l’observa et acquiesça. Il n’avait pas été insistant comme les émissions précédentes. Il lui avait glissé quelques mots d’encouragement et le reste du temps, avait gardé le silence. Elle lui en était reconnaissante. Ca lui laissait le temps de digérer les pensées qui flottaient dans son esprit.  

 

- Nous accueillons notre dernière intervenante. Tami, bonsoir., l’accueillit Kaori.  

- Bonsoir. Voilà, je vous appelle parce que j’en suis au stade où on s’est déclarés mais depuis plus rien. Je lui ai dit que je l’aimais, il m’a dit que lui aussi mais depuis on a à peine échangé un baiser. Ca fait des semaines que ça dure et je ne sais pas ce que je dois en penser., lui expliqua la jeune femme.  

 

Kaori retint sa première réponse qui était « il t’a au moins embrassée » et pinça ses lèvres avant d’en attraper une avec ses dents et de la relâcher.  

 

- Regardez-moi cette bouche. On rêverait de l’embrasser., fit le barman, les yeux rivés sur l’écran.  

 

Ryo leva les yeux, tout comme Yanosuke, et ne put s’empêcher de fixer les deux lignes charnues.  

 

- J’y collerais bien ma langue, tiens., fit un client, un peu éméché en riant.  

- Moi, c’est pas ma langue que j’y collerais., fit un autre encore plus saoul.  

- Vous êtes écœurant, messieurs., s’insurgea le journaliste, bondissant de son siège.  

- Tout doux, l’ami. Ca ne sert à rien., lui conseilla Ryo, le forçant à se rasseoir.  

- Laisse-les dire. C’est l’alcool qui parle. Ils ne feraient pas de mal à une mouche. Tu mets les émissions pour filles maintenant., fit-il au barman.  

- Avant, c’était une autre nana mais elle s’est tirée. Elle était mignonne alors ça attirait du monde au bar et tu sais ce que c’est. Ils regardent, consomment, c’est bon pour le business. Celle-ci, on ne voit que ses lèvres, alors les spéculations vont bon train et les mecs continuent à mater en espérant un peu plus., expliqua-t-il.  

- Chut…, fit un des clients à côté d’eux.  

- Le baiser était génial mais s’il ne se passe rien, je ne vais pas attendre une éternité. J’ai envie d’avancer., expliqua l’auditrice.  

- Il n’y a que deux possibilités, Tami. Soit vous rompez et allez voir ailleurs parce que, finalement, ce n’était peut-être pas l’homme qu’il vous fallait même s’il a osé vous dire qu’il vous aimait et que vous pensiez l’aimer également, soit… vous persistez et attendez qu’il soit prêt ou le moment adéquat pour le confronter sans savoir quand ce moment arrivera. Tout dépend de l’espoir et de la foi que vous placez dans votre couple., annonça la speakerine.  

 

Une nouvelle fois, Ryo sentit un frisson le traverser en entendant cette voix si familière et pourtant inconnue.  

 

- Putain, encore une qui est heureuse en ménage et qui se permet de donner des conseils aux autres du haut de sa grande expérience de bonne femme à qui la vie sourit., cracha un client dégoûté.  

- Non, elle n’est pas heureuse dans sa vie sentimentale., démentit le nettoyeur.  

 

Il avait entendu la légère hésitation sur le début de la deuxième partie, la tension quasi imperceptible dans la voix et, regardant l’image, il voyait le léger tremblement de la lèvre inférieure, le petit mouvement de menton qui accompagnait les respirations quelque peu saccadées.  

 

- Elle attend que l’homme qu’elle aime se décide à lui parler., ajouta-t-il d’humeur sombre.  

 

Ca ne pouvait être que cela. Son stress était lié au sujet évoqué et elle faisait face pour prodiguer des conseils aux autres pour avancer, leur apporter un soutien, une oreille bienveillante pour s’épancher. Il ne put s’empêcher de penser à Kaori et à la situation dans laquelle ils étaient.  

 

- Encore une de tes conquêtes déçues, Saeba ?, ironisa le barman, lui lançant un regard amusé.  

- Une bouche aussi tentante, je m’en souviendrais., répondit Ryo sur le même ton, faisant face.  

- Tout dépend où elle a oeuvré., répliqua l’un des deux ivrognes partant d’un rire gras.  

 

Ryo se leva brusquement et l’attrapa par le col, le plaquant contre le mur sans ménagement en le fixant d’un regard noir.  

 

- Tu ferais mieux d’arrêter de picoler pour ce soir. Ca t’évitera de sortir des âneries., lui conseilla-t-il d’une voix dure.  

- Ok mec., bredouilla l’homme, les mains levées.  

 

Il le relâcha et l’autre tituba jusqu’à la sortie sous le regard du nettoyeur qui se rassit.  

 

- Laisse-moi te raccompagner, Kaori. Tu n’as pas l’air dans ton assiette et je serai plus rassuré si je te sais en sécurité chez toi., lui demanda Hiro.  

- Non, ça va aller., lui opposa-t-elle, remettant sa veste et la boutonnant pour chasser le froid qui l’avait envahie.  

- Tu peux cesser de jouer les femmes fortes. Je t’ai vue, Kaori. J’ai vu ton regard, tes larmes. Tu es à bout ou pas loin et je ne veux pas que tu t’effondres en pleine rue. Laisse-moi juste te ramener. Je ne rentrerai pas. Je te dépose devant chez toi, c’est tout., insista-t-il.  

- D’accord., concéda-t-elle au bout de quelques secondes.  

 

Une main dans le bas de son dos, il l’emmena à sa voiture et la laissa le guider jusqu’à chez elle. Elle le fit se garer devant l’un des immeubles voisins de chez elle.  

 

- Merci pour tout ce que tu as fait ce soir, Hiro., lui dit-elle, reconnaissante.  

- Peut-être qu’un de ces quatre, tu accepteras de venir prendre un café avec moi après l’émission. Pour ce soir, te savoir en sécurité me suffit., lui retourna-t-il avec un regard bienveillant.  

- Essaie de dormir et d’oublier ce type quelques heures., lui conseilla-t-il.  

- Je me passerai peut-être un coup de fil d’ici peu., plaisanta-t-elle, lui arrachant un sourire.  

- Si j’étais toi, je m’appliquerai mes propres conseils. Ils sont sensés… pour celui qui a envie de les entendre., lui répondit-il.  

 

Kaori se mordit la lèvre pour réprimer les nouveaux tremblements qui montaient.  

 

- Tu sais ce qu’on dit : le cœur a ses raisons que la raison ne peut pas comprendre., murmura-t-elle au bout de quelques secondes.  

- Parfois, je me dis que les mariages arrangés avaient cela de bon qu’ils étaient moins passionnés., pipa-t-il.  

- Tu serais prêt à te marier sans amour ?, lui demanda-t-elle, surprise.  

- Non mais j’aurais pu aller demander ta main à ton père et lui expliquer toutes les raisons qui feraient de moi un bon mari. On aurait toute une vie pour apprendre à s’aimer et tu ne souffrirais peut-être pas autant., lui répondit-il avec un léger sourire, caressant la ligne de sa joue.  

- Kaori, je crève d’envie de t’embrasser. Si tu ne sors pas de la voiture, je ne résisterai pas beaucoup plus longtemps., lui avoua-t-il, fixant ses lèvres.  

 

Elle vit à son regard que c’était la stricte vérité et, pour peut-être la première fois depuis qu’elle avait rencontré Ryo, elle ne savait pas si elle repousserait un autre homme qui lui offrirait ce qu’il lui refusait. Pourtant, elle n’était pas une fille facile et elle l’aimait mais la fatigue prenait le pas et les attentions d’Hiro, son regard, ses paroles la réchauffaient de l’intérieur.  

 

- Je ne peux pas., murmura-t-elle cependant.  

- Bonne nuit., glissa-t-elle avant de sortir du véhicule.  

 

Elle le vit hésiter à enclencher la vitesse puis il s’en alla, la laissant seule sur le trottoir, le cœur lourd. Elle fut soulagée de trouver l’appartement vide et d’avoir le temps de remonter la pente avant d’affronter Ryo. Malgré la tension nerveuse, elle s’endormit épuisée par la soirée mais fut réveillée vers trois heures du matin, quand son partenaire et leur client rentrèrent bien éméchés. Elle le laissa s’effondrer sur le parquet et aida Yanosuke à monter jusqu’à sa chambre avant de revenir et de passer le bras de Ryo autour de ses épaules pour l’aider à marcher. Il débita tout un tas d’idioties incohérentes sur le chemin dont elle ne tint pas compte et, arrivés dans sa chambre, il s’effondra sur son lit, ronflant comme un bon aussitôt que sa tête toucha l’oreiller. Les sourcils froncés, elle lui retira ses chaussures et remonta la couverture sur lui. Pour l’une des rares fois de leur cohabitation, elle avait l’occasion de le regarder pendant qu’il dormait et ne s’en priva pas. Elle fut toujours aussi surprise de son air serein. Voyant une de ses mèches lui barrer le front, elle la dégagea avec un geste d’une extrême douceur, retrouvant en elle cette tendresse qu’elle ressentait pour lui.  

 

- Fais quelque chose, Ryo. Un geste, un pas, un mot. Je n’en peux plus d’attendre. Je suis à bout., murmura-t-elle, le cœur serré avant de s’en aller et fermer la porte derrière elle.  

 

Elle ne vit pas les deux prunelles gris nuit s’ouvrir parfaitement alertes et fixer d’un regard sombre la porte. 

 


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