Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 13 chapters

Published: 05-10-19

Last update: 17-10-19

 

Comments: 31 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Quand un accident rend l'une des moitiés de City Hunter incapable d'assumer son rôle, que fera l'autre moitié? Comment gérer le handicap?

 

Disclaimer: Les personnages de " Dans les méandres de l'oubli" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Dans les méandres de l'oubli

 

Chapter 1 :: chapitre 1

Published: 05-10-19 - Last update: 05-10-19

Comments: Bonjour, me voici de retour avec une nouvelle histoire. J'espère qu'elle vous plaira. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13


 

Chapitre 1  

 

- Tu as encore une fois cédé, Ryo. Ce n’est pas possible ! Tu ne réfléchiras donc jamais plus loin que le bout de ton nez !, s’énerva Kaori.  

- Je n’ai pas de compte à te rendre, Kaori. Je fais ce que je veux de mes journées et de ma vie.  

- Chaque fois, tu dis que tu ne te laisseras plus avoir et finalement il suffit qu’elle te montre ses gambettes ou son décolleté et tu disjonctes ! Elle t’a promis combien de coups cette fois ?, lui demanda-t-elle.  

 

Les yeux de la jeune femme lançaient des éclairs et, sans le laisser paraître, le nettoyeur n’en menait pas large parce qu’au fond, même s’il refusait de l’admettre, il savait qu’elle avait raison et que sa colère était justifiée.  

 

- Si tu assumes tes choix, vas-y, n’aie pas honte et crache le morceau. Combien Ryo ? Combien de coups Saeko t’a promis ?, réitéra-t-elle.  

- Trois…, marmonna-t-il.  

- Ce qui porte à combien le nombre de coups qu’elle te doit ?  

- Cent cinquante en arrondissant., répondit-il de mauvaise grâce.  

- Tu es désespérant…, lâcha-t-elle, dépitée.  

 

La lassitude prenant le dessus, elle s’assit sur le divan et passa les mains sur son visage comme pour en chasser la tension. Il la regarda faire, apparemment indifférent, mais, à l’intérieur, son coeur se serra. Combien de fois allait-il encore la blesser avant de la perdre ?  

 

- C’est pour quoi cette fois-ci ?  

- Un trafic de drogue. Elle m’a demandé de remonter jusqu’à la source et de lui donner des preuves pour démanteler le tout., répondit-il.  

 

Kaori fixa ses pieds, désabusée. Saeko était loin d’être idiote : elle connaissait les points faibles de ses amis. Elle savait comment avoir Ryo en jouant de son physique, elle savait comment lui faire accepter à elle les missions qu’elle confiait à son partenaire. La nettoyeuse, c’était connu, avait les réseaux de drogue en horreur. Elle ne pourrait pas se résoudre à empêcher Ryo de faire le travail…  

 

- Bon, on commence par quoi ?, demanda-t-elle.  

- Par rien. Je ne veux pas de toi sur cette affaire., répondit-il durement.  

- Et pourquoi donc ? C’est toi qui a dit que City Hunter c’était nous deux., attaqua-t-elle.  

- J’aurais mieux fait de me taire ce jour-là plutôt que de vouloir t’amadouer., rétorqua-t-il sèchement.  

 

Kaori eut un mouvement de recul, choquée, blessée. Même si son regard noir semblait dur et impassible, Ryo se frappait intérieurement. Le peu d’informations qu’il avait déjà en sa possession le menait dans une direction et, s’il avait vu juste, l’organisation à laquelle il allait s’attaquer était dure. Il refusait de mettre la vie de Kaori en danger. Il voulait la savoir à l’abri même si, pour cela, elle devait le détester.  

 

- Je ne vois pas pourquoi tu aurais voulu m’amadouer parce que tu ne veux rien de moi., lui asséna-t-elle en se levant pour lui faire face.  

- Tu n’es qu’un ignoble crétin, Ryo Saeba.  

- Ignoble peut-être mais crétin certainement pas. Je doute qu’un crétin, comme tu le dis, aurait été capable de rester en vie aussi longtemps que moi avec toutes les épreuves que j’ai endurées.  

- Tu veux que je sorte les violons peut-être ?, railla Kaori.  

- Non, juste que tu te rendes compte de la réalité des choses., dit-il.  

 

Elle posa calmement les mains sur les hanches, relevant fièrement le menton pour lui montrer qu’elle n’avait pas peur de lui. Ses yeux noisette avaient pris une teinte proche de la couleur du feu et la colère avait coloré légèrement ses pommettes. Elle était tellement désirable ainsi que c’était dur de lui tenir tête.  

 

- Dans ta grande bonté, tu vas éclairer ma lanterne sur cette réalité des choses, je suppose ?, déclara Kaori.  

 

Il aurait presque souri à cet échange verbal des plus savoureux s’il n’avait pas eu idée du mal qu’il risquait de lui faire. Il reconnaissait à l’entendre les petites touches qu’il avait apportées à son comportement. Il était presque persuadé que la même conversation au début de leur partenariat aurait déjà tourné depuis longtemps aux larmes et aux massues. Il pariait qu’il aurait droit à la massue d’ici la fin de leur discussion mais il devrait attendre un peu plus longtemps… ce qui n’était pas pour lui déplaire. Kaori avait un caractère bien trempé et il aimait s’y frotter de temps à autre… de plus en plus souvent d’ailleurs.  

 

- Si tu y tiens. Je ne veux pas de toi sur cette affaire parce qu’avec ta délicatesse habituelle, tu vas tout faire foirer !, répondit-il.  

- Tu sais ce qu’elle te dit ma délicatesse !, hurla-t-elle.  

 

Elle l’assomma d’une massue « 100 % douceur » et décampa de là, vexée. Elle attrapa son sac au vol et sortit de l’appartement, laissant son idiot de partenaire seul avec sa massue. Ryo s’extirpa de l’engin de torture et sourit amèrement. Il savait qu’il avait gagné une bataille mais pas la guerre. Malgré tout ce qu’il lui avait dit, d’ici quelques heures, elle ne pourrait s’empêcher de s’inquiéter pour lui et voudrait l’aider malgré tout. Il ne pouvait se le permettre. Il allait devoir en remettre une couche et la pousser dans ses retranchements suffisamment pour qu’elle ne lui adressa plus la parole et le laissa à son sort pendant quelques jours. A ce moment-là, il aurait assuré sa sécurité suffisamment à son goût.  

 

Evacuant sa colère lentement, Kaori se dirigea vers la gare de Shinjuku. Elle était très remontée contre son partenaire et, en même temps, ne pouvait totalement lui en vouloir. Il était vrai qu’elle n’avait pas les capacités des autres professionnels qui les entouraient. Malgré tout, elle pensait qu’ils avaient dépassé ce stade depuis un moment et c’était dur de se prendre cela en pleine face aussi soudainement. Il n’y avait aucun message sur le tableau, ce qui n’améliora pas son moral. Le pas lourd, elle se dirigea donc vers le Cat’s Eye.  

 

Lorsqu’elle pénétra dans le café, elle s’immobilisa : Saeko était là. Elle sentit une bouffée de colère l’envahir avant de retomber aussi sec. Elle poussa un léger soupir et alla s’asseoir à son tabouret habituel.  

 

- Bonjour tout le monde., les salua-t-elle d’une voix morne.  

- Bonjour Kaori !, lui répondit gaiement Miki.  

- Je dois y aller., fit Saeko, prenant le chemin de la sortie, dans une indifférence feinte.  

- Attends Saeko ! La mission que tu as confiée à Ryo…, commença la nettoyeuse.  

- Oui, Kaori ?, l’interrogea-t-elle avec une patience exagérée.  

- C’est… c’est dangereux ?, finit la rouquine, gardant les yeux rivés sur sa tasse.  

- Je n’ai pas l’habitude de traiter avec des enfants de choeur., répondit-elle plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu.  

 

Kaori se mordit la lèvre et rougit de honte. Qu’elle était bête… Bien évidemment que c’était dangereux et elle le savait mais à quel point ? A quel point pouvait-elle se permettre d’être en colère contre lui ? Si elle savait qu’il rentrerait vivant, elle pouvait se permettre de lui en faire baver quelques jours mais, s’il risquait de mourir, elle ne voulait pas se souvenir de leurs derniers jours ensemble comme d’une guéguerre stérile et immature. Pourquoi était-elle tombée amoureuse de son idiot de partenaire…  

 

- Oui, désolée… Tu as raison…, murmura Kaori.  

 

Saeko ouvrit la bouche pour parler puis finalement se ravisa. Elle aurait voulu alléger la peine de la petite sœur de Maki mais elle savait qu’elle n’en avait pas réellement le pouvoir. Une seule personne le pouvait et elle ne le voulait pas.  

 

- Bonne journée à tous., dit-elle sortant du café.  

- Kaori, ça va ?, demanda Miki avec inquiétude.  

- Oui, ne t’inquiète pas. Ryo et moi nous sommes disputés… Rien d’inhabituel en somme…, dit-elle désabusée.  

- Falcon n’est pas là ?, remarqua la nettoyeuse.  

- Non, il avait à faire en dehors de la ville avec Mick. Il revient ce soir. Tu veux en parler ?, lui proposa son amie.  

- Non, ça ne servirait à rien.  

 

Des cris résonnèrent dans la rue et Kaori se retourna, les sourcils froncés. Sans un mot, elle bondit de sa chaise et sortit du café. Bientôt, Miki entendit un gros boum et les murs, tasses et autres vaisselles tremblèrent. Deux minutes plus tard, elle voyait passer devant la vitrine Kaori, très énervée, traînant Ryo, édenté, le visage aplati, derrière elle. Elle tira son partenaire à l’intérieur et, miraculeusement, dès qu’il franchit le seuil, il retrouva forme humaine et s’élança dans les airs en direction de la barmaid.  

 

- Ma Miki d’amour, Ryo chou a besoin de tendresse !, hurla-t-il, la langue pendante.  

 

Dans la seconde qui suivit, un collier de chien entoura son cou, le stoppant dans sa lancée. Sous l’effet de l’étranglement, ses yeux sortirent de leurs orbites, effarés. Tiré en arrière, il atterrit lourdement sur les fesses. Aussi vite, il se redressa et fit face à sa partenaire en colère.  

 

- Espèce de brute ! Tu aurais pu me briser le coccyx !, lui dit-il furieux.  

- Vu ton aptitude à encaisser les massues, ce n’est pas un petit atterrissage forcé qui va te briser un os ! Au pire, c’est ta fierté qui en aura pris un coup !, lui asséna-t-elle.  

- Elle au moins aura eu cette chance parce qu’on ne peut pas en dire pareil de tout le monde., lança-t-il ironique.  

- Tout le monde ne vit pas qu’au travers de ses organes sexuels, Ryo !, hurla Kaori, rouge de colère et de gène.  

- Ouais mais la plupart des gens les utilisent au moins une fois dans leur vie…  

 

Au silence qui suivit, il sut qu’il avait atteint son objectif mais il n’en était pas vraiment fier… Il vit une larme couler le long de sa joue et la blessure dans ses yeux. A ses mots, Kaori s’était figée et son coeur avait saigné. Elle le dévisagea un long moment, prenant sur elle pour ne pas exploser ni s’effondrer.  

 

- C’est là où nous différons. Tu te sens vivant à travers le sexe, moi ce sont les sentiments qui me font vibrer. L’acte sexuel n’est qu’une manière d’exprimer ses sentiments., répondit-elle, la voix posée.  

- Tu es trop romantique., répondit-il, cyniquement.  

- Ca sonne comme un reproche dans ta bouche et bizarrement je te plains, Ryo. Tu agis peut-être beaucoup mais, au fond, je ne suis pas sure que tu saches ce qu’est l’acte d’amour. Traite-moi de romantique, d’idiote, de fleur bleue mais le jour où je passerai à l’acte, ce n’est pas seulement mon corps que je partagerai…  

 

Sur ces derniers mots, elle prit sa veste et sortit du café. Une fois dehors, un long frisson la parcourut lorsqu’un coup de vent l’assaillit. Levant le visage au ciel, elle laissa la brise sécher ses larmes et prit le chemin du cimetière. Elle n’avait pas envie de rentrer, de se retrouver enfermée dans cet appartement avec lui. Elle ne voulait plus se disputer aujourd’hui car, malgré sa fierté blessée, malgré son égo amoindri, elle se jetterait toujours sous le feu pour lui éviter de mourir. La puissance de ses sentiments allaient encore au-delà de la douleur qu’il lui avait infligée.  

 

- Tu dois avoir envie de me gifler, aniki… Ta sœur est une masochiste, amoureuse d’un homme qui la maltraite avec son consentement…, soupira Kaori.  

- Pourquoi toi comme moi voyons plus en lui que ce qu’il montre ? Combien de temps faudra-t-il encore que je me batte pour qu’il me laisse une place dans son coeur ? Combien de temps vais-je encore résister avant de jeter l’éponge ? Je suis courageuse, Hide, mais là, il y va fort. Dois-je encore le laisser bafouer ma fierté avant de baisser les bras et de partir avec le peu qu’il me restera ? Je… Je suis perdue, Hide., admit-elle.  

 

Elle regarda au loin un attroupement de personnes devant une stèle. On mettait dans le caveau les cendres d’un défunt. Elle vit les proches, des femme, enfants et autres membres pleurer le défunt et partir ensemble après que la stèle fut refermée…  

 

- Le jour où je te rejoindrai, qui me pleurera, Hide ? Est-ce que j’aurai gâché toute ma vie à l’attendre ? Il m’a dit qu’il tenait à moi mais est-ce de l’amour réellement ? Et si ça en est, qu’en fera-t-il ? Argh, il va me rendre folle…, maugréa-t-elle.  

 

Elle resta encore là un moment puis prit le chemin du retour. Elle en avait pour une bonne heure à pied. Cela lui laisserait le temps de remettre de l’ordre dans ses idées et de reprendre le dessus.  

 

- Pourquoi tu lui fais autant de mal, Ryo ?, demanda Miki sévèrement après le départ de son amie.  

- C’est Kaori, elle se remettra. Elle se remet toujours., répondit-il, insouciant.  

 

Il priait pour que ces paroles furent vraies car il savait que tout le monde avait ses limites et Kaori en faisait partie. Ne les avait-il pas franchi d’ailleurs ? Il s’était attendu à recevoir une nouvelle massue après avoir évoque son expérience en matière de sexe… son inexpérience devrait-il plutôt dire, ce fait lui faisant plaisir…  

 

- Non, elle ne se remettra pas toujours, Ryo. Un jour, elle en aura marre et elle va partir. Je ne veux pas perdre ma meilleure amie parce que t’es pas foutu d’assumer tes sentiments.  

- Miki, tu sais bien que j’aime les vraies femmes…  

- Kaori est une vraie femme. Tu es le seul à fermer les yeux à ce sujet et tu as de la chance qu’elle t’aime à en crever sinon elle serait déjà loin !  

- Elle ferait peut-être bien de s’en aller. Je ne vaux pas la peine qu’on meure pour moi., dit-il, le visage fermé.  

- J’ai des choses à faire. A bientôt, Miki.  

 

Il partit sans plus de cérémonie. Une fois dans la rue, il se mit à courir les filles, ramassant gifles, coups de sacs et de talons. L’esprit plus léger, il poursuivit son tour en ville par la prise de renseignements auprès de ses indics. Il en secoua quelques-uns peu accommodants puis rentra chez lui. Il avait peu de pistes et ça l’agaça. Il y avait déjà passé une partie de la nuit et rien ou presque n’en était ressorti.  

 

Il s’arrêta dans la salle de tir et s’exerça pendant plus d’une heure. Lorsqu’enfin il remonta, il s’attendait à trouver Kaori dans le salon, passant ses nerfs sur les poussières mais elle n’était toujours pas rentrée et n’arriva qu’une demie-heure plus tard.  

 

- J’ai faim, Kaori. Qu’est-ce qu’on bouffe ?, demanda le nettoyeur se grattant l’entrejambe.  

- Débrouille-toi., murmura-t-elle.  

- Tu dis ? J’ai pas entendu. Affirme-toi, Kaori., la sermonna-t-il.  

- Je dis… donne-moi un quart d’heure. Je vais faire à manger., soupira-t-elle.  

 

Elle était consciente d’avoir cédé une nouvelle fois. Après tout, assurer l’intendance était son meilleur rôle, non ? Elle n’était pas douée dans l’action mais elle pouvait au moins veiller à son confort… En quinze minutes top chrono, elle prépara un repas copieux que son partenaire mit moins de cinq minutes à engloutir. Elle-même ne mangea que du bout des lèvres.  

 

- A défaut d’être bon, ça cale., remarqua-t-il à la fin du repas.  

- Tu sais, si tu veux un jour te trouver un mari, il faudrait vraiment que tu apprennes à cuisiner…  

- A défaut d’un mari, j’ai un vide-ordures. Dommage qu’il soit si bavard…, lui asséna-t-elle acerbe avant de quitter la pièce.  

 

Il la regarda sortir de la pièce, le dos droit, la tension évidente dans ses épaules. Il grignotait du terrain pour mener à bien sa mission de se la mettre à dos mais ce n’était pas vraiment une victoire dont il était fier.  

 

- Ne compte pas sur moi pour débarrasser la table et faire la vaisselle !, hurla-t-il.  

 

Il entendit ses pas approcher et adopta un air négligent, les mains derrière la nuque.  

 

- Ne t’inquiète pas, Ryo. L’idée que tu puisses mettre la main à la pâte en ce qui concerne les affaires domestiques ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Dans ce domaine-là, tu n’es doué que pour foutre le bordel., répondit-elle avec un faux sourire.  

- Chacun ses forces et faiblesses. Kaori. Tu tentes de compenser tes faiblesses sur le terrain par tes compétences domestiques des plus limitées. C’est déjà bien d’essayer. Tu me feras un café., dit-il, se levant nonchalamment.  

 

Il n’eut pas le temps de sortir de la cuisine qu’il se prit la verseuse de la cafetière dans la tête. Elle retomba par terre et éclata en morceaux.  

 

- Je crois que, pour le café, tu t’en passeras. Surtout qu’au vu de mes piètres compétences domestiques, je pourrais confondre un filtre avec une chaussette., ironisa-t-elle.  

 

Elle se frotta les mains et s’en alla. Au claquement de la porte qui menait au toit, Ryo put juger de la colère de sa partenaire et elle était forte… Il aurait peut-être ce répit de quelques jours qu’il espérait tant pour pouvoir mener son enquête à bien en la sachant occupée ailleurs. Ce délai écoulé, il rentrerait, elle aurait eu le temps de digérer son affront et tout rentrerait dans l’ordre. Il jeta un œil vers le toit et se prit à douter mais il chassa vite ce sentiment de son esprit. C’était Kaori, elle lui pardonnerait.  

 

Le soir venu, après un repas pris dans un silence pesant, Ryo sortit faire le tour des cabarets et des bars. Il but quelques verres, taquina la bunny mais ne se départit pas de son objectif premier : la recherche de la proie de Saeko. Il aimait cette chasse qui réveillait ses instincts de prédateur longuement développés dans la jungle. Il avait hâte de trouver l’homme et de le voir frémir de peur en sachant qu’il était fait comme un rat. Certes il ne le mettrait pas à mort sauf cas de force majeure mais il aurait cette petite poussée d’adrénaline au moment de s’en saisir… C’était aussi une des raisons qui le poussaient à accepter les missions de Saeko. Les truands qu’elle recherchait étaient souvent plus futés que le menu fretin qu’il rencontrait dans la rue…  

 

Au détour d’une ruelle, il fut accosté par Kenny, l’un de ses meilleurs indics, qui lui rapporta une conversation qu’il avait surprise par hasard entre un dealer et un des membres de l’organisation. Malgré la peur d’être découvert, il était resté pour l’entendre en entier, sachant que cela aiderait le nettoyeur.  

 

- Je te revaudrai cela, Kenny., le remercia Ryo, lui tapant sur l’épaule.  

 

L’indic eut un sourire fier. Le nettoyeur, quant à lui, regagna son immeuble au pas de course, bien décidé à en découdre avec cette organisation. Il monta rapidement les escaliers et, avant même que la porte n’eut claqué fermée, décrocha le téléphone pour prévenir Saeko du lieu où se terraient ces vendeurs de rêves chimiques.  

 

Lorsqu’il se retourna, il trouva Kaori. Il jura dans sa barbe car il ne l’avait pas sentie arriver. Elle avait progressé beaucoup plus qu’il ne voulait bien l’admettre. D’un certain côté, ça l’embêtait parce qu’il devait se montrer plus méfiant envers elle. D’un autre, il était fier d’elle et des compétences qu’elle avait acquises même si cela signifiait que son monde à lui avait déjà beaucoup trop déteint sur elle.  

 

- Je viens avec toi., affirma-t-elle.  

 

Effectivement, elle était parée pour le combat. Il poussa un long soupir ostensible d’agacement puis darda un regard noir sur elle.  

 

- Non !  

- Tu peux me faire tous les regards que tu veux, tu ne me fais pas peur, Ryo., le tança-t-elle.  

- Je viens avec toi., répéta-t-elle.  

- J’ai dit non, Kaori ! Tu restes ici et c’est non négociable.  

- Ah oui et pourquoi donc ?, s’énerva-t-elle.  

 

Leurs petites joutes verbales lui plaisaient mais là il aurait aimé retrouver la jeune femme timide qui n’osait pas le contrarier.  

 

- Parce que je te le dis et c’est tout !, riposta-t-il.  

- Moi, je te dis que je viens et c’est tout !, affirma-t-elle.  

- Non, Kaori. Tu ne me feras que me gêner. Il faut te le dire en quelle langue ? Tu ne sais rien faire, Kaori. Sans moi, tu es inutile, incapable de te protéger. Tu vas enfin comprendre que tu es un poids mort que je me traîne depuis sept ans !, la contra-t-il, d’une voix cinglante.  

 

Ils se jaugèrent un moment du regard puis elle baissa les yeux, humiliée. Il n’attendit pas de retour de sa part. Il savait qu’il venait de lui asséner un sacré coup, peut-être même le coup de grâce, et en avait un goût amer dans la bouche. Il la contourna et s’en alla sans se retourner.  

 

Elle resta ainsi plusieurs minutes sans réagir. Ses paroles tournaient en boucle dans sa tête, la rendant folle. Soudain, elle redressa la tête, une lueur dure dans le regard.  

 

- Tu vas voir si je suis un poids mort, Ryo Saeba. Je vais te prouver de quoi je suis capable., murmura-t-elle en serrant les poings.  

 

Elle descendit les escaliers et grimpa dans sa voiture, prenant le chemin du port. Après tout, elle avait entendu la conversation qu’avaient eue Saeko et son partenaire et savait où les trouver.  

 

Arrivé au port, Ryo ne tarda pas à découvrir la planque. Ils s’étaient installés dans l’un des plus vieux bâtiments de la zone portuaire, un entrepôt que la ville devait détruire depuis des lustres mais n’avait pas fait, faute de moyen. Il pénétra dans le hangar, sentant les courants d’air le fouetter. Il neutralisait les hommes au fur et à mesure qu’il progressait. Pour le moment, ils n’avaient rien de gros durs… Arrivant au coeur du stockage, il vit des kilos d’héroïne pure entreposés. Il avait sous les yeux des millions de dollars de marchandises mais seule la rage l’envahit. Brusquement, plusieurs halogènes furent allumés, l’éblouissant. Il passa la main devant ses yeux pour se protéger et aperçut une vague silhouette.  

 

- City Hunter, quel beau coup de filet… Je ne m’attendais pas à une telle prise aujourd’hui…, fit une voix inconnue.  

- Connaissant ta réputation, je vais éviter de te surestimer et te tuer sur le champ. Autant se passer de mauvaises surprises.  

 

Ryo serra les dents. Il avait le sentiment de s’être fait prendre comme un bleu. Son seul réconfort était d’avoir réussi à éloigner Kaori. Il entendit le chien être armé puis une détonation… venant de derrière lui et une arme tomber à terre. Instinctivement, il se jeta à terre et dégaina son arme. Les balles pleuvaient de partout, un vrai déluge. Il fit un tour d’horizon pour évaluer la situation et vit, à sa grande stupéfaction, Kaori planquer dans un coin, son Smith & Wesson encore fumant. Malgré sa reconnaissance, il darda sur elle un regard noir : elle avait foncé dans la gueule du loup. Lui qui avait voulu la protéger la retrouvait en plein milieu du danger. Elle fronça les sourcils, mécontente, et se cacha.  

 

Entendant des bruits de course derrière lui, Ryo avisa le chef en train de s’enfuir et se mit à sa poursuite. Il grimpa les escaliers rouillés quatre à quatre et le suivit le long des coursives en métal. Quand celui-ci se retourna pour le viser, il ne lui laissa pas le temps de tirer et perça sa main d’une balle. L’arme fit un vol plané au dessus de la rambarde et atterrit sept mètres plus bas. Malheureusement, l’homme dans l’élan passa également au dessus et s’écrasa au sol dans un bruit sourd. Ryo grimaça : Saeko ne serait pas contente car elle ne tirerait pas les vers du nez d’un mort…  

 

Entendant les sirènes de police au loin, Ryo se précipita vers les escaliers situés à cinq mètres de lui. Par chance, il vit Kaori cachée juste en dessous, ce qui lui éviterait de devoir la chercher. Comme si elle avait senti ses pensées, elle leva les yeux vers lui et lui adressa un sourire incertain. Il fit de longues enjambées et commença à descendre les marches.  

 

Il était cependant des jours où le hasard nous jouait de mauvais tours. Comme dans un mauvais rêve, Ryo sentit une première secousse et fut projeté sur la rambarde brusquement. Kaori leva les yeux vers le bruit qui avait attiré son attention. : l’escalier se désolidarisait de la paroi. Une deuxième secousse agita l’élément en fer et Ryo sentit les marches se dérober sous ses pieds. Avec effroi, il réalisa qu’il tombait, qu’il n’était qu’au premier tiers et donc à une hauteur de cinq ou six mètres et que, sous l’escalier, se trouvait Kaori. Avant de ressentir l’impact et la douleur fulgurante qui l’engloutit dans les ténèbres, sa dernière pensée fut pour la femme qu’il aimait.  

 

Kaori elle vit l’escalier céder et arriver droit sur elle. Elle voyait surtout l’homme qui hantait ses rêves perdre l’équilibre et tomber irrémédiablement. Son coeur se glaça d’effroi. Dans un insticnt de survie, sa tête lui hurlait de bouger mais son corps ne répondait pas. Comme au ralenti, elle vit l’élément approcher et lui tomber dessus… 

 


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