Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: cecoola

Status: To be continued

Series: City Hunter

 

Total: 6 chapters

Published: 28-06-04

Last update: 13-09-04

 

Comments: 19 reviews

» Write a review

 

General

 

Summary: Et si Ryô n'était pas le seul survivant de l'avion? Si une possible personne serait encore vivante, qui serait-elle et le connaîtrait-elle? Aurait-elle eu le même destin que lui?

 

Disclaimer: Les personnages de "Entre hier et demain." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

Why can't I read NC-17 fanfictions?

 

Fanfictions rated NC-17 contain adult content. So, to be authorized to read them, you have to certify that you are 18 years old or older.

 

 

   Fanfiction :: Entre hier et demain.

 

Chapter 1 :: Chapitre 1 : Dans l'oeil du chasseur.

Published: 28-06-04 - Last update: 28-06-04

Comments: Coucou ! Ouvrez le champagne car j'ai super bien réussi mon année ! Je passe en rhéto (dernière année avant l'univ') avec une GD !!! Et pour fêter ça, j'ai décidé de me mettre à une nouvelle histoire ; ainsi, j'alternerai avec un chap de "Pour une poussière d'étoile" et un chap de "Entre hier et demain." Je tenais à remercier tout ceux qui ont pris la peine de lire mes fics précédentes en espérant que celle-ci leur plaira autant ! Pour que je puisse le savoir, n'hésitez surtout pas sur les reviews (^^;). Bonne lecture !

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6


 

Plus il réfléchit et moins il comprend comment, quand et pourquoi il a fini par céder à ce caprice vraiment purement et uniquement féminin. Ah ! Mais il aurait du le prévoir lorsque, pendant qu’il prenait un bon bain bien chaud qu’elle venait de lui faire couler, il a senti la délicate odeur de la cuisine chinoise, sa préférée. Et aussi quand elle lui a servi du saké de haute catégorie, elle qui a horreur de l’alcool et qui lui reproche sans cesse son penchant très excessif pour toutes ces liqueurs qui embrument le cerveau. Et surtout, comment diable a-t-il fait pour ne pas deviner la chose lorsque aucune massue ne lui est tombée sur la tête après qu’il a encore douté de ses talents culinaires ?  

Quoiqu’il en soit, hier était hier, jour de gaffe. Aujourd’hui est le jour de la dette qu’il doit tenir.  

Et voilà comment le nettoyeur le plus compétent du Japon se traîne derrière sa partenaire, en train de faire du shopping. Et si encore, il pouvait se contenter de porter les sacs… Mais la douce Kaori semble en avoir décidé autrement.  

L’été s’achève bien vite et l’automne s’en vient à grands pas et la jeune femme trouve que ce ne serait pas du luxe de refaire un peu la garde-robe de son coéquipier. Elle ne compte plus les pantalons délavés qui ne réclament que la quille ou toutes ces chemises et tous ces pulls effilochés ou parfois même troués en certains endroits. Il faut aussi préciser que le mois dernier, ils ont reçu pas moins de trois boulots relativement bien payés (ce qui est rare vu les goûts très opposés des deux partenaires). Enfin, ils sont tous deux tombés d’accord pour travailler deux fois pour des jolies femmes et la troisièmes fois pour un homme… et sa sœur, bien évidement ! Bien qu’en y réfléchissant, si Kaori est perdante dans le choix, croyez bien que c’est pour récupérer le contre parti un peu plus loin. Et plutôt que de laisser son partenaire jouer avec l’argent si durement gagné, ils ont ainsi pactisé le mois dernier : ¼ de l’argent gagné + jolie fille pour Ryô contre ¾ + droit de surveillé la malheureuse élue de la libido du nettoyeur pour Kaori. Grâce à cet arrangement, la jeune femme a réussi à effacer toutes leurs dettes bancaires et à programmer quelques petites folies dont rhabiller son coéquipier. Quoiqu’en l’occurrence, il s’agirait plus d’une obligation que d’une folie ; à moins que la folie ne réside dans le fait de devoir amener l’homme dans la galerie commerçante. Ah, les hommes ! Ce qu’ils peuvent être désespérants. Non mais, ce n’est tout de même pas la mort que d’essayer trois-quatre pantalons et quelques chemises ? Il faut toujours qu’ils exagèrent et grossissent les choses ! Et c’est bien pour cette raison qu’elle a rusé la veille, reculant petit à petit son partenaire dans les petits recoins de ses faiblesses pour l’obliger à capituler. Puis, au moment où on le laisse croire qu’il n’y a plus aucun danger à l’horizon, paf !, on le ligote et on le traîne à ses pieds. Bon, avouons toutefois que Ryô Saeba est assez habitué à la chasse et aux poursuites et que ça n’a pas été aussi facile pour lui faire plier l’échine, mais l’important est d’avoir réussi, non ?  

 

- Ryô ! fait-elle un sourire radieux aux lèvres. Que dirais-tu de cette paire de chaussure noire ; là, en bas à droite ?  

- Hé ? Minute papillon ! Tu crois que tu ne m’as pas déjà assez trimbalé de T-shirt en chemisier, de sweet en pull et de pantalon en anorak ? Mes chaussures me plaisent bien comme elles sont !  

- Oh, ne fais pas l’enfant, veux-tu ? Dans très peu de temps, tes godasses laisseront l’eau entrer si la semelle ne se décolle pas d’ici là ! Tu te tapes les mêmes chaussures depuis que j’ai emménagé dans ton appartement, c’est-à-dire au moins plus de sept ans et demi ! Allez, hop, entre dans ce magasin.  

- Mais, ronchonne le pauvre homme.  

- J’ai dit : ENTRE !!!  

Franchement, comment voulez-vous qu’un homme, aussi meurtrier soit-il, puisse affronter l’entêtement des Makimuras ? Déjà qu’il ne faisait pas vraiment le poids face au calme énigmatique d’Hideyuki, Ryô voit son charisme davantage rabaissé par la ténacité colérique de Kaori.  

 

« Va te débarrasser de tous ces sacs dans la voiture, je t’attends ici ! ».  

Non, mais, elle en a de bonne Kaori ! Après l’avoir obligé à acheter un magasin entier de vêtements, voilà qu’elle l’abandonne avec les dizaines de sacs qu’il se doit de porter à la voiture. Tout ça parce que Madame a flashé sur une bijouterie en solde et sur un bracelet en or jaune et blanc. Tout en déposant ses bagages dans le coffre et à l’arrière de la voiture (le coffre n’est pas assez grand pour tout contenir), Ryô continue à ronchonner contre sa partenaire qui l’a largué sans prendre la moindre peine de savoir s’il allait arriver entier jusqu’à l’auto. Tout ça pour un bracelet, un moche en plus… de moins pour son poignet si fin ! Bon, d’accord, il est beau ce fichu bracelet. Mais pas pour Kaori ! Les mailles sont bien trop grosses, le style est assez joli mais pas assez gracieux pour une peau aussi délicate que la sienne. En fait, il ressemblait plus à un bracelet pour homme que pour femme.  

Hein ??? Pour… homme ?  

- Non ? Elle va pas faire ça, quand même ?  

Et le nettoyeur se précipite hors du parking pour se rendre au plus vite vers la fameuse bijouterie où sa partenaire lui a promis d’attendre !  

 

Trop tard… La jolie jeune femme, voyant son partenaire accourir à toute vitesse, comprend qu’il a saisi sa petite folie et l’accueille avec un grand sourire.  

- Non, mais, t’as pas fait ça ? fait-il en soufflant fortement.  

- Fais quoi ?  

- Kaori !  

Pour toute réponse, elle lui tend un petit paquet.  

- Tu l’as acheté, fait-il en baissant la tête, abattu, un corbeau chantant dans son oreille.  

Et sa douce partenaire se met à rire gentiment, un peu moqueuse, mais si radieuse. Ah ! Mais comment pourra-t-il jamais tenir tête à une femme aussi extraordinaire si elle s’amuse à passer du regard ivre de colère à la douceur d’un ange ? De toute façon, la question devrait se poser différemment : comment pourra-t-il jamais en vouloir à la seule et unique femme qu’il a jamais aimé et aimera jamais ?  

D’un geste machinal, il déchire quand même le petit papier-cadeau et Kaori lui passe le bracelet autour du poignet, le gauche pour ne pas être gêné en utilisant son arme. Et tout compte fait, Ryô doit bien admettre que ce bracelet ne lui va pas si mal. Et malheureusement pour lui, son simple regard quelque peu satisfait donne le sourire à Kaori qui a tout de suite repéré sa satisfaction.  

- Je pensais que tu avais horreur de gaspiller l’argent, tente-t-il de la taquiner pour effacer sa gêne.  

- Que TU gaspilles notre argent alors qu’on doit se priver pour payer le loyer, l’électricité et tout le reste. Mais à présent qu’on a trouvé un arrangement à l’amiable, tu as tes dépenses, et j’ai les miennes.  

- Ouais, je dirais plutôt que je me suis fait arnaquer avec seulement ¼ de ce qu’on reçoit alors que c’est moi qui fait tout le travail pratiquement.  

- Ne mens pas ! Je participe autant que toi, je te signale ! Et je te signale aussi que dans ma part, je compte la dedans toutes nos dépenses communes : les dépenses mensuelles à la commune, la nourriture, etc, y compris tous les vêtements qu’on t’a acheté aujourd’hui. Toi, tu n’as qu’à dépenser l’argent que je te donne, tandis que moi, je dois encore veiller sur les comptes pour être certaines d’avoir assez pour boucler correctement le mois.  

En y réfléchissant, Ryô se rend bien compte que la vraie part de sa partenaire est dix fois plus petite que la sienne, mais autant mourir électrocuté que de l’avouer devant elle. Sa fierté est quand même hautement placée !  

- Très bien, fait-il en saisissant le poignet de sa partenaire.  

- Hein ? Mais où tu m’entraînes, là ?  

- Dans cette chère bijouterie !  

- Ah, mais il est hors de question que tu ailles le rendre, gronde Kaori en essayant, en vain, de repartir dans l’autre sens.  

- Mais qui t’as dit que j’allais le rendre ?  

- Hein ? se surprend Kaori de plus en plus perplexe par les réactions imprévues de son coéquipier.  

- Moi aussi, j’ai mon argent, n’est-ce pas ? Alors tu vas me faire le plaisir de venir choisir un bracelet, toi aussi !  

- Mais, Ryô, j’ai pas fait ça pour que tu...  

- C’est ça où je le jette dans les égouts !  

Rouge comme une pivoine, la jeune femme finit par céder au caprice de son partenaire et les deux jeune gens entrent ensemble dans la bijouterie.  

La serveuse aura droit à son quart d’heure de rire en entendant la dispute entre partenaires. L’un obligeant l’autre à choisir, sans regarder le prix, et l’autre clamant qu’offrir ne signifie pas qu’on attend quelque chose en retour.  

 

Marchant paisiblement dans la ville, nos deux protagonistes se dirigent… A vrai dire, ils l’ignorent eux-mêmes. Ils apprécient simplement cette douce journée de fin d’été, à présent allégés du poids des sacs. Quoique sa partenaire commence un peu à l’agacer à fixer sans cesse la chaînette qu’elle porte désormais à son poignet gauche.  

- Ah, mais arrête de le regarder ainsi ! soupire Ryô agacé.  

- Oh, excuse-moi, c’est que… C’est le premier vrai cadeau que tu m’offres, murmure-t-elle.  

Pour ça, elle n’a pas tout à fait tord. Bon, il lui a déjà acheté quelques petites babioles ou trucs muches, sans doute… Quoiqu’il ne s’en souvient même plus très bien… Ce qui n’empêche pas qu’elle ait raison quand elle dit que c’est le premier vrai cadeau qu’il lui fait.  

- Bon, ça va… Tu viens ? murmure-t-il en lui tendant son bras.  

Souriante, elle saisit le bras et ils marchent ainsi dans les rues, côte à côte.  

 

Mais quelque chose cloche pour une si belle journée. Ryô ne parvient pas vraiment à déterminer de quoi il s’agit, mais un mauvais pressentiment le poursuit depuis qu’il a quitté sa voiture, il y a un peu près deux heures. Il ignore sincèrement ce qui peut bien se produire en ce moment, mais son instinct lui recommande de rester sur ses gardes. Il n’a pourtant pas l’impression d’être poursuivi ; il n’aperçoit aucun rôdeur à l’allure louche et ne sent aucune arme pointée sur lui. Cependant, tout n’est pas aussi clair que ce ciel sans nuage. Il y a une petite ombre dans les parages, mais où ça ?  

- Ryô ?  

- Hum… Ah, rien. Et si on allait boire un verre ? J’ai soif.  

Kaori le dévisage durant un temps relativement long sans pour autant être trop inquisiteur.  

- Si tu veux, finit-elle par dire. Je crois que tu l’as bien mérité.  

Et tous deux entrent dans le café le plus proche, non sans que Ryô ait jeté un dernier coup d’œil aux immeubles environnants.  

 

Sur le toit de ce que les japonais appellent traditionnellement « Love Hôtel », une ombre se tient légèrement en retrait, les bras croisé et un sourire de satisfaction dessiné sur ses lèvres. Depuis deux heures qu’elle poursuit Ryô, il ne l’a absolument pas déçue.  

- Il m’a senti, murmure-t-elle alors qu’il jette un dernier regard avant d’entrer dans le café.  

Vu qu’il ne sert à rien de rester davantage plantée là, l’ombre décide de se détacher de son coin anonyme et de redescendre à l’intérieur de bâtiment. Et dans l’éclat merveilleux du soleil, l’ombre étrange se dévoile être une jeune femme des plus ravissantes. De style japonaise traditionnelle avec de longs cheveux noirs jais tressé en une longue natte qui descend gracieusement jusque ses hanches, elle est pourtant très grand pour une demoiselle digne d’une famille honorable. De plus, chacun de ses mouvements font ressortir un drôle de pressentiment, comme si sa beauté vous envoûtait et vous élevait au septième ciel pour mieux vous plonger ensuite dans de profonds abîmes. Mais dans ses yeux sombres comme une nuit sans lune, on remarque immédiatement que son corps de déesse n’est en rien divin, plutôt diabolique. Ses mains longues et fines portent de nombreuses traces de combats, trophées sans doute bien mérités durant des guerres indéfinissables.  

Et avant de s’en aller, elle jette un dernier regard vers le café où elle ne peut repérer City Hunter. Son sourire n’en est que plus dessiné, cachant très mal l’amusement qu’elle parvient à trouver dans cette situation.  

- Et éloigné de la fenêtre ! D’autres se seraient placés devant la vitre pour tenter de me repérer, ce qui les aurait automatiquement mené à une mort certaine. Tu es malin, Ryô Saeba, et sans doute l’une de mes meilleures proies. Cependant, méfie-toi, une fois que je traque, j’abandonne très rarement.  

Et dans un rire qui n’est ni amusé ni machiavélique, plutôt fatal pour cette jeune femme indéfinissable, elle se retourne définitivement, entrant dans l’hôtel de luxe qu’elle s’est offert. Quoiqu’elle aurait du prévoir que le mot « Love » devait avoir une signification autre que le nom tout court de l’hôtel, surtout que tous les hôtels du quartier portent ce même nom. (^^ ;) Payer si cher pour ne pas avoir la paix et avoir continuellement des bruits de fond…  

Un sourire mi-amusé, mi-agacé se trace sur ses lèvres quand, passant devant une porte du cinquième étage, elle entend la longue complainte de la femme qui gémit de plaisir dans les bras d’un homme.  

 

Et alors qu’elle pénètre dans sa chambre pour se délasser et prendre une petite douche bien méritée, la jeune femme tombe nez à nez sur une autre jeune femme, charmante et sexuellement bien habillée, qui semble l’attendre depuis un bon bout de temps, un verre de whisky à la main.  

- Les policiers de ce pays ont le droit de boire durant le service ?  

- Je suis toujours en service, répond l’autre femme d’une voix glaciale. Si je ne me délasse pas quand je le désire, alors je n’en aurai jamais le droit.  

- Oh, voilà donc la véritable raison pour laquelle vos compatriotes européens ont inventé le dicton « Vivement la quille ». Mais que me vaut votre visite, chère Inspectrice Saeko Nogami.  

Saeko se raidit sur le fauteuil en osier, jetant à son vis-à-vis un regard des plus noirs qu’elle réserve habituellement pour les hommes trop dragueurs à son goût. Elle connaît son nom. Non seulement elle ne semble pas surprise de sa présence dans sa propre chambre d’hôtel, mais en plus, elle connaît son nom et son grade. Et si cette jeune femme a pris la peine de se renseigner sur son identité, elle l’a probablement fait pour davantage.  

- Vous vous attendiez à ma visite ? finit-elle par dire sur un ton qu’elle désire détaché.  

- Si ça n’avait pas été le cas, j’aurais remis la bouteille de whisky dans le frigo plutôt que de l’abandonner sur la table. Voyez-vous, je le préfère glacé, bien que les spécialistes le recommandent tempéré.  

Saeko dévisage longuement cette jeune femme droite et fière de sa personne, arrogante même. Elle est vraiment très belle, et si elle se décidait à s’habiller plus élégamment, inutile de dire qu’elle aurait une adversaire de taille quand à ce niveau-là. La jeune femme se dirige vers la fenêtre qu’elle entrouvre, avant de fermer les rideaux. Saeko se méfie immédiatement mais sa crainte est très vite apaisée par la dévergondée.  

- Si cela ne vous dérange pas, Inspectrice Nogami, j’aimerais prendre une douche avant d’entamer cette discussion avec vous. Le trajet m’a quelque peu lassée et je préfèrerais être fraîche et en pleine forme pour discuter avec vous.  

Ce disant, elle se dévête entièrement sans honte devant Saeko qui ne peut qu’admirer les formes parfaites de ce corps ; l’admirer et le maudire. Elle est très grande ; elle doit pratiquement atteindre le 1m90 même après avoir retiré ses petits talons. Elle vient de dénouer ses cheveux qui ondulent jusqu’à ses cuisses, cachant quelque peu de nombreuses blessures tracées sur sa peau basanée. Beaucoup sont des cicatrices sans histoires précises, des coups de couteau ou des balles qui ont effleuré son corps un peu partout. Mais en certains endroit, de grandes cicatrices parlent d’un passé bien plus rude que celui d’une simple « nettoyeuse », mais on ne désigne sûrement pas ce genre de personnes par un nom aussi ridicule en Europe.  

Et même si ces blessures ne gâchent pas la beauté de son corps, cette personne dans l’ombre ne donne nullement l’impression d’être une femme non plus. En effet, la poitrine bien ronde et ferme de cette femme ne dégage aucune sensualité particulière, de même que les jambes longilignes bougent de façon rude comme les hommes. Sa démarche ne se balance absolument pas au rythme de ses hanches et chaque mouvement de bras est perçu comme une barrière de défense que l’on n’ose pas franchir.  

Et ce mélange de beauté et de rudesse pousse le spectateur à deux sentiments complètement opposés et qui pourtant doivent se chevaucher au même instant : extase et peur.  

Cependant Saeko, qui est une femme, n’est pas vraiment attirée pas l’extase que les hommes doivent ressentir en découvrant une jolie dame. Et comme elle enjambe souvent la frontière du monde sombre de la pègre et de tout le reste, la peur en devient presque un respect pour cette femme au corps mutilé. Elle ? Respecter une meurtrière recherchée dans le monde entier ?  

- On vous caractérise par « double tranchant », dit posément l’inspectrice. Je vois qu’il s’agit là d’une spécificité non seulement caractérielle mais aussi physique.  

- On ne retient pas les bonnes leçons d’une bataille si elle a été menée trop facilement et sans égratignure, inspectrice Nogami. Et si ça peut vous rassurez, mon corps n’est à double tranchant que pour les hommes, plaisante l’autre.  

Elle se retourne et se dirige vers la salle de bain d’un pas nonchalant.  

- Vous devriez tout de même vous méfier, lui fait remarquer Saeko. Vous me tournez le dos et vous êtes désarmée. A moins que vous ne songiez qu’une simple inspectrice de police ne pourrait en aucun cas vous mettre à mal ?  

- Je ne sous-estime jamais un opposant, mademoiselle, et je sais reconnaître un bon adversaire quand il se présente devant moi. J’ignore si cela vous permet de rehausser le niveau de votre fierté, mais vos capacités sont bien plus élevées que la simple inspectrice que vous venez de me décrire. Et je vous signale que je ne vous tourne absolument pas le dos. Quant à mon désarmement, sachez bien que même sans cela, je serais parfaitement capable de vous mettre à mal, comme vous le dîtes si bien…  

- Donc, je suis perdante d’avance ?  

- Je vais me répéter : ne vous sous-estimez pas non plus. Vous pourriez être un excellent adversaire.  

- Ne le suis-je pas en ce moment ? Moi qui me suis introduite chez vous sans votre consentement ?  

- Le désirez-vous absolument ?  

La question n’en est pas une. Saeko est perdante d’avance et elle le sait, quoique la jeune femme puisse en dire. Elle ne communique à l’autre qu’un vague mouvement de tête qui ne veut rien absolument dire. La jeune femme nue lui sourit et se retire dans la pièce d’à côté, dont elle ne ferme même pas la porte.  

 

Alors qu’elle perd patience à attendre ainsi dans une tension énorme, Saeko décide de se lever et de s’adosser au chambrant de la porte.  

- Puis-je me permettre de vous poser une question ? demande-t-elle sans regarder à l’intérieur même de la pièce.  

- Evidemment. Je crois que vous êtes là pour ça.  

- Comment avez-vous su que je viendrais ?  

- Disons que votre filature manquait quelque peu de discrétion. Et plutôt que de vous faire tourner en bourrique dans toute la ville comme l’aurait fait bon nombre de mes « collègues », je trouve qu’il est plus intéressant de se parler directement. Je crois d’ailleurs que c’est une qualité que nous avons en commun, n’est-ce pas : nous avons toutes deux horreur de tergiverser et de perdre notre temps.  

- C’est vrai, admet Saeko. Et pourquoi ne pas avoir attaqué City Hunter, directement puisque vous en aviez l’occasion à l’instant même ?  

- Tout simplement parce que cette occasion n’était qu’un leur.  

- Comment ?  

- Bien que je n’ai émis aucune hostilité dans le regard que je posais sur lui, il a réussi à sentir mon regard. Ce qui signifie que l’attaquer à ce moment-là aurait été inutile et complètement infructueux. Au mieux, il aurait pris conscience de ma présence encore plus que ce qu’il a été capable il y a quelques instants ; et au pire, j’aurais abattu une dizaine d’innocents pour quelques égratignures. Il m’aurait en bien ou en mal esquivé…  

- Oui, c’est un professionnel.  

- Et un bon.  

- Comme vous ?  

- Je ne le sais pas. J’ignore si je suis capable de me mesurer à lui.  

- Votre réputation européenne n’est pourtant plus à faire. Autant où City Hunter peut être craint les Yakuzas de notre contrée asiatique, autant où les mafias vous respectent dans vos territoires occidentaux.  

- Chacun marque son domaine à sa façon, murmure l’autre.  

- Et pourquoi êtes-vous venue le traquer ? C’est ainsi que vous procédez, n’est-ce pas ? Vous vous accordez 24 heures pour déterminer à quel niveau vous devez vous élever pour abattre votre proie. Et quand celle-ci est dans votre œil de chasseur, il lui est impossible de vous échapper.  

- Que voilà une jolie histoire.  

Et alors que la jeune femme quitte la douche, ses cheveux rampant jusqu’à ses genoux à cause de l’eau, elle sourit à l’inspectrice.  

- Les policiers sont de drôles de personnages, je trouve. Ils se croient capables de nous évaluer avec les données qu’ils possèdent. Cependant, ils ne pensent pas à découvrir notre passé, ni même la volonté qui nous anime pour exercer un tel métier. Ils nous classent dans la catégorie « Criminel mondial, à éliminer ! » sans même essayer de comprendre pourquoi nous tuons. Enfin, j’ai bien dit ils… car vous êtes différente, n’est-ce pas ? Vous laissez City Hunter filer entre les doigts de la police, j’irai même jusqu’à dire que vous parvenez à vous rendre favorable auprès de cet homme pour qu’il vous vienne en aide dans certaines conditions qui surpassent de trop les moyens de la police.  

- Vous êtes comme eux, comme Ryô et Falcon.  

- Oui, je leur ressemble. Nous sommes frères et sœur.  

- Frères et sœur ?  

- Nous sommes nés dans la même guerre, y avons vécu et tout appris. Nous sommes ce que vous appelez plus communément « des guérilléros ».  

- Les enfants de la guérilla. Mais vous êtes… souffle Saeko horrifiée.  

- Une femme. Et la guerre n’épargne pas les femmes, inspectrice. Surtout pas les gamines qui tombent du ciel un soir d’été.  

Saeko ignore ce qu’elle doit penser de cette dernière phrase.  

Cette conversation a pris une tournure qu’elle n’avait pas imaginé lorsqu’elle a pénétré dans cette chambre ouverte, avec un mot glissé sur la table de chevet comme quoi elle allait arriver d’ici quelques instants. Saeko était venue pour se mesurer verbalement à une meurtrière ; elle finit par ressortir de cette pièce en ayant l’impression d’avoir discuté avec un témoin de la pénombre qui assombrit le monde aujourd’hui.  

Cette femme ressemble étonnamment à Ryô ; tous deux vivent dans le noir et élimine une infime partie des crapules de leur monde. On pourrait sans doute les qualifier de héros s’il n’y avait pas une telle tache d’horreur dessinée sur eux. Et malheureusement, cette tâche les rend aussi noirs et indéfinissables que les plus grands criminels du monde. Et elle, simple inspectrice de la police japonaise, même si elle connaît l’importance capitale d’êtres comme eux dans le bien-être de l’équilibre entre ces deux mondes, ne peut pas agir en leur faveur.  

En quittant la chambre du cinquième étage d’un « Love Hôtel » tout ce qu’il y a de plus banal, elle se promet de ne pas intervenir directement dans cette histoire, tant que la dame ne se sera pas elle-même présentée à City Hunter.  

 

Et tandis qu’elle quitte le Love Hôtel où elle avait décidé de traquer et d’intimider l’ombre, elle s’est prise elle-même dans son propre piège, se retrouvant proie prisonnière de l’œil du chasseur.  

 

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de